L`histoire de France dans le monde - Production des enseignants et
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L`histoire de France dans le monde - Production des enseignants et
L’HISTOIRE DE FRANCE DANS LE MONDE : REPRESENTATIONS CONTEMPORAINES ET PEDAGOGIES INTERCULTURELLES Par ERIC BAILBLE 2013 ( illustration-couverture appartenant au « Domaine public in. « Wikimédia ŔCommons.») 1 L’AUTEUR : ERIC BAILBLE Professeur certifié d‟histoire et de géographie, Eric Bailblé a travaillé pour le lycée français de Budapest (Hongrie). Docteur en linguistique (2006) et docteur en Histoire (2013), membre du réseau AUF « Savoirs en partage », il anime régulièrement des stages et intervient dans le cadre de rencontres pédagogiques. Il organise des conférences, séminaires et stages dans les universités d‟Europe centrale et orientale, et en Asie : à Budapest (Hongrie), à Chisinau (Moldavie), à Kiev (Ukraine), à Minsk (Belarus), à Varsovie (Pologne), à Hué (Vietnam), à Oulianovsk (Russie), à Istanbul (Turquie), à Tallinn (Estonie). Il est à l‟origine de la publication de sites sur l‟Internet relatifs à la société française contemporaine et à l‟enseignement de la civilisation française. Il a publié Ŕen ligne sur l‟Internet- une large série de manuels didactiques consacrés à l‟enseignement de la civilisation française pour les enseignants de FLE issus de différents pays dans le monde. Intervenant régulier, à la demande des « SCAC », (Service Culturel des Ambassades de France), dans le cadre de la formation de professeurs de sections bilingues, il s‟est spécialisé dans la direction de stages d‟initiation à l‟écriture de séquences pédagogiques liées à la notion plurielle de civilisation en classe de Français et de Français Langue Etrangère. Liens- presse sur conférences récentes : http://universiteete2013.wordpress.com/les-formateurs/les-conferenciers/ http://www.jfb.hu/node/1285 http://www.lepetitjournal.com/budapest/communaute/158792-eric-bailble-pour-une-approcheinterculturelle-de-la-francophonie Sitographie : www.efcs.fr www.bailble.com/dico www.bailble.com/Civilisation 2 Auteur de 16 manuels d’auto-formation interculturelle de civilisation française. Mise en ligne officielle par l‟AUF en 2013, pour les Départements universitaires de français, les filières bilingues francophones, les Centres universitaires d'enseignement des langues manuel franco-anglais: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/713/ manuel franco-brésilien: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/714/ manuel franco-chinois: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/715/ manuel franco-coréen: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/716/ manuel franco-espagnol: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/717/ manuel franco-grec: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/718/ manuel franco-hongrois: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/719/ manuel franco-indien: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/720/ manuel franco-italien: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/721/ manuel franco-japonais: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/722/ manuel franco-marocain: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/723/ manuel franco-portugais: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/724/ manuel franco-russe: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/725/ manuel franco-ukrainien: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/726/ manuel franco-vietnamien : http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/727/ manuel franco-allemand: http://eprints.aidenligne-francais-universite.auf.org/712/ 3 Résumé : L’HISTOIRE DE FRANCE DANS LE MONDE : REPRESENTATIONS CONTEMPORAINES ET PEDAGOGIQUES INTERCULTURELLES. Cette étude a pour but d’évoquer l’image diplomatique de la France dans le monde à travers son histoire. Et que retient-on aujourd’hui de l’histoire de France à l’étranger ? A l’heure d’une francophonie qui prône de plus en plus la diversité culturelle et non plus un universalisme politique, la question n’est pas anodine. Car quels événements majeurs, quels acteurs clés peuvent être retenus à l’étranger, notamment en Europe ? Quelle « écoute » historique factuelle peut s’imposer d’un pays à l’autre, d’un peuple à l’autre ? Notre projet est ici d’étudier les rapports qu’entretiennent les images trop souvent mythiques de l’histoire de France avec les histoires nationales des différents pays. Plusieurs interrogations majeures s’imposent pour une telle démarche : peut-on encore écrire une histoire de France ? Que peut signifier encore aujourd’hui, l’histoire nationale d’un pays « représentée » à l’étranger? Ces deux questions préliminaires nous ont amené, peu à peu, à la problématique centrale suivante : dans quelle mesure peut-on dire que l’histoire de France représentée à l’étranger est une histoire souvent fantasmée, voire héroïsée? Ce qui suppose alors une seconde question en arrière-plan : ces représentations sont-elles liées davantage à un universalisme français référent et postcolonial ou à une universalité plurielle et engagée dans la reconnaissance de l’autre ? Et au-delà, en quoi l’Histoire de France véhicule t-elle des valeurs constitutives de la francophonie ? Comment ces valeurs sont-elles transmises actuellement à l’étranger ? Ces valeurs continuent-elles de perdurer aujourd’hui ? Et si on envisage une baisse d'intérêt pour l'histoire de France, cela reflète t-il la place de la France dans le monde, c'est-à-dire moins présente ou si au contraire l'intérêt toujours vivace pour cette histoire souvent présentée comme singulière renvoie-t -elle à une nostalgie d'une France rêvée qui aurait disparu depuis longtemps ? Ces possibilités de réflexion suggèrent alors l'idée que la France se transformerait éventuellement en un musée vivant dont les seuls dividendes seraient d’explorer son patrimoine et son histoire dans une mise en scène permanente. Abstract: French History beyond France : contemporary representations and cross cultural pedagogies. This PHd has one aim : analyse the diplomatic impact of France in the World through history. Indeed, what is actually remembered or simply known of French history outside France, for example in Europe? This question may sound irrevelant but it is all the more essential since the French Speaking World authorities are now advocating cultural diversity rather than political universalism which had its day a long time ago- what are the historical figures that are still very much present in the minds and souls of the people in this or in that country ? This study aims at analyzing the inter-relations between the too often stereotyped and romantic visions of French history and the national pasts of other countries. In order to achieve this goal, we ought to raise a few crucial points: It is still imaginable to write a national history of France? May the national history of a country which is represented abroad still be of interest in today’s world as one move with the times? These two introductory questions have led to the following subject: to what extent can we say the representation of French history is the combination of romantic fantasy and heroism? Then another question comes to the surface: are these representations to be linked to some French post-colonial universalism or are they to be related to some universal principles prone to multiculturalism? How these values are now spread abroad? Are they still meaningful today? And if one is to acknowledge some certain international loss of interest in France’s past, has it anything to do with the rank of France in the world? That is to say: are French historic idiosyncrasies still alive? What is often depicted as being very unique and one of a kind as regards France may, in fact, mirror a feeling of nostalgia for the glorious but foregone past of France. After saying that, one might conceive France as a living museum of which dividends would come from the exploration and endless dramatization of its cultural heritage and history. Mots clés : représentation, histoire, tour linguistique, pédagogie interculturelle, francophonie key-words : representations, history, cross-cultural education, linguistic turn, French world speaking 4 REMERCIEMENTS Cette étude est le résultat d‟une recherche doctorale. Aussi, je tiens à remercier en premier lieu, mon directeur de thèse, M. Le Professeur Christian Delporte qui a suivi et recadré mon travail pendant trois années. J‟aimerais remercier aussi les personnes suivantes : M. Delahaye, maître de conférences en informatique à l‟Université de Lille, Mme Marie Ŕ Françoise Chitour, Maître de conférences en littératures francophones à l‟université francophone Galatasaray d‟Istanbul. M. Thoreau professeur en sciences technologiques au lycée français de Budapest et M. Ville exerçant aussi dans ce lycée. M. Baudais, professeur agrégé d‟histoire au lycée français de Porto, et M. Barrault, professeur certifié d‟histoire au lycée français de Bucarest ainsi que M. Duhotoy Franck, professeur certifié d‟histoire au lycée français de Varsovie et M. Franck Hivert, IPR d‟Histoire et de français rattaché à l‟académie de Toulouse. M. Patrick TENEZE, Chef du service Communication et événements de l‟AEFE Mme Joëlle JEAN Chef du service Pédagogique de l‟AEFE, et M. HERON, IA-IPR d‟histoire et de géographie au service de l‟AEFE, qui m‟ont permis de diffuser mes enquêtes, pièce centrale de ma recherche. Mais j‟aimerais aussi remercier ceux qui ont répondu à ces enquêtes à savoir tous les professeurs des lycées français à l‟étranger, qui sous l‟anonymat, ont accepté de participer à notre questionnaire, à savoir les collègues travaillant dans les écoles françaises suivantes : Le lycée français de Mexico, le lycée français « Marcel Pagnol » au Paraguay, le lycée international de « Marie de France » de Montréal, le collège « Mont La salle » de Beyrouth, le lycée français d‟Agadir, l‟école internationale de Casablanca, le lycée français « Gustave Flaubert » de la Marsa (Tunisie), le lycée français international de Djeddah (Arabie Saoudite), le collège français « Charles Nicolle » de Sousse (Tunisie), lycée français de « La Bourdonnais » de l‟Ile Maurice. Le lycée français de Pékin, l‟école française de Shanghai, l‟école française de Manille aux Philippines, le lycée français de New Delhi, le lycée français de Pondichéry, l‟école internationale française de Denpasar en Indonésie. Le lycée français de Varsovie, le lycée français de Porto, le lycée français d‟Alicante, le lycée français de Freiburg (Allemagne), l‟école française de Vilnius (Lituanie), le lycée français de Bucarest en Roumanie, l‟Ecole française de Palma de Majorque, le lycée français de Bruxelles. L‟ensemble de ces professeurs nous a permis d‟analyser vingtŔhuit réponses, première vague de notre sondage fait en février 2011. 5 Puis nous avons réalisé une deuxième vague de diffusion de notre enquête auprès d‟universitaires et d‟enseignants de l‟enseignement du secondaire et du supérieur, tous étrangers et exerçant leur métier de professeurs de français en Asie du Sud ŔEst. Ce fut cette foisŔci dans le cadre d‟un atelier que nous avons animé à l‟Université d‟été pour la francophonie, à l‟université de Hué, au Vietnam, en juillet 2012. Pour cela, nous nous devons de remercier Mme Dao Anh Huong, chargée de mission linguistique et éducative à l‟Ambassade de France à Hanoi, Mme Nguyen Van Dung, responsable scientifique de l‟AUF ( Agence Universitaire de la Francophonie) et M. Grivelet représentant pour le bureau AUF de l‟« Asie-Pacifique ». Puis nous ne devons pas oublier l‟ensemble des professeurs vietnamiens, laotiens et cambodgiens, malaisiens et thaïlandais, tous professeurs de français dans leur pays respectifs et qui ont eu la gentillesse de répondre à ce questionnaire au cours de ce séminaire. 6 Avant-propos « L’esprit gaulois » « Qu‟entendons-nous donc couramment aujourd‟hui par esprit ou tempérament « gaulois » et par gauloiserie? Il y a dans ces mots avant tout une sorte de bonne humeur un peu complice, et la représentation de toutes les jouissances normales et parfois franchement excessives que procurent une bonne santé, un équilibre naturel : les heureuses satisfactions offertes par la condition humaine, l‟absence de refoulement, de complexes, de contraction, de torsion et même de perversité. Il y a toutefois plusieurs éléments dans cette notion. Tout d‟abord, l‟ancienneté la plus grande possible de ces ancêtres, puisqu‟ils ont été les premiers. Le temps de nos origines a toujours raison. L‟Homme reporte dans cette nuit ou plutôt dans cette aurore ce qu‟il peut rêver de plus désirable et plus réconfortant. : l’âge d’Or, le paradis terrestre, à la fois le bon vieux temps et le matin de la vie, la jeunesse de la nature, le printemps de l‟humanité, cette éternelle fraîcheur des époques révolues. Il y a ensuite l‟énergie des siècles de fer, les calamités vaincues des siècles obscurs, la ténacité d‟une race destinée à durer jusqu‟à nous. Il en découle un préjugé favorable : solidité, intelligence et même débrouillardise, de ces ancêtres sans qui notre histoire n‟eût jamais commencé. D‟autre part, nous ne trouvons rien de chez eux de cette brutalité troublée de morbidesse qu‟illustrent les légendes germaniques qu‟elles soient d‟outre-Rhin, d‟outre-Baltique, ou d‟outre-Manche ! Qu‟il est donc bon d‟être normal ! Nous n‟imaginons rien chez nos ascendants, de ce qu‟un nouvel argot appelle aujourd‟hui maso-sado, schizo et autres douceurs dont la télé fait les dimanches d‟une jeune classe éberluée. » Source : Paul -Marie Duval, Pourquoi nos ancêtres les Gaulois?, Paris, Puf, 1982 7 Introduction Comment penser ou rêver l‟histoire d‟un pays ? Cette question s‟est posée à nous au cours de multiples séminaires entrepris en Europe et en Asie et consacrés à l‟histoire et à la géographie de la France. Nous avons donc voulu mener ici une réflexion sur les représentations contemporaines de l‟histoire de France dans le monde. Ce travail serait par conséquent un plaidoyer pour l'écriture d‟une histoire interculturelle et transdisciplinaire de la France à l‟usage des francophones, enseignants et lecteurs. A l‟heure où l‟on met de plus en plus en avant une francophonie qui prône la diversité culturelle et non plus un universalisme français démiurgique, cette question des représentations historiques de la France se pose régulièrement dans les réseaux de la coopération culturelle du MAE (Ministère des Affaires Etrangères). Ce dernier met en place aujourd‟hui un positionnement plus ouvert et autocritique de l‟histoire de France. Les successifs devoirs de mémoire (dont un des derniers fut celui du 16 juillet 2012, lié à la rafle du Vel d‟Hiv‟) et parallèlement les débats sur le colonialisme français (le deuxième discours de Dakar, cette fois par François Hollande) modifient actuellement l‟image internationale de l‟Hexagone, image déjà très bouleversée par les « Printemps Arabes » de 2011. Mais si des efforts d‟analyse furent opérés pour s‟éloigner d‟une histoire strictement nationale on continue à percevoir les reliquats issus de l‟œuvre dite « civilisatrice » de Jules Ferry, qui fut paradoxalement reprise lors des premiers discours du Président Hollande. Le politique est-il donc toujours constitutif des représentations d‟un pays ? Quand il s‟agit de la France, la relation est en effet profonde. Les institutions françaises ont depuis longtemps donné une large place à la construction d‟une histoire nationale. Cette discipline, sacralisée dans les écoles de Jules Ferry, fut toujours marquée du sceau volontariste de la République. L‟histoire était alors un catéchisme républicain, avant de peu à peu devenir une discipline autonome qui emprunte, aujourd‟hui, des méthodologiques moins politiques. Ce recul de l‟instrumentalisation permanente se manifeste par un recentrage des énergies sur les documents et sur l‟examen des Hommes. La science de l‟Histoire est devenue sensible à l‟Autre et ne sert plus d‟outil politique, même si une dernière tentative fut opérée par le projet de la « Maison de l‟Histoire de France », supprimée le 24 août 2012. 8 Ainsi être historien aujourd‟hui, selon Henri Irénée Marrou, c‟est être tout simplement curieux vis-à-vis de l‟autre. Une position qui fut reprise par Michel de Certeau mais ce dernier ajoute que l‟histoire, c‟est le « savoir de l‟Autre ». L‟Histoire d‟aujourd‟hui serait donc un dialogue, un moyen de communiquer avec soi-même (poids des racines, identité nationale) mais aussi un moyen d‟échanger avec d‟autres cultures. C‟est ce que nous avons voulu évoquer par l‟expression « pédagogie interculturelle » que nous utiliserons souvent. Travaillant au MAE, nous avons souvent été amenés à parler de la France et de son histoire. Aujourd‟hui, nous semble-t-il, et au regard de nos expériences de séminaires, cet échange interculturel ne peut plus se faire dans un discours suspendu hors du temps, donnant la leçon aux autres nations. L‟histoire de France devient un moyen pour échanger avec l‟Autre. Pourtant, à l‟étranger, lors de ces mêmes séminaires, le poids des « représentations » reste un filtre épais qui perturbe cette communication. L‟image de civilisations en concurrence demeure une réalité. Face à cette situation de blocage où les représentations sur l‟histoire restent très souvent nationales, la problématique suivante s‟est imposée : dans quelle mesure les représentations de l‟histoire de France dans le monde restent-elles dominées par une vision politique et positiviste, et dans quelle mesure peut-on modifier ces représentations par une approche interculturelle ? Pour répondre à cette problématique nous avons choisi de créer nos propres sources. Pourquoi le choix d‟une enquête comme outil et producteur d‟archives ? Cet exercice ne relève pas uniquement de la sociologie mais aussi, aujourd‟hui, de la méthode en histoire. En effet, depuis la fin de la Première Guerre mondiale, l‟historien a peu à peu changé son habitude de travail et a identifié de nouvelles sources documentaires, notamment dans le champ de l‟histoire contemporaine. A ce titre Françoise Hildeslheimer justifie ainsi le choix de certains historiens de l‟enquête comme source documentaire de base : « l‟histoire est sortie des salles de lectures des archives : elle s‟est transportée sur les champs de fouilles, dans les musées, sur le terrain par le moyen d‟enquête et de collectes de témoignages oraux. (…) cette mutation concerne en premier chef les époques les plus récentes (…) nous incitant à se tourner vers l‟enquête orale (…) La nouveauté pour l‟histoire en la matière, c‟est la possibilité de produire ses propres sources, de rejoindre la notion des sources narratives, tout en ayant le sentiment de collecter des archives. »[1] [1] HILDESLHEIMER (Françoise), Introduction à l‟histoire, Hachette, Supérieur, 1994, pp. 89-90 9 Toutefois, l‟usage de l‟enquête écrite comme outil peut aussi nous faire tomber dans le piège de « l‟optique des sources », illusion souvent soulignée par Paul Veyne, c‟est pourquoi il nous a toujours fallu s‟interroger sur la valeur documentaire de notre questionnaire. Une telle démarche supposait de connaître le « cadre de pensée » de la population interrogée. Or, ce cadre est institutionnel puisque la population ciblée est constituée d‟enseignants travaillant pour leurs Etats respectifs. Cette situation n‟est pas anodine. Nous avons donc aussi utilisé comme boussole les travaux de la célèbre anthropologue anglaise, Mary Douglas qui a rédigé en 1986 un ouvrage clé : Comment pensent les institutions ? [1] Cet ouvrage montre à quel point un type spécifique de population (ici des fonctionnaires) se relie implicitement aux institutions du pays pour lesquelles il travaille. Quelle méthodologie nous a proposé Mary Douglas sur ce point ? Dans son ouvrage la grande figure de l‟anthropologie sociale britannique évoque le problème du lien social, sa nature, ses effets et son contenu. Pour Mary Douglas tous les groupes humains sont des collectifs légitimes, groupes qu‟elle nomme des « institutions » et qui se constituent les uns et les autres par des « cadres de pensée communs ». Ceux-ci génèrent des « savoirs légitimes ». Il y a donc, selon Mary Douglas, une propriété sociale des savoirs dans chaque groupe et ces derniers ont une « mémoire », c'est-à-dire une information qui permet à chaque individu d‟exercer sa « rationalité ». Mais ces vérités instituées sont « opaques », souvent alimentées par des systèmes coercitifs ou par une idée primaire renvoyant à une conception du monde. Ces vérités, ajoute-t-elle, peuvent se briser dès lors qu‟elles deviennent inopérantes à rendre compte de la complexité du monde. Pour notre projet d‟enquête, la réflexion de Mary Douglas est donc fondamentale car cette approche souligne que les savoirs représentés (ici l‟histoire de France) sont à la fois institués collectivement et utilisés de manière rationnelle par chaque individu. Ces « vérités », qui sont donc toutes relatives, nourrissent néanmoins la production des représentations, ces méta-mises en intrigue. C‟est dans cette perspective que nous avons analysé les réponses obtenues. Pour mesurer ce double mouvement de vérités instituées, liées à l‟individuel et au collectif, nous avons donc échafaudé une série de questions qui s‟inscrit dans une logique interculturelle afin de souligner le jeu de miroir sur l‟histoire de France et les histoires nationales des pays où les enquête furent diffusées ou distribuées par nos soins. [1] DOUGLAS (Mary), Comment pensent les institutions ?, 2004, Paris, La découverte, 218 pages 10 La structure de notre enquête mobilise des questions dites à la fois« ouvertes » et « fermées ». Ce double choix permettait de mieux balayer le spectre de populations n‟ayant pas toutes les mêmes intérêts, les mêmes objectifs professionnels, ni les mêmes itinéraires individuels : les conditions d‟expatriation diffèrent, les contextes culturels locaux sont évidemment différents, et le poids des institutions varie selon les cas et la formation universitaire. L‟enquête fut ouverte à tous, français et étrangers, professeurs du secteur primaire, secondaire et universitaire. Un large spectre institutionnel et culturel pouvait seul permettre d‟obtenir une photographie plus complète de notre projet. Il nous fallait anthropomorphiser nos enquêtes en mobilisant une population diverses par la formation et la culture, et éviter ainsi l‟exotisme des représentations. L‟objet de notre étude se cristallise autour de plusieurs substantifs clés et groupes nominaux : représentations, histoire, pédagogie interculturelle, l‟ensemble gravitant près de la thématique de la France et de son histoire. Pourquoi parler de ces représentations ? Les historiens français ont commencé à utiliser plus régulièrement ce mot de « représentation » depuis les années 1960 lorsque des sociologues français tels que S.Moscovici1 l‟ont introduit dans le champ de la recherche dite active. Trente ans plus tard, des historiens comme Michel Vovelle utilisent avec aisance ce concept dans un numéro de la revue Sciences Humaines2. L‟idée de représentation renvoie alors à l‟imaginaire social des individus. D‟autres avant lui, Georges Duby, Robert Mandrou ou Philippe Ariès, avaient déjà esquissé cette idée. Cet univers des imaginaires sociaux fut aussi étudié dès les années 1960, notamment par Louis Trénard et Gaston Bouthoul3. L‟historien Antoine Prost ira même plus loin et modifiera l‟analyse de Michel Vovelle lorsqu‟il parlera de la « mise en intrigue » de l‟Histoire. A l‟idée d‟imaginaire social des individus, la « mise en intrigue » va produire une logique romanesque sur le concept même de représentations. L‟historien se retrouve ainsi dans une posture d‟énonciation, comme l‟écrivain. Ici, on découvre qu‟analyser des représentations c‟est aussi analyser une crise épistémologique de l‟histoire, crise qui s‟amplifie depuis le début des années 1990, encouragée par la rupture géopolitique de 1989. 1 MOSCOVICI (Serge), La psychanalyse, son image et son public, P.U.F., Paris, 1961- Edition de 2004, 506 pages. 2 VOVELLE (Michel), Les représentations : images trompeuses du réel, in. Sciences Humaines, n°27, 1993. 3 TRENARD (Louis), Les représentations collectives des peuples, in. Bulletin de la section histoire Moderne et Contemporaine, Fascicule IV, 1962, Paris, pp. 9 à 23 11 Le « linguistic turn », proposé par Hayden White a proposé une vision relativiste de l‟histoire devenu un discours. Tout devient alors fragile. Il n‟y a plus de certitudes. Tout n‟est que jeux de langage, qu‟une « fiction making operation » nous précise Hayden White. L‟historien serait donc plus romancier qu‟écrivain ! Face à cet embarras idéologique, l‟histoire, en tant que science, tremble d‟effroi. Peut-on alors encore écrire l‟histoire d‟un pays, d‟un homme, d‟une société ? L‟histoire sacralisée de France aurait-elle perdu ses ornements? Changements géopolitiques et changements épistémologiques ont bousculé bien des certitudes et l‟analyse des représentations ne serait au final qu‟une méta « mise en intrigue » de l‟histoire. Et si l‟histoire connaît une telle crise, les représentations seraient-elles en première ligne dans cet orage? Comment se manifesterait alors cette crise (supposée) des représentations ? Cette rupture scientifique profonde semble toucher toutes les approches ; structurelle ou positiviste depuis que l‟histoire est elle-même remise en question. Les représentations de l‟histoire de France existent pourtant toujours, et elles sont vivaces. Pourtant nous verrons aussi que nous ne sommes plus dans la logique de l‟universalisme français référent et qu‟il y a bien une baisse d'intérêt pour l'histoire de France, un pays moins présent dans le monde. Ceux qui s‟intéressent encore à l‟histoire de France en représentation, en méta-mise en intrigue semblent le plus souvent séduits par la manifestation nostalgique d'une France rêvée. Nous identifierons la nature de ces représentations, mais nous verrons aussi qu‟elles relèvent plus d‟un musée vivant dont les seuls avantages seraient d‟explorer son patrimoine. Avant de répondre à ces questions qui constitueront l‟arrière-plan de toute notre réflexion, il a tout d‟abord fallu faire le point sur l‟historiographie de ce sujet mêlant histoire, représentations et France. Quelle est donc l‟historiographie sur les « représentations » de l‟histoire de France dans le monde ? Ce sont souvent des travaux de recherche consacrés au rayonnement historique de la France dans le monde. Les thèses sur ce sujet sont dans la plupart des cas des études sur les imaginaires collectifs liés à des coopérations souvent techniques, coloniales ou postcoloniales : nous avons ainsi identifié des études sur les formations militaires assurées par la France à l‟étranger dans le cadre de l‟ancien empire français4. 4 BOTTIN (Michel) sous la direction de FRANK (Robert), L‟enseignement militaire français et le rayonnement de la France : de la troisième république à nos jours, Thèse, 2009, Paris 1, 2 vol, 578 pages. 12 Ces expertises suivent souvent une logique d‟accords bilatéraux entre la France et un pays partenaire. Nous avons aussi découvert des recherches consacrées à l‟image de la Légion étrangère dans le monde5 et plus largement des histoires militaires mettant en commun des intérêts ou des conflits entre la France et un pays tiers6. Le caractère bilatéral, colonial et militaire, domine dans un premier temps la recherche des représentations sur le France et son histoire7. Une vision davantage géopolitique que politique8. Toutefois, le registre culturel n‟est pas exclu. Il représente le deuxième cercle des productions scientifiques sur les représentations. Quand le filtre culturel se mêle aussi à l‟aventure, on analyse surtout les opinions collectives cristallisant l‟idée d‟un pays à travers des supports médiologiques tels que la presse9. Mais ce n‟est pas toujours le cas : quand le rayon du compas diachronique est plus large, on mobilise alors plusieurs archives pour comprendre les représentations, ainsi une étude menée en 2007 par Jean-Philippe Genet pour la France et la Grande-Bretagne10. On souligne ainsi la circulation des opinions entre les deux pays. « L‟institut d‟histoire du temps présent », à ce titre, organise depuis un certain nombre d‟années une réflexion sur les représentations de la France au niveau international et les séminaires organisés sur ce thème se consacrent de plus en plus aux supports images qui symbolisent, par des allégories, les imaginaires transportant et orchestrant les relations internationales11. Dans ce jeu des métonymies sur l‟histoire de France, on découvre souvent des événements tels que la Révolution Française12 ou mai 196813. 5 LARROUMET (Marie) sous la direction de Jauffret (Jean Charles), Mythes et images de la légion étrangère : 1945-1994, 1997, Montpellier 3, 3 volumes. 6 ALLAIN (Jean-Claude), Représentations du Maroc et regards croisés franco-marocains, Paris, L‟harmattan, 2004, 270 pages 7 LAVOCAT (Françoise), La France et la Pologne : histoire, mythes, représentations, 2000, Presses Universitaires de Lyon, 385 pages. 8 TEULIERES (Laure) sous la direction de Laborie (Pierre), Français et italiens dans la France méridionale de la fin de la Grande guerre au sortir de l‟occupation, doctorat histoire, 1997, 3 vol., 384 pages. 9 PEREON (Yves-Marie) sous la direction de Frank (Robert), L‟image de la France dans la presse américaine ; 1936-1947, Paris 1, Doctorat histoire, 2008, 2 vol., 789 pages. 10 GENET (Jean -Philippe) et al. , Les idées passent elles la Manche ? Savoirs, représentations et pratiques : France-Angleterre du X au XXème siècle, 2007, Paris- Pups, 402 pages 11 FRANK (Robert), Images et imaginaires dans les relations internationales depuis 1938, ed. IHTP, Paris, 1994, 168 pages. 12 BARIETY (Jacques), 1889 : centenaire de la révolution française : réactions et représentations politiques en Europe, Berne, 1992, 328 pages 13 FAURE (Justine) et al., 1968 : hors de France ; histoire et constructions historiographiques, Paris, L‟Harmattan, 2009, 416 pages. 13 Dans le projet d‟étude ici proposé, nous avons voulu mesurer le poids de ces thématiques symbolisant l‟histoire de France à travers l‟analyse de cinquante-neuf enquêtes au total obtenues. L‟analyse de celles-ci s‟est faite en trois temps. Dans un premier temps nous avons donc interrogé cinquante-neuf personnes, toutes enseignantes, françaises ou étrangères, exerçant hors de France et travaillant dans deux réseaux majeurs de la francophonie, l‟AEFE (Agence de l‟Enseignement français à l‟Etranger) et l‟AUF (Agence Universitaire de la Francophonie). Nous avons ainsi distribué une enquête constituée de dix questions leur demandant qu‟elle était leur perception et leur ressenti de l‟histoire de France. Nous avons diffusé ces enquêtes à deux publics différents et à deux moments différents. En février 2011 nous avons analysé 28 enquêtes pour le réseau AEFE, où les personnes étaient des fonctionnaires français détachés par un contrat lié au MAE. Dans un second temps, en juillet 2012, nous avons proposé ce même questionnaire à des enseignants laotiens, cambodgiens, thaïlandais, malaisiens et vietnamiens, enseignant le français dans le secondaire et le supérieur dans leur pays respectifs (au total 31 personnes). Nous avons ensuite tenté de comprendre pourquoi ces représentations sont marquées par le sceau du conjoncturel et du politique. Nous verrons que dans toutes ces enquêtes une dominante positiviste implicite de l‟histoire de France demeure, et que cette dominante semble s‟apparenter à une demande socio-culturelle. Nous verrons ainsi le poids idéologique que représente l‟histoire de France pour un enseignant exerçant à l‟étranger. Nous tenterons d‟expliquer que les représentations de l‟histoire d‟un pays relèvent plus d‟un « idéal type », formule de Max Weber, et qui signifie avant tout le « cadre de pensée d‟une civilisation ». Cette structure met souvent en concurrence les pays. Cela conduit à des discours déterministes comme ce fut le cas de Thomas Carlyle pour l‟Empire britannique, ou de Camille Jullian qui avait redonné vie à un héros oublié devenu emblème, Vercingétorix. Chaque civilisation justifie son existence par ses racines et cela lui permet de justifier sa volonté de domination sur le monde. Nous tenterons donc de comprendre pourquoi les mises en scènes idéologiques alimentent les arcanes des représentations d‟un pays et de son histoire. 14 Dans un troisième temps, nous verrons comment ces représentations « positivistes » peuvent être utilisées d‟une autre façon, dans le cadre actuel de la francophonie, c‟est-à-dire dans un contexte d‟une diversité culturelle encouragée. C‟est-à-dire dans le cadre de dialogues interculturels vivants. Nous proposerons ainsi un curriculum interculturel de l‟histoire de France en annexes, mais aussi trois pistes pédagogiques, à savoir, l‟histoire de France par l‟angle diachronique, synchronique et enfin par une démarche liée à la linguistique. Ces trois pistes seront ainsi les voies essentielles de toute notre analyse. 15 PREMIERE PARTIE COMMENT ANALYSER LES REPRESENTATIONS CONTEMPORAINES DE L‟HISTOIRE DE FRANCE ? 16 INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE Dans cette première partie, nous nous sommes interrogés, avant même d‟analyser nos enquêtes liées à l‟AEFE et à l‟AUF, sur ce que pensent les historiens français de cette histoire nationale, devenue un objet étrange et de plus en plus souvent polémique. Nous verrons ainsi que la mise en intrigue de l‟histoire d‟un pays tel que la France n‟est pas perçue comme telle à l‟extérieur, notamment au sein d‟une francophonie qui fait face à la mondialisation culturelle et où le doute épistémologique n‟a pas sa place. Les certitudes et les symboles résistent bien. Ils sont alimentés par une demande socio-culturelle forte. Dans le deuxième chapitre de cette première partie, nous verrons quels sont les liens possibles entre histoire et linguistique et comment cette histoire de France s‟intègre ou pas dans les processus didactiques actuels des méthodes de « Français Langue Etrangère » en pleine refonte pédagogique, depuis les trente dernières années. Nous verrons notamment que les cours de civilisation n‟existent plus car condamnés comme culture trop cultivée. On évoque l‟histoire de rance dans le cadre d‟une culture action ou une culture partagée qui se présente dans ces méthodes de FLE par un labyrinthe permanent et ludique, illustrées par des ballades où les pratiques du quotidien des Français sont devenues centrales. Cette approche a été construite par ce que l‟on nomme l‟anthropologie culturelle. Dans un troisième chapitre, nous présenterons le résultat de nos 59 enquêtes menées tout d‟abord auprès d‟enseignants d‟Asie du Sud-Est (AUF - Juillet 2012 - 31 réponses) puis auprès d‟enseignants français travaillant à l‟étranger (AEFE Ŕ Février 2011 - 28 réponses). Ces enquêtes composées de dix questions suivent une logique interculturelle. On présentera ainsi une cartographie de ces représentations ainsi obtenues. Nous verrons notamment les points communs et différences entre les enseignants français travaillant pour l‟AEFE et les approches différentes des enseignants étrangers travaillant dans le cadre de l‟AUF. 17 CHAPITRE 1 / LES HISTORIENS FRANÇAIS ET L’HISTOIRE DE FRANCE Nous commencerons notre réflexion en nous penchant sur le poids d‟un malentendu. A savoir, la tendance des historiens français à présenter l‟histoire dans une logique structuraliste alors qu‟à l‟étranger la lecture lavisienne demeure encore forte. Certes, le débat épistémologique est moins vif en France aujourd‟hui, mais il n‟en reste pas moins que ces deux visions de l‟histoire s‟opposent en France et à l‟étranger. En France, l‟histoire est devenue scientifique et explicative, mais à l‟étranger, cette histoire relève souvent plus du ressenti et de l‟émotion. La dichotomie est-elle si claire ? Nous verrons que non, et que même des historiens structuralistes, tel que l‟un de ses pères, Fernand Braudel, sont restés implicitement sensibles à cette émotion nationale. On est passé ici de l‟histoire de France à l’histoire de la France. Pourquoi ? Ce n‟est pas anodin…C‟est un héritage. 1.1. L’héritage braudélien : de l’histoire de France à l’histoire de la France. Dans son introduction à son ouvrage inachevé sur L‟identité de la France, Fernand Braudel rendait hommage à son pays en déclarant avec une passion non feinte : « Je le dis une fois pour toutes : j‟aime la France avec la même passion exigeante et compliquée que Jules Michelet (…) Je tiens à parler de la France comme s‟il s‟agissait d‟un autre pays, d‟une autre patrie, d‟une autre nature »14. Fernand Braudel citait un article de Charles Péguy qui dès 1904 évoque une analyse sereine de la France qui passe par ce positionnement « comme si on en était pas ». Fernand Braudel va plus loin et conseille à l‟historien un « silence personnel » (…) et de se « purger de ses passions »15. Il juge parfois avec sévérité les « grands historiens » de la France. Selon lui, l‟erreur d‟Hippolyte Taine fut d‟être passionnelle malgré sa volonté de regarder la France comme « un insecte qui mue ». Alexis de Tocqueville a en revanche réussi son affaire dans son œuvre sur « L‟ancien régime et la révolution ». Il considère aussi l‟œuvre de J. Michelet comme « inégalable » (p.11) et celle de Lavisse comme « indispensable ». Jacques Madaule le « séduit par son équilibre ». 14 15 BRAUDEL (Fernand), L‟identité de la France, Flammarion, 1990, 1181 pages BRAUDEL (Fernand), L‟identité de la France, op.cit., pp.9-14 18 Fernand Braudel rappelle ensuite les grands conseils des historiens reconnus tel Jules Michelet pour qui « l‟histoire totale est la seule véritable histoire ». Après ces quelques concessions épistémologiques, il revient sur une ligne plus radicale concernant le récit historique car à ses yeux, « l‟unité de la France, non pas bien entendu son histoire, ne s‟affirme en rien sur une Jeanne d‟Arc, ni même (...) avec la Révolution Française, mais sans doute avec (…) les chemins de fer (…) et avec l‟école primaire ». Ainsi, nous précise-t-il, il ne faut pas « se cantonner dans le temps bref, c‟est le défaut mignon de l‟histoire récit, de ce feuilleton de l‟histoire de France (…) que nous avons appris par cœur, enfant, non sans émotion, dans les pages inoubliables du Malet-Isaac. » Il est vrai que Fernand Braudel semble plus proche de la position d‟histoire globale d‟A. Toynbee que d‟Hippolyte Taine qui plus qu‟une analyse a davantage opéré une vénération religieuse pour la révolution française. Or Braudel protestait contre « cette dévotion ». En ce sens il a encouragé les premiers pas d‟une histoire globale en reprenant les conseils de Marc Bloch, qui envisageait au moins l‟histoire dans sa « dimension européenne », Paul Morand (une belle plume qui n‟est pas historien) dans sa « dimension mondiale » et Edgar Quinet dans sa « dimension universelle ». Ce jeu des chronologies fut permis et suivi par Braudel, et pourtant l‟Ecole des Annales reste bien en crise aujourd‟hui. Fernand Braudel n‟aurait-il pas au final adopté une position de décentrage par défaut contre Hyppolite Taine ou Malet-Isaac ? De l‟émotion, oui, mais pas trop. Dans son histoire économique de la France16, écrite avec Ernest Labrousse, Fernand Braudel montre alors le projet originel de la nouvelle histoire, cette histoire économique et sociale : « D‟autres France surgissent à la surface que l‟histoire traditionnelle, surtout politique (...) jeter les bases d‟une histoire nouvelle, ce n‟est pas prétendre la construire dans son ensemble. ». Certes une nouvelle méthode empirique apparaît mais sans vouloir ouvrir la porte au comparatisme comme le fit romantiquement Isaac de Laffemas en 1606 qui affirmait que l‟histoire de France était le « raccourcie du Monde » même si au final, Fernand Braudel se laisse aller à dire que « l‟histoire de notre pays nous tourmente comme elle tourmentait Jules Michelet ou Lucien Febvre. » 17 On le voit l‟émotion reste cachée, elle est contenue. 16 BRAUDEL (Fernand) et LABROUSSE (Ernest), Histoire économique et sociale de la France, 1450-1660, Tome : l‟état de la ville, paysannerie et croissance, Quadrige, 1977, Puf, 1029 pages 17 BRAUDEL (Fernand) et LABROUSSE (Ernest), Histoire économique et sociale de la France, 1450-1660, Tome : l, op.cit, pp.5-7 19 C‟est pourquoi nous avons cherché chez d‟autres historiens des éléments possibles de décentrage au début et à la fin des années 1990. Nous allons voir qu‟une nouvelle génération d‟historiens est moins complexée par le retour du diachronique, du politique. Et en ce sens, il y a chez les historiens français une volonté de donner satisfaction à une demande sociale oubliée, celle de l‟histoire politique. Ainsi Pascal Balmand, professeur à l‟IEP de Paris, propose trois secteurs temporels pour son Histoire de France 18: le temps « lent » (de la préhistoire à 1789), le temps « rapide » (de 1789 à 1945) et le temps « présent » (de 1945 à nos jours). Son ouvrage, volontairement didactique, renvoie à un projet alors européen : présenter simplement l‟histoire de chacun des pays de l‟UE. Il y a donc dans cette collection une volonté de comparer, de synchroniser au profit d‟une histoire globale européenne. Mais cette synchronisation reste un projet difficile à construire et c‟est pourquoi l‟auteur au final rejoint une ligne diachronique classique. Ce dernier s‟en explique ainsi : « L‟histoire de France idéale serait aussi celle qui fonctionnerait à la mesure d‟un vaste puzzle chronologique, analyserait des histoires aux temps distincts puis les rassemblerait au carrefour des civilisations propres à chacune d‟entre elles, une sorte de synthèse comme garantie universelle». Mais une telle « superposition (…) ne pourrait être enseignée qu‟à partir d‟une maîtrise préalable des grandes lignes de l‟histoire française »19. Le diachronique reste par voie de conséquence un préalable classique à tout projet d‟histoire globale et synchronique. Mais surtout, pour Pascal Balmand, le politique reste la rythmique majeure de l‟histoire de France qui fut longtemps un « agrégat inconstant de peuple désunis » (formule de Calonne à Louis XVI). Le politique domine les faits car cela rend visible le pays à l‟extérieur. Quels sont les arguments de Pascal Balmand ? C‟est bien sur la base du « traité de Verdun de 843 » que l‟histoire territoriale s‟est peu à peu fait jour. Traité qui fut renforcé par la décision d‟Otton 1er en 962 d‟exclure la « Francia Occidentalis » de ses projets géopolitiques. C‟est bien dans la Chanson de Roland du XIème siècle que l‟on identifie le païen et l‟autre. Ce sont bien les « légistes » de Philippe le Bel qui construisent l‟armada des lois à la création d‟un Etat autoritaire, Etat qui peut ainsi lutter pendant la Guerre de Cent ans. 18 19 BALMAND (Pascal), Histoire de France, sous la direction de MILZA (Pierre), Hatier, 1992, 444 pages. BALMAND (Pascal), Histoire de France, pp. 14-15. 20 Cela aboutit peu à peu à une nation au XVIème siècle puis à l‟Etat moderne du XIXème qualifié par Pierre Ronsavallon d‟ «instituteur social et producteur de la nation » et dont le paroxysme se révélera sous la IIIème République sous le sceau volontariste de Jules Michelet. Pour le professeur à l‟IEP, le politique permet de souligner les ruptures et crée une dynamique de lecture. Le politique joue donc un rôle didactique dans l‟histoire et ses représentations. Cette option chronologique ne séduit pas tous les auteurs. Certains, en lisière, préfèrent les mémoires des contemporains où les Français parlent d‟euxŔmêmes directement. C‟est l‟option émotion qui est ici privilégiée. Quelle autre garantie possible pour se présenter sur l‟extérieur ? Fierro Alfred20 prend ainsi parti contre les Lettrés ou les historiens. Il considère toutes mémoires et souvenirs comme la vraie source d‟une histoire présentable : « Je sais peu d‟ouvrages pour ma part que je mette au-dessus des Mémoires. Les gens de Lettres n‟écrivent que pour montrer leur esprit (…) Les historiens eux-mêmes me laissent froid. (..) Les auteurs de mémoires au contraire ont cet art de dire ce qu‟ils font (…) et en pareil on parle presque toujours bien ».21 Ce refuge vers un tout émotionnel et personnel ou une lecture horizontale et mécanique du politique suggère surtout une histoire nationale en crise en France même, mais nous nous éloignons un peu des lignes de chemin de fer de Fernand Braudel. Lorsque Jacques Revel prend la direction de la collection sur l‟histoire de France22, il comprend l‟ampleur de la crise qui s‟est ouverte entre les Français et leur histoire. Pierre Goubert avait entrevu cette crise dès 1984 quand il évoquait la disparition de l‟esprit français. Moins dramatique mais tout aussi inquiet, Jacques Revel souligne le décalage structurel entre les attentes et l‟offre de mémoire. Il écrit ainsi en novembre 1999 : « Aux Français, il est redevenu essentiel de penser que leur présent est enraciné dans une histoire et une mémoire (…) Cela peut paraître paradoxal dans une société qui à tant d‟égards semble saisie par l‟historiomanie. » Cela vient d‟un « décalage d‟attentes d‟être rassuré et le « vieux récit de la Nation que l‟Ecole a fait (…) un apprentissage civique ».23 En d‟autres termes, il y a des attentes qui ne sont pas ou plus satisfaites malgré les abus de mémoire pratiqués depuis vingt ans. Pourquoi une telle frustration ? 20 FIERRO (Alfred), Les Français vus par eux-mêmes : le consulat et l‟Empire, 1998, 1317 pages FIERRO (Alfred), Les Français vus par eux-mêmes : le consulat et l‟Empire, op.cit, p.13 22 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, Seuil, Points Histoire, sous la direction de REVEL (Jacques), 2000, 620 pages 23 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, op.cit, pp.8-9 21 21 Le chef d‟orchestre de cette collection évoque les mythes sentimentaux qui ont entretenu ce rapport des Français à leur histoire et cite tour à tour la formule de Guy de Bazoche qui parlait de la « Douce France » au XIIème siècle, ou bien Primat qui, dans ses grandes chroniques, évoque une « Dame renommée » face aux autres nations. Jules Michelet personnifie la France face à l‟Allemagne réduite à une race et la Grande-Bretagne à un Empire. Le Petit Lavisse de 1884 met en scène Jeanne d‟Arc qui rappelle à Charles VII la mémoire de la filiation de St-Louis et Charlemagne. L‟auteur commente cette mise en scène: « Ainsi cette fille du peuple savait que la France existait depuis longtemps ». Le souffle romantique soufflait sur les pages d‟Ernest Lavisse jusqu‟à aboutir à ce que Ernest Renan nommait un « principe spirituel » de la France, à savoir un certain nombre d‟événements ou de conditions très singuliers ; « le miracle géographique, les serments de Strasbourg, la primauté chrétienne, les croisades, Paris nouvelle Athènes pour les arts, (…) ou Valmy ». La France se retrouve ainsi être « le christ des Nations » qui poursuit sa « marche obstinée vers la liberté (…) or ce récit fondateur est en crise ».24 Certes il y a une crise des discours universaliste et christique de l‟histoire de France, mais il y a aussi en France un déficit de l‟histoire politique qui fut trop longtemps exclue du champ historiographique, ce qui a masqué à une partie du public l‟importance d‟entretenir des représentations abordables sur son propre pays. Pierre Bourdelais mesure cette frustration sociale et culturelle, et les réponses apportées ne sont plus opératoires : ni la lumière du vieux récit incantatoire ni l‟histoire aplatie des Annales : « Il y a eu une tendance inégale pour adapter aux collèges les demandes de « l‟histoire nouvelle » (elle est déjà en fait quinquagénaire) (…) la France n‟est plus une grande puissance » (…) c‟est le temps des fins et de l‟exceptionnel, ce sont des pages nostalgiques de l‟histoire immobile, un monde que nous avons perdu (…) encore vifs nous nous enfouissons dans l‟histoire (…) ». On le voit ici, il y a bien de la nostalgie dans les représentations de l‟histoire de France qui se manifeste par les remises en question structurelles de la société française, remises en question qui dépassent largement le champ historiographique. 24 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, op.cit, pp.12-13 22 Puis il juge l‟héritage des Annales : « De la leçon lointaine des Annales (…) il en résulte un aplatissement de la perception du temps et (…) une désorganisation relative du discours historique » (…) « Le vieux récit des origines n‟est plus possible (…) mais nous ne savons pas par quoi le remplacer alors que même ou parce que notre société est saisie jusqu‟à l‟ivresse du formidable désir de mémoire (…) Le récit de notre nation est celui qui a été le plus profondément mis en cause par ces incertitudes parce qu‟il n‟intéresse pas seulement une identité d‟une discipline, mais celle d‟une communauté vivante. » « Cette communauté attend plus que des commémorations ; des réponses et peut être aussi des questions correctement posées. Notre projet (…) est de rendre vie (…) à l‟histoire nationale que l‟on avait perdu de vue (…) et de rendre possible une France au présent. » L‟auteur reconnaît les efforts de Fernand Braudel pour aimer la France, mais cette passion une fois déclarée, il « s‟en détache aussitôt ». Cette histoire nouvelle qui a condamné l‟histoire politique, l‟histoire récit qualifiée de « positiviste » est-elle « une remise en question, durcie et simplifiée avec le fil du temps » du chronologique. « Doit-on en tirer la conviction d‟un désintérêt constitutif pour l‟histoire nationale »25 ? Daniel Nordman rappelle à juste titre que les fondateurs de cette « nouvelle histoire » étaient des patriotes passionnés; à savoir Marc Bloch et Lucien Febvre. Pour ces derniers, la nation suggérait une vraie méditation civique, méditation contrôlée par la passion de l‟historien. Le même auteur va plus loin et poursuit son analyse vers une synthèse épistémologique : « On peut analyser l‟évolution du pouvoir thaumaturgique des Rois (…), mais par le biais de la comparaison, chercher à mettre en évidence et à mesurer une singularité de notre histoire ». D‟ailleurs à la veille de sa mort, M. Bloch avait pour projet d‟écrire une « Histoire de la société française dans le cadre de la civilisation européenne ». Mais ni Marc Bloch, ni Lucien Febvre, ni Fernand Braudel n‟ont pu finir cette tâche de grande ampleur. On reconnaît dans cette collection sur l‟histoire de France que le temps de l‟universalisme français est terminé : « Il nous est difficile de proposer notre parcours historique au reste du monde». Pourtant, poursuit-il, « le temps est sans doute bien choisi en revanche pour tenter de comprendre en quoi et pourquoi nous sommes différents des autres (…) de nous attacher à ces singularités françaises qui fascinent tant les observateurs étrangers et que nous nous plaisons déjà avec narcissisme à reconnaître dans le regard qu‟ils portent sur nous. »26 25 26 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, op.cit, pp.14-17 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, op.cit, p.18 23 L‟approche scientifique de ce projet fut donc de lier le projet de Fernand Braudel (temps long) et les traits originaux d‟un pays (temps court) sans toutefois que cette singularité ne devienne un principe explicatif du monde, voie démiurgique qui fut choisie aux Etats-Unis, au Japon ou encore en Allemagne. 1.2 Le succès de Pierre Nora, un malentendu avec les autres historiens. Jacques Revel sur ce dernier point fut sans doute plus séduit (et le grand public aussi) par l‟œuvre romanesque de l‟historien Pierre Nora et ses Lieux de mémoire. Ceux-ci furent sur-interprétés par les autres historiens. On pourrait presque parler d‟un brouillage de comunication. Jacques Le Goff juge comme romanesque le travail de Nora qui serait une préparation à un roman mais au bout de la lecture, la préparation se révèle être le roman lui-même ! Il y a ici poursuit Jacques Revel « une impossibilité d‟écrire l‟histoire de France, de retrouver autre chose dans ces fables de la mémoire (…) autre chose que de la production imaginaire ». Si Pierre Nora a eu du succès c‟est que « sa démarche (…) paraissait transposable à d‟autres histoires nationales ». Mais les historiens ont-ils lu les précautions de Pierre Nora qui condamnait toute dérive patrimoniale ou nostalgique. Jacques Revel conclut que son « succès peut s‟interpréter comme une promesse de comparatisme ou au moins de dépassement de la simple contemplation projective de l‟identité nationale ». Ainsi « l‟identité de la France n‟est pas (…) une certitude (…) une réponse (…) mais une question. ». En conclusion générale Jacques Revel se greffe au débat qui fait polémique, en 1999 comme 2010 : le « devoir de mémoire » en France, « il n‟est pas inutile de rappeler qu‟il existe un devoir d‟histoire »27. Lorsque l‟on republie en 2002 la version de 1958 du Malet-Isaac, voici ce que l‟on peut lire en préface : « Il semble que la réédition du livre d‟histoire qui a formé quatre générations de Français correspondait à une demande de plus en plus vive. Cet ouvrage allie la saveur des images d‟Epinal à la rigueur du cours : références essentielles et récits vivants se côtoient. » L’effet de mode est depuis passé et la suppresion de la « maison de l’histoire de France » en septembre 2012 en est un exemple confondant. C‟est Ernest Renan qui demande à Albert Malet d‟entreprendre un ouvrage scolaire sur l‟histoire, rejoint par Jules Isaac en 1906. L‟ouvrage est mis au point entre 1923 et 1925. 27 BOURDELAIS (Pierre), Nordman (Daniel) et al., Histoire de France ; l‟espace français, op.cit, pp.28-31 24 Il sera édité jusqu‟en 1963 et touchera 4 générations de jeunes Français. L‟édition de 2002 correspond à la version de 1958 sans les cartes.28 Cette histoire qui est ainsi et surtout une téléologie, ne doit pas être mise en opposition totale avec l‟histoire structurelle. Les deux approches ont droit à l‟événement, ce dernier qui apparaît par ailleurs toujours post-ruptures. On le voit ainsi chez André Burguière. 1. 3 André Burguière en 2000 : les mêmes velléités épistémologiques que Fernand Braudel en 1986. Dans la collection Points histoire André Burguière poursuit la réflexion sur l‟histoire de France29 en présentant la problématique des productions culturelles. Comme Jacques Revel, il tente quelques timides concessions que l‟on pourrait qualifier de « positivistes ». L‟auteur refuse tout élitisme culturel ou toute excellence car c‟est « ce que l‟on met en doute » et il poursuit : « le lecteur ne doit pas s‟attendre à trouver ici le palmarès des auteurs et des œuvres » (…) » De tels inventaires triomphalistes en réalité (..) s‟appuient sur des auteurs qui sont de la culture instituée. » « En outre, leur notoriété qui les a fait traduire dans d‟autres pays a surchargé leurs œuvres de commentaires et d‟interprétation qui en ont dilaté la signification universelle et quelque peu obscurci en revanche la dimension nationale. » Mais l‟auteur ensuite se veut rassurant et précis : « nous n‟entendons nullement comme on pourra le constater dans l‟ouvrage, exclure ceux-ci de notre réflexion » (...) Nous voudrions montrer qu‟un effort pour dégager les soubassements culturels de la création, loin de les contredire, les éclaire et les prolonge » 30 Pour nous faire comprendre ce que peut être l‟esprit français dans une production culturelle, l‟auteur évoque la démarche littéraire de Marcel Proust. Et il décrit ainsi l‟esprit français : ce sont des « dispositions d‟esprit, des formes de goût qui structurent les habitudes quotidiennes et construisent à son insu l‟identité d‟une société ; une identité qui se révélera à l‟improviste dans le plaisir que l‟on éprouve à reconnaître telle saveur culinaire, telle manière d‟agencer un intérieur ou un jardin. ».31 28 MALET (Albert) et ISAAC (Jules), Histoire 1 : Rome et le moyen âge : 735 av à +1492, Coll., Pluriel, 2002, 285 pages 29 BURGUIERE(André), Histoire de France : choix culturels et mémoire, Coll. Points Histoire, 2000, 470 pages. 30 BURGUIERE (André), Histoire de France : choix culturels et mémoire, op.cit, pp.8-10 25 Plus loin, l‟auteur explique ce qu‟est un intellectuel français. L‟historien nous décrit comment depuis des siècles tous les talents de France en se concentrant sur la capitale ont créé un profil particulier : « En changeant de lieu, les talents des provinces que la capitale attirait à elle (…) étaient incités à rejeter le régional, à préférer les idées générales aux observations particulières, ils ont construit ce tour d‟esprit abstrait et systématique, ce goût de l‟universel (…) celui de relayer les clercs comme docteurs de vérité (…) et se dessine la figure durable et si particulière à la société française, de l‟intellectuel ». 32 L‟auteur nous rappelle alors la thèse d‟A. De Tocqueville sur la continuité politique entre Ancien Régime et Révolution française qui sécularise des principes universaux d‟explication du monde. Cela poursuivra les intellectuels français après 1945. Pour l‟anecdote, l‟auteur signale le curieux goût de Louis Aragon d‟écrire juste, après la victoire, des textes à la manière de Ronsard ou de Charles d‟Orléans. André Burguière explique ainsi cette fascination médiévale : « ce passé procure encore l‟illusion d‟incarner dans sa tension et sa généralité, le destin de toute l‟humanité ». Quelle que soit son étiquette politique, l‟intellectuel français reste le porte-drapeau d‟une singularité universelle. En ce sens André Burguière reconnaît cette demande structurelle implicite du public et des intellectuels à se démarquer que ce soit dans une approche positiviste ou dans celle de la nouvelle histoire. Les responsables de la collection sur cette nouvelle histoire de France comprennent que cette singularité est non seulement une demande de la part des Français mais aussi une demande extérieure. Si la France ne fait plus rêver, alors les succès orchestrés par Pierre Nora ne seront bientôt plus possibles. Et sans ces redécouvertes des lieux, sans ce romantisme, la France peut-elle présenter une histoire à l‟extérieur ? D‟ailleurs évoquer Proust, les jardins, ou la passion improbable d‟Aragon pour Ronsard illustre-t-il la volonté de lire autrement l‟histoire ? Est-ce une mise en roman de l‟histoire qui s‟annonce ? On le comprend cette mise en intrigue compte, que ce soit pour le grand public, pour ceux qui ont été formé par Lavisse et pour les professeurs de français étrangers qui poursuivent dans ce registre positiviste, de Budapest à Hanoï (au regard des cours et conférences auxquels nous avons participés). Ce désir pour le récit et la fabulation est intrinsèque à l‟humain. Nancy Huston l‟a très bien démontré dans L‟Homme, espèce fabulatrice. 32 BURGUIERE (André), Histoire de France : choix culturels et mémoire, op.cit, pp.14-15. 26 Alors que faire face à cette demande ? L‟ignorer ou s‟adapter pour proposer un compromis pédagogique qui mêlerait histoire conjoncturelle et structurelle ? Dès 1993, André Burguière, dans un ouvrage sur l‟héritage politique de la France 33, allait plus loin dans ce retour nécessaire au récit, dans ce qui était présenté comme une originalité : « Ce volume présente l‟originalité d‟être davantage structuré selon une trame chronologique. Car l‟histoire politique de la France est d‟abord celle de la genèse de deux entités : l‟Etat et la nation. (…) Je suggérerais volontiers que l‟identité française s‟est constituée sur 3 fondements principaux : le sens de l‟Etat, le sentiment national et la foi patriotique. » (…) Nous avons préféré suivre l‟élaboration des mots et du vocabulaire qui ont servi à désigner en France ses concepts fondamentaux. » Jacques Le Goff poursuit cette posture en rappelant que le droit romain imprègne la France durant les XIIIème et XIVème siècles et que pour ce qu‟il en est de l‟héritage barbare l‟Etat n‟a conservé que la loi salique, remise au goût du jour au XVIème siècle. La langue française n‟est pas un élément constitutif du royaume de France malgré l‟ordonnance de François 1er. Jacques le Goff dit : « la France fut la France avant même de parler unitairement français, ce qu‟elle fît tardivement à la fin du XIXème siècle »(…) Jacques le Goff va encore plus loin et identifie le réel élément de référence : « il existe en tous les cas, du Moyen-Age à aujourd‟hui, une continuité moyenne qui traverse l‟idéologie des gouvernements (….) l‟histoire y a été toujours une référence politique et le premier fondateur de l‟identité collective. De Clovis à De Gaulle, de Saint Louis à la révolution française, de Jeanne d‟Arc à la résistance, la mémoire historique n‟a cessé d‟être à la fois référence et enjeu politique. » Chaque Français a une vision politique tirée de cette « histoire sainte qu‟est l‟histoire de France ».34 Dans cet ouvrage où il décrit l‟histoire de la famille, des paysans et des bourgeois, il évoque les positions allemandes et françaises sur la nation. Il est ainsi expliqué que l‟état d‟âme allemand («Volksgeist») s‟oppose à l‟état d‟esprit français plus idéologique qui suppose un acte d‟adhésion. Pour l‟auteur, cette idéologie est romantique et elle renvoie aussi bien à Guizot et Michelet qu‟à Augustin Thierry. Tous étaient sensibles à un « modèle d‟évolution applicable au reste de l‟humanité » (…) « mais en attribuant à l‟histoire nationale un sens immanent, elle (l‟histoire) justifie les entreprises de conquêtes, celles des guerres, des révolutions comme de l‟expansion coloniale, qu‟elle assimile à une expansion de la civilisation. » 33 34 BURGUIERE (André), Histoire de France : héritages, Seuil, points Histoires, 1993, 444 pages. BURGUIERE (André), Histoire de France : héritages, op.cit, pp.9-15 27 Puis apparaît une curieuse conclusion où la nation peut être abordée comme « un profond mystère des sciences humaines » et « ce profond mystère » poursuit-il est « peut-être le territoire de l‟historien.»35 Nous y voilà : une autre modalité de l‟histoire est-elle envisageable ? Peut-on concilier le « linguistic turn » (tournant linguistique) de Haydn White et la nouvelle histoire des historiens français ? Une réponse à cette question centrale semble s‟esquisser par André Burguière : oui, si on peut éviter l‟écueil du légendarisme. On accepte finalement de présenter des « événements-ruptures » mais sans leur légende. Concession ultime de l‟auteur. Ce dernier accepte ainsi la notion de mystère de l‟événement. Il légitime ainsi l‟événement si on lui soustrait la légende : « une entreprise se réclamant de l‟esprit des Annales doit s‟efforcer d‟approfondir et non d‟évacuer » l‟événement. Ce dernier est « fondateur et perturbateur, (…) il se révèle pleinement sous le regard de l‟historien (…) quand celui-ci est parvenu à la dégager de son légendaire. »36. Cela ne touche pas seulement l‟événement politique majeur mais aussi les clichés ethnologiques. L‟historien de l‟EHESS donne deux exemples d‟images ethnologiques figées. Il évoque le monde paysan français qui se caractérise par son ancienneté mais aussi par sa longévité, à savoir du XIème siècle au milieu du XXème siècle. Il ajoute à propos de tous ceux qui regardent les campagnes comme un terrain de jeux anthropologiques qu‟ils se trompent : « Les folkloristes qui se sont mis depuis la fin du XIXème siècle, à observer la culture festive et matérielle des campagnes (y voient) un trait de la survivance de référence celtique, dont le monde paysan aurait été le conservatoire ». Il s‟agit d‟une illusion d‟optique. A cette première illusion, s‟ajoute une autre représentation sur la France. André Burguière parle de la « Java des bals musettes » qui serait le symbole culturel de Paris. Là encore, l‟auteur rappelle que cette musique vient « des limonadiers aubraciens qui gèrent les bals descendus de leurs montagnes auvergnates »37. Dans la même collection Jacques Julliard38en 1990 donne des clefs pour accepter la dimension mystérieuse, mystique voire religieuse des racines politiques en France qui évolue vers la question plus anthropologique des mœurs (ainsi le pacs en 1998). 35 BURGUIERE (André), Histoire de France : héritages, Seuil, op.cit, pp.10-11 BURGUIERE (André), Histoire de France : héritages, Seuil, op.cit, p.12 37 BURGUIERE (André), Histoire de France : héritages, Seuil, op.cit, pp.16-17 38 JULLIARD (Jacques), Histoire de France : conflits, seuil, Points Histoire, 1990, 479 pages 36 28 1.4 Du politique théologique aux politiques de mœurs : accepter l’anthropologie culturelle en histoire pour une comparaison réelle. L‟auteur veut faire comprendre et mesurer la dimension de conflit dans la vie politique française. Il en dépeint ainsi le fonctionnement : depuis la révolution française, le débat politique participe « toujours de cette vision principielle, quasi théologique, de la politique en France, qui frappe tellement les étrangers» et il poursuit en soulignant que « critiquer le pouvoir (…) peut être assimilé (….) à une véritable fonction publique. » Les débats sur le rôle de la religion dans la société française ont toujours eu du succès dans les querelles et l‟auteur évoque même « une place séminale du religieux » qui apparaît et disparaît comme un vaudeville. Au-delà des querelles, dont beaucoup ont connu leurs termes, les grèves françaises sont aussi un mythe. Les travaux de Patrick Fridenson montrent, selon Jacques Julliard, que la France n‟est pas le pays des grèves, mais c‟est le pays qui a un « usage généralisé de la sonnette d‟alarme ». « Le pays des gréviculteurs ne résiste pas à la statistique ». Aujourd‟hui, Jacques Julliard souligne le changement de nature du conflit. Avant, la nature des ruptures était politique et social alors qu‟elle devient aujourd‟hui beaucoup plus économique. Aujourd‟hui, nous dit-il, les conflits portent davantage sur « la répartition de la plus value, non la dévolution du pouvoir ». Auparavant, le défi et les luttes se cristallisaient sur « la candidature de la classe travailleuse au pouvoir ». Et peu à peu la société a modifié ses combats sur le champ des questions de mœurs, sur la question de l‟immigration clandestine avec en parallèle la naissance « d‟un conservatisme de gauche ».39 Le célèbre historien d‟Oxford, Théodore Zeldin va naturellement plus loin lorsqu‟il rédige en 1978 Les passions françaises40. Pour lui, tout est décentrage et introspection, réflexivité. C‟est pourquoi il invite les lecteurs français à cette déconstruction : « Mon but est de vous déshabiller. Je veux vous séparer des vêtements dont vous avez hérité (du passé, de votre famille, de votre métier, de votre pays, de votre milieu, de votre pays) (…) Je voudrais vous montrer pourquoi vous les portez, ce qui signifie votre apparat aux traditions de la civilisation française telle qu‟elle est perçue à l‟extérieur. » L‟auteur propose ensuite une approche plus intuitive de l‟histoire. 39 40 JULLIARD (Jacques), Histoire de France : conflits, seuil, op.cit, pp.11-16. ZELDIN (Théodore), Histoire des passions françaises, Tome 1, 1848- 1945, Payot, 1994, 1273 pages. 29 On dit souvent que l‟histoire décrit des faits et cherche la causalité et Théodore Zeldin affirme : « Je suis incapable de rien prouver quand je discute les intentions, les caractères et les interprétations (…) on a pris trop l‟habitude (d„expliquer tout) par les forces économiques (…) La chronologie est le moyen le plus commode de les ordonner, mais il ne faut pas subir sa tyrannie non plus…Un historien étudie l‟essor et le déclin des théories (…) Ce que je vous offre, c‟est plutôt une attitude. A mon avis, on voit les choses à travers les idiosyncrasies de sa personnalité. (...) Ce que l‟histoire vous proposera, c‟est de vous rendre compte de la subjectivité de votre regard, de vos préjugés, de votre besoin d‟individu ou de conformité (…) je ne veux pas convaincre des dogmatiques (…) les différents surgissent quand on se prend trop au sérieux, quand on pense connaître la vérité.( …) On est plus libre quand la vie n‟est pas obscurcie par les chimères dont on a héritées (…) Votre civilisation est d‟une telle richesse et vous l‟avez discutée avec tant de finesse, que tout étranger qui veut comprendre les problèmes de la nature humaine et de l‟organisation sociale, est obligé de l‟étudier. »41 Il est ici intéressant de noter à quel point l‟auteur tient du lecteur et de ses envies en termes de récit. Théodore Zeldin accepte la diachronie (pour des raisons pratiques), pour mieux faire comprendre l‟attitude d‟un pays, nous dit-il. N‟est-ce pas au final une invitation à mieux se comprendre en comprenant les autres ? C‟est cette approche que l‟on nomme « interculturelle » que nous envisagerons dans la troisième partie de notre étude. 