IST, attention, danger !

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PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉV
LE COME BACK DES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES (IST) : ÉPISODE 2
IST, attention, danger !
Dans InfoTraitements 203, nous avions commencé notre petit tour d’horizon des différentes infections sexuellement transmissibles (IST). Nous revenons ce mois-ci plus en détail sur la syphilis qui
peut entraîner une augmentation de votre charge virale (voir notre encadré). Et nous nous intéresserons aussi à certaines IST virales, à savoir, l’herpès et le papillomavirus.
SOURCE : AFFICHE ALERTE SYPHILIS INPES
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E
Évolution de l’infection :
Syphilis
Le diagnostic se fait par prise de sang. Sans traitement, l’évolution se fait dans un tiers des cas vers la
guérison spontanée, dans un autre tiers des cas
vers les formes secondaires et tertiaires et dans le
dernier tiers vers une syphilis latente.
Le dépistage de la syphilis est recommandé suite à
toute exposition sexuelle à risque. Il doit aussi être
fait de façon régulière chez les personnes ayant des
partenaires sexuels multiples, afin de traiter l’infection à un stade précoce.
Le germe responsable de la syphilis est la bactérie
Treponema pallidium ou Tréponème. Un traitement
efficace avec des antibiotiques spécifiques permet
une complète guérison sans séquelles, s’il est mis
en place précocement. Il n’en reste pas moins que
Forme primaire :
L’incubation(1) est silencieuse et dure en moyenne
trois semaines, mais elle peut durer trois mois.
La première phase se caractérise par l’apparition
d’un chancre (ulcération rosée indolore, laissant
sortir un liquide clair) localisé au niveau des organes
génitaux. Il peut également être extra-génital
(lèvres, langue, amygdale, anus) et ainsi passer inaperçu. Des ganglions durs et indolores sont perçus
dans la zone du chancre. Au bout d’une à deux
n deux mots, soyez vigilants, car comme pour
toutes les IST, ces infections peuvent passer inaperçues jusqu’au jour où les complications arrivent. En effet, le papillomavirus peut être responsable de cancers et l’herpès peut lui entraîner des problèmes de stérilité. Alors comment repérer ces IST
et se soigner ?
les récidives sont possibles lors d’un nouveau
contact avec la bactérie.
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VENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION - PRÉVENTION
semaines, la lésion disparaît mais la bactérie passe
EN PLUS
dans le sang.
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Forme secondaire :
Elle se manifeste dans un délai de quatre semaines
à deux mois après l’apparition du chancre, quand il
n’a pas été traité. La bactérie est responsable de
manifestations variées, en particulier de lésions
cutanées (nombreuses lésions dont certaines sont
contagieuses) et des muqueuses (bouche, langue,
vulve, gland, anus). Ces signes sont associés à de
nombreux ganglions indolores, une fatigue, de la
température, des maux de tête. De plus, des méningites, hépatites, ainsi que des atteintes rénales et
articulaires sont possibles.
Forme tertiaire :
Elle survient en l’absence de traitement, après
quelques mois ou années silencieuses.
Elle est caractérisée par des atteintes neurologiques (neurosyphilis), cardiaques, hépatiques,
digestives, rénales, laryngées, oculaires et des troubles psychiatriques. Pendant cette phase de la
maladie, le patient n’est plus contagieux.
Forme latente :
Elle se définit comme l’infection par la bactérie sans
manifestation clinique mais où les tests sanguins
sont retrouvés positifs. On distingue la syphilis
latente précoce (pendant la première année suivant
la contamination) et la syphilis latente tardive
(après la première année).
Traitement :
La syphilis est une maladie à déclaration obligatoire(2). Les modalités de traitement varient en fonction du caractère primaire, secondaire ou tertiaire
de la syphilis.
Chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), le
traitement de la syphilis précoce se fait par une
injection en dose unique de benzathine pénicilline G
(Extencilline®) en intramusculaire (IM).
