Ce numéro de l`Echo du Détroit a été imprimé grâce au soutien

Transcription

Ce numéro de l`Echo du Détroit a été imprimé grâce au soutien
Nous avons déjeuné au bord d’une piscine charmante, qu’un
carrelage bleu roi transformait en ciel de Matisse. A la fin de l’après
midi, en me promenant dans le jardin, lorsque le soleil découpait de
grands carrés d’ombres bleus sur les murs chaulés et que les galants
de nuit commençaient à exhaler leur parfum envoûtant, je me suis dit
que je venais de voir la maison de mes rêves, celle où je voudrais
pouvoir passer le restant de mes jours. Pourtant j’étais encore jeune,
puisque je n’avais pas cinquante ans !!
« Photo de l’Eglise Anglicane Saint Andrew depuis la nouvelle
avenue tracée au milieu du cimetière Bouabil et qui offre un
nouvel aperçu de l'église entre les pins du cimetière » Patrick
LAVOIX.
Le destin a voulu, non pas que j’y finisse mes jours car je suis,
heureusement, toujours en vie, mais au moins que j’y vive onze
années, onze années de pur bonheur.
En effet, en 1991, les propriétaires de cette maison de rêve de
passage à Paris, offrent un cocktail, m’y invitent et m’apprennent
qu’ils viennent de s’installer dans une nouvelle propriété et qu’ils vont
vendre la maison. Or, venant juste d’être engagé chez Christian Dior
comme créateur des collections de mode masculine, et désirant
acheter un appartement à Paris, j’ai pensé alors que je n’aurai pas
d’appartement à Paris, mais une maison au Maroc, et comme j’avais
déjà été conquis par Tanger, j’ai donc acheté «La Malletière» !
Ce furent ensuite, de 1992 jusqu’en 2003, onze années de bonheur
intense, de joies partagées, de fêtes charmantes, d’amis joyeux à qui
j’était si heureux de faire découvrir et aimer Tanger au point que
certains y ont acheté des maisons
Mais, rien ne dure jamais «toujours». En 2000 j’ai été mis devant la
réalité d’un tableau de 40 ans de bons et loyaux services « au service
de la mode » et qu’il était l’heure de passer la main à la nouvelle
génération qui trépignait aux portes des maisons de couture ! Bien
qu’encore «jeune», la législation me permettait de prendre ma
retraite, déjà !! ce que je fis mais pour me jeter immédiatement dans
une nouvelle activité, celle dont Monsieur Christian Dior avait dit
qu’avec la mode elle était toute sa vie : la décoration. En fait ce n’était
pas de véritable décoration dont il s’agissait pour moi, mais de la
création de meubles «décorant».
Je voulais pouvoir poursuivre cette relation extraordinairement
enrichissante qu’est le contact de la création avec des artisans, ceux
sans qui nos idées ne peuvent se réaliser.
Or, le Maroc est un vivier de « trésors vivants » comme on appellerait
au Japon les Mahlems Marocains.
Puisque la Malletière avait été construite en 1935, j’avais dessiné et
fait réaliser à Tanger pour meubler la maison, des coffres, cabinets,
tables et consoles, en m’inspirant d’un certain style à la mode à la fin
des années trente et du début des années quarante, et dont une
coiffeuse en miroirs qui trônait dans la chambre de mes parents et
m’émerveillait lorsque j’étais enfant.
des socles. Puis j’ai développé des accessoires, des miroirs muraux,
des tapis, des luminaires ; j’ai exposé dans différents salons, entre
autre à Paris, à Saint-Tropez, à Monte Carlo et bien sur à Tanger où
actuellement certains meubles sont exposés dans le hall de l’hôtel
Mirage.
Cette activité m’occupe et me préoccupe, car après plus de trente six
années durant lesquelles j’ai eu la chance d’être merveilleusement
assisté par des collaborateurs formidablement efficaces, je me
retrouve seul à être tour à tour, créateur, fabricant et vendeur, ce qui
ne constitue pas une association idéale ! Mais ceci est une nouvelle
expérience qui durera peut-être aussi dix ans !
« Photo que j’ai faite depuis la jetée du port où la goélette la
Belle Poule était amarrée en Juillet, avec en arrière plan le
panorama de la ville telle que je l'ai découverte la première fois
que je suis venu à Tanger en bateau » Patrick LAVOIX
Enfin en 2003, j’ai décidé de simplifier ma vie, et même si La
Malletière devait être le cadre du restant de mes jours, j’ai vendu la
maison à une famille adorable qui y perpétue un certain art de vivre,
et surtout voue autant d’amour à cette belle propriété et au personnel
qui la fait vivre.
Depuis, je suis très heureux dans un appartement « de taille
humaine » pour un célibataire, dans un bel immeuble, exemple du
talent élégant des architectes de la fin des années trente. Il a été
habité par des personnalités hélas disparues, mais qui ont contribué à
la légende de Tanger et dont le souvenir est toujours présent par les
bonnes ondes qu’il dégage.
Voilà donc une autre histoire d’un Tangérois d’adoption, qui rejoint par
un dénominateur commun celle de tous ceux qui sont venus ici, c'està-dire, la fascination pour un lieu d’exception, peuplé de gens
d’exception.
Condamne à l’île déserte, M. Patrick LAVOIX emporterait:
•
Un livre : "La Comédie Humaine" d' Honoré de Balzac
•
Un CD : "Les voix de l'extase". (compilation des plus beaux
chants de l'histoire de la musique)
•
Un film : "Le Tour du monde en 80 jours" film de Mike
Todd d'après le roman de Jules Verne (1956)
Consulat général de France à Tanger :
Coordonnées : 2 place de France, B.P.1281, Tanger
Tél. : 039.33.96.00 – Fax 039.33.96.02 - www.consulfrancema.org
Horaires d’ouverture : du lundi au vendredi, de 9h00 à
12h00 (Pièce d’identité à présenter à l’entrée)
Pour le courrier : n’oubliez pas l’adresse de l'expéditeur
En cas d’urgence : Une permanence est assurée dès la
fermeture des bureaux. Composez le numéro du consulat ; un
répondeur vous donnera les coordonnées de la personne à
contacter.
Ce numéro de l’Echo du Détroit a été imprimé grâce au soutien financier d’Amendis
En 2002 j’ai alors créé une micro sarl, PRL Designs, afin d’éditer une
ligne de meubles et objets décoratifs. Je l’ai baptisée « Narcisse et
Vulcain » en référence aux miroirs qui les recouvrent et au fer forgé