1.5 Les contradictions politiques de la civilisation française : universalité et patriotisme. Dans cet ouvrage de 5 volumes, des pages 425 à 452, Théodore Zeldin évoque le problème plus avant des arcanes de l‟identité nationale française. Il rappelle l‟anecdote de cet inspecteur de l‟académie de Lozère qui s‟étonne en 1864 du manque de maîtrise de la langue française. Cette unité nationale en construction a toujours été fragile et l‟historien d‟Oxford rappelle l‟existence de curieux concours de 1787 organisé par l‟Académie de Châlons-surMarne qui proposait une réflexion sur la notion de patriotisme. Ces notions d‟unité, de patriotisme ou civilisation sont peu intégrées. « La civilisation comme la nation étant un mot nouveau, est employé pour la première fois en 1766 et admis au dictionnaire de l‟Académie française en 1798 seulement. » 41 ZELDIN (Théodore), Histoire des passions françaises, op.cit, pp.7-9 30 Au XIXème siècle, le concept de civilisation française prend forme : on le voit dans un discours de Guizot prononcé en 1828 à la Sorbonne: « On peut dire sans flatterie que la France a été le centre (…) de la civilisation de l‟Europe (…) un instrument de sociabilité et de sympathie pour les idées généreuses ». Seulement derrière la messe prononcée par Guizot se cachent les contradictions politiques de la France : comment peut-on être égalitaire et élitiste ? Comment peut-on être universaliste et patriotique ? Mais il faut croire que le XIXème siècle aimait ce type de contradiction puisque le Pape condamne la civilisation moderne en 1864 mais reconnaît dans le même temps l‟entreprise coloniale. Théodore Zeldin cite Edgar Quinet qui s‟emportait dans de lyriques contradictions. Dans son ouvrage De l‟Allemagne et la révolution, Edgar Quinet s‟exclame sur la France et son Empire : « cette force de civilisation, ce besoin d‟influence extérieure (…) c‟est son art, c‟est son passé, c‟est son bonheur ». Théodore Zeldin conclut par l‟absurde : « c‟est un cri de guerre dans un message de paix ». 42 Cette construction liée à un déterminisme christique de la France est-elle perçue ainsi par les historiens français qui ont travaillé sur l‟Outre-mer ? Le vide a caractérisé assez longtemps l‟analyse sur la colonisation française comme l‟affirment en 1990 Robert et Marianne Cornevin.43 Les auteurs rappellent que le dernier ouvrage sérieux sur la colonisation française date de 1964 et fut écrit par Henri Blet. Puis, il y a eu Xavier Yacono qui consacra un ouvrage sur le même thème en 1969 mais dans le format limité de la collection Que sais-Je ? Une impression de vide domine et l‟auteur précise : « la francophonie est à l‟ordre du jour. On parle beaucoup - peut être trop - de son présent et de son avenir. On évoque peu ou jamais son passé (…) or ce passé est centre de l‟histoire de ce qu‟on appelle le premier empire colonial français » (à savoir ce domaine que la France perd en 1811 et qui représentait 13 millions de km2 et 30 millions de personnes). Quand l‟ouvrage est édité Robert Cornevin est décédé et ceux qui lui rendent hommage dans la préface rappellent notamment ce que fut le mot francophonie pour Robert Cornevin : « Pour lui, la francophonie n‟était pas une fin, mais un moyen de rencontrer d‟autres cultures différentes que la colonisation avait mis en contact. » 42 43 ZELDIN (Théodore), Histoire des passions françaises, op.cit, pp.429-432 CORNEVIN (Robert et Marianne), La France et les Français outre mer, Tallandier, 1990, 514 pages. 31 L‟écrivain ivoirien Bernard B. Dadié poursuit l‟hommage à Robert Cornevin : « Grâce à lui, (…) les peuples prélogiques et sans cultures (…) ont suscité la curiosité (…) et cette rencontre nous a conduit à une confluence qui se nomme Francophonie, diversité des cultures qui relie la langue française. » 44 L‟auteur rappelle que l‟entreprise coloniale a eu quelques velléités d‟intégration dès le XVIIème siècle, notamment avec Richelieu qui voulait intégrer tous les hommes vivant dans la « nouvelle France » pour qu‟ils deviennent « naturels Français ». Episode avorté et peu connu. Tout le monde connaît Champlain ou Duplex mais qui connaît Talon de Frontenac, Villegagnon au Brésil, Bussy et son rôle dans les Indes, Mgr Pigneau de Béhaine pour l‟Indochine ou Bouët Willaumez en Afrique ? Cette préface sur l‟ouvrage de Robert Cornevin propose une lecture optimiste de l‟aventure coloniale. Une vision qui s‟oppose à celle de Jacques Meyer45, qui plus sévère laisse s‟interroger ainsi Charles Robert Ageton : « Voici qu‟est arrivé le temps de l‟histoire coloniale critique (….) mais cette France coloniale, Atlantide engloutie ignorée des jeunes générations, mérite-t-elle encore l‟intérêt que nous lui portons ? ». Nous allons poursuivre notre analyse en examinant comment les historiens français perçoivent chaque grande période et quelles représentations se font jour, de la préhistoire à l‟histoire contemporaine. 1.6 Une approche diachronique de l’histoire de France est-elle encore possible? Le mystère des origines est fondamental dans une civilisation. Des mains de Gargas aux Celtes, il y a toujours une sur-mise en intrigue de l‟histoire. Tout est mythe, religieux. En 2012, Jean-Pierre Demoule a mis les choses au point dans son ouvrage au titre provocateur : On a retrouvé l‟histoire de France : comment l‟archéologie raconte notre passé (Robert Laffont). Pourquoi est-ce difficile de parler des racines ? Jean Markale, en 1996, publie un ouvrage sur les Celtes46. Dans la préface, il réalise une étude sur le concept du mythe analysé par Micéa Eliade. 44 CORNEVIN (Robert et Marianne), La France et les Français outre mer, op.cit., pp.21-25 MEYER (Jacques) et al., Histoire de la France coloniale ; des origines à nos jours, Armand Colin, 1991, 846 pages. 45 46 MARKALE (Jean), Les Celtes et la vie celtique, Payot, 1969, Paris, 502 pages. 32 Et il affirme : « quand on veut étudier l‟histoire des Celtes, on se heurte constamment au mythe ». Jean Markale reprend et critique la formule de Mircéa Eliade qui évoque le mythe comme « le temps fabuleux des commencements ». Jean Markale lui répond : « Le mythe ne relate rien du tout », cela donnerait alors une histoire immatérielle aux Celtes ! Les Celtes ont existé et leur culture en a inspiré d‟autres : « Les Romains ont pris aux Celtes.» 47 Et c‟est d‟ailleurs la même surprise lorsque Maurice Bouvier Ajam étudie les Empereurs gaulois48. Il n‟y a pas d‟harmonie entre la Gaule et les Romains. Ce sont des empereurs gaulois « mal connus » (….) « mes modestes recherches ont commencé en 1934 » et cet épisode confirme les rapports politiques étroits entre la gaule et l‟histoire romaine. L‟auteur justifie ainsi ce point de vue (pp.11-12) : « la preuve en est que le combat décisif fut mené à Soissons par le patrice romain Syagrius » (…) Les Romains n‟ont pas dompté des sauvages : Rome n‟a pas apporté à la Gaule une civilisation toute prête (…) La Gaule loin d‟être modelée par Rome se forge dans l‟aversion de Rome (…) Cette romanisation de l‟histoire nous fait admettre comme bénéfiques pour la Gaule des règles (…) qui furent entièrement contraires aux intérêts gaulois ». On retrouve cette dimension mythique, comme un obstacle épistémologique, dans les représentations historiques des Francs. Ainsi l‟ouvrage de Patrick Perrin sur les Francs49 datant de 1997 rappelle que la première fois où le nom des Francs fut utilisé se situa dans l‟Historia Augusta du quatrième siècle après JC. Grégoire de Tours parle plus tard des Francs avec la plus grande imprécision en affirmant qu‟ils seraient venus de Hongrie, légende qui fut reprise par la chronique dite de Frégédaire au VIIIème siècle, puis dans le « Liber Francorum » en 725. Pourquoi une légende ? Cela est dû à une confusion avec les Frisons qui alimentaient une légende d‟affiliation avec les descendants de Troie. Ces derniers, avec 12.000 hommes, auraient construit leur capitale, Sicambre, en Pannonie. Cette légende va durer jusqu‟au XVIIIème siècle. Le tout vient d‟une confusion morphologique entre Francs, Frisons, Phrygie et Troie. C‟est Fréret en 1720 qui publia un discours de recadrage à L‟Académie des Belles Lettres en affirmant que c‟est un « peuple germanique ayant combattu l‟Empire romain ». Mais cette théorie valut 6 mois de Bastille à Fréret. Fustel de Coulanges lui a rendu hommage en 1891. 47 MARKALE (Jean), Les Celtes et la vie celtique, op.cit, pp.7, 9 et 16 BOUVIER-AJAM (Maurice), Les Empereurs Gaulois : +260+274, Tallandier, documents-Histoire, 2000, 423 pages 49 PERIN (Patrick) et FEFFLER (Laure-Charlotte), Les Francs, Armand Colin, 1997, 463 pages 48 33 Mythes, remparts épistémologiques majeurs pour construire une histoire de France à l‟extérieur. Dans ce registre du médiéval, les représentations sont multiples et évanescentes pour les raisons suivantes : très longue période, rareté des sources, incertitude sur les langues écrites et parlées, difficulté pour identifier l‟identité politique et culturelle des hommes durant ces siècles, flou souligné notamment par Jean-Louis Biget. Nous verrons enfin que la rhétorique des racines alimente les représentations médiévales. C‟est, selon René Rémond, une demande sociale. Dans une série d‟ouvrages intitulée Histoire culturelle de la France publiée en 1997, on découvre le tome 1 qui est consacré au Moyen-Age, rédigé sous l‟autorité de Michel Sot. Quand commence cette histoire ? Quelle mythologie couronne cette période ? Michel Sot50 nous rappelle que Clovis et son baptême furent un moment majeur : il intégra une nouvelle religion et la culture romaine, intégration bien décrite par Grégoire de Tours. La difficulté médiévale majeure reste l‟étendue chronologique et Michel Sot s‟en amuse en soulignant qu‟il y a autant de siècles entre Grégoire de Tours et Thomas d‟Aquin que ce dernier a de siècles d‟écart avec Jean-Paul Sartre. Ecrire sur le Moyen Age est donc souvent plus un « essai » qu‟un « ouvrage exhaustif ». D‟autre part, les sources manquent ou sont incomplètes car beaucoup d‟hommes au Moyen-Age n‟écrivaient pas les langues qu‟ils parlaient. C‟est pourquoi Michel Banniard dit que ce n‟est pas le champ philologique qui compte (à savoir quand le vieux français apparaît) mais qu‟il faut plutôt centrer le débat sur la façon dont les hommes s‟exprimaient durant ce haut Moyen Age. Le « linguistic turn » (tournant linguistique) devient ici central dans les processus de représentations de l‟Histoire. Il est difficile pour l‟historien de ne pas opérer des transferts mentaux sur les archives qu‟il étudie. D‟autre part, il faut aussi être vigilant sur les recherches de ses collègues, comme l‟ouvrage très connu mais mal traduit de l‟historien néerlandais Johan Huizinga. Ce dernier aurait écrit « l‟automne du Moyen Age », alimentant l‟image eschatologique de la fin du moyen-âge. Mais tous les clichés ne sont pas faux comme le rappelle dans ce même ouvrage Karl Ferdinand Werner qui confirme la filiation gauloise : les Français disent qu‟ils ont des ancêtres gaulois : « ils ont trois fois raison » : ils sont des Gaulois, des Francs et bien un peuple latin. »51 50 51 SOT (Michel), et al., Histoire culturelle de la France, Tome 1 : le moyen Ŕâge, 1997 SOT (Michel), et al., Histoire culturelle de la France, Tome 1 : le moyen Ŕâge, op.cit, pp. 10, 12, et 19 34 Les vérités se mêlent aux clichés. Si l‟on circonstancie davantage la sémantique, JeanLouis Biget52, médiéviste, affirme en 1999 : « Cette France médiévale n‟existe pas (…) Clovis n‟est pas le Roi de France mais le Roi des Francs ». Les auteurs ajoutent que l‟expression France « n‟est ici qu‟une expression, un cadre géographique d‟étude »53. Les historiens classiques français, sensibles au politique, ne sont pourtant jamais effrayés par les clichés. Dans son Atlas de l‟histoire de France54 René Rémond met en couverture de son ouvrage l‟épisode de Bouvines et ajoute : « Saint Louis - Louis IX (12141270) - a bien été près du chêne de Vincennes, mais c‟est surtout pour en souligner le caractère religieux. Ces images ponctuent tout cet atlas grand public qui contribue à alimenter l‟idée de l‟unité du pays, constituée grâce à sa langue et l‟action du pouvoir ». La preuve, nous explique René Rémond, « c‟est l‟enthousiasme passionné des Français pour les élections contemporaines.»55 Toutefois, s‟il y a cette demande sociale sur les images d‟Epinal de l‟histoire de France, cela a eu pour conséquence dans le passé, de Grégoire de Tours à François-René de Chateaubriand, de créer une histoire christique de la France qui n‟est plus aujourd‟hui opérationnelle. Que dit François-René de Chateaubriand56 en 1826 ? Dans la préface de son analyse raisonnée de l‟histoire de France, on découvre un but majeur, une mission quasidivine : « retrouver l‟origine de la noble race de Saint Louis ». Et pour parler de Clovis : « la première phrase de cette analyse raisonnée : « La vérité religieuse avait fait un pas immense : le polythéisme était détruit….»57 Cette dimension démiurgique n‟est certes plus d‟actualité, mais les images d‟Epinal dominent cette période, d‟autant que dans les manuels d‟histoire en France les illustrations sont souvent des miniatures, ce qui renforce le caractère hiératique de la période. Qu‟en est-il des Temps Modernes ? La France des « Temps Modernes » est nettement plus politique et alimentée par des archives bien plus denses. Et les historiens français reconnaissent davantage les représentations politiques du grand public sur cette époque. 52 BIGET (Jean Louis) et Boucheron (Patrick,) La France médiévale, 1999, 159 pages BIGET (Jean Louis) et Boucheron (Patrick,) La France médiévale, 1999, op.cit., p.7 54 REMOND (René), Atlas de l‟histoire de France, Perrin, 1996, 254 pages. 55 REMOND (René), Atlas de l‟histoire de France, Perrin, op.cit, pp. 10-12 56 CHATEAUBRIAND (François René) , L‟analyse raisonnée de l‟histoire de France, ed.Ladvocat, 1826- réédition1998, La Table Ronde, 498 pages 57 CHATEAUBRIAND (François-René) , L‟analyse raisonnée de l‟histoire de France, ed.Ladvocat, 1826- réédition1998, op.cit, p.8 53 35 Lucien Bély le confirme dans son ouvrage sur La France moderne58 : selon lui, « le temps court » est important car cela crée le récit historique des « actes des rois ou de leurs conseillers » (Pour l‟auteur, le politique est plus visible que les mutations lentes de l‟économie). Tout le livre porte sur des personnages ou des faits majeurs de l‟histoire politique tels que la Saint-Barthélémy, tout en relativisant la monarchie française présentée comme « une monarchie parmi d‟autres ».59 Cette lecture du politique est une demande du grand public comme le rappelle Georges Duby dans son « Histoire de la France » publiée en 1971 : « Dans la mémoire des Français (…) l‟histoire de France est une suite d‟événements (…) qui s‟accélèrent (…) mais c‟est une effervescence de surface »60. Cet attachement à l‟histoire de surface tellement condamnée par Fernand Braudel avait encore un défenseur farouche aux débuts des années 1980, en la personne de Pierre Goubert61. Spécialiste du XVIIème siècle, il a toujours regardé avec crainte le Moyen Age, mais en 1984, il publie un ouvrage sur l‟histoire de France prenant le risque de quitter sa spécialité. Pourquoi une telle stratégie ? Il décide de régler ses comptes politiques et culturels avec les « cuistres multiformes du pédagogisme (...) j‟espère que cet ouvrage (...) pourra contribuer à une reprise (…) de l‟esprit » (p.11). Ici, un combat était engagé, très idéologique mais aujourd‟hui abandonné. Toutefois au-delà des combats on oubliait souvent les lecteurs et la demande sociale en histoire. Ni Pierre Goubert ni Fernand Braudel n‟ont intégré cette demande dans leurs recherches. Mais l‟ouvrage reste concentré sur les siècles plus familiers pour l‟auteur qui achève le livre, amer. Il ne comprend pas que tant se sont sacrifiés pendant la seconde guerre mondiale pour un pays si mal en point62. Cette France moderne a-t-elle au final existé ? D‟après Daniel Nordmann63 l‟idée de frontière qui définit la France n‟apparaît réellement que dans la période contemporaine, non pas moderne. Dans les temps modernes, ce serait la notion de bornes territoriales qui domine. 58 BELY (Lucien), La France moderne ; 1498- 1789, PUF, 670 pages BELY (Lucien), La France moderne ; 1498- 1789, op.cit., pp. 2-5 60 BELY (Lucien), La France moderne ; 1498- 1789, op.cit.,, p.9 61 GOUBERT (Pierre), Introduction à l‟histoire de France, Pluriel, 1984, 490 pages. 62 GOUBERT (Pierre), Introduction à l‟histoire de France, Pluriel, 1984, pp. 11 et 372. 63 NORDMAN (Daniel), Frontières de France : de l‟espace au territoire : XVI au XIX, Gallimard, 1998, 641 pages 59 36 Pour illustrer cette idée, il cite Charles Estienne qui au XVIème siècle présente la France ainsi : « Le royaume de France (…) en forme de losange est de 22 journées de large et 19 de long est enclos d‟une part de la mer océane (…) de grandes montagnes qui leur servent de borne et rempart »64. L‟auteur cite un article de Lucien Febvre (1928) qui rappelle que ce n‟est qu‟au XIXème siècle qu‟apparaît l‟usage empirique du mot frontière à une époque d‟une « totale militarisation de la nature ». Ce décalage entre les représentations de la France des temps modernes et l‟histoire contemporaine est parfois perçu tragiquement par les historiens universitaires français. Gabriel Audisio65, professeur à l‟université de Clermont évoque cette terrible anecdote. Il organisait avec ses étudiants une sortie dans un écomusée des vallées Cévenoles en 1992. Tout se passe bien jusqu‟au moment où un étudiant demande au guide de ce musée assez âgé, ce que veut dire le mot « charron » ? L‟homme se mit à avoir des larmes. Il avait compris que le temps fuyait et que sa jeunesse s‟était envolée, et qu‟un autre monde était né. « Naguère était devenu jadis ». Et Gabriel Audisio en conclut : « Les professeurs d‟histoire doivent enseigner les sociétés anciennes qui, jusqu‟au milieu du XXème siècle, étaient (…) avant tout rurales… Comment répondre à cette difficulté ? ».66 Maurice Agulhon est l‟historien des symboles politiques pour la période contemporaine. Dans son Histoire vagabonde de la vie politique en France67, il expose une sémantique des métonymies de la France contemporaine. L‟auteur fait notamment une analyse sur les couleurs de la France en rappelant que les couleurs peuvent symboliser des règlements de compte idéologiques entre le Rouge et le Noir de Stendhal (le noir faisant référence à Charles X). Tout est contestation et symbole politique dans les représentations de l‟histoire de France, de la fin du XVIIIème siècle au XIXème siècle. M. Agulhon fait ensuite une analyse de la « Marseillaise » en citant Servan, Ministre de la guerre, qui dans une communication du 14 octobre 1792, affirme que ce chant est « le te deum de la République. Celui-ci est plus digne de frapper les oreilles des Français »68. Chant officialisé par Jean Deby le 26 messidor de l‟an II. Napoléon préférera le « Veillons au Salut de l‟Empire », alors que la monarchie de juillet aimera « La parisienne ». 64 NORDMAN (Daniel), Frontières de France : de l‟espace au territoire : XVI au XIX,, op.cit , p.61 AUDISIO (Gabriel), Des paysans ; du XV au XIX ème siècle, Arrmand Colin, 1993, 367 pages. 66 AUDISIO (Gabriel), Des paysans ; du XV au XIX ème siècle, op. cit. pp. 8-9 67 AGULHON (Maurice), Histoire vagabonde : la politique en France d‟hier à aujourd‟hui, NRF, Gallimard, 1996, 284 pages 68 AGULHON (Maurice), Histoire vagabonde : la politique en France d‟hier à aujourd‟hui, op.cit. p. 186 65 37 Hector Berlioz relança la Marseillaise qui trouvait avec la Carmagnole et l‟Internationale un dangereux concurrent au sein des classes populaires. Ce qui fait dire à M. Agulhon, en fin de parcours, que le patriotisme est déjà une représentation de l‟histoire de France d‟un autre temps face aux révolutions du tiers-monde. Faut-il, s‟interroge l‟auteur, « réactiver les pédagogismes républicains d‟antan ? »69. L‟auteur poursuit sur d‟autres symboles tels que les fontaines (1/3 des fontaines sont prolongées par des sculptures de Marianne) et la première d‟entre elle qui fut identifiée à Jeanne d‟Arc, achevée le 25 août 1820. Cette idée de la révolution comme culture politique en France s‟impose dans toute l‟histoire contemporaine, quel que soit le dossier historique étudié : Jeanne d‟Arc ou Marianne. Tout est révolution, notamment Jeanne d‟Arc qui était un symbole de la gauche au XIXème siècle. C‟est ce qu‟affirme Jean-Jacques Chevallier dès 1952 à travers son Histoire des institutions 70. Selon cet auteur, spécialiste de la révolution, peu importe les régimes français étudiés, on sent « la présence de la révolution française »71. On peut parler d‟omniprésence de l‟acte révolutionnaire. Cette dimension idéologique souvent binaire amène l‟auteur à insister sur les questions de combats et de carrefours idéologiques tels que les luttes anticléricales, la question religieuse, la question de l‟école ou la naissance de la laïcité. Ce sont des représentations majeures de l‟histoire de France contemporaine, avec un dossier clé : Napoléon. Nathalie Petiteau 72 rappelle que, selon J. Cadwell, plus de 26.000 ouvrages sur Napoléon ont été rédigés à la fin du XXème siècle. Napoléon et son Empire « demeure la période la plus mal aimée de l‟histoire universitaire : hormis Jean Tulard et avant lui Marcel Dunan, aucun historien titulaire d‟une chaire n‟a fondé sa carrière sur cette spécialité » (p.4). Elle cite ensuite Jacques Bainville : « il est insaisissable, non pas parce qu‟il est infini, mais parce qu‟il a varié comme les situations où le sort le mettait ». Nathalie Petiteau commence d‟ailleurs son analyse par ce titre : « Napoléon figé dans la matrice du romantisme »73. De Gaulle aimait à le dire : « il remue les âmes ». 69 AGULHON(Maurice), Histoire vagabonde : la politique en France d‟hier à aujourd‟hui, op.cit., p. 215 CHEVALLIER (Jean Jacques) Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, 2001, Armand Colin, 748 pages. 71 CHEVALLIER (Jean Jacques) Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958,, op .cit, p.9 72 PETITEAU (Nathalie), Napoléon : de la mythologie à l‟histoire, Seuil, UH, 1999, 439, pages. 73 PETITEAU(Nathalie), Napoléon : de la mythologie à l‟histoire, Seuil, op. cit, p. 27 70 38 Jacques Godechot, en 1967, affirmait que Napoléon était un homme difficile à trouver tant il avait eu des rôles différents, au point que l‟on pourrait presque se restreindre aux Mémoires de Sainte-Hélène de Las Cases. Max Gallo publie en 1997 un ouvrage en quatre tomes sur Napoléon qu‟il qualifie du « plus illustre des Français. » Il est étonnant ici de noter la volonté de refouler Napoléon de la mémoire nationale, processus de refoulement qui, on le verra plus tard dans les réponses exprimées, n‟est pas du tout partagé. Napoléon marque encore beaucoup les esprits à l‟étranger. Là, le bonapartisme reste très visible. Se pose alors la question : comment écrire autant d‟ouvrage sur Napoléon, et pourquoi autant de succès à l‟étranger et autant de refus et d‟absence en France ? Il semblerait que le XIXème siècle français conclut ce que les « Lumières » avaient proposé au XVIIIème. C‟est ce que dit Françoise Méconio74 sur les représentations que se font les historiens sur les XVIIIème et XIXème siècles. Elle entame ainsi son analyse : « Le 18ème siècle propose, le 19ème siècle conclut. Le 30 mai 1878, Hugo se glorifie (…) d‟être le fils de Voltaire, lui-même descendant de Rabelais ».75 Le XVIIIème a désacralisé le pouvoir. C‟est le siècle de la critique, bien décrit par Kant. Pour ce qui est de la France, « ce qui (la) caractérise (…) ce n‟est pas tant les idées mêmes des philosophes car les Lumières ne sont pas circonscrites en France, mais la perception plus large que trouve la démarche critique dans l‟opinion française. »76 Cette désacralisation générale (du Roi et de l‟Eglise) a fait que l‟homme de lettre est devenu « le garde laïque de la société ». Paul Bénichou y a consacré un ouvrage devenu classique, Le sacre de l‟écrivain. D‟ailleurs, dans ses Dialogues philosophiques, Ernest Renan rêvait d‟une dictature des savants. C‟est ce que fera la IIIème République en lui demandant de faire de l‟éducation nationale « une religion d‟Etat ». Cette représentation des Lumières est la toile de fond majeure des représentations de 1789. Une approche sociétale de la pensée apparaît… Nous allons voir que le point d‟orgue des représentations de l‟histoire contemporaine française reste sa révolution, que beaucoup d‟historiens ont du mal à analyser ou à écrire. Pour le coup on pourrait parler d‟une méta-mise en intrigue de l‟histoire, et au-delà des oublis, il y a la devise de la révolution, qui une fois déconstruite, montre un visage troublant qui fissure bien des mythes fédérateurs où se mêlent des passions antagonistes. 74 MEOONIO (Françoise), Naissance et affirmations d‟une culture nationale : 1815- 1880, Points Histoire, Seuil, 1998, 319 pages 75 MEOONIO (Françoise), Naissance et affirmations d‟une culture nationale : 1815- 1880, op. cit. p. 7 76 MEOONIO (Françoise), Naissance et affirmations d‟une culture nationale : 1815- 1880, op. cit. p .11 39 Pour le bicentenaire Albert Soboul77 reprend l‟idée de Georges Lefebvre, à savoir de « comprendre la révolution plutôt que de la penser ». G. Lefebvre avait déjà entamé un projet analogue en 1937, le Dictionnaire biographique de la révolution française, mais il fut interrompu par la guerre et beaucoup de volumes furent saisis par Vichy. Les critiques politiques autour de l‟ouvrage furent intéressantes. Le fait de publier ce dictionnaire en 1989 aurait supposé que l‟on aurait voulu faire oublier l‟épisode 1792-1794. Pourtant, les auteurs se défendent : « Qu‟on ait choisi de célébrer en 1989 l‟année 1789 seulement pour obtenir un consensus minimum ne peut signifier qu‟on veuille rejeter une prise en compte globale de l‟épisode révolutionnaire ».78 Exposer 1789 pour oublier la Terreur ? On retrouve cette déconstruction chez Michel Vovelle79 qui, en 2004 analyse la sémantique et l‟usage politique de la devise française. L‟auteur souligne et analyse la devise républicaine en commençant par le mot de fraternité qui est selon lui dans une « dynamique d‟exclusive»80. Cette notion de fraternité se manifestait par des banquets fraternels qui furent interdits à partir de l‟été 1794 car considérés comme repas rebelles ou suspects. Cette fraternité fut dénoncée assez vite. On dit en 1789 que les Français sont des frères et amis et on chante : « Il n‟est plus de Bastille, il n‟y a plus qu‟une famille ». Dès 1792, Marat critique l‟atmosphère romantique et il dénonce ce « baiser lamourette » dans la Convention. Pour le mot « égalité », l‟auteur suggère que l‟idée fut rarement atteinte et vaguement suggéré dans les lois de Ventôse esquissées par Saint-Just ou dans la conspiration avortée des « Egaux » de Babeuf. La liberté est encouragée et on prend pour exemple les libertés données aux Protestants du Midi, aux Juifs en1791 et la révolte des esclaves de Saint-Domingue en 1791. Au-delà de ces trois mots, Michel Vovelle cite François Furet qui au final affirme que « l‟égalité et la liberté sont des passions antagonistes immaîtrisées »81. Le choc de ces mots, de ces notions mythifiées contribue à de multiples représentations de l‟Histoire de France. Mais qu‟en est-il à l‟extérieur, à l‟étranger ? Est-on intéressé par ces multiples débats épistémologiques ? Pour mesurer ce qui en ressort dans les supports pédagogiques spécialisés dans l‟apprentissage du français pour les étrangers, nous avons étudié différents manuels et supports vidéo spécialisés FLE (Français -comme - Langue Etrangère). 77 SOBOUL (Albert) et Gendron (François), Dictionnaire historique de la révolution française, PUF, 1989, 1132 pages 78 SOBOUL (Albert) et GENDRON (François), Dictionnaire historique de la révolution française, PUF, pp.3031 79 VOVELLE (Michel), Les mots de la révolution, Puf Du Mirail, 2004, 125 pages. 80 VOVELLE (Michel), Les mots de la révolution, Puf Du Mirail,op.cit, . p. 5 81 VOVELLE (Michel), Les mots de la révolution, Puf- Presses Du Mirail, op.cit. p.40 40 C‟est par ce prisme spécifique de la francophonie que nous avons pu construire nos questionnaires et une enquête pour identifier quelle histoire de France était véhiculée à l‟étranger. 41 CHAPITRE 2/ FRANCOPHONIE ET HISTOIRE Dans ce second chapitre, nous verrons quels sont les enjeux de cette histoire de France dans les différents processus didactiques des manuels de FLE. Nous verrons notamment que la demande culturelle en matière historique se réduit peu à peu, et ceci sous l‟effet conjugué de courants comme l‟anthropologie culturelle et la vision pragmatique de ces manuels de FLE dits de type « communicatifs » et « actionnels », c‟est-à-dire où tout le dispositif pédagogique est fait pour mobiliser, par la parole ou l‟écrit, l‟étudiant étranger. La conséquence directe est que les cours de civilisation ne sont plus des présentations ordonnées sur l‟histoire et la géographie de la France, mais une découverte culturelle du quotidien des Français, au cours de laquelle l‟histoire apparaît comme un ornement, vu de loin, à peine perceptible. Une présentation sourde de l‟histoire de France s‟impose dans ces manuels de FLE. C‟est en observant ces manuels de FLE que nous avons pu rédiger des questionnaires adaptés, dans cette approche culturelle, pour mieux mobiliser les enseignants francophones sur leurs représentations de l‟Histoire de France. Nous verrons ainsi que les représentations de l‟histoire d‟un pays peuvent se cristalliser par des substantifs, des métonymies, des allégories. Le sens de ces mots cristallise une civilisation et la langue d‟un pays peut sédimenter cette histoire comme un souffle caché, une bibliothèque imaginaire qui serait constituée de « métaphores de vie », expression du linguiste Alain Rey lorsqu‟il publia son dictionnaire critique de la langue française. C‟est dans cette perspective que nous avons envisagé nos questionnaires qui furent soumis aux enseignants au cours des années 2011 et 2012. 2.1 / Le linguiste est un historien et le vocabulaire le porte-drapeau d’une civilisation C‟est en substance ce que présente Oscar Bloch82 en rééditant l‟ouvrage d‟Antoine Meillet et son dictionnaire étymologique de la langue française de 1932. Antoine Meillet abordait son étude en citant Platon : quand « il veut serrer le sens d‟un mot, il le met souvent en rapport avec d‟autres mots. » Aujourd‟hui, pour le linguiste Antoine Meillet, on travaille sur l‟arbitraire du mot (…) en vertu d‟une tradition et le linguiste se propose de déterminer quelle a été en chaque cas cette tradition. 82 BLOCH (Oscar) et VON WARTHBURG (Walther), Dictionnaire étymologique de la langue française, Puf Quadrige, 3 ème édition, 2008, 682 pages. 42 Il précise ainsi : « le linguiste moderne qui fait de l‟étymologie ne cherche pas le sens réel du mot, ni même le sens qu‟il a eu dans le passé, mais s‟efforce de suivre l‟enchaînement des faits de diverses sortes par lesquelles le mot a pris sa forme et sa valeur. En pareille matière, le linguiste est historien et n‟est qu‟historien ». Puis il évoque le rapport entre civilisation et langue et affirme : « Tout vocabulaire exprime une civilisation. Si l‟on a dans une large mesure, une idée précise du vocabulaire français, c‟est ce que l‟on est bien informé sur l‟histoire de la civilisation française »83. Or, une langue est un organisme vivant absorbant pendant des siècles de nombreux « mots voyageurs », mots répertoriés en 1988 par Henriette Walter84. Elle étudie ces « mots voyageurs », dont une trentaine est issues du pré-indo-européen (Ligures, Ibères…). Puis viendra la structure indoŔeuropéenne (Gaulois), le latin des savants, les apports germaniques (Francs, Allemands, Lombards), de l‟arabe, du persan, des turcs, de l‟italien de la Renaissance au XVIIème siècle, puis une vague anglaise aux XVIIIème, XIXème et XXème siècles. 2.2/ Un musée imaginaire de la langue encore bien seul. Alain Rey, lorsqu‟il publie en 2005 son dictionnaire culturel de la langue française85, souligne la sédimentation diachronique des mots qui dépasse les Hommes. C‟est pourquoi réfléchir sur sa langue est « une reconnaissance sur soiŔmême » nous dit-il. Car cette langue est tout d‟abord un « corps endormi millénaire que nous croyons utiliser et qui en fait nous aveugle (…) Elle révèle une vie cachée, un souffle, un esprit, et comme on disait jadis, un génie, non pas de manière à se rehausser le col, mais à partager ce dynamisme, cette énergie vitale avec toutes les langues humaines. » (…) et proposer une bibliothèque imaginaire comme le musée de Malraux abordant le fait culturel humain ».86 Le linguiste juge avec sévérité les anciennes entreprises de ce type. Le Dictionnaire académique de 1694 proposait une simple « illusion platonicienne du classicisme ». Au XXème siècle peu de choses, si ce n‟est « l‟égrotant recueil de l‟Académie qui décrit en 1932 l‟ironie et la vergogne des usages bourgeois de 1850. » 83 BLOCH (Oscar) et VON WARTHBURG (Walther), Dictionnaire étymologique de la langue française, Puf Quadrige, op.cit., p.4 et p.15. 84 WALTER (Henriette) et WALTER (Gérard), Dictionnaire des mots d‟origine étrangère, Larousse, 1988, 427 pages 85 REY (Alain), Dictionnaire culturel en langue française, Le Robert, A-D, 2005, 4 vol. 86 REY (Alain), Dictionnaire culturel en langue française, op.cit, p.14 43 Le projet de 2005 est surtout un dictionnaire qui doit « peindre, suggérer, illustrer des pouvoirs », ceux des mots bien sûr…qui sont une « métaphore de la vie ». Ce dictionnaire, ce sont des « sondes jetées dans le temps et l‟espace (…) Les caravanes de l‟idée et du savoir ont laissé perdre bien des richesses dans les sables de l‟histoire, de même que les mots, vieux routiers, se sont usés à porter les symboles ». Cette usure, Alain Rey la replace dans le contexte international actuel et cela lui pose un problème de poids et constitue une limite à son entreprise : « Dans cet interculturalisme (…) l‟expression en français se suffit à elle-même dans ce dictionnaire de langue, manifeste une infirmité. Un livre en japonais, espagnol, allemand, anglais conçu de manière comparable, nous n‟en connaissons pas87 ». Se décentrer en histoire comme en linguistique reste une chose positive lorsque l‟on veut partager son histoire et sa culture avec l‟Autre. Encore faut-il que ce souhait soit partagé. Alain Rey devra attendre. Des pédagogues actifs prennent part à ce projet de dialogue avec les étudiants étrangers. L‟entreprise d‟un tel dictionnaire culturel sur la langue française a permis en 2005 de mettre en lumière l‟isolement de cet effort de réflexion sur une langue, un pays et une histoire. Ce dictionnaire d‟Alain Rey nous a permis aussi de mieux construire notre questionnaire. Car c‟est ce type d‟œuvre unique qui permet demain de publier et diffuser des manuels pratiques et innovants en FLE, et au-delà de présenter une nouvelle vision de l‟histoire de France, ce qui sera esquissé lors de la troisième partie de notre étude. Quelles sont les représentations de l‟histoire de France proposées dans les manuels de FLE ? Est-ce aussi une bibliothèque imaginaire ? Ou un simple voyage pour touristes, qui relève plus de l‟émission « Secrets d‟histoire », à savoir « une introduction à rallonge, comme un sommaire qui n‟en finit pas »88. Dans un premier temps, nous avons repéré les thèmes de l‟histoire de France dans les vidéos de FLE publiées de 1994 à 1998. Et nous allons voir que le point commun à toutes ces méthodes, hormis celle de 1953, est la production d‟une histoire qui suit la logique de la chronographie évoquée par Krzysztof Pomian en 1984, dans son ouvrage « l‟ordre du temps », c‟est-à-dire que l‟on identifie des événements sans cadre chronologique ou cycle temporel. 87 88 REY (Alain), Dictionnaire culturel en langue française, op.cit, pp.19-20 ZILBERTEIN (Olivier), Leçons d‟histoire, in Le Monde du 19 juillet 2012, p.26 44 2.3 / L’histoire, un faire-valoir à des « balades » culturelles. Après-guerre, et dans une France encore coloniale, les cours de civilisation française restent pétris de culture verticale où une chronologie littéraire et culturelle de l‟histoire de France domine. Dans son cours de civilisation française, Gaston Mauger présente en 1953 de nombreux monuments classés et objet d‟un commentaire : le Pont-Du-Gard (p.228), des châteaux de la Loire et la tapisserie de Bayeux, des cathédrales et des cloîtres. Mais tout cela reste confiné en annexes89. Pas d‟intégration dans une leçon. A la fin des années 1980, les stratégies ont évolué en créant une « histoire voyage ou vagabonde » au service de l‟apprentissage linguistique. Nous verrons plus tard que dans nos enquêtes beaucoup de représentations partagent une vision chronographique et chronologique. Comment se présente cette chronographie dominante dans ces méthodes de FLE ? Dans la série Mosaïque-vidéo - Clé vidéo, 1994 - constituée de deux volumes avec une seule séquence d‟histoire (de 2 min 30) et une couverture du Mont-Saint-Michel, nous avons découvert un coffret décoré par sa couverture des châteaux de la Loire et le portrait de Victor Hugo et du Louvre. On y trouve en extrait une séquence de 1 min 15 sur Giverny et une séquence semihistorique sur la Normandie où l‟on évoque par ellipse les Vikings et le Roi danois Ogier (1 min 45). Ainsi sur les 11 photos qui illustraient ces deux vidéos, seules quatre sont explicitement historiques, soit à peine la moitié. Dans un autre support vidéo FLE nommé Panorama, nous avons trouvé trois volumes publiés entre 1996 et 1998. En 1996, une seule unité est consacrée à l‟histoire culturelle (Claude Monet), le volume 2 (1997) présent encore deux séquences culturelles (Les musées de Paris et les Châteaux de la Loire), et le volume 3 (1998) évoque l‟idée des racines et du pays natal. La partie histoire reste souvent confinée à une toile de fond, un décor, un prétexte à une balade culturelle. Dans la série « Vidéo Café Crème » FLE Vidéo, 1998, constituée de deux volumes, on découvre seulement dans le volume 2 deux leçons (sur 16) consacrées à l‟histoire : l‟unité 14 est consacrée à Malraux (1 min 16) et l‟unité 4 est intitulée « les fêtes traditionnelles » (1 min 15). Le volume 1 ne comporte aucune unité sur l‟histoire. 89 MAUGER (Gaston), Cours de langue et de civilisation française, Vol.2, Hachette, Paris, 1967, pp.214-249. 45 Dans une série intitulée Visages de France, de Jean Noël Rey- Didier, 1998, on découvre une séquence consacrée au Au pays de Rabelais (7 min) sur 10 séquences. La série vidéo Français dans le monde, la même année 1998, produit quatre cassettes. Nous découvrons des séquences vidéo plus complexes, qui expriment une approche plus sociale et patrimoniale de l‟histoire de France : N°17 «tradition : les compagnons du devoir », 2 min 13 N°18 « histoire : déportation : le devoir de mémoire » 12 min 25 N°19 « événement : les mots pour le dire : mai 68 » 2 min 29 N°20 « patrimoine : Vézelay, une nouvelle vision » 1 min 25 Enfin, la série Kaléidoscope, chez Hachette, propose 11 séquences, dont une seule réellement connectée à une vision littéraire de l‟histoire française avec un large extrait de film de 17 minutes sur Les Misérables. On le voit, l‟histoire par l‟image, dans les méthodes FLE est assujettie au rôle de toile de fond culturelle et littéraire. C‟est une histoire ornement et non une histoire réflexion. En est-il de même pour les manuels ? Nous allons voir que derrière la rhétorique anachronique des événements présentés dans ces manuels de FLE, beaucoup reprennent des thèmes que l‟on retrouvera dans nos enquêtes, notamment la dominante de 1789 et de De Gaulle. 2.4/ L’usage de la métonymie historique au service de la francophonie. Ross Steele, en 2002, présente ainsi un ouvrage didactique nommé Civilisation progressive du français90. Or, que constate-t-on ? Un chapitre entier de 15 pages est consacré à l‟histoire. Et la dominante de ce chapitre divisé en trois thèmes est politique. On y évoque notamment la révolution française, ainsi que de Gaulle par deux fois. Dans ce chapitre histoire, on distingue en détail : 90 STEELE (Ross), Civilisation progressive du français, Clé Internationale, 2002, 189 pages 46 1/ L’Etat nation (dates, personnages, et valeurs) avec pour illustration une statue d‟Henri IV et une photo de Charles de Gaulle à Paris le 26 août 1944, 2/ Un pays de la révolution (République Française et mai 1968) avec pour illustration la Plantation d‟un arbre de la liberté de Le Sueur, la Déclaration des droits de l‟Homme de 1789, la prise la Bastille (gravure) et une photo de mai 1968. 3/ La France moderne (Seconde Guerre Mondiale, Empire colonial, et Vème république.) avec pour illustration un monument aux morts de Meulun, une carte planisphère des colonies et un gros plan sur une statue du musée des arts d‟Afrique et d‟Océanie ainsi qu‟une affiche électorale où la main de De Gaulle aide la petite IVème république à devenir grande, c‟est-à dire à passer à la Vème République. Le choix des thèmes et des illustrations relève du symbolisme politique et l‟histoire contemporaine domine très largement, mise à part la statue bien seule d‟Henri IV. Les documents hors période contemporaine sont d‟ailleurs réduits à l‟état d‟ornement par rapport à l‟époque contemporaine. Mais nous avons été plus loin dans notre analyse. Nous avons également trouvé en annexe le lexique utilisé pour ce cours de civilisation. Nous y avons découvert 300 mots. 29 mots sont connectés au champ histoire, soit 10 % des mots comme objectifs de savoir dans cette méthode. Nous constatons aussi que l‟histoire contemporaine reste l‟histoire vécue : dans cette méthode elle est constituée de seize éléments, dont huit seulement pour l‟histoire moderne dont plus de 50 % des substantifs sont consacrés à la révolution française. Puis, plus loin derrière, le Moyen Age semble perdu entre Rabelais (cité car bénéficiant de « l‟effet renaissance ») et un beffroi, et l‟antiquité est sauvée in extremis par Astérix et les Celtes. Cette sur-inflation du contemporain s‟accompagne de deux thématiques majeures : la dominante de la culture (Rabelais, négritude, impressionnisme) et le domaine du politique (guerres, révolutions, Etat-Nation…). 47 RECAPITULATIF DES MOTS DE L’HISTOIRE, IDENTIFIES PAR ROSS STEELE en 2000 Antiquité Moyen Age Histoire Histoire Hors-Période moderne contemporaine A : Antiquité, B : beffroi A: Ancien C : Commune P : Patrimoine Astérix. Régime (1871), congés H : Hospices de payés (1936), C : celtique Beaune (1443) crise économique R : Rabelais et J : Jésuites (1973) Rabelaisien 1540 (1494-1553) D : Dreyfusard J : Jansénisme (1894-1906) 1640 G: Grands J: Jacobin travaux de (1789) F .Mitterrand (1981-1995) L: Lumières Guerre XVIIIème siècle d‟Algérie 19541962 et Guerre R: Réforme d‟Indochine Calvin (1509- (1954) 1564). I: S : Soldats de Impressionnisme l‟an II -1793 (Monet, Pissaro, Renoir) V: Voltaire (1699-1778) L : Laïc 1905 M : Mai 1986, Marianne, Mont Valérien (19411962), Mur des Fédérés. N : négritudeSenghor, Césaire, Damas, et Ben Jalloun pour l‟arabisme (i.e. francophonie d‟O. Reclus1837-1916) U: UE. V : vache folle 1996 48 Il est ici intéressant de noter les représentations qui émergent. L‟Antiquité reste accrochée au mythe, où les Celtes ont des racines peu visibles mais où on est rassuré par les productions d‟Uderzo. Le Moyen Age évoque l‟idée de protection dans un environnement hostile où l‟on peut trouver refuge entre les hospices de Beaune et le beffroi. L‟histoire moderne est assez marqué par deux pôles idéologiques : d‟une part l‟Eglise, encadrée pat les Jésuites et les Jansénistes, et face à elle les Lumières et leur porte-drapeau, Voltaire. Enfin l‟histoire contemporaine est constituée de trois thématiques, dont une omniprésente, la politique. Celle-ci se décline à la fois par l‟idée de la contestation idéologique et révolutionnaire (Mur des Fédérés, Jacobins, Mai 1986, Soldats de l‟an II ou Dreyfus) et la politique de la guerre (Verdun, 1916, Guerre d‟Algérie et Mont Valérien). Trouve-t-on la même thématique et chronographie dans d‟autres manuels FLE ? 2.5/ Etude des manuels de FLE : le cas de la série « Nouveau sans Frontières » - A la fin des années 1980 et au début des années 1990 les méthodes de langue dites « communicatives », puis « actionnelles », arrivent sur le marché de l‟édition FLE. Il s‟agit à tout prix de faire parler les étudiants étrangers par des actes de langage ciblés. Les cours de civilisation classique de Gaston Mauger (histoire et géographie de la France) sont remplacés peu à peu par une approche culturelle du quotidien, approche qui trouve ses origines dans le courant dit d‟anthropologie culturelle. C‟est pourquoi nous avons sélectionné un certain nombre de manuels de FLE des deux dernières décennies du XXème siècle car elles illustrent bien le basculement épistémologique et didactique au cours duquel la culture du quotidien remplace la civilisation. Que trouve-t-on ? Comment perçoit-on cette rupture didactique et pédagogique dans ces manuels destinés aux étudiants étrangers ? Cette collection constituée de quatre volumes a été publiée de 1988 à 1993. Nous avons étudié tous les supports iconographiques et les textes pour mesurer l‟importance de l‟histoire de France dans un processus didactique FLE sur quatre niveaux : débutant, intermédiaire, avancé, niveau « c2 ». Lorsque nous étudions cette méthode de FLE qui s‟est longtemps imposée, les leçons s‟organisent ainsi : on y trouve des leçons liées à des situations de communications, puis une partie grammaticale, puis un repérage des actes de langage et enfin, à la fin d‟une unité pédagogique, une partie dite « civilisationnelle ». 49 Dans la collection Nouveau sans frontières n°191, quelles sont les parties sur l‟histoire de France découvertes ? Tout est dominé par l‟architecture, la capitale et les régions de France. A la page 168 les auteurs évoquent la fondation de Marseille par les Grecs et l‟invasion de la Gaule par les Romains, par une seule carte. Puis on trouve une deuxième illustration sur la Reine de Sara liée aux Saintes-Maries-de-la-Mer. En dehors de cette partie isolée sur l‟histoire, on trouve régulièrement des vignettes qui permettent de comparer en découvrant monuments et/ou personnages clés. Ainsi Yves Montand cohabite avec Victor Hugo, Edith Piaf et Louis Pasteur92. A la page suivante, la place de la Concorde cohabite avec les pyramides et le Colisée. Qui est-ce ou qu‟est-ce que c‟est ? Ce sont les deux modalités basiques qui traitent ces documents. Lorsqu‟il s‟agit de l‟art, la Cathédrale de Rouen par Monet ou La femme à collerette bleue par Picasso. Les documents servent à une production écrite ou orale et on demande si l‟étudiant apprécie telle image ou thème, et quels sont ses sentiments. Les documents ne sont pas datés. Nous sommes dans l‟émotion et le ressenti culturel d‟où les mariages improbables tels que Hugo / Montand ou Piaf / Pasteur. Plus tard, on retrouve le même processus : on observe la Géode, la Seine et NotreDame, la statue de Jeanne d‟Arc et celle de Louis XIV. Pas de dates et une seule question : « connaissez-vous ? »93 Parfois la littérature se rapproche explicitement de l‟histoire. On présente cinq gravures non datées qui illustrent le roman Notre Dame de Paris94. Ce sont les cinq personnages principaux que l‟on demande de décrire. Astérix et Obélix apparaissent par quatre fois pour illustrer une situation de communication. Le château de Chenonceau, deux fois le Portrait de François 1er par Jean Clouet95 n‟est là que pour être comparé à L‟homme à l‟oreille coupée de Vincent Van Gogh. Tout est instrumentalisé pour un objectif linguistique. Une peinture de Napoléon, une de Marat dans sa baignoire et une de la Dame aux Camélias d‟Alexandre Dumas ne sont là que pour illustrer les malades célèbres. 91 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1, Clé International, 1988, 223 pages. GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1,op.cit, p.20 93 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1,op.cit, p.37 94 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1,op.cit, p.45 95 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1,op.cit, p.116 92 50 Plus explicitement au sujet de la notion d‟histoire on évoque une réflexion sur le monde qui change : Est-ce que vous regrettez le passé que vous avez connu ? Est-ce que vous voudriez vivre à une époque que vous n‟avez pas connue ? 96 On y voit la gravure d‟un bal musette, un train ancien, une école de la troisième république et un café mondain. La logique « Connaissez-vous ? » est donc le moteur clé de cette méthode dont le premier volume a été publié en 1988. Les questions autour de l‟histoire de France sont souvent fermées et on joue en permanence sur l‟anachronisme en mettant en parallèle portrait de Rois et de peintres. La forme visible des « objets histoire » est le terrain d‟exploitation de ce premier volume. A cela s‟ajoute la dimension interculturelle car on demande à l‟étudiant son rapport au temps passé, notamment en le confrontant au caractère suspendu de gravures anciennes. Tout est dans l‟accroche et le ludique. Dans Nouveau sans frontières n°297, peu de vignettes sur l‟histoire si ce n‟est une explication des symboles politiques de la France : le coq, Marianne, les trois couleurs et le mot hexagone98. Plus tard, on évoque l‟évolution sociale de la place de la femme et de la famille avec Les repasseuses de Degas99 et Le fils ingrat de Jean Baptiste Greuze. Ensuite, nous découvrons deux sites archéologiques : Carnac et Montségur, et les explications se font plus denses : on y décrit la taille, le poids des mégalithes et on passe au catharisme, de même pour l‟Hôtel de Cluny à Paris, la forteresse de Salses, le château d‟Azuay le Rideau100. On découvre parfois quelques batailles 101 : Austerlitz, Crécy et Fontenoy, où l‟on demande de comparer des différentes modalités de combat. Les noms des stations de métro sont déconstruits avec des explications et l‟image d‟un personnage clé : la station Alésia est expliquée par la guerre des Gaules de César et une gravure de Vercingétorix et la station Louvre par des gravures sur Louis XIV et des témoignages de Saint-Simon, Mademoiselle de Montpensier ou Bossuet102. Ici, on peut sentir un recadrage thématique et chronologique. Mais il n‟en reste pas moins que l‟objectif de cette méthode est de mobiliser l‟étudiant étranger dans la langue française. D‟où l‟exercice d‟anachronisme qui est repris mais cette fois-ci dans le cadre interne d‟un discours sur l‟histoire. 96 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°1,op.cit, p.189 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, Clé International, 1989, 223 pages 98 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op.cit, pp.48-49 99 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, p. 69 100 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, pp.125-126 ; 101 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, pp152-157 102 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, p.161 97 51 L‟histoire devient ainsi une aire d‟imagination et on demande, « comment aurait vécu Charles Lindbergh au Moyen Age » ou dans l‟Antiquité ? Pour guider la réponse créative, on montre une photo des arènes de Nîmes et de la tapisserie de Bayeux 103. Ainsi, de leçon en leçon, de station de métro en station de métro, l‟étudiant découvre l‟histoire de France. Celleci est finalement résumée en 24 points, dont 90 % sont des événements politiques (guerre, invasions, libérations) 104 et culturels, à l‟exception des congés payés de 1936 et de la prospérité économique des Trente Glorieuses. Les huit documents qui illustrent ces 24 points sont : le pont du Gard, Aigues Mortes, le Château de Fontainebleau, une fête de Louis XIV intitulée Les Plaisirs de l‟Ile enchantée, « La poursuite » de Fragonard, un bas-relief de l‟Arc de Triomphe, les grévistes de 1936 et le drapeau de l‟Europe Dans le Nouveau sans Frontières n°3 les focales en histoire sont plus précises mais les apparitions moins nombreuses105. On y évoque la biographie détaillée de Molière, un récit sur la bête du Gévaudan106, la peinture française en huit tableaux107 avec Clouet, La Tour, Poussin, Watteau, Sisley, Derain, Braque, et Delaunay. On voit dans le volume 3 un abandon du jeu anachronique pour une invitation à l‟étude d‟oeuvres. On demande comme au premier volume de donner ses impressions sur ces œuvres mais de comparer aussi Sisley et Braque. Le volume 3 est néanmoins encore dominé par l‟histoire contemporaine du XXème siècle, avec la constitution de 1958, l‟Algérie et ses rapatriés ou encore mai 1968108. Dans le volume n°4, le registre culturel utilise l‟histoire de l‟art pour évoquer les courants littéraires tel le romantisme, avec le tableau de Girodet-Trioson sur Chateaubriand. Il n‟y a plus de dossiers sur l‟histoire de France mais une réflexion sur l‟art et la littérature contemporaine, d‟où un aboutissement à une chronologie culturelle qui s‟intitule « de la préhistoire à la naissance de la langue française (…) jusqu‟à la seconde moitié du 20ème siècle»109. Ce qu‟il est intéressant de noter c‟est dans ce quatrième volume 4 c‟est la radicalisation littéraire et linguistique des thèmes en histoire puisqu‟au final la méthode se termine sur une histoire de la langue française. 103 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, p.167 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°2, op .cit, pp.194-197 105 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°3, Clé International, 1990, 239 pages 106 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°3, op. cit, pp 16-18 107 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°3, op. cit, pp 28-29 108 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°3, op. cit, pp.44-45 109 GIRARDET (Jacky) et al., Le nouveau sans frontières n°4, Clé International, 1993, pp.212-221 104 52 On obtient ainsi de l‟étudiant une démarche réflexive sur son apprentissage de la langue. En 2002, l‟auteur qui a dirigé la production de cette méthode, produit une nouvelle approche et un nouveau manuel nommé « Campus ». Nous l‟avons aussi parcouru. 2.6/ Des méthodes FLE sans patrimonialisation impliquant l’étudiant par le « présent historique » et les « modalités d’énonciation » : « Campus ».110 Contrairement aux Nouveaux Sans frontières il n‟y a plus de parenthèses sur l‟histoire de France. A partir de la page 103 seulement le chapitre 8 évoque « Découvrir le passé » avec des photos illustrant les années 1950, 1960, 1970, 1980, puis une autre esquisse revient avec des monuments qui indiquent que le passé est toujours le présent (Arc-et-Senans, Arènes de Nîmes, Musée d‟Orsay, et le Palais des Papes)111. C‟est un esprit diachronique qui domine mais avec une focale temporelle particulière. L‟histoire c‟est le XXème siècle : le passé, c‟est juste hier ! Ne vous inquiétez pas ! Dans le volume 2112, nous avons à partir de la page 108, soit à la moitié du manuel, une double page intitulée, « Le musée de l‟Histoire » où l‟on voit le portrait de Louis XIV (ni auteur, ni date), le serment du Jeu de Paume (idem), le baptême de Clovis et une bataille de Napoléon. C‟est un test où l‟on doit faire correspondre, dates, acteurs et événements. On retrouve ici la chronographie de l‟histoire, qui est une notion musée. L‟idée de visite d‟un musée, du plaisir de l‟égarement. La logique touristique du dédale orchestre ainsi la plupart de ces méthodes FLE où le passé est au service du présent. D‟ailleurs les modalités des questions sont très claires. Les auteurs de ces méthodes FLE utilisent souvent le présent historique pour présenter les faits. Le linguiste Patrick Charadeau explique pourquoi. Selon lui, le « présent historique » permet aux lecteurs de rapprocher les faits. Ce sont des « faits du discours ». Ce temps rend les faits proches dans leur conséquence.113 Ce présent de narration transforme le lecteur en témoin et ce dernier attend la suite des événements114. Le récit reste une dynamique pour l‟histoire mais aussi un support didactique particulièrement pertinent en FLE. 110 GIRARDET (Jacky) et al., Campus : méthode de français-vol.1, Clé international, 2002, 191 pages. GIRARDET (Jacky) et al., Campus : méthode de français-vol.1, op.cit, p.114 112 GIRARDET (Jacky) et al., Campus : méthode de français-vol.2, Clé international, 2002, 191 pages. 113 CHARADEAU (Patrick), Grammaire du sens et de l‟expression, Hachette Education, 1992, pp.465-468 114 MARSON-ZYTO et DESALMAND (Paul), Grammaire bleue ; la grammaire française en 80 leçons, Armand Colin, 2007, pp.260-269. 111 53 Harald Weinrich l‟explique ainsi 115: « il existe de nombreux types de situations de récit (…) la littérature en particulier, est dans une large mesure, une littérature de récit (…) » Puis l‟auteur évoque, au-delà de nombreuses situations narratives : « balade, témoignage vécu, fable, souvenir de jeunesse, mémoires, mythe, histoire rapportée, nouvelle, récit de voyage, reportage, roman, constat, déclaration de témoin, bulletin de presse... ». En conclusion, ces cinq supports didactiques FLE nous ont fait découvrir des représentations vagabondes de l‟histoire de France, sans cadre chronologique réel où l‟on joue souvent sur les anachronismes afin que les étudiants étrangers produisent à l‟oral ou à l‟écrit un discours interculturel sur leur ressenti par rapport à tel ou tel document dans une logique interculturelle qui met en valeur leur identité. A part la méthode de Gaston Mauger de 1953, l‟antiquité et le Moyen Age sont quasi absents des méthodes FLE, même si Ross Steele fait de la résistance en évoquant un beffroi ou Rabelais. La logique d‟une focale basée sur l‟histoire contemporaine dans ces méthodes dites communicatives a en fait exclu toute vision diachronique de l‟histoire, pour une vision synchronique et chronographique. Qu‟en est-il en 2012 ? Les manuels les plus récents appartiennent à l'approche communicative, et à l'approche actionnelle. Que constate-ton ? La distinction culture/civilisation est de plus en plus forte et on peut remarquer que si la seconde (histoire et géographie de la France) a toujours sa place, c‟est surtout la « culture quotidienne » qui est prise en compte. Cette culture est-elle perçue à l‟étranger dans les représentations sur l‟histoire de France ? C‟est là qu‟il faut laisser parler ceux qui vivent et travaillent à l‟étranger, tous francophones, et qui, par leur travail d‟enseignants, reçoivent des messages sur leurs propres représentations de l‟histoire de France de la part de leurs étudiants. Nous allons maintenant voir si cette vision concerne les résultats de notre questionnaire diffusé au sein des réseaux AEFE en février 2011 et AUF en Juillet 2012. Dans la troisième partie de notre étude, nous verrons que des professeurs étrangers de français pensent de cette histoire de France, car ces derniers acteurs utilisent ces méthodes de FLE. Ce regard croisé de l‟histoire à travers deux populations nous permettra ainsi de comprendre quelle image domine, quelle aperception est entretenue à l‟étranger. 115 WEINRICH (Harald), Grammaire textuel du français, Didier, Hatier, 1989, pp.129-132. 54 CHAPITRE 3 / Les enquêtes dans le réseau AEFE et de l’AUF. Dans ce troisième chapitre, nous présenterons les résultats de nos enquêtes dans une logique descriptive, tel un catalogue, afin d‟obtenir une photographie panoramique des enquêtes menées auprès de nos collègues de l‟Asie du Sud Est et de nos collègues français répartis sur les cinq continents. Nous pourrons déjà percevoir les différences entre les différentes nationalités, et ainsi mesurer les différentes conceptions que les uns et les autres ont de l‟histoire de France vue de l‟extérieur. Mais avant de présenter les réponses obtenues, nous allons tout d‟abord rappeler la démarche que nous avons suivie pour la construction de notre questionnaire. 3.1) La genèse de notre questionnaire. Nous avons construit un questionnaire en prenant soin de cibler nos objectifs. Il fallait faire parler les enseignants sur leur représentation de l‟histoire de France. Afin de mesurer la validité de nos questions, nous avons ajouté des questions concernant le pays où exercent les enseignants interrogés. Dans cette logique interculturelle, la mobilisation serait selon nous plus forte, car elle mobiliserait un vécu, une réalité, ce qui aurait pour conséquence d‟apprécier la fiabilité des points de vue. Cette démarche double qui concernait à la fois les représentations sur l‟histoire de France et sur le pays cible permettait aussi d‟éviter le piège de la vérité immanente, construite par un questionnaire trop court et unilatéral. Chaque question a ici un sens car elle compense les autres questions dans une logique interactive. On parle de l‟histoire de France, mais aussi du pays concerné, de la francophonie et de ses manifestations. Histoire, langue et culture constituent ainsi la toile de fond de cette enquête. Cela nous a permis de nous appliquer à nous même un « filtre épistémique », c‟està-dire d‟avoir une distance face à ces questionnaires qui suivent ainsi un tri polarité. Afin de savoir si notre démarche avait une validité, nous avons aussi choisi deux types de publics. Des Français vivant à l‟étranger et exerçant dans le réseau AEFE et qui étaient des enseignants du secondaire ou du primaire, et des collègues étrangers, localisés dans la région de l‟Asie du sud-est, exerçant dans le secondaire mais aussi dans le supérieur. Deux endroits différents, donc deux types de publics différents. C‟est là que se situe, nous semble-t-il la fiabilité de notre questionnaire. 55 Pour construire ce dernier nous avons rédigé des questions ouvertes, puis nous les avons reformulées de manière plus fermée. Ce qui a facilité le traitement des réponses, même si à plusieurs reprises nous avons laissé de la place pour d‟éventuels commentaires. La fonction heuristique de ce questionnaire nous permettra dans la seconde partie de cette étude d‟émettre de nouvelles hypothèses : pourquoi telle ou telle représentation de l‟histoire de France ? Est-ce une conception liée à l‟expatriation des Français, est-ce le passé colonial français de l‟enseignant vietnamien ? Les dix questions sont réparties ainsi : les questions 1 et 2 mobilisent le concept de l‟histoire et de la francophonie. Les questions 3 et 4 demandent quels sont les personnages et événements clés qui illustrent le pays ciblé. Les questions 5 et 6 pratiquent la même démarche pour l‟histoire de France. Les questions 7 et 8 s‟articulent elles aussi dans cette double démarche interculturelle car on demande quel est l‟ouvrage clé publié dans le pays ciblé sur l‟histoire de France et sur l‟histoire du pays. Enfin les questions 9 et 10, plus subjectives, abordent les valeurs véhiculées par l‟histoire de France et par la francophonie. Une question a été supprimée à la demande de l‟AEFE pour cause de « Printemps arabes » au moment même des événements en Tunisie, en février 2011. Elle renvoyait à la mémoire de l‟histoire de France où était suggéré un héritage. Voici un exemple ci-dessous d‟une enquête réalisée à Pondichéry : 56 Enquête N°17 / Lycée français de Pondichéry. Pour mieux connaître. Votre nationalité : Française Pays et ville où résidez. : Pays : INDE Ville : Pondichéry Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Lettres Niveau : Agrégé Etes-vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 50 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ? Si oui, laquelle ? ....................................................... (N° 3) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°1) 2.3/ Une construction politique ?.................................................................................................... (N°4) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?........................... (N°2) ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? Le Traité de rétrocession de l‟Inde Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (Nom et date.) Gandhi ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La Révolution Française 2/ L‟Histoire des Colonies 3/ Le Traité de Cession Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Ici à Pondichéry ............................................................................................................................................................ 2 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence Sur le pays où vous résidez 1/ Colbert, Les Comptoirs 2/ Dupleix 3/ De Gaulle 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : ................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où Vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) L‟Histoire de Pondichéry - DAVID Anoussamy ..................................................................................................................................................... .......……………… ……. 57 Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... ............................................................................................................................................................……………… …. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 2) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 4) 9.3/ Des valeurs sociales.... (N° 1) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 3) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Festival France « Bonjour India » ............................................................................................................................................................ Nous allons à présent exposer nos résultats concernant les enquêtes menées en juillet 2012, à l‟université d‟été de Hué, au Vietnam. 3.2) Analyse des réponses rédigées en juillet 2012 - Vietnam - AUF Ce questionnaire a été distribué et récupéré par nos soins lors d‟un séminaire qui s‟est tenu au Vietnam, au sein de l‟université de HUE, au cours du mois de juillet 2012. Nous avions à former une trentaine d‟enseignants vietnamiens, laotiens, cambodgiens, chinois et thaïlandais sur le thème de l‟enseignement de la civilisation française. Dans ce séminaire, nous avions 31 professeurs répartis ainsi : 18 Vietnamiens, 3 Laotiens, 5 Cambodgiens, et 4 Thaïlandais, 1 Malaisien. Plus de la moitié venait donc du Vietnam. Quels furent les résultats ? Pour ce qui est de la vision de l‟histoire en tant que science, la plupart affirme que cette discipline est un outil pour comprendre la construction culturelle d‟un pays (plus de 18 réponses sur ce point), alors que 8 réponses affirment que cette discipline sert à relier des événements. L‟approche métacognitive critique sur la construction politique est très minoritaire : seulement 4 réponses. Il faut ici faire une première remarque : tous étaient des professeurs de français, même ceux enseignants au sein d‟universités techniques. Le ressenti au niveau de cette première question est une distance prudente face à l‟histoire. Elle reste la discipline qui sédimente des connaissances précises et qui par conséquent peut être fragilisée. Concernant la question n°2, sur la perception de la francophonie, plus de 11 réponses proposent une vision linguistique de la francophonie mais basée sur la diversité culturelle. 58 L‟approche explicitement politique de la francophonie est peu formulée (2 réponses). Pour la question n°3, qui évoquait quel événement illustre le plus l‟histoire de leur pays, les réponses furent toutes conjoncturelles et politiques et souvent liées à l‟histoire contemporaine. Ainsi pour le Vietnam, on évoque 10 fois l‟unification du pays, ou la libération du sud en avril 1975. Parfois, l‟événement identifié est résumé par le substantif « révolution », sans date ni référence. Une autre réponse vietnamienne est Dien Bien Phû. On retrouve cette idée de rupture événementielle dans les autres pays. En Malaisie, on évoque l‟idée d‟indépendance mais sans date ou nom. Au Laos on parle de la révolution de 1975, alors qu‟en Thaïlande on évoque les réformes structurelles du coup d‟Etat de 1932. On doit noter ici que la Thaïlande, et ceci pour toutes les questions, est le seul pays qui se démarque des autres par la nature de ses réponses. Quant au Cambodge, l‟événement majeur est le règne de Pol Pot de 1975 à 1979 que l‟on nomme événement « inoubliable », soit 4 réponses sur 5. La dernière réponse cambodgienne évoque implicitement cet épisode en parlant de l‟importance de l‟histoire « contemporelle », joli néologisme qui cristallise les soleils noirs de l‟histoire récente de ce pays. Pour ce qui est des réponses à la question n°4, à savoir quel est le personnage clé de votre histoire, sur 18 réponses vietnamiennes, 15 révèlent le nom d‟Ho Chi Minh, et seulement une réponse Giap. Le Laos répète à nouveau l‟événement de 1975 (sans nom) et l‟intervention du Prince Rouge (de 1907 à 1909). Dans ce même registre de personnages ayant construit l‟identité nationale du pays, 3 réponses cambodgiennes évoquent le nom de Choun Nat (1863-1964) qui a rédigé le dictionnaire national khmer. En Malaisie, on évoque l‟importance du rôle joué par Tunku Abdul Rahman. En Thaïlande, enfin, tout est joyeusement monarchique : on évoque deux fois le Roi Rama V (1853- 1910), qui certes a perdu un territoire à l‟est du Mékong au profit de la France, mais qui par cette opération a préservé l‟indépendance du pays contrairement à l‟inverse des autres pays de l‟Asie du Sud-Est, voire de l‟Asie entière. D‟autres dynasties sont évoquées telle celle des rois Maharacha. La question 5 traite de l‟événement de l‟histoire de France qui aurait touché l‟histoire de leur pays. On voit tout de suite que la révolution française ne focalise plus les réponses comme dans les réponses du réseau AEFE. La révolution française n‟occupe plus qu‟un cinquième des réponses, soit 6 réponses sur 31. 