Le traitement de la syphilis tardive, sans signe neurologique, chez les PVVIH, se fait par trois injections, en IM, de benzathine pénicilline G, à une
semaine d’intervalle.
En cas de neurosyphilis ou de syphilis ophtalmique,
le traitement de référence est l’administration de
pénicilline G cristalline aqueuse pendant dix à quatorze jours. La ceftriaxone IV à la dose de 2 g par
jour pendant la même durée représente une alternative possible.
Syphilis et charge virale
Dans une étude présentée en novembre lors du congrès de
Glasgow, Dominique Costagliola rapportait, pour la première
fois, que la syphilis est associée à un risque d’augmentation de
la charge virale ainsi qu’à une diminution légère et transitoire
du nombre de CD4. Petit focus sur ces résultats.
L’étude a porté sur la cohorte FHDH* dans laquelle deux sousgroupes de PVVIH ont été constitués :
- un groupe “syphilis +” composé de 282 hommes diagnostiqués avec une syphilis (primaire : 64 ; secondaire : 218) ;
- un groupe “syphilis -” de 1 233 hommes n’ayant pas contracté
la syphilis.
Au total, 89 % de ces participants étaient des hommes qui ont
des rapports sexuels avec des hommes (HSH) âgés en moyenne
de 38 ans, dont 85 % étaient sous thérapie ARV et 18 %
avaient été diagnostiqués en stade sida.
Dans les six mois suivant l’infection par la syphilis, 28 % des
participants du groupe “syphilis +” et 17 % des patients du
groupe “syphilis -” présentaient une augmentation de leur
charge virale VIH. Ainsi, les hommes du groupe “syphilis +”
présentaient un risque statistiquement plus élevé, voisin de 2
(OR**=1,9), d’augmentation de leur charge virale, par rapport
aux autres. Bien que plus important chez les sujets non traités
(OR=3,6), l’effet de la syphilis sur la charge virale était statistiquement significatif chez les sujets traités (OR=1,6). Par ailleurs, une légère baisse transitoire du nombre de CD4 a été
observée chez les patients du groupe “syphilis +” par rapport
au groupe “syphilis -”.
* Cohorte ANRS CO4-FHDH : cohorte hospitalière de PVVIH qui contribue à la
surveillance épidémiologique, qui étudie l’histoire de maladie et qui s’intéresse
à la survenue de pathologies rares, susceptibles d’être liées à l’exposition aux
traitements ou à l’infection au VIH.
** Un odds ratio (OR) est une mesure statistique, utilisée en épidémiologie,
permettant de mesurer l'effet d'un facteur.
PARTENAIRES
ActionsTraitements remercie, pour leur soutien à son action, les
ASSOCIATIONS
Sidaction
INSTITUTIONS
Direction Générale de la Santé, Conseil Régional d’Île de
France, Ville de Paris, ARS IDF
LABORATOIRES
Abbott France, Bœhringer Ingelheim, Bristol Myers-Squibb,
Gilead, Janssen-Cilag, MSD, Sanofi-Aventis, ViiV Healthcare,
Centre Biologique du Chemin Vert
DONATEURS
Particuliers, professionnels et entreprises
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Condylomes ou crêtes de coq
(papillomavirus - HPV)
Il s’agit d’excroissances de peau blanches et rosées
qui ressemblent à de petites verrues non douloureuses, isolées ou groupées, localisées sur le pourtour du gland, dans la région anale, ou à la commissure des lèvres. Les condylomes sont dus à des
virus appartenant au groupe des Papillomavirus
(Human Papilloma Virus : HPV), transmissibles par
voie sexuelle. Certains HPV sont dangereux car
oncogènes, c'est-à-dire, susceptibles de provoquer
plus tard des cancers (notamment le cancer du col
de l’utérus chez la femme et le cancer anal chez elle
comme chez l’homme).
