Entrer en poésie avec le SLAM

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Entrer en poésie avec le SLAM
Slam : poésie orale, urbaine, déclamée dans un lieu public, sur un rythme scandé.
Le mot « slam » vient de l’anglais et signifie « claquer ». Le slam, c’est la poésie ouverte à
tous. Elle claque quand on la dit en rythme et en rime. Le slam est né dans les années 80
aux Etats-Unis. Un écrivain de Chicago, Marc Smith a organisé le premier des compétitions
de poésie, dans un bar, à la manière d’un combat de mots.
Ce mot vient de l’anglais « les années 80 aux État
-Des fiches pédagogiques sur le slam conçues en collaboration avec Narcisse,
slameur suisse professionnel + une interview de Narcisse :
http://www.ciip-slff.ch/pour_les_ecoles/fiches_pedagogiques_2016/slam
-Cette fiche permet de travailler avec des élèves dès 13 ans le texte de la chanson
du slammeur Abd Al Malik.
http://www.e-media.ch/documents/showFile.asp?ID=3188
-Une séquence pédagogique détaillée en six moments autour du slam avec des
vidéos :
https://www.edumoov.com/fiche-de-preparation-sequence/10581/ecriture/ce2-cm1cm2-segpa/slam-poesie#session_21462
Pour réaliser cette séquence :
https://www.youtube.com/watch?v=nEOKfHjNVcw
(Grand Corps Malade « Pères et Mères »)
https://www.youtube.com/watch?v=Bg4HA4JKN3M
(Grand Corps Malade « Enfant de la ville »)
http://www.dailymotion.com/video/x5a719_pilote-le-hot-je-t-aime-parce-queg_creation
(Pilote de Hot « J’t’aime parce que… »)
Rêvé pour l'hiver
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras : " Cherche ! " en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
Arthur Rimbaud
Les saltimbanques
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.
Et les enfants s’en vont devant
Les autres suivent en rêvant
Chaque arbre fruitier se résigne
Quand de très loin ils lui font signe.
Ils ont des poids ronds ou carrés
Des tambours, des cerceaux dorés
L’ours et le singe, animaux sages
Quêtent des sous sur leur passage.
Guillaume Apollinaire, Alcools
Navigateur solitaire
Les pieds dans les copeaux l’artisan fait la planche
il se laisse porter par la lourdeur de l’eau
il a pris soin de mettre un gilet bien étanche
pour ne pas disparaître et couler corps et os
C’est ainsi qu’il dérive au milieu de la Manche
en regardant le ciel d’un regard chemineau
parfois d’une main sûre il écarte une branche
d’algue proliférant en l’humide berceau
Parfois à son côté passe un transatlantique
tout prêt à l’accueillir c’est lui qui ne veut pas
il préfère sa course à l’humeur touristique
parfois à son côté un iceberg tragique
pourrait bien l’emporter jusques à Wabana
mais lui tout ce qu’il souhaite est gagner Reykjavik
Raymond Queneau, « Fendre les flots»
Le Détour
Ce fut un long détour ce murmure de poésie
Avant le quai d'embarquement écrasé de lueurs,
Les plaintes des essieux sous les caisses, les enfants
À l'écart et si beaux, si dociles dans la terreur
Mais prêts à croire encore en quelque bonté de la
fourche,
Et le feu qui m'enveloppait comme un vêtement rouge,
Ma gloire dans l'exquise odeur de soufre, ma chaleur :
Long détour vers la vérité sanglante du cœur, de la patrie.
Et soudain le silence au matin dans la petite pluie,
La mer comme une route en détresse par les labours
Roulant innocente sous les dernières fumées.
Au bord d'un autre monde et d'une mémoire déserte,
J'errais avec l'éternité nuageuse.
Une barque
Viendrait plus tard, beaucoup plus tard.
J'avais le temps
D'arrondir mon discours pour les convaincre, les rameurs
Taciturnes.
Plus tard.
Quand la fatigue et la justice
Auraient tressé pour moi la bonne corde, chauffé le four.
Mais pourquoi fallut-il si longtemps pour que le cœur se
crache,
Et ce fil sanglant qui du ciel à la terre interdite
Inutilement coud les lèvres de la blessure : À quoi bon maintenant s'ils ne sont plus,
résorbés dans le
gris
Avec la petite valise, du sucre et les photos, déjà
La tringle en travers de leurs corps sans sommeil
Entre les projecteurs et l'éclair souterrain qui profane?— À la place du cœur l'espace
des cohortes, le vent
Dans la porte enfoncée et la pente de l'expulsion ;
L'œil unique de l'ours ami contre la joue et qui fixe À jamais la douceur égorgée.
Ils ne sont plus.
Mais comme un jour d'été sur la ligne de fuite les nuages,
Sur le rail opulent du bleu les convois de nuages,
Un chœur s'enfle et m'apaise.
Ici la paix, entre les faux ; Étroite ; pas un geste ; à peine un murmure de fou
Qui n'a plus pour maison, dans un désert de dieux et
d'arbres,
La tour tremblant au fil de la rivière comme un oiseau,
Mais l'aire où je dansais dans la fraîche couronne de
flammes
Avant ce long détour.
Jacques Réda

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