59 Ce qui domine en revanche c‟est la présence coloniale française qui touche 10 réponses réparties autant sur le Cambodge que sur le Vietnam. Pour ce dernier pays, on évoque quatre fois l‟événement Dien Bien Phû qui est aussi un événement de l‟histoire de France, la fin d‟une d‟histoire commencée à Dan Nang en 1858 (début de la colonisation évoquée deux fois). L‟importance de la seconde guerre mondiale et notamment le débarquement du 6 juin 1944, évoqué deux fois, sont aussi à noter : une réponse au Laos et une au Vietnam. Dans un registre de confusion, Napoléon est présenté comme un événement (sorte de métonymie sur les lois), et en Malaisie la francophonie est un événement historique ! Le cas de la Thaïlande est en revanche plus singulier : en effet toutes les réponses restent ancrées sur les XVIIème et XVIIIème siècles: 3 réponses soulignent l‟importance de la révolution française et une réponse est consacrée à Louis XIV. Une focale monarchiste pour un pays monarchiste ? Trouve-t-on les mêmes tendances concernant les personnages clés de l‟histoire de France qui auraient influencé l‟histoire de leur pays ? (Question n°6) On retrouve pour la Thaïlande la dominante de l‟histoire moderne, avec une importance donnée à Louis XIV (mentionné 3 fois), Napoléon ou le Chevalier Chaumont (mentionnés 2 fois) qui fut le premier ambassadeur français au Siam pour le compte de Louis XIV. On retrouve aussi Louis XIV au Laos et au Cambodge Marie-Antoinette qui ajoutent au registre de l‟histoire moderne. Si la Malaisie ne propose aucune réponse (on notera à ce propos que le pays s‟efface au fur et à mesure des questions), le Vietnam s‟oppose totalement à la Thaïlande en restant ancré dans l‟histoire contemporaine, de Gaulle étant répété 7 fois (parfois avec un « s » à de Gaulle), suivi par François Mitterrand évoqué 3 fois. Toujours au Vietnam, viennent les figures positives de la présence française avec Alexandre Yersin (l‟explorateur et scientifique franco-suisse du XXème siècle qui fut un topographe et anthropologue du pays) et Alexandre de Rhodes (prêtre missionnaire jésuite du XVIIème siècle, le premier à avoir parcouru la Cochinchine) qui a romanisé la langue vietnamienne, la langue nationale : le « Quoc ngu ». Dans un même registre de figures françaises anciennes, on évoque en deuxième position, autant au Vietnam qu‟au Laos, la figure d‟Auguste Pavie, explorateur des rives du Mékong à la fin du XIX siècle (« Mission Pavie », 1889-1890). 60 Il est intéressant de noter que la présence française ne se cristallise par sur un ressentiment liée à l‟histoire contemporaine. Le XVIIIème siècle, tout comme le XIXème, sont bienvenus dans les représentations de l‟histoire de France. Dans la question n°7, on demande quel est l‟ouvrage publié dans leur pays qui présente l‟histoire de France. Par quatre fois, on évoque des ouvrages généraux, sans auteur, sans dates, ou un Que sais-je ? ; on suggère même de consulter le Larousse ! Le Cambodge ne donne aucune réponse, quant au Laos, on évoque les « Missérables » (avec la faute). Victor Hugo qui à lui seul résume toute la littérature française, puisque qu‟il est décliné sur plusieurs questions, même si cela est souvent en arrière-plan. Seule la Thaïlande propose une réponse précise en citant l‟ouvrage de M. Sportès, Pour la gloire de Dieu qui évoque l‟aventure d‟envoyés du roi Louis XIV à la Cour du Roi Narai. Dès que l‟on quitte la cour et ses ors, nous retrouvons au Vietnam une approche plus sociétale et contemporaine avec la citation de l‟ouvrage de Pierre Daum, Immigré de force, suivi par une Histoire de France de Jean-Joseph Julaud, seule référence directe. Enfin, toujours au Vietnam, on suggère une seule fois L‟amant de Duras, connu aussi par le film. A ce titre, on voit l‟importance médiologique de diffuser la littérature ou la culture française par les nouvelles technologies et par des supports techniques qui mettent en scène les œuvres classiques. Pour la question n° 8, seul le Vietnam propose un ouvrage précis sur l‟histoire du pays, notamment celui de H. Ngoc A la découverte du Vietnam (évoqué deux fois) ou celui de T.B. Lâm, Histoire du Vietnam. Pour la question n°9, nous avons demandé quelles sont les représentations de l‟histoire de France ? Cette « question-synthèse » nous a permis de constater que la dominante est une vision culturelle de l‟histoire de France (16 réponses sur 31), mais il est intéressant de noter qu‟en deuxième position, la dimension sociale apparaît : cette paire « Culturel/ Social » apparaît dans 9 cas, soit plus de la moitié. La deuxième paire qui apparaît, c‟est le couple « politique/culture », qui représente 8 réponses. La vision économique est absente : une seule réponse sur 31. Pour la question n°10 consacrée aux événements qui alimentent la francophonie, il est important de noter l‟absence totale de réponses pour le Cambodge et le Laos. Registre de l‟éloignement ou contexte socio-économique particulier lié à un faible IDH ? Ou encore fracture numérique importante ? Mais on voit d‟autres ruptures au sein de pays plus dynamiques tel le Vietnam. 61 Beaucoup des professeurs de français exerçant à Hanoi ou sa région sont beaucoup plus sensibles aux manifestations liées à la francophonie (proximité de l‟ambassade de France et de l‟institut français) mais apprécient les fêtes du 14 juillet (phénomène de l‟invitation à la résidence de l‟Ambassade de France) alors que dans d‟autres régions très éloignées, comme pour ce professeur vivant au sud du pays à Cantho, « n‟a aucune idée des fêtes liées à la francophonie ». On évoque toujours au Vietnam l‟importance que fut le sommet de la francophonie en 1997 à Hanoï, consacré à la coopération économique interétatique dans la zone francophone, (sommet évoqué 4 fois). Un autre point intéressant est la confusion, ou la fusion, entre la fête de la francophonie le 20 mars et la fête de la musique le 21 juin. La fête de la francophonie semble en effet concurrencée en terme événementiel par la fête de la musique aussi bien au Cambodge, en Thaïlande qu‟au Vietnam (4 réponses au total pour la fête de la musique, contre 3 pour la journée de la Francophonie). Le festival francovietnamien de HUE complète et renforce une idée artistique et musicale de la francophonie dans la région du sudŔest asiatique (notamment après les succès des sessions de 2000 et 2002). En conclusion, on peut noter ici le dynamisme des réponses lié au groupe Vietnam et Thaïlande qui se détachent très nettement des autres pays. Le Vietnam reste polarisé sur une vision contemporaine de l‟histoire tandis que la Thaïlande reste réfugiée dans l‟histoire moderne. Nous avons aussi remarqué l‟importance de la dominante culturelle de l‟histoire de France dans les 5 pays qui nous ont répondu, mais avec comme toile de fond une dimension sociale (de Victor Hugo à Alexandre Yersin) ou une dimension politique (1789, de Gaulle ou Dien Bien Phû jusqu‟au sommet d‟Hanoi de 1997 ou le festival franco-vietnamien de HUE). Un autre point qui a retenu notre attention fut la sacralisation de l‟histoire que ce soit au Vietnam avec l‟omniprésence de l‟Oncle Hô ou en Thaïlande avec l‟omniprésence du Roi Rama V. Dans les deux cas, ces responsables politiques ont donné la liberté et l‟indépendance à leur pays. Mais cette dimension nationale semble moins lisible au Cambodge ou au Laos qui semblent davantage perturbés dans la lecture de l‟histoire de leur pays, sorte de silence ébahi par l‟épisode Pol Pot (1975-1979). Une vision douleur de l‟histoire qui donne ainsi des réponses plus atones que ce soit dans les représentations de l‟histoire de France ou de l‟histoire nationale du pays. 62 Par contre le rayonnement économique et technologique de la France n‟apparaît qu‟au Laos et au Cambodge. Nous nommerons cette vision de l‟histoire de France, la vision « Concorde », voulue par le général de Gaulle. Suite à la distribution de cette enquête, nous avons animé durant ce séminaire une approche interculturelle de l‟histoire de France en évoquant l‟histoire de la région Asie avec la France. Par un cours dialogué, nous avons sélectionné différents événements et nous avons tenté de trouver des points d‟accroche (des dates et thématiques communes). Ce regard croisé a tout de suite mis en valeur les valeurs culturelles des professeurs que nous formions. Le niveau d‟écoute était totalement différent. L‟approche était particulièrement opérationnelle. Qu‟avons-nous trouvé ? Dans l‟antiquité, nous avons mis en parallèle la mise en place de deux futurs empires : la montée en puissance de Rome et le premier empereur (Si Huang Di) qui impose son règne de -247 à -221. Un siècle plus tard, en -125, Rome occupe le sud de la France. C‟est la période en Chine des Royaumes combattants au pays de Qin. C‟est la mise en compétition de différents royaumes qui deviendront empires. Nous avons montré ce jeu des concurrences politiques. Nous avons ainsi repéré avec les professeurs des entraves lexicales telles que : empire, combat, dynastie, extension, territoire, empereur, armée, etc… Pour les savoir-faire, nous avons identifié des capacités telles que : analyser une carte, savoir construire une frise chronologique. La deuxième rupture repérée est la fin de la dynastie des Han en 221, que nous avons mis en parallèle avec la fin de l‟Empire romain d‟Occident en 476. Avec les professeurs de français nous avons cherché à comprendre pourquoi des empires s‟étendent puis disparaissent. Nous avons ainsi évoqué avec ce public l‟ouvrage très important de Jean-Baptiste Duroselle Tout Empire périra, publié en 1981. Nous avons ensuite identifié des savoirs tels que : remparts, défaite, barbare, civilisé, civilisation, corruption, impôts. Pour ce qui est des savoirfaire, là encore nous avons retrouvé l‟importance de la frise chronologique, des cartes géopolitiques mais cette fois-ci avec les flux migratoires. La troisième rencontre possible entre la région Asie et la France s‟est concentrée sur le XIIIème siècle. Nous avons en effet découvert que c‟est en 1206 que Gengis Khan soumet l‟Asie et que c‟est en 1200 qu‟est fondée l‟université de Paris. Nous avons discuté avec les professeurs des différents processus qui permettent à un pays de s‟affirmer : parfois par les armes, parfois par l‟esprit et la plume. Nous avons ici rappelé aux enseignants les différents régimes d‟« historicités » que connaissent des pays. 63 Les dynasties se font et disparaissent selon ces régimes. Après la disparition de Gengis Khan, l‟empire mongol recule. Dans un même registre nous avons mis en parallèle la guerre de Cent ans (1337-1453) avec l‟installation politique de la nouvelle dynastie des Ming qui régna de 1368 à 1644. Là encore, nous avons souligné les luttes intestines qui frappent les dirigeants de ces empires ou royaumes toujours en compétition, qui ont mis en concurrence Anglais et Français, Armagnacs et Bourguignons en France, et en Asie, la dynastie des Yuan dominée par les Mongols qui perd le pouvoir avec les Ming (dernière dynastie Han par ailleurs). On a trouvé d‟autres processus de disparitions de symboles tels que la fin de la civilisation d‟Angkor (1432) et l‟exécution de Jeanne d‟Arc. Angkor fut la capitale de l‟Empire Khmer du IXème au XVème siècle, alors qu‟après l‟invasion siamoise Phnom Penh devient la capitale, processus accéléré par des moussons irrégulières. Suite à la disparition de Jeanne d‟Arc le Roi de France finit par reprendre le contrôle de son territoire là où ailleurs la sécheresse fait disparaître une civilisation. Les déterminismes climatiques peuvent aussi expliquer les processus historiques. Autre point de rencontre thématique, nous avons évoqué les guerres de religion en France au XVIème siècle et nous les avons mis en parallèle avec la situation en Inde, pour mettre en lumière l‟esprit de tolérance qu‟avait l‟Empereur mongol Akbar (1556-1605) qui supprima l‟impôt pour les non-musulmans (la Jijia) dans son Empire en 1563, et épousa une princesse hindoue, Mariam Am Zama ni, la Marguerite de Valois indienne. Les exemples se sont davantage multipliés au XVIIème siècle. Nous avons ainsi mis en parallèle l‟ouverture culturelle et la volonté de rayonnement quand Richelieu crée l‟Académie française en 1635 alors qu‟en 1636 le Japon se ferme au monde. Dans un autre registre, nous avons découvert et souligné la longueur du règne de Louis XIV (de 1643 à 1715), le plus long chez les Capétiens, et la longueur de la dynastie Mandchoue qui prend en main la Chine de 1644 à 1911. Au XIXème siècle, nous avons mis en parallèle le printemps des peuples de 1848 avec la révolte des Taiping qui dure de 1851 à 1864. Nous avons surtout souligné que dans les deux cas ces révoltes internes et politiques sont sévèrement réprimées. Dans un registre économique, nous avons mis en lumière le traité de libre-échange signé en 1860 par la France et l‟Angleterre et l‟ère Meiji qui commence en 1867. Pour ce qui est du XXème siècle nous avons bien entendu évoqué la fin du colonialisme français et la défaite de Dien Bien Phû, mais aussi le traité de Paris de 1973 qui annonce la libération prochaine de tout le Vietnam. 64 Enfin, pour aller plus loin avec les professeurs, nous avons utilisé le patrimoine local d‟HUE, en évoquant des parallèles entre le rôle de palais impérial et Versailles, et notamment la mise en scène architecturale du temple de l‟harmonie suprême avec ses tablettes de bois qui suggèrent la galerie des glaces dans leur effet miroir et de répétitions, ou encore le rôle de la rivière des parfums qui se confond avec le grand canal de Versailles. Le Roi-Soleil est d‟ailleurs présent dans la dynastie des Nguyen (1802-1945) puisque l‟astre solaire est souvent présent sur les arches qui annoncent un nouveau temple dans la cité impériale. Nous avons vu ici l‟interaction forte qui existe entre les enseignants interrogés et l‟histoire de leur pays. Bien sûr, la distance avec la France est plus forte, mais on a surtout ressenti un fort sentiment national, notamment au Vietnam et en Thaïlande, et un sentiment de traumatisme et des réponses plus atones au Laos et au Cambodge. Nous allons aborder à présent les enquêtes AEFE et voir si la perspective est renversée, et si oui dans quel domaine : réponses moins nationales, regard critique sur la France ? Nous avons classé nos réponses en suivant le découpage de l‟UNESCO : les Amériques, les Etats Arabes-Afrique, l‟AsiePacifique et enfin l‟Europe. 3.2 Analyse des enquêtes reçues par le réseau AEFE Les réponses sont cadrées dans un format géographique très déséquilibré. Sur 470 établissements français de l‟AEFE, nous n‟avons reçu que 28 réponses, réceptionnées principalement en février 2011 et issues de 24 établissements scolaires. Les auteurs des enquêtes furent principalement des certifiés d‟histoire, mais nous avons eu des réponses de certifiés de mathématiques, lettres, sciences physiques. A cela s‟ajoutent des professeurs des écoles et des directeurs d‟école. Les enquêtes issues de l‟Europe dominent (9 au total), puis vient le secteur « Asie » (7 réponses), et ensuite l‟Afrique et les Etats arabes (7 mais toutes issues quasiment des Etats arabes) et enfin la zone des Amériques (4 réponses, principalement d‟Amérique centrale ou du Sud). C‟est par cette dernière zone que nous commencerons à exposer nos résultats. 65 ENQUETE n°1- MEXICO : une dimension socio-politique La première réponse du lycée de Mexico (un enseignant en histoire) propose une analyse des représentations de l‟histoire de France dans le cadre d‟une francophonie dominée par la dimension politique et linguistique. Les œuvres littéraires de Montesquieu, Montaigne et Flaubert illustrent cette image face à une histoire qui reste surtout un outil d‟analyse politique. Quand la personne veut résumer l‟histoire du Mexique, là encore, l‟histoire politique domine avec l‟écrasement de la commune de Morelos qui illustre la défaite du mouvement zapatiste. Emiliano Zapata (18791919) est la figure qui cristallise l‟imagerie politique du pays. C‟est aussi le XIXème siècle qui a mis en avant l‟histoire de France et du Mexique, directement ou indirectement. Que ce soit Napoléon en Espagne ou Napoléon III au Mexique, tous deux font écho à la Révolution française. Les traces de cette influence française sont donc localisées au XIXème et se cristallisent dans certains quartiers de Mexico. Napoléon 1er et Auguste Comte sont les personnages clés qui ont influencé le Mexique : c‟est le mouvement positiviste français qui a influencé et alimenté le courant mexicain des « cientificos » et le développement économique du pays, notamment sous Porifrio Diaz. La personne cite et conseille ensuite l‟ouvrage d‟Octavio Paz qui dans Le labyrinthe de la solitude cristallise l‟âme du Mexique. Enfin, l‟enquête souligne surtout l‟importance de l‟image culturelle et politique de la France régulièrement alimentée par les festivals à l‟institut français de Mexico. ENQUETE n°2 – MEXICO : une dynamique socio-politique et culturelle Le deuxième témoignage (un enseignant en économie) commence par une amorce plus culturelle de la France alors que la francophonie semble davantage un outil politique. La révolution politique et sociale de Zapata-Villa reste l‟épisode clé selon ce collègue enseignant l‟économie. En revanche, le personnage retenu est Lázara Cardenas, le « tata », c‟est-à-dire la figure paternelle et paternaliste, accueillant les républicains espagnols et négociant avec les communistes mexicains pour mieux contrôler les classes populaires. Figure complexe, à l‟image du pays. Les événements qui font écho au Mexique restent la Révolution française, la Commune et la Nouvelle Vague. Que ce soit culturel ou politique, l‟idée de la rupture épistémologique intrinsèque aux révolutions domine. 66 Pour ce qui est des grandes figures françaises, ce sont les écrivains qui dominent avec Victor Hugo et Jean-Paul Sartre, donc une image plus contemporaine, mais toujours littéraire. Suivent les cinéastes, les anarchistes - Victor Serge - et les penseurs contemporains en sciences humaines, de Bourdieu à Durkheim. Pour l‟enseignant d‟économie, l‟ouvrage français traduit au Mexique est Ouvriers et immigrés de Georges Noiriel. Pour ce qui est du Mexique, le livre présentant le pays est celui de Jean Meyer, Histoire de la révolution mexicaine. Le poids des révoltions culturelles et politiques et l‟image politique et culturelle de la France dominent les enquêtes. Culturel avec la littérature et le cinéma, politique avec le jeu miroir des révolutions socio-politiques qui ont eu lieu dans ces deux pays. ENQUETE n°3- MONTREAL : une dimension socio-culturelle Ce témoignage issu d‟un cadre administratif du lycée français de Montréal présente un éclairage particulier sur l‟histoire d‟un pays qui se penche sur la construction d‟une culture. Cette approche peut s‟expliquer par le statut particulier du Québec. Cela est complété par une vision linguistique de la francophonie et une référence au plurilinguisme (esprit de ce lycée international crée en 1939). En ce qui concerne les événements historiques pour le Canada et la France, la thématique des conflits domine : la bataille des Plaines d‟Abraham à Québec le 13 septembre 1759 et le début de la conquête britannique du Canada français, la guerre de 7 ans et la Seconde Guerre mondiale. L‟histoire régionale du Québec multiplie des personnages français liés à la conquête coloniale : Jacques Cartier et Champlain en priorité. De Gaulle arrive en quatrième position. Le témoignage suggère de lire L‟Histoire du Québec par Yvon Lacoursière (historien du Québec) qui retrace l‟histoire des débuts à notre monde contemporain et fait comprendre les enjeux et les différentes cultures des gens de ce pays. Les valeurs culturelles et sociales dominent dans l‟image de la France. Il est notable de remarquer l‟aspect anthropologique et culturel des ouvrages conseillés pour aborder le pays où résident ceux qui répondent aux enquêtes, en opposition ou en complément de leurs réponses souvent dominées par des événements politiques étroitement liés aux guerres ou aux révolutions. 67 ENQUETE n°4 – Lycée français du Paraguay Ce n‟est pas ici un enseignant mais le directeur de l‟école qui rédige les réponses. Ce dernier a une vision politique de l‟histoire et une vision littéraire de la francophonie. Cette conception de l‟histoire du pays est très nettement politique avec la guerre de la triple alliance où le pays perd beaucoup en hommes et en superficie. Le personnage clé est aussi un acteur politique en la personne du Maréchal Lopez, vainqueur de la Guerre du Chaco. Les événements perçus du Paraguay concernant la France sont à nouveau la Révolution française, l‟occupation française de l‟Espagne par Napoléon et la politique d‟ouverture des années 1960 du Général de Gaulle. Ce sont ces personnages qui se retrouvent pour cristalliser l‟histoire de France avec en toile de fond les Lumières du XVIIIème siècle. L‟ouvrage suggéré pour comprendre le Paraguay s‟intitule Le Paraguay, de E. De la Bourgade de la Dardye. Démographie, ethnographie, développement et missions du pays sont tour à tour analysés. Là encore, il y a une rupture entre la perception de l‟histoire du pays et celle de la France et la plongée littéraire de l‟histoire du pays qui se teint automatiquement d‟une dimension ethnique ou anthropologique. La fièvre politique tombe dès que l‟encadrement de la réflexion se fait et devient littéraire. 3.3 Afrique et Etats arabes (total des enquêtes : 7) ENQUETE n°5– Liban - Beyrouth L‟enseignant en histoire propose une lecture politique de l‟histoire et une vision linguistique puis humaniste de la francophonie. La vision politique et idéologique de la francophonie renvoyant à la notion polémique de domination. Pour ce qui est de l‟histoire du pays, les conflits restent toujours au premier plan. Pour le Liban, c‟est l‟aspect structurel et contemporain qui domine avec le conflit civil qui dure de 1975 à 1990. Les accords politiques et militaires dominent les relations entre les deux pays : les accords Sykes-Picot, les Croisades et la signature par la France de la résolution n°1559 (qui appelle au respect de la souveraineté et de l'indépendance politique du Liban). 68 Les personnages français qui ont influencé les représentations de la France et son histoire sont : Georges Clémenceau, le général de Gaulle et Napoléon et sa campagne d‟Egypte. L‟auteur de l‟enquête regrette le rôle perdu de la France qui « était le cœur et l‟esprit du monde » en opposition avec sa « politique inhumaine à la remorque de l‟Amérique ». Enfin l‟auteur nous conseille des ouvrages français traduits dans le pays comme les Croisades vues par les Arabes d‟Amin Maalouf et L‟histoire du Liban de Philippe Hitti. Ce qui domine ici est une « pâle » nostalgie et un ressentiment profond à l‟égard de la France Qui aurait intégré une logique anglo-saxonne des affaires du monde. ENQUETE n°6 – Lycée français d’Agadir - Maroc L‟enseignant d‟histoire insiste sur une conception culturelle voire interculturelle de l‟histoire. De nationalité marocaine, travaillant dans un lycée français au Maroc, cette conception paraît naturelle. Cette optique se retrouve dans une francophonie vue comme un projet linguistique et littéraire. Cette vision humaniste accorde une place respectueuse à la royauté marocaine, la marche verte qui fut une allégeance au régime légitimé par l‟exil du feu Mohamed V en 1953. Pour les événements politiques, la révolution française retrouve une place de choix, suivit par la Seconde Guerre mondiale et la création de la CEE. Les personnages qui font l‟interface sont Charles Martel, de Gaulle et Jacques Chirac. L‟ouvrage de référence proposé date de 1966 et suggère les grands traits de l‟histoire du pays. Moins polémique que le conflit au Liban et moins politique, la figure du conflit culturel suggérée par Charles Martel devance le Général de Gaulle. ENQUETE n°7 – Casablanca - Maroc L‟enseignant en histoire présente sa discipline comme une grille d‟analyse politique où le Maroc présente 14 siècles d‟histoire monarchique dont une apogée au XVIIème siècle et au début du XVIIIème siècle. On retrouve cette vision culturelle dans la conception de la francophonie : « véhicule idée de tolérance… ». L‟indépendance de 1956 et le rôle central d‟Hassan II cristallisent l‟histoire du Maroc dont les contacts avec la France furent encadrés par la colonisation et le protectorat, l‟exil et le retour de Mohamed V et la fin du protectorat. Pour les personnages clés, le Maréchal Lyautey arrive en tête, secondé par Eric Labone. 69 L‟ouvrage français qui est édité au Maroc sur l‟histoire des deux pays est celui de Charles André Julian, Le Maroc face aux impérialismes dont l‟optique fait écho à l‟ouvrage suggéré par l‟enquête menée au Liban (cf. Amin Maalouf). L‟ouvrage au Seuil du Maroc moderne du Dr Rosenberg est conseillé pour comprendre le rôle de la France qui a accompagné l‟entrée du pays dans la modernité. Au final, la vision est ici consensuelle et socio-idéologique. ENQUETE n°8 – La Marsan- Tunisie L‟enseignant d‟histoire a une vision technique de sa discipline et il insiste sur l‟enchaînement des événements et une vision politique et idéologique de la Francophonie, outil reliquat d‟une tradition de domination. La rupture politique majeure reste bien sûr le 14 janvier 2011, début d‟une Tunisie démocratique et l‟enseignant rappelle que choisir Bourguiba fut une stratégie par défaut. L‟histoire tunisienne liée à la France est celle du protectorat, du discours de Carthage de Pierre Mendès France en 1954, puis de l‟indépendance de la Tunisie en 1956. Pierre Mendès France est d‟ailleurs le seul personnage français retenu dans cette enquête. Enfin, l‟auteur des réponses suggère les ratés de la diplomatie française en invitant tout nouveau résident français en Tunisie à lire la Régente de Carthage, à savoir l‟épouse de Ben Ali. ENQUETE n°9 – Sousse - Tunisie L‟enseignant en mathématiques propose une vision culturelle de l‟histoire et une vision idéologique et humaniste de la francophonie. La fin du protectorat de la Tunisie s‟inscrit dans cette vision où Habib Bourguiba s‟impose. Tout cela avec pour toile de fond l‟éternelle Révolution française. De Gaulle s‟impose comme une figure clé de l‟histoire française, suivi des autres présidents de la Vème république, seule période évoquée avec 1789. Enfin l‟auteur cite à son tour l‟ouvrage polémique sur Régente de Carthage. L‟ouvrage devient une condamnation collective de l‟ancien régime. 70 ENQUETE n°10 – Djeddah - Arabie Saoudite Ce qui domine ici, c‟est l‟approche de l‟éloignement extrême et du très peu de choses perçues sur l‟histoire de France par cet enseignant d‟histoire, si ce n‟est la Première Guerre mondiale et l‟intervention du GIGN à la Mecque en 1979. Il a conseillé de lire l‟œuvre de Gilles Kepel pour comprendre la région dont il reconnaît les affiliations politiques avec les Etats-Unis depuis les années 1930, avec comme point d‟orgue la victoire d‟Ibn Saoud. ENQUETE n°11 – Lycée français de Curepipe - Ile Maurice L‟enseignant en histoire a une vision fonctionnaliste de sa discipline (enchaînement des événements) mais aussi une vision humaniste de la francophonie où les valeurs culturelles et collectives s‟opposent à l‟individualisme matériel de « l‟American wax of Life ». Cela peut s‟illustrer en second plan par un certain syncrétisme littéraire entre l‟Afrique et la France. D‟ailleurs l‟enseignant insiste sur l‟usage de la langue française sur l‟île, compromis linguistique toléré par les Anglais après leur prise en main de l‟île de France en 1810. L‟indépendance de 1968 est cristallisée par Sir Seewosagur Ramgoolam. L‟histoire commune de l‟île avec la France commence en 1715 et elle est bouleversée durant l‟Empire par la prise de contrôle par les Anglais. Enfin la Seconde Guerre mondiale l‟a isolée, face à Madagascar et la Réunion sous contrôle de Vichy de 1940 à 1942. Mais c‟est bien la Révolution française et la première abolition de l‟esclavage qui domine les représentations. Les personnages clés de l‟histoire de France appartiennent d‟ailleurs à l‟histoire moderne : Louis XIV, François Mahé de la Bourdonnais, Colbert, Napoléon. Charles de Gaulle arrive en quatrième position. L‟auteur suggère de lire un ouvrage didactique sur l‟histoire de l‟île Maurice rédigé par Benjamin Moutou : L‟île Maurice en 25 leçons. On note enfin l‟ouverture d‟un nouveau centre culturel français à Rose-Hill (au centre de l‟île). En conclusion, ce sont les valeurs culturelles et sociales qui dominent les représentations de l‟histoire de France. La proximité géographique peut tendre les rapports entre les pays et la France, comme ce fut le cas pour la Tunisie. La proximité temporelle aussi avec le Liban. Cela s‟oppose au caractère neutre du témoignage de Djeddah, ou au caractère social du témoignage de l‟île Maurice. 71 3.4 La zone Asie –Pacifique (total enquêtes : 7) ENQUETE n°12 – Pékin - Chine L‟enseignant, certifié d‟histoire, présente sa discipline comme une science politique et comme l‟analyse de l‟enchaînement des événements, tout en citant Fernand Braudel qui évoque dans la Grammaire des civilisations la capacité à lire le présent. Pour la francophonie, c‟est surtout l‟approche littéraire et humaniste, où l‟auteur évoque le symbole de Senghor et les enjeux actuels d‟une France multiculturelle où l‟immigré reste stigmatisé. La Chine reste dominée historiquement par sa naissance officielle en 1949 et la figure tutélaire de Mao, une reconnaissance acceptée par De gaulle. Mais la révolution française et Napoléon restent les deux premières figures de l‟histoire de France. Les personnages clés qui dominent cette histoire sont Robespierre, Napoléon et De Gaulle. Cette histoire a donc une valeur politique et culturelle forte en Chine. L‟auteur nous conseille vivement l‟ouvrage de Jacques Gernet Le Monde chinois pour comprendre la Chine. Enfin l‟enseignant évoque ce que fait le SCAC pour la France en Chine à travers un festival (que l‟on peut découvrir ici : http://www.faguowenhua.com). ENQUETE n°13 – Shanghai - Chine La personne interrogée est coordonnatrice des TICE à l‟école française de Shanghai et professeur des écoles. L‟auteur insiste sur la dimension chronologique de l‟histoire et la dimension politique et littéraire de la francophonie. Suit ensuite un procès sans appel de la figure de Mao qui a mené le pays à la ruine alors que Taïwan et Hong Kong excellaient. L‟auteur reconnaît la réussite de la dynastie Song et Ming, du XXème au XVIIème siècle. L‟ouvrage de Jacques Gernet est de nouveau cité, et ce qui compte c‟est l‟histoire locale de Shanghai, que ce soit l‟histoire de la concession française ou le pavillon français de l‟exposition universelle qui a accueilli de grandes toiles de maîtres. 72 ENQUETE n°14 – Shanghai - Chine Un autre professeur des écoles intervient. Il évoque l‟histoire en tant que science politique présentant des événements et la francophonie en tant que projet linguistique et humaniste. Le personnage clé en Chine est le premier empereur de la dynastie Qin, en -221 et pour ce qui est de l‟histoire de France la Révolution française ainsi que Robespierre restent en première place. La personne interrogée précise : « Je sais que tous les étudiants chinois boursiers, quel que soit la formation qu‟ils suivent en France (scientifique ou technique), se doivent d‟assister au cours d‟histoire sur la Révolution française ». ENQUETE n°15 – Lycée français de Parañaque - Philippines La personne interrogée suggère une lecture culturelle de l‟histoire alors que la francophonie est perçue comme un projet politique, qui serait « contre-récit » face à la vision anglo-saxonne. Pour les Philippines, la perception est plurielle et chaotique : l‟auteur parle d‟un « Etat néant », d‟une double colonisation espagnole et américaine qui a créé « des histoires » aux Philippines. Aucun événement historique ou personnage historique français semblent pouvoir être identifiés. On retrouve une représentation blanche de l‟histoire de France, proche de ce qui a été vu et ressenti à Djeddah en Arabie Saoudite. ENQUETE n°16 – Lycée français de New-Delhi - Inde L‟enseignante d‟espagnol nous propose une perception culturelle de l‟histoire et parle du caractère humaniste et idéologique de la francophonie qui reste surtout une aventure linguistique et littéraire encadrée par Aimée Césaire, Victor Hugo et Albert Camus. Mais cette francophonie ne propose pas un réel échange interculturel. L‟ensemble est souvent à sens unique. La perception de l‟histoire de France est là aussi blanche. Aucun événement ou personnage clé. La perception de l‟histoire de l‟Inde se résume à 1974, Nehru et Gandhi et le livre de Dominique Lapierre, Cette nuit, la liberté. Comme la plupart des réponses concernant la présence française, ce sont les festivals de films qui sont les plus visibles. 73 Ce sont donc des valeurs économiques et sociales qui déterminent la perception de l‟histoire de France en Inde selon cette enseignante d‟espagnol. ENQUETE n°17 – Lycée français de Pondichéry - Inde L‟auteur, agrégé de lettres, nous décrit une représentation culturelle de l‟histoire mais aussi une perception directement linguistique de la francophonie. L‟Inde a une histoire cristallisée par Gandhi et le traité de rétrocession. Pour ce qui concerne la France, on retrouve comme à Shanghai (enquête n°13) le poids du local, avec le traité de cession de la colonie française, même si la Révolution française reste citée en première place. Par contre coup, on retrouve les acteurs clés de la colonisation tels que Dupleix, Colbert et le pragmatisme économique de de ses « comptoirs » et le Général de Gaulle et son rayonnement international. Les valeurs sociales et culturelles dominent cette perception de l‟histoire de France. L‟auteur enfin suggère comme ouvrage l‟Histoire de Pondichéry de David Anoussamy. ENQUETE n°18 – Ecole française de Denpasar - Indonésie L‟enseignante exerçant à l‟école primaire propose une vision culturelle de l‟histoire et linguistique et littéraire de la francophonie, à travers des ouvrages considérés comme classiques. L‟événement clé du pays est le « puputan », symbole de refus de la défaite et de l‟occupation, le personnage clé étant Ngurah Rai. La perception de l‟histoire française, culturelle et sociale, est cristallisée par la Révolution française et la Seconde Guerre mondiale. La perception de l‟histoire se fait donc ici sur des ruptures et reconnaissances politiques et sociales. 3.5/ L’Europe (avec un total de 9 enquêtes) Ce qui apparaît aussitôt pour la zone Europe c‟est à la fois le nombre plus important des réponses, mais aussi leur densité et la précision des réponses. Lorsqu‟ils ne sont pas historiens, les personnes interrogées citent des événements contemporains. 74 ENQUETE n°19 – Lycée français de Varsovie - Pologne L‟enseignant d‟histoire a une vision politique de sa discipline et il fait ce commentaire : « Selon moi, l‟histoire d‟un pays revient à comprendre par quel miracle il est parvenu jusqu‟à nous. Cela passe par des faits militaires mais surtout par la construction d‟une culture commune voire d‟une nation. Cela permet ainsi de comprendre les enjeux présents pour la survie de cet Etat dans le futur ». Pour ce qui est de la francophonie, c‟est la langue et son lien avec la culture qui est déterminant mais c‟est surtout le message idéologique de 1789 qui domine. Pour ce qui est de l‟histoire de la Pologne, c‟est la révolution sociétale de Kociuszko à la fin du XVIIIème siècle qui prime car en réunissant paysans et noblesse il a esquissé l‟ébauche d‟une Nation (1794-1795). Pidsudski et Jean Paul II suivent Kociuszko dans la création du pays. L‟influence française est tout d‟abord liée à son indépendance qui suit la Première Guerre mondiale, après 123 ans d‟occupation, le Grand-duché de Varsovie permis par Napoléon et la Révolution française qui a influencé la constitution de 1791 en Pologne. Les personnages clés qui influencèrent la Pologne furent Napoléon, Chopin, qui vécut et décéda en France, et de Gaulle et son appel à sortir des deux blocs. Mais aussi des rois et des reines, comme Henri III, des XVIème et XVIIème siècles qui ont apporté la culture française en Pologne. L‟ouvrage de Jean Tulard sur Napoléon est disponible en Pologne. Enfin l‟auteur du questionnaire nous conseille l‟ouvrage de Norman Davies sur le pays, « Histoire de la Pologne, qui mêle analyse politique et histoire des mentalités. Donc l‟histoire de France a un fort rayonnement politique et culturel, ce qui s‟est cristallisé dans les derniers monuments inaugurés à Varsovie : une statue de Gaulle en 2006, une de Napoléon en mai 2011 et le baptême d‟une rue Foch en 2010, le tout à Varsovie. ENQUETE n°20 – Lycée français de Varsovie - Pologne L‟enseignante de français souligne l‟importance de l‟enchaînement des événements dans la discipline histoire et propose une approche linguistique et littéraire des ouvrages francophones. Les événements clés en Pologne sont des ruptures contemporaines avec le syndicat « Solidarnocs » et le personnage clé est Lech Walesa. Le personnage clé pour la Pologne est Napoléon et l‟événement la constitution de mai 1791. De Gaulle reste aussi une image importante. 75 Les deux ouvrages proposés pour comprendre la Pologne sont l‟Histoire de la Pologne de Michal Tymowski et l‟ouvrage plus politique de Jean-Yves Potel La fin de l‟innocence : la Pologne face à son passé juif. Enfin les valeurs culturelles et sociales dominent l‟imagerie de l‟histoire de France. ENQUETE n°21 – Lycée français de Porto La personne, certifiée d‟histoire, tient à présenter sa discipline sous le prisme de la culture et de la genèse d‟un Etat. L‟histoire est donc la logique d‟un sentiment. Pour la francophonie, le sentiment culturel domine aussi : l‟idéologie humaniste et littéraire domine sur le projet linguistique. La francophonie serait une alternative face au monde anglo-saxon. Pour ce qui concerne l‟histoire du Portugal, l‟histoire des grandes découvertes du XVème siècle et de Magellan sont les mythes nationaux du pays. Pour ce qui concerne l‟histoire de France au Portugal, l‟invasion napoléonienne de 1808-1809, la révolution de 1789 et les trente glorieuses en France qui ont attiré de nombreux immigrés portugais illustrent l‟influence française. Concernant les personnages clés qui ont influencé ou touché l‟histoire de France, l‟auteur place Napoléon en première position et Henri de Bourgogne, qui l‟un des premiers rois du Portugal, en deuxième position. On retrouve ici la même filiation et précision que pour Varsovie (enquête n° 19). Pour ce qui est des ouvrages d‟histoire de France accessibles au Portugal, on trouve souvent l‟Histoire de France de Georges Duby et celle d‟Alain Bourdon pour le Portugal. Ainsi l‟histoire de France représente des valeurs culturelles et politiques car c‟est un des « rares pays dans le monde à présenter des valeurs d‟universalité ». ENQUETE n°22 – Lycée français d’Alicante - Espagne La personne est un enseignant d‟histoire qui exerce sa profession en espagnol, selon le modèle des sections européennes. La vision de cet historien et linguiste est une vision culturelle de l‟histoire et une vision humaniste de la francophonie en tant que référent culturel universel et laïque, même si la personne évoque une image plus sombre politiquement qui modifie cette perception « ouverte » sur le monde. 76 Cette sensibilité humaniste se retrouve lorsque cet historien bilingue évoque l‟expulsion des Juifs d‟Espagne encadré par l‟épisode de 1492 et la Reconquête. Les personnages qui cristallisent le mieux l‟histoire de l‟Espagne seraient Abd-al-Rahman III (891-961) ou Alfonso X le Savant (1221-1284). Cette médiévalité contraste avec la modernité de l‟histoire de France qui influença l‟Espagne : Napoléon présenté certes comme un conquérant mais aussi un modernisateur, en deuxième position les Lumières et en troisième position Louis XIV et sa guerre pour la succession au trône d‟Espagne. C‟est d‟ailleurs pourquoi Philippe V de Bourbon arrive en tête des personnages clés de l‟histoire de France suivi par Napoléon et Simon IV de Montfort. Cet historien a une vision littéraire de sa discipline car il conseille aux élèves de lire des classiques de la littérature française et espagnole pour aborder l‟histoire des pays, et notamment pour l‟Espagne, il conseille la lecture de Cervantès, Pérez Galdós ou Unamuno. Enfin l‟auteur de l‟enquête, comme beaucoup, cite des manifestations de la culture française à travers le cinéma (ici au « MACA », c'est-à-dire au musée d‟art contemporain d‟Alicante). ENQUETE n°23 – Lycée français d’Alicante – Espagne Cette personne, certifiée de lettres, nous présente une résonnance politique et culturelle de l‟histoire et une conception linguistique et littéraire de la francophonie. Elle nous rappelle la rupture politique en Espagne vers la démocratie, sans préciser de dates, ainsi que la mort de Franco. L‟événement majeur entre les deux pays est l‟invasion de l‟Espagne par les troupes de Napoléon, les « massacres » et la population qui « nous en veut encore ». Napoléon 1er cristallise ainsi les représentations, tout comme les Pyrénées, barrière naturelle entre les deux pays. Les valeurs culturelles et sociales sont celles qui illustrent le rayonnement de l‟histoire de France. Aucune bibliographique n‟est conseillée. ENQUETE n°24 – Lycée français de Freiburg - Allemagne Cet enseignant, certifié d‟histoire, dépeint une mise en scène culturelle de l‟histoire et une approche littéraire et linguistique de la francophonie. Pour ce professeur 1945 est l‟année majeure, par sa rupture en tant qu‟année « 0 » et Bismarck reste l‟homme qui a fondé le pays « sans l‟Autriche ». 77 Pour ce qui est de l‟histoire de France, Napoléon est en tête avec sa politique qui influença le pays, ensuite vient De Gaulle avec le traité de l‟Elysée et enfin la politique de Louis XIV (massacre du Palatinat). Ainsi Napoléon et de Gaulle sont les deux personnages majeurs, suivis par Louis XIV. Les conseils bibliographiques suggérés, pour ce qui concerne la France en Allemagne, l‟ouvrage d‟Ulrich Wickert « Vom Glück Franzose zu sein » et pour le Français qui veut découvrir l‟Allemagne « Die rätselhaften Deutschen » de Brigite Sauzay. L‟histoire de France rayonne encore pour des valeurs politiques et culturelles mais une nuance contemporaine s‟est imposée : l‟enseignant précise ainsi que « l´image de la France en Allemagne est ternie par certains événements politiques survenus au cours des dernières années et derniers mois…Certains comportements des politiques français sont très mal perçus par les allemands, qui continuent à voir en la France « La Grande nation ». ENQUETE n°25 – Ecole française de Vilnius - Lituanie Ce professeur des écoles suggère une conception événementielle et politique de l‟histoire et humaniste de la francophonie car cela représente un monde ouvert et solidaire. L‟événement clé est l‟indépendance de 1991 et son président d‟alors, Brazauskas (le premier en tant que tel dans l‟histoire du pays). Les événements qui ont touché le pays sont les accords de Yalta et les campanes de Napoléon. On voit ici, que comme l‟enquête n°20 à Varsovie, les événements sont contemporains et parfois peu pertinents, tels ces accords de Yalta liés à l‟histoire de France. Le livre conseillé pour découvrir la Lituanie est celui d‟Yves Passereau Histoire de la Lituanie, un millénaire où interviennent des historiens français et lituaniens. Les valeurs que véhicule l‟Histoire de France sont politiques et culturelles et les manifestations culturelles sont la semaine de la francophonie et des cycles cinéma. 78 ENQUETE n°26 – Lycée français de Bucarest - Roumanie Ce certifié de mathématiques nous fait découvrir une vision culturelle de l‟histoire dans laquelle s‟inscrivent des événements ainsi qu‟une vision politique et linguistique de la francophonie au cœur de laquelle se trouve la notion humaniste des Droits de l‟Homme. Les événements de l‟histoire de la Roumanie sont contemporains : la descente des mineurs des 13-15 juin 1990 (« les minériades») et l‟arrivée de M. Ion Iliescu au pouvoir en 1990. La première guerre mondiale est l‟événement clé lié à l‟histoire de France et qui a influencé la Roumanie. Puis on trouve, seulement en troisième position, la révolution française, ce qui est assez rare. Raymond Poincaré et Clémenceau restent en tête des personnages clé de l‟histoire de France. Ce qui confirme l‟importance de la première guerre mondiale pour la géopolitique roumaine. Les valeurs politiques et culturelles dominent l‟image de l‟histoire de France. ENQUETE n°27 – Lycée français Palma de Majorque - Espagne Exerçant dans cette école française, cet enseignant nous présente l‟histoire comme une discipline culturelle et la francophonie comme une entreprise linguistique. L‟événement le plus important pour l‟Espagne est la découverte de l‟Amérique et le personnage le plus connu est Franco. Les événements clés qui ont liés l‟Espagne et la France sont les mariages royaux de l‟époque moderne, les immigrés espagnols pendant la guerre civile de 1936-1939 et enfin les conquêtes napoléoniennes. Napoléon et Louis XIV arrivent en tête des personnages marquants. Les valeurs politiques et sociales marquent l‟histoire de France vue d‟Espagne, le tout couronné par la visite du président français en 2010 à Madrid. Aucune référence bibliographique n‟est conseillée. ENQUETE n°28 – Lycée français de Bruxelles - Belgique L‟enseignant d‟histoire propose une approche culturelle et politique de l‟histoire dans un sens « constructiviste » qu‟il présente ainsi : « L‟histoire d‟un pays au sens courant du terme, est indissociable de l‟émergence puis de la consolidation des Etats-Nations qui ont promu et institué l‟enseignement de « l‟histoire nationale ». 79 Les anglo-saxons parlent de « nation building ». Comprendre l‟histoire d‟un pays (au sens d‟Etat-Nation), c‟est donc avant tout réfléchir au second degré, en explicitant les conditions d‟élaboration du discours national reconstruisant et intégrant le passé dans un récit national (principe remontant au Lavisse et encore présent dans les manuels scolaires d‟histoire). » La francophonie est un projet politique mais l‟auteur n‟argumente pas. Pour ce qui est de l‟histoire belge, l‟événement majeur passe par une anecdote qui cristallise les tensions d‟aujourd‟hui, à savoir la publication en août 1912 de la Lettre de Jules Destrée au Roi des Belges (« laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : "Il n'y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands." »). Révélation publique de la mise en minorité des Wallons et du français en Belgique et de la montée en puissance du mouvement autonomiste flamand. Tout ce qui a suivi n‟a fait qu‟aggraver ce fossé jusqu‟à aujourd‟hui. Face à cette culture de la rupture, l‟historien évoque un roi belge consensuel, le Roi Baudoin (1930-1993). Pour ce qui concerne les événements français, c‟est la révolution de 1830 qui arrive en tête car c‟est celle-ci qui a permis la création de l‟Etat belge. En deuxième position est mentionnée celle de 1789, qui a ouvert les portes à l‟annexion de la Belgique jusqu‟en 1815. On peut noter que comme pour la Roumanie (enquête n°26), les événements constitutifs à la création du pays sont de premier ordre. Napoléon et e Gaulle restent des figures majeures de cette histoire qui n‟intéresse pas du tout la partie flamande : « La partie francophone de la Belgique reste aujourd‟hui encore très attentive aux événements en France. Désintéressement total en Flandre. » Comme beaucoup de nos réponses, l‟historien nous conseille un ouvrage alternatif et non politique pour comprendre la poésie de la Belgique : il conseille de lire l‟ouvrage de Rogiers Patrick intitulé La Belgique : le roman d‟un pays, publié en 2006. L‟auteur qualifie cet ouvrage de « lettre d‟amour au multiculturalisme et à la richesse intellectuelle d‟un pays baroque ». Les valeurs politiques et culturelles de la France restent cristallisées par 1789, message confirmé par le CNR en 1944-1945 et avec l‟accord de de Gaulle. 80 3.4 Un bilan contrasté Que retenir, au niveau purement descriptif, de ces 59 enquêtes issues des réseaux AEFE et AUF ? Nous avons vu que du côté des enquêtes liées à l‟AUF - région Asie du Sud Est - les représentations de l‟histoire de France sont surtout culturelles et littéraires. C‟est une approche classique, factuelle et conjoncturelle de l‟histoire de ces enseignants qui sont spécialisés dans la langue française. La francophonie est comprise aussi comme un message de la diversité culturelle dans le monde. Nous avons d‟autre part compris que dans les enquêtes AUF, un fort sentiment national est exposé, notamment au Vietnam et en Thaïlande, même si leur modalité est bien différente. Paternaliste avec le Vietnam et l‟Oncle Hô et divin et royaliste en la personne du Roi Rama IV. Pour le Laos et le Cambodge tout se complique. Les réflexes dans les réponses sont plus atones. Les tragédies de la fin des années 1970 ont compliqué l‟analyse en histoire. Nous sommes, nous dirait Boris Cyrulnik, dans un processus de « résilience » encore en cours. Parler de Pol Pot reste difficile tant ce soleil noir a traumatisé la population. Du coup le contemporain est évoqué sans détail. On reste dans l‟événement inouï, une page noire absolue. Seule la Thaïlande a une vision plus sereine de l‟histoire en remontant jusqu‟au XVIIème siècle, naviguant entre le Chevalier Chaumont au service de Louis XIV et des personnages français ayant eu une fonction davantage liée à l‟ethnologie comme Alexandre Yersin ou Auguste Pavie. Nous n‟avons pas trouvé de ressentiment anti-français et Dien Bien Phû ne fut que peu évoqué. Peut-on parler alors de bienveillance ? Ce n‟est en tout cas pas la situation dans les réponses de l‟AEFE. Les tensions sont plus apparentes avec les réponses formulées par les fonctionnaires français. Les représentations de l‟histoire de France dans les enquêtes AEFE sont nettement plus dans une démarche métacognitive qui critique politiquement les symboles d‟une histoire de plus en plus désincarnée. Nous sommes davantage dans une logique plus politique et plus sociétale : dès notre première enquête sur Mexico, la révolution « zapatiste » est citée et on suggère des parallèles avec 1789. Cet universalisme français en revanche est mis à mal dans nos enquêtes en Afrique du Nord et au Liban. En Asie les résonnances sont beaucoup plus faibles, ce qui n‟est pas le cas des enquêtes localisées en Europe où la proximité géographique a mis de nombreux pays sur la « route napoléonienne ». L‟enquête concernant la Pologne est un exemple confondant. Mais plutôt que de décrire, le temps vient de certaines explications. Ce qui sera l‟objectif de notre seconde partie. 81 DEUXIEME PARTIE LES CAUSES EXPLIQUANT LES DIFFERENTES REPRESENTATIONS DE L‟HISTOIRE 82 Introduction Face aux 59 réponses, nous nous sommes posé la question de savoir quelles étaient les modalités d‟énonciation. Qui parle ? D‟où parlent-ils ? Quels sont les grands traits qui s‟en dégagent ? Comment telle ou telle fonction dans un lycée français ou encore une université en Asie influence-t-elle des réponses ? Nous avons, en effet, eu une diversité d‟acteurs dans ceux qui ont répondu : professeurs des écoles, directeurs d‟école, cadre administratif, et enseignant certifié d‟histoire, professeurs étrangers enseignant le français dans cinq pays de l‟Asie du Sud - Est. Difficile de trouver une lecture cohérente. Pour cela, il faut se poser des questions d‟un spectre assez large. Quelle réflexion peut-on mener sur ce point qui relève du contexte de l‟énonciation lié aux représentations exprimées ? L‟histoire représentée par ces acteurs vivant à l‟étranger est spécifique car cette population constitue un système social inscrit dans un contexte temps et espace. Ils vivent dans la chronologie du pays et dans l‟espace du pays. Ils ont leur propre « épistème » pour reprendre la formule de Michel Foucault. De toutes ces réflexions, nous nous avons voulu identifier quelles seraient les causes structurelles qui animent les différentes représentations de l‟histoire de France. - Quelles sont les différences de réponses par aire géographique? - Selon les matières enseignées? - Selon la proximité avec l‟histoire de France? - Selon le degré d‟activité de la francophonie dans le pays? - Selon une certaine vision de l'histoire de France? - Selon une certaine vision de la francophonie? - Selon la nationalité des personnes ? Pour répondre à toutes ces questions nous verrons dans un premier chapitre quelles sont les causes structurelles qui motivent telle ou telle représentation. Les matières enseignées influencent-elles les réponses ? La géographie du pays aŔt-elle un rôle clé ? La nationalité joue-t-elle aussi une modalité d‟influence? Dans un second chapitre, nous examinerons d‟autres causes dans une perspective davantage pluridisciplinaire, nécessaire pour comprendre la nature et les motivations de ceux qui construisent telle ou telle représentation de l‟histoire d‟un pays, représentations où se rencontrent assez souvent mythes et héros. Nous verrons à ce titre que l‟anthropologie et la sociologie sont deux sciences utiles pour mieux cerner le processus de construction et d‟affirmation de ces représentations. 83 Dans un troisième temps nous nous demanderons si un examen cartographique est possible pour cadrer ces 59 enquêtes. Peut-on dire qu‟il y aurait des représentations américaines, arabes, africaines, européennes, asiatiques ou du sud-est asiatique de l‟histoire de France ? Enfin dans un quatrième chapitre nous tenterons de faire une synthèse de ces 59 enquêtes, ce qui les différencie et les rapproche et nous montrerons notamment l‟aspect incarnée de l‟histoire vue par nos collègues de l‟Asie du Sud -Est, au contraire de la dimension plus universaliste, idéologique et politique des réponses des enquêtes de l‟AEFE. 84 Chapitre 1/ LES DIFFERENTS TYPES DE REPRESENTATIONS Nous allons ici aborder des pistes de réflexion basées sur les origines géographiques des représentations. Ensuite selon la discipline à laquelle appartiennent les enseignants qui ont répondu à notre enquête et enfin selon leur nationalité, puisque la vague d‟enquêtes de l‟AUF s‟est réalisé uniquement avec des enseignants étrangers. 1.1 Selon les aires géographiques Le plus frappant dans les réponses produites est la thématique de l‟exil. Un exil souvent romanesque et tragique qui charpente les représentations de l‟histoire de France. En effet, dans l‟enquête n°1 sur Mexico, on ressent l‟exil et la solitude de la défaite zapatiste par l‟écrasement de la commune de Morelos, martyre politique collectif qui n‟est pas sans rappeler la Commune de Paris. Mais l‟idée d‟exil s‟accentue bien qu‟encore implicite avec l‟action de Napoléon III qui propulse Maximilien d‟Autriche dans le mirage mexicain. L‟enquête n°2, toujours sur Mexico, reprend la thématique de l‟exil avec les républicains espagnols qui sont accueillis par Lazara Cardenas, avec un exil de l‟anarchiste belgo-russe Victor Serge qui n‟est pas sans rappeler celui de Léon Trotsky. Enfin l‟enquête n°3 sur Montréal exprime l‟exil, volontaire et conquérant, de Jacques Cartier et Samuel de Champlain, cristallisant une histoire de France stoppée par la bataille des Plaines d‟Abraham à Québec en 1759. Mais ce qui a le plus symbolisé cette idée de représentations liées à l‟exil c‟est cette désynchronisation globale du continent américain cité par l‟enquête n°2 que suggère l‟ouvrage intitulé Le labyrinthe de la solitude de l‟écrivain mexicain Octavio Paz. Il y a un proverbe mexicain qui résume cette solitude : « si loin de Dieu et si près des EtatsUnis ». Que se passe-t-il dans les pays arabes et africains ? Les représentations de l‟histoire de France sont ici davantage dominées par le souvenir de l‟Empire français. La dimension humaniste implicite peut encore transparaître par nostalgie, mais le plus souvent c‟est la méfiance ou l‟amertume qui dominent. Cette dimension entre l‟âme et l‟esprit de la France est profondément regrettée et condamnée dans l‟enquête n°5 localisée au Liban. L‟enquête n°6 sur Agadir souligne le caractère plus identitaire de la France, altérité cristallisée par Charles Martel, une seule fois citée dans toutes nos enquêtes). 85 Certes, on reconnaît les efforts de la France pour créer une dynamique de dialogue symbolisée par le discours de Pierre Mendès France en 1956 (à La Marsa enTunisie, enquête n° 8). Mais ce sont surtout les condamnations et les reproches qui dominent les représentations de l‟histoire de France en Tunisie où Bourghiba est un personnage reconnu par défaut et où la Régente de Carthage est citée par deux fois (enquêtes n°8, La Marsa et n°9, Sousse) où implicitement on condamne les errements de la diplomatie française dans la Tunisie au cours du mois de janvier 2011 (enquête n°8, La Marsa). Impérialisme condamné, il est ailleurs perçu de manière lointaine, étrange et exogène pour l‟île Maurice (enquête n°11). C‟est d‟ailleurs pourquoi les représentations sont dominées par l‟histoire moderne avec Colbert et Louis XIV, là où beaucoup de nos enquêtes sont surtout inscrites dans une trame contemporaine. Quant à Djeddha (enquête n°10), la perception reste anecdotique avec l‟intervention du GIGN en 1979 lors d‟un attentat. Nous allons découvrir une vision plus juridique dans la zone Asie : pourquoi ? Est-ce pourquoi on nomme la France le « pays de la Loi » en chinois ? Beaucoup d‟enquêtes issues de la région Asie projettent un film idéologique sur l‟Histoire de France. Un égalitarisme sociétal transparaît notamment pour New Delhi (enquête n°16) où on évoque l‟ouvrage français de Dominique Lapierre Cette nuit la liberté. On trouve un écho idéologique radical avec Robespierre cité par deux fois dans les enquêtes n°12 (Pékin) et n° 14 (Shanghai). Cet égalitarisme s‟inscrit dans l‟héritage non seulement maoïste mais aussi dans celui d‟une Chine reconnue précocement par de Gaulle. C‟est aussi l‟autre aspect qui domine ici : une vision géopolitique de l‟Histoire de France, singulière, avec cette idée de l‟indépendance face aux deux blocs ou à toute autre puissance étrangère. Ainsi l‟enquête n°18, située en Indonésie, évoque ce rite radical et sacrificiel du « Puputan » (suicide collectif) face aux occupations étrangères. En revanche, et contrairement à la zone précédente, l‟impérialisme français est perçu de manière plus juridique et commerciale. L‟idée de l‟occupation littorale et juridique du comptoir français réunit à la fois Shanghai (enquête n°13) et Pondichéry (n°17), dernière enquête se cristallisant plus sur Colbert et Dupleix Pour ce qui est des représentations dans l‟espace européen, la proximité avec la France joue un rôle essentiel. Les enquêtes de Varsovie (enquête n°19), Porto (enquête n°21), Bruxelles (enquête n° 28), Bucarest (enquête n° 26) ou Alicante (enquête n°22) vont assez loin dans une lecture croisée de la France et du pays d‟accueil dans lequel travaillent les enseignants interrogés. 86 C‟est souvent une perception de filiation qui est exposée, perception où la sédimentation historique et la cible choisie sont complexes. On évoque ainsi le rôle d‟Henri de Bourgogne pour l‟histoire politique du Portugal (enquête n°21) ou Henri III pour l‟enquête n°19 sur Varsovie. 1789 et l‟aventure napoléonienne touchent quasiment l‟ensemble de ces enquêtes en zone Europe, mais tous n‟ont pas la même perception de la France révolutionnaire. Pour Bruxelles (enquête n°28), c‟est plutôt 1830 qui cristallise la rupture salvatrice (création de l‟Etat belge), pour une Belgique qui est sans Etat depuis avril 2010. Pour Bucarest (enquête n°26), la perception de l‟Histoire de France se traduit à la fois par la fin de la Première Guerre mondiale et la création de l‟Etat roumain dans lequel s‟inscrit la figure de Clemenceau. 1.2 Selon les matières enseignées Sur nos 28 enquêtes, 7 furent rédigées par des certifiés d‟histoire. Que nous disent-ils ? La plupart des enseignants d‟histoire mobilisent des connaissances assez précises mais des périodes sont davantage exposées, notamment l‟histoire contemporaine qui domine nos 28 enquêtes, ce qui n‟est pas sans rappeler ce que nous avons vu dans l‟étude des manuels de FLE. On retrouve une mobilisation chronologique issue de l‟histoire moderne pour Porto (enquête n°21), Varsovie (enquête n° 19) ou encore les représentations de l‟Ile Maurice (enquête n°11) qui fut française. Les historiens qui restent ancrés sur le contemporain n‟en restent pas moins assez précis et techniques sur l‟histoire de France en évoquant des accords internationaux comme au Liban (enquête n°5) ou encore dans les enquêtes sur la Tunisie ou le Maroc. Le Moyen Age est évoqué sporadiquement, sauf dans le cas d‟Alicante (enquête n°22), qui s‟appuie sur le rôle de Simon de Montfort ou encore l‟enquête sur Agadir qui évoque Charles Martel. Les personnes qui ont rédigé les enquêtes sur Freiburg (enquête n°24) et Bruxelles (enquête n°28) proposent une vision interculturelle de l‟histoire de France, esprit qui se rapproche au plus près de la dominante de nos enquêtes. Une lucidité politique se dégage d‟un regard croisé entre l‟Allemagne et la France où les connaissances historiques se complètent, avec des références bibliographiques originales. Quand ils ne sont pas enseignants d‟histoire, le registre des réponses est plus émotionnel. Pourquoi ? 87 Les exemples choisis pour définir la nature des représentations de l‟histoire de France se déclinent selon les matières enseignées. L‟enquête n°2 inscrite sur Mexico a été rédigée par un enseignant en économie et propose une vision sociale de l‟histoire de France et du Mexique. Outre la révolte sociétale zapatiste, il évoque l‟image paternaliste de Cardenas, l‟anarchiste Victor Serge, la réputation de Bourdieu ou l‟ouvrage sociologique de Georges Noiriel intitulé Ouvriers et immigrés. Cette dominante sociale et sociétale sur l‟histoire des deux pays trouve son point d‟orgue dans l‟ouvrage de Jean Meyer sur l‟Histoire de la révolution mexicaine. On retrouve ce transfert sur discipline et représentations avec le témoignage du professeur de Lettres de New Delhi (enquête n° 16) qui aborde la France et l‟Inde par le truchement des classiques littéraires ainsi que sur Pondichéry (enquête n°17) ou l‟on est davantage sensible à une vision juridique et pragmatique de l‟histoire, histoire liée au caractère spécifique d‟un comptoir. Ce qui domine dans les témoignages des représentations, c‟est une logique de jugement de l‟Histoire. Une position idéologique, voire démiurgique. L‟enseignant de mathématiques à Sousse (enquête n°9) reconnaît l‟héritage gaullien mais reproche à la France son soutien passé au président Bourguiba. Le professeur des écoles de Shanghai (enquête n°14) souligne également l‟aspect idéologique que génèrent les représentations de l‟histoire de France en Chine où beaucoup d‟étudiants chinois ont des cours sur 1789 avant de se rendre en France. On retrouve ce positionnement idéologique chez un coordinateur des TICE de l‟école française de Shanghai (enquête n°13) qui condamne l‟héritage maoïste et manifeste une préférence pour une Chine impériale qui construisait (celle des dynasties Song et Ming). L‟enquête n°18, inscrite en l‟Indonésie et rédigée par un professeur des écoles, suggère un parallèle avec la culture d‟indépendance politique croisée avec l‟héritage gaullien. Ce raccourci aboutit parfois, comme à Vilnius (enquête n°25), aux confusions d‟un autre professeur des écoles où de Gaulle se trouve par exemple à la conférence de Yalta ou bien encore dans l‟enquête n°27 de Palma de Majorque qui expose la visite de Nicolas Sarkozy à Madrid comme un fait historique. Cette focale courte sur l‟histoire apparaît beaucoup dans les enquêtes rédigées par des non certifiés d‟histoire. Le contemporain prime assez souvent. L‟enquête n° 20 de Varsovie résume l‟histoire de la France et de la Pologne, de de Gaulle à « Solidarnosc », comme le certifié de Mathématiques de Bucarest (enquête n° 26) qui concentre sa représentation sur Clémenceau et 1919. 88 Cette logique du contemporain et de l‟idéologique aboutit souvent à un ressenti, comme celui de ce certifié de lettres d‟Alicante (enquête n° 23) qui présente l‟invasion de Napoléon en Espagne comme une tragédie « où on nous en veut encore. » On verra que pour les enquêtes de l‟AUF le résultat n‟est pas le même. 1.3 Une vision ethnologique de l’histoire de France dans les enquêtes de l’AUF Pour ce qui est des enseignants interrogés en Asie du Sud-Est, aucun n‟était enseignant d‟histoire mais tous étaient spécialistes de langue française au niveau du secondaire et du supérieur. La plupart du temps, les représentations de l‟histoire en tant que discipline ou bien encore celles sur la francophonie viraient souvent vers le pôle culturel, voire littéraire, mais très rarement politique. Ce n‟était pas le cas quand ces enseignants parlaient de leur pays, notamment pour les collègues vietnamiens (18 sujets) et thaïlandais. L‟oncle Hô cristallisait assez régulièrement les représentations paternalistes sur le Vietnam. Toutes les représentations des différents pays de cette région orbitant sur la date de 1975 qui fut une rupture aussi bien pour le Cambodge que pour le Laos. La Thaïlande propose aussi un regard national, mais celui-ci est moins grégaire que le Vietnam. Cela relève plus de la fierté de n‟avoir pas été occupée, quitte à avoir fait des concessions territoriales aux Français. Cette fierté est devenue une force déterminante, ce qui explique l‟aisance et le plaisir à évoquer des époques de l‟histoire moderne, au moins jusqu‟au XVIIème siècle. Un luxe culturel que ne peuvent se permettre le Laos ou le Cambodge qui restent prostrés par le traumatisme des années 1970. Un sourd silence sur certaines de nos questions semblait régner, aussi bien de la part des Laotiens que de celle des Cambodgiens. Que retenir au final de ces 28 enquêtes pour ce qui est de cette première piste de réflexion ? On pourrait dire que nous avons cerné quatre visions principales de cette histoire de France. Une vision diplomatique dominée par de Gaulle et Napoléon. Une vision idéologique alimentée principalement par 1789, empiriquement et ponctuellement illustré par Robespierre. Des allusions aussi, mais uniquement implicites aux révolutions sociétales, comme la « Commune de Paris » que l‟on devine dans les enquêtes de Mexico (enquêtes n°1 et 2) ou d‟Indonésie (enquête n°18), lorsque l‟on évoque l‟extrême position politique du « Puputan ». Zapatiste et Communards fraternisent naturellement. 89 Une vision filiale, souvent, dans des enquêtes rédigées par des certifiés d‟histoire où on découvre les stratégies matrimoniales de l‟histoire moderne entre la couronne de France et les autres dynasties européennes (voir notamment les enquêtes n°21 sur Porto ou n°19 sur Varsovie). Cette aventure et cette réflexion ne sont pas ou peu empruntées par les autres enseignants dispensant d‟autres matières. Enfin la quatrième dominante est la vision grégaire (identitaire) de ces représentations, où l‟histoire de France est emprise dans son altérité et non perçue comme un partenaire idéologique. C‟est la vision d‟un pays qui fut un Empire avec sa politique coloniale qui a laissé des zones orphelines (enquête n°3, Montréal), des régions amères, tel le Maghreb (cf. enquêtes sur le Maroc et la Tunisie) ou simplement marquées par la présence française d‟antan, nostalgie juridique proche du syndrome d‟Hong Kong (Pondichéry n°17). Cette dominante est présente dans les enquêtes de l‟Asie du Sud-Est, mais on ne retrouve pas le ressentiment des enquêtes de l‟Afrique du Nord, qui vivait alors des événements politiques sensibles en ce début de l‟année 2011. 