L’incubation peut durer une semaine à plusieurs
mois. Le développement est quelquefois très rapide
et les récidives très fréquentes. Un traitement local
s’impose et est effectué par un spécialiste (dermatologue, proctologue ou chirurgien).
Évolution de l’infection :
De nombreuses années peuvent s’écouler entre la
contamination et l’apparition des lésions qui peuvent être microscopiques et passer inaperçues.
Condylomes acuminés (ou crêtes de coq) :
Ces proliférations sont bénignes, mais récidivantes.
Chez l'homme, elles se situent au niveau du gland,
du frein, du prépuce, du scrotum, du méat(3) et surtout au niveau du sillon balano-préputial(4). Chez la
femme, on les retrouve au niveau de la vulve et parfois du vagin. Enfin, l'anus est souvent atteint chez
les deux sexes.
Condylomes plans :
Ils se trouvent dans les muqueuses ano-génitales et
plus particulièrement au niveau du col de l'utérus et
dans le vagin chez la femme, sur le gland et l’orifice
urinaire chez l'homme. Un frottis et des prélèvements permettent de mettre en évidence ces
lésions condylomateuses. Une détermination du
type de virus HPV est ensuite réalisée car il existe
des virus plus agressifs que d’autres. De plus, tous
les virus ne sont pas impliqués dans le cancer du col
de l’utérus.
L’infection par les HPV est très fréquente chez les
femmes infectées par le VIH, y compris celles sous
traitement antirétroviral (prévalence(5) de plus de
60 % quel que soit l’âge). La persistance du HPV
peut entraîner la formation de lésions dont certaines sont précancéreuses.
Chez l’homme, l’infection à HPV au niveau du canal
anal peut induire certaines lésions de haut grade qui
peuvant être à l’origine de la survenue de cancers
anaux.
Il existe deux vaccins préventifs contre l’infection
par les HPV dont l’usage est recommandé chez les
jeunes filles. Récemment, l’utilisation de l’un de ces
vaccins a été étendue chez les garçons aux ÉtatsUnis. Pour plus de détail, voir notre article sur le
Gardasil®.
Traitement :
Soigner cette infection est fondamental et indispensable. Il existe plusieurs traitements qui peuvent
éventuellement être associés. La stratégie de prise
en charge thérapeutique dépend de la sévérité des
lésions et de leur étendue. Ces lésions ont un fort
taux de récidive, ce qui impose une surveillance
post-thérapeutique.
Traitements médicamenteux :
Ce sont toujours des traitements locaux (à base de
crème ou de pommade) qui utilisent des molécules
très puissantes tels que des anticancéreux (podophyllotoxine - Condyline®) ou des immunomodulateurs (imiquimod - Aldara®). Leur efficacité est parfois discutable.
Traitements chirurgicaux :
Ils ont pour but l’élimination des excroissances par
un traitement au laser, par cryothérapie (azote
liquide) ou encore par électrocoagulation.
Chez la femme, en cas d’atteinte sévère du col, une
conisation (ablation d’un fragment du col de l’utérus) pourra être réalisée. Chez la femme enceinte,
seules les lésions vaginales et vulvaires pourront
être soignées.
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Le cancer invasif de l’anus est traité en associant
radiothérapie et/ou chimiothérapie et parfois chirurgie avec un pronostic d’autant meilleur qu’il est
traité précocement.
Herpès
Les symptômes se caractérisent par l’apparition de
petites vésicules groupées avec parfois plusieurs
érosions et une inflammation locale. Les démangeaisons localisées sont fréquentes ainsi que les
ganglions. L’herpès se localise généralement sur les
lèvres, le gland, le prépuce, l’anus, parfois sur les
testicules ou les cuisses.
La contagion est facile ; la cicatrisation se fait spontanément en une à deux semaines, mais les récidives sont fréquentes. Il existe des médicaments
pour les prévenir.