90 Chapitre 2/ Expliquer les représentations de l’histoire : entre sociologie et anthropologie 2.1 Les représentations en histoire peuvent présenter des « zones d’incertitude » sociologiques Dans chaque histoire perçue, nous avons découvert des « zones d‟incertitude ». Cette formule sociologique de Michel Crozier116 représente des zones cachées, difficiles à interpréter. Dans plusieurs enquêtes les zones d‟incertitude se sont concentrées sur la perception de l‟histoire du pays d‟accueil où vit la personne interrogée. Beaucoup n‟ont mobilisé que l‟histoire contemporaine et une mémoire collective classique non endogène au pays mais exogène, connue de tous : certaines enquêtes sur l‟Espagne ont présenté seulement Franco comme personnage clé, de même Lech Walesa pour la Pologne. Certains des enseignants interrogés parlent la langue du pays, voire sont bilingues, mais tous n‟ont pas accès à la presse quotidienne et politique (sauf dans le cas de l‟enquête au lycée français de Bruxelles). A l‟opposé, il existe des zones protégées et proches de la discipline de l‟histoire. Ce sont des certifiés d‟histoire qui savent mesurer la vision patrimoniale de l‟histoire du pays et qui comprennent la filiation territoriale et nationale du pays dans lequel ils vivent (enquête sur Varsovie). Cette perception culturelle et politique de l‟histoire s‟inscrit dans une logique de lignage bien décrite par Michel Pinçon117 qui étudia la « Grande bourgeoisie ». La position de ces enseignants d‟histoire à l‟étranger semble leur permettre d‟amplifier la fonction culturelle de leur métier, à l‟opposé des enseignants en France dont on demande de remplir une fonction avant tout sociale. On constate une vision assez violente de l‟histoire où les conflits et les guerres orchestrent l‟ensemble des perceptions. Les Hommes sont des acteurs politiques assurant des ruptures politiques pour le moins violentes. On assiste en fin d‟enquête à une décompression ethnologique, voire anthropologique, à travers laquelle les personnes interrogées conseillent de découvrir de manière poétique les mœurs et coutumes du pays d‟accueil. Il est curieux de comprendre à quel point les représentations collectives autour d‟un pays passe par une perception d‟un Etat fort politiquement et détenteur d‟une violence légitime et implicite. Ces incertitudes sont liées aux régimes d‟historicités. 116 117 CROZIER (Michel) et Friedberg (Ehrard), L‟Acteur et le Système, 1981, Seuil, 500 pages PINCON (Michel) et PINCON-CHARLOT (Monique), Les ghettos du Gotha, 2010, France, Seuil, 337 pages 91 Cette désynchronisation est perceptible dans les enquêtes entre les représentations sur l‟histoire de France et sur le pays d‟accueil. Le sociologue anglais Anthony Giddens, en 1990, décrit ce décalage en analysant les conséquences de la modernité118. Aujourd‟hui, chaque société a de plus en plus conscience d‟elle-même et de son histoire via les médias et l‟Internet. Le printemps des pays arabes en 2011 en est un exemple confondant. Cette évolution sociale de l‟histoire se fait, selon Anthony Giddens, en suivant quatre dimensions parfois contradictoires : le capitalisme, l‟industrialisme, la surveillance et le militarisme. Ces temps sociaux de l‟histoire sont des ruptures partagées de manière inégale, d‟une culture à l‟autre, d‟un pays à l‟autre. Les révolutions de 2011 contre le militarisme syrien et libyen sont désynchronisées avec les révolutions tunisienne et égyptienne liées au capitalisme et à l‟industrialisme. Ce jeu de désynchronisation se retrouve dans les enquêtes entre l‟histoire de France et l‟histoire du pays. Ce jeu temporel peut construire des typifications sociales liées à une approche subjective (la personne interrogée) et l‟approche objective (connaissance du pays, contact proche avec la culture du pays). Cette double approche renvoie à l‟analyse de Max Weber (approche subjective) et à celle d‟Emile Durkeim (approche objective). Ce phénomène des typifications sociales fut décrit dans l‟ouvrage de Peter L. Berger et Thomas Luckmann en 1966. Le langage y est présenté comme la pièce maîtresse de ces deux approches qui entraînent une institutionnalisation de ces typifications sociales qui peuvent créer, entre autre, les mythes en histoire. Les mythes ainsi objectivés par le langage, et notamment par des structures telles que les proverbes, participent sociologiquement aux représentations de l‟Histoire. 2.2 Les représentations en histoire dépendent du positionnement social et ses contradictions Daniell Bell119 localise en 1973 des positionnements sociaux qui déterminent des représentations du monde selon trois niveaux dans les sociétés. Les milieux artistiques proposent des principes hédonistes et individualistes. La sphère économique propose le principe de l‟efficacité et la discipline professionnelle. La sphère politique, le principe d‟égalité. 118 119 GIDDENS (Anthony), Les conséquences de la modernité, 1994, L‟Harmattan, 192 pages BELL (Daniel), Les contradictions culturelles du capitalisme, 1973, Paris, Puf, 292 pages 92 La « sphère économique » fut parfois suggérée dans les enquêtes liées aux histoires locales de comptoirs commerciaux tels que Shanghai et Pondichéry. La « sphère du politique » domine pour le reste l‟ensemble de nos réponses. Est-ce pour autant un principe d‟égalité qui est revendiqué ? Cette approche du tout politique est orchestrée par deux visions : la vision humaniste de 1789 et l‟approche identitaire cristallisée par Napoléon et de Gaulle. Un cri de guerre dans un message de paix avait dit Edgar Quinet ! L‟autre aspect sociologique de nos enquêtes fut l‟aspect non élitaire de l‟histoire de France en représentation. A ce titre, le sociologue Bernard Lahire120 présente en 2004 un tableau social de la culture savante qui selon lui, a vécu. Pourquoi ? Car l‟on trouve de nombreuses « dissonances culturelles » entre la position culturelle privilégiée des enseignants et le métier qu‟ils pratiquent. Beaucoup de nos enquêtes proposent ainsi une histoire-roman. Pourtant, ces représentations collectives sont de moins en moins opératives selon François Dubet121, car on assiste aujourd‟hui à une autonomisation des individus qui ont une approche plus réflexive face à la communauté, au marché et à la culture. Les représentations ont donc une tendance sociale à ne plus être assignées à un corps social collectif. On ne peut faire abstraction de l‟autonomie des acteurs face à leurs représentations. Cette atomisation s‟oppose à Pierre Bourdieu et au concept présenté d‟habitus exprimé dans La Distinction122 en 1989, écho lointain au concept « d‟idéal type » de Max Weber123. Pour le sociologue Robert K. Merton124 il faut inscrire ce type d‟enquête dans une moyenne portée. Parmi les personnes interrogées, nous n‟avons pas eu affaire à des individus « extro déterminés »125, c'est-à-dire qui cherchent la norme de comportement dans le regard des autres et dans les médias du pays dans lequel ils vivent. Leur expatriation leur a permis plus naturellement d‟avoir un regard réflexif sur eux-mêmes et sur la culture du pays d‟accueil. Ce pragmatisme singulier et ce retour au « sujet » nous a permis d‟obtenir une photographie plurielle de l‟histoire de France. 120 LAHIRE (Bernard), La culture des individus. Dissonances culturelles et distinction de soi, 2004, Editions La découverte, Paris, 777 pages. 121 DUBET (François), Le déclin de l‟institution, 2002, Paris, Seuil, 421 pages 122 BOURDIEU (Pierre), La distinction. Critique sociale du jugement, 1979, ed Minuit, 670 pages 123 WEBER (Max), Economie et société, 1971, Paris, Plon, 654 pages. 124 MERTON K. (Robert), Eléments de théorie et de méthode sociologique, 1953, Paris, Plon, 250 pages. 125 RIESMAN (David), La foule solitaire. Anatomie de la société moderne, 1971, Paris, Arthaud, 378 pages 93 2.3 Une vision identitaire et une vision universelle de l’histoire de France dans nos enquêtes Dans nos enquêtes apparaissent souvent des faits de ruptures politiques, et s‟impose souvent l‟idée de la Nation française à travers le personnage de de Gaulle et de Napoléon. Cette vision d‟un roman national éternel de l‟histoire de France ne relève pas de l‟empirique mais plus souvent de la subjectivité et du sentiment. Le récit sur la Nation France n‟est pas à voir mais à raconter. C‟est une histoire avec ses mythes et ses modèles, ou contre-modèle. Napoléon aide la Pologne mais occupe la Belgique. Ces représentations relèvent souvent plus de la Vie des douze Césars de Suétone. Nous rentrons dans le domaine de l‟imitation et de la mythologique politique. A cette dimension mythique s‟ajoute la dimension poétique de l‟histoire où l‟on évoque l‟âme du pays, que ce soit dans l‟enquête n°1 de Mexico où l‟on évoque l‟œuvre littéraire d‟Octavio Paz, « la solitude du labyrinthe » jusqu‟à l‟enquête n°28 et l‟ouvrage de Rogiers Patrick sur La Belgique, le roman d‟un pays. Beaucoup de nos témoignages proposent une vision romanesque des nations, surtout mise en perspective avec l‟œuvre d‟Henri Pirenne. C‟est une histoire qui est souvent présentée comme un instrument politique au service d‟une idéologie qui à tout moment peut devenir « nationaliste ». Nous rentrons quasiment dans la logique impériale de Karl Lamprecht et dans sa « Deutsche Geschichte » préconstruite auparavant par Napoléon, vision militaire de l‟histoire qui fut souvent mal vécue par les pays directement concernés dans la zone européenne, notamment dans les enquêtes sur l‟Espagne (enquête n°23, Alicante). L‟aigle protecteur corse n‟est toujours pas le bienvenu. Longtemps le projet de civiliser le monde fut le porte-drapeau politique des grands empires et des grandes révolutions. Celle de 1789 occupe une grande place dans nos enquêtes. Quelle est la logique de cette représentation de l‟histoire ? C‟est une vision évolutionniste des sociétés qui après 1789 fut reprise par Thomas Carlyle dans son ouvrage « The great elements of modern civilization : Gunpowder, Printing and the Protestant Religion». L‟écrivain calviniste est au service de l‟époque victorienne et d‟une philosophie de l‟histoire, c‟est-à-dire au service d‟une conception européocentrique, comme le furent Bossuet, Voltaire, Herder et Hegel. Cette approche s‟oppose au diffusionnisme d‟Arnold Toynbee dans son Etude sur l‟histoire rédigée entre 1934 et 1961. 94 Depuis le début XXème siècle, des voix se font entendre et prennent en considération le déclin de l'Occident (Spengler, Toynbee, Keyserling, Thomas Mann, etc...) et relativisent par ce biais la civilisation occidentale et ses révolutions. Les deux guerres mondiales (et ses quatre-vingt millions de victimes selon les dernières estimations) et la crise économique structurelle actuelle démontrent la fin des fantasmes universalistes français et européen. On est passé à l‟ère du relativisme et du diffusionnisme. La mondialité, c'est donc « la fin du centre du monde », c'est-à-dire la fin d‟une civilisation centrale comme a pu l‟être un moment la France. Toutes les grandes prétentions ethnocentriques à l'universalisme ne fonctionnent plus, mais la nostalgie reste vivace dans les représentations sur l‟histoire de France. Elle se modifie selon le contexte géographique 2.4 Une autocritique de nos enquêtes. Sans aller jusqu‟au concept de « médiance », crée par Augustin Berque en 1985, nous avons voulu mesurer la géographie de ces enquêtes. Chaque secteur géographique peut construire une vision « civilisationnelle » de l‟histoire de France. Georges Balandier126, lorsqu‟il présente son Anthropologie politique en 1967, propose une lecture plurielle de la colonisation. On retrouve cette pluralité dans certaines enquêtes. L‟enquête n°5 qui évoque le Liban et l‟ouvrage d‟Amin Maalouf va dans ce sens (Les Croisades vues par les Arabes) ainsi que l‟ n° n°7 sur le Maroc où est évoqué l‟ouvrage du Dr Rosenberg, Seuil du Maroc moderne. Car nous avons pu observer dans plusieurs enquêtes la fin d‟une conception westpahlienne des Etats pour une géoculture mondiale127, qui relativise la place de l‟histoire de la France dans le monde et ses rapports jusqu‟ici privilégiés et immobiles. L‟effort de François Hollande à obliger Mme Merkel à discuter avec tous les partenaires européens montre que l‟approche relativiste s‟impose peu à peu. Ce relativisme culturel qui concerne l‟actualité concerne aussi les représentations de l‟histoire de France. 126 BALANDIER (Georges), Anthropologie politique, 2004, Paris, Puf, 240 pages WALLERSTEIN (Immanuel), Comprendre le monde. Introduction à l‟analyse des systèmes mondes, 2009, Paris La découverte, 173 pages 127 95 Cela s‟accompagne concrètement d‟une baisse de l‟image humaniste de 1789. Lorsqu‟il rédige un ouvrage sur le désengagement politique, Olivier Fillieule128 souligne la faiblesse humaniste de certains engagements. Or, dans nos enquêtes, on perçoit assez régulièrement que la France ne projette plus une histoire humaniste dans laquelle on peut s‟investir « avec le cœur et l‟esprit » (enquêten°5, Liban). Il y aurait alors un certain essoufflement à adhérer à la francophonie. La rétribution symbolique et idéologique semble moins opératoire, l‟ensemble étant dilué dans une géoculture mondiale constituée d‟individus ayant moins le sens du collectif que par le passé. Est-on face à de nouvelles représentations de l‟histoire de France ? Cette mutation a été esquissée par le politicien Jean-François Bayart129 qui souligne la nécessité d‟une logique nouvelle des espaces transnationaux qui réinventent l‟altérité culturelle. Une histoire nouvelle de l‟Autre serait ainsi en train de se reconstruire. Un « ethos global ». Car l‟imaginaire national ne semble plus opérer la même fascination. La communauté nationale ne s‟imagine plus comme avant, précise dès 1983 Benedict Anderson130. Beaucoup de pays ne rayonnent plus comme avant. Nous sommes dans la bande moyenne de nos existences, dirait Edgar Morin, ou encore, nous serions condamnés à vivre dans une « pensée tiède » selon le géopoliticien Perry Anderson131. Face au repli généralisé, Bertrand Badie132 prône une culture multilatérale pour demain, seule capable de produire des représentations apaisées de l‟histoire des ex-pays colonisateurs, une démarche qui pourrait créer de nouveaux imaginaires collectifs pour une société devenue internationale. Ce fut aussi le message de Cornélius Castoriadis dans son Institution imaginaire133. Cela suppose de reconnaître les socles anthropologiques des systèmes familiaux décrits par Emmanuel Todd lorsqu‟il rédige en 1990, L‟Invention de l‟Europe134. 128 FILLEULE (Olivier), Le désengagement militant, 2005, Paris, Belin, 319 pages BAYART (Jean-François), Le gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, 2004, Paris, Fayard, 448 pages 130 ANDERSON (Benedict), L‟imaginaire national. Réflexions sur l‟origine et l‟essor du nationalisme, 2002, Paris, la Découverte, 212 pages 131 ANDERSON (Perry), La pensée tiède, 2005, Paris, Seuil, 136 pages. 132 DABIE (Bertrand), L‟impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales, 2004, Paris, Fayard, 293 pages 133 CASTORIADIS (Cornélius), L‟institution imaginaire de la société, 1975, Paris, Seuil, 538 pages. 134 TODD (Emmanuel), L‟invention de l‟Europe, 1996, Paris, Seuil, 685 pages. 129 96 Selon cet historien, le projet européen, ou tout autre projet international, suppose de comprendre que des représentations de l‟Autre et de son histoire ne deviennent opératoires que dans la diversité des cultures liées à des « socles anthropologiques familiaux ». Le paradigme social semble disparaître au profit d‟individus qui sont seuls avec leurs représentations culturelles. C‟est bien la contradiction interne de ces représentations où « l‟autre doit être reconnu tel quel, comme différent, mais seulement si cet autre accepte comme moi, des principes universels »135. Avec 1789, Napoléon ou de Gaulle, nous ne sommes plus dans une messe démiurgique de l‟histoire de France et de la francophonie, mais dans un dialogue entre plusieurs histoires nationales comprises par des individus. Ces enquêtes montrent que la logique de la « bonne parole »136, qui a le monopole des grands récits géopolitiques mondiaux, s‟épuise. Le jeu des blocs civilisationnels, déconstruit par Edward Saïd 137 dès 1978, dans son œuvre polémique, L‟Orientalisme, montre à quel point les logiques impériales se basent sur des clichés racistes et réducteurs. Raoul Girardet, comme Ernst Cassirer et Maurice Agulhon, avait compris le poids des mythes dans le langage. En 1986, dans son ouvrage sur l‟imaginaire national français138, on retrouve tous les personnages clés de nos enquêtes. Mais les conquêtes, ou les prophéties, ont-elles encore leur place en Europe ? Une autre question s‟est imposée pour comprendre les réponses à nos enquêtes : le support même de celles-ci estil pertinent ? Diffusion par l‟Internet et avec l‟autorisation (et non l‟autorité) administrative de l‟AEFE ? Lorsque Régis Debray139 publie son cours de médiologie en 1991, il pose le problème du support matériel d‟un message. Qu‟en est-il lorsque l‟on diffuse une enquête sur l‟histoire d‟un pays représentée et exposée à l‟étranger ? Au cours de nos enquêtes, nous avons pu découvrir, souvent au cours de la dernière question (enquête n°10) l‟intervention du SCAC ou des Alliances françaises dans la promotion de la culture française et de son histoire principalement, par des manifestations musicales ou cinématographiques. Pour ce qui est des Alliances françaises, dans les villes dites « régionales », les personnes interrogées se raccrochaient vivement aux médiathèques». 135 TOURAINE (Alain), Un nouveau paradigme. Pour comprendre le monde aujourd‟hui, 2006, paris, Lgf, 412 pages 136 POSTELVINAY(Karoline), L‟occident et sa bonne parole, 2004, Flammarion, Paris, 218 pages 137 SAID (Edward-Wadie), L‟Orientalisme, 1980, Paris, Seuil, 392 pages 138 GIRARDET (Raoul), Mythes et mythologies politiques, 1986, Paris, Seuil, 210 pages 139 DEBRAY (Régis), Cours de médiologie générale, 2001, Paris, Gallimard, 555 pages. 97 Nous avons in fine découvert d‟autres supports de communication de l‟histoire française, que l‟on pourrait nommer des « supports-archéologiques » locaux : en effet, les anciennes colonies, protectorats ou comptoirs ont gardé des reliquats matériels lourds de la présence française : que ce soit au Liban, à Pondichéry, au Maroc, en Tunisie ou encore à Shanghai. Cette communication sur la France, sa culture et son histoire représentée peut amener aussi à une critique de cette communication. Lucien Sfez, lorsqu‟il publie Critique de la communication140 en 1981, souligne le fait que trop communiquer sur un sujet pose une confusion entre la réalité et sa représentation. Si tout est représentation dans l‟histoire de France, tout est-il faux ? On comprend la dimension idéologique lorsque l‟on communique sur l‟histoire d‟un pays. Trop de communication sur l‟histoire d‟un pays serait-il un danger ? Jürgen Habermas141, en 1962, propose une réflexion sur la diffusion des cultures comme savoir dans l‟espace public. Il démontre ainsi que cette diffusion culturelle se transforme en produits culturels rendant le public apathique et inactif. Tout deviendrait objet de marketing, même l‟histoire de France. Dans nos enquêtes, menées notamment en Chine et en Inde (enquête n°16), on perçoit surtout ces représentations économiques de l‟histoire d‟un pays, sorte d‟approche situationniste telle que l‟avait définie par Guy Debord en 1967142. L‟histoire de France serait-elle réduite en ce début du XXIème siècle à une marchandise encadrée entre la Révolution française, Napoléon et le Général de Gaulle ? Qui communique ainsi cet objet ? Les réseaux culturels du MAE et notamment les SCAC assurent une communication en deux temps nommée « two step flow of communication » 143. Ce sont des relais qui instrumentalisent les représentations de l‟histoire de France pour les francophones du pays d‟accueil. Cette communication en deux temps est typique d‟une communication de l‟influence selon Katz Elihu. On distingue par ailleurs deux types de médiums au service de cette communication de l‟influence. 140 SFEZ (Lucien), Critique de la communication, 1992, Paris, Seuil, 520 pages HABERMAS (Jürgen), L‟espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, 1978, Paris, Payot, 324 pages 142 DEBORD (Guy), La société du spectacle, 1992, Paris, Gallimard, 167 pages 143 KATZ (Elihu) et Lazarfeld (Paul), Personnal influence : the part played by people in the flow of mass communication, 1964, N.Y, Press, 400 pages. 141 98 Il y a la communication d‟influence « froide », selon Marshall MCLuhan144, car les intervenants étrangers qui viennent assister aux cours, aux conférences, et aux festivals doivent s‟investir linguistiquement. Cette communication d‟influence est « chaude » lorsque cela s‟exprime par des festivals de cinéma ou de musique. Face au spectacle ambiant, des auditeurs francophones, notamment dans les enquêtes menées dans le monde des Etats arabes, s‟organisent en réseau et peuvent créer des identités résistances puis des « identités en projet », des identités qui participent à la francophonie, mais en constituant un réseau relativisant la culture française dans une géo-culture mondiale, résistance analysée par le spécialiste des médias, Manuel Castells 145. C‟est en tous les cas la fin des cérémonies de l‟histoire de France qui semble s‟esquisser : fin des « cérémonies de couronnements » (Napoléon) ou fin des « cérémonies de conquêtes ». Pour autant, lorsque nous analysons les événements ou les personnages clés qui reviennent sans cesse dans nos enquêtes, nous découvrons l‟omniprésence d‟un cérémoniel de l‟histoire, bien analysé par Daniel Dayan en 1992146. Cette « mise en intrigue » de l‟histoire de France à l‟étranger reste opératoire car elle permet de neutraliser le scepticisme des auditeurs de la francophonie et in fine peut permettre de conquérir encore l‟opinion pourtant de plus en plus séduite par les sirènes anglo-saxonnes. Cette mise en intrigue est nécessaire, car les « exempla » font vivre l‟intérêt pour l‟histoire. Les sciences cognitives et l‟anthropologie nous ont notamment dévoilé quelques pistes que nous allons développer ci-dessous. 2.5 L’importance des héros et de l’émotion dans les représentations de l’histoire Dans son ouvrage « La contagion des idées » 147 (1996) Dan Sperber spécialiste de l‟anthropologie cognitive, précise que la culture et ses représentations ne sont pas uniquement des constructions sociales. Elles sont aussi soumises aux contraintes du cerveau. Cela donnerait-il à penser que les représentations seraient le produit d‟un processus cognitif naturel ? Que seraient alors des représentations dites « naturelles » ? Que serait leur nature profonde ? 144 Mc LUHAN (Marshall), Pour comprendre les médias, 1968, Paris, Seuil, 404 pages. CASTELLS (Manuel), La société en réseaux, 1998, Paris, Fayard, 613 pages 146 DAYAN (Daniel) et KATZ (Elihu), La télévision cérémonielle, 1996, Puf, Paris, 259 pages 147 SPERBER (Dan), La contagion des idées. Théorie naturaliste de la culture, 1996, Paris, Odile Jacob, 243, pages 145 99 C‟est ici que nous avons retrouvé l‟utilité de l‟émotion évoquée par Jean-Luc Voisin lorsqu‟il évoquait les « exempla ». Pourquoi accorder tant d‟importance à l‟émotion ? On peut trouver une réponse dans les analyses menées récemment par Vinciane Despret, qui a rédigé Ces émotions qui nous fabriquent148. Il nous montre que nos émotions ont longtemps été inscrites dans une conception platonicienne de contrôle. Or, ces réflexes sont constitués sur une base de naturalité, d‟universalité et de spontanéité. Ils résistent à la culture. Ils alimentent une perception affective, un jugement porté sur une situation, une image, une logique qui fut analysée et identifiée par Frank Robert, dont l‟axe central se cristallise dans une rhétorique entre « images et imaginaires ». Cette naturalité et cette émotion ont aussi existé chez des historiens structuralistes tels Fernand Braudel, même s‟il a toujours refusé le roman historique. Lorsque Fernand Braudel écrivait son Identité de la France en 1986, il refusait avec force et émotion (on le pressent) « l‟effacement de la France » qui ne serait plus qu‟un « secteur du destin du monde ». Il évoque même la beauté d‟écrire une histoire de la France. Pour Pascal Boyer149, un autre tenant de l‟anthropologie cognitive, ces émotions « naturelles » permettent aux Hommes de faire fonctionner des réflexes cognitifs dans leur perception du monde, en créant par exemple des dieux, ou des mythes. Ces représentations mythiques, mêmes réductrices, sont donc nécessaires car elles sont en concordance avec les schémas de pensée naturelle. Aussi, les hommes ont besoin naturellement de héros, qui ne seraient alors que nécessité cognitive. Mais cette naturalité a des conséquences politiques importantes. Emotion et politique furent analysées dans l‟ouvrage collectif dirigé par Françoise Zonabend et intitulé La fabrique des héros150. Les auteurs construisent leur réflexion critique à partir de la maxime d‟Hegel : « Malheur au peuple qui a besoin de héros ». Il est vrai que dans les mythes nationaux les héros sont légion : Vercingétorix, Jeanne d‟Arc ou Jean Moulin. Parfois on trouve des héros utilisés comme moteur des pulsions nationalistes, tandis que dans d‟autres pays ils semblent à l‟inverse hors de saison. Des personnages mythifiés changent souvent de couleur politique selon les périodes. Jeanne d‟Arc, au XIXème siècle, était la figure d‟un anticléricalisme de gauche et patriotique alors qu‟au XXème siècle elle est tombée dans la droite populiste et xénophobe. Une opacité temporelle s‟immisce souvent dans la mémoire des Hommes. 148 DESPRET (Vinciane), Ces émotions qui nous fabriquent, 1999, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, 359 pages BOYER (Pascal), Et l‟homme créa des Dieux, 2003, Paris, Gallimard, 526 pages 150 ZONABEND (Françoise) (sous dir.), CENTLIVRES (Pierre) et FABRE (Daniel), La fabrique des héros, 1999, Edition Maison de la Science, 318 pages. 149 100 Car plus les héros sont lointains, moins on en sait sur eux et plus ils sont aptes à porter le récit historique national du moment. Aujourd‟hui cependant ces mythes semblent reculer. Nous avons vu à travers nos enquêtes l‟importance militaire des héros (Hô Chi Minh, de Gaulle, Napoléon) mais Daniel Fabre, toujours dans ce même ouvrage collectif, évoque le déclin actuel des figures patriotiques remplacées aujourd‟hui par des icônes plus éphémères et souvent liées au monde du sport ou au spectacle. Que ce soit au Vietnam ou en France, Hô Chi Minh ou de Gaulle ne cristallisent plus comme avant un pays. Pourquoi ? Eux aussi sont mis en concurrence : mais par quoi ? Est-ce à dire que l‟histoire d‟une nation se retrouvera demain sans héros politique? Où est-ce l‟annonce d‟une transformation du rapport qu‟entretient l‟individu avec sa propre communauté? Peut-être que les héros de demain seront davantage liés aux figures sportives. Nous verrons ainsi que les représentations identifiées à travers nos enquêtes portent des héros qui en France se sont éloignés de l‟imaginaire collectif. On les évoque mais on ne détaille plus les faits ni leur pensée. Ils deviennent un nom marketing résumant vaguement un passé proche, celui du XXème voire, pour les plus téméraires, le XIXème siècle ! Les anthropologues furent par exemple mises en cause par Clifford Geertz en 1988, dans son ouvrage nommé Ici et là-bas : l‟anthropologie comme auteur151. Il y aurait, selon lui, une littérature cachée ou implicite dans les recherches anthropologiques. Ce monde des représentations ne serait-il pas alors le miroir déformant d‟une crise épistémologique plus globale, un tout fictionnel structurel touchant de nombreuses sciences humaines, comme le suggère Marc Augé ? Dans la Guerre des rêves 152, en 1997, il montre que les imaginaires collectifs et individuels sont aujourd‟hui menacés d‟absorption par une forme d‟imaginaire fictionnel qui serait la puissance même de l‟image et qui aurait comme autre conséquence, la disparition de l‟auteur même de cette image ou des représentations en cours chez les Hommes. Cette « nouvelle fiction » serait alimentée par les récits du progrès, sorte de promesse éternelle dépassant les héros d‟antan. Napoléon ou de Gaulle n‟auraient bien sûr plus de place pour ce type de méta-représentation du monde. 151 GEERTZ (Clifford) , Ici et là bas, Paris , Métaillé, 152 pages 152 AUGE (Marc), La guerre des rêves : exercices d‟ethno-fiction, 1997, Paris, Seuil, 180 pages. 101 Les représentations seraient donc une méta-mise en intrigue, et elles construiraient un niveau supérieur de représentation dépassant les hommes pour une fiction liée aux nouvelles technologies permettant un progrès éternel, un grand soir biotechnologique où Hô Chi Minh et de Gaulle n‟auraient plus leur place, alors réduits à n‟être que de simples figurants d‟un passé devenu inutile. Car les héros du passé (les soldats providentiels) nécessitaient de mobiliser des connaissances qui se sont inscrites dans la mémoire de tous, par leur parcours scolaire, mais cette logique de la sédimentation des connaissances sera-t-elle encore possible demain, dans un imaginaire fictionnel qui ne propose plus de passé, mais un avenir éternel ? Face à la déconstruction des représentations, quel avenir pour nos aperceptions ? Sont-elles devenues si relatives? Un avenir est encore possible, mais il sera celui d‟une rencontre et d‟une approche interculturelle, ce qui sera l‟objet de troisième partie. D‟autres anthropologues comme Jean-Loup Amselle évoque la nécessité pour les hommes de continuer à comprendre leur histoire en cherchant des origines communes, mais dans une vision métisse qui s‟oppose aux idéologies de fractures que furent souvent les représentations de l‟histoire d‟un pays où s‟est imposé le poids des combats, des guerres, ou des différences culturelles. Plutôt que la disparition classique des représentations de l‟histoire et de ses héros, nous aurions à faire demain à une génération interculturelle de l‟histoire où des civilisations vont se rencontrer et non subir le choc hobbesien de Samuel Huntington. Le monde a souvent été pensé comme fractures. Cette vision-émotion semble disparaître ou s‟affaiblir dans nos enquêtes. Certes Rama V a donné à la Thaïlande sa liberté, comme de Gaulle ou Hô Chi Minh, mais leur présence dans nos enquêtes ne relève plus d‟un certain fondamentalisme providentiel. Les nouvelles technologies encouragent une unité culturelle. Jean-Loup Amselle évoque ainsi la logique dite « métisse » qui suggère une approche « continuiste » entre les cultures, ceci en mettant l‟accent sur l‟indistinction et le syncrétisme originaire entre les Hommes, ce qu‟il nomme aussi des « logiques » de métissages153. 153 AMSELLE (Jean Loup), Logiques métisses : anthropologie de l‟identité en Afrique et ailleurs, 2010, Ed. Payot, 313 pages 102 En 1999, l‟historien Serge Gruzinski, complète cette lecture structurelle du monde par ce qu‟il intitule la Pensée métisse.154 Or nous verrons que pour les représentations de l‟histoire de France, 1789, Napoléon ou de Gaulle suggèrent implicitement un syncrétisme universel, une quasi-vision métisse de l‟histoire par le message de la Révolution, relayé par l‟Empire, ou par le « Québec libre » du Général. Mais tout n’est pas métissage mais aussi rencontres. Les travaux de Robert Paxton en 1972-1976 avaient déjà ouvert la voie dans ce domaine en proposant une écriture plus équilibrée de la « France de Vichy », ce qui a abouti au discours du président Hollande le 16 juillet 2012 sur le Vel d‟Hiv. Mais la mutation n‟est pas terminée, et les représentations sur l‟histoire de France devront changer quand se mettront en France ce que l‟on nomme outre-Manche les « postcolonial studies ». Que sont-elles ? 2.6 Créer des post colonial studies Elles sont d‟abord une signification politique. Elles supposent d‟admettre l‟existence, encore aujourd‟hui, dans l‟histoire de France, d‟une « fracture coloniale ».155 Cela exige de créer en France de véritables « post-colonial studies » encore trop absentes où les « damnés de la Terre »156, de Frantz Fanon, n‟ont toujours pas trouvé leur place. Il y a encore peu, on reconnaissait les bienfaits de la colonisation (loi polémique du 23 février 2005 et discours de Claude Guéant du 4 février 2012), on soulignait que toutes les civilisations ne se valent pas. Pourquoi une telle fracture coloniale est-elle encore opérationnelle en France ? L‟idéologie de l‟Etat-Nation est, depuis quelques années, remplacée par l‟idéologie des Droits de l‟Homme, ce qui suppose une tendance à la réécriture de l‟histoire de chaque pays, du national vers un cadre plus international. De nombreux pays anglo-saxons ont depuis longtemps entamé une réflexion globale sur Le sujet de l‟impérialisme. 154 GRUZINSKI (Serge), Pensée métisse, 1999, Paris, Fayard, 345 pages BLANCHARD (Pascal), BANCEL (Nicolas) et LEMAIRE (Sandrine) (dir.), La fracture coloniale : la société française au prisme de l‟héritage colonial, 2006, Paris, La Découverte, 315 pages. 156 FANON (Frantz), Les damnés de la Terre, 1968, Maspero, 329 pages. 155 103 Cette approche des « post-colonial studies » est un processus réflexif et critique qui est peu à peu reconnue par les historiens français qui collaborent avec des historiens étrangers afin de construire une histoire apaisée comme, par exemple, Mohammed Harbi et Benjamin Stora sur la guerre d‟Algérie en 2004157. Ce regard croisé (expression que nous avons souvent rencontré lors de notre bilan historiographique) recouvre en vérité une modernité indispensable. L‟ouvrage intitulé Le livre noir du colonialisme écrit par Marc Ferro et publié un an plus tôt évoquait lui aussi tous les colonialismes.158 Ces mises au point historiques ne doivent pas pour autant aboutir au Sanglot de l‟homme blanc, dérive sentimentale dénoncée par l‟essayiste français Pascal Bruckner159 dès 1983. Car cette « sur-émotion », selon lui, stopperait l‟analyse objective et alimenterait une culpabilisation éternelle, ce qui ne serait pas non plus solution pour une histoire interculturelle de la France. Un regard global innovant de l‟histoire nécessite donc une approche autre que le simple jugement émotionnel (même si l‟émotion reste intrinsèque à l‟Homme). Face à ces perspectives, nous avons tenté de faire une cartographie des réponses obtenues pour mieux comprendre les représentations obtenues 157 HARBI (Mohammed) et STORA (Benjamin), La guerre d‟Algérie : 1954- 2004 : la fin d‟une amnésie, 2010, Paris, Fayard, 1039 pages 158 FERRO (Marc) (Dir.), Le livre noir du colonialisme : XVI è au XX ème siècle. De l‟extermination à la repentance, 2003, Paris, Laffont, 843 pages. 159 BRUCNER (Pascal), Le sanglot de l‟Homme blanc, 2002, Paris, Seuil, 344 pages. 104 Chapitre 3/ Un examen géographique des enquêtes est-il possible ? Nous allons tenter, dans ce troisième chapitre, de construire une carte de nos 59 réponses. Peut-on voir des représentations liées à un éloignement par rapport à la France ? Ou à l‟inverse, peut-on trouver des liens avec une proximité spatiale ? Et en allant plus loin, peuton identifier des représentations médianes ? Des représentations blanches ou invisibles de l‟histoire de France sont Ŕelles dues à un trop éloignement ? C‟est cette cartographie que nous allons présenter ci-dessous. Commençons par l‟enquête n°1, et donc par le secteur des « Amériques ». 3.1 Les Amériques, une européanisation de l’histoire au service d’une imagerie sociale et politique Les quatre enquêtes obtenues dans la zone dite des « Amériques » ont pour le moins eu le mérite d‟avoir mobilisé quatre acteurs différents : un certifié d‟histoire, un certifié d‟économie, un cadre administratif, et un directeur d‟école. Ce qui est mis en évidence dans ces quatre enquêtes, c‟est une européanisation de l‟histoire de ces Etats américains lorsque des résidents français y évoquent l‟histoire de France. Ainsi l‟invasion de l‟Espagne par les troupes de Napoléon 1er y est présentée comme un phénomène rupture qui cristallise les représentations de l‟histoire de France. On retrouve ce ressenti napoléonien tour à tour dans l‟enquête n°1 (Mexico) et dans l‟enquête n°4 (Paraguay). Le deuxième point est l‟aspect social et économique des références littéraires. L‟enquête n°1 (Mexique) insiste sur le développement économique du pays sous Porfirio Diaz qui fut influencé par le courant des « Cientificos », qui se revendiquait du posivitisme français d‟Auguste Comte. On connaît à ce propos le rayonnement international qu‟il a connu par la dense correspondance qu‟a entretenue Auguste Comte considéré à ce titre comme « Grand Prête de l‟Humanité ». La dimension socio-économique est reprise dans l‟enquête n°2 (Mexico) lorsque l‟enseignant en sciences économiques évoque l‟ouvrage qui s‟impose actuellement au Mexique sur l‟histoire de France, à savoir le travail de Georges Noiriel sur les Ouvriers et immigrés. Cette couleur sociale est encore accentuée dans l‟enquête n°2 qui présent P. Bourdieu ou E. Durkheim comme des figures majeures de la culture et de la pensée française. Cette sensibilité sociale se décline vers la sphère ethnographique dans l‟enquête n°4 complétée au Paraguay et qui cite un ouvrage classique consacré à ce pays, à savoir une étude régionale du pays par E. De La Bourgade de la Dardye, publié en 1889. 105 Pour le caractère politique, l‟image de la révolution sociétale domine au Mexique dont les deux enquêtes citent par deux fois le personnage d‟Emiliano Zapata. Cette rupture révolutionnaire est accentuée dans l‟enquête n°2 qui évoque la place de l‟écrivain français anarchiste Victor Serge, écrivain politique francophone qui finit sa vie-exil au Mexique. Il est intéressant ici de mesurer les implicites dans nos réponses. Victor Serge, par son parcours final au Mexique, devient une sorte d‟ombre répétée de Léon Trostsky ou de Maximilien 1er. La toile de fond de ces aventures tragiques reste néanmoins l‟héritage de la révolution de 1789, qui semble faire écho à L'Histoire de la révolution mexicaine de Jean Meyer, citée dans notre enquête n°2. A cette cérémonie permanente pour la gloire révolutionnaire s‟ajoute, toujours dans cette même enquête, la figure paternaliste de Lazar Cardenas qui a accueilli les républicains espagnols en fuite et a négocié son pouvoir politique avec les communistes mexicains. L‟aspect social et révolutionnaire s‟estompe pour le Paraguay (enquête n°4) et Montréal (enquête n°3) qui offrent davantage une histoire politique, de manière plus régionale et plus classiquement militaire : que ce soit la « bataille des Plaines d‟Abraham » à Québec du 13 septembre 1759 qui marque le début de la conquête britannique ou bien les actions militaires du Maréchal Lopez dans la « Guerre du Chaco » (Enquête n°4,Paraguay). Moins sociale, l‟histoire de ces « pays-régionaux » (Québec et Paraguay) mobilise des représentations plus diachroniques de l‟histoire de France. Notamment, on cite à plusieurs reprises des faits liés à l‟histoire moderne de la France : Jacques Cartier et Champlain pour Montréal et les « Lumières » du XVIIIème siècle pour le Paraguay. En complément, mais toujours dans un cadre régional, les enquêtes du Paraguay et de Montréal présentent une vision internationale de de Gaulle dans sa politique contre les « blocs », perçue comme des dividendes régionaux pour ces deux pays. Enfin, l‟enquête n°1, en évoquant le Labyrinthe de la solitude d‟Octavio Paz (paru en 1990), résume bien la désynchronisation entre l‟histoire des Amériques et celle de l‟Europe. Sensibilité ethnologique et sociale au Mexique, approche plus géopolitique au Québec et Paraguay, ces deux perceptions de l‟histoire de France peuvent s‟expliquer par les différentes modalités d‟intrusion de la France dans l‟histoire locale des pays : fondateur avec Jacques Cartier au Canada, interventionniste au Mexique avec Napoléon III qui participa au couronnement de Maximilien d‟Autriche comme Empereur du Mexique en 1864, l‟histoire de France se décline à partir de faits souvent politiques. 106 3.2 Etats africains et arabes : une distance critique Dans ce secteur géographique, seuls les pays d‟Afrique du Nord, deux pays du ProcheOrient et l‟île Maurice nous ont répondu. A l‟instar des Amériques, nous avons tenté malgré cela de donner un sens aux enquêtes complétées. Là encore, nous avons réparti les réponses selon que celles-ci présentent une représentation identitaire et nationale de l‟histoire de France ou selon que ces représentations appartiennent à une logique universelle et mémorielle. Dans les huit enquêtes obtenues, la vision mémorielle domine. Les enquêtes n°5 (Beyrouth) n°7 (Casablanca), n°8 (La Marsa) et n°11 (Ile Maurice) vont dans ce sens. Cette vision universaliste s‟exprime de manière singulière au Liban. La personne interrogée (certifiée d‟histoire) condamne avec force la politique actuelle de la France dans le monde arabe en présentant, un brin désabusé, les gloires vaines du passé international français, pâle nostalgie d‟un pays qui a perdu son « cœur » et son « esprit ». Napoléon, Clemenceau et de Gaulle ne seraient plus ici que les fantômes d‟une gloire perdue car abandonnée. Cette vision culpabilisatrice d‟un Empire perdu est également évoquée dans l‟enquête n°7 (Casablanca, Maroc) qui met en opposition des blocs de l‟histoire du Maghreb, à savoir le Maréchal Lyautey et Mohamed V qui cristallisent la fin du protectorat français. Cette vision du passé impérial français est complétée par un jeu d‟opposition par la bibliographie conseillée, à savoir l‟ouvrage de Charles André Jullian Le Maroc face aux impérialismes. L‟enquête n°8 (La Marsa, Tunisie) déplore les errements actuels de la diplomatie française actuelle et considère avec bienveillance les efforts de Pierre- Mendès France lors de son discours de 1954 qui ouvrait la voie pour l‟indépendance de 1956. Néanmoins, cette histoire coloniale et postcoloniale de la Tunisie fut entretenue par une France qui a instrumentalisé Bourguiba, pourtant seul personnage référent pour l‟histoire contemporaine du pays qui n‟a commencé son histoire réelle que depuis le 14 janvier 2011. Pour ce qui est de l‟Ile Maurice, on évoque la fragilité d‟une économie coloniale et insulaire d‟une île sous domination d‟abord française, puis anglaise après 1810. Une île qui a dû affronter l‟histoire française contemporaine, face au gouvernement de Vichy qui a tenu Madagascar et la Réunion de 1940 à 1942. Cette histoire à la fois locale et internationale est dominée aussi par les stratégies commerciales de la France moderne déclinée par les personnages suivants : Louis XIV, François Mahé de la Bourdonnais, Colbert et Napoléon. En revanche, une vision identitaire concerne les enquêtes n°6 (Agadir) et n°9 (Sousse). 107 Cette dominante plus nationale se dirige parfois vers une approche grégaire. L‟enquête n°6 localisée au Maroc mentionne comme personnage clé Charles Martel, devant de Gaulle. Cet aspect binaire, ethnique et religieux suggère la logique démiurgique liée aux guerres saintes. Une autre vision nationale est l‟enquête n°9 de Sousse qui a une vision politique contemporaine de la France, reconnue par la légitimité de la Vème République et donc de de Gaulle. Une autre image à part de l‟histoire de France est ce que l‟on pourrait nommer une histoire blanche. C'est-à-dire une non-perception. Une histoire sans précédent, ni suite. Cette « aperception » se localise dans l‟enquête n°10, sur Djeddah. L‟histoire de France perçue est anecdotique. L‟histoire est perçue par l‟intervention de la France par le GIGN en 1979. Mais cette absence de l‟histoire de France semble s‟expliquer plus par l‟absorption occidentale du pays par les Etats-Unis. Cette impression qu‟une seule place est disponible pour l‟Occident et que seuls seraient invités les citoyens de l‟Amérique du Nord. 3.3 Le secteur Asie / Pacifique, idée de l’éloignement Là encore, une vision mémorielle domine. Sur les huit enquêtes, quatre proposent une vision universaliste de l‟histoire de France, deux proposent davantage une approche identitaire et une autre plutôt « blanche ». Les enquêtes n°12 (Pékin), n°14 (Shanghai), n°16 (New Delhi) et n°17 (Pondichéry) construisent des représentations universelles qui concernent donc le continent chinois et indien. Ces deux pays continents - Inde et Chine Ŕ sont- ils naturellement par leur histoire et leur espace sensibles à ce type de représentation? L‟Empire du milieu et le sous-continent indien sont-ils des régions qui peuvent encourager ces perceptions ? La structure massive des pays participe-t-elle de cette vision ? L‟originalité de la Chine, que ce soit pour l‟enquête n°12 (Pékin) ou n°14 (Shanghai), c‟est la place inédite qu‟elle donne, au regard des autres enquêtes, à Robespierre, écho lointain à la figure de Mao. Cette figure d‟une contestation égalitaire et autoritaire fut analysée à ce titre de manière ainsi transposable par François Furet lorsqu‟il rédigea le Passé d‟une illusion en 1995. Le caractère idéologique apparaît d‟ailleurs explicitement dans ces enquêtes qui gravitent autour de la planète Révolution française. L‟enquête n°14 indique à ce propos que tous les étudiants chinois qui obtiennent une bourse pour aller en France doivent suivre un cours sur la Révolution française. 108 Pour l‟Inde, et notamment l‟enquête n°16 sur New Delhi, la perception de la France rejoint un humanisme universel. L‟approche est davantage littéraire sur ce point. L‟enseignante est professeur d‟espagnol. Elle évoque tour à tour une vision francophone de la culture et une histoire de France encadrée par Aimé Césaire et Albert Camus. La perception humaniste de l‟histoire se retrouve dans la manière dont elle se représente l‟histoire de l‟Inde cristallisée entre Gandhi et Nehru. Des fondateurs de pays qui délivrent malgré les difficultés un message de liberté basé sur la Révolution française ou la révolution sociétale indienne, décrite dans l‟ouvrage de Dominique Lapierre Cette nuit, la liberté (1976) où se mêlent, tigres mythiques, luttes contre les Anglais et actions messianiques de Gandhi. Un autre regard universel s‟ajoute avec l‟enquête n°17, celle de Pondichéry. Celle d‟un certain naturalisme des Lumières au service du commerce. En effet, c‟est l‟histoire commerciale entre la France et l‟Inde qui est ici perçue empiriquement avec les traces archéologiques du comptoir français. Le royaume de France et l‟empire français alimentent cette perception internationale de l‟histoire de France et le traité de cession qui fut important au niveau local. Dupleix et Colbert sont propulsés en avant dans cette histoire maritime. L‟enseignant de lettres évoque l‟histoire locale en citant l‟ouvrage du juriste David Anoussamy, L‟intermède français en Inde (2005), qui présente l‟histoire politique et économique la France avec les témoignages directs de l‟auteur qui fut un haut magistrat français et indien durant la période coloniale et postcoloniale. Les enquêtes n°13 (Shanghai), n°15 (Philippines) et n°18 (Indonésie) se déclinent dans une vision plus identitaire de l‟histoire de France. L‟enquête n°13 présente un réquisitoire violement anti-maoïste et condamne l‟aventure communiste d qui a plongé le pays dans la régression totale et l‟a laissé humilié par la réussite de Taïwan et de Hong-Kong. Cette perception de l‟histoire du pays propose ainsi par contrecoup une vision plus fermée de l‟histoire de France et de la Chine dans un cadre politique où ce qui compte est la mise en scène esthétique de l‟histoire cristallisée par le pavillon français construit pour l‟exposition universelle où furent exposées de grandes toiles de maître ou encore, pour la Chine, l‟importance culturelle et politique de la dynastie Song et Ming concernant la période du Xème au XVIIème siècle. L‟idée du Pavillon français renvoie ici à l‟idée du génie d‟une nation qui reconnaît son histoire. Ce fut la pensée et la politique opposée à celle de Mao. L‟enquête n°18, localisée sur l‟Indonésie, présente une vision également identitaire de l‟histoire du pays et de la France. Cette approche s‟illustre par l‟évocation des symboles de lutte pour l‟indépendance du pays avec comme résonance la Révolution française et la Seconde Guerre mondiale. 109 Cette idée de lutte politique pour l‟indépendance se cristallise dans les tragiques « puputan » (suicides collectifs préférés à la reddition) dont le plus connu fut celui des Balinais, en 1906 et 1908. En dernier lieu, il y a le cas de l‟histoire de France non perçue dans l‟enquête n°15 à Parañaque aux Philippines. Le cas de cette histoire blanche n‟est pas de la même nature qu‟à Djeddah. Il semblerait ici que ce soit plutôt le chaos politique interne à l‟histoire de ce pays qui a eu que « des histoires » enchevêtrées. Une sédimentation chronologique qui brouille les pistes de la perception d‟un pays « sans Etat ». La francophonie reste toutefois perçue comme un « contre-récit » culturel face au monde anglo-saxon qui a imprimé sa marque dans le pays. 3.4 L’Europe : davantage de réactions et plus également réparties Sur cette zone, un équilibre thématique semble s‟opérer contrairement aux autres zones géographiques. Cinq enquêtes ont une approche mémorielle (n°20 Varsovie, n°21 Porto, n° 24 Freiburg, n°25 Vilnius et Bruxelles n°28). Les enquêtes identitaires incluent les n°19 sur Varsovie, n° 22 et 23 sur Alicante, Bucarest n° 26 et Palma de Majorque n°27). L‟enquête n°20 sur Varsovie propose une vision de combat éthique pour la liberté, l‟ensemble est ainsi réduit entre Solidarnosc et de Gaulle. Le poids moral est affirmé lorsque l‟enseignante de Lettres suggère un éclairage mémoriel sur le pays dans lequel elle vit. Elle suggère notamment l‟ouvrage de Jean-Yves Potel, La fin de l‟innocence : la Pologne face à son passé juif (2009), rédigé par des historiens polonais vivant à l‟étranger (USA et Israël) et qui prend pour point de départ le courageux discours de repentance du Président Aleksander Kwasniewski. L‟enquête de l‟école française de Porto rédigée par un agrégé d‟histoire souligne quant à elle le jeu des mythes nationaux dans l‟histoire en général et plus particulièrement les mythes fondateurs du Portugal et de la France. L‟enseignant souligne l‟instrumentalisation des aventures maritimes de Magellan et les valeurs universelles de la France de 1789, ternie lointainement par la présence de Napoléon dans la péninsule ibérique. L‟enquête produite à Freiburg (n°24) se décline par le caractère régional d‟une ville écologiste et progressiste. La vision naturellement présentée est celle d‟une histoire de France universaliste. De Gaulle et Napoléon illustrent cet optimiste universaliste lié à l‟histoire de France mais qui pourtant s‟estompe pourtant suite aux tensions franco-allemandes suite à la crise grecque. On entrevoit donc une perception toujours enthousiaste du point de vue d‟Allemagne, mais aussi, dans un deuxième temps, la déception. 110 Ce qui n‟est pas sans rappeler le regard de Goethe sur la France révolutionnaire. Un désenchantement qui est de longue date. L‟enquête de Vilnius (n°25) suggère la dimension universaliste de la France dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale qui a eu des conséquences structurelles sur les pays baltes. Cet enseignant, professeur des écoles, en arrive à inscrire directement la France dans le cadre des négociations de Yalta. Comme l‟enquête n°20, ce sont les faits de l‟histoire contemporaine qui priment. L‟enquête n°28 liée à la Belgique propose un éclairage singulier de l‟universalisme français. En effet, la date omniprésente de 1789 dans quasi toutes les enquêtes disparaît pour celle de 1830. Si 1789 fut la porte ouverte à une nouvelle occupation d‟un pays n‟existant pas encore, la date de 1830, date de la révolution sur Paris a permis la naissance du pays. Donc le rayonnement universel de la France peut parfois être impulsé par d‟autres dates fondatrices que les grandes révolutions internationales. Les enquêtes proposant une vision identitaire de l‟histoire de France trouvent un écho particulièrement nourri dans le témoignage n°19 (Varsovie) assuré par un certifié d‟histoire. Il souligne toutes les filiations entre la France et la Pologne depuis le XVIème siècle avec ses Reines, Henri III, ou encore au XIXème avec le compositeur Chopin. Les filiations monarchiques, impériales et culturelles sont tour à tour décrites. L‟enquête n°22, sur Alicante, présente un regard là aussi plus identitaire, lié au savoir historique lui-même. L‟enseignant comme Varsovie est certifié d‟histoire. Sa vision évoque une Espagne en lutte que ce soit par la Reconquête, la conquête coloniale cristallisée par 1492, ou par les images plurielles de la monarchie espagnole : Philippe V de Bourbon, Louis XIV dans la guerre de succession d‟Espagne ou Napoléon conquérant la péninsule. Cette vision nationale est également renfermée dans les conseils littéraires pour découvrir l‟Espagne avec notamment en citation l‟œuvre de Pérez Galdos (1843-1920) qui par ses « épisodes nationaux » symbolisent l‟âme moderne de l‟Espagne contemporaine. Dans les exemples illustrant l‟histoire de l‟Espagne, c‟est l‟une des rares enquêtes qui évoquent la période médiévale avec l‟enquête n°6 pour le Maroc se focalisant quant à elle sur Charles Martel. L‟enquête n°23, toujours sur Alicante, est rédigée par une enseignante de Lettres. Comme beaucoup dans ce cas, on retrouve des exemples de la période contemporaine et un ressenti plus général des événements. Il semble qu‟à cause de l‟occupation de l‟Espagne par Napoléon, « l‟Espagne nous en veut » (écrit : « veule »). 111 Même analyse pour l‟enquête n°27 située sur Palma de Majorque où les mariages entre la couronne de France et d‟Espagne ou les guerres de Napoléon constituent l‟arrièreplan politique et grégaire des représentations de l‟histoire de France qui s‟achève par la visite du Président Sarkozy à Madrid en 2010. Nous sommes dans le cérémonial politique. Enfin, l‟enquête n°26, sur Bucarest, consacre une vision de l‟histoire nationale avec la France cristallisée par Clemenceau et la fin de la Première Guerre mondiale qui permet la création du pays. Contrairement à la Belgique qui fait référence à une révolution française (1830), Bucarest relève du symbolisme national de la fin d‟un conflit mondial (1918) et la création d‟une nation, la Roumanie. 3.5 Une cartographie possible de la région Asie du Sud-Est Nous avons eu, au cours du séminaire de Juillet 2012 à Hué, un total de 31 enseignants qui ont répondu à notre questionnaire (sur les 38 présents) : 18 Vietnamiens, 3 laotiens, 5 cambodgiens, 4 Thaïlandais et un Malaisien. La première cartographie possible du groupe est la résonnance politique et nationale des réponses du groupe majoritaire, c‟est-à-dire du groupe vietnamien. La résonnance culturelle s‟est davantage exprimée avec le groupe thaïlandais qui suggère à plusieurs reprises des références historiques sur son pays ou sur la France qui remontent à la période moderne. Ce qui nous a aussi frappé c‟est la « résonance blanche » en matière de mémoire pour le groupe Laos et le groupe Cambodge. Comment s‟intéresser à l‟histoire d‟un autre pays quand celle de son pays est comme décapitée ? On pourrait parler dans ces enquêtes de silence sociétal sur les représentations. Le désastre Pol Pot a d‟autant plus crée une rupture qu‟à l‟inverse au Vietnam cette période signifiait un retour à la paix et à l‟unité nationale. Fin d‟une guerre internationale et début d‟une guerre civile. Ce qui rapproche tous les groupes interrogés, c‟est une dévotion pour les grands hommes qui ont créé l‟unité du pays : Hô Chi Minh, Rama V (1853-1964) pour la Thaïlande, Choune Nat (1863-1964) qui a créé l‟écriture khmer ou encore Tunku Abdul Rahman pour la seule enquête malaisienne. Ce qui différencie ces 31 enquêtes de l‟AUF des 28 enquêtes de l‟AEFE, c‟est aussi le recul de la Révolution française comme sujet d‟intérêt. Une perte de prestige de l‟idéologie révolutionnaire. Pour les enquêtes Asie du Sud-Est, celle-ci est remplacée par une focale historique contemporaine, c‟est-à-dire la colonisation française. Mais il faut nuancer la remarque. 112 Les représentations ne s‟inscrivent pas dans du ressentiment mais plutôt dans un travail de réconciliation, de modération. Dien Bien Phû n‟est évoqué que 4 fois dans le groupe vietnamien alors que de Gaulle est évoqué 7 fois. Le Laos et le Cambodge sont beaucoup moins politiques et sont plus sensibles au social et à l‟imagerie littéraire de la France dont Victor Hugo et les Misérables deviennent les porte-drapeaux. Mais l‟orthographe reste incertaine, et la francophonie est présentée comme un événement unique qui se confond avec la fête de la musique. Enfin et toujours pour ces deux derniers pays, appartenant plus à la sphère des PMA, on admire le rayonnement technologique de la France, sorte de reliquat que nous pourrions nommer l‟effet post-concorde des projets économiques du Général de Gaulle. Mais pour les personnes interrogées dans ce secteur de l‟Asie du Sud-est il n‟est jamais question de ressentiment face à la France. Comment faire alors une synthèse de toutes ces remarques ? Comment donner une image cohérente à ces 59 enquêtes ? Ce sera l‟objet de notre quatrième chapitre. 113 Chapitre 4/ Quelle synthèse possible pour ces 59 enquêtes ? Nous allons voir dans ce chapitre que ces enquêtes montrent qu‟à l‟étranger une vision universaliste est bien toujours entretenue. Comme si le modèle impérial et militaire était toujours opératif pour la France dans le monde. Or, l‟intégration récente de la France dans l‟Otan a modifié certaines de ces représentations d‟une France rayonnante et indépendante. Difficile de prévoir si de Gaulle va constituer pour longtemps encore les représentations de l‟histoire de France. La résistance de ces représentations ne relève- t-elle pas plutôt de la nostalgie ? Qui pourrait encore parler aujourd‟hui d‟une marche universelle vers la liberté ? 4.1 L’apport de Pierre Nora sur la problématique des lieux de mémoire Les enquêtes nous font découvrir un paysage binaire où les représentations de l‟histoire de France se répartissent en deux univers. D‟une part, un univers identitaire, lié à la connaissance historique dans un cadre national précis, avec parfois des dimensions teintées de nostalgique. Ce premier aspect des enquêtes était souvent produit par des certifiés d‟histoire, par ailleurs les seuls à élargir l‟objet de leur réponse à la période médiévale ou à la période moderne, ce qui fut moins le cas pour les autres témoignages issus de certifiés d‟autres disciplines ou professeurs des écoles, tous plus sensibles aux exemples issus de la période contemporaine. D‟autre part, le deuxième univers qui domine est la représentation universaliste de l‟histoire de France, une perception souvent liée à une sorte de mission citoyenne reliée par la francophonie. Laquelle de ces visions de l‟Histoire semble finalement dominer ? Identitaire ou l‟universaliste? Dans le premier tome de son œuvre sur Les lieux de mémoire (1986) il rappelle avec nostalgie que la France veut encore présenter une histoire exemplaire lorsque le « monde n‟a plus de leçons à recevoir »160. Ce décalage entre les représentations et les attentes autour de l‟histoire de France perçue dans l‟hexagone et à l‟étranger remonte à longtemps selon Pierre Nora. En effet celui-ci indique que depuis la fin de la Première Guerre mondiale la France n‟est plus une puissance face à l‟évolution du monde et qu‟elle ne peut plus dès lors se « targuer d‟être le laboratoire historique des grandes expériences européennes »161. 160 NORA (Pierre), La nation mémoire, in les Lieux de mémoire, T.1, La République, Paris, 1986, Gallimard, p.653 161 NORA (Pierre), La nation mémoire, in les Lieux de mémoire, T.1, op.cit, p.654 114 Cette image du laboratoire historique existe pourtant encore à l‟étranger, pour les enseignants ayant répondu à nos enquêtes. Les représentations restent dominées par une vision conquérante marquée par 1789 et son message universaliste. Or ce positionnement de l‟histoire est devenu « naïf et dérisoire (…) L‟histoire a balayé ce modèle impérial et militaire. Ce n‟est que dans la mémoire que l‟histoire nationale comprend sa propre continuité. La France est sa propre mémoire ou n‟est pas »162. Ce rayonnement est encore perçu dans nos enquêtes. Pourquoi une telle résistance ? Trois thèmes récurrents soutiennent ce rayonnement : identité, continuité et communauté liée à cette histoire. Dans chacun de ces trois thèmes on retrouve l‟identité d‟une histoire des connaissances auquel s‟ajoute la continuité. La communauté est davantage liée à une vision mémoire où la France serait le « Christ des nations », affirmation d‟un universel démocratique bien décrit par Jacques Revel et André Burguière qui, comme Pierre Nora, reconnaît l‟instrumentalisation de la révolution française. Celle-ci expose encore les « promesses d‟un interminable passé : de Vercingétorix à Jeanne d‟Arc et aux vainqueurs de la Bastille, l‟histoire de France n‟offre-t-elle pas à qui sait la lire les signes d‟une marche obstinée vers la liberté ? »163 4.2 L’artefact de 1789 : un mythe romanesque, mais un mythe nécessaire Nos enquêtes entretiennent ces promesses d‟une marche vers la liberté soutenue par l‟arrière-plan de la francophonie, relais politique devenu naturel de cette vision universaliste de l‟histoire de France. Ces vingt-huit enquêtes nous ont donc permis d‟obtenir une observation générique de l‟histoire et une compréhension individuelle de cette histoire. L‟effet stéréoscopique que suggèrent ces enquêtes a généré une unité des représentations, à savoir une dimension morale et éthique et une conscience identitaire que les sondés ont de leur pays, qu‟ils observent par le filtre du pays d‟accueil. La dimension éthique dominante n‟est pour François Bédarida qu‟un « artefact »164 incluant mythes, imaginaire et croyances. Même si cette mémoire est un artefact, elle reste nécessaire selon Tzvetan Todorov pour qui l‟identité individuelle passe par l‟identité collective. 162 NORA (Pierre), La nation mémoire, in les Lieux de mémoire, T.1, op .cit, p. 655 BURGUIRE (André) et REVEL (Jacques), Préface à, L‟histoire de France, vol.1, L‟espace français, , Paris, 1989, Seuil, p.13 164 BEDARIDA (François), Vichy et la crise de la conscience française, in Azéma (Jean-Pierre) et Bédarida (François), Vichy et les Français, Paris, Librairie Arthème, Fayard, 1992, p .79 163 115 Ainsi, comme l‟explique Tzvetan Todorov, ces représentations sur-mémorielles ne seraientelles pas une façon pour la France de jouer « le rôle de victime »165 au détriment d‟une histoire ? Or, cette dimension mémorielle liée à la révolution française ne risque-t-elle pas de « paralyser » (expression de Paul Ricoeur) les représentations de l‟histoire de France ? La solution serait, toujours d‟après Paul Ricoeur, de proposer une réécriture interculturelle dans le cadre spécifique de la diversité culturelle intrinsèque à la francophonie. Cette option aurait pour avantage de relier l‟aspect identitaire et universaliste de cette histoire de France qui pourrait s‟inscrire alors dans une perspective de dialogue culturel. Plutôt que d‟exposer une histoire exigeant des vœux de fidélité nationale ou à l‟opposé obsédée par une mémoire éthique de 1789, une approche interculturelle permettrait de générer le plaisir de l‟écriture comme le plaisir de retraduire : « or c‟est dans la retraduction des mêmes textes originaux que se déclare, nous dit Antoine Berman, le désir de traduire et sans doute, son tourment et son plaisir. »166 Cette histoire interculturelle permettrait de lier une mémoire universelle et le pacte de vérité en histoire. Cela supposerait d‟accepter en amont cette entreprise, le relativisme intrinsèque à toute nation qui s‟exprime par des « symboles de masse »167 (comme par exemple une« cohésion surprenante », un « rythme collectif », une « décharge soudaine ») selon Elias Canetti. 4.3 L’universalisme plus important que l’aspect grégaire des représentations Les idées majeures telles que Liberté, Egalité et Fraternité ont donc structuré implicitement nos représentations. Ces notions concepts étaient secondées d‟événements ponctuels tels que la Première ou La Seconde guerre mondiale, ou une conquête (Napoléon en Espagne). Notre démarche fut donc celle d‟une question d‟histoire : quelles sont les représentations et pourquoi certaines plus que d‟autres ont constitué nos archives ? Ces enquêtes nous ont permis d‟affiner notre perception entre des représentations liées au savoir historique et celles liées à l‟universalité citoyenne. 165 TODOROV (Tvzetan), Les abus de mémoire, 1995, paris, Arléa, p.56 RICOEUR (Paul), L‟écriture et l‟histoire et la représentation du passé », in. Annales, juillet-août, 2000. 167 CANETTI (Elias), Masse et puissance, Paris, 1996 (1960), Gallimard, p. 181 166 116 Les lieux de mémoire de l‟histoire de France ne sont pas accessibles systématiquement : on trouve des traces archéologiques et urbaines à Shanghai, Pondichéry ou Casablanca, mais moins au Paraguay. Mais quand ces traces sont visibles, elles reflètent souvent un passé colonial, suggérant une rhétorique de dominant / dominé peu propice à une enthousiaste fièvre commémorative. Ces témoignages subjectifs parlent du « vrai » sur « un réel »168 qui est choisi dans l‟espace et dans le temps. Pour notre part, nous avons surtout eu le sentiment d‟avoir abordé une couche affleurant, à une date donnée, dans un lieu donné, d‟une perception politique et culturelle d‟une histoire. C‟est davantage une notion infra politique enfouie qui émerge et qu‟on appellera « sensibilité ». Les acteurs de ces enquêtes, par leur perception différentielle, représentent un groupe qui n‟a pas produit de discours politique « par le haut », mais qui a produit un discours infra politique dont l‟expansion, la circulation et la transmission sont complexes à établir selon la spécialité disciplinaire de l‟enseignant et sa position géographique. Ce qui fut intéressant dans leur témoignage c‟est également le large spectre historiographique présenté : certains présentaient des événements ponctuels (1789) d‟autres des périodes structurelles (« Reconquista », la Reconquête). Il est vrai que là encore ce sont les enseignants d‟histoire qui ont pu présenter des phénomènes structurels et parfois antérieurs à la période contemporaine. Les acteurs non certifiés d‟histoire avaient une vision plutôt politique du temps court, événementiel et encadré par la période contemporaine. Donc plusieurs sensibilités historiographiques ont pu émerger dans nos enquêtes, ce qui représente selon nous un gain épistémologique quand on étudie les représentations. Celles-ci, qu‟elles fussent culturelles ou politiques, étaient à l‟image de l‟anthropologie entendue par Claude Lévi-Strauss, à savoir qu‟elles présentaient des écarts en fonction des lieux et du type de mémoire implicitement suggéré. Peut-on encore parler d‟une fonction sociale de l‟Histoire à travers ces représentations ? Cette fonction de l‟histoire dans nos témoignages est liée à une dialectique passé / présent. On a surtout vu une désagrégation des certitudes, une débâcle en arrière-plan des idéologies. 168 PROST (Antoine), Douze leçons sur l‟Histoire, Seuil, 2010, Paris, 370 pages 117 4.4 Sacralisation et interdits diplomatiques Il nous faut nous poser la question de notre rapport à ces réponses et aux représentations. Avons-nous participé implicitement à la construction de ces représentations ? Car en effet nous avons créé un cadre et une référence de pensée dans nos questions, malgré nos efforts pour n‟être que médiateur. A cela s‟ajoute une difficulté conjoncturelle dans le traitement de nos réponses. Avant de diffuser notre enquête, l‟AEFE nous a demandé de supprimer les deux questions suivantes : Question n°11/ Quelles sont récemment pour la les manifestations culturelles ou politiques entreprises promotion de la culture française dans le pays où vous résidez?........................................................................................................................................ Question n°12 / Quelle est l‟image dominante de l‟histoire de France selon vous dans le pays où vous résidez ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 12.1/ Une image culturelle ?......................................................................................................... 12.2/ Une image politique ?.................................................................................................... 12.3/ Une image sociale ?....................................................................................................... 12.4/ Une image économique ?............................................................................................... Ces deux dernières questions semblaient peu appropriées, selon l‟AEFE, suite aux événements diplomatiques survenus en janvier 2011 entre la France et la Tunisie. Nous avons été confrontés en direct au pouvoir des institutions. La modification de notre questionnaire s‟est imposée. La réaction et la prudence diplomatique de l‟AEFE nous a permis, là aussi, d‟entrevoir ce que cette agence a comme représentation de l‟histoire de France et quelle image elle veut donner du pays et de son histoire. Ainsi la sélection faite par nos témoignages, propose une série de « lieux de mémoire » qui expriment non pas un sentiment national, mais des paysages sur l‟histoire de France consacrés à la permanence d‟une grandeur militaire (Napoléon et de Gaulle) et le rapport particulier d‟un discours lié à la Révolution française. Ces représentations de l‟Histoire de France nous ont ainsi obligé à mettre au jour le noyau symbolique de celles-ci et d‟en analyser l‟impact sur l‟ensemble de nos enquêtes. La difficulté à analyser ce noyau est du même ordre que celle à laquelle se confrontent les ethnologues qui étudient un mythe : il est très difficile de savoir si l‟analyse du mythe n‟est pas le meilleur moyen de le revitaliser. 118 Notre méthode a consisté à suivre un principe de décomposition de ces représentations. La France qui jusqu‟ici fut une grande nation intro-déterminée est présentée dans nos enquêtes comme une puissance moyenne extra-déterminée. Ce ne sont pas des représentations qui suggèrent une unité, une chronologie avec des repères précis qui pourraient graviter autour d‟une intrigue. Seuls sont présentés des symboles d‟une mémoire collective s‟estompant. Ce n‟est donc plus une histoire nationale mais une mémoire nationale qui apparaît dans ces enquêtes. 1789 ne devient-elle plus qu‟une date minérale dénuée de toute idéologie humaine? Serait-elle devenue un fétichisme sacralisateur? 4.5 La mémoire collective selon Maurice Halbwachs : des images et des idées Cette cristallisation s‟est opérée car la mémoire collective fonctionne, selon Maurice Halbwachs169, par le mélange de notions qui mobilisent des images et des idées. La sensibilité obtenue crée une signification sociale produite par un groupe social choisi, ici, les enseignants exerçant à l‟étranger. D‟après Maurice Halbwachs, chaque groupe construit ses représentations en fonction de ses intérêts actuels. Ainsi un groupe d‟enseignants expatrié aura une tendance (inconsciente ou non) à avoir un rôle actif au sein de la francophonie, face à la concurrence des autres lycées occidentaux (américain, britannique, etc.). Ces enseignants ont des représentations de l‟histoire de France qui sert leurs intérêts locaux ainsi que le rôle de représentation qu‟ils ont à tenir. Ce qui pose aussi le problème de la mise en scène de ces représentations par des personnes qui sont eux-mêmes en représentation. Cela peut s‟illustrer par la conception de l‟enseignement français ou de l‟enseignement en langue française proposant une alternative aux propositions anglo-saxonnes. Sont alors souvent évoquées dans nos enquêtes les vertus démocratiques d‟une francophonie résistante. Selon Suzanne Citron, la discipline histoire pour les enseignants garde, une résonance particulière et elle affirme ainsi : « L‟Histoire, cela sert d‟abord à faire la France »170. Ce volontarisme est-il entretenu par les enseignants qui exercent à l‟étranger ? 169 170 HALBWACHS (Maurice), Les cadres sociaux de la mémoire, 1994, Paris Albin Michel, 367 pages CITRON (Suzanne), Le mythe national, in. L‟histoire de France en question, 1991, 313 pages 119 Peut-on parler d‟une pratique pédagogique qui n‟entretiendrait une vision historique de la France que pour glorifier éternellement le présent ? Le mythe national de l‟histoire de France, même fragilisé, nous a semblé encore très présent bien que de manière très filandreuse dans nos enquêtes. Nos réponses ne sont pas des essais narratifs - peu adaptés à nos questionnaires- mais le récit est implicite par les personnages et les faits qui alimentent les actions militaires. L‟histoire ainsi représentée ne serait-elle plus qu‟un genre littéraire réduit à quelques métonymies militaires ? Hayden White et les tenants du « Linguistic turn » (tour linguistique) auraient-ils eu, au final, raison ? Paul Ricoeur nous rappelle que ces représentations ne prétendent pas à la vérité objective. L‟ensemble des récurrences de l‟aspect militaire et idéologique nous a permis de construire in fine un tableau de ces représentations. On voit que ce tableau peut constituer un commentaire sur l„histoire de France, une glose sur la manière dont cette histoire fut longtemps perçue et sur ce qu‟elle est aujourd‟hui. A la fois nationale et universaliste, rayonnante mais atone car essoufflée par une francophonie qui peine face à la mondialisation. Pour mesurer cet essoufflement, interroger des lycées français sur les cinq continents était pour nous une priorité pour mesurer les discours faits sur la francophonie et sur l‟histoire de France. Ces enquêtes sont donc conjoncturelles et relèvent d‟un pragmatisme où des sciences humaines telles que la sociologie, la linguistique ou la psychologie sociale nous ont permis d‟analyser des réponses croisant francophonie et histoire de France. Or, peut-on parler ici d‟un automne de cette grandeur ? Car nous ne sentons plus une dynamique d‟avenir. Ce qui est une rupture au regard de ce qui fut souvent l‟écriture de l‟histoire de France. Ainsi Pierre Nora en 1993 rappelle ce qui fut longtemps la dimension projet de cette histoire : « L‟Histoire et précisément l‟histoire nationale s‟est toujours écrite au point de vue de l‟avenir ».171 Ces « belles histoires », nous dirait Paul Veyne, ne semblent plus séduire comme auparavant. Elles impulsent encore un sourd écho idéologique lié à des héros qui ont vécu afin de fixer l‟horizon pour ceux qui constituent un reliquat de la « République des Lettres » à l‟étranger, à savoir les enseignants des lycées français. 171 NORA (Pierre), Lieux de mémoire, Tome 1, Gallimard, 1984, 674 pages 120 Leur position privilégiée leur permet encore, s‟ils le désirent, de faire de la recherche explorative (sur le pays d‟accueil), d‟enseigner avec leur culture et leur langue, et enfin, à l‟extérieur de leur établissement, de rencontrer un environnement médiatique particulier mettant en valeur leur double position. La forme d‟intelligibilité des représentations de l‟histoire de France est donc plurielle pour ces acteurs exogènes. Ils conservent tous un « sens à l‟histoire », entre raison et imagination. Raison car cela mobilise leurs repères culturels propres et imagination car les personnes du pays d‟accueil vont davantage mobiliser la partie imaginative de ces enseignants. Ce dialogue entre la culture française et celle du pays d‟accueil s‟est d‟ailleurs imprimé dans les nouveaux programmes au niveau du collège depuis 2009. Ainsi en sixième, on étudie la Chine des Han à son apogée sous le règne de l‟empereur Wu (140- 87 av. J.C) ou l‟Inde de la dynastie des Gupta (au IV et Vème siècle après J.C). En cinquième, on étudie l‟histoire de l‟Afrique où l‟on éclaire une civilisation de la zone subsaharienne au Moyen-Âge (l‟empire du Ghana, ou l‟empire du Mali, ou l‟empire Songhaï ou le Monomotapa). Ainsi, dans les cursus actuels, l‟histoire de France n‟est pas un récit qui isole la France, mais elle propose un dialogue interculturel que vivent plus naturellement au quotidien les enseignants exerçant à l‟étranger. Le jeu dialogué entre patrimoine national et patrimoine international est permanent. Est-ce à dire alors que l‟histoire nationale ne démontre rien comme le prédisait Paul Veyne en 1971 ? Pour lui, les représentations ne sont inscrites que dans un contexte conjoncturel car il n‟y a pas de vocation humaine à s‟en tenir à la vérité. Les ruptures, les paradigmes n‟existent plus tels quels. François Furet a montré que les expériences de 1789 et de 1917 sont difficiles à imaginer aujourd‟hui. L‟homme nouveau, à partir d‟une transformation politique, a peu de chance de voir le jour. Dans Penser la révolution, François Furet a montré comment cet événement, par sa rupture, a longtemps imprimé les représentations de l‟histoire de France : il a évoqué l‟histoire d‟une « tyrannie de l‟événement révolutionnaire ». Or le message s‟est estompé pour laisser la place à une nouvelle religion civile : le rayonnement de l‟idée des Droits de l‟Homme, phénomène assez nouveau, complète François Furet dans son ouvrage sur La République du centre. Ainsi 1948 remplace 1789. Et la Francophonie remplace peu à peu la France et son histoire. Est-ce une nouvelle situation, singulière ? 121 Nous ne sommes plus dans l‟histoire d‟une nation qui se met en scène comme ce fut souvent le cas d‟après le sociologue Jean-Claude Passeron : « C‟est par l‟histoire que la société française s‟est représentée à elle-même sa propre existence »172. Or, cette histoire étant moins fédératrice, la francophonie semble prendre le relais à l‟étranger car elle est plus empirique. Elle représente un univers culturel nouveau et international dans lequel on peut retrouver l‟histoire de France non plus comme un tableau récit et singulier, mais dans une logique sociale qui compare avec d‟autres histoires, dans une logique interculturelle. C‟est ici toute une philosophie de l‟histoire de France qui est posée pour demain et, au-delà, sur les formes nouvelles du discours scientifique sur l‟histoire de France pour le XXIème siècle. Ainsi la prise en main du message universaliste de 1789 par les enseignants vivant à l‟étranger transforme ceux-ci en missionnaires romanesques de l‟histoire de France. Ils ont d‟ailleurs un rôle diplomatique à jouer dans leur lettre de mission lors de leur contrat avec l‟AEFE. La francophonie à laquelle ils participent leur donne cette mission. Ils deviennent des médiateurs qui mêlent imagination de l‟histoire de leur pays vis-àvis des locaux et la raison pour eux-mêmes. La révolution française pourtant est de plus en plus concurrencée par les Droits de l‟Homme dans ces représentations. 1948 semble implicitement prendre le dessus sur 1789. La francophonie semble prendre le dessus sur la France. Les communautés semblent plus importantes que les hommes et les révolutions nationales d‟hier. Une autre écriture de l‟histoire est-elle en marche ? Peut-on nuancer cette mutation en cours que l‟on soupçonne ? Dans cette approche, nous avons décidé de mobilisé des outils liés aux nouvelles technologies et notamment l‟outil crée par l‟université d‟Harvard et baptisé culturomique. Nous allons voir si cet outil confirme les dominantes et les mutations qui touchent les représentations de l‟histoire de France dans le monde. 172 PASSERON (Jean Claude) et PROST (Antoine), L‟enseignement entre historiens et sociologues, in. Sociétés contemporaines, n°1, mars 1990. 122 4.6 Pour élargir nos recherches : le projet « culturomique » On le voit, ces 59 enquêtes peuvent proposer un regard intéressant sur une population en interface, à la fois endogène et exogène au système scolaire français. Les représentations identifiées par la voie de l‟enquête restent toujours limitées en nombre. Nous avons donc fait le choix d‟utiliser de nouveaux outils d‟exploration et un champ récent d‟étude nommé « culturomique »173. Cette option de recherche a pour avantage d‟analyser de nombreux ouvrages qui ont été numérisés. Ceci à une très grande échelle puisque cela concerne plus de cinq millions d‟ouvrages numérisés. Jean-Paul Delahaye, professeur à l‟université de Lille et chercheur au laboratoire d‟informatique fondamentale de Lille (LIFL) indique qu‟analyser les représentations d‟un groupe humain de manière exhaustive paraît impossible, limite que nous avons vécue dans la diffusion et le retour sur enquêtes AEFE. Jean-Paul Delahaye précise ainsi : « L‟informatique élargit le champ des variables évaluables. Elle offre des capacités de stockage massif d‟informations, elle réalise des collectes de faits, de chiffres et d‟images à grande échelle et les automatise. Elle donne aussi les moyens de traitement numérique ultrarapide pour l „exploitation de gigantesques bases de données ».174 Le « data mining », la fouille des données, est d‟autre part sans cesse renouvelée par des milliers de « Datacenter », ce qui est un avantage par rapport à l‟exercice de l‟enquête qui reste liée à un moment « t », de manière démiurgique et singulière. Analyser d‟un seul coup d‟œil des occurrences lexicales sur plus de cinq millions d‟ouvrages numérisés devient ainsi possible. Ces ouvrages ont été choisis dans les bibliothèques de plus de 40 universités dans le monde. Ces 5 millions d‟ouvrages représentent 4 % des livres publiés dans l‟histoire des Hommes. Ces livres furent choisis pour la qualité technique de leur numérisation ainsi que pour le caractère de leurs « métadonnées175 » (c‟est à dire qu‟ils présentent des informations générales en grand nombre). L‟ensemble de ces 5 millions d‟ouvrages sont constitués de cinq cents milliards de mots. 361 Mm (milliard de mots) de mots pour la langue anglaise, 45 Mm de mots pour la langue française (9%), quarante-cinq milliards pour la langue espagnole (9%), trente-sept milliards de mots pour l‟allemand (7%), et quelques milliards d‟autres pour les autres langues (langue russe : 35 Mmn, langue chinoise : 13 Mm, et langue hébraïque : 2 Mm). 173 http://www.culturomics.org DELAHAYE (Jean ŔPaul), La culturomique, in. Pour la science, n°406, août 2011, p. 82 175 EVANS (John) et FOSTER (J.), Metaknowledge, in. Science, vol. n.331, 2011, pp. 721-724. 174 123 Ce projet fut créé par les laboratoires Google (Googlelabs.com) en 2007 et fut coordonné par l‟universitaire exerçant à Harvard, Jean-Baptiste Michel, au sein de ce qu‟il nomme « L‟observatoire Culturel » de l‟université de Harvard.176 L‟outil Ngrams Viewer fut mis en ligne en décembre 2010. Toutefois le corpus numérisé par « Google abs » et traité par l‟équipe de Jean-Baptiste Michel n‟est accessible que partiellement. En effet, on ne peut d‟une part consulter directement ce corpus numérisé, parce que cela poserait un problème sur la propriété intellectuelle, et d‟autre part ce corpus est d‟une telle taille (taille qui atteint 4 téraoctets) qu‟il ne peut être abordé par un ordinateur courant. Cet accès n‟est donc que partiel. Mais cette approche nous a tout de même permis de confronter nos 59 enquêtes de l‟AEFE et de l‟AUF à ce corpus de cinq millions d‟ouvrages en exposant ces derniers à ce qui est devenu des occurrences dans nos enquêtes, à savoir : de Gaulle, Napoléon et 1789. Un programme construit par « googlelabs » permet ainsi de construire des « n-grammes » (qui sont les courbes obtenues). Quels résultats avons-nous obtenu en reprenant les trois idées majeures liées à nos enquêtes de l‟AEFE, à savoir, 1789, Napoléon et de Gaulle ? Pour chaque mot ciblé, ou repéré dans nos 28 enquêtes, nous pouvons savoir si la fréquence se confirme dans ces 5 millions d‟ouvrages. Le corpus ne prend pas en compte les journaux, revues, tracts, publicités et autres imprimés. La date de publication retenue pour les livres de ce corpus est celle donnée par l‟éditeur et donc dans ces courbes le livre peut apparaître plusieurs fois avec des dates différentes s‟il a été réédité. Ceci dit, un corpus de 500 milliards de mots reste un terrain formidable pour mesurer la notoriété des personnes, notamment politiques, qui peuvent cristalliser les représentations de l‟histoire d‟un pays, élément se détachant nettement dans nos enquêtes. On peut ainsi comparer la notoriété de De Gaulle et celle de Napoléon en mobilisant les langues française et anglaise. Pour ce qui concerne la Révolution française, nous nous sommes demandé si on devait l‟exprimer sous forme de date singulière (1789) ou par le groupe nominal « Révolution française » qui ne suggère pas seulement la Bastille (métonymie de 1789) mais aussi la révolution avec ses conséquences. Le problème essentiel dans ce programme est de ne pas pouvoir étudier les causes structurelles qui créent ces n-grammes obtenues. Malgré cette limitation, cette approche proposée par la culturomique propose un nouveau monde d‟exploration, un nouvel objet du monde. 176 MICHEL (Jean ŔBaptiste) et al., Quantitative analysis of culture using millions of digitized books, in. Science, vol. 331, 2010, pp. 176- 182. 124 Nous avons tout d‟abord analysé les trois éléments qui avaient dominé nos enquêtes, à savoir : 1798, Napoléon et de Gaulle, en utilisant des ouvrages publiés entre 1800 et 2000 et en utilisant la langue française (45 milliards de mots). NGRAMS– ANALYSE DES EDITIONS FRANCAISES DE NOS TROIS ITEMS On voit que Napoléon domine la Révolution française jusqu‟aux années 1960, et de Gaulle prend la relève à sa prise de pouvoir en tant que président en 1958. Napoléon subit deux ruptures : 1880 et l‟arrivée de la IIIème république et 1920. Peut-être faudrait-il mettre en rapport le lent déclin de Napoléon au XXème siècle avec le changement historiographique et le déclin de l‟histoire-bataille, l‟arrivée de l‟Ecole des Annales dans le débat historiographique, puis un enseignement contemporain mettant moins en valeur les « grands hommes ». 1789 se maintient sur les deux siècles mais reste bloqué dans une bande moyenne, qui nous fait penser à la dimension symbolique de l‟événement, dont le bicentenaire s‟affiche en atteignant la hauteur de 0,00400 %. Pour 1789, l‟essor à partir des années 1880 peut être mis en corrélation avec la mise en place de l‟enseignement lavissien qui valorise la Révolution française. Le général de Gaulle semble se comporter comme 1789 dans une logique de stabilité symbolique, entre des pics atteignant 0,00600 à sa sortie politique pour retomber par la suite à 0,00300 %. Les pics correspondent logiquement au gaullisme résistant puis au gaullisme au pouvoir. Le passage du de Gaulle-acteur de l‟Histoire au de Gaulle-objet d‟Histoire implique une moindre présence éditoriale. La référence à de Gaulle en politique s‟estompe aussi. 125 Plus largement, c‟est dans l‟après-Seconde Guerre mondiale que l‟on voit le déclin des références à 1789, Napoléon puis ensuite de Gaulle : peut-on y voir un signe du déclassement de la France comme grande puissance ? Une France perdant son empire et son rayonnement ne se projette pas ou n‟est pas projetée dans les hautes figures de la puissance, agissant pour que l‟Europe soit française… Dans la langue anglaise, cela se présente de manière plus nette pour Napoléon que nous avons présenté dans « GoogleNgram Viewer ». 1789 et de Gaulle semblent totalement écrasés par le phénomène Napoléon, présenté morphologiquement sans accent. NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS ANGLAISES DE NOS TROIS ITEMS La mémoire britannique de Napoléon est un des éléments constitutifs du sentiment national britannique qui se consolide au XIXème siècle. La forte référence éditoriale à Napoléon dans les années 1820-1850 est frappante à cet égard. Elle porte en creux la célébration des généraux et des victoires britanniques, ritualisée lors des banquets de Waterloo en juin. Et peut-être agite-t-on aussi le spectre de l‟Aigle pour mieux conjurer la puissance française et maintenir la France à sa place dans une Europe équilibrée, celle du traité de Vienne. A contrario, dès lors que les deux nations s‟allient (Entente cordiale de 1904) et qu‟il apparaît avec les deux guerres mondiales que la France ne pourra plus modeler l‟Europe à sa main, la figure de Napoléon s‟évanouit peu à peu. Le coup de grâce est donné par la décolonisation, la mondialisation et la construction européenne. Quand on choisit l‟anglais des éditions américaines (ci-dessous), on obtient les courbes suivantes : Napoléon reste là aussi dominant, pour diminuer nettement après la Première Guerre mondiale puis après les années 1970. 126 De Gaulle connaît une « embellie », mais elle retombe dès qu‟il quitte le pouvoir (fin années 1960). La tolérance américaine pour de Gaulle fut circonstanciée par l‟exercice empirique du pouvoir par le général « toléré » par Washington. NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS AMERICAINES DE NOS TROIS ITEMS Que constateŔt-on lorsque nous choisissons la langue allemande (ci-dessous) ? L‟héritage de la Révolution française est très net et constitutive de la nation allemande dont Goethe cristallise les espoirs (vite déçus) au début du XIXème siècle par l‟arrivée guerrière de Napoléon. Napoléon domine donc là aussi 1789. De Gaulle est « cérémonié » dans les années 1960 et se maintient à un bon niveau post-cérémonial. A mettre en rapport avec l‟axe francoallemand : le de Gaulle initiateur, avec Adenauer, de la réconciliation franco-allemande dans les années 1960, est évoqué voire invoqué pour présider aux destinées des couples francoallemands successifs. Au contraire des situations britanniques, américaines et même françaises, la référence à de Gaulle progresse dans les années 1990-2000. 127 NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE ALLEMANDE DE NOS TROIS ITEMS Que se passe-t-il dans la langue russe? (voir ci-dessous) Nous avons dû opérer à des contrôles : lorsque l‟on mettait 1789, Napoléon et de Gaulle ensemble, ce dernier disparaissait, car 1000 fois moins fréquent. Nous avons été obligés de procéder en deux graphiques. 128 NGRAMS– ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE RUSSE DE NOS TROIS ITEMS Pour Charles de Gaulle La référence à 1789 en Russie a surtout des ressorts politiques. Au XIXème siècle comme un des moyens de consolider le sentiment national à partir des années 1860 et ce jusqu‟à 1920. A partir des années 1920 comme une justification historiques des projets révolutionnaires socialistes puis communistes : les chefs socialistes sont imprégnés de l‟idée de mener à bien en Russie la révolution qui a changé le visage de la France 110 ans plus tôt, et de la réussir. Durant la Seconde Guerre mondiale, ou plutôt « la Grande Guerre patriotique », comme réactivation symbolique du patriotisme de défense face à l‟invasion de la Wehrmacht. 129 Pour les « Ngrammes » en langue espagnole, nous avons aussi traduit les noms propres car par exemple en espagnol l‟accent de Napoléon se met sur « o ».Le corpus numérisés en espagnol est de 45 milliards de mots (sur un total de 500 milliards). NGRAMS– ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE ESPAGNOLE DE NOS TROIS ITEMS Pourquoi cette spécificité espagnole sur Napoléon, plus évoqué entre 1890 et 1962, sous tous les régimes (Monarchie, République, Franquisme) ? Est-ce lié à l‟enseignement de l‟histoire ? Là on sent la présence de Napoléon et le traumatisme national qui est encore présent selon le témoignage de nos enquêtes issus des lycées français espagnols. Ici, la mesure de notoriété peut être négative et massive. Pour le corpus en langue hébraïque nous avons fait deux tableaux : un tableau reprenant l‟année hébraïque pour 1789, soit 5549. 130 NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS EN HEBREUX DE NOS TROIS ITEMS Et un avec 1789. Il est intéressant de noter ici, entre les deux systèmes de calendrier à quel point 1789 cristallise plus un symbole, une méta-sémantique alors que 5549 reste plus fonctionnaliste. Faut-il voir en la forte référence à 1789 et Napoléon vers 1920-1950 un réinvestissement par le sionisme des principes de droit des peuples, de souveraineté nationale mis au service de la revendication puis de la construction après 1948 d‟un Etat ? 131 NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE CHINOISE DE NOS TROIS ITEMS Le mystère fut comme pour la langue russe une disparition de réaction sur certains items. De Gaulle ou Napoléon ont disparu… malgré tous nos efforts pour vérifier les traductions. Face à cet incident, nous avons décidé de faire des comparaisons plus larges et utiliser des listes de mots : par exemple : Révolution française, Seconde Guerre mondiale, Grande Guerre, Empereur Napoléon, etc. Les possibilités sont donc infinies, mais nous voulions ici avant tout faire apparaître la concurrence entre les trois substantifs. Il n‟en reste pas moins que des contrôles morphologiques pourraient s‟avérer nécessaires pour ce type d‟outil. Dans le même ordre d'idée, si on compare Louis XVI et Napoléon, on pourrait aussi comparer aussi "roi Louis XVI" et "Empereur Napoléon". De tels contrôles peuvent s‟avérer inévitables. Suite à cette série d‟analyse sur nos trois représentations majeures des représentations de l‟histoire de France décliné en plusieurs langues, nous avons voulu que s‟affrontent notre seule date (1789) et nos deux personnages (Napoléon et Charles de Gaulle) à d‟autres personnages et dates connues de l‟histoire de France. Pour cela, nous avons repéré dans la presse française qui s‟occupe depuis 2010 / 2011 des polémiques autour de l‟histoire de France et de son enseignement en France des événements ou personnages mythiques qui ont longtemps constitué une mémoire populaire de l‟histoire de France. 132 Nous avons choisi d‟une part le numéro spécial de l‟Express177 du 24 décembre 2009 intitulé les « Grands mythes de l‟histoire de France » et, plus spécialisé, un numéro spécial de la documentation photographique dirigé par Dominique Borne intitulé Histoires de France. Nous avons repris dans les deux cas les dates et personnages fondateurs pour les confronter aux résultats de nos enquêtes. Nous avons cette fois-ci utilisé uniquement le corpus en langue française. Pour ce qui est des personnages, nous avons confronté Napoléon et de Gaulle à : Vercingétorix, Clovis, Saint Louis, Jeanne d‟Arc, Catherine de Médicis, Henri IV, Louis XIV et Clemenceau. NGRAMS– ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE FRANCAISE DE NEUF ITEMS Série 1 On le voit ici, Napoléon domine nettement les autres figures sur un corpus de 45 milliards de mots français, suivi par Louis XIV, puis de Gaulle, plus modeste. On peut noter la fin de vie de Clovis à partir de 1960. Puis nous avons confronté 1789 par rapport à d‟autres événements retenus par Dominique Borne dans ce numéro de Documentation Photographique178 de 2011 et ce numéro de L‟Express179 de 2009. 177 La couverture du magazine se trouve en annexe dans les images et représentations. BORNE (Dominique), Histoires de France, in Documentation photographique, dossier n° 8083, septembreoctobre 2011, 64 pages. 178 133 Nous avons ainsi choisi : Alésia, Attila vaincu, Charles Martel, la fronde, la Bastille, Valmy, Austerlitz et Eylau. Nous avons en effet ajouté la Bastille, pour voir si cet événement pouvait ainsi se confondre avec le nombre date 1789, ce qui n‟est pas le cas. NGRAMS – ANALYSE DES EDITIONS EN LANGUE FRANCAISE DE NEUF ITEMS Série 2 Là encore c‟est 1789 qui domine très largement. Face à cette écrasante domination de 1789, le poids des représentations de l‟histoire de France semble assez nettement idéologique et politique. Peut-on présenter, demain, d‟autres représentations de l‟histoire de France dans un monde en pleine mutation géopolitique ? C‟est ce que nous allons proposer dans la troisième partie de notre réflexion en créant un curriculum interculturel de l‟histoire de France. Cet outil est finalement relié à la théorie des thesaurus ayant pour principe que ceux-ci sont différents chez les individus, chez les collectivités et chez les peuples et que chaque notion a une valeur différente. Par exemple, le nom de Napoléon fait partie intégrante du thesaurus de la nation française et russe. On ne peut pas le rayer de l'histoire des deux nations sans faire de lacunes dans leurs histoires. Pour les Américains, Napoléon n'est qu'un nom historique, cristallisé par la vente de Louisiane. 179 WINOCK (Michel) et al., Les grands mythes de l‟histoire de France, in L‟Express, n° 3051-3052, déc.2009, pp. 64 à 137 134 Si on essaie de le rayer de la mémoire des Américains, vont-ils perdre autant que les Français ou les Russes? La valeur des faits historiques est relative. Leurs poids informatiques dans les thesaurus sont donc différents. Quelles sont les limites de cet outil, « Google NgramsViewer » ? Ce sont des images de la notoriété passagère d'un nom. Cette notoriété est influencée par de multiples facteurs liés aux histoires locales et probablement aussi à politique locale. Si la presse locale pour commenter un événement local fait appel à des comparaisons avec de grands hommes étrangers, il y aura des écrivains qui vont écrire autour de cet événement et citer de Gaulle, Napoléon, etc... Il reste donc difficile d'interpréter de manière précise ces courbes qui n‟offrent pas de contexte aux mots étudiés, et ce système ne reconnaît pas les polysémies. Comment alors contextualiser ? Il faudrait faire de gigantesques études sur les évènements locaux et mondiaux pour essayer de trouver pourquoi on cite de plus en plus pendant 10 ans un nom, avant que sa fréquence de citation décline (quand on n'a plus besoin de le citer, de l'utiliser pour expliquer ou comparer). En l‟absence de vérification des ouvrages qui ont été utilisés, nous avons été ici réduits à faire des hypothèses et à suivre nos intuitions pour comprendre les tendances culturelles possibles de trois représentations de l‟histoire dans un cadre purement lexicométrique. « Ngrams viewer » n‟est qu‟un outil heuristique qui apporte plus de questions que de réponses, mais il a eu l‟avantage de mettre en perspective que ce nous avons découvert auparavant dans nos 59 enquêtes. Repérer les artefacts et le positionnement des mots dans le temps nécessite surtout de mobiliser des connaissances théoriques, notamment épistémologiques ou politiques (l‟histoire politique des pays utilisant telle ou telle langue). Il n‟est donc pas certain qu'on puisse se baser juste sur l'occurrence d'un mot. Les résultats pourraient aussi être pondérés par la part variable des livres d'histoire dans la production totale. « Charles de Gaulle » et « 1789 » ne sont pas du même ordre et Napoléon est un peu plus romanesque que le Général : les occurrences au niveau des romans, pièces de théâtres ou manuels scolaires pourraient rendre l‟analyse plus fine. Enfin, les représentations sur l‟histoire d‟un pays par rapport à un autre pays se modulent dans le temps. L'intérêt pour la France est instable sur de longues périodes. On le perçoit dans les courbes « Ngramms » qui restent donc un outil formidable mais qui s‟attachent à la forme plus qu‟au fond explicatif. 135 Nous allons voir dans la troisième partie quels éléments il est possible de construire pour modifier ces représentations de l‟histoire de France, représentations basées au final sur l‟épopée idéologique de 1789 et les aventures militaires de Napoléon et du général de Gaulle. Cette modification est peut être possible en proposant une écriture interculturelle de l‟histoire de France, une « mise en intrigue » positive et empathique de cette histoire. 136 TROISIEME PARTIE COMMENT ECRIRE UNE HISTOIRE DE FRANCE INTERCULTURELLE ? 137 Introduction Dans cette troisième partie de notre étude, nous tenterons d‟aborder les perspectives possibles pour construire et écrire une autre histoire de France pour les étudiants et enseignants francophones étrangers. Cela suppose d‟avoir une démarche transdisciplinaire et de construire une réflexion ouverte dans le domaine des représentations. Une approche réflexive pour les modifier s‟impose donc. Cela suppose d‟avoir une lecture différente, intégrer d‟autres modèles liés à la diversité culturelle qui est encouragée actuellement par la politique financée par les réseaux de la francophonie. Ce sera donc l‟objet de notre premier chapitre. Dans un second chapitre, nous aborderons la nature conceptuelle même de cette histoire interculturelle encore en devenir. Quelle serait sa nature et quel objectif pourrait-elle atteindre ? L‟anthropologie culturelle pourra nous aider mais en ne suivant pas les modalités empruntées dans les manuels de FLE que nous avons analysés dans notre première partie. Notre démarche ne serait plus de minorer l‟histoire mais au contraire trouver des stratégies de dialogue, et mettre en avant des points d‟accroche communs entre cette histoire de France et tel pays ou telle région du monde, chose que nous avons abordée durant l‟été 2012 à l‟université de Hué, au Vietnam. Nous avons, par exemple, mis en parallèle l‟architecture de la cité de la dynastie des Nguyen avec le château de Versailles. Nous avons aussi souligné les oppositions culturelles. Ainsi quand en 1635 la France commence à rayonner sur l‟Europe, rayonnement dont une des manifestations est la fondation de l‟ »Académie française » en 1635, le Japon ferme ses frontières au monde en 1636. En d‟autres termes, au Vietnam et lors d‟autres séminaires, nous avons construit une ethnométhodologie pour écrire cette histoire de France qui serait interculturel. C‟est cette méthode que nous présenterons lors de ce second chapitre. Dans le troisième chapitre, nous passerons des concepts à la pratique de séquences pédagogiques sur cette histoire de France revisitée selon trois axes majeurs. Une approche diachronique qui reprend toutes les époques de l‟histoire de France en utilisant des objets, des métonymies qui pourront être mis en comparaison avec d‟autres objets issues d‟autres régions du monde. 138 Le second axe possible sera synchronique : en reprenant les « grands personnages » de l‟histoire de France, une vision explicitement lavissienne, nous tenterons de mettre en place une démarche de déconstruction de cette vision de l‟histoire en suivant les stratégies empruntées par Georges Duby dans Guillaume Le Maréchal. Troisième axe possible, nous proposerons une lecture linguistique de cette histoire interculturelle, en partant de champs lexicaux issus de petits dictionnaires d‟histoire et de géographie que nous avons construits et mis en ligne sur l‟Internet180 et qui se sont révélés de bons outils pour construire des séquences et faciliter des évaluations écrites ou orales. Nous verrons notamment le cas de séquences pédagogiques interculturelles entre la France et la Hongrie. Enfin, dans un quatrième et dernier chapitre, nous aborderons les perspectives mais aussi les limites de cette histoire en « construction », et donc fragile. Car les obstacles restent nombreux à franchir, notamment au niveau institutionnel. Dans les annexes jointes à cette étude, nous avons tenté de faire la synthèse de cette réflexion en créant un curriculum de cette histoire de France qui pourrait prétendre à être interculturelle. La première difficulté pour une telle entreprise est de se poser la question du récit et de la pertinence des "repères" diachroniques pour les étudiants étrangers francophones. Ce qui suppose d‟intégrer la chronologie de leur pays et d‟un pays tiers, afin de créer une dynamique interactive, qui n‟est donc pas à confondre avec l‟histoire globale. C'est-à-dire que nous proposons ici un enseignement où l‟on présente synchroniquement l‟histoire de France, l‟histoire du pays des étudiants étrangers et des exemples issus d‟un pays tiers. Il faudrait s‟interroger sur ce que l‟on attend de cet enseignement tri-synchronique, et quel type de savoirs on peut viser. L‟histoire de France n‟est plus certes celle des mythes, mais nous avons vu dans nos réflexions précédentes qu‟il y a une persistance ou une résistance du roman national. Aussi ce curriculum interculturel de l‟histoire de France suppose de tout évoquer même si on prend le risque de se diluer. Pour éviter ce danger, nous avons voulu traiter quelques grandes questions « incontournables » à travers des études spécifiques, ce qui supposait des choix subjectifs et la délicate articulation entre les exemples choisis et le thème global. A vouloir effectivement tout dire, on risquait fort de rendre impossible la construction d‟une telle entreprise. 180 www.bailble.com/dico 139 C‟est pourquoi nous avons insisté sur la mise en valeur des problématiques dans chaque séquence pédagogique. En effet, la problématique est la seule accroche qui permet de faire comprendre aux étudiants étrangers la complexité des temporalités avec ses emboîtements d‟échelles (politiques, sociales, culturelles). Il s‟est ensuite posé la question du statut du document. Il a fallu identifier des documents, mener une réflexion critique sur des sources de nature différente, aborder des œuvres d‟art, des documents patrimoniaux et cerner la place des documents choisis de l‟histoire française, de l‟histoire du pays de l‟étudiant et un document issu d‟un pays tiers. Cette histoire triangulaire était selon nous, la seule façon d‟élargir nos recherches afin de prendre en compte les évolutions sur les représentations de l‟histoire de France. Cette histoire interculturelle ainsi cadrée dans une programmation pourrait être l‟expression d‟une volonté de prendre en compte la pluralité des cultures. La vraie difficulté est aussi géographique. Cette histoire de France interculturelle exige de ne pas être « européocentré », sans quoi nous serions dans une logique de reconstruction d‟un passé qui laisserait croire à une « vieille » histoire de l‟Europe, face à d‟autres mondes qui n‟auraient existé que dans le cas où les Européens les auraient abordés. Les obstacles restent nombreux, et c‟est ce que nous allons voir dans notre premier chapitre. 140 Chapitre 1 / Epistémologie, philosophie et histoire interculturelle. Les commandes d‟une histoire vraie encadrée par les Etats sont l‟inverse de la pensée relativiste et, au-delà, interculturelle, que nous proposons. Le vrai relève du religieux. Les promesses des « Lumières » s‟estompent aujourd‟hui ainsi que l‟approche européo-centrée pour une géopolitique multilatérale de la culture dans le monde. Comment dans ce nouveau contexte penser et écrire l‟histoire d‟un pays ? 1.1 Les représentations sont-elles vraies ? Pour le philosophe français Richard Rorty181 cette idéologie du réel est un obstacle. Selon lui la réalité comme principe obligatoire relève du religieux. Il n‟y a pas de réalité absolue. Les représentations sont seulement des ajustements de l‟Homme à son milieu. Elles sont vraies lorsque l‟on peut les utiliser et les justifier. Donc les représentations de l‟histoire sont vraies, mais ce principe relève du religieux et des commandes démiurgiques des Etats. Car écrire l‟histoire nationale d‟un pays est politiquement « sensible ». Depuis les années 1970 ces commandes sont explicitement remises en question. L‟Etat ne contrôle plus ses images et ses guerres, comme celle du Vietnam qui a montré la fragilité d‟une armée qui de libératrice est devenue occupante. Le temps des représentations mythiques est en crise car celles-ci véhiculaient un métadiscours idéologique et universaliste qui n‟est plus opératoire. Les idéaux des Lumières trahis par la Seconde Guerre mondiale ont montré toute leur faiblesse structurelle : comment ce processus de rationalisation des idées du XVIIIème a-t-il pu aboutir, à l‟opposé de tout humanisme, à la tragédie soulignée par Theodor Adorno182 et Max Horkheimer dès 1947. Jean François Lyotard dans son ouvrage de 1979, La condition post-moderne : rapport sur le savoir, rappelle que ces métarécits, qui avaient un sens ultime, n‟ont pas tenu leur promesse : que ce soient les « Lumières », Marx, Hegel, le positivisme… 181 ENGEL (Pascal), et RORTY (Richard), A quoi bon la vérité ? , 2005, Grasset, Paris, 91 pages ADORNO (Theodor) et HORKHEIMER (Max), La dialectique de la raison, 1974, Paris, Gallimard, 281 pages 182 141 Pour Paul Feyerabend, toute science s‟est construite dans la transgression. Tout est mythe. Il dit en 1979 : « La science est une entreprise essentiellement anarchiste »183 au sens épistémologique du terme. Pour cet épistémologue, chaque théorie scientifique est incommensurable, c'est-à-dire qu‟au cours de l‟histoire chacune de ces théories sont liées à leur contexte et ne sont donc pas comparables. Toute représentation doit être contextualisée. Une science n‟est que le mythe du jour, commandé par un Etat. Les connaissances sont ainsi présentées de manière unilatérale. Pour Paul Feyerabend, on devrait formuler toute science ou programme scolaire ainsi : certaines personnes croient que…tandis que d‟autres pensent que …. Démarche tout à fait naturelle dans un curriculum interculturel. Presque 20 ans plus tard, Vincent Descombes dans La denrée mentale184 poursuit le raisonnement contextuel de Paul Feyerabend en affirmant que nos idées ne viennent pas de nos têtes, mais d‟un environnement historique, et c‟est pourquoi l‟auteur tente d‟« externaliser » la pensée de l‟esprit. Encore une fois, le « tout relatif » est présent, inévitable. Ce relativisme de la pensée des Hommes se mesure aussi à son individualisme propre, qui s‟est opéré avec le déclin des religions. Ce phénomène semblerait créer une liberté mais aussi un sentiment général d‟inquiétude diffuse. Cet aspect pluriel a été longtemps cautionné par Gilles Deleuze. Le philosophe s‟est toujours élevé toujours contre les vérités uniques, qui sont un appauvrissement du réel. Tout est singulier, même derrière les répétitions185. Cette pensée de la différence touche les idées et la pensée même de l‟histoire. L‟histoire des idées comme l‟histoire économique. Pour Gilles Deleuze, l‟histoire ne se répète donc pas. Tout est singulier. Parce que tout se fait dans la conjoncture et le rapport à l‟Autre. 183 FEYERABEND (Paul), Contre la méthode. Esquisse d‟une théorie anarchiste de la connaissance, 1988, Paris, Seuil, 349 pages 184 DESCOMNBES (Vincent), La denrée mentale, 1995, Paris, Ed. Minuit, 348 pages 185 DELEUZE (Gilles), Différence et répétition, 1972, Puf, Paris, 409 pages 142 1.2 Une histoire pour se connaître à travers le regard de l’autre : travail de mémoire et non devoir de mémoire Ce rapport à autrui est une nécessité pour s‟accomplir. Si on imagine une histoire interculturelle de la France présentée et adaptée aux autres cultures, on est dans une approche pragmatique dirait le linguiste, dans un agir communicationnel dirait Jürgen Habermas. Tzvetan Todorov, dans La vie commune (1995)186 évoque l‟obligation pour les Hommes de satisfaire un désir de reconnaissance. Il indique la présence en chacun de nous d‟un désir de reconnaissance. Ce serait l‟un des fondements ultimes de la nature humaine, déjà esquissé par Rousseau dans son Discours sur les origines de l‟inégalité parmi les Hommes ou chez Hegel dans la Phénoménologie de l‟esprit. D‟après Todorov, cette analyse montre qu‟une partie de nous-même est condamnée à se réaliser à travers les autres. Cette reconnaissance par l‟autre avait déjà été entrevu par Hans-Georg Gadamer dans son ouvrage Vérité et méthode de 1960. Il nous faut mobiliser notre culture, notre langue et notre histoire pour nous ouvrir à la pensée d‟autrui, cet autre nous-même. Or, la démarche pour construire une histoire interculturelle de la France pourrait s‟interpréter comme une auto-herméneutique. Il faut que les énoncés proposés aient « du sens », c‟est à dire présentent des faits. L‟herméneutique philosophique de H.G. Gadamer a été complétée par la « raison communicationnelle », concept de Jürgen Habermas. Ce dernier, en 1981, dans son ouvrage Théorie de l‟agir communicationnel187 nous invite à revenir à l‟esprit des « Lumières », en liant raison et communication. Moins d‟universalisme et plus de pragmatisme. Cette ouverture au pragmatisme, et à l‟autre, constitue la toile de fond de la réflexion de celui qui a pensé le temps, Paul Ricoeur. Dans Temps et récit, écrit entre 1983 et 1985188, il rappelle que l‟intrigue narrative est ce qui humanise le temps, ce qui lui donne une perception humaine. Là encore, ce philosophe de la conciliation souligne la dimension de l‟altérité dans le discours sur le temps dans lequel il invite à se considérer comme un autre, à parler de soi mais dans un souci de « bien vivre »189 encourageant la pluralité des points de vue, et non une norme singulière et immobile. 186 TODOROV (Tzvetan) , La vie commune : essai d‟anthropologie générale, Paris, Seuil, 2003, 210 pages HABERMAS (Jürgen), Théorie de l‟agir communicationnel, 1987, Fayard, Paris, 448 pages. 188 RICOEUR (Paul), Temps et récit, 1983-1985, 2 vol., Paris, Seuil, 319 et 233 pages 189 RICOEUR (Paul), Soi comme un autre, 1990, Paris, Seuil, 424 pages 187 143 Plutôt que d‟entretenir les « fièvres commémoratives », Paul Ricoeur propose une vision apaisante de l‟histoire, permettant même l‟oubli. Au lieu d‟assister à un permanent « devoir de mémoire », il propose un « travail de mémoire » 190 loin des injonctions « vérité et fidélité » liées au « Souviens-toi » du Deutéronome. L‟histoire interculturelle serait au contraire un travail de mémoire collectif et dialogué avec les autres cultures et non un devoir basé sur l‟idée de Nation. Ce devoir de mémoire ne serait qu‟une conception de l‟histoire occidentale qui aurait créé au XXème siècle une « techno science »191 selon Jürgen Habermas. Pour ce dernier, cette techno science ne serait qu‟une vérité qui ordonne la pensée des Hommes vers une marche forcée. Tout est relatif et se fait par des ruptures et des bouleversements. Tout est discontinuité. Ce relativisme scientifique et anthropologique est sans doute la meilleure approche pour créer les cadres de l‟histoire interculturelle adaptée à chaque pays, tous dotés de sphères de pensée adaptées au local, ou régional. Ce jeu d‟échelle est nommé par Michael Walzer d‟« égalité complexe »192. 1.3 Une histoire interculturelle ? Une approche réflexive Ce jeu sur le complexe fut identifié par Charles Taylor lorsqu‟il rédigea les Sources du Moi en 1989. Penser soi-même par un subjectivisme radical à la Saint-Augustin ou penser soimême par utilitarisme ordinaire n‟est pas opératoire pour penser l‟Autre. Ces deux approches sont incapables selon Charles Taylor de reconnaître la multiplicité. Rendre compte de la multiplicité du monde suppose de dépasser ces deux approches pour former une histoire interactive, c'est-à-dire ouverte à l‟autre.193Cette présence d‟esprit où le Moi s‟observe, cette démarche réflexive permet à la fois de dialoguer et d‟éviter les égarements de la non-pensée qui peuvent aboutir à des drames bien décrits par Hannah Arendt dans son recueil Responsabilité et jugement194rédigé entre 1950 et 1973. 190 RICOEUR (Paul), La mémoire, l‟histoire, l‟oubli, 2000, paris, Seuil, 675 pages. HARBERMAS (Jürgen), La technique et la science comme idéologie, 1968, Gonthier, Paris, 211 pages 192 WALZER (Michael), Sphères de justice, 1997, Seuil, Paris, 475 pages 193 TAYLOR (Charles), Les Sources du Moi. La formation de l‟identité moderne, 2003, Cap Saint Ignace, Boréal, 712 pages 194 ARENDT (Hannah), Journal de la pensée, 1950-1973, Paris, 2005, Seuil, 1324 pages 191 144 Elle écrit ainsi : « La manifestation du vent de la pensée n‟est pas la connaissance : c‟est l‟aptitude à dire ce qui est juste ou injuste … et cela peut empêcher des catastrophes ». Comment écrire de manière décentrée et multidirectionnelle une histoire ouverte aux autres cultures ? Une autre réponse a été esquissée par l‟ouvrage Mille Plateaux195 réalisé en 1980 par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Ces derniers ont inventé une philosophie foisonnante où fourmillent des néologismes, des concepts inédits distribués dans un livre conçu comme un « rhizome » et où chaque partie, chaque plateau, semble autonome. Cette approche qui relève de l‟expérimentation peut offrir un cadre pertinent à une histoire interculturelle disposant de ses propres concepts opératoires. Opératoires car il ne s‟agit pas pour nous de reconstruire un système théorique de l‟histoire, mais un mode de vie existentiel de l‟histoire, au sein d‟une pédagogique constituée d‟exemples. Cette « égalité complexe » de l‟histoire des Hommes peut être un voyage au milieu des rizières « deleuziennes » qui offre à chaque terrasse un nouveau paysage, découvert, aperçu. Chaque rhizome serait finalement un contexte, un épistème. 1.4 Quelle épistème pour une histoire interculturelle ? Au service d’une communauté éthique Selon Michel Foucault, l‟épistème est le cadre général de pensée à chaque grande période de l‟histoire du savoir des Hommes. Michel Foucault distingue trois épistème(s) 196: jusqu‟au XVIème siècle, les Hommes comprennent le monde par la ressemblance et l‟interprétation, puis au XVIIème siècle par la représentation et l‟ordre et enfin, à partir du XIXème siècle, c‟est l‟histoire et l‟homme lui-même qui rentre dans le champ du savoir. On pourrait ici jouer sur les trois épistème(s). L‟histoire interculturelle est cristallisée par le troisième épistème de Michel Foucault, c'est-à-dire lorsque la réalité historique pose comme problème central la place de l‟homme dans l‟histoire. Ce qui en viendrait à parler d‟une conception holiste197 de l‟histoire interculturelle ? Cette dernière serait appréhendée non isolément, mais seulement dans le cadre d‟un système de propositions qui a pour but de comparer et distinguer les différences et les points communs d‟un pays à l‟autre. 195 GUATTARI (Félix) et DELEUZE (Gilles), Mille plateaux, 2002, Ed Minuit, 645 pages FOUCAULT (Michel), Les Mots et les Choses, 1966, Paris, Gallimard, 400 pages 197 QUINE (Willard O.), Le Mot et la chose, 2010, Paris, Flammarion, 399 pages. 196 145 Cela pourrait se manifester par l‟élaboration de manuels toujours ouverts à d‟autres variantes. Il y a ici obligation à une indétermination épistémologique de l‟histoire. Plutôt que de chercher une vérité historique, il y aurait dans cette histoire la recherche de nouvelles solidarités, la création d‟une nouvelle éthique. Alex Honneth198, élève de Jürgen Habermas évoque à partir d‟Hegel la lutte pour la reconnaissance des Hommes. Il distingue trois types de relations : relations primaires liées à la famille (amour, amitié), celles liées à la société civile (droit) et celles de l‟Etat et des communautés de valeur (solidarité). Ce serait ce dernier cadre qui pourrait servir de toile de fond naturelle à l‟écriture d‟une histoire interculturelle. 1.5 L’approche interculturelle de l’histoire au service d’une « morale internationale » L‟approche comparatiste peut souligner les points communs et les différences dans une logique positive. Mais cette approche n‟est pas souvent partagée dans la réalité. C‟est ainsi que Monique Canto-Sperber199 affirme que la violence du monde est liée à l‟interdépendance des sociétés où chacune d‟entre elles en se comparant stimule le ressentiment ou l‟envie. C‟est pourquoi une philosophie de la morale est nécessaire pour écrire une histoire interculturelle. Cette morale souligne le fait qu‟il faut entretenir et construire de manière réaliste une éthique internationale, ce qui a inspiré nombre d‟idéalistes, tels Grotius ou Kant. Le premier obstacle à la construction de cette éthique est de penser l‟histoire d‟un pays sans esprit critique ni interrogation. L‟expérience interculturelle de l‟histoire, c‟est lorsqu‟il y a un processus d‟interprétation dû à un effort d‟abstraction, et à une volonté de comprendre pour évoluer, changer la perception de sa culture et de son histoire par rapport à la culture d‟autrui. Dans ce jeu des inter-représentations de l‟histoire le sens commun qui se dégage est une opinion qui traduit davantage des besoins en connaissance qu‟une véritable pensée. Cela suppose d‟opérer une véritable psychanalyse des connaissances des uns et des autres sur l‟histoire de son pays. 198 HONNETH (Alex), La lutte pour la reconnaissance, 2000, Paris Du Cerf, 232 pages CANTO-SPERBER (Monique), Le bien, la guerre, la terreur. Pour une morale internationale, 2005, Paris, Plon, 359 pages 199 146 C‟est une approche réflexive qui renvoie au courant constructiviste en matière pédagogique suggéré par Gaston Bachelard200, et ce, dès 1938. L‟objectif est de partir de ses représentations pour aller vers d‟autres représentations. Cette histoire interculturelle serait-elle existentialiste ? Cette histoire serait-elle « sans Dieu » dans une sémantique de Jean-Paul Sartre201. Dans une certaine mesure, elle est existentialiste car elle propose une approche sensible, sans destin et sans déterminisme. Elle est une suite d‟actions et de rencontres, d‟une culture à l‟autre face aux événements marquants de deux voire trois pays considérés de manière synchronique. C‟est aussi une histoire angoissante, car elle nous engage à faire des choix dont nous sommes responsables. Cela pose la question suivante dans les processus d‟apprentissage : quel est mon rapport avec l‟histoire de mon pays et l‟histoire du pays que je me représente ? Le comparatisme est ici une posture positive dans l‟approche interculturelle, si l‟on admet une éthique internationale. Cette approche réflexive de l‟histoire manifeste une analyse de ce que l‟on se fait de l‟histoire de son pays pour mieux comprendre les représentations que l‟on se fait de l‟histoire d‟un autre pays. C‟est donc une conception existentialiste de l‟histoire car elle est sans Dieu ou sans Etat. Elle est sensible et sans destin. Il n‟y a plus de mission christique. Mais cela suppose une certaine angoisse, et une attente sans fin. Mais elle permet aussi de répondre aux besoins nouveaux de valeur telle que la solidarité au niveau international, évoquée auparavant par Alex Honneth. Le fait de proposer un regard croisé sur des événements donne la liberté d‟interpréter. Cette perception du temps sera une perception ouverte, ce qui n‟est pas sans renvoyer à l‟analyse de Martin Heidegger202, dans Etre et temps (1927). Cet ouvrage nous montre l‟essence humaine du temps, c'est-à-dire le fait d‟être abandonné à soi-même, ouvert aux possibles, au projet à accomplir. Bien sûr, l‟autre aspect de cette ouverture du temps humain le « Dasein » - est un sentiment d‟angoisse face à ce néant, ce que Heidegger nomme le « Sorge », le souci permanent. La différence essentielle est que Martin Heidegger envisageait cette angoisse temporelle en suggérant le futur. Or, l‟objet de notre étude est le passé. La vérité absolue des faits est impossible. L‟histoire interculturelle empêche une vérité unique. Tout est regard pluriel, sans règles étroites et ambitieuses. 200 BACHELARD (Gaston), La formation de l‟esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective, Paris, 2004, J. Vrin, 305 pages. 201 SARTRE (Jean Paul), L‟existentialisme est un humanisme, 1963, Paris, Nagel, 141 pages 202 HEIDEGGER (Martin), Etre et Temps, 1964, Paris, Gallimard, 324 pages 147 Pour Jaques Revel203, les historiens n‟aiment pas les spéculations intellectuelles, les modèles abstraits ou la philosophie de l‟histoire. Ils préfèrent la singularité des faits et sont dotés d‟une culture empirique de leur science. Cette approche artisanale de l‟histoire n‟est pas incompatible avec l‟histoire interculturelle mais celle-ci met le lecteur dans une position qui l‟implique, presque dans une position d‟historien. L‟étudiant regarde l‟histoire d‟un autre pays pour mieux comprendre son histoire. Cette histoire interculturelle serait donc une approche déconstructiviste204 car elle invite chacun à regarder son histoire et celle des autres pays. Chaque histoire a ses ambiguïtés, ses apories. L‟histoire interculturelle serait donc plus une posture qu‟une méthode. 1.6 Une posture ouverte mais qui exige la « connaissance » et des « choix » pertinents Cette posture permet d‟accepter différentes historicités déjà entrevues dès 1952 par Claude Levi-Strauss205. Mais cela n‟autorise pas des discours d‟exclusion comme celui de Dakar où l‟Afrique découvrait qu‟elle n‟était pas rentrée dans l‟histoire. A cette acception des temporalités s‟ajoute le choix des documents que l‟on veut étudier pour construire cette histoire interculturelle. Le choix est une opération inévitable. C‟est ce qu‟explique Lucien Febvre dans ses Combats pour l‟histoire206 en 1965 : « L‟historien ne saurait choisir les faits (…) mais toute histoire est un choix. » Il analyse ainsi l‟exemple de Ravaillac et Henri IV et rappelle que cet événement est incrusté comme d‟autres dans un « complexe enchevêtré du donné. » « Elaborer un fait c‟est construire ». Alors doit-on aborder cette histoire par un temps court ou long, ou bien doit-on faire la synthèse ? Que choisir ? Ces deux approches furent soulignées en 1968 par Michel Foucault 207 : « Pour l‟histoire, sous sa forme classique, le discontinu était à la fois le donné et l‟impensable (…) ce stigmate de l‟éparpillement temporel ». Ce discontinu, c‟est au XXème siècle le « passage de l‟obstacle à la pratique (…) le concept opérateur qu‟on utilise » Ce discontinu dans le temps, c‟est « l‟élément positif qui détermine son objet et valide son analyse » (…) 203 BERTHELOT (Jean -Marie) (Dir.), Epistémologie des sciences sociales, 2001, Puf, Paris, 593 pages DERRIDA (Jacques), L‟écriture et la différence, 1979, paris, Ed du Seuil, 435 pages. 205 LEVI-STRAUSS (Claude), Race et histoire, 1952, Gonthier, coll. Médiations, pp.41-49 206 FEBVRE (Lucien), Combats pour l‟Histoire, Armand Colin, Paris, 1965, pp.6-8 207 FOUCAULT (Michel), « Réponse au cercle d‟épistémologie », in. Cahiers pour l‟analyse, n°9, été 1968, Ed du seuil, pp.10-11 204 148 C‟est un certain usage réglé de la discontinuité pour l‟analyse des séries temporelles. » Discontinuité et temps bref s‟opposent à la longue durée et l‟histoire quantitative qui pourrait servir de toile de fond pour comparer et fédérer différentes histoires. Fernand Braudel208, en 1958, rappelle les différences essentielles entre les choix du temps court et du temps long : « l‟histoire traditionnelle est attentive au temps bref, à l‟individu, à l‟événement, nous a depuis longtemps habitués à son récit précipité, dramatique, de souffle court…Un événement à la rigueur peut se charger d‟une série de significations (…) par ce jeu d‟addition, Benedetto Croce pouvait prétendre que dans tout événement, l‟histoire entière , l‟homme entier s‟incorporent et puis se redécouvrent à volonté… ». On voit que dès 1958 Fernand Braudel n‟a pas totalement fermé la porte au temps court et encore moins en 1986 lorsqu‟il publie L‟identité de la France. Une histoire interculturelle semble donc, dans un esprit d‟ouverture à la diversité culturelle, tenir la posture de l‟ouverture épistémologique en acceptant la démarche du temps court et du temps long. Car le temps court reste une demande sociale et culturelle des étudiants étrangers francophones. Nous l‟avons vu lorsque nous avons étudié les méthodes de FLE mais aussi lors de nos colloques entrepris d‟Europe en Asie sur le thème de « Comment enseigner la civilisation française dans les cours de FLE ? » Pourquoi cette fascination pour le temps court ? Car il mobilise le moi « pathétique » de ceux qui aiment un pays, et ils en ressentent le besoin lorsqu‟ils lisent un historien qui a la même démarche. Qu‟en est-il de ce moi « pathétique » ? Le philosophe du temps Paul Ricoeur209 décrit les deux bornes psychologiques qui encadrent l‟historien : « L‟historien va aux hommes du passé avec son expérience humaine propre (…) l‟historien fait surgir les valeurs des hommes d‟autrefois (…) sans partager la foi de ses héros ; il ferait alors rarement de l‟histoire mais de l‟apologétique, voire de l‟hagiographique. » Il réalise alors le « transfert dans un autre présent imaginé » (…) « capacité de rencontrer un autrui de jadis. » L‟historien fait lui-même une transformation en distinguant deux positions : le « moi de recherche et le moi pathétique ». Ce moi de recherche signifie, selon Marc Bloch, « comprendre sans juger », formule qui fait écho au vieil adage « sine ira nec studio ». 208 BRAUDEL (Fernand), Histoire et sciences sociales : la longue durée, Annales, Paris, Octobre, 1958, pp. 727- 731 209 RICOEUR (Paul), Histoire et vérité, 1955, Seuil, pp.31-34 149 Mais ce moi pathétique peut aussi être utile car il permet d‟aller au-delà de « l‟apparente apathie de l‟hypercritique». Il est clair que ce moi pathétique relève de l‟émotion, médium capable de mobiliser une lecture chez l‟apprenant étranger. C‟est cette typologie particulière qui fut identifiée par Georges Duby dans le Dimanche de Bouvines210, publié en 1973. Lorsque le célèbre médiéviste analyse ce qui s‟est passé entre midi et 5 heures de l‟après-midi à Bouvines ce 27 juillet 1214, il entreprend de comprendre ce qui se passe au-delà de la bataille. Les témoins qui regardent ne sont que des « Fabrices » et Georges Duby explique alors : « C‟est la raison qui me conduit à regarder cette bataille et la mémoire qu‟elle a laissée en anthropologue, autrement dit à tenter de les voir, toutes deux , comme enveloppées dans un ensemble culturel différent de celui qui gouverne aujourd‟hui notre rapport au monde ». Il propose alors trois démarches conjuguées pour faire une analyse complète de tout événement en histoire : il suggère tout d‟abord de replacer les événements dans « le système de culture qui reçut en son temps leur empreinte ». Puis, si ces événements furent si importants, il faut alors mesurer « les traces exceptionnelles profondes qui en demeurent ». Puis, il faudra enfin mesurer si ces traces nous instruisent sur « le milieu culturel au sein duquel l‟événement vient d‟éclater, puis survit à son émergence ». Ces trois démarches d‟anthropologue peuvent permettre selon Georges Duby, de mieux comprendre « l‟action que l‟imaginaire et l‟oubli exercent sur une information, l‟insidieuse pénétration du merveilleux, du légendaire et tout au long d‟une suite de commémoration, le destin d‟un souvenir au sein d‟un ensemble mouvant de représentations mentales. » Que nous conseille en définitive Georges Duby en 1973 ? Il faut partir de manière inductive de l‟événement mythifié et remonter en amont vers la structure que l‟on peut diviser en trois parties : le système culturel de l‟époque, le caractère exceptionnel de cet événement par rapport au quotidien et son impact jusqu‟à aujourd‟hui, soit être un anthropologue de la culture. Hegel explique en 1822 ce qu‟est l‟histoire « philosophique », approche qui peut permettre de fédérer plusieurs cultures. Le philosophe distingue trois types d‟histoire211 : originale, réfléchie et philosophique. L‟histoire originale est celle du fait brut et solidaire de la direction politique et militaire qui lui est contemporain. 210 DUBY (Georges), Le dimanche de Bouvines, Ed Gallimard, 1973, pp. 12 à 14 HEGEL (Georg Freidrich), La raison dans l‟histoire (texte de 1822), trad. K . Papaioannou, UGE, Coll. 10 18, 1965, pp.24 à 39 211 150 L‟histoire réfléchie est « l‟histoire qui transcende l‟actualité » (…) « elle doit se résumer en abstraction parce qu‟il faut omettre une quantité d‟actions ». L‟histoire philosophique est « l‟histoire qui ignore le passé » (…) « Semblable à Mercure, le conducteur des âmes, l‟Idée est en vérité ce qui mène les peuples (…) sa volonté raisonnable de guider les événements du monde ». C‟est sans doute cette histoire philosophique qui domine car elle injecte du présent dans l‟histoire et peut médiatiser l‟avenir. C‟est ce dernier point que souligne Alexandre Kojeve212 qui complète ainsi l‟analyse d‟Hegel. Il affirme le « primat » de l‟avenir dans le présent. Comment ? Alexandre Kojeve reprend l‟épisode du Rubicon et de César pour évoquer un moment historique. Pour qu‟il y ait une intrusion de l‟avenir dans le présent, il faut que cela soit possible à travers le passé du personnage, car cela seul lui assure cet avenir. « L‟avenir pénètre dans le présent non pas d‟une manière immédiate (cas de l‟utopie), mais étant médiatisé par le passé. » Ainsi ceux qui regardent l‟histoire de France doivent, pour se sentir impliqués, intéressés, étudier des moments historiques où se mêlent passé, présent et avenir d‟événements sensibles qui ont pu toucher leur pays et l‟histoire de France étudiée. Cette implication, cette responsabilité dans l‟étude et la réflexion font écho à la formule d‟Eric Weil213 qui en 1970 parlait déjà de la fin de l‟Histoire. Celle-ci n‟est pas fin du Monde, l‟apocalypse tant redoutée. Cette fin de l‟histoire, c‟est une révolution anthropologique qui rappelle le rapport fondamental de l‟homme au temps : « Il n‟y a pas d‟histoire pour qui n‟est pas capable de dire ; cela n‟aurait pas pu se passer autrement. ». Cette fin de l‟histoire d‟après Eric Weil est une période où l‟homme sera plus libre : «Les malheurs de l‟homme libre (…) seront ses propres malheurs (…) ce sera sa tragédie, non celle des circonstances ». L‟analyse de l‟événement en trois temps que ce soit par G. F.Hegel (1822) ou par Georges Duby (1973) est fondamentale car c‟est cette lecture qui nous a permis de mettre en place plus loin d‟une part des séquences pédagogiques interculturelles et au-delà un cursus interculturel sur l‟enseignement de l‟histoire de France (voir annexes). C‟est une histoire qui refuse définitivement les vérités bloquées, qui accepte la « fin de l‟histoire ». 212 213 KOJEVE (Alexandre), Introduction à la lecture d‟Hegel, 1947, p.369. WEIL (Eric), La fin de l‟histoire, in. Revue de métaphysique et de morale, oct-déc- 1970, pp. 377à 383. 151 L‟étude de l‟histoire de France a-t-elle pu rendre compréhensible le présent de certains pays ? Longtemps, on a affirmé après 1789 que l‟étude de l‟histoire de France donnait un sens à l‟histoire. Elle devenait un tribunal du monde, un instrument de liberté. Devant les mythes retenus, les grands hommes construisaient l‟histoire. L‟histoire perçue était une grande cérémonie. Introduire du sentiment et de l‟imagination dans la rationalité d‟une histoire construisait les vérités historiques. Auguste Comte, dans son Catéchisme positiviste214 en 1852 justifie ces architectes de l‟Histoire. Le fondateur du positivisme rejette la métaphysique, affirme que pour l‟histoire « les vivants sont toujours et de plus en plus gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l‟ordre humain ». Il évoque les « vrais serviteurs de l‟humanité » qui connaissent deux existences successives : « l‟une temporaire (...) la vie proprement dite : l‟autre indirecte mais permanente, ne commence qu‟après la mort (…) objective et subjective (…) telle est la noble immortalité (…) que le Positivisme reconnaît. » Vingt années plus tard, Nietzsche va plus loin215 et parle des dangers de l‟histoire qui empêchent la vie, le présent, les projets, et l‟énergie. Il affirme : « L‟histoire n‟est tolérable que pour de fortes personnalités, elle étouffe les personnalités faibles (...) Le savoir historique quand il règne sans frein (…) déracine l‟avenir, parce qu‟il détruit les illusions (….) La justice de l‟histoire, même réelle (...) mine la vie et la détruit. (...) L‟instinct créateur faiblit et se décourage. (…) or l‟homme ne peut créer que dans l‟amour, enveloppé dans l‟illusion amoureuse (...) Si on oblige l‟homme à renoncer à l‟absolu de son amour (…) il se dessèche (…) c‟est seulement quand l‟histoire peut être transformée en œuvre d‟art, donc en pure création de l‟art qu‟elle peut être capable d‟éveiller des instincts. » Doit-on alors abandonner l‟Histoire des Hommes et dire avec Hegel216 qu‟elle n‟apporte rien et qu‟elle n‟a pas de force face aux événements présents : « Les peuples et gouvernements n‟ont jamais rien appris de l‟histoire » (…) « chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières (…) et c‟est seulement en fonction de cette situation unique » que les Hommes réagissent. 214 COMTE (Auguste), Catéchisme positiviste (1852), Garnier-Flammarion, 1966, pp.78- 80. NIETSZCHE (Freidrich), Considérations intempestives, 1873, Trad . G. Bianquis Aubier, 1964, pp.277, 279, 305, 307. 216 HEGEL (Georg Freidrich), La Raison dans l‟histoire, texte de 1822, Trad. K. Papaioanniou, UGE, Coll ; 10 /18, 1965, p.35 215 152 Pourquoi ? Car « un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle le présent. Il n‟a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l‟actualité. » L‟histoire interculturelle peut répondre aux désillusions d‟Hegel ou au cynisme de Nietzsche. Mais comment enseigner une telle histoire ? L‟histoire interculturelle ne sera pas écrite par les morts et elle ne sera pas non plus suspecte, comme l‟a suggéré F. Nietzsche, d‟affaiblir les hommes. Cette écriture présentera au contraire un relativisme culturel, une piste alternative où le temps court « lavissien » peut être au service du temps long. 153 Chapitre 2 / Comment enseigner une histoire interculturelle de la France dans les réseaux de la francophonie? Diversité et unicité constituent la toile de fond de la communauté humaine. Les langues et les cultures illustrent ce fait par les échanges structurels qui se sont opérés au cours des siècles et qui justifient aujourd‟hui les nouvelles solidarités évoquées auparavant par Alexandre Honneth. 