Évolution de l’infection :
Le germe responsable de l’Herpès est un virus :
Herpès simplex virus (HSV). La primo-infection dure
7 à 21 jours après un contact sexuel infectant.
L’infection herpétique initiale s’accompagne de
symptômes semblables à ceux de la grippe, tels que
fièvre, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires
et ganglions (lymphatiques) enflés, en plus de vésicules et d’ulcères autour des organes génitaux et de
l’anus, ou sur les cuisses et les fesses, ou alors sur
les lèvres, la bouche, la gorge, la langue et les gencives. Dans le cas d’une infection génitale, il peut
aussi y avoir des douleurs et des démangeaisons à
l’endroit de la plaie ou une brûlure pendant la miction. Les vésicules forment éventuellement des
croûtes puis guérissent en général en une à trois
semaines. La lésion herpétique est douloureuse et
est contagieuse pendant deux semaines.
Après une première crise d'herpès génital, 50 à
70 % des patients ne souffriront plus de manifestations herpétiques. Les autres présenteront des récidives fréquentes dues à des facteurs déclenchants :
stress, menstruations, grippe... Ainsi, certaines personnes ont des poussées de vésicules génitales,
d’ulcères ou de petites plaies sur le pénis, les fesses
et/ou les cuisses. Des démangeaisons et des fourmillements dans les organes génitaux signalent souvent qu’une éruption est imminente. La fréquence
et la gravité des poussées varient d’une personne à
l’autre. Les blessures qui apparaissent pendant les
éruptions durent en général trois à sept jours et ne
sont pas aussi douloureuses que celles de l’infection
initiale. Par ailleurs, les symptômes systémiques(6)
sont rares. Quelques personnes ont cependant des
ulcères génitaux douloureux et récurrents. En outre,
les personnes dont le système immunitaire est affaibli ont de graves ulcères persistants.
Enfin, plus l'infection primaire a été sévère, plus les
sujets ont tendance à présenter des récidives. À
long terme, ces récidives tendent à devenir moins
fréquentes.
Traitement :
Il traite la crise mais ne permet pas de supprimer le
virus, qui reste à l'état latent dans les ganglions
lymphatiques entre les poussées. Il repose sur l’utilisation de substances antivirales par voie locale
(crèmes ou gels) ou orale (acyclovir (Zovirax®) ou
Valaciclovir (Zelitrex®)).
Lors des récidives, l'application précoce de la crème
(dès les signes annonciateurs) permettrait de raccourcir la durée de la crise. Comme dans toute
maladie sexuellement transmissible, il faut penser à
traiter le(s) partenaire(s).
En cas de récidives graves et fréquentes, des traitements au long cours peuvent être prescrits.
En conclusion, soyez vigilants et consultez votre
médecin au moindre doute. N’oubliez pas que les
IST mal ou non soignées peuvent être très graves.
Alors que les traitements contre les IST sont efficaces, stoppent leur évolution et bloquent leur
transmission.
Suivez bien votre traitement et n’oubliez pas de
vous protéger pendant votre traitement. Enfin,
prévenez votre ou vos partenaires, pour qu’il(s) se
fasse(nt) dépister et traiter pour limiter les risques
de réinfection entre vous.
PAR CHARLINE OLLIVON
[email protected]
GLOSSAIRE
(1) Incubation :
Période entre la contamination et les premiers symptômes.
(2) Maladie à déclaration obligatoire :
Maladie que le médecin est tenu de déclarer à la DDASS (Direction
Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales). La déclaration
est anonyme.
(3) Méat urinaire :
Orifice externe de l'urètre, par lequel l'urine est éjectée lors de la
miction.
(4) Sillon balano-préputial :
Nom donné au sillon séparant le gland du corps de la verge.
(5) Prévalence :
Nombre de cas de maladie ou de malades dans une population déterminée, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens.
(6) Systémique :
Qui touche l'organisme dans son ensemble.
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