2.1 Entre diversité et unicité linguistique Pour enseigner une histoire interculturelle de l‟histoire de France, il faut construire un curriculum. Cette opération suppose tout d‟abord de mener une réflexion de fond entre histoire et linguistique. A savoir : trouver des points communs, des arborescences qui pourraient constituer des passerelles et des ponts entre les cultures historiques des apprenants étrangers et l‟histoire française. Dans un même registre, Luca et Francesco Cavalli-Sforza vont plus loin en 1996 dans Gênes, peuples et langues. Ils expliquent que les langues furent influencées par des migrations (diffusion démique) ou par la diffusion de connaissance (diffusion culturelle). C‟est pourquoi on trouve de nombreux ouvrages polémiques comme celui de Merrit Ruhlen, 1994, L‟origine des langues. Ce dernier évoque l‟existence d‟une langue mère et douze macro-familles de langues encadrant les 6700 langues. Diversité et unicité se complètent. Ainsi Colin Renfrew en 1987, dans son Enigme indo-européenne fait la synthèse de la mobilité des langues installées dès 6000 av. JC. Il utilise la lecture de l‟archéologie illustrant cette idée de passage des Hommes, de leur langue et culture. Colin Renfrew à ce titre remet en question l‟existence d‟une société proto-indo-européenne évoquée par Georges Dumézil. 2.2 Des mots, des couleurs et des Hommes La linguiste Henriette Walter, dans L‟aventure des langues en Occident (1994), esquisse incidemment une première piste. Pourquoi ne pas mettre en valeur les « anthroponymes », ou le vocabulaire spécialisé qui est souvent sollicité sur plusieurs continents et par plusieurs langues ? 154 Ce rapprochement morphologique des mots ne peut que constituer un premier support naturel de reconnaissance interculturelle entre les histoires des pays. Après la forme des mots, il y a d‟autres registres tels que les couleurs. Bret Berlin et Paul Kley en 1969 dans leur étude Basic colors terms : their universality, évoquaient les universels chromatiques. Le rouge et le bleu sont ainsi reconnus par toutes les cultures dans leurs oppositions chromatiques. Il suffit ainsi de chercher la symbolique du bleu et du rouge à travers les continents et de confronter ce jeu chromatique avec la France, puisque ces deux couleurs symbolisent aussi une grande partie des représentations. 2.3 L’importance de l’anthropologie culturelle Mais ce qui est important, au-delà de cette réflexion sur le langage, c‟est la volonté d‟aller vers l‟autre et le refus du repli sur soi. Claude Hagège dans L‟Homme de paroles (1985), insiste sur le fait que les langues sont tout d‟abord un dispositif psycho-social ayant une fonction de dialogue et de découverte de l‟autre. Ce qu‟il faut simplement intégrer, c‟est que pour écrire une histoire interculturelle, il faut utiliser non des « codes restreints », mais « élaborés »217 au service d‟une ouverture culturelle. Cette volonté de communiquer dans le langage fut aussi souligné par Dan Sperber et D. Wilson218 . Ces derniers évoquent, en 1986, le « concept de pertinence » plus fondamental que le code linguistique lui-même. Le principe de pertinence illustre la volonté d‟être compris dans une conversation, un écrit. Attitude et stratégie qu‟Anne Reboul et Jacques Moeschler ont nommé en 1998 la pragmatique comme « une nouvelle science de la communication ».219 Cela revient à signifier l‟intégration des deux notions clés que sont le relativisme culturel et l‟anthropologie culturelle. Le relativisme culturel a trouvé une fondation solide en la personne d‟Edward Sapir lorsqu‟il rédigea son ouvrage fondamental : Le langage : introduction à l‟étude de la parole en 1921. Sa formulation fut empirique car il a étudié les Amérindiens du Canada et il souligna les liens entre culture et langue. En 1956, Benjamin Lee Whorf, dans Linguistique et anthropologie reprit le chemin d‟Edward Sapir en étudiant les « Hopis », autres Amérindiens. 217 BERSTEIN (Basil), Langage et classes sociales : codes socio-linguistiques et contrôle social, 1975, Ed Minuit, Paris, 347 pages 218 SPERBER (Dan) et WILSON (Deidre), La pertinence : communication et cognition, 1989, Ed de Minuit, Paris, 396 pages. 219 REBOUL (Anne) et MOESCHLER (Jacques), La pragmatique aujourd‟hui : une nouvelle science de la communication, 1998, Paris, Seuil, 209 pages. 155 Pour B.L. Whorf, les langues sont porteuses de modèles mentaux, et chez les Hopis, par exemple, l‟auteur étudie la façon dont ces Amérindiens perçoivent le temps. Mais le relativisme culturel, prisme fondateur de la pensée interculturelle ne doit pas ouvrir à une interprétation à l‟infini. C‟est ce qu‟affirme Umberto Eco dans Les limites de l‟interprétation en 1990. L‟activité de l‟interprétation du récepteur peut jouer avec l‟infini, mais cette sémiotique interprétative s‟achève dans un défi purement théorique, comme il le souligna dans son Œuvre ouverte en 1962. Il invitait chaque lecteur à interpréter son ouvrage. Il y a pour toute histoire, même interculturelle, un sens littéral qu‟il faut reconnaître. Ainsi, le relativisme culturel de Sapir (1921) et de Whorf (1956) a permis de construire une activité heuristique pour ceux qui veulent comprendre l‟Autre et son histoire. C‟est une posture ouverte à autrui comme l‟Œuvre ouverte d‟Umberto Eco. 2.4 L’importance de l’émotion pour comprendre la culture de l’Autre Ecrire une histoire interculturelle requiert donc un cadrage cognitif particulier. L‟école « rogersienne » semble esquisser quelques pistes. En effet, le psychologue Carl Rogers220, dans les années 1950, propose de suivre trois préceptes pour s‟ouvrir à l‟Autre : avoir une compréhension empathique de l‟autre, être en congruence avec soi-même et enfin avoir une acceptation positive d‟autrui : trois attitudes que Carl Rogers nomme « growth forces ». Cette toile de fond empathique n‟est pas une remarque anodine. L‟émotion est nécessaire comme le « moi pathétique » de l‟historien évoquée précédemment. La raison seule ne résout rien. Car même l‟émotion permet la décision et une vision rationnelle du monde selon le chercheur en science cognitive, Antonio R. Damasio221. Selon lui, joie et tristesse sont des moteurs majeurs du fonctionnement cognitif. L‟étude des œuvres d‟art pour aborder l‟histoire nationale d‟un pays est à cet égard importante. Elles ne sont pas que des métonymies figées d‟une culture. D‟après le traducteur de Freud, Ignace Meyerson222, l‟étude des œuvres d‟une civilisation est aussi une autre voie culturelle et cognitive pour une compréhension émotive de l‟histoire d‟un pays. Toute œuvre étudiée permet de comprendre les activités mentales qui en sont à l‟ origine. 220 ROGERS (Carl), Le développement de la personne : 1951-1961, Paris, Dunod, 286 pages. DAMASIO (Antonio R.), L‟erreur de Descartes : la raison des émotions, 2008, Odile Jacob, 368 pages 222 MEYERSON (Ignace), Les fonctions psychologiques et les œuvres, 1948, paris, J. Vrin, 223 pages 221 156 L‟empathie est donc ici une condition essentielle pour construire une pédagogie interculturelle. Il faut l‟émotion et le désire de rencontrer l‟Autre. Ce sont toutes ces démarches que nous allons ici utiliser pour construire des cours de civilisation au travers desquels on découvre l‟histoire d‟un pays. Ici, pour l‟histoire de France, on a intégré cet apprentissage dans le cadre des cours de FLE. Mais que disent les spécialistes de l‟enseignement de la culture en cours de FLE ? 2.5 Les trois types de culture que l’on peut enseigner dans un cours de langue Pierre Martinez dans la « Didactique des langues »223 rappelle que la notion de civilisation est « mal déterminée ». Il cite une autre spécialiste, Claire Kramsch (Université de Californie à Berkeley, USA), qui dit qu‟il faut donc « culturaliser » les langues. C'est-à-dire qu‟il faudrait abandonner une vision immobile de l‟enseignement des langues. Pour les didacticiens des langues, « la culture cultivée » renferme les trois disciplines suivantes : art, littérature et histoire. Mais d‟autres cultures sont légitimes, telle celle du quotidien, culture anthropologique définie par Melville J. Herskovits224 et qui souligne les modes de vie. Pour les didacticiens des langues, l‟addition de la culture cultivée et la culture du quotidien résume ce qui doit être transmis. Cette dimension est essentielle dans le courant culturaliste dont est issu M.J Herskovits, mais aussi avant lui, Linton, Malinovski, Kardiner, Mead. L‟ « observation participante »225 de B. Malinovski n‟est pas sans rappeler la démarche interculturelle théorisée précédemment. Ainsi, il s‟agit bien ici de culturaliser l‟enseignement du FLE pour donner une place cohérente à l‟histoire du pays. En complément, il faudrait aussi une lecture linguistique de l‟histoire de France. Cette anthropologisation des deux disciplines - histoire et linguistique- suppose de comprendre ce qu‟est la culture dans un cours de langue étrangère, à savoir l‟addition de la culture cultivée et de celle du quotidien, et comme en écho, l‟histoire est l‟addition du temps long et du temps court. 223 MARTINEZ (Pierre), La didactique des langues, Que Sais Je ?, 1996, p.103-104 HERSKOVITS (Melville J.), Les Bases de l'anthropologie culturelle, Paris, Payot, 1967, p. 6. 225 MALINOVSKI (Brownislav), Les Argonautes du Pacifique occidental, 1989, Paris, Gallimard, 606 pages 224 157 Nous avons vu lors de notre première partie comment des manuels de FLE orchestraient « temps long » et « temps court », culture cultivée et culture du quotidien, notamment dans le Nouveau sans Frontières n°2, publié en 1989 et qui utilisait les stations de métro pour évoquer l‟histoire de France, démarche reprise récemment dans l‟ouvrage à succès intitulé Métronome de Lorant Deutsch, objet de vives critiques en juillet 2012. Pourquoi de telles polémiques ? Trop de stéréotypes ? Manque de fiabilité ? 2.6 Lutter contre les stéréotypes de l’histoire de France dans les supports de FLE : créer une compétence transculturelle et une ethnométhodologie Souvent, lorsque l‟on évoque un pays et sa culture, nous avons affaire à des « stéréotypes sociaux ». Pourquoi ? Car ils sont le résultat d‟une demande sociale, celle d‟une « histoire voyage » que l‟on perçoit très bien dans Métronome ou le Nouveau sans frontières. La polémique est souvent présente car c‟est une histoire d‟ornement et de politique. C‟est une histoire en représentation qui met en scène des événements. Nous avons vu dans les manuels de FLE des mises en parallèle entre 1789 et Mai 1968 et aucun ou peu de développement sur l‟histoire économique et sociale de la France, si ce n‟est l‟émancipation des femmes ou les Trente Glorieuses, à peine suggérées. Cette action de « lissage des images » de l‟histoire crée un « malaise dans l‟enseignement de la civilisation », nous dit François Mariet dans la revue Etudes de Linguistique appliquée226. Pour donner une image plus en nuance de l‟histoire de France, il faudrait l‟aborder comme une polyphonie sociale, en mobilisant tous les secteurs (économique, politique, social et culturel) et tous les types de documents (sonores, vidéos, iconographie et textes). Cela présuppose d‟avoir et de construire une « compétence transculturelle » de la part des enseignants. Cette approche qui démultiplie les documents pour présenter l‟histoire d‟un pays créé ce que Gisela Baumgratz de l‟université de « Nesse-Fulda » nomme une « compétence transculturelle ». La compétence transculturelle est l‟aptitude à s‟affranchir de ses préjugés pour rencontrer l‟autre dans ses conditions de vie spécifiques. 226 MARIET (François), Malaise dans l‟enseignement de la civilisation, in. ELA, n°64, 1986. 158 La maîtrise de l‟interaction culturelle permet d‟appréhender la réalité des problèmes des autres personnes et d‟avoir un comportement adéquat. Cette posture concerne autant les enseignants que les étudiants. Des sites Internet comme « E-tandem », créé en 1994, permettent aux étudiants de prendre en main leur propre apprentissage et d‟acquérir des outils pour parler de leur culture et de leur histoire avec le partenaire qu‟ils ont contractualisé. Des « savoir-faire » culturels se sont ainsi construits en totale autonomie, sous l‟autorité de l‟Université de Bochum et du « Conseil de l‟Europe ». Afin de rendre opérationnelle une compétence transculturelle, Geneviève Zarate227 a publié en 1995 un ouvrage pour former et accompagner les enseignants des langues. Elle a voulu le faire dans le but de leur faire prendre conscience des représentations qu‟ils ont de l‟étranger et des représentations que peuvent aussi avoir leurs élèves. Ainsi, elle conseille aux enseignants étrangers qui assurent des cours de langue française d‟aller le plus souvent en France (car comment enseigner une langue et civilisation sans aller dans le pays ?) et d‟éviter d‟utiliser des documents liés à une « francité » historique (histoire de France = 1789). D‟autre part, elle leur conseille aussi d‟apprécier l‟état de la production éditoriale des manuels de langues produits par pays : combien d‟éditeurs trouve-t-on? Quelles approches didactiques ? Quelle conception de l‟histoire ? Il faut avoir ainsi conscience de la situation politique de son pays. Si un pays est à la recherche de son histoire, de ses racines culturelles et politiques, l‟enseignant en langue étrangère peut devenir un « cheval de Troie ». Il est dans une position paradoxale, voire embarrassante selon les cas. Geneviève Zarate conseille de cartographier l‟historique des rapports (voyages, contacts par l‟Internet, etc. …) qu‟entretient chaque étudiant avec le pays étudié : combien de fois tel ou tel étudiant s‟est trouvé en France (et où ?), car cela détermine ses représentations. On nomme cela une démarche d‟évaluation formative. Que signifie une démarche réflexive ? Il s‟agit de complexifier progressivement les représentations qu‟ont les étudiants de l‟histoire de France. C‟est une approche non linéaire. Pour cela, il faut aller du particulier vers le général et inversement. Par exemple, on part d‟une représentation sur de Gaulle ou Napoléon, on sollicite une équivalence métonymique dans l‟histoire nationale de l‟étudiant, puis on se dirige vers des figures ou des événements moins connus. C‟est un travail constitué de processus de construction / déconstruction. 227 ZARATE (Geneviève), Représentations de l‟étranger et didactique des langues, 1995, Credif, 128 pages. 159 Les étudiants prennent conscience de leur savoir sur l‟histoire de France. Ils modélisent ensuite ces savoirs, qui sont au départ des représentations (Napoléon, de Gaulle, de grands dirigeants politiques et militaires). Puis ils mettent en marche un processus d‟abstraction : qu‟est-ce qu‟un dirigeant politique puissant ? Dans un quatrième temps, ils comparent cette abstraction à un exemple issu de leur pays. Enfin, dans un cinquième temps, ils reviennent sur leurs représentations de base sur l‟histoire de France, et ils peuvent ainsi les modifier. Ces cinq points constituent une démarche réflexive des étudiants et permet d‟écrire une histoire interculturelle avec eux. En d‟autres termes, cette démarche participative permet de passer d‟un stade cognitif (ce que je sais sur l‟histoire de France), à un stade métacognitif (savoir ce que l‟on sait et ce que l‟on ne sait pas) pour aboutir à une autre attitude sur les connaissances identifiées à la base. Une attitude, au final, modifiée. Le professeur de l‟université de Durham, Michael Byram, est spécialisé de longue date dans le rapport entre langue et culture. Il travaille régulièrement avec le « Conseil de l‟Europe ». En 1992, il publie Culture et éducation en langue étrangère228. Pour Michael Byram, il y a un manque : il faut créer de véritables « French Studies » pour donner du sens à la culture française et à son histoire. Le Professeur nous invite en fait à créer un rapport de signification entre les étudiants et la langue française. Construire des « études françaises » suppose de créer une didactique de la culture d‟un pays et de son histoire. Mais dans le cadre des études sur la langue et la culture française, il faut mobiliser des sciences spécifiques telles que l‟anthropologie sociale ou la psychologie. Mais que veulent dire anthropologie sociale et psychologie dans un cours de civilisation sur l‟histoire de France ? Cette anthropologie sociale et culturelle étudie les aspects sociaux, psychologiques, historiques et géographiques des Hommes. On s‟appuie sur l‟ethnologie et on envisage l‟unicité des Hommes dans leur diversité. Une démarche entamée en France depuis 1960 par Claude Lévi-Strauss. A cette approche déjà évoquée auparavant, il y a une nécessaire intervention d‟une autre science adjudante, la psychologie sociale. Cette branche de la psychologie étudie les comportements d‟un personnage ou d‟un groupe et leur manière d‟agir ou de penser. On peut ainsi y étudier les relations interpersonnelles dans le cadre d‟une ethnométhodologie. 228 BYRAM (Michael), Culture and language in Higher Education, Clevedon, 1993, U.K, 111 pages 160 C‟est la méthode des ethnographes. Ces derniers nous suggèrent de regarder consciemment, explicitement, les représentations implicites qui sont des aperceptions de leur histoire. Cela suppose de lister les présuppositions ou attentes d‟une culture ou d‟une histoire par rapport à un autre pays, à une autre culture et histoire. Cette réflexion sur le processus de création sur les stéréotypes peut même aboutir à une réflexion sur les « auto-stéréotypes » (ce que l‟on pense de nous-même), et « hétéro stéréotypes » (ce que l‟on pense de nous-même à l‟étranger, lors d‟un séjour de jeunes dans le pays cible). Cette analyse par des didacticiens des langues est nécessaire pour construire un curriculum d‟histoire interculturelle de la France qui prendrait en compte cette ethnométhodologie en devenir. Pour cela, nous avons donc décidé de construire trois séries de séquences pédagogiques prenant en compte une approche diachronique qui utilisent comme documents des objets connus de l‟histoire de France, puis une deuxième série plus synchronique, utilisant cette fois des personnages connus de l‟histoire de France et enfin une approche linguistique mobilisant des champs lexicaux de la discipline histoire. A partir de ces représentations classiques de l‟histoire de France, néo-lavissiennes, nous pourrons proposer aux étudiants étrangers une démarche de déconstruction, une démarche réflexive expliquée auparavant. Ce sera le choix de notre ethnométhodologie de l‟histoire de France, avec ses perspectives mais aussi, ses limites. 161 Chapitre 3 / Trois pistes pédagogiques d’histoire interculturelle de la France Dans ce troisième chapitre, nous allons aborder l‟histoire de France à travers des objets et des personnages classiques issus de la sphère « lavissienne », toujours visibles à l‟étranger. Nous l‟avons vu lors de séminaires que nous avons menés en Russie (Oulianovsk) en mai 2012, ou au Vietnam (Hué) en juillet 2012 auprès de 31 professeurs de français. Nous nous sommes donc posés la question de savoir s‟il ne serait pas pertinent de partir de leur représentation de l‟histoire de France pour aller vers une autre direction, plus structurelle, plus « braudélienne ». En d‟autres termes, nous avons suivi une démarche réflexive : à partir de ce qu‟ils connaissent de l‟histoire de France, il s‟agit de montrer les différences et ressemblances avec l‟histoire de leur pays afin de créer une problématique. Dans un second temps, on les amène à un processus d‟abstraction, pour qu‟ils puissent comparer les modèles historiques repérés et ce qu‟ils savent et ce qu‟ils ne savent pas (métacognitif). Enfin, nous tenterons de mener ces professeurs de FLE, vers de nouvelles représentations de l‟histoire de France. A chaque fois nous présenterons un thème toujours décliné au pluriel, une problématique, une liste de documents qui n‟est que suggérée, puis des objectifs de savoirs, savoir-faire et enfin savoirêtre interculturel, puisque nous l‟avons dit à plusieurs reprises, l‟interculturalité est avant tout une posture humaniste. La difficulté est de ne pas exclure la France et le pays étranger-cible. Nous construirons une frise chronologie uniquement avec des dates et sans périodisations. Sinon, nous tombons dans la dérive de l‟européanisation. Il s‟agira ici de ne pas opérer de sédimentation de l‟histoire de France mais au contraire un échange (interculturel). C‟est pourquoi on utilisera ici la périodisation européenne au « pluriel » afin de désenclaver (symboliquement) la structure classique des périodisations. Voici à ce titre un exemple de séquence interculturelle qui évoque le château de Versailles. 162 Phase cognitive. (Expression Orale / E.O) Nous partons d‟un « brainstorming » ou « carte heuristique » sur un thème donné : exemple Versailles. Nous demandons à nos étudiants de nous dire à l‟oral ce que suggère pour eux le mot « Versailles ». Nous mobilisons ainsi d‟emblée l‟expression orale et nous écrivons les suggestions au tableau. Cela permet aussi aux étudiants de voir et de photographier le lexique qu‟ils devront ensuite mobiliser et lever donc ainsi les premières « entraves » lexicales. (Compréhension Orale/C.O) Dans une deuxième phase, nous mobilisons l‟objectif de compréhension orale. Nous utilisons soit une vidéo, soit un texte (Compréhension écrite /C.E), soit un support audio. Nous mobilisons ce document et nous demandons à nos étudiants ce qu‟ils ont compris. Nous avons souvent ici pour objectif de leur faire comprendre la différence entre les clichés qu‟ils ont sur un sujet et sa réalité. Ici, pour le château de Versailles, nous leur montrons ce que fut Versailles (tableau et portrait du Roi au XVIIème siècle) et la réalité d‟aujourd‟hui, avec la gestion d‟un important patrimoine. De Louis XIV, on fait comprendre ce que c‟est que le tourisme aujourd‟hui et la notion de patrimoine. Phase métacognitive. (E.O) Cette troisième phase est interculturelle. C‟est le temps de la critique et de la comparaison. Elle donne un sens à l‟apprentissage de l‟étudiant. Celui-ci doit pouvoir se positionner et trouver des équivalents dans son pays : « et chez nous, quel monument pourrait être comparé à Versailles ? Avons-nous eu un Roi qui aurait eu la réputation du « Roi-Soleil » ? Pour terminer, on demande aux étudiants s‟ils connaissent d‟autres châteaux connus en France (ici, on peut aboutir aux châteaux de la Loire). On peut ensuite demander à nos étudiants de regarder des sites sur les châteaux de la Loire et de faire un exposé pour la prochaine séance (à l‟oral). (E.E) Enfin, dans une quatrième phase, on insiste sur l’objectif de l’expression écrite (E.E). On peut demander de faire un résumé descriptif du monument ou un portrait du « RoiSoleil » en donnant une liste de mots clés (déjà en partie aperçus dans la phase 1 lors de la construction de la carte heuristique). 163 Exemple de liste de mots : jardin à la française, grand canal, patrimoine, Louis XIV, galerie des glaces, la Cour, portrait, absolutisme. D‟autres consignes peuvent décliner ainsi pour un approfondissement : Raconter et expliquer un épisode de …… Raconter une journée de …………………… Connaître et utiliser les repères suivants :……………………………… Situer sur une frise les événements suivants : ……………… Nous avons ici un enchaînement d‟objectifs linguistiques liés à tous les publics étrangers. Ce serait ici la trame de base. Mais on peut la décliner en trois stratégies : diachronique, synchronique, et linguistique. Commençons par l‟approche diachronique en utilisant des documents clés et en indiquant à chaque fois son orientation et une thématique liée à l‟histoire de France. 3.1) Une approche diachronique Le(s) préhistoire(s) (de -1,2 millions d’années à -3000) Doc. Vénus de Brassempouy : âge 23000 ans Ŕ Saint-Germain-en-Laye Doc. Grotte de Lascaux : âge 16000 ans Doc. Issu du pays d‟origine de l‟étudiant étranger Problématique : Peut-on parler de plusieurs préhistoires dans le monde ? L‟évolution de l‟Homme a-t-elle été identique partout dans le monde ? Objectifs de savoirs : peintures rupestres, chapelle Sixtine (Lascaux), paléolithique, néolithique, hommes de Neandertal, homo-sapiens, magdalénien, aurochs, bisons, évolutions. Objectifs de savoir-faire : être capable de réaliser les frises chronologiques des différentes périodes de la préhistoire, savoir lire une carte (de sites archéologiques), savoir analyser des photo-aérienne de sites préhistoriques 164 Savoir-être interculturel : relativiser le mythe des origines dans chaque pays et civilisation. La Vénus de Brassempouy n‟a pas une identité physique, pas de norme ou de couleur de peau (première « Dame » française à notre connaissance...) Les antiquités : de la Gaule au royaume chrétien Problématique : dans quelle mesure les civilisations dans le monde se modifient au contact des unes et des autres (par l‟acculturation et pas uniquement par les conflits) ? Documents utilisés : 1) Le cratère de Vix (510 avant JC) / Châtillon-sur-Seine, qui cristallise les échanges économiques de la Gaule préromaine 2) La Table claudienne (1er siècle)/ Musée gallo-romain, Lyon, qui montre les efforts de Rome pour intégrer les Gaulois. (+46) 3) document issu du pays d‟origine de l‟étudiant étranger Savoirs : tissage, métallurgie, Celtes, clairières, marchands, intégration, artisans, acculturation, empire, tribus, conflits Savoir-faire : savoir analyser des textes de lois anciens, des traces archéologiques, savoir analyser des objets issus de l‟artisanat, et un sarcophage ou un autre monument funéraire. Savoir-être interculturel : montrer les conséquences positives des échanges entre les Hommes. Montrer que les conflits ne constituent pas les seules ruptures en histoire. 165 Le haut Moyen Age : les émergences politiques et religieuses dans le monde Problématique : dans quelle mesure peut-dire que les religions (monothéistes, polythéistes ou autres) ont participé à la création d‟Etats et ou de civilisations ? Documents utilisés : 1) Le baptême de Clovis (boucle de ceinture en ivoire IXème siècle) / Musée de Picardie, Amiens. 2) Psautier de l‟Abbaye de Saint-Denis, Bibliothèque Sainte Geneviève. 3) Tapisserie de Bayeux, XI siècle, Musée de Bayeux 4) Document(s) issus du pays de l‟étudiant étranger. Savoirs : Clovis, Baptême, Reims, Mérovingiens, tribus, mythes, Saint-Denis, tradition, féodalisme, nécropole, sacralisation, religion, combat, théologie, théocratie, saint Thomas d‟Aquin Savoir-faire : repérer et expliciter des symboles politiques, étudier et analyser une tapisserie, réaliser une frise chronologique Savoir-être interculturel : savoir distinguer au sein d‟une civilisation la différence entre la religion et la politique dans l‟histoire des pays. Montrer que dans de nombreuses régions (ou espaces), religion et politique sont étroitement liées 166 Le bas Moyen Age : Problématique : dans quelle mesure peut-on dire organisent des rapports socio-économiques étroits à la fin du moyen-âge ? Documents utilisés : 1) Cérémonie d‟adoubement, enluminure, XIVème siècle 2) Extrait de texte sur l‟Hommage avec l‟Histoire du meurtre de Charles le Bon, Comte de Flandre, XIIème siècle par Galbert de Bruges 3) Vitraux de la cathédrale de Chartres, XIIIème siècle 4) Jeanne d‟Arc à l‟étendard, XIV siècle, enluminure 5) Les Très Riches Heures du Duc de Berry, XVème siècle, enluminure 6) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : suzerain, fief, noblesse, dynastie, héréditaire, monuments religieux, cathédrale, enluminure, manuscrit, siège d‟une ville, vassal, liens de vassalité, épidémie, révolte, jacqueries, temple. Savoir-faire : savoir analyse un manuscrit ou des textes de cette période, que ce soit des chroniques ou des textes littéraires, savoir analyser des enluminures ou des fresques. Pour ce type de savoir Ŕfaire, tels que analyser des enluminures, il est important pour l‟enseignant de donner des pistes aux étudiants sur de tels supports spécifiques.229 Savoir-être interculturel : être capable de comprendre l‟importance des activités culturelles, sociales ou économiques des civilisations 229 BEAUNE ( Colette), Le miroir du pouvoir, Paris , Hervas, 1989, 188 pages 167 Les Renaissances Problématique : dans quelle mesure peut-on dire parler de grandes ruptures technologiques dans de nombreux domaines à cette époque ? Documents utilisés : 1) La bataille de Marignan, 1515, tableau 2) Rabelais, Gargantua, chapitre LVII (Abbaye de Thélème) 3) La Saint-Barthélémy, 1572, F. Dubois, Musée de Lausanne 4) Gabrielle d‟Estrées prenant son bain, 1598-tableau / 5) Diane chasseresse, Ecole de Fontainebleau, anonyme, 16ème siècle 6) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : guerres de religion, schisme, révolution technique, Amérique, bataille navale, concile, tsar, Vasco de Gama, Colomb, François 1er, Leonard de Vinci, Henri IV, Rabelais, voyage, découverte, Magellan, conquistador Savoir-faire : savoir lire un texte littéraire, interpréter des œuvres artistiques complexes (composition), comprendre les références au passé dans une œuvre artistique, savoir analyser un texte de loi d‟un pays (exemple : un édit) Savoir-être interculturel : savoir mettre en avant les actes qui ont créé des ruptures dans l‟histoire des civilisations 168 Les temps modernes dans le monde Problématique : dans quelle mesure cette période voit se créer de nouveaux territoires et de nouveaux horizons politiques et économiques ? Documents utilisés : 1) Portrait de Louis XIV, 1701, Rigaud, et Bossuet, Politique tirée de l‟écriture sainte, 16781709 2) Famille de paysans, Le Nain, 1642 3) Port au soleil couchant, Le Lorrain, 1639 4) Texte de Colbert, les Mémoires sur le commerce, 1664 5) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : absolutisme, roi, droit divin, cour, Versailles, traité, Tsar, esclavagisme, traite négrière, fermeture économique d‟un pays (Japon 1639), fondation d‟une ville (New York, 1625, Montréal, 1642, Calcutta, 1690) ou d‟pays (Portugal, 1640), manufacture, noblesse. Savoir-faire : savoir analyser la loi d‟un Etat et savoir analyser un tableau et sa signification sociale ou économique. Savoir-être interculturel : être capable d‟analyser les réalités socio-économiques des pays durant les temps modernes entre ouverture (Québec, 1608) et fermeture (Japon, 1639) 169 Le temps des révolutions, 1789- 1848 Problématique : dans quelle mesure l‟Europe connait un ensemble de révolutions qui va influencer le monde aux XIX et XXème siècles ? Documents utilisés : 1) Le Salon de Mme Geoffrin, 1755, Lemonnier, et un texte de Voltaire tiré des Lettres philosophiques de 1734 qui dénonce les privilèges de la Noblesse 2) Déclaration des Droits de l‟Homme, Musée Carnavalet, et une gouache de J.B Lesueur de la fin du XVIIIème siècle sur l‟Arbre de la Liberté 3) Le sacre de Napoléon, 1804, J. Louis David, et une caricature de James Gillray sur le grand couronnement, BNF, 1815, Paris 4) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : Lumières, Philosophes, Académies, encyclopédie, Bastille, nation, Droits de l‟Homme, constitution, plébiscite, Napoléon, propagande, privilège, société d‟ordre, et universalisme Savoir-Faire : étudier un tableau politique et un texte politique et juridique ou une caricature politique Savoir-être interculturel : savoir analyser les messages dans les discours politiques et les idées qui ont participé à l‟élaboration des droits des Hommes. 170 La révolution industrielle Problématique : dans quelle mesure peut-on parler de révolutions techniques et économiques qui ont changé à la fois l‟Europe et le monde? Documents utilisés : 1) La liberté guidant le Peuple, 1830, Delacroix 2) L‟impératrice Eugénie entourée de ses Dames, Winterhalter, 1855 3) La Tour Eiffel, photos de sa construction, 1889, Gravure colorée de 1900 où l‟on voit la Tour éclairer Paris la nuit 4) Prestige technologique : Louis Pasteur (image du journal « l‟Illustration » du 7 novembre 1885) 5) Vue d‟un paysage industriel 6) Vue de l‟intérieur d‟une fabrique 7) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger 8) Extrait de texte de Zola Savoirs : Delacroix, barricade, acier, Pasteur, rage, colonisation, sécession, exposition universelle, abolition, libre-échange, république, réforme, monde ouvrier et exode rural Savoir-faire : savoir analyser la presse, une gravure, tableau, photo Savoir-être interculturel : avoir un point de vue exogène aux découvertes européennes en prenant en compte le point de vue des pays colonisés. 171 Les ruptures politiques contemporaines Problématique : dans quelle mesure la fin du XIXème siècle et la première partie du XXème ont changé l‟histoire politique du monde ? Documents utilisés : 1) L‟aventure coloniale, tableau montrant : Marchand et la mission « Nil-CONGO » (8 vignettes d‟image d‟Epinal montrant l‟aventure de Marchand) 2) Affiches du Petit Journal du 19 novembre 1911 et du 9 novembre 1913 3) Texte de Jules Ferry du 28 juillet 1885 où il justifie l‟entreprise coloniale 4) Affiche de l‟ordre de mobilisation générale 5) Tableau du traité de Versailles, 1919 (Tableau de W. Oren, 1920, situé à l‟Imperial Museum War, Londres.) 6) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : colonisation, AEF, AOF, Indochine, Madagascar, Polynésie française, missionnaire, société de géographie, révolte, colon, métropole, guerre totale, tranchées, affiche, traité, diplomatie. Savoir-faire : savoir analyser une carte mondiale de la colonisation, une carte continentale (pour la Première Guerre mondiale), savoir analyser une affiche officielle Savoir-être interculturel : comprendre que malgré le rayonnement culturel d‟une époque et d‟une civilisation des conflits majeurs entre les Hommes peuvent naître. 172 Les conquêtes sociales, politiques et culturelles du XXème siècle Problématique : dans quelle mesure peut-on dire que le début XXème siècle fut celui des réformes sociales et culturelles en Europe mais aussi celui des destructions massives ? Documents utilisés : 1) Joséphine Baker et les années folles 2) Photo de Léon Blum et du front Populaire en 1936, journal Regards, 1936, n°131, Blum et Thorez, ensemble à la tribune. 3) Texte du 8 juin 1936 sur les accords passés suite aux grèves et notamment un article sur la liberté d‟opinion. 4) Photo de de Gaulle, BBC 5) Photo de de Gaulle aux Champs Elysées le 26 août 1944 6) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : années folles, music-hall, Front Populaire, nationalisation, 1936, congés payés, de Gaulle, BBC, résistance, victoire Savoir-faire : savoir analyser photo, journaux, article de loi Savoir-être interculturel : comprendre que l‟évolution et les progrès sociaux d‟un pays dépassent les drames et les conjonctures politiques 173 Les constructions économiques vers un monde durable. Problématique : dans quelle mesure la seconde partie du 20ème siècle semble vouloir résoudre peu à peu la culture des conflits pour la recherche de solutions durables ? Documents utilisés : 1) Photo de l‟affiche, « depuis un an déjà cela va déjà mieux, retroussons nos manches et cela ira encore mieux » 2) Affiches de cinéma : Jacques Tati, « Mon Oncle », « Les vacances de M. Hulot ». 3) Publicité pour Moulinex de 1959 4) Première page couverture du magazine Automobile d‟octobre 1953 : la 4 CV, Renault modèle 1954 5) Les créations industrielles : 2 cv, le « Concorde » et le « TGV » 6) Texte de Valéry Giscard d‟Estaing sur La démocratie française de 1976 (Fayard) 7) Documents issus du pays de l‟étudiant étranger Savoirs : niveau de vie, délocalisation, reconstruction, effort national, « bayboom », médias, seuil de pauvreté, Smic, nouvelles technologies Savoir-faire : savoir analyser une affiche économique ou culturelle, savoir lire un graphique économique et d‟évolution sociale, savoir lire un texte d‟analyse politique. Savoir-être interculturel : comprendre que l‟évolution socio-économique peut dépasser les Hommes eux-mêmes. 174 3.2/ Une approche synchronique par les personnages. La deuxième approche possible peut être synchronique. Nous sommes partis de la « fabrique des héros », qui reste dominante à l‟étranger, pour mieux déconstruire ces représentations de l‟Histoire par les héros. L‟objectif ici est de déconstruire les mythes cristallisés par les personnages « petits » et « grands » de l‟histoire des pays. On tente ici de souligner l‟instrumentalisation des portraits en histoire. Pour cela, on propose de présenter aux étudiants ce qu‟un personnage aurait ou a réalisé au cours de sa vie (phase cognitive). Puis on cherche, par un cours dialogué qui implique ces étudiants, à savoir ce qu‟ils savent et ce qu‟ils ignorent en cherchant dans l‟histoire nationale de leur pays un personnage équivalent afin de relativiser ce qui appartient aux mythes ou à la réalité (phase métacognitive). Nous avons ainsi sélectionné dans une perspective « lavissienne » des personnages de France que nous proposons de déconstruire dans une perspective interculturelle. A/ Le mythe de la jeunesse dans l’histoire politique d’un pays. Accroche description : portraits de rois, de reine, d‟empereurs. Problématique : dans quelle mesure ces figures « jeunes » constituent des symboles politiques dans l‟histoire des pays ? A.1/ Vercingétorix. (-70 / -46) (Cognitif) Description du jeune guerrier qui en -52 n‟a que vingt ans, contre 50 pour César. Insister sur sa défaite en tant que guerrier, chef de tribus déjà émiettées. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger un personnage de l‟antiquité qui a lutté contre un Empire ou un pays frontalier avec au final une défaite ou une victoire, mais qui débouche finalement sur une lente acculturation Description de la statue de Vercingétorix imitant Napoléon III 175 A.2/ Clovis (456- 451) (Cognitif) Il n‟a que 15 ans lorsqu‟il devient roi en 481, et 20 quand il bat Syagrius. Insister sur la reconnaissance politico-religieuse du baptême (498) comme ce fut le cas pour d‟autres pays et d‟autres époques. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger un responsable militaire ou politique qui aurait obtenu une reconnaissance politique à la fin de l‟antiquité. A.3/ Philippe Auguste (1165-1223) (Cognitif) C‟est aussi à l‟âge de 20 ans que Philippe Auguste signe le Traité de Boves (1185). Insister sur l‟émergence d‟une domination politico-économique de l‟Etat. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger un responsable politique qui consolide son royaume par les guerres et/ou, par l‟économie Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quelles sont les figures originelles qui auraient pu créer cet esprit national ? Sont-elles réelles ou mythiques ? B/ Les organisateurs du territoire d’un pays. Accroche : cartes et extensions territoriales successives liées à différents dirigeants. Problématique : dans quelle mesure les pays connaissent des hommes qui organisent un territoire dans la durée, malgré les conflits et les défaites ? B.1 / Charlemagne (742-814) (Cognitif) Début d‟organisation d‟un territoire majeur avec les « Comtes » et les « Missi dominici ». (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger des dirigeants qui ont créé un empire dans leur pays actuel et quels furent les moyens pour construire cet espace politique majeur. 176 B.2/ Philippe Auguste (1165- 1223) (Cognitif) Territoire et argent se mêlent dans le parcours de Philippe Auguste symbolisé par la bataille de Bouvines et le règlement politique des Templiers. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger, une bataille majeure qui aurait créé un esprit national ou de cohésion politique inédit face à des menaces internes et externes au territoire. B.3/ Suger (1081- 1151), Sully (1559-1641) et Colbert (1619- 1683) (Cognitif) Sa politique pragmatique et l‟ombre protectrice des ormes de Sully jusqu‟à l‟autorité de Colbert. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger des dirigeants économiques (commis) qui ont renforcé l‟action du politique. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quels sont les hommes qui ont organisé le territoire d‟un point de vue économique et politique ? C/ Les hommes de guerre : un rôle clé ou symbolique ? Accroche : montrer des images d‟hommes armés, de guerriers dans des positions défensives ou offensives et issus de différents pays. Montrer la mise en scène des postures. Problématique : dans quelle mesure l‟art de la guerre a créé une classe sociale et des productions culturelles dans les différents pays du monde ? C.1/ Charles Martel (686-714) (Cognitif) Idée de défense d‟un territoire mais pas d‟une nation. Défense d‟un territoire… et pourquoi pas l‟idée improbable du marteau ? 177 (Métacognitif) Trouve-t-on dans le pays de l‟étudiant étranger des métonymies guerrières identiques ? Faire une étude comparée. C.2/ Guillaume le Conquérant (Cognitif) Guerre de conquête qui montre l‟absence de frontières au XIème siècle cristallisée par la bataille de Hastings (14 octobre 1066) (Métacognitif) Trouver chez l‟étudiant étranger un document qui suit une diachronie mise en scène à la manière de la Tapisserie de Bayeux, avec l‟enchaînement des événements militaires magnifiant une victoire. C.3/ Bertrand Du Guesclin (1320-1380) (Cognitif) L‟homme caché dans la forêt de Brocéliande avec son heaume (1337) quitte bientôt sa hache pour son « épée d‟or » en 1370. (Métacognitif) Trouver chez l‟étudiant étranger l‟image d‟un mercenaire qui peu à peu se transforme en un commis guerrier du royaume dans lequel il vit. c.4/ Pierre Bayard (1476-1524) (Cognitif) Ce fils du Dauphiné est connu pour la Bataille des Eperons (1513) et Fornoue (1495). Evoquer ici l‟esprit dit « chevaleresque » et le caractère pittoresque du personnage. (Métacognitif) Trouve-t-on dans le pays de l‟étudiant étranger un personnage mythique qui exprime la singularité dans le combat, un courage lié à des situations pittoresques voire amusantes. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quels sont les hommes de guerre qui ont connu du succès ? Et pourquoi ? 178 D / Les hommes, la religion et le politique. Accroche : documents évoquant religion et politique, tels que serments avant la bataille, posture de prière d‟hommes armés, responsables religieux près de Rois, princes, empereurs… Problématique : dans quelle mesure la religion a joué un rôle clé dans les décisions politiques des hommes ? D.1/ Clovis (465-511) et sa conversion en 496 (Cognitif) Montrer le poids politique majeur de ce type de conversion qui crée souvent une rupture. Clovis s‟oppose ainsi à l‟arianisme et se fait reconnaître une légitimité internationale par Rome. (Métacognitif) Trouver dans le pays de l‟étudiant étranger un dirigeant politique qui accomplit cette rupture politico-religieuse qui a changé la destinée du pays. D.2/ Hugues Capet (941-996) (Cognitif) Expliquer l‟origine du mot « Capet » et évoquer l‟épisode de Saint Martin. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un objet politique symbolisant le nom d‟une dynastie, d‟une famille politique. D.3/ Jeanne d‟Arc (1412-1431). (Cognitif) Expliquer aux étudiants l‟enjeu mythique et politique du test de Chinon en 1429 (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un épisode connu comme étrange ou miraculeux, où se mêlent religion et politique (de type Constantin ou Clovis avant leur conversion, etc…). Un moment antichambre. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, la religion a-t-elle joué ou joue-t-elle encore un rôle clé ? 179 E/ Les femmes dans l’histoire. Accroche : portraits de favorites, de reines, de princesses, ou d‟héroïnes Problématique : dans quelle mesure les femmes ont-elles régulièrement produit des avancées politiques et culturelles majeures dans l‟histoire des pays, malgré l‟exclusion dont elles furent et sont toujours victimes ? E.1/ Aliénor d‟Aquitaine (1122-1204) et Blanche de Castille (1188-1252) (Cognitif) Idée des femmes politiques, qu‟elles soient dans le jeu du politique extérieur (arbitre) ou intérieur (tutrice et / ou régente). (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger, des femmes qui ont eu un rôle politique clé dans les affaires internationales ou intérieures de ce pays. E.2/ Christine de Pisan (1365-1430) et Agnès Sorel (1422-1450) (Cognitif) Idée de l‟affranchissement socioculturel, que ce soit par la mode vestimentaire ou par l‟exercice d‟une activité professionnelle. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger, qui a exprimé une volonté d‟indépendance face à la domination masculine, que ce soit sur la forme Ŕ mode (apparence) - ou sur le fond (idée). E.3/ Jeanne hachette (1454- ?) (Cognitif) De son vrai nom Jeanne Laisné, elle lutta contre Charles Le Téméraire, un acte militaire aujourd‟hui largement remanié, et illisible historiquement. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger, des femmes - héros qui cristallisent des ruptures dans leur rôle ou position sociale classique. 180 Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quelle fut la place des femmes dans l‟histoire de notre pays ? Et aujourd‟hui ? F/ La bourgeoise dans un pays. Accroche : documents sur des réunions, édits, franchises urbaines, ou images illustrant la prise de pouvoir (beffroi ?) non par un homme mais par une collégialité issue du monde commercial ou civil au sens large. Problématique : dans quelle mesure de nouvelles classes sociales basées sur l‟enrichissement commercial peuvent faire basculer ou simplement menacer un monde basé sur des traditions politiques et guerrières ? F.1/ Etienne Marcel (1316-1358) contre le dauphin Charles. (Cognitif) Expliquer le contexte du conseil de bourgeois qui menace un pouvoir politique royal vacillant au milieu du XIVème siècle (suite à la défaite du 19 septembre 1356 à Poitiers), puis l‟arrêt brutal d‟Etienne Marcel (doublement trahi), alors si proche du pouvoir. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un responsable économique menaçant pour la sphère politique. Montrer les limites de ce type de combat où le politique domine encore pour longtemps l‟économique. F.2/ Jean-Sans-Peur (1371-1419) (Cognitif) Montrer les stratégies du bourguignon pour lutter contre les Armagnacs et notamment par son utilisation (accompagnée de ses excès) de Simon Caboche, en 1413. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des personnages qui expriment les rivalités internes entre différentes dynasties qui utilisent des forces tierces pour parvenir à leur fin. 181 F.3/ L‟ascension politique de Jacques Cœur (1395-1456) (Cognitif) Ascension du fils d‟un modeste pelletier de Bourges, devenu argentier du Roi Charles VII. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un personnage qui connaît un parcours social aussi fulgurant et singulier qui le propulse très proche du pouvoir politique. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, avons-nous eu des révoltes d‟une classe riche contre une autre classe riche ou dominante ? Quand et pourquoi ? Ou, tout simplement, avons-nous connu des guerres civiles ? G/ Les conquêtes et découvertes d’un pays. Accroche : portraits de personnes ayant permis ou commenté l‟extension extrarégionale d‟un pays. Problématique : dans quelle mesure un pays est poussé à toujours plus dominer d‟autres territoires? Par les guerres, par les mariages… G.1/ Anne de Bretagne (1477-1514) et la conquête des « Marches » (Cognitif) Montrer le rôle essentiel des mariages dans la politique d‟extension du royaume de France. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des personnes qui ont permis par la diplomatie et les accords familiaux l‟extension du pays. G.2/ Jacques Cartier (1491-1557) et la « Nouvelle France » (Cognitif) Décrire l‟expédition de Jacques Cartier au service de François 1er dans sa fondation de la Nouvelle France dans la baie de Gaspé en 1534 où il rencontre les Iroquois, ramenant en France les deux enfants du chef iroquois. 182 (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des acteurs aventuriers et conquérants de nouveaux territoires avec la dimension essentielle du hasard et l‟exotisme des premières rencontres. G.3/ Les humanistes : Montaigne et ses « Essais » (Cognitif) Montrer l‟importance de l‟œuvre de Montaigne et son travail de critique des explorations européennes vers le « Nouveau Monde » (Métacognitif) Mettre en lumière, dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger, le rôle d‟intellectuels qui servent de modérateurs et d‟esprits critiques face aux conquêtes parfois violentes qui ont pu avoir lieu. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quelles furent les conquêtes territoriales majeures opérées ? Quand ? Comment ? Furent-elles durables ou critiquées ? Pourquoi ? H/ Religion et politique : une place centrale ? Accroche : montrer des documents illustrant les guerres de religion et des intrigues politiques d‟un pays Problématique : dans quelle mesure la religion fut, et parfois reste, un sujet politique majeur dans l‟histoire d‟un pays ? H.1/ Catherine de Médicis (1519-1589) (Cognitif) Destin tragique ponctué par la mort de sa famille proche : Henri II en 1559, l‟un de ses en 1560, Charles X (1574) et Henri III (1589). (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger une femme au destin tragique ayant eu un rôle politique majeur et qui a beaucoup perdu en termes de réputation (mythe de la nouvelle Jézabel). 183 H.2/ Gaspard de Coligny (1519-1572) (Cognitif) Montrer le parcours tragique de l‟Amiral de France, qui s‟aventure dans le projet protestant avorté de Rio, puis poursuit d‟échec en échec jusqu‟à son assassinat lors de la Saint-Barthélémy. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un personnage qui cristallise l‟esprit de sédition politique et religieuse H.3/ Jeanne d‟Albret (1528-1572) (Cognitif) L‟affaire du gant empoisonné (9 juin 1572) qui aurait été offert par Catherine de Médicis. Montrer la sédition entre les deux confessions chrétiennes en toile de fond malgré le mariage du fils de Jeanne d‟Albret avec Marguerite de Valois. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger une affaire politique liée à un complot où se mêlent mythe et réalité. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, cette place du religieux ou des intrigues politiques est-elle centrale? Ou anecdotique ? I / Emergence de la pensée sociale dans un pays Accroche : présenter des documents liés à des personnages symbolisant la création de réseaux d‟entraide sociale et de compassion (idée du pain partagé / sémantique du mot « compagnon ») Problématique : dans quelle mesure un pays connait-il toujours des avancées sociales à travers des personnages clés qui comprennent et mesurent les blocages de leur temps ? 184 I.1/ Robert d‟Abrissel (1047-1117) (Cognitif) Il subjugue le Pape à Angers en 1096. Il devient prédicateur pour le monde entier. Il symbolise l‟esprit critique contre les injustices et un clergé ignare et dépravé (selon lui). C‟est dans cet esprit qu‟il construit Fontevrault. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un prédicateur avec une vocation sociale marquée et qui a provoqué une réforme spirituelle majeure I.2) Saint Vincent de Paul (1581-1660) (Cognitif) Créateur de la « Compagnie des dames de charité » en 1617 puis de l‟institution « lazariste » en 1632, il met en place pour la première fois une véritable politique d‟aide aux enfants. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un personnage qui a créé une structure sociale pour les plus pauvres ou les plus fragiles. I.3) Vauban (1633-1707) (Cognitif) Vauban architecte connu mais qui a aussi proposé un texte de réforme de la dîme royale en 1707, projet qui restera sans suite. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme lié au pouvoir mais qui propose des réformes d‟équité sociale à l‟encontre même de ce pouvoir Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, avons-nous des personnages clés qui ont construit une pensée sociale pour les démunis ? 185 J/ La création de l’Etat dans la France moderne Accroche : documents et portraits des commis ou grands serviteurs diplomatiques des pouvoirs Problématique : dans quelle mesure les responsables d‟un pays ont toujours un conseiller politique majeur qui influence régulièrement leur décision ? J.1) Le père Joseph (1577-1638) (Cognitif) Qu‟est-ce qu‟un tuteur politique ? Le rôle clé du père Joseph (gris couleur de l‟ordre des Capucins), « éminence grise » de Richelieu et grand maître des intrigues. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger, un homme qui symbolise le calcul diplomatique ayant eu des conséquences jusqu‟au XXème siècle. J.2) Richelieu (1585-1642) (Cognitif) Qu‟est-ce que l‟Etat moderne en France et le concept de « raison d‟Etat » ? Il symbolise la lutte contre le protestantisme qu‟il nomme « un Etat dans l‟Etat ». Les victoires s‟enchaînent grâce à une pression fiscale importante. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un représentant qui a offert une autorité solide et autonome au politique. J.3) Mazarin (1602-1661) Cognitif : que sont les intrigues diplomatiques du directeur du « conseil en France » au XVII me siècle et son mariage mythique avec Anne d‟Autriche. Sa fortune (suspecte) a permis de créer « le collège des 4 nations » en 1659, financement fait de son « filoutage », dira le Cardinal de Retz. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un responsable politique capable de mener avec succès diplomatie et réussite économique personnelle. 186 Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quels ont été les premiers conseillers, ou « vizirs », ou premier ministres qui ont eu un rôle clé ? Dans quel domaine ? Quand ? K/ La pensée militaire de l’Etat moderne Problématique : dans quelle mesure un pays a une pensée militaire qui perdure et qui s‟adapte au contexte territorial et régional ? K.1) La politique militaire de Louis XIV (Cognitif) Travailler sur la logique du « pré carré » du « Roi Soleil », les fortifications de Vauban mais aussi l‟obsession anti-Habsbourg du Roi de France. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un roi ou prince qui a maintenu et solidifié ses frontières par un effort constant et une politique (permanente) de défense ou d‟agression. K.2) Vauban (1633-1707) et ses fortifications (Cognitif) Expliquer le jeu des fortifications de Vauban à l‟ouest comme à l‟est du territoire et l‟importance majeure (et technique) des « glacis ». Dicton : « ville fortifiée par Vauban, ville imprenable ». (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des traces archéologiques de défenses militaires célèbres dans le pays. Trouver des dictons liés à l‟histoire militaire du pays de l‟étudiant. K.3) Jean Bart (1650-1702) et Duguay-Trouin (1673-1736), les corsaires de Louis XIV (Cognitif) Montrer le rapport militaire et commercial à la mer dans l‟histoire de France. Montrer le caractère mercenaire du corsaire et notamment de « l‟ours-lion » (Jean Bart) qui apporta du pain en 1694 en brisant le blocus au large de Texel. Distinguer un corsaire d‟un pirate, d‟un flibustier ou d‟un forban. 187 (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger l‟équivalent de ces mercenaires qui travaillaient avec ou sans lettre de course (sur mer ou sur terre) pour le compte du dirigeant du pays. Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quelles furent les stratégies militaires pour protéger ou fortifier le territoire ? L/ Emergence d’une société civile Problématique : dans quelle mesure un pouvoir politique est capable de se désacraliser et de muter, par lui-même ou par des facteurs extérieurs? L.1) La régence de Philippe d‟Orléans (1674-1723) (Cognitif) Montrer que le régent temporalise le pouvoir royal en s‟installant au palais royal, qui devient son « palais marchand », où l‟on tolère ensuite le salon de Mme Geoffrin ou la pièce de Beaumarchais. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un prince réformateur ouvert aux arts et aux idées nouvelles et qui réforme les modes de vie de l‟élite du pays. L.2) Mandrin et la réaction rurale (1724-1755) et Charlotte Corday (1768-1793) (Cognitif) Montrer les désacralisations des pouvoirs (royal et révolutionnaire), que ce soit la résistance de Mandrin, la « belle humeur », qui conteste le système économique corrompu des fermiers généraux ou l‟action de Charlotte Corday qui assassine une figure politique lors de la révolution. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des personnages qui symbolisent des contestations politiques, économiques dans l‟histoire de son pays. 188 L.3) L‟Abbé Grégoire (1750-1831) (Cognitif) Il assigne un rôle nouveau à l‟Eglise au sein de la société politique française, par son enquête sur la langue, par la constitution civile du clergé, par le décret sur l‟égalité civile pour les Juifs (1794) et par l‟abolition de l‟esclavage le 4 février 1794. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un personnage religieux qui a mené des réformes profondes (culturelles, sociales, politiques) dans la société du pays. Conclusion et ouverture interculturelle. Chez nous, dans notre pays, quels sont les hommes qui ont pensé autrement la société, en porte-à-faux de leurs origines sociales ou politiques ? M/ Les limites des révolutions françaises Problématique : dans quelle mesure les révolutions dans l‟histoire d‟un pays connaissentelles toujours des limites ? M.1) Lafayette (1757-1834) (Cognitif) Montrer l‟impossible réconciliation du passé et du présent dans lequel s‟est enfermé Lafayette dans la période de la monarchie constitutionnelle et ce jusqu‟à la fuite de Varennes. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme politique qui fut un médiateur entre deux périodes politiques. M.2) Olympes de Gouges (1755-1793) (Cognitif) Montrer le caractère novateur d‟une femme qui refusait les conventions sociales (mariage) et qui se battait pour les dominés, que ce soit les esclaves noirs avec Zamore et Mirza, ou bien les femmes avec sa Déclaration des Droits de la femme de 1791. 189 (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger une femme politique qui a proposé des projets de lois pour l‟amélioration sociale et politique de la femme. M.3) Victor Hugo (1802-1885) (Cognitif) Montrer les difficultés du politique en France : idées et réalité s‟opposent. Victor Hugo légitimiste sous Charles X, Orléaniste en 1830 et enfin révolutionnaire en 1848, symbolisé plus tard, dans son Vitro major, hommage à Louise Michel. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un écrivain qui a joué un rôle majeur dans la vie politique du pays. Conclusion et ouverture interculturelle. Chez nous, dans notre pays, connait-on beaucoup de révolutions ? Quels furent leurs effets réels ou simplement attendus ? N/ Les aventures napoléoniennes : mythes et réalités Problématique : dans quelle mesure chaque pays a dans son histoire un home politique majeur qui a opéré des actions militaires très importantes ? N.1) Réalité des champs de bataille de Napoléon (Cognitif) Montrer le témoignage du médecin Dominique Larrey (1766- 1842) qui amputait jusqu‟à 700 blessés par jour durant campagnes de l‟Empereur qui le considérait comme l‟homme le plus vertueux, tout comme le prussien Blücher qui le sauva. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme qui aurait joué un rôle d‟assistance dans les conflits. N.2) Les images de Napoléon (Cognitif) Montrer les décalages entre les tableaux de propagande comme l‟œuvre d‟A. Gros, Napoléon au pont d‟Arcole, jusqu‟aux réalités moins romantiques, comme la Bérézina du 26 au 28 novembre 1812. 190 (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger- des œuvres picturales qui mettent en scène un chef militaire dans une logique de propagande et d‟instrumentalisation. Conclusion et ouverture interculturelle. Chez nous, dans notre pays, connait-on beaucoup de responsables militaires qui ont eu un grand pouvoir politique ? Si oui : qui et quand ? O/ Les progrès structurels d’un pays Problématique : dans quelle mesure les progrès sociaux ou culturels passent parfois par les décisions politiques de certains hommes ? O.1) Louis Pasteur (1822-1895) (Cognitif) Montrer le processus de « pasteurisation », c‟est à dire le fait de chauffer entre 55°c et 60°c en l‟absence d‟air, et la mise au point du vaccin contre la rage en 1885. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger le rôle majeur d‟un scientifique ou d‟chercheur qui a proposé une amélioration dans le domaine de la santé publique. O.2) Les progrès socio-culturels : Jules Ferry (1832-1893) et Jean Zay (1904-1944) (Cognitif) Montrer que les réformes mises en place par Jules Ferry ont permis à la société française de vivre dans un système éducatif publique, indépendant et laïc à partir de 1881. Reformes complétées ensuite par les réformes éducatives et culturelles de Jean Zay entre 1932 et 1940 (du CNRS aux cantines scolaires). (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger des hommes qui ont entreprit de profondes réformes dans le domaine de l‟éducation. 191 O.3) Georges Clemenceau (1841-1929) (Cognitif) Montrer que cet homme aux formules célèbres accumule les surnoms politiques : tombeur de ministères, premier flic de France, briseur de grèves et Père la Victoire. Ces formules choc illustrent la nouvelle culture politique qui se met en place à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme politique qui a eu le sens des formules et des débats politiques, un rhéteur majeur qui aurait marqué les débats. Conclusion et ouverture interculturelle. Chez nous, dans notre pays, trouve-ton des hommes politiques ou scientifiques qui ont accéléré les progrès de la société ? P/ Des intellectuels dans la vie politique d’un pays Problématique : dans quelle mesure les intellectuels peuvent devenir des hommes politiques? P.1) Jean Jaurès (1895-1914) (Cognitif) Montrer le parcours scolaire et littéraire de Jean Jaurès qui intègre l‟Ecole normale d‟Ulm à 19 ans, juste suivi par Bergson. Il sera titulaire de deux thèses à la fin des années 1880. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme politique dont le parcours et la formation brillante lui ont permis une ascension politique de premier plan. P.2) Léon Blum (1872-1950) (Cognitif) L‟homme des congés payés qui veut arracher « les ouvriers au cabaret » fut d‟abord un homme de lettres et un écrivain de 1894 à 1929. 192 (Métacognitif) Mettre en lumière dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger la carrière d‟un écrivain devenu homme politique de premier plan. Conclusion : évoqué le parcours scolaire de Pierre Mendès France (1907- 1982) qui a eu son bac à 15 ans, fait science-Politique à 16 ans et a été député à 25 ans. Conclusion et ouverture interculturelle. Chez nous, dans notre pays, trouve-t-on des dirigeants politiques ayant fait des études brillantes et qui ont dirigé leur pays ? Q/ Les conquêtes du XXème siècle dans le monde Problématique : dans quelle mesure les hommes au XXème siècle ont-ils accéléré les révolutions politiques, morales et technologiques du monde ? Q.1) Le Général de Gaulle (1890-1970) (Cognitif) Conquête nationale du Général, au cours de la Seconde Guerre mondiale et par sa volonté de redonner son « rang » à la France dans le monde, que ce soit par la diplomatie ou par les réussites économiques comme le paquebot « France » ou le « Concorde ». (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un responsable militaire qui a assuré un rôle de libération nationale et de rayonnement international. Q.2) Jean Monnet (1888-1979) (Cognitif) Montrer le projet de conquête internationale symbolisée par le projet européen, de celui qui fut « l‟homme des Américains » pendant la Seconde Guerre mondiale et qui sut utiliser habilement le plan Marshall pour aboutir à la CECA (1951). (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un économiste et homme politique qui a mené une politique d‟envergure de reconstruction ou de rénovation du pays. 193 Q.3) Jean Moulin (1899-1943) (Cognitif) Montrer la conquête morale du chef de la résistance française durant la Seconde Guerre mondiale et la portée symbolique de son martyre, sacralisé par Jean Malraux. (Métacognitif) Trouver dans l‟histoire du pays de l‟étudiant étranger un homme politique de haut rang dont le sacrifice est devenu symbole national majeur du pays. Conclusion : la conquête du ciel par Maryse Bastié (1898-1952), le cas singulier de celle qui traversa l‟atlantique du sud en 12 heures à bord d‟un Caudron -Simoun Conclusion et ouverture interculturelle. Et chez nous, dans notre pays, quels sont les personnages qui se sont imposés pour créer de nouveaux horizons politiques, économiques ou technologiques ? 3.3) Une approche interculturelle de l’histoire de France par la linguistique. Nous allons insister dans cette troisième piste pédagogique, sur les méthodes d‟évaluation des étudiants étrangers en partant de leur représentation, qui sont souvent, nous l‟avons vu, de type « positiviste ». Aussi, pour les aider à modifier leur représentation, nous partons de l‟exercice classique du récit en histoire. On peut par exemple leur demander de raconter les événements, les épisodes d‟une époque de leur pays, croisés avec l‟histoire de France. Ce n‟est pas émettre une opinion. Cela permet de mobiliser des actes de langages concrets. Raconter la fondation d‟une cité : dates, personnages, emplacement. Cela permet de mobiliser des connaissances et de les organiser, mais cela suppose néanmoins de lever, en amont, les dites « entraves lexicales ». Le témoignage (national) de l‟étudiant doit lui servir dans cet exercice du récit. Pour réussir une production de récit, il faut souligner l‟importance pédagogique de la consigne : dates, personnage et événement. Cet exercice peut préparer à un horizon d‟attente, de ce que l‟on peut appeler aujourd‟hui « la dissertation » ou « la composition » d‟histoire. Ce qui suppose d‟expliquer les règles de la rhétorique, une introduction, une argumentation et une conclusion. Comment évaluer ce type d‟exercice? Il faut présenter les trois types d‟argumentation : cumulative (premier, second, troisième), analytique (décrire, expliquer et conséquences) ou par opposition (avec des connecteurs logiques, qu‟ils soient adverbes ou conjonctions de subordination). 194 Tout cela suppose de faire du lien, de l‟expertise et de la continuité pédagogique entre ces trois types d‟argumentation. Les étudiants étrangers sont davantage sensibles à l‟histoire factuelle, qui est liée à l‟argumentation cumulative, alors que l‟argumentation analytique se prête mieux à une histoire plus conceptuelle. Cela suppose de faire une programmation de savoir-faire entre ces deux types d‟argumentation, ces deux types d‟histoire. On peut donc insister, dans un premier temps, sur l‟approche factuelle dans l‟argumentation cumulative, et aborder plus tard une évaluation qui tienne compte de la langue française pour une approche plus analytique, mais donc plus complexe. Pour faciliter cette expression écrite, on peut avoir des séries d‟évaluation orale où on mesure la qualité des questions d‟un étudiant avec un autre, qui lui répond. C‟est l‟exercice du débat. Cela permet d‟avoir un substitut à l‟écrit au moins dans un premier temps. Dans les productions orales, on peut aussi accompagner les étudiants étrangers par un schéma de synthèse de type systémique. Ces productions orales peuvent être menées tout au long de l‟année en suivant un thème transversal et en mobilisant par exemple des supports factuels tels que des œuvres d‟art, issues de l‟histoire de France et issues de l‟histoire du pays de l‟étudiant. En conclusion, les supports documentaires s‟imposent davantage à l‟oral, méthode inductive et factuelle, ce qui permet ensuite une mise en route plus déductive et plus conceptuelle adapté pour l‟écrit. Pour aider nos étudiants étrangers, nous avons construit en ligne sur l‟Internet 15 dictionnaires thématiques d‟histoire et de géographie dans lesquels on propose des approches interculturelles à partir de 29 champs lexicaux encadrant 1450 mots. Sous chaque champ lexical, nous avons construit une lecture interculturelle et des scenarii pédagogiques afin de préparer les étudiants à la production écrite. En ayant utilisé chaque champ lexical à l‟oral ils peuvent, en aval, mettre en route une production écrite. Les dictionnaires étant en ligne sur l‟Internet, les étudiants sont ainsi autonomes pour assimiler à leur rythme tous les champs lexicaux. Nous présentons ci-dessous notre premier dictionnaire qui fut une version francohongroise. A partir de chaque champ, on présente une séquence interculturelle. 195 ADMINISTRATION Administration f commune f municipalité f conseil municipal m maire m Conseiller municipal m élu m édile m mairie f hôtel de ville (m) quartier m comté m canton m Conseiller général m district m arrondissement m sous - préfet m département m préfet m province f région f conseil régional m Közigazgatás város, kommuna városi önkormányzat városi tanács Polgármester városi tanácsos küldött (megválasztott küldött) Városatya polgármesteri hivatal Városháza Negyed grófság, angol közigazgatási terület Kanton általános tanácsos kerület, járás Kerület alprefektus/ alispan Megye Prefektus provincia, megye régió, vidék régió tanács USA : gouverneur de l’Etat (m) USA : Sénat m police nationale f commissariat de police (m) inspecteur de police (m) USA : kormámyzó USA : szenátus Rendőrség Renkőrkapitányság Rendőrfelügyelő városi rendőrség police municipale f Csendőrség gendarmerie f CRS Compagnie Républicaine de sécurité f Pas de correspondance A) Thème : lesadministrations hongroise et française au XXème siècle. Le « funkcionarius » était le nom officiel souvent utilisé par les bureaucrates du Parti communiste : un mot avait été construit : « funkci » (familiarité négative d‟élément extérieur qui marque le dédain) B) Les documents choisis : documents présentant l‟administration hongroise du Parti communiste des années 1950 et l‟image d‟un préfet français des années 1950. 196 C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : Connaître l‟histoire culturelle des administrations hongroise et française. Capacité à décrire le fonctionnement d‟une administration au XXème siècle en Europe. Montrer l‟histoire en rupture de la Hongrie d‟après-guerre et les racines historiques du Préfet depuis Napoléon. Ainsi le mot « cadre » en hongrois (kader) n‟est pas un mot neutre : le bon cadre fut celui qui était politiquement fiable et choisi par l‟appareil d‟Etat mais en même temps incompétent.Savoir utiliser les notions de : formulaires, services, centralisme, fédéralisme. D) Problématique choisie : dans quelle mesure peut-on dire que l‟image des fonctionnaires en France et en Hongrie est sensiblement différente ? Montrer les différences culturelles entre les services publics. E) Notions centrales : cadre, fonctionnaire, bureaucratie, parti. F) Situation d’apprentissage : décrire, à partir de documents du Moyen Age (gravures), les points communs hiérarchiques entre les Comtés au temps de Charlemagne et les « varmegye », équivalent hongrois de la même époque et d‟inspiration slave. 197 LE MOUVEMENT OUVRIER repos hebdomadaire coalition f grève f grève sur le tas (f) briseur de grève (m) « jaune » m m manifestation f émeute f le grand Soir m lock-out m fichage m protection sociale f assurance maladie f assurance accident f assurance chômage f assurance vieillesse f retraite f pension de retraite f retraite complémentaire f allocations familiales fpl heti pihenőnapok koalíció sztrájk ülősztrájk sztrájktörő « sárga » sztrájktörő szakszervezet (v. annak tagja) tüntetés zendülés a nagy este lock-out nyilvántartásba vétel szociális védelem (háló) betegbiztosítás balesetbiztosítás munkanélküli járadék fizetése öregségi járulék fizetése nyugdíj nyugdíj kiegészìtő nyugdìj családi támogatás A) Thème : histoire des mouvements ouvriers hongrois et français. B) Documents choisis : documents écrits et images sur la révolution de la Commune de Paris (1870) et sur la « République des Conseils » (1919) à Budapest. C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser documents iconographiques et textes politiques. Capacité à décrire le fonctionnement idéologique des mouvements sociaux en Europe à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on parler de la naissance de mouvements ouvriers démocratiques en France et en Hongrie entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle ? E) Notions centrales : parti réel, parti formel, syndicats, leaders, prolétaire F) Situations d’apprentissage : étude comparée de textes sur les discours de Louise Michel et des textes sur la République des Conseils de 1919. 198 LA VIE SCOLAIRE vie scolaire f école primaire f collège f lycée m élève m/f professeur m professeur principal m proviseur m proviseur adjoint m conseiller d’éducation (m) surveillant, e m/f intendant m dossier d’inscription (m) formulaire m test d’entrée (m) commission d’admission f année scolaire f rentrée scolaire f trimestre m bulletin scolaire m salle de classe f gymnase m centre de documentation et d’information (m) restauration scolaire f infirmerie f assistante sociale f transport scolaire m résumé m questionnaire à choix multiples cours (m) leçon (f) travaux pratiques m travail en groupe m exposé (oral) m devoir surveillé m explication de document (f) dissertation f méthode de travail f faire un devoir m apprendre une leçon f réaliser un panneau m examen m brevet des collèges m baccalauréat m corriger les copies diriger un conseil de classe (m) recevoir les parents iskolai élet elemi iskola / alsó tagozat felső tagozat gimnázium tanuló, diák tanár osztályfőnök iskolaigazgató igazgatóhelyettes nevelési tanácsadó felügyelő gazdasági vezető beiratkozási, jelentkezési dosszié nyomtatvány felvételi teszt felvételi bizottság tanév iskolaév kezdete tanítási év egyharmada bizonyítvány osztályterem tornaterem könyvtár, dokumentációs központ iskolai étterem, menza orvosi rendelő szociális munkás iskolabusz tartalom, összefoglalás m teszt tanítási óra, lecke gyakorlati óra csoportmunka kiselőadás dolgozat szövegértelmezés, szövegmagyarázat fogalmazás munkamódszer házi feladatot csinál leckét megtanul plakátot készít vizsga francia rendszerben kisérettségi érettségi dolgozatot javít osztályozó értekezletet vezet szülőket fogad 199 conseiller un élève encourager réprimander avertissement m sanction f retenue f exclusion f réunion plénière (f) des enseignants conseil d’enseignement tanácsot ad a tanulónak bátorít megró, dorgál figyelmeztetés büntetés büntető feladat kizárás értekezlet minden tanár részvételével oktatási értekezlet A) Thème : les systèmes scolaires hongrois et français. B) Documents choisis : « tableau de classe de Terminale » dit « Erettsegi Tablo » (tradition hongroise) et diplôme du baccalauréat français. Erettségi, c‟est le nom hongrois du baccalauréat pour les lycéens hongrois. Les jeunes filles hongroises vont toujours chercher leurs diplômes en blouse de marin blanche (matrozbluz) et jupe plissée bleu marine. Les garçons ont un costume sombre : tous les 5 ans anciens élèves et professeurs se retrouvent en tant qu‟adultes et pairs : l‟année du bac, on affiche dans les magasins sa classe et ses professeurs : on appelle cela « le tableau de classe de Terminale ». C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir lire des documents officiels et sociologiques. Capacité à décrire une institution scolaire. L‟enseignement du français, de l‟anglais et de l‟espagnol a remplacé l‟enseignement imposé du russe D) Problématique : dans quelle mesure peut-on dire que les systèmes scolaires français et hongrois s‟opposent et se complètent ? (Le baccalauréat hongrois est un certificat et non un diplôme universitaire comme en France.) E) Notions centrales : certificat, diplômes, déductif, inductif, J. Ferry, K. Kuno F) Situations d’apprentissage : photo montrant les remises de diplômes en France et en Hongrie : décrire la mise en scène dans un pays et son absence dans l‟autre. Etude comparée de textes sur les discours de K. Kuno (le Jules Ferry hongrois) et Jules Ferry sur l‟école. 200 L'ARCHITECTURE aile f appartement m vestibule m salon m salle de réception f chamber f balustrade f terrasse f galerie f balcon m cornice f frise f entablement m attique m baie f niche f cour f portique m pavillon m toit m mansarde f combles mpl lucarne f voûte à caissons (f) fronton cintré m fronton triangulaire m arc de triomphe m bossage m ordre dorique m ordre ionique m ordre corinthien m cathédrale f façade f chevet m porche m portail m tympan m voussure f linteau m tour lanterne f clocher m nef f szárny lakás előcsarnok (lehet tornác is) nappali, szalon fogadó szoba hálószoba balusztrád, mellvéd, terasz, párkány, erkély terasz galéria, csarnok balkon, erkély mennyezet6koszorúpárkáény, kiugró, épületrész, eszterhéj, pérkény fríz, dombormű épületen párkányzat attika, pártafal ajtó- vagy ablaknyílás falmélyedés fülke, rejtekablak udvar oszlopcsarnok, oszlopos előcsarnok villa tető tetőtér, manzard padlástér tetőablak rozettás boltozat félköríves boltozat háromszögű boltozat diadalív hézagolás dór oszlop jón oszlop korintusi oszlop katedrális homlokzat templomfő (templom félkör alakú része) kórusalja, fedett előcsarnok kapuzat, díszes templomkapu timpanon bolthajtás, boltíves áthidalás nyílás áthidalás világítótorony harangtorony hajó 201 travée f bas-côté m chapelle rayonnante f déambulatoire m chœur m abside f croisée du transept (f) voûte en berceau (f) voûte d'arêtes f croisée d'ogives f contrefort m pinacle m coupole f tambour m lanternon m pilier m colonne f pilastre m chapiteau m arc doubleau m arc en plein cintre m plan m coupe f élévation f palais m hôtel particulier m támköz, oszlopköz oldalhajó, oldalfolyosó kápolna kerengő kórus apszis kereszthajó dongaboltozat keresztboltozat csúcsíves ablak támaszpillér, támoszlop csúcs, orom, tetőgerinc kupola épület henger alakú része ablakos torony, lanterna pillér, oszlop oszlop félpillér oszlopfő páros ív félkörív alaprajz keresztmetszet nézet palota nemesi ház, kúria A) Thème : étude comparée des architectures française et hongroise. On distingue différents style « néo » à Budapest au XIXème siècle : le « néo-bysantin » (l'hôtel « Gelllért »), le néo-gothique (le Parlement), le néo-renaissance (le « Bastion des pêcheurs ») et surtout le classicisme (la Gare de Keleti, le « Pont des Chaînes », le Musée des Beaux-Arts) le néo-classique (la Citadelle, l´Opéra, la Galerie Nationale, etc.) B) Documents choisis : photos sur Paris et sur l‟œuvre de Gustave Eiffel à Budapest (gare de l‟ouest) C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser des documents iconographiques sur les villes. Capacité à décrire les éléments extérieurs et intérieurs de l‟architecture. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on dire que Paris et Budapest, d‟un point de vue architectural, ont de nombreux points communs ? (boulevards, façades, fenêtres dites « françaises ») 202 E) Notions centrales : urbanisme, art, science F) Situations d’apprentissage : produire une petite synthèse montrant les points communs entre la gare de l‟ouest et les gares de Paris. (Utilisation de la vidéo de Stan Neumann et François Loyer intitulée Paris, roman d‟une ville, 1991, 52 mn.) 203 LES ARTS peinture f huile sur toile f détrempe f tempera f gouache f aquarelle f dessin m fusain m mine de plomb (f) encre de Chine f lavis m esquisse f fresque f tableau m affiche f gravure f xylographie f estampe f eau-forte f lithographie f portrait m portrait de groupe m peinture d'histoire f peinture religieuse f paysage m marine f nature morte f vanité f scène de genre (f) chef d'œuvre m composition f premier plan m arrière-plan m point de fuite m perspective linéaire f angle de vue frontal m plongée f contre-plongée f perspective cavalière f perspective atmosphérique f composition en frise f pyramide f oblique ascendante f oblique descendante f circulation du regard (f) trompe-l'œil m festészet olajfestészet vízfesték, tempera tempera fedőfesték vízfesték rajz szénrajz grafit tus festmény (tussal) vázlat freskó festmény plakát metszet, karc fametszet metszet, nyomat rézkarc kőnyomat, litográfia portré csoportkép történelmi kép vallásos kép tájkép tengerészkék csendélet hiúság zsánerkép remekmű kompozíció előtér hátter oldalsó távpont vonalperspektíva látószög világos szín alulról felfelé filmezés mértani távlat légtávlat fríz piramis emelkedő vonal süllyedő vonal a valóságot hűen ábrázoló festmény, szemfényvesztés 204 ombre f lumière f clair-obscur m contraste m contour m cerné m clair / foncé net / flou criard / harmonieux couleur chaude f couleur froide f pigment m noir gris blanc spectre solaire m rouge orange jaune m vert bleu indigo violet m brun m sépia m rouge magenta m rouge carmin m rouge vermillon m cramoisi pourpre f rose m vert véronèse m vert émeraude m vert olive m vert brillant m cyan m bleu outremer m bleu de Prusse m bleu turquoise m bleu pastel m mauve m mélange optique m ocre jaune m terre de Sienne f árnyék fény vilásos, sötét ellentét, kontraszt körvonal, kontúr körülvett, körülzárt, karikás világos / sötét tiszta / elmosódott harsány / harmonizáló meleg szín hideg szín pigment fekete szürke fehér színkép, spectrum vörös, narancs, sárga zöld, kék, indigó, lila barna szépia bíborvörös kárminvörös cinóbervörös karmazsinvörös bíbor rózsaszìnű veronai zöld. smaragdzöld olívazöld, olajzöld csillogó zöld ciánkék ultramarin kék poroszkék türkizkék pasztellkék mályva optikai keveredés okkersárga sziéna, vörösesbarna 205 A) Thème : la musique et la peinture en France et en Hongrie B) Documents choisis : documents sonores : musique traditionnelle en France / musique traditionnelle hongroise (« nepzene ») C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser un document sonore. Capacité à décrire à l‟oral les différents moments d‟un document sonore. (Bartok / Franz Liszt / Gilles Binchois / Clément Jannequin) D) Problématique : dans quelle mesure peut-on trouver des points communs sonores entre les deux pays ? Une même démarche vers la nature ? (Jannequin / Bartok) E) Notions centrales : artisanat, œuvre, idéal, contrepoint F) Situations d’apprentissage : analyse de deux textes de Merleau-Ponty (à propos de Cézanne) et Bartok sur le rapport art / nature. Faire une analyse du style plastique du peintre hongrois Munkacsy Mihaly qui a vécu à Paris au début du XX ème siècle et qui fut influencé par les palettes de Degas et Gauguin.230 Nous avons abordé un travail interculturel sur la symbolique des couleurs : la couleur jaune sarga - fut longtemps la couleur de l‟Empire, donc des Habsbourgs. Tout bon « patriote hongrois » ne devait pas, jusqu‟à peu, porter cette couleur. 230 BEKE (Lazlo), Budapest : 1869-1914 : modernité hongroise et peinture européenne- Musée de Dijon Ŕ Catalogue, 1995, Dijon, 383 p. 206 KERESZTÉNYSÉG/ CHRISTIANISME cène f communion f pénitence f Confession des péchés confirmation f mariage m ordre m extrême-onction f pape m cardinal m évêque m chanoine m curé m prêtre m pasteur m abbé m moine m moniale f paroisse f diocèse m concile m conclave m séminaire m culte m messe f prière n cantique m hymne m psaume m prédication f catéchisme m mission f Pèlerinage m croisade f schisme m Indulgence f réforme f protestant m puritain m catholique m luthérien m calviniste m anglican m huguenot m f utolsó vacsora (szent) áldozás bűnbánat gyónás bérmálás házasság parancs, rendelet fölkenés pápa bíboros, kardinális püspök kanonok katolikus pap, plébános pap, lelkész lelkész apát szerzetes kolostorból ki nem lépő apáca plébánia, parókia egyházmegye tanács konklávé, pápaválasztó bíboros kollégium szeminárium, papnevelde kultusz mise ima, fohász egyházi ének himnusz zsoltár prédikáció katekizmus, hittan misszió, térítés zarándoklat keresztes hadjárat egyházszakadás, skizma búcsúlevél, búcsúcédula reformáció protestáns puritán katolikus lutheránus (evangélikus) kálvinista (református) anglikán francia protestáns 207 A) Thème : le christianisme hongrois et français. La confession protestante s‟est proclamée religion d‟état de la Hongrie et insiste sur la notion de nation s‟opposant ainsi à l‟universalisme catholique. Le refrain altier du chant national hongrois (« Nemzeti dal ») l‟évoque explicitement : « Mad megtudod, hogy hol lakik a magyarok Istene ! » (Tu vas voir, tu vas apprendre où habite le Dieu des Hongrois). 30% des Hongrois sont protestants et se localisent surtout dans l‟est du pays ; mais il n‟y a pas d‟antagonismes religieux avec les catholiques : on trouve beaucoup d‟églises œcuméniques en Transylvanie. La plus grosse ville de l‟est du pays, Debrecen, est la « Rome des Calvinistes ». Dans ce registre d‟œcuménisme, notons que le mot « Templom » évoque tous les lieux de culte en Hongrie.231 B) Documents choisis : documents iconographiques sur une église française gothique et une église hongroise de style baroque. C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir décrire les éléments architecturaux d‟une église. Distinguer les différences entre catholiques et protestants. D) Problématique : dans quelle mesure les deux pays ont partagé la même histoire culturelle au niveau de la religion ? E) Notions centrales : catholicisme, protestantisme F) Situations d’apprentissage : trouver le nom des différents monuments exprimant les différentes confessions religieuses en Europe. Comparer des textes intégrant le protestantisme en Hongrie face à la révocation de l‟édit de Nantes. 231 HORN (Emile), Le christianisme en Hongrie, 1905, Paris , Bloud, 74 p. 208 ISZLÁM / ISLAM Islam m Coran m sourate f verset m Hadith Récitation f révélation f prophète m Mahomet La Mecque / Mekka Hégire Médine / Medina communauté f / Umma calife m commandeur m croyant m mufti m Cadi m docteur de la loi (m) / ulema école coranique f / medersa Imam m diriger la prière (f) mosquée f ablution f Salle de prière f tribune f niche f / mihrab chaire f / minbar minaret m Muezzin appeler à la prière profession de foi f / chahada Cinq prières obligatoires fpl jeûne du Ramadan m mois lunaire m aumône légale f / zakat pèlerinage m / hijja fin du Ramadan (f) / aïd-al-Fitr Fête des morts (f) / Achoura loi islamique (f) / charia guerre sainte (f) / jihad martyr m voile (m) / hijab sunnisme m chiisme m imam caché (m) / Mahdi mollah m iszlám Korán szúra vers, strófa hadisz (Mohamed cselekedetei) idézet kinyilatkoztatás próféta Mohamed Mekka Hedzsra (Mohamed Mekkából Medinába) Medina közösség kalifa iIgazhitűek ura hìvő mufti kádi törvénytudós medersa, imám imát vezet mecset rituális tisztálkodás imaszoba szószék mihrab minbar minaret müezzin imára hív mitvallás öt kötelező ima ramadán böjt holdhónap aamizsna zándoklat ramadán vége halottak napja iszlám törvények szent háború, dzsihád mártir fátyol szunnita siizmus imám mollah 209 ayatollah m condamnation (f) / fatwa réislamisation f ajatollah elítélés reiszlamizáció A) Thème : l‟influence de la culture musulmane en France et en Hongrie. La Hongrie a connu une occupation turque majeure : les Turcs (Törökök) sont restés dans le pays pendant 150 ans (XVIème-XVIIème siècles). Romans et ballades pour enfants témoignent de la férocité des combats entre Turcs et Hongrois (Egri csillagok). Mais l‟héritage culturel reste présent par les nombreux bains thermaux localisés à Budapest. La nourriture et la langue hongroise ellesmême ont été touchées par cette occupation232 : certains chefs turcs gardent douce réputation, comme Gül Baba, dont il existe un Templom (mausolée) à son nom sur la « Colline aux roses », localisé dans le deuxième arrondissement. Ces roses auraient été apportées par les Turcs… B) Documents choisis : cours de médecine à Montpellier au XIIème siècle et présence turque en Hongrie (XVIème-XVIIème siècles). C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir lire des documents médiévaux (iconographiques) et des éléments architecturaux. Savoir décrire les éléments culturels d‟une civilisation (calligraphie / architecture). Photos sur les minarets des villes hongroises de Pecs et Eger. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on parler d‟une influence de la civilisation musulmane dans les deux pays ? E) Notions centrales : Coran, Mahomet, Salam, Ottomans, thermes, minarets F) Situations d’apprentissage : à partir de la « colline aux roses » et du mausolée de Gül Baba (2ème arrondissement de Budapest) et des bains turcs (Lukas / Kiraly furdo), fmener une étude comparée avec les anciens quartiers français et arabes des anciennes colonies françaises d‟Afrique du Nord (notamment les fontaines des cours intérieures du quartier de la médina). 232 KAKUK (Zsusza), Recherches sur l‟histoire de la langue osmalie des XVI-XVII : les éléments osmanlis de la langue hongroise, 1973, Paris, Mouton, 660 p. 210 L'INFORMATION Information f télégraphe m téléphone m médias m presse f agence de … f cinéma m radio f télévision f télécommunication f télématique f téléport m télétravail m satellite m orbite géostationnaire câble à fibre optique (f) faisceau hertzien m f információ, tájékoztatás telegráf telefon média sajtó ügynökség mozi rádió televízió telekommunikác telematika, teleinformatika teleport távmunka szatellit, műhold távközlési pálya optikai szálas kábel mikrohullámú vonal A) Thème : politique de contrôle des médias entre les deux pays dans les années 1950 /1960 B) Documents choisis : documents iconographiques sur les sigles de la radio « Szabad Europa Radio » (Radio Europe Libre) - support acoustique - et le sigle de l‟ORTF (extrait vidéo d‟une interview de de Gaulle). Les médias hongrois se sont discrédités lors des événements de 1956 en parlant d‟événements regrettables (« sajnalatos esemenyek »). Depuis, la libéralisation a fait oublier la radio Voix de l‟Amérique pour laisser la place à de nombreuses radios et chaînes de T.V, ce qui a eu pour conséquence le licenciement des fonctionnaires de la MTV (Magyar Televizio) au début des années 1990. C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser des documents sonores et vidéo. Capacité à décrire le fonctionnement politique d‟images et de supports sonores. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on dire que les médias furent largement instrumentalisés dans les années 1960 de chaque côté du rideau de fer ? E) Notions centrales : propagande, culture populaire. F) Situations d’apprentissage : étudier la presse française en 1956 et la réalité politique de la Hongrie en octobre 1956. 211 L' ARMEE armée f guerre f défense f Combattre Vaincre déclarer la guerre trêve f cessez-le-feu m armistice m Mobiliser Démobiliser stratégie f tactique f faire une reconnaissance (f) infanterie f cavalerie f artillerie f génie m train des équipages m transmissions fpI aviation f marine de guerre f grade m officier m général m colonel m commandant m capitaine m lieutenant m aspirant m sous-officier m adjudant m sergent m caporal m maréchal des logis bataillon m régiment m quartier général m état-major m aide de camp m ordonnance f éclaireur m sapeur m tranchée f gaz asphyxiant m hadsereg háború védelem harcol (le)győz hadat üzen fegyverszünet (treuga), fegyvernyugvás bizonyos időszakban, középkorban bizonyos napokon fegyverszünet, átmeneti fegyverszünet, fegyverletétel mozgósít leszerel, lefegyverez stratégia taktika felderítésre megy gyalogság lovasság tüzérség műszakiak Szállítók összeköttetés, híradás, híradószolgálat légierő hajózás rang tiszt tábornok ezredes százados kapitány főhadnagy tisztjelült, kadét altiszt alhadnagy őrmester tizedes, káplár lovassági / tüzérségi altiszt, őrmester zászlóalj ezred a vezérkar hadiszállása vezérkar hadsegéd, szárnysegéd parancs járőr árkász, sáncásó lövészárok mérgesgáz 212 lance-flamme m grenade f poignard m épée f sabre m pistolet m fusil m mitraillette f mitrailleuse f char d'assaut m division blindée f cuirassé m porte-avion m sous-marin m chasseur m bombardier m drapeau m décoration f uniforme m défilé m passer en revue (f) tűzvető gránát tőr kard szablya pisztoly puska géppisztoly, kézi golyószóró géppuska, gépfegyver harckocsi, tank páncélos hadosztály vértes repülőgéphordozó tengeralattjáró vadászgép bombázó zászló kitüntetés egyenruha felvonulás szemlét tart A) Thème : etude comparée des armées françaises et hongroises.233 B) Documents choisis : image des Soldats de l‟an 2 en France et du peuple des Sicules (défenseurs des marges du pays), réputés être descendants d‟Attila et hongrois dits authentiques et travail étymologique sur le mot « honvédseg » (défenseurs de la patrie / patrie en 1848). C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser des documents écrits et iconographiques. Capacité à décrire la politique de défense d‟un Etat et de son armée (grade / formation). Montrer les emprunts linguistiques : le mot hussard (Huszar / qui vient du mot Husz - qui veut dire 20 - et le mot sablya qui a donné en français le mot sabre. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on rapprocher les deux pays sur leur politique de défense ? 233 DOBO (Nicolas), Itinéraire d‟un enfant hongrois : médecin dans l‟armée française, 1997, Paris, Lettres du Monde, 216 p. 213 E) Notions centrales : notions de marge et de fortifications F) Situations d’apprentissage : à partir d‟images sur les citadelles de Vauban et sur la ville d‟Eger, montrer les points communs et les différences avec les citadelles frontières hongroises (« Végvar »). Ces « Végvar » protégeaient la Hongrie des Turcs comme les citadelles protégeaient les Français des Allemands. Le mot vegvar est synonyme de fermeté en hongrois. On les retrouve à Komarom et Temesvar. 214 LA DIPLOMATIE diplomatie f ambassade f Ambassadeur m ambassadrice f diplomate m conseiller m attaché culturel m lettres de créances fpl dépêche f mission f valise diplomatique f code secret m langage chiffré m consulat m consul m espion m agent secret m agent double m taupe f signer un traité (m) conclure une alliance (f) coalition f expansion territoriale f indemnité de guerre f occupation militaire f Réparations fpI diplomácia Követség Nagykövet nagykövet asszony Diplomata Tanácsos kultúrális tanácsos megbízólevél sürgöny misszió, megbízatás futárposta titkos kód rejtjelezett nyelv konzulátus konzul kém titkosügynök kettős ügynök tégla, beépített ember szerződést aláìr szövetséget köt koalíció területi mövekedés hadikárpótlás katonai megszállás jóvátétel A) Thème : histoires diplomatiques de deux pays. B) Documents choisis : rapport de la Hongrie et de la France face aux voisins germaniques (Autriche / Allemagne) C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir analyser un document écrit de type diplomatique. Savoir distinguer et décrire ce qu‟est une politique étrangère et l‟activité diplomatique. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on parler d‟une certaine dépendance diplomatique face aux Allemands et aux Autrichiens (1867 / 1870) ? Après le compromis de 1867, il y a deux gouvernements, deux parlements mais il y a des affaires communes dont les affaires étrangères. 215 E) Notions centrales : négociation, groupe, nation, entente cordiale, sainte alliance. F) Propositions d’apprentissage : étude sur la carte de l‟Europe au XVIIème siècle qui explique l‟alliance ponctuelle de Louis XIV avec les Hongrois (Rakoczi) contre les Habsbourgs lors de la guerre de succession d‟Espagne. 216 LA JUSTICE igazságszolgáltatás Igazságügyminisztérium pecsétőr kancellár bírák elkülönített helye ügyész bìró, magasabb igazságügyi tisztségviselő bíró törvényszéki irnok teremőr bírósági végrahajtó törvény embere ügyvéd tárgyalóteremben az ügyvédek helye törvényszék tárgyalóterem vizsgálóbíró vizsgálat vizsgálóbiztos, nyomozó ìtélőképesség terhelő tanú mentő tanú polgári törvénykönyv büntető törvénykönyv elsőfokú bìróság büntető törvényszék esküdtszék esküdtbíróság esküdt fellebviteli bíróság legfelső semmisìtőszék Államtanács legfelsőbb bìróság justice f ministre de la justice (m) garde des sceaux m chancelier m parquet m procureur m magistrat m juge m greffier m huissier m huissier de justice (m) homme de loi (m) avocat m barreau m prétoire m salle d'audience f juge d'instruction (m) enquête f enquêteur de police (m) judiciaire (f) témoin à charge (m) témoin à décharge (m) justice civile f justice pénale f tribunal d'instance (m) tribunal criminel m cour d'assises f jury m juré m cour d’appel (f) cour de Cassation f Conseil d'Etat m Cour Suprême f Conseil supérieur de la Magistrature m liberté sous caution f mandat de perquisition (m) amende f peine de prison f prison à vie f privation de droits civiques peine capitale f frais de justice (f) les épices (Ancien Régime) condamné aux dépens (m) legfelsőbb bìróság (f) óvadékkal történő szabadlábra helyezés házkutatási végzés, engedély bírság börtönbüntetés életfogytiglan állampolgári jogok gyakorlásától való megfosztás halálbüntetés perköltség bíráknak járó természetbeni ajándék régen perköltségben elmarasztal, kötségviselére 217 A) Thème : justice française et hongroise : entre institution et morale. B) Documents choisis : prison de Recsk après 1956 et bâtiment de l‟AVO (KGB hongrois) et police française dans les années 1960. C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : capacité à décrire des documents institutionnels. Capacité à décrire un système judiciaire (lexique / syntaxe) D) Problématique : dans quelle mesure peut-on parler de culture judiciaire commune entre la Hongrie et la France, malgré l‟héritage communiste de la Hongrie ? E) Notions centrales : notion d‟institution et de morale, vertu, engagement, loi. F) Situations d’apprentissage : à partir d‟une photo du Conseil de l‟Europe (après 2004) et de textes généraux sur la justice, montrer qu‟une culture européenne de justice reprend la Déclaration universelle des droits de l‟homme de 1948 (ONU).234 BADO (Attila), La justice hongroise dans le cadre de l’intégration européenne, 2002, Paris, France, L’harmattan, 328 p. 234 218 LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES Nemzetközi szervezetek organisations internationales fpI Nemzetek Szövetsége Société des Nations f Egyesült Nemzetek Szervezete Organisation des Nations Unies Tag membre m Közgyűlés Assemblée Générale f Ajánlás recommandation f Biztonsági Tanács Conseil de Sécurité (m) Megoldás résolution f Vétójog droit de veto m Ellenszavazat nélkül unanimité f Többségi szavazás vote (m) à la majorité Főtitkár Secrétaire Général m Gazdasági és Társadalmi Tanács Conseil Economique et Social m Gyámsági Tanács Conseil de Tutelle (m) Nemzetközi Bíróság Cour Internationale de Justice f Jogvita litige m Organisation Internationale du Nemzetközi Munkaszervezet Travail (f) Organisation des NU pour l'Alimentation Az ENSZ Élelmezési és Mezőgazdasági Szervezete et l’Agriculture (f) Organisation des NU pour l'Education, Az ENSZ Oktatási, Tudományos és Kultúrális Szervezete la Science et la Culture (f) Fonds Monétaire International Nemzetközi Pénzalap (m) Nemzetközi Rekonstruckciós és Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (f) Fejlesztési Bank Általános kereskedelmi és ár Accord général sur les tarifs et le megállapodás Commerce (m) Az ENSZ Gyermekügyi Alapja Fonds des NU pour l'Enfance (m) Organisation Mondiale de la Santé (f) Egészségügyi Világszervezet Haut Commissariat aux Réfugiés (m) Legfelsőbb Menekültügyi Szervezet Commission des NU pour le Commerce Kereskedelmi és Fejlesztési Bizottság et le Développement (f) Nouvel Ordre Economique Mondial Világgazdaság új rendje (m) Plan des NU pour le Développement Az ENSZ Fejlesztési Terve (m) Európai Gazdasági Együttműködési Organisation Européenne de Szervezet Coopération Economique (f) Gazdasági fejlesztési és Együttműködési Organisation de Coopération et de Szervezet Développement Economique (f) Organisation des Pays Exportateurs de Olajexportáló Országok Szervezete Pétrole(f) Organisation du Traité de l'Atlantique NATO (Észak-Atlanti Szövetség) Nord (f) 219 A) Thème : la présence des organisations internationales en France et en Hongrie. On peut noter que le FAO (« Fund Agricultural Organization ») a son antenne pour toute l‟Europe orientale à Budapest. Il gère les programmes d‟aide alimentaire mais aussi participe à la restructuration des économies agricoles des pays du Caucase et des Balkans B) Documents choisis : organigramme général de l‟ONU, de l‟Unesco et du FAO. C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : savoir décrire des organigrammes institutionnels. Capacité à décrire l‟action d‟une organisation internationale. D) Problématique : dans quelle mesure peut-on dire que la Hongrie participe aux actions internationales de l‟ONU au niveau économique et la France au niveau politique ? E) Notions centrales : ONG / ONU / UE / OTAN / FAO / UNESCO F) Situations d’apprentissage : à partir d‟un texte du FAO, dont une antenne est installée à Budapest, et d‟un texte fondateur de l‟Unesco à Paris, montrer les deux registres d‟action de ces organismes, en relevant les mots clés de ces textes. 220 LES REGIMES POLITIQUES régime politique m principauté f prince (m) princesse (f) monarchie f royaume m roi (m) reine (f) empire m empereur (m) impératrice fédération f président m protecteur m démocratie f république f oligarchie f chef de l’Etat m pouvoir exécutif m chef du gouvernement m premier ministre m président du conseil m chancelier m cabinet ministériel m secrétaire d’état m ministre m Intérieur m Finances fpl Economie f Justice f Affaires Etrangères fpl Défense f Guerre f Conseil des ministres m instabilité ministérielle f remaniement m crise f pouvoir législatif m constitution f assemblée f chambre f Assemblée Nationale f suffrage universel m député m membre du Parlement Parlement m Congrès m m (f) politikai rezsim hercegség herceg, fejedelem, hercegnő monarhia királyság király, királynő birodalom császár szövetség, föderáció elnök protektor demokrácia köztársaság oligarchia államfő végrehajtó hatalom kormányfő miniszterelnök tanácselnök kancellár minisztériumi kabinet államtanácsos miniszter bel- (belügyminiszter) pénz- (pénzügyminiszter) gazdaság igazságügy külügy védelem hadügy miniszterek tanácsa miniszteri instabilitás átalakítás krízis törvényhozó hatalom Alkotmány gyűlés kamara (egykamarás, kétkamarás parlament) nemzetgyűlés népszavazás parlamenti képviselő parlamenti tag parlament kongresszus 221 felsőház chambre haute f szenátus Sénat m szenátor sénateur m indirekt választás suffrage indirect m szövetségi gyűlés conseil fédéral m örökös felsőházi tag pair héréditair m lordok háza Chambre des Lords (f) országgyűlési ciklus / törvényhozói gyűlés législature f mandátum mandat m törvényt megszavaz voter une loi (f) törvényjavaslatot benyújt proposer un projet de loi (m) bizottságban résztvenni participer à une commission vizsgálóbizottság commission d’enquête f törvényjavaslatot módosít amender un projet (m) módosítás amendement m kormány ellenőrzés contrôle du gouvernement m bizalmatlansági indítvány motion de censure f költségvetés vote du budget m költségvetési törvény loi de finance f közvetlen adó impôt direct m személyi jövedelemadó impôt sur le revenu m indirekt adó impôt indirect m földadó impôt foncier m választás élection f jelölt candidat m választási hadjárat campagne électorale f egy jelöltre szavazás scrutin uninominal m listás szavazás scrutin de liste ( m) többségi szavazás scrutin majoritaire à un tour (m) représentation à la proportionnelle (f) arányos képviseleti rendszer abszolút többség majorité absolue f relatív többség majorité relative f népszavazás référendum m szavazás, választás consultation f nyomást gyakorló csoport groupe de pression (m) párt parti m partizán partisan m mozgalmi harcos, pártmunkás militant m állandó permanent m tag adhérent m szimpatizáns sympathisant m konzervatív párt parti conservateur m liberális libéral m munkáspárti travailliste m republikánus républicain m demokrata démocrate m radikális radical m szocialista socialiste m kommunista communiste m 222 démocrate-chrétien écologiste m ligue f front m mouvement m rassemblement m m kereszténydemokrata környezetvédő liga front mozgalom gyülekezés, gyülekezet A) Thème : gouvernement et type de pouvoir en Hongrie et en France. La société hongroise n‟a pas connu la trilogie typique du Moyen âge et de l‟ancien régime : Clergé, Tiers-Etat et Noblesse. Ce système social et politique a concerné l‟Europe occidentale. En Europe Centrale, ce système était remplacé par Roi, Aristocrates et petite/moyenne noblesse (nemes). Cela explique entre autre les retards sur les réformes sociales par rapport à l‟ouest de l‟Europe même si aujourd‟hui on reconnaît l‟existence d‟un certain libéralisme à la fin du XVIIIème et audébut du XIXème siècle en Hongrie.235 La noblesse a acquis ses droits lors de l‟Edit de la Bulle d‟Or au début du XIIIème siècle et les a conservés jusqu‟en 1848. L‟empire des Hasbourgs a stoppé par une sévère répression militaire la réforme de Kossuth. Le Parti (Part) se nomme depuis 1956 MSz MP. Depuis la crise de 1956, ce parti dépend de l‟URSS (Szovjetnunio). Le parti de Janos Kadar créa ce communisme goulasch (un communisme moins doctrinal) après le traumatisme de la contre révolution. B) Documents choisis : image de nobles au XVIIème siècle en France et en Hongrie C) Objectifs linguistiques et disciplinaires : capacité à décrire des documents iconographiques de l‟ancien régime. Capacité à décrire l‟histoire des régimes politiques en France et en Hongrie (XVIème - XVIIIème siècle). D) Problématique : dans quelle mesure peut-on affirmer que la trilogie française (Clergé, Noblesse, , Tiers-Etat) s‟oppose à la trilogie hongroise (aristocratie, moyenne noblesse, petite noblesse) ? 235 KECSKEMETI (Karoly), Le libéralisme hongrois : 1790-1848 : étude sur la pensée politique de la gauche nobiliaire dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, 1980, 2 vol., 763 p. 223 E) Notions centrales : fronde, féodalisme, révolution, nation. F) Situations d’apprentissage : à partir de textes sur l‟abolition des droits de la noblesse (août 1789) et le rôle des nobles en 1848 (révolution contre Vienne), montrer le mode de fonctionnement des différents types de révolution. 224 Chapitre 4 / Les limites de tels curricula interculturels de l’histoire de France. Toutes ces séquences pédagogiques doivent être analysées dans une approche anthropologique et chaque cas particulier - objets, personnages, ou champ lexical - doivent être utilisés pour déconstruire les représentations de l‟étudiant étranger sur l‟histoire de France. Cela lui permettra de mieux comprendre, dans des dimensions multiples et interculturelles, l‟histoire de son pays et l‟histoire de la France. Quelles seraient les racines d‟une telle approche ? Existent-t-elles ? Des historiens, en 1903 à Rome, ont organisé leur premier congrès international sous l‟autorité de Lord Beveridge, qui aboutira plus tard par le « linguistic turn » d‟Hayden White et les travaux de Jacques Derrida. Aujourd‟hui, le chantier reste ouvert et constate « l‟énorme expansion du territoire de l‟historien » (expression d‟E. Le Roy Ladurie). Mais peut-on aller plus loin et construire un curriculum complet d‟une histoire interculturelle d‟un pays ? C‟est ce que nous allons tenter de comprendre et mesurer dans ce dernier chapitre. 4.1 Des grilles qui restent toujours à construire A l‟heure où la géopolitique est bousculée par les printemps arabes et la crise de l‟Euro, chaque pays opère une modification sur la conception même de l‟histoire et sur les destins collectifs des Hommes. Le doute s‟est installé. La logique est-elle alors à un retour inévitable aux nations ? Quelle histoire peut-on écrire et enseigner demain dans une Europe en difficulté au sein d‟une géopolitique multilatérale qui redistribue de nouvelles cartes? Doiton abandonner le projet d‟une histoire globale et européenne pour un retour aux mythes nationaux, à coup de sur-commémorations, comme il fut envisagé de créer, en 2011, une sorte de « D-Day » à la française pour tous les combattants français de tous les conflits ? Quel mode d‟emploi institutionnel et quelle initiation politique permettrait de créer demain une histoire de France associant une dimension nationale et internationale ? L‟enseignement de cette discipline joue un rôle déterminant, qu‟il s‟agisse de la formation de base des citoyens ou de la formation des élites dirigeantes au niveau politique et économique. 225 Marc Bloch236 avait déjà analysé, dans des moments encore plus graves, le rôle qu‟un enseignement inadéquat peut jouer sur l‟appréhension des rapports de force diplomatique où la France percevait encore l‟Allemagne, en 1940, comme la Prusse des Hohenzollern. De même qu‟en décembre 2011 on évoque de nouveau Bismarck pour stigmatiser l‟Allemagne face à la crise de l‟Euro. L‟enseignement d‟une histoire de France nationale ou européenne est-il possible si cela ne correspond plus au contexte et aux objectifs politiques actuels ? La question de l‟histoire et de son enseignement est éminemment politique et les décisions concernant les curricula ont des conséquences sur le sentiment d‟appartenance à une communauté citoyenne. Obtenir une modification coordonnée de curricula pour aborder une approche interculturelle serait une avancée culturelle majeure. Cette nouvelle vision suppose de repérer les points communs et les différences entre une histoire de France et une histoire mondiale. 4.2 L’histoire de France : un angle mort dans l’enseignement de l’histoire ? Autant on constate que l‟histoire nationale, au sens du roman national, disparaît peu à peu des manuels de collège et lycée en France, autant cette histoire pourrait retrouver une nouvelle place dans une approche interculturelle. Du XIXème siècle jusqu‟en 1945 nous avons observé une histoire de France basée sur les rivalités nationales et sur une vision eurocentrée du monde. En ce début de XXIème siècle le contexte a changé. Fin de la Guerre froide, 11 septembre 2001, et printemps arabes de 2011 suggèrent une autre histoire des Hommes. Une histoire globale du monde est déjà présente dans les quatre classes du collège et au niveau de la seconde (Grèce antique, Rome, Occident médiéval, Renaissance, histoire moderne, guerres mondiales, guerre froide…). Certes, la vision nationale est moins présente mais l‟européocentrisme reste dominant. Or, paradoxalement, cette approche peut empêcher un retour possible à d‟autres « histoires » de France. Car concevoir une nouvelle façon de penser l‟unité d‟un pays suppose de penser autrement. Dans cette optique, une vision internationale de l‟histoire de France est une solution possible. Le pays est ainsi considéré comme une construction qui s‟est accumulée avec d‟autres Etats-Nations de l‟Europe. Mais quelles ressources dispose-t-on pour créer une histoire interculturelle de la France qui éviterait cette sédimentation européenne. 236 BLOCH (Marc), L‟étrange défaite, Paris, 2000, Le grand livre du mois, pp. 187-188 226 Les travaux historiques existent qui pourraient fonder demain cet enseignement inédit intégrant les nouveaux besoins d‟une francophonie liée à un nouvel environnement mondial. Cette approche relativiste de l‟histoire avait déjà été évoquée par Marc Bloch lorsqu‟il rédigea son histoire comparée des sociétés européennes. Avant lui, Guizot avait ouvert une piste dès 1828 avec son Histoire de la civilisation en Europe. Plus tard Fernand Braudel, en proposant sa Grammaire des civilisations, accentuera la piste des structures comparatives dans différents pays. Cette perspective synchronique, aussi adoptée par Arnold Toynbee, a encouragée de nombreux projets éditoriaux tels que la collection « Faire l‟Europe » dans les années 1990. Pourtant, malgré la séduisante dimension comparatiste de ce type de projet, il y a eu peu d‟échos dans les curricula de l‟enseignement de l‟histoire et dans les débats publics. Il y a certes eu un effort pour comparer les cultures-civilisationnelles de manière synchrone en classe de seconde avec le chapitre sur la Méditerranée, alors perçue comme un carrefour de civilisations au Moyen Age. Depuis septembre 2010, ce chapitre est remplacé par un long roman fleuve sur l‟Occident chrétien médiéval. En classe de sixième des efforts ont été accomplis pour ouvrir sur l‟extra-européen, mais la place impartie reste modeste et périphérique. Ainsi l‟enseignant peut évoquer la Chine des Han ou l‟Inde des Gupta, mais il ne peut y consacrer que 10 % du temps de l‟histoire. En cinquième, on retrouve la même proportion pour traiter des royaumes d‟Afrique au Moyen Age. La volonté politique est au cœur de tout enseignement de l‟histoire. Pour construire une histoire réellement interculturelle, nous avons besoin d‟une révolution copernicienne. Certes le roman national à la Jules Michelet ou à la Lavisse n‟existe plus, mais la vision européocentriste joue désormais ce rôle de rempart à une vraie ouverture interculturelle. Pour écrire une telle histoire de France, il nous faudrait insister davantage sur ce qui précédait les Nations. Le point majeur est là. L‟humanité n‟a pas construit des civilisations à partir de nations, mais ce sont les nations qui sont le produit de ces civilisations. Introduire cette perspective dans les programmes d‟enseignement en France ou dans les réseaux de la francophonie relève d‟une décision politique. 227 4.3 Quel mode d’emploi pour proposer des curricula d’histoire interculturelle de la France à l’étranger ? On peut créer des manuels d‟histoire au niveau international, comme ce fut le cas pour le manuel binational franco-allemand en 2006, rédigé sous la direction de Guillaume Le Quintrec. Ce fut un manuel basé sur une logique de réconciliation, mais qui n‟a pas eu le succès que l‟on aurait pu imaginer. De plus, la dimension européenne n‟ouvrait pas de champ d‟exploration sur une histoire monde. Enfin la diffusion de ce manuel fut limitée et sans conséquences sur l‟aménagement des programmes. Une autre tentative serait d‟approfondir cette expérience en se liant aux opinions publiques relatives à l‟histoire de l‟humanité dans une vision claire et articulée avec l‟histoire de France. Mais cette dimension internationale ne devrait pas être présentée comme venant en « plus » ou à « côté de ». On mesure par contraste la nécessité d‟une démarche patiente qui se contenterait de dégager des solidarités de fait entre une histoire de France qui deviendrait « régionale » et une histoire globale. Ces solidarités et rencontres pourraient être modulées à l‟étranger dans le réseau MAE en fonction des pays d‟accueil pour les lycées français à l‟étranger ou les Alliances françaises. Cette modulation régionale permet de donner sens à une ou à plusieurs aventure(s) collective(s) des Hommes. Il ne s‟agit pas d‟effacer non plus l‟histoire de France ou d‟établir un manuel globalisant intégrant l‟histoire des cinq continents. Il ne faut prétendre résoudre les conflits de mémoire ou les différentes sensibilités au temps selon les cultures et les civilisations. Une histoire interculturelle supposerait seulement de replacer l‟histoire d‟un pays dans une histoire générale du monde qui servirait de cadre à des comparaisons locales, régionales. Par exemple, l‟histoire de France pourrait être comparée avec l‟histoire de la Russie et du Japon dans les alliances françaises de Russie. Il s‟agirait ici simplement d‟encourager, les apprenants d‟un pays à comprendre l‟histoire de France par rapport à l‟histoire de leur pays et d‟un pays tiers. En d‟autres termes, on aurait à faire à une approche tri-synchronique de l‟écriture et de l‟appréhension de l‟Histoire. Ce serait une histoire adaptable et adaptée à chaque situation. Le global s‟harmonise avec le particulier par une interaction construite et locale. Cela suppose de savoir quels sont les faits qui ont une dimension internationale dans les trois pays étudiés, que ce soit dans les domaines économique, social, culturel ou politique. D‟autre part, cela suppose d‟identifier quelles sont les principales inflexions géographiques liées à cette histoire commune aux trois pays étudiés. 228 Quelle est la nature des relations entre ces trois pays ? Conflits ? Coopérations ? Quelle est la place de l‟histoire de ces trois pays dans l‟histoire mondiale ? Ces questions préalables permettent de voir ce qui appartient à un mouvement d‟ensemble et ce qui plus conjoncturel. Cette distinction donne à l‟histoire un aspect interactif et permet de mieux comprendre le comportement des acteurs, au niveau local, régional et international. Pourquoi alors tant de difficultés ? 4.4 Les obstacles pour demain : le recul de la francophonie Le manque de visibilité de l‟histoire de France au niveau international est aussi lié au recul de la francophonie au niveau de la recherche internationale dans le domaine des sciences de l‟histoire. Jean-François Sirinelli237 s‟est ému d‟une désaffection pour l‟histoire de France lors du colloque international des historiens de Sidney en 2005. Cette communauté internationale des historiens, qui se réunit depuis 1920 tous les cinq ans, assiste depuis quelques années à un net recul des interventions en langue française et de l‟intérêt pour l‟histoire de France. En 2005, sur 1300 participants, on trouvait à peine 40 historiens francophones. A l‟inverse, la génération née en 1950 (Mandrou, Duby) a connu un environnement universitaire plutôt francophone. Ce n‟est plus le cas aujourd‟hui. Toutes les communications se font dans un anglais dégradé et souvent mobilisé par des non-anglophones. Les sessions qui se faisaient en français attiraient à peine 30 personnes à chaque fois, selon Jean-François Sirinelli. Nous sommes loin du temps où de jeunes chercheurs allaient à Paris obtenir des autorisations pour consulter les archives, comme ce fut le cas pour Robert Paxton. D‟ailleurs, dans beaucoup de pays, comme aux Etats-Unis, les chaires françaises d‟histoire deviennent des chaires d‟histoire européenne et beaucoup d‟étudiants américains se tournent désormais vers le monde asiatique ou latino-américain. Une des causes de ce déclassement est la frénésie du ranking (classement) et des statistiques où la productivité universitaire est sans cesse contrôlée. L‟indice H cristallise cette boulimie du « Rankine ». Il fut créé en 2005 par Jorge Hirsch, de l‟Université de San Diego. Cet indice est stable et robuste à condition de ne comparer que des gens d'une même discipline et d'une ancienneté équivalente. 237 SIRINELLI (Jean-François), L‟histoire est-elle encore française? Cnrs, ed .Coll- Débats, 2010, 60 pages 229 Sous ces conditions seulement c'est un bon outil pour comparer et évaluer rapidement des chercheurs... en prenant en compte l‟intensité du travail d‟un chercheur mais aussi sa qualité en croisant le nombre de publications et le nombre de citations238. Ceci dit, l‟écosystème universitaire français souffre de cette permanente mise en concurrence qui suit toutefois un modèle anglo-saxon où seul compte une bibliométrie toute puissante. Que vaudrait Montaillou aujourd‟hui souligne J.F. Sirinelli : un simple article ? Tout se fait très vite avec des résumés en anglais, et sur des blogs. Seule l‟histoire contemporaine française semble résister aux ravages de ce « ranking », car elle est soutenue par les recherches de « l‟Institut du temps présent ». Malgré cette belle résistance, les réformes éducatives telle que la suppression de l‟histoire en Terminale S n‟encouragent pas la réflexion citoyenne. La création polémique de la « Maison de l‟histoire de France » ne peut pas plus convaincre, car elle est contaminée par les débats sur l‟identité nationale. On peut se poser légitimement la question de la Nation, mais en laissant aux citoyens le soi de chercher de multiples visages en fonction de leur ressenti, comme c‟est le cas au « National Museum of American History » de Washington : tous les citoyens qui le visitent peuvent s‟arrêter sur le drapeau américain qui caractérise le mieux l‟histoire de leur pays. Afin de savoir si la tendance observée par Jean François Sirinelli à Sidney en 2005, nous avons observé en détail ce qui s‟est passé en 2010 à Amsterdam. Pour mesurer la notoriété des historiens français, nous avons décidé d‟utiliser Nous avons donc analysé en détail le colloque international d‟Amsterdam autant sur le fond (thèmes évoqués) que sur la forme (usage de la langue française et indice de notoriété des professeurs francophones). Dès le premier jour, sur 64 communications, seules 8 se sont faites en langue française. Pour ce premier jour on trouve : le Professeur Antoine Fleury, professeur de l‟université de Genève, Nicolas Drocourt de l‟université de Nantes, Jean-François Sirinelli (dir. d‟histoire à science Po), le professeur Jacques Verger de Paris IV. Le 24 août, 10 communications se sont faites en français sur un total de 93. Le 25 août, sur 121 communications, 15 ont été faites en français. Le 26 août, sur un total de112 communications, 25 se sont faites en français. Le 27 août, sur 59 communications, 12 se sont faites en français. Soit, au total, sur cinq jours, 449 communications dont 125 en langue française, soit un quart des communications. 238 WOEGINGER (G.), An axiomatic characterization of the Hirsch h-index, in. Mathematical Social Sciences, vol.56, pp.224-232, 2008 230 Mais beaucoup de ces communications en langue française n‟évoquent pas explicitement la France et son histoire. Seule la Révolution française résiste par la « Commission Internationale d‟Histoire de la Révolution française », qui présenta, entre les 25 et 27 août, les 13 dernières recherches sur cette thématique. Soit ¼ des communications en français, et sur une thématique surtout révolutionnaire, la seule partie qui semble encore éviter le naufrage. Quelle place donner au roman national français dans la « global history » : ceci est bien le fond du problème, et c‟est pourquoi, face aux réseaux technologiques de recherche sur l‟Internet, le travail de numérisation des cours de FLE dans une approche interculturelle sur TV5 Monde pourrait donner une piste solide de sortie de crise de l‟histoire de France qui n‟attire plus les universitaires, notamment américains. 4.5 Intégrer les nouvelles technologies pour mieux accepter « l’indétermination épistémologique » Les représentations d‟une histoire interculturelle (encore en devenir) de la France nous poussent à mettre en route une réflexion en médiologie, champ disciplinaire de Régis Debray. Pour cela, nous nous sommes intéressés à l‟historien Roger Chartier239 qui parle de l‟Internet comme d‟une « troisième révolution de l‟écrit ». Or c‟est nécessairement par ce support que devra s‟écrire cette histoire interculturelle puisque, par définition, le réseau de l‟Internet produit facilement des échanges et peut permettre des forums universitaires qui pourraient démultiplier les collaborations et les productions universitaires comme ce fut le cas pour Benjamin Stora et Mohammed Harbi sur leur ouvrage sur la guerre d‟Algérie publié en 2010. C‟est d‟ailleurs par ce réseau que nous avons pu diffuser notre enquête auprès de l‟AEFE. L‟historien qui voudrait s‟investir dans cette aventure de l‟échange numérique doit accepter de n‟être que le co-auteur de cette histoire. Il ne sera plus l‟intellectuel qui appartient à « l‟ordre des livres », nous prévient déjà Roger Chartier. En effet, les distinctions sociales qui ont longtemps caractérisé les intellectuels ne seront plus opératoires pour écrire, demain, cette histoire innovante. 239 CAVALLO (Gugliemo) et CHARTIER (Robert), Histoire de la lecture dans le monde occidental, 2001, Paris Seuil, 587 pages 231 Selon François Dosse, il faut désormais ouvrir le champ à une « histoire intellectuelle », qui souligne le sens même de la production intellectuelle et son contexte. Et on constate un retard de la France dans ce domaine par rapport aux pays anglo-saxons. Cela s‟ajoute à la remarque sur les « post-colonial studies ». Il sera intéressant dans cette histoire des idées d‟intégrer le contexte de production intellectuelle et des univers qui les entourent. On est dans une lecture internationale qui compare et permet une approche du relativisme. On découvre les catégories mentales sousjacentes de chaque culture qui sont ainsi contextualisées. Cette vision de l‟histoire des idées a été reprise en Allemagne par Reinhart Koselleck et en France par François Dosse, et les deux concluent en rappelant qu‟une histoire globale des idées suppose d‟accepter une « indétermination épistémologique ». La contextualisation serait donc le cadre naturel de cette histoire interculturelle qui permettrait de relativiser les univers mentaux et d‟obtenir ainsi une lecture nuancée des symboles, des représentations entre les histoires des pays. C‟est ce que fit Maurice Agulhon240 en 1990 sur l‟allégorie de « Marianne ». Contextualiser pour mieux relativiser, mais aussi prendre ses distances avec les mémoires nationales et éviter les « abus de mémoire ». La dérive cérémoniale de l‟histoire, qui fut dénoncée par Paul Ricoeur241ou encore par Henry Rousso dans Le Syndrome de Vichy242. Ce dernier soulignait déjà, en 1987, les effets pervers des devoirs de mémoire. Accepter que la mise en intrigue invite aussi à construire autre chose. Les spécialistes de l‟Antiquité ont pour cela un avantage assez naturel. Nicole Loraux, spécialiste des Grecs Anciens243 rappelle que pour les « antiquisants », l‟écriture de l‟histoire est obligatoirement un « anachronisme contrôlé ». L‟historien travaille dans le présent, et c‟est seulement ainsi que le passé peut être chargé de nous révéler ce que nous sommes vraiment aujourd‟hui. Cette position prudente fut amorcée par Moses I. Finley (1912-1986) à travers son ouvrage Le Monde d‟Ulysse244 (1954) où il avait dépeint une réalité grecque qui était loin de ses mythes. L‟histoire interculturelle de la France devra donc être une histoire qui s‟éloigne des mythes, et elle devra davantage être comparatiste et pluridisciplinaire, caractéristique qui fut d‟ailleurs amorcée par Marc Bloch dès 1924 avec les Rois thaumaturges. 240 AGULHON (Maurice), Marianne au pouvoir : l‟imagerie et la symbolique républicaine de 1880 à 1914, Flammarion , 2001, 447 pages. 241 RICOEUR (Paul), La mémoire, l‟histoire et l‟oubli, 2000, Paris- Du Seuil, 675 pages 242 ROUSSO (Henry), Le régime de Vichy, 2012, Presses Universitaires de France, Paris, Que sais-je ?127 pages 243 LORAUX (Nicole), La tragédie d‟Athènes. La politique entre l‟ombre et l‟utopie, 2005, Paris, Seuil, 245 pages 244 FINLEY (Moses I.) , Le Monde d‟Ulysse, 1978, Paris, Maspero, 239 pages 232 Marc Bloch n‟hésitait pas, pour illustrer son propos, à utiliser alors plusieurs disciplines : la sociologie, l‟ethnologie, la psychologie.245 Lucien Febvre dira de ce livre qu‟il est central et « semble vous rendre intelligent à mesure que l‟on le lit ». Là encore, l‟innovation fut au rendez-vous. Le regard croisé des disciplines et des cultures est indispensable pour comprendre les représentations. En 1971, au moment même où Paul Veyne explique Ccomment on écrit l‟histoire ?, Nathan Wachtel, historien et anthropologue, spécialiste de l‟Amérique latine, présente encore un autre exemple de « regard croisé » de l‟histoire. Il évoque ainsi la conquête de l‟Amérique latine du point de vue des Indiens, à travers le folklore, les contes, les danses et les fêtes des autochtones : il met ainsi en lumière le regard des victimes.246Déjouer les visions uniques mais aussi les vérités bloquées. C‟est ce que fit Annette Becker pour la première guerre mondiale. Elle rappelle que ce conflit fut certes constitué de quatre années de violence, mais elle affirme que celles-ci furent, dès le départ, acceptées, et qu‟elles seront alimentées jusqu‟au bout. Les pacifistes furent, au final, minoritaires.247 245 BLOCH (Marc), Les Rois thaumaturges, 1924, Paris , Istra, 542 pages WACHTEL (Nathan), La vision des vaincus, 1977, Gallimard, France, 400 pages 247 AUDOIN-ROUZEAU (Stéphane), et BECKER (Annette), 14-18 : retrouver la guerre, 2000, Paris, Gallimard, 272 pages 246 233 Conclusion générale Quelles questions peut-on se poser à la suite de cette réflexion en trois points ? Nous avons vu que nos 59 enquêtes étaient souvent dominées par une version événementielle, positiviste voire lavisienne et que la révolution française, Napoléon et le Général de Gaulle constituaient un peloton de tête dans les représentations. Pourquoi ? Le legs de la Révolution, de l‟Empire ou du Général continuent de fasciner mais aussi de nourrir les mythes et les controverses idéologiques. L‟exploitation des héros nationaux, que l‟on a trouvés souvent au Vietnam ou en Thaïlande, est moins opérationnelle dans les enquêtes AEFE. Pourtant, ces enquêtes produites à l‟étranger restent dominées par des héros. Cette instrumentalisation de l‟histoire s‟explique pourtant par le déclin des grandes idéologies françaises qui puisent encore dans le passé. Si ces représentations existent à l‟étranger, on ne peut que constater en France, qu‟une fragmentation de la mémoire nationale (soulignée récemment par Jean-Pierre Rioux), processus en marche depuis la fin du XIXème siècle et qui s‟illustre aujourd‟hui par l‟absence de culture historique pour la nouvelle génération d‟hommes politiques. Durant la campagne électorale de 2012, aucun candidat n‟a parlé d‟histoire sauf M. Jean-Luc Mélenchon. Pour le reste, ce fut une absence totale de réflexion sur l‟histoire. Pourquoi à l‟étranger, le roman national français demeure ? La grandeur de la France est en effet toujours exaltée dans un schéma gaullo-communiste d‟après-guerre par lequel le pays alimente les représentations à l‟étranger. La France est ravagée par les mythes disait Malraux au Général de Gaulle. Ils sont encore vivants à l‟extérieur. Le phénomène est très fort concernant la révolution de 1789 qui met la France dans une position de vocation et de destinée. Chacun a sa version de cette téléologie : messianisme républicain, promesses communistes, providentialisme gaullien (issu de l‟héritage bonapartiste). Napoléon se voyait lui-même comme le continuateur de Charlemagne. C‟est le jeu infini des continuités et qui séduit encore beaucoup d‟étudiants étrangers. Pourquoi Napoléon fascine toujours à l‟étranger ? Sa réputation martiale d‟Empereur ? Il se nommait dieu de la guerre, sa légende est noire car il fut souvent diabolisé car il bouscula de nombreuses frontières, ressenties dans nos enquêtes (Aefe) européennes, notamment en Pologne et en Espagne. Ce grand roman porté physiquement par sa « Grande Armée » est un personnage qui fascine par son parcours, de l‟anonymat corse à la gloire absolue, puis au dénuement le plus complet. 234 Voilà qui a inspiré le romantisme de Manzoni ou de Tolstoï. Si l‟histoire de France intéresse encore par ces personnages, c‟est qu‟elle porte ce roman qui semble vouloir résister au temps et à la mondialisation. L‟hexagone représente toujours une alternative intéressante, bien que l‟universalisme républicain soit aujourd‟hui bien moins côté qu‟auparavant : rappelons-nous les enquêtes menées en Afrique du nord, et l‟amertume de l‟enquête exprimée au Liban. L‟histoire française en représentation peu à peu se dirige, nous l‟avons ressenti, vers une autre perception, moins romantique, une histoire « à part égale ». C‟est bien la mise en place des « post-colonial studies » qui font que demain une autre histoire de France s‟écrira avec de nouvelles représentations, plus adaptées au dialogue, moins démiurgiques. Pour le moment, on reste encore dans une histoire monumentale. C‟est encore une nostalgie conservatrice qui orchestre les images mentales. Ce mysticisme téléologique de l‟histoire de France en représentation a inspiré les travaux d‟historiens étrangers comme Dieter Hägerman quand il rédige son ouvrage sur Charlemagne248. Tout est filiation et romantisme. On retrouve cette démarche romantique, voire bienveillante, chez l‟historienne anglaise Ruth Scurr lorsqu‟elle publie une étude sur Robespierre249. Elle dit qu‟elle voulait le comprendre, « être son ami, voir les choses de son point de vue ». Cette histoire de France fascine aussi par les formules apocryphes prononcées par Napoléon, par de Gaulle ou tout autre personnage clé. Robespierre déclare le 2 janvier 1792 : « Je suis le peuple moi-même ». N‟est-ce pas faire écho à toutes les autres formules : de « L‟Etat, c‟est moi » jusqu‟au « Je vous ai compris » ou au « Je suis la révolution » du 18 Brumaire. La tentation du portrait est toujours présente dans les représentations de l‟Histoire de France. Quand des historiens étrangers ne trouvent pas de héros dans cette histoire de France, ils montrent un certain mépris à analyser ou écrire sur ce sujet. L‟entreprise de Thomas Carlyle à vouloir écrire la Révolution française, ce « phénix du monde », fut une douleur. Il détesta écrire son livre sur un épisode qu‟il désavouait et rebaptisait à l‟envie. Fête des piques pour fête de la fédération. Mais même si cette révolution ne faisait pas rêver Thomas Carlyle, elle a eu le mérite de déclencher en lui une vraie passion. Mais est-ce le cas aujourd‟hui ? Quand on regarde les nouvelles technologies ou simplement l‟Internet, il y a encore de gros succès de mise en représentation de la révolution ou de Napoléon. 248 HAGERMAN (Dieter), Charlemagne, le maître de l‟Occident : une biographie, Propylaen Verlag, 2000, 736 pages 249 SCURR (Ruth), Fatal purity. Robespierre and the French revolution, Metropolitan Books, 2006, 432 pages. 235 On trouve sur « Ebay » (version américaine) plus de 20.000 objets à vendre avec le nom « Napoléon » et 26.000 dans la version française. Que peut-on faire de ce capital culturel ? Il est clair que Napoléon pourrait être une manne à considérer pour relancer l‟intérêt des étrangers pour l‟Histoire de France et au-delà pour relancer des politiques linguistiques solides pour la francophonie. Car Napoléon est un personnage de roman, ce qui n‟est pas le cas de de Gaulle, resté souvent distant et impérieux. La demande en roman est réelle quand nous rencontrons nos collègues francophones dans le monde. Mais le succès napoléonien n‟est pas qu‟étranger. Il fonctionne aussi en France, pour le grand public. La bataille, de Patrick Rambaud, prix Goncourt 1997, ou la tétralogie de Max Gallo, vendue à plus d‟un million d‟exemplaires, restent des cas de figure confondants. Au final, des personnages comme Napoléon deviennent la propriété collective du monde entier. Mais c‟est aussi un peu le cas pour le Général de Gaulle. Mais ce dernier pose un énorme problème à ceux (historiens structuralistes) qui refusent l‟idée que l‟histoire est modelée par les « Grands Hommes ». On le voit, le roman national français à l‟étranger fonctionne encore, mais nous avons senti qu‟il s‟épuise peu à peu car il oublie de satisfaire les demandes extérieures (poids de l‟économie globalisée diffusée en langue anglaise). En France, l‟histoire n‟est donc plus cette « institutrice de la vie » comme l‟affirmait Cicéron. Tout a changé. Il n‟y a plus d‟épisode dans l‟histoire de France qui pourraient encore créer, comme par le passé, des envolées lyriques telle celle de Victor Hugo sur Waterloo : « Tranquille, souriant à la mitraille anglaise, la garde impériale entra dans la fournaise… ». Le récit patriotique n‟est plus aujourd‟hui opératoire, et il a été remplacé par un débat permanent sur l‟identité nationale, ou par l‟idéologie des Droits de l‟Homme de 1948 qui ont détrôné 1789. Le « roman » construit par Jules Michelet, le grand Prêtre de la France, et Ernest Lavisse, l‟Instituteur national, a pu survivre jusqu‟à la IVème République250. Il semble parfois rayonner lors de nos conférences pour la francophonie à l‟étranger. Toutefois, que ce soit en France ou à l‟étranger, l‟histoire est éclatée. Il n‟y a plus que des « histoires de ». Que peut-on dire en écrivant « des histoires de » ? En quoi cette pluralité est-elle un obstacle, ou en quoi est-elle une chance ? Pour tenter d‟y répondre, nous avons vu qu‟une approche interculturelle pourrait être une piste, mais celle-ci ne peut être réduite à un manuel scolaire. 250 CORNETTE (Joël) sous direction de, Histoire de France : l‟affirmation de l‟Etat absolu, .Paris, Hachette, 1994, 254 pages 236 Elle ne sera qu‟une pratique basée sur le dialogue. Cela ne veut pas dire abandonner l‟idée même d‟une histoire de France. Même si la vulgate scolaire de Michelet ou Lavisse ne sont plus adaptées, il n‟en reste pas moins que le projet de « Faire France » resterait utile, mais sans faire de la nation son alpha et son oméga. L‟histoire de France interculturelle pourrait davantage être un outil de rayonnement à l‟étranger, surtout si cette histoire arrive à se déployer comme un archipel ouvert sur les autres cultures, et si cette histoire n‟est plus présentée comme une histoire providentielle, divine, ou comme celle du roman national. Ecrire un autre récit, interactif et ouvert, suppose de retenir les épisodes clés de l‟histoire de France en les revisitant, mais sans leurs habillages idéologiques autour desquels ils ont été organisés. Cela suppose de ne plus penser l‟espace France comme un territoire prédéterminé et le temps de l‟histoire nationale comme exclusivement orienté. L‟histoire ouverte sur le monde est plurielle et elle ouvre son compas jusqu‟au bagne de Saint Laurent du Maroni en passant par Oran, Saïgon ou Haïti. Cette histoire interculturelle construit et déconstruit sans cesse les espaces et les temps en acceptant les contraintes des temps longs et courts, sans s‟engager dans le combat aujourd‟hui oublié entre histoire positiviste et histoire structurelle. L‟identité exclusive ne serait plus envisagée. Cela suppose de revisiter toutes les époques251, comme par exemple pour les premiers temps, évoquer une culture « euroméditerranéenne » marquée par les Grecs, Rome, les barbares. Pour le Moyen Age, il s‟agirait d‟évoquer la chrétienté et un empereur qui avant l‟an Mil, et identifier l‟émergence lente de cette « Dulce France ». La France qui apparaît ensuite entre les Xème et XVème siècles est marquée par un christianisme qui modèle avant tout la vie quotidienne et où le Roi ne se nomme plus « Roi des Francs » mais « Roi de France ». Une approche interculturelle supposerait de comprendre comment la religion et le politique se fusionnent pour construire un pays. L‟histoire moderne peut ensuite être abordée par l‟émergence de l‟individu cristallisée par le « Cogito » de Descartes (1637) ou le « Dom Juan » de Molière (1665) qui ne tient déjà plus compte des croyances et des interdits. La naissance de l‟individu, rupture majeure, on pourrait la débusquer sur d‟autres continents à la faveur de telle ou telle loi ou œuvre littéraire. 251 AVEZOU (Laurent), Raconter la France, Paris, Armand Colin, 2008, 432 pages 237 Pour ce qui est de 1789, grande résistante du roman national avec Charles de Gaulle et Napoléon, on pourrait lire l‟épisode de la Bastille de sorte que ce ne soit plus un événement sacralisé et singulier, mais un événement structurel qui s‟est accéléré suite à une crise alimentaire. Cette « nation en arme » a surtout exprimé son opinion face à une société figée, et qui fusionne dans le corps d‟un citoyen en arme, Napoléon. Cet épisode pourrait être mis en perspective avec d‟autres historicités, et on pourrait ainsi éclairer les différences entre révolte et révolution, nation et peuple, citoyen et sujet. On peut ainsi très bien évoquer la fin de l‟esclavage en 1794 puis son retour et enfin sa suppression le 27 avril 1848. Il est important dans cette approche de l‟histoire, d‟éviter les pièges d‟une évolution régulière mais au contraire de souligner les plis et les retours de ces historicités qui se télescopent. De même, pour évoquer l‟industrialisation de la France, on pourrait souligner la résistance de ces Français à aller extraire du charbon et leur volonté de travailler encore dans les champs comme l‟a souligné Rolande Trempé. L‟usine en France fut longtemps un abcès dans le paysage. Ainsi le peuple de France décrit par Victor Hugo (un emblème littéraire et sociétale à l‟étranger) et Georges Sand fut longtemps celui des petits artisans et non celui des mineurs. Quant à la bourgeoisie, on le voit avec Flaubert, la propriété privée a pris la place de Dieu, une fusion totale entre le capital et le bénitier dans L‟éducation sentimentale. C‟est cette propriété qui refuse au monde ouvrier sa place dans le champ du politique et ce à deux reprises, en 1848 et 1871. Il faudra attendre 1936 pour que cela s‟amorce. Cette lecture entremêlée des temps encourage donc l‟ouverture à l‟autre. Il n‟y a plus de tableau romanesque mais une histoire mondialisée. Les colonies ont d‟ailleurs internationalisé cette histoire longtemps nationale. Loin de l‟Odyssée humaniste proposée par Pasteur, Ferry et les « Pères blancs », la réalité coloniale est d‟abord le code de l‟indigénat généralisé en 1889. Commencent alors les guerres coloniales et les indépendances qui proposent alors des histoires qui ne sont encore pas assez visibles aujourd‟hui, comme c‟est encore le cas pour l‟histoire franco-maghrébine. Nous avons évoqué au début de cette étude le retard de la France sur les « Post-colonial studies ». Pourquoi ne pas, par exemple, revisiter Charles Martel, Poitiers, Ronceveaux, les Croisades, l‟alliance de la « sublime Porte », l‟Algérie de 1830, Abd El Kader, le royaume arabe de Napoléon III inspiré par les SaintSimoniens ? Cette invitation à revisiter les mythes ou épisodes clés pourrait être une stratégie qui permettrait d‟éviter le piège des histoires providentielles ou nationales « couchées désormais dans des mémoires » comme le soulignait Pierre Nora dès 1984. 238 Cette ouverture interculturelle doit néanmoins faire attention aux risques du multiculturel, aux commémorations désordonnées et aux « abus de mémoire » comme le formulait Paul Ricoeur252. Il nous faudra savoir soigner avec des clés précises les mémoires souffrantes ajoutait ce dernier. Cela exige une vision globale et la mise en évidence d‟une appartenance humaniste, première condition à l‟écriture d‟une telle histoire interculturelle. C‟est sans doute par cette voie que la France et la francophonie pourront retrouver demain un discours sur le monde d‟autant plus convaincant qu‟il s‟appuiera sur la diversité et non sur les exigences d‟une identité exclusive. Le roman historique253 peut toujours vivre, mais en respirant sur l‟extérieur. On aura toujours besoin d‟un Alexandre Dumas pour faire connaître Louis XIII, Louis XIV ou le vicomte de Braguelonne. On aura toujours besoin du Napoléon de Sacha Guitry de 1955 ou des Rois maudits (1972) de Maurice Druon. C‟est par ce roman historique aussi qu‟un jour des étudiants polonais comme Bronislaw Geremek ou l‟américain comme Robert Paxton auraient pu décider de venir en France pour faire leurs études ? L‟histoire de France perçue à l‟étranger est donc avant tout une méta-demande, à la fois politique et culturelle. Pourquoi ? Car cette histoire est nourrie par la Révolution et l‟idée d‟une liberté prolongée, jusqu‟aux vertiges par Napoléon. De Gaulle s‟inscrit comme le dernier objet de cette vision universelle d‟une histoire de France qui s‟offre encore aux autres. Pourquoi une telle vision de l‟histoire de France à l‟étranger ? Tout d‟abord parce qu‟elle renvoyait jusqu‟ici à la civilisation française, formule qui apparaît en 1835, soit 5 ans après le débarquement des troupes françaises à Alger. Civiliser veut dire coloniser par les armes ou le crucifix. Même Victor Hugo en bonne place dans nos enquêtes menées en Asie du Sud-Est a dit « Un peuple civilisateur doit rester un peuple mâle ». Cela renvoie bien au paradoxe de l‟universalisme français dénoncé par Edgar Quinet : un cri de guerre dans un message de paix. Ce paradoxe d‟aller vers le monde en l‟éduquant, on le retrouve dans le parcours de Marcel Griaule qui est chef d‟une mission en 1931, mission nommée « Dakar ŔDjibouti » et qui avait un certificat de capture scientifique, c‟est-à-dire un droit de pillage, situation embarrassante qui fut décrite par Michel Leiris dans L‟Afrique fantôme. Plus tard Marcel Griaule bascula du côté de ceux qu‟il observait, notamment les Dogons du Mali, processus que suivra aussi Claude Levi-Strauss et qu‟il résumera en 1955 dans son œuvre, Tristes Tropiques. 252 AMALVI (Christian), Les héros des Français : controverses autour de la mémoire nationale, Paris, Larousse, 2011, 445 pages 253 WINOCK (Michel), Parlez moi de la France, Paris, Plon, 1995, 280 pages 239 L‟histoire n‟est donc plus celle des Blancs. Fernand Braudel avait pressenti cette pluralité des civilisations et des historicités : à propos des cultures démunies et fragiles, il écrit : « On les écarte, elles reparaissent, elles s‟obstinent à survivre. L‟avenir ne peut leur être ravi toujours ». On est aujourd‟hui dans le « recouvrement des civilisations » dont parlait sans cesse Fernand Braudel. Cela passe parfois par des crises nationalistes comme en Europe, ou le printemps des pays arabes durant l‟année 2011. L‟interculturalité est donc une pensée humaniste qui cherche des capteurs pour refléter le monde et refuse les stratèges qui ont pour fonction de le diviser. L‟interculturalité, c‟est donc un travail d‟apprentissage pour mieux comprendre le revers du monde. Les représentations anthropologiques de l‟histoire de France restent à écrire. Nous l‟avons vu dans notre introduction : il est temps d‟accepter l‟indétermination épistémologique de l‟histoire et de laisser derrière nous la logique évolutionniste, la vision sociale ou culturelle (logique d‟une Nation, à l‟allemande) ou la prétention universaliste à la française. Le dialogue entre des histoires ne peut exister qu‟avec le maintien de différentes historicités, bref d‟un jeu minimal de différences. Ce jeu de la différence peut se faire à trois : le chiffre 1 étouffe, le chiffre 2 peut créer des malédictions, pensons aux intoxiqués de la lutte finale. Pour le chiffre 3, on respire et on compare et c‟est pourquoi dans notre curriculum sur l‟histoire interculturelle de la France, nous avons évoqué une triangulaire. Il n‟est pas moins clair que demain toute civilisation sera métisse et que l‟enseignement de disciplines telle que l‟Histoire peut devenir un lieu privilégié de dialogue. Il s‟agit pour cela de déconstruire les racines historiques d‟une civilisation. L‟héritage antique est là : à nous de le dépasser pour créer de véritables « post-colonial studies » et construire les bases d‟un échange vrai qui refuse l‟esprit des peuples (Geist). René Maran, avant la négritude, avait dénoncé le Geist des Européens dans Batouala : « Civilisation, orgueil des Européens (…) tu bâtis ton royaume sur des cadavres ». Ce qui compte aujourd‟hui c‟est de reconnaître des zones socio-historique que l‟on pourrait nommer des civilisations mais en se débarrassant des scories des violences de l‟histoire. Nous ne sommes donc plus dans l‟opposition de la « culture » à la française (bonnes manières extérieures) avec la « Kultur » (esprit intérieur, Geist). Le mot civilisation, dans une logique interculturelle, suggère une pensée normative internationale permettant d‟éviter des drames que Norbert Elias nommait « décivilisation » (il pensait notamment à la Shoa). Les civilisations de l‟Occident sont-elles en train de disparaître comme le suggère Michel Onfray ? Serait-ce pour cela qu‟il y a des abus de mémoire ? A l‟Occident de se réinventer un nouveau cadre de dialogue avec l‟autre. 240 Le Printemps arabe de 2011 a ouvert le champ des possibles dans l‟espace qui s‟étend du Maghreb au golfe Persique. Les civilisations et leurs histoires perçues à l‟extérieur ne sont plus intemporelles. Le passé sera davantage mobilisé dans une perspective empirique : comprendre le présent et comparer. Il n‟y aura plus de moment unipolaire comme en 1991 ou d‟Empires dominant dont on voit encore les traces dans nos enquêtes distribuées en Asie du Sud-Est où la décolonisation douloureuse reste présente : Indochine (1945-1954), Malaisie (1948-1949), Vietnam (1963- 1975), Cambodge (1975-1979). A cela s‟est ajoutée la romanisation des langues, notamment pour le Vietnam et la Thaïlande. Face aux erreurs du passé, doit-on encore être séduit par l‟analyse exagérée de S. P. Huntington qui avait mis le religieux au cœur des cultures ? Au lieu de choc, nous avons plutôt à faire à une mise en compétition des religions. Les vraies tensions restent surtout socio-économiques. Le culturel n‟est souvent qu‟un prétexte. Or, une homogénéisation des cultures est en marche, ce que nie S.P Huntington. Nous voyons aujourd‟hui des blocs de civilisations poreux prêts à un dialogue interculturel, c'est-à-dire prêts à un processus structurel de convergence. L‟aspect grégaire semble ralentir. L‟histoire d‟un pays ne peut plus être instrumentalisée comme par le passé. Regardons comment l‟Iran instrumentalise l‟histoire de France de manière populaire ! Dans ce pays, et ce depuis 1973, on diffuse une série nommée « Daii Jan Napoleon », « Mon oncle Napoléon ». C‟est l‟histoire d‟un vieux soldat aigri qui déteste l‟Angleterre et, au final, le reste du monde. C‟est cette vision du monde extérieur qui domine et construit souvent la politique iranienne. Néanmoins la vivacité de la société civile rejette de plus en plus cette approche restrictive qui isole le pays. La modernité passe par le métissage, par l‟ouverture aux autres, défi rendu possible par les nouvelles technologies. « L‟Oncle Napoléon » iranien a donc bien du souci à se faire… 241 ANNEXES 242 PROPOSITION D’UN CURSUS : SEQUENCES INTERCULTURELLES SUR L’HISTOIRE DE FRANCE 243 LEÇON ET PROBLEMATIQUE DOCUMENTS SAVOIRS SAVOIR-FAIRE HISTOIRE HISTOIRE HISTOIRE HISTOIRE LECON Leçon 1 : un substantif ou un groupe nominal Structure d’une leçon Etude de cas de votre pays (n°1) Etude de cas en France (n°2) Etude de cas d‟un autre pays (n°3) ON OBTIENT UNE « PROBLEMATIQUE » On doit trouver des documents pour 3 études de cas et afin de construire une leçon pour un cours dialogué, des débats, des évaluations et exercices. Site d’histoire globale. France et monde : Ce sont les connaissances : en histoire, dates, noms propres, concept. Cela renvoie aux « entraves lexicales ». La difficulté est de contextualiser en fonction de la période étudiée et de votre pays et de la France. Pour contextualiser : (faire des « ethno-commentaires ») 1 problème = une problématique= C‟est ce que nous avons fait en créant des petits dictionnaires d‟histoire et de géographie sur l‟Internet. Comment est-on passé d’une situation (A) à une situation (B) ? Ou Dans quelle mesure peut-on affirmer que ………………. ? site général. http://freetranslation.imtranslator.net/?afid=&lo c=fr Leçon 4.1) Description 4.2) Causes 4.3) Conséquences Pour la traduction : http://fr.vikidia.org/wiki/Accueil Savoir-faire interculturel C‟est une attitude par rapport aux connaissances qui est relativiste et encourage l‟autonomie. Avec 3 moments clés. A/Lecture d’un document (Image) 1er plan, deuxième plan, 3 me plan (ou) ANDI pour texte. B/ Imaginez où se trouve : où, qui, quand …. ? Vous êtes dans ce document. Imaginez un dialogue. Racontez une histoire, un récit, vous faites quelque chose pour quelqu‟un, pour un public, les impressions d‟un personnage… C/ Et chez vous ? Cela se passe comment telle situation ?... 5) Conclusion par débats et évaluation 244 PROGRESSION CIVILISATION ET HISTOIRE-- -Niveau 1 « PREHISTOIRE, MONDES ANCIENS (Antiquité) AUX DEBUTS DU MOYEN ŔAGE (V me siècle AP. JC) ». LEÇON ET PROBLEME T H E M E L’Orient ancien au IIIème millénaire av J.C N° 1 T H E M E N° 2 Dans quelle mesure peut-on dire que les premières civilisations qui ont des écritures illustrent les débuts de de civilisations avec leur religion, leur administration, leur organisation sociale, et politique? DOCUMENTS frises chronologiques. Sites archéologiques issus de votre pays et de la France SAVOIRS Connaître les premières écritures et premiers Etats de l’antiquité SAVOIR-FAIRE Connaître et utiliser les repères chronologiques des débuts de l‟histoire de l‟Humanité Repérer les « entraves lexicales » Localiser le site archéologique choisi sur une carte. Décrire un monument. Expliquer le Crue (une) : rôle de l‟écriture (début Le cas de …………………. l’Egypte. ……………………………… de l‟histoire) Limon (un) : …………… ……………………………… Votre administration (une) : Savoir-Faire pays ?............. ………… interculturel …………………. ……………………………… Situer Et la France durant corvée (une) : ……… chronologiquement les cette période liée …………………….. entre la naissance vizir (un) : ……………….. premières traces de l‟histoire (l‟invention de de l’agriculture et ………………………. l‟écriture) dans votre le début de l’Age de culte (un) : ……………… pays et en France avec bronze ………………………. une frise chronologique momifier :……………….. document sur ……………………………. globale. Quand apparaît l‟écriture dans votre l’invention de mythe (un) : pays ? Et en France ? l’écriture (-3000) ……………….. Quels sont les noms des ……………………… premières civilisations procession (une) : dans votre pays et en …………… France ? Leurs modes de ………………………… vie ? sarcophage (un) : ……………… ………………………… Connaître Cité et colonies antiques 2) La civilisation grecque Carte de la Méditerranée 2.1) L’expansion grecque. Repérer les « entraves lexicales » Repérer le monde grec sur une carte Une Cité Ŕ Etat Dans quelle mesure peut-on dire que la civilisation grecque a joué un rôle dans l‟univers mental des Hommes ? Est-ce le cas dans votre pays durant l‟Antiquité ? .Extraits d‟un texte mythique Etude d‟un site archéologique majeur Mythologies:…………………. ……………………………… Sanctuaires :……………….. ………………………………. religieux :…………………….. ……………………………… Raconter la fondation d‟une cité Raconter un épisode des jeux olympiques. 245 Savoir Faire interculturel Carte de votre pays dans l‟Antiquité et carte de la France au même moment. Documents sur fondation de Marseille (-600) 2.2) La Cité des Athéniens Documents sur : Dans quelle mesure peut-on dire que les Athéniens ont proposé les premiers pas de la démocratie chez les Hommes ? Trouve-t-on une aventure politique et sociale similaire dans votre pays ? La France qui n‟existait pas fut elle touchée par cette expérience ? Fête d‟une Cité Engagement militaire d‟un pays ou d‟une Cité face à ses ennemis. Monuments d‟influence grecque antique dans votre pays et en France. (exemple : Marseille) Décrire une cérémonie (religieuse, politique) collective antique dans votre pays et en France. Trouvez des textes mythiques décrivant la naissance de votre pays : trouve- t-on la même chose en France ? Et dans d‟autres pays ? Connaître les 3 aspects de l‟unité d‟un pays antique (religieux, politique et militaire) Repérer sur carte la Grèce de Périclès connaître des différents statuts des citoyens Connaître notions de droits et devoirs civiques Raconter un épisode des guerres médiques (Salamine). Repérer les « entraves lexicales » Expliquer rôle civique des Panathénées. Raconter et expliquer un débat à l‟ « Ecclésia » Démocratie :………………… Documents sur l‟art antique ……………………………. dans votre pays Vote :…………………….. et les toponymies des villes ……………………………….. Assemblée :………………… ………………………….. Ostracisme :…………….. ……………………………….. Exclusion :…………………. …………………………… Métèques/ Etrangers :…………. ……………………………… 2.3) Alexandre le Grand Documents sur : Connaître la ville d‟Alexandrie Dans quelle mesure peut-on affirmer que l‟épopée de ce personnage illustre l‟histoire des grands empires dans l‟histoire des Hommes? Trouve-t-on les traces d‟un tel Empire dans votre pays ? Et en France ? Témoignages et doc. Iconographiques de l‟époque Connaître le personnage et ses conquêtes Savoir-Faire interculturel Reconnaître des monuments influencés par l‟art grec antique dans votre pays et en France. Sont-ils connus ? quelle est leur fonction ? Quel autre art antique est connu dans votre pays ? Le trouve- t-on aussi en France ? Situer Alexandrie Etude la ville d‟Alexandrie Repérer les « entraves lexicales » Documents sur votre pays et ce qui sera plus tard la France au IV me siècle av. .C THEME / 3/ ROME 3.1) Des origines à la fin de la République romaine Dans quelle mesure peut-on affirmer que la république romaine est un régime oligarchique et conquérant ? N° Un tel régime a-t-il existé dans 3 l‟histoire de votre pays ? Et en France ? T H E M E Connaître les villes hellénistiques et leur caractère cosmopolite Documents sur : Deux études de cas : Doc. Sur l‟Enéide de Virgile Une promenade dans Rome La conquête de la Gaule Documents sur les Gaulois avant la conquête Empire :………………………. …………………….. Conquête :………………… ………………………… Armée :……………………. …………………………. Infanterie :………………… Connaître mythe de l‟Enéide et la réalité archéologique Connaître les fonctionnements des Oligarques Connaître la chronologie des conquêtes. Décrire les conquêtes d‟une Empereur Savoir-Faire interculturel Situer dans votre pays et en France des personnages conquérants qui auraient créé un Empire. De quelle taille ? De quelle durée ? Quel fut l‟impact sur la région où se trouve votre pays ? Quelles sont les traces archéologiques de ces empires aujourd‟hui ? Situer différents espaces politiques : Rome au VIII av JC à Vercingétorix : Rome, Italie, Gaule Raconter le siège d‟Alésia Raconter et expliquer la carrière 246 de -125 Document sur Vercingétorix et les Eduens (cf. appel de -58) Document archéologique sur Alésia (-52) 3.2/ L’Empire, l’Empereur, la ville et la Romanisation Documents sur : Etude sur 2 Empereurs : Dans quelle mesure peut-on affirmer que l‟Empire a diffusé un Auguste et Constantin. modèle urbain et civique inédit en Europe conquise ? Ce modèle a-t- Villa romaine de Riche il atteint votre pays ? La France ? bourg Etude de Rome, ville modèle Etude d‟une ville « romaine » en France et dans votre pays. Lyon capitale « des trois Gaules » Document sur la « table claudienne » (cf. +48) T H E M E THEME /4/ DEBUTS DU JUDAISME ET CHRISTIANISME. de César. Repérer les « entraves lexicales » Mythologie :……………….. …………………………. Sénat :…………………. ……………………………… Patricien :…………………… ………………………… Plèbe :…………………….. ……………………………….. Magistrat :………………. ……………………………… Connaître : Pouvoirs de l‟Empereur La paix Romaine et son assise militaire L‟Urss et ses monuments La romanisation (ville et droit) Raconter et expliquer la journée d‟un citoyen romain qui se trouve au Forum Savoir Faire interculturel Situer dans votre pays et en France des monuments influencés par la culture romaine : quel monument ? Dans quelle ville ? quelle est la fonction aujourd‟hui de ce type de ville ? Connaître et utiliser les repères chronologiques : Principat d‟Auguste, Paix Romaine, Caracalla Décrire et expliquer le rôle d‟Auguste dans la vie politique Repérer les « entraves lexicales » Décrire les monuments de l‟Urss. Héritage politique :…………… ……………………… Héritage architectural :……….. …………………………… Archéologie :……………… ……………………………….. Droit :………………… ……………………………… Pouvoir exécutif :…………. …………………………… Politique internationale :……. ………………………… ……………………………… Légions :………………. ………………………….. Limes :………………. ……………………………… Décrire une villa gallo-romaine. Connaître les Empires mésopotamiens du VIII au VIème siècle av JC connaître Royaume de Juda Connaître un grand récit de la Bible : ex : révolte des Maccabées Repérer la Palestine et Jérusalem sur la carte. Savoir Faire interculturel Situer votre pays et la France dans l‟héritage direct ou indirect de la culture politique romaine (noms de ville, d‟institutions) : trouve- t-on un « Forum » ? Un « Sénat » ?...Trouve-t-on une constitution politique évoquant ces mots ? Parle-t-on depuis longtemps de démocratie dans votre pays ? De vote ? Documents sur : Empires mésopotamiens Roi Josias Exil Babylone 4.1) Les débuts du Judaïsme Moïse et son royaume unifié N° Dans quelles mesures la Bible a 4 joué un rôle majeur dans l‟histoire Carte de la diaspora des Hommes ? Est-ce le cas dans votre pays ? En France ? Repérer les « entraves lexicales » Empire :……………………… ………………………………. Royaume :…………………. ……………………………… Exil :…………………………. Repérer les débuts de l‟écriture de la Bible Raconter un des récits significatifs de la Bible Décrire et expliquer la diaspora Savoir Faire interculturel Trouver et comparer un ou des 247 4.2) Les débuts du christianisme N° Dans quelle mesure les Empires 5 byzantins et carolingien ont des points communs et différences ? Ces Empires ont-ils influencé votre pays ? Si oui, de quelle manière ? livres qui sont à l‟origine culturelle et religieuse de votre pays et de la France. Peut-on trouver des traces de ces religions aujourd‟hui ? Identifiez des bâtiments de type religieux issus de l‟antiquité dans les deux pays comparés. Connaître l‟existence des premiers chrétiens dans le cadre de cet Empire romain. Repérer localisation : Palestine, Rome, Jérusalem Documents : Contexte gréco-romain Comment est-on passé d’une religion persécutée à une religion qui illustre la naissance du christianisme officielle ? Sources romaines témoignant de la naissance Trouve-t-on les traces d’une de cette religion religion officielle antique dans Extraits des Evangiles votre pays ? Extrait d‟un texte de persécution Etude d‟un temple paléochrétien. Documents sur Potin et Blandine document sur la religion de votre pays entre le 1 et le 2 me siècle après jésus Christ T H THEME 5/ LES EMPIRES E CHRETIENS DU HAUT M MOYEN-AGE. E ……………………………….. Diaspora :…………………….. ………………………………. Carte géopolitique :……………… ………………………………… Documents : Etude sur : Connaître quelques écrits du « Nouveau Testament » Connaître épisodes des persécutions et choix de Constantin. Raconter grands récits du nouveau Testament. Décrire une basilique chrétienne Repérer les « entraves lexicales » Religion :………………. ……………………………… Confession :……………… ………………………………. Paléochrétien :………………… ………………………….. Tolérance :……………………. ………………………………. Persécutions :………………. ……………………………. Connaître l‟existence des 3 dimensions (religieux, politique et culturelle des premiers empires chrétiens.) Etude sur Sainte Sophie et Aix la Chapelle Connaître les différences architecturales (grecque et latine) document sur conversion de Clovis Repérer les « entraves lexicales » carte de l‟Empire de Charlemagne avec raids des Vikings et localisation de Strasbourg (cf. ; serment de 842) Repérer chronologie : mort de Jésus (30) à l‟acceptation impériale (313) Mosaïque :……………….. …………………………… Empire d’Orient :………….. ………………………………. Orthodoxie :…………… …………………………. Patriarche :………………… décrire un monument religieux de votre pays. Savoir Faire interculturel Décrire un monument religieux antique dans votre pays et en France : points communs et différences architecturales. Trouve-t-on des monuments chrétiens dans votre pays ? Sinon, quelle autre religion était pratiquée au début du premier millénaire dans votre pays? Localisez l‟empire byzantin du IV au XV AP JC Repérer chronologie : couronnement de Charlemagne Reconnaître œuvre d‟art byzantin et carolingien Savoir-Faire interculturel Identifier des monuments dans votre pays et en France influencés par la culture byzantine et carolingienne. Trouve-t-on un art de la mosaïque dans votre pays ? 248 document sur ………………………….. Charlemagne Empereur. (en Schisme :…………….. +800) ………………………………. T H E M E THEME 6/ LA CHINE DES HAN à SON APOGEE. Documents : Etude sur : la route de la Dans quelle mesure l‟Empire chinois Soie des Han est très prospère deux siècles av. JC ? Cette prospérité a-t- Etude sur la grande muraille N° elle eu un impact sur votre pays ? Et Œuvres d‟art. 6 sur la France ? Ici se pose la pertinence de la Chine des Han, mais nous l‟avons inscrite afin de créer une triangulaire avec l‟histoire de France et ainsi souligner le relativisme des périodisations, ce que nous avons d‟ailleurs fait lors de notre séminaire au Vietnam. Cette remarque vaut aussi pour l‟Islam. Connaissez une influence grecque dans l‟architecture chrétienne médiévale dans votre pays ? Trouve-t-on des traces de la culture orthodoxe ? Carte sur les rapports de la Chine avec reste du monde (flux de marchandises) Documents sur les Gaulois sous occupation romaine Documents sur révolte paysanne en Gaule (+269) Document sur la fin de la dynastie des Han en +221 Et document sur la fin de l‟Empire d‟Occident (+476) Documents sur les personnes et le commerce international dans votre pays Connaître l‟existence et la localisation de la route de la soie. Repérer localisation de l‟empire Chinois par rapport à la région « ASIE » Repérer chrono : La Chine des Repérer les « entraves lexicales » Han (dates) Connaître l‟Empereur WU (140 / -87) Soie :……………………. …………………………….. Dynastie :……………….. ………………………. Porcelaine :…………………. ……………………………… Empire :………………. ……………………………… Muraille :……………….. ………………………………. Reconnaître œuvre d‟art de la Chine des « HAN ». Savoir Faire interculturel Identifiez dans votre pays et la France, une influence directe ou indirecte de la culture chinoise. Quelle est la place culturelle de la soie dans votre pays ? Trouve-t-on une muraille dans l‟histoire de votre pays ? 249 PROGRESSION CIVILISATION ET HISTOIRE- NIVEAU-2 DU MOYEN-AGE (Du V au XVème siècle) AUX « TEMPS MODERNES ». (Du XVIème au XVIIème siècle) LEÇON ET PROBLEME DOCUMENTS SAVOIRS SAVOIR-FAIRE Connaissances : T H E 1. / LES DEBUTS DE L’ISLAM : Dans quelle mesure l‟Islam suit la logique des religions monothéistes précédentes ? M E H E M E N°2 textes pour récit, dessins reconstitués et documents sur l‟art (architecture à Bagdad) et Espagne. Connaître et utiliser les repères suivants : Connaître le contexte de la conquête et des premiers Empires. Connaître les repères autour de l‟ Hégire (622) Connaître des récits issus du Coran. Etre capable de représenter l‟extension de l‟Islam Connaître la diversité culturelle de l‟Islam (Omeyyade, Raconter un épisode de Abbasside) l‟expansion Et dans votre pays ?........ …………………….. N°1 T Carte et récits sur la guerre entre Byzantins et musulmans, cartes et miniatures. Décrire une mosquée et une ville Repérer les « entraves Documents témoignant des lexicales » rapports entre le monde musulman et votre pays Mosquée :……………… (texte, chronique, image) …………………………. Imam :………………… Document sur Charles …………………….. Martel (732) Muezzin :………………… ………………………….. Ablutions :………………… ………………………………… Prophète :……………………. ……………………………….. Guerre Sainte :………………. ……………………………… 2/ L’OCCIDENT FEODAL 2.1/ PAYSANS ET SEIGNEURS Dans quelle mesure peut-on dire que le monde paysan est très encadré au Moyen-âge ? Est-ce le cas de votre pays à cette époque ? Savoir Faire interculturel Identifier la présence culturelle et architecturale de l‟Islam dans votre pays et dans le France médiévale. Trouve-t-on des mosquées ? des caravansérails ? Des différences et points communs ? Explications et conclusion. Connaissances : Vie quotidienne des paysans en Europe Village médiéval (France) Seigneurie Château fort Connaître ce qu‟est une Seigneurie Connaître le cadre de vie des communautés rurales et de l‟aristocratie foncière Repérer les « entraves lexicales » Connaître et utiliser les repères suivants : Naissance village au MA : Xème ŔXIème et Seigneurie. Décrire aspects d‟un Village médiéval Travail paysan au MA Vie des chevaliers Château fort :…………….. ………………………. Mâchicoulis :…………….. …………………………… Chevaliers :…………….. Document sur la naissance ……………………………… de la Normandie (+911) Féodalité :…………………… …………………………… Seigneurie :……………… ……………………………. Iconographie du Moyen âge dans votre pays et au niveau global. Mode de vie des Nobles. Savoir Faire interculturel Identifier les cadres économiques et politiques qui contrôlent les paysans dans votre pays et dans votre France au M.A. Différences et points communs ? Explications et conclusion. 250 T H E M E 2.2/ FEODAUX, SOUVERAINS, PREMIERS ETATS Dans quelle mesure peut-on dire que c‟est durant les XII et XIV qui émerge un Etat français ? Est-ce le cas dans votre pays ? Documents : Philippe Auguste ŔBouvines1214 Connaître liens socio-économiques entre : Blanche de Castille Philippe IV Fief, vassal, suzerain Charles VII- Jeanne d‟Arc Louis XI- Charles le Téméraire N°2 Connaissances : Construction des Etats européens fin XV me s. Connaître l‟émergence de l‟Etat de France. Connaître et utiliser les repères suivants : Evénement important dans la création de l‟Etat de France Une carte de l‟évolution du domaine royal et pouvoirs du Roi. Repérer les « entraves lexicales » Décrire et expliquer le système féodal. Etat :………………………………. ……………………………………… Administration :……………… ……………………………. Conseiller d’Etat :……………….. ……………………………….. Roi :…………………………. ……………………………….. Féodalité :……………………… ………………………. Autorité :………………………….. ………………………… Impôts :……………………. ……………………………………….. Savoir Faire interculturel Identifier la présence des monuments « politiques » qui comptent au Moyen-âge en France et dans votre pays. Peut-on parler de la création d‟un Etat ? Quand cela s‟est-il produit dans votre pays ? Quel Roi fut important dans la culture nationale de votre pays ? Différences et points communs ? Explications et conclusion. T 2.3/ LA PLACE DE L’EGLISE H E M E N°2 Dans quelle mesure peut-on dire que la place de l‟Eglise est centrale dans les sociétés médiévales ? Pouvez-vous identifier une place centrale de la religion ? Connaissances : Documents : Art Roman : Abbaye Fontevraud Connaître des sentiments religieux Connaître des notions de dogmes, Gothique : Cathédrale de d‟hérésie, d‟inquisition. Bourges et St Denis fonde l‟art Gothique (1144) Connaître l‟assistance aux pauvres et malades Œuvre d‟art : (reliquaire) Repérer les « entraves lexicales » Personnage religieux : StBernard fonde Clairvaux Art gothique :…………….. (1115) ………………………… Art roman :……………………. Fondation abbaye de Cluny ………………………………… (910) Voûte en ogive :……………………. ………………………………….. Tympan :………………….. ……………………………. Vitrail :……………………………. ……………………… Arc en plein cintre :…………… ……………………………………. Moines :……………………… ………………………………. Connaître et utiliser les repères suivants connaître la chronologie des églises romanes Connaître la chronologie églises gothiques Raconter la vie d‟un grand personnage religieux Décrire une abbaye et une église Savoir-Faire interculturel Identifier la présence de monuments religieux issus du Moyen-Age en France et dans votre pays. Peut-on parler d‟une culture religieuse architecturale globale dans votre pays ? Différences et points communs avec la France? Explications et conclusion. 251 2.4/ L’expansion de l’Occident chrétien. Documents. : Ville : Marchands à Bruges Première Dans quelle mesure peut-on dire que l‟Occident chrétien émerge Circuits commerciaux : économiquement au niveau international ? Est-ce le cas dans votre pays ? Et en France ? Exemple d‟expansion chrétienne : Jérusalem Connaissances : Connaître le développement du commerce Première croisade Connaître la « Reconquista » et les croisades Décrire carte de l‟expansion chrétienne : XI- XIV Connaître le développement des villes Raconter un épisode des Croisades Repérer les « entraves lexicales » Décrire un aspect de la vie des marchands St Bernard et la seconde croisade 1147 Reconquête religieuse :………….. ………………………………….. sac de Constantinople Croisades :……………………. (1204) jusqu‟au Francs chassés …………………………………….. de Terre sainte en 1291 Guerre Sainte :……………………… ………………………………… Conversion religieuse :……………… ………………………………….. Inquisition :………………………. ……………………………….. T H E M E N° 3 3/ Regards sur l’Afrique Documents. : Dans quelle mesure peut-on dire que l‟Empire du Mali illustre l‟émergence d‟une civilisation subsaharienne majeure ? Cette civilisation a-t-elle eu des contacts avec la France, et avec votre pays ? Empire du Mali (XIII - XIV) 3 cas : Connaissances : Repérer les « entraves lexicales » France : fin de règne des Capétiens directs (1328) Votre pays : guerre Ŕlonguecartographiée de votre pays avec ses voisins proches ou lointain. Savoir-Faire interculturel Peut-on parler d‟une culture religieuse officielle? Comment la religion de votre pays s‟est-elle imposée aux habitants de votre pays et à l‟extérieur ? Différences et points communs avec la France? Explications et conclusion. Connaître et utiliser les repères suivants Connaître les circuits marchands entre Période et situation du le VIIème et le XVIème siècle dans le Mali à cette époque Mali subsaharien (et la région en général) Connaître la conquête Connaître l‟existence de la traite des musulmane dans cette esclaves dans cette région d‟Afrique région Afrique : carte des 3 empires d‟Afrique de l‟ouest Début et fin de guerre de Cent ans : 1337- 1453 Connaître et utiliser les repères suivants Zone subsaharienne :………………… ………………………………. Traite des esclaves :…………….. ……………………………………. …………………………………….. Caravanes :…………………………… ………………………………………. …………………………………. Caravansérail :………………… ……………………………………. Chameaux :…………………… …………………………. Dromadaires :……………… …………………………………. Eclaireur :…………………….. ……………………………….. Carte de l‟Afrique commerciale (VIII-XVIème siècle) Connaître la production artistique du Mali Connaître la traite transsaharienne Savoir Faire interculturel Identifier la présence des rapports entre l‟Afrique et la France et votre pays à la fin du Moyen-Age. Différences et points communs de ces rapports pluriels internationaux ? Trouve-t-on un usage répété de l‟esclavagisme ? Explications et conclusion. 252 T H E M E N°4 4/ Vers la Modernité : fin XV – XVII me siècle Documents. : 4.1/ Bouleversements culturels et intellectuels. Dans quelle mesure peut-on dire que les bouleversements du XVème et XVI me siècle changent la vision du monde chez les Hommes ? Est-ce le cas dans votre pays ? Et en France ? Christophe Colomb + carte des découvertes Découvertes européennes et création de nouveaux Empires Léonard de Vinci La renaissance et ses productions artistiques Carte des foyers de renaissance Vie de Luther + carte de l‟Europe protestante 1572- Massacre de la St Barthélémy (guerre religieuse de 1562à 1598) 4.2) L’émergence du Roi Documents. : absolu Château de Versailles Dans quelle mesure peut-on dire que Louis XIV symbolise l‟idée de l‟absolutisme pour toute l‟Europe ? Votre pays a-t-il connu un épisode politique semblable? Connaître et utiliser les repères suivants Christophe Colomb et Magellan (dates des voyages) Renaissance et foyers La crise religieuse réformes et contreréforme) Réformes et guerres religieuses La révolution scientifique (Copernic) Raconter et expliquer : Les innovations scientifiques (Léonard de Vinci- Traité des machines) Sa vie en France ( au ClosLucet) Création et invention dans votre pays ? guerre d‟Italie (1494) et bataille de Marignan (1515) T H E M E N°4 Connaissances : Une œuvre artistique : Lebrun et sa toile de 1661 Monuments politiques majeurs durant les temps modernes dans votre pays ? Repérer les « entraves lexicales » Humanisme :…………………….. …………………………………….. Renaissance :……………………… ………………………………….. Création artistique :…………………. ………………………………………. Réforme :………………………………. ……………………………………. Conquête :……………………. …………………………… Découverte :……………………. ………………………………….. Avancée scientifique :………………. ……………………………………… Connaissances : La découverte d‟un continent au service de l‟Espagne. (Amérique) La vie d‟un artiste et ses mécènes (L. de Vinci) La vie de Luther La nouveauté des découvertes de Copernic Savoir-Faire interculturel Identifier des personnages de votre pays et en France qui ont/ auraient participé au mouvement de la « Renaissance ». Différences et points communs ? Explications et conclusion. Connaître et utiliser les repères suivants : Contexte de guerre civile et puis de paix civile (1598) Edit de Nantes Emergence du pouvoir absolu des monarques Evolution frontière du royaume (1661-1715) Repérer les « entraves lexicales » raconter une journée du roi Louis XIV Roi absolu :………………………….. ………………………… Absolutisme :……………………… ……………………………………. Jardin à la « française » :…………………. …………………………………………. Intolérance religieuse :………………. ………………………………………. Cour du Roi :…………………….. ………………………………………. Savoir-Faire interculturel Identifier des personnages de votre pays et en France qui ont participé à la création d‟un Etat fort et international. Différences et points communs avec la France? Explications et conclusion. 253 PROGRESSION CIVILISATION ET HISTOIRE- NIVEAU- 3 DE LA FIN DES « TEMPS MODERNES » (fin XVIII me siècle) JUSQU‟AU 21 me SIECLE. 1) LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE LEÇON ET PROBLEMATIQUE A) La remise en question de la monarchie absolue DOCUMENTS CARTES ET REPERES Déclaration des Droits (1689), Dans quelle mesure les révolutions anglaise et américaine ont modifié déclaration américaine la vision politique du monde ? (1776) Ces révolutions ont-elles eu des conséquences sur votre pays ? Documents sur les « Lumières » en France Document sur un penseur majeur du XVIIIème siècle de votre pays. B) Les grandes phases 1789 à 1815. Comment est-on passé d‟une période de mutation politique majeure 1789 au retour d‟un conservatisme en 1815 ? Quelle est la perception de la Révolution française dans votre pays ? Carte des départements. La monarchie constitutionnelle ( image de la Fête de la Fédération) La terreur (image de Robespierre) La République en échec (1794 -1799) ( image de Napoléon) : Tableau de David ( 1804) Image d’un mouvement révolutionnaire dans votre pays : personnage, symbole…….au XVIII me siècle SAVOIRS SAVOIR-FAIRE Connaître les éléments politiques de la contestation européenne des monarchies au XVIIIème siècle Savoir analyser un schéma constitutionnel Repérer les « entraves lexicales » Comparer les éléments et les modes de contestation du pouvoir politique en France et dans votre pays durant les « temps modernes » (du XV au XVIII me siècle) Protestation :………….. ………………… Révolte :……………. ………………………… Connaître les grands événements et acteurs clés de cette révolution (1789-1815) Savoir-Faire interculturel Différences et points communs ? Explications et conclusion Savoir-Faire interculturel Savoir repérer les hommes et les faits qui ont créé une rupture dans Repérer les « entraves votre pays et en France à la fin des temps modernes. Trouve- t-on des lexicales » épisodes d‟une guerre civile ? Des Réforme politique :…………….. débats politiques innovants ? ……………………………… Révolution :……………… Différences et points communs ? …………………………. Explications et conclusion Assemblée nationale :……… …………………………. Nation :………………. …………………………… Constitution :…………… ………………………. Droits de l’Homme :……….. ……………………. République :…………. …………………………. Totalitarisme :…………….. ………………………… Exclusion politique :……… ……………………………… 254 C) Les transformations de Mode sur la diffusion des l’Europe (fin XVIIIème jusqu’au idées révolutionnaires début de 1815) Goya qui peint les insurgés Dans quelle mesure peut-on contre la France en Espagne affirmer que de nouveaux modes de contestations politiques existent en France début XIXème siècle ? Peinture révolutionnaire dans votre pays, peinture emblème ?................. …………………………. Connaître les impacts internationaux de la révolution française sur l‟Europe Savoir analyser une carte géopolitique Savoir-Faire interculturel Connaître le cas de l‟Espagne. Repérer les « entraves lexicales » Expansion de la révolution :…….. ………………………… Nationalisme :…………. ……………………………. Romantisme :…………… ………………………. Révolte :………………… ……………………………… Résistance :……………… ……………………………… Répression :……………… …………………………………. Savoir comparer dans l‟histoire de votre pays et en France, les mouvements de résistance face à une occupation d‟une armée extérieure ? Trouve-t-on des traces de ces combats politiques ? Différences et points communs ? Explications et conclusion (2) L‟ EUROPE ET SON EXPANSION AU 19 me siècle L’âge industriel (1815-1848) La naissance de l‟industrie : vapeur et charbon Dans quelle mesure peut-on dire que la France est un des acteurs majeurs de la révolution Accélération du progrès industrielle en Europe de l‟ouest et industriel dans le monde ? Révolution des transports Est-ce le cas de votre pays ? Triomphe du capitalisme 1860 : traité de libre Ŕ échange 1895 : premières séances de cinéma 1898 : les Curie découvrent la radioactivité Documents dans votre pays illustrant la révolution industrielle Savoir repérer les cadres Connaître l‟importance de cette chronologiques de la révolution révolution et ses impacts jusqu‟à industrielle nos jours. Savoir analyser un graphique Repérer les « entraves lexicales » « Banque d’affaire » :………… ………………………… Actions :………………… ………………………….. Charbon :………………… …………………………… Classe ouvrière :…………….. ………………………………….. Machine à vapeur :…………. ………………………………. Engrais chimiques :…….. …………………………. Capitalisme :………….. …………………………. Savoir Faire interculturel Trouvez les éléments de révolution industrielle en France et dans votre pays : sur quelle production cette révolution fut elle basée ? Trouve-ton des traces de ces productions industrielles encore aujourd‟hui dans votre pays ? Et en France ? Différences et points communs ? Explications et conclusion 255 Les mouvements libéraux et nationaux (1848) Dans quelle mesure peut-on dire que la révolution 1848 de Paris a entraîné l‟émergence des nations en Europe ? Votre pays a-t-il participé à ce type de contestation ? Directement ou indirectement ? C) Le partage du Monde (18481914) Dans quelle mesure peut-on affirmer que l‟empire colonial français illustre l‟épisode extra européen des nations européennes fin XIX et début XX me siècle ? proclamation de la seconde république-1848 Carte et caricatures : unité italienne (1870) Savoir-Faire interculturel Connaître la littérature et les mouvements idéologiques qui ont porté 1848 Connaître l‟origine des mouvements libéraux Unification de l‟Allemagne (1871) Repérer les « entraves lexicales » Carte de l‟unité de votre pays : XIX ou XXème Printemps des Peuples :……… siècle ? ………………………. Romantisme :………….. ……………………………. Carte de la France au Répression :…………….. XIXème siècle. …………………………. Conservateurs :…………… …………………………… Libéraux :………………. ……………………………… Monarchistes :…………….. …………………………… Républicains :………….. ………………………………… Carte des Empires coloniaux Domination coloniale Images d‟Epinal de la colonisation Les rivalités mises en carte en Afrique Documents sur l‟aventure coloniale dans votre pays : vécue ou subie ? Connaître les origines des colonies Connaître les différences entre colonisation française et anglaise Repérer les « entraves lexicales » Colonies :……………… ……………………………….. Colonialisme :…………… …………………………… Empire :……………………. …………………………… Métropole :………………. …………………………… Travail forcé :…………….. ……………………………. Colons :……………………. …………………….. Indigènes :………………… ……………………………… Rivalités coloniales :………… …………………………… Protectorat :……………….. ……………………………… Peut-on parler de courants « romantiques » en France et dans votre pays au XIX me siècle ? Si oui, trouvez des écrivains de votre pays et de la France ayant pour point commun une même démarche littéraire et politique de contestation. Différences et points communs ? Explications et conclusion Savoir-Faire interculturel Peut-on parler d‟une politique coloniale dans votre pays ? Fut-il pays colonisateur ou colonisé ? Quel fut le rapport avec la France dans ce domaine ? Conflit ou collaboration ? Différences et points communs ? Explications et conclusion 256 D) La France de 1815 à 1914 Dans quelle mesure peut-on affirmer que la France du XIXème et début XXème a stabilisé peu à peu, un nouveau régime politique ? Est-ce le cas dans votre pays fin XIXème siècle ? DOCUMENTS : La monarchie restaurée La liberté de Delacroix document sur la commune de Paris (1871) Document sur séparation Eglise et Etat (1905) Documents illustrant dans votre pays, une modernisation de la vie politique. SAVOIRS : SAVOIRS-FAIRE : Connaître les périodes entre république et restauration Savoir analyser une iconographie politique Connaître la littérature politique de cette époque. Savoir rédiger un résumé des idées politiques sur une longue période (bilan de la révolution) Repérer les « entraves lexicales » Romantisme :……………….. ………………………….. Conservateurs :…………. ……………………………… Républicains :……………….. …………………………….. Idéologie :……………… …………………………… Révolte :…………………… ……………………………. Savoir-Faire interculturel Quels sont les points communs ou différences entre la France et votre pays dans l‟évolution de la vie politique aux XIX et début XXème siècle ? Peut-on parler d‟une tendance vers la « modernité » ou vers le « conservatisme » ? Différences et points communs ? Explications et conclusion LA France au XX, et début XXI me siècle. La Grande Guerre (1914-1918) Comment est-on passé d‟une France menacée en 1914 à une France victorieuse en 1918 ? Votre pays a-t-il participé à cette guerre ? Si oui, quel fut son rôle ? Documents : Les tranchées Les « poilus » Canon Char Renault Eglise St Gervaix Le bâteau « le Lusitania » « Gueules cassées » (Otto Dix) Traité de Versailles dans la galerie des Glaces . Repérer les « entraves lexicales » Tranchées :……………… ……………………………. Infanterie :……………….. …………………………. Chars :…………………. …………………………….. Gaz toxique :……………….. …………………………… Alliés :……………………. …………………………… Paysage de guerre totale dans Offensive :…………………. votre pays. Sanctuarisation ………………………………. militaire Contre-offensive :…………. ……………………………… Guerre de position :………….. ………………………….. Guerre de mouvements :……….. …………………………… Bombes :………………. ………………………… Obus :……………………. …………………….. Canons : ………………. Savoir-Faire interculturel Montrez l‟existence d‟une archéologie d‟une « guerre totale » au XX ème siècle en France et dans votre pays. Trouvez des paysages ou traces de « guerre massive » dans votre pays et en France. Différences et points communs ? Explications et conclusion 257 La mutation et la crise sociale des années (1919-1939) Comment est-on passé d‟une France victorieuse (1918) à une France en pleine crise et fragile en 1939 ? Votre pays fut-il entraîné dans cette crise globale ? DOCUMENTS Repérer les « entraves lexicales » Les congés payés 1936 Léon Blum CGT Syndicats Action Française Communistes Grèves générales. Documents des années 1920/1930 publiés par votre pays. La seconde guerre mondiale (1939-1945) Comment est-on passé d‟une France en pleine déroute 19391940 à une France victorieuse 1945 ? Quel fut l‟impact de cette guerre dans votre pays ? Laval Pétain De Gaulle Résistance Jean Moulin Eisenhower Churchill Hitler Photo de camp de concentration Débarquement du 6 juin 1944 Procès de Nuremberg Documents sur la seconde guerre mondiale perçue par votre pays. D) Le temps de la reconstruction et de la croissance (1945-1975) Dans quelle mesure peut-on dire que la France et l‟Europe de l‟ouest ont fait des efforts de reconstruction sociale et économique de 1945 à 1975 ? Votre pays a-t-il connu un épisode national semblable de reconstruction ? SAVOIRS Croissance économique française (affiche « Ca va déjà mieux !....) Chômeurs :…………………. ………………………. Crise économique :…………. …………………………………. Faillite :…………………….. ………………………………. Nationalisme :…………….. ………………………………. Grève :…………………….. ………………………………. Revendications :………………. ……………………………… Fascisme :…………….. …………………………. Repérer les « entraves lexicales » Déroute militaire (blitzkrieg) :…………….. …………………………….. Guerre rapide :…………….. ………………………….. Occupation militaire :……….. ………………………….. Résistance :………………… ………………………………… Libération d’un pays :………… …………………………. Jugement des criminels de guerre :…………………….. ………………………………… Repérer les « entraves lexicales » Reconstruction d’un Trente glorieuses pays :…….. (graphique) ……………………………. Jean Monnet Unité d’un pays :……………… Planification …………………………. Plan quinquennal Politique industrielle :………. Taux de croissance …………………………. Plein emploi Augmentation du pouvoir De Gaulle (gloire de 1958 et d’achat : de la Vème République) ……………………. Reconstruction …………………………. Consommation :………… …………………………… Documents économiques et ……………………………… sociaux de 1945 à 1980 dans Création de métropoles votre pays régionales : ……………………. …………………………… Croissance économique :……… ………………………………. SAVOIRS-FAIRE Savoir-Faire interculturel Découvrez dans l‟histoire récente et sociale de votre pays et notamment les éléments d‟une crise économique contemporaine. Quels sont les éléments historiques qui témoignent de cette crise récente ? Différences et points communs ? Explications et conclusion Savoir-Faire interculturel Découvrez dans l‟histoire de votre pays et en France les éléments d‟une guerre dévastatrice qui a laissé des marques jusqu‟au début du 21 ème siècle. Points communs et différences entre les deux pays comparés. Différences et points communs ? Explications et conclusion Savoir-Faire interculturel Identifiez dans l‟histoire récente de votre pays et en France, les efforts socio-économiques de reconstruction et modernisation durant le XX ème siècle. Points communs et différences entre les deux pays comparés. Différences et points communs ? Explications et conclusion 258 Le temps de crises économiques globales (19752012) Crise économique Hausse du chômage Tensions sociales Dans quelle mesure peut-on dire F. Mitterrand que l‟économie s‟est mondialisée J. Chirac et fragilisée ? 11 septembre 2001 Votre pays est-il actuellement N.Sarkozy touché par la crise globale qui a Krach boursier 2009 débuté en 2009 ? Fin Etat Providence Privatisation François Hollande (2012) Repérer les « entraves lexicales » Crise du pétrole :………………. …………………………………. Montée du chômage :………… ……………………………. Fin de l’Etat providence :……….. ……………………………… Tensions sociales :…………… ………………………………. Nationalisme :…………… Documents de la vie politique actuelle dans votre ……………………………… pays ? Immigration :………………. ……………………………….. Chiffres sur l‟implication Attentat :…………………… économique de votre pays dans ………………………………… la mondialisation. Mondialisation de l’économie : ………………………….. ……………………………… « Développement durable » (ou D.D.) :……… ………………………………….. Savoir-Faire interculturel Quelle est la part de la mondialisation de l‟économie dans votre pays ? Comparez avec la France. Points communs et différences. Perspectives et solutions. Différences et points communs ? Explications et conclusion 259 ETAT CRITIQUE DES SOURCES 260 A / PRESENTATION DE LA METHODE DE TRAVAIL POUR L’ENQUETE Afin de présenter la liste des sources de manière critique, nous avons décidé de présenter ci-dessous ce qui fut notre démarche pour construire notre enquête. Nous indiquerons la provenance de nos sources, soit 28 établissements scolaires français localisés à l‟étranger ainsi que 31 professeurs de français originaires de l‟Asie du Sud-Est. Quel était l‟intérêt scientifique d‟une telle enquête ? Et quel lien ou quelle comparaison peut-on faire entre l‟enquête faite en février 2011 et celle entreprise en juillet 2012 ? Dans un premier temps, il nous a fallu décrire l‟état actuel de ces représentations de l‟histoire de France en interrogeant le ressenti de ceux qui observent cette histoire de l‟extérieur, à savoir des enseignants vivant à l‟étranger. Pourquoi interroger des enseignants étrangers ou français ? Cette population nous semblait facile à contacter car elle s‟inscrit souvent dans un réseau administratif établi et lié explicitement à la francophonie. Nous en avons choisi deux réseaux: l‟AEFE et l‟AUF. L‟AEFE (Agence pour l‟Enseignement français à l‟étranger), une agence ministérielle dépendant du MAE et qui encadre 470 lycées français dans le monde. La deuxième agence est un organisme international, AUF, Agence Universitaire pour la Francophonie. Nous avons pensé que chaque témoignage présenterait une lecture pertinente. Les membres de l‟AEFE sont des fonctionnaires français vivant à l‟étranger, donc dans une position exogène , mais aussi endogène, car ils ont suivi une formation universitaire française avant de devenir enseignant. Suite aux réponses obtenues de ces fonctionnaires français nous avons également interrogé des professeurs de français qui sont étrangers mais sont intégrés au réseau de l‟AUF en juillet 2012 dans la zone « Asie du Sud-Est ». Les 31 réponses obtenues nous ont permis de comparer et d‟avoir un regard plus complet, plus exogène encore, sur une histoire de France ornementée par le passé colonial de l‟Indochine française. Cette zone nous a semblé en effet pertinente car elle est au carrefour d‟un nombre important d‟échanges et de civilisations. C‟est pourquoi nous avons questionné des professeurs de français venus du Cambodge, Vietnam, Laos, Thaïlande et Malaisie. Ces deux populations interrogées nous ont permis de comprendre si l‟histoire de France est liée à une francophonie (diversité culturelle) ou à l'idée d'universalité (idée d‟un passé politique singulier) ? 261 Des réponses que nous avons obtenues, nous avons pu observer des sentiments d‟admiration, mais parfois aussi un sentiment de déception, voire d‟abandon. Pour mettre en ordre nos réponses, et notamment pour les réponses AEFE, nous avons suivi le quadrillage géographique proposé par l‟Unesco, à savoir : « les Amériques », « l‟Europe », « l‟Asie / Pacifique », et « l‟Afrique et Etats arabes ». Cette enquête a été diffusée par l‟Internet et avec l‟autorisation de l‟AEFE aux lycées français dans le monde (470 établissements), mais pour ce qui concerne les enquêtes de l‟AUF, nous avons assurés nous-même la distribution lors d‟un séminaire que nous avons animé au Vietnam durant l‟été 2012, dans la ville de Hué. La structure de notre enquête Ŕ il s‟agit de questionnaires - mobilise des questions dites à la fois« ouvertes » et « fermées ». Ce double choix permettait de mieux balayer le spectre de populations n‟ayant pas toutes les mêmes intérêts, les mêmes objectifs professionnels, les mêmes itinéraires individuels : les conditions d‟expatriation diffèrent, les contextes culturels locaux sont évidemment différents, et le poids des institutions varie selon les cas et la formation universitaire, différente entre un Cambodge en reconstruction et une France dont le parc universitaire se concentre sur le développement durable. L‟enquête fut ouverte à tous, français et étrangers, professeurs du secteur primaire, secondaire et universitaire. Un large spectre institutionnel et culturel pouvait permettre d‟obtenir une photographie plus complète de notre projet. Il nous fallait anthropomorphiser nos enquêtes en mobilisant une population diverses par la formation et la culture, et éviter ainsi l‟exotisme des représentations. Cette approche en lisière, si équilibriste, fut encouragée par l‟historien Paul Veyne dès 1978 : « L‟effort de se mettre dans la peau d‟autrui peut avoir une valeur heuristique. Il permet de trouver des idées ou plus souvent des phrases pour traduire des idées de manière vivante, c‟est à dire transformer un sentiment exotique en un sentiment familier (…) car l‟Homme se retrouve chez lui dans tout humain (…) Aussi notre tendance est- elle d‟anthropomorphiser la nature, et non l‟inverse »254. 254 VEYNE (Paul), Comment on écrit l‟histoire ?, Points Histoire, 1978, Seuil, p.121-123 262 Une telle enquête propose certes une photographie éphémère, mais elle peut aussi esquisser une carte mentale collective de cette histoire de France dans le monde. Face à ce public hétérogène (enseignants de toutes disciplines, français et étrangers), nous avons fait le choix de questions par croisements sur des événements et sur des dates car on pouvait de cette façon inférer sur les représentations. En demandant aux personnes de se positionner par rapport à ce questionnaire, nous avons pu, par classement pour certaines questions fermées, apprécier les conceptions auxquelles elles adhèrent, et celles qu'elles rejettent. Dans l‟analyse de nos enquêtes, il a été pertinent d‟identifier ce qui fait partie des « vérités bloquées »255 et ce qui faisait partie de l‟histoire « mobile », plurielle et collective. Nous n‟avons pas retenu l‟opposition entre histoire positiviste et histoire dite structurelle considérant ce clivage comme dépassé. Pour autant, nous verrons que ces vérités dites bloquées et l‟approche positiviste reste l‟image forte à l‟étranger (notamment pour les enseignants interrogés dans le réseau AUF), on pourrait quasiment parler de demande sociale pour un roman national français, qu‟il soit universaliste ou nostalgique. Jean-Louis Voisin dans son Dictionnaire des personnages historiques (1995) évoque d‟ailleurs ce besoin des hommes à rêver de l‟histoire d‟un pays en mobilisant héros et espoirs révolutionnaires : il y a des événements vrais « qui ont l‟homme pour acteur » nous dit-il256. Ce n‟est plus une hérésie que de rechercher des « exempla » et Jean-Louis Voisin poursuit en affirmant que ce n‟est pas dramatique ou politiquement incorrect que de dire que Porsenna illustre l‟histoire étrusque, ou que Charles le Chauve cristallise l‟Empire carolingien. Ces enquêtes nous ont confirmé le poids présent et vivant de ces exempla (de Gaulle et Napoléon en tête). Ce qui fut intéressant, c‟est qu‟en identifiant ces exempla, on pouvait alors mieux déconstruire ainsi le jeu des imaginations sociales qui construisent les représentations. Cellesci alimentent ce qui est fantasmé et héroïsé dans l‟histoire d‟un pays. C‟est une mise en intrigue grossière certes, mais c‟est aussi une demande sociale qui alimente un désir et une émotion, ce qui fait que l‟on s‟intéresse à un pays ou non. 255 256 FERRO (Marc), L‟histoire sous surveillance, 1987, Paris, Gallimard, 251 pages VOISIN (Jean Louis), Dictionnaire des personnages historiques, Livre de Poche, 1995, p.1 263 Sans émotion, quelle raison peut-on trouver à mobiliser sa curiosité pour un pays ? Jean-Louis Voisin conclut ainsi : les « Vies parallèles de Plutarque ont traversé l‟histoire comme « si les makers of history » chers à Thomas Carlyle ne cessaient de faire rêver »257. Dans nos enquêtes, nous avons aussi eu le souci d‟une lecture interculturelle dans le montage de nos questions. Afin de mobiliser l‟attention des enseignants qui pourraient répondre, nous avons mené une démarche interdisciplinaire où on devait identifier des connaissances sur l‟histoire de France tout en évoquant l‟histoire du pays Pourquoi cette démarche d‟échange et d‟inter-historicités ? Ces enquêtes avaient pour objectif de mesurer les imaginaires autour de l‟histoire d‟un pays vue de l‟étranger, ce qui exige une compréhension de l‟autre mais aussi de soi-même. Pourquoi ? Ce double mouvement de compréhension est utile et nécessaire selon Paul Ricoeur qui, dans Histoire et vérité (2001), résume ainsi le défi sous-jacent à cette double compréhension : « Qu‟arrive- t-il à mes valeurs quand je comprends celles des autres peuples ? La compréhension est une aventure redoutable où tous les héritages culturels risquent de sombrer dans un syncrétisme vague ». Mais plus loin Paul Ricoeur nous rassure : les syncrétismes « ne sont que des précipités de l‟histoire, ce qui compte, c‟est la communication »258. Ce défi entre une civilisation française qui fut universelle face à cultures nationales qui s‟affirment se devait de constituer un arrière- plan essentiel à notre enquête. Comment faire un questionnaire sur les représentations collectives liées à l‟histoire de France au niveau international? Quels sont les risques scientifiques d‟une telle enquête ? Nous avons suivi trois points précis pour éviter les pièges de l‟enquête qui serait trop fragile : identifier, valider, et mesurer la fiabilité des résultats. Une question s‟est imposée à nous. Quel type de questionnaire ? Jean-Marie de Ketele nous suggère, pour atteindre cet objectif, de mettre en place un questionnaire-enquête259 qui doit surtout souligner trois points : identifier des objectifs, mesurer la validité des questions et apprécier la fiabilité des résultats obtenus. On distingue dans les objectifs à atteindre soit un problème précis, soit des problèmes complexes, mobilisant plusieurs facteurs. 257 VOISIN (Jean Louis), Dictionnaire des personnages historiques, op.cit., 1995, p.9 RICOEUR (Paul), Histoire et vérité, Points Essais, 2001, pp.337-338. 259 KETELE (Jean Marie De), Méthodologie du recueil d‟informations, 4 ème Edition, De Boeck, 2009, p.17 258 264 En aval, nous avons pris soin de relativiser les résultats obtenus car il « il ne faut pas se laisser obnubiler par l‟impression de vérité immanente que lui conférerait la représentativité statistiquement prononcés des échantillons consultés »260. La fiabilité s‟est faite en comparant les enquêtes entre elles, que ce soit à l‟échelle AEFE ou à l‟échelle AUF, et enfin en faisant la synthèse des 59 enquêtes. Pour éviter une focalisation non maîtrisée des résultats, R. Ghiglione261 ajoute qu‟il est important de « savoir de façon précise ce que l‟on recherche, s‟assurer que chaque question a un sens, que tous les aspects de la question ont été abordés ». Une telle ouverture éclaire la responsabilité politique de celui qui rédige ce questionnaire. Se pose ainsi pour nous même, le défi du « filtre épistémique »262, à savoir la façon dont nous recueillons et utilisons ces informations. Or cette démarche n‟est pas neutre. R. C. Kohn, dans les Enjeux de l‟observation (1982), indique qu‟il y a des phénomènes de pouvoir qui s‟installent peu à peu, et celui qui recueille « l‟information fait de lui un agent potentiel de changement. »263 Pour valider notre questionnaire, nous avons donc porté l‟accent sur la formulation des questions. Nous les avons d‟abord esquissée sous une forme « ouverte », puis peu à peu, nous les avons reformulées dans un style de questions dites « fermées », formulation plus adaptée au traitement statistique ou par indices. Nicole Berthier dans son ouvrage sur Les techniques d‟enquête en sciences sociales, souligne la dimension exigeante des questions fermées : « dans un questionnaire standardisé, trop de questions ouvertes sont un aveu de faiblesse (…) de préparation insuffisante. »264 C‟est pour cela que nous avons fait en sorte d‟utiliser des questions fermées. Parfois les questions ouvertes étaient inévitables comme la question n°3. Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? 260 JAVEAU (Claude), L‟enquête par questionnaire. Manuel à l‟usage du practicien. Paris, Bruxelles, Edition de l‟université de Bruxelles, 1987, p. 7 261 GHIGLIONE (R.), Questionner, in. BLANCHET (A.), Les techniques d‟enquête en sciences sociales, Paris, Dunod, 2005, 197 pages 262 KETELE (Jean Marie De), Méthodologie du recueil d‟informations, op.cit., 2009, pp.29-30 263 KOHN (R. C.), Les enjeux de l‟observation, 1982, Paris, Puf, p.30 264 BERTHIER (Nicole), Les techniques d‟enquête en sciences sociales, Coll. Cursus, Armand Colin, 3 ème édition, p.97 265 L‟apport de ce questionnaire pourrait être classé en deux registres : d‟une part l‟aspect descriptif. D‟autre part, une fonction heuristique, c'est-à-dire que c‟est à travers les données récoltées que nous pourrons émettre de nouvelles hypothèses et notamment en décrivant le système de pensée dans lequel s‟inscrit des représentations sur l‟histoire de France. Dans ce cadre géographique large et ambitieux, nous avons décidé d‟interroger une catégorie de population enseignante sans distinction de la matière enseignée. Ce qui comptait était leur positionnement externe avec une introduction qui respectait l‟anonymat. Pour mieux connaître. Votre nationalité :……………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…………………… Ville :…………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…………………… Niveau :……………………… Etes-vous un homme ou une femme ?..................... Age ?............................. Pour les questions 1, 2et 9, avec les choix multiples : selon le classement qui s‟est opéré, nous avons pu additionner les réponses et créer des graphiques. Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Pour les questions 3 et 4 : la lecture et la synthèse écrite s‟est imposée. 266 Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ . ........................................................................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) ................................................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ ......................................................................................................................................................... 2/ ......................................................................................................................................................... 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ ............................ 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Les questions 7, 8 et 10, certes trop liées au pays, donneront néanmoins, un éclairage sur les modalités d‟énonciation de la personne interrogée. Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) .......................... …………… Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 9.4/ Des valeurs économiques (N° ) ) ) ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? ....................................................... 267 Nous avons donc obtenu 59 réponses à ces enquêtes. Ce qu‟il faut retenir ici, c‟était notre volonté de faire parler des acteurs francophones, français ou étrangers, tous enseignants, dans le supérieur ou le secondaire, et qui présentaient à l‟évidence un regard exogène ou endogène sur l‟histoire de France vue de l‟extérieur. Ce regard distancé nous a permis d‟obtenir un regard pluriel sur les représentations de l‟histoire de France. 268 B/ LES 28 REPONSES AUX ENQUENTES PAR L’AEFE – FEVRIER 2011 Qui furent les établissements scolaires qui ont répondu ? Le lycée français de Mexico, le lycée français « Marcel Pagnol » au Paraguay, le lycée international de « Marie de France » de Montréal, le collège « Mont La salle » de Beyrouth, le lycée français d‟Agadir, l‟école internationale de Casablanca, le lycée français « Gustave Flaubert » de la Marsa (Tunisie), le lycée français international de Djeddah (Arabie Saoudite), le collège français « Charles Nicolle » de Sousse (Tunisie), lycée français de « La Bourdonnais » de l’Ile Maurice. Le lycée français de Pékin, l‟école française de Shanghai, l‟école française de Manille aux Philippines, le lycée français de New Delhi, le lycée français de Pondichéry, l‟école internationale française de Denpasar en Indonésie. Le lycée français de Varsovie, le lycée français de Porto, le lycée français d‟Alicante, le lycée français de Freiburg (Allemagne), l‟école française de Vilnius (Lituanie), le lycée français de Bucarest en Roumanie, l‟Ecole française de Palma de Majorque, le lycée français de Bruxelles. L‟ensemble de ces professeurs a produit vingt-huit réponses. Nous les avons classées par secteur géographique reprenant le zonage de l‟UNESCO. Voici ci-dessous l‟ensemble des 28 réponses. 269 ZONE AMERIQUES ENQUETE N°1 : Mexique Pour mieux connaître. Votre nationalité :…française…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :……Mexique……………… Ville :…Mexico………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Histoire-Géographie………………… Niveau :…collège et lycée…………………… Etes- vous un homme ou une femme ?......F............... Age ?.........47.................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?......3...... (N° ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? …………………2……… (N° ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..........1........... (N° ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ?ce partage touche essentiellement les intellectuels de la francophonie qui connaissent l‟histoire de France et les grands classiques (Montaigne, Montesquieu, Flaubert........................................................................................................................................... (N°4 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 2 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? .......................... 34 Rationalisme, Raison, Universalisme des grands principes démocratiques ....................................... Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .L‟écrasement de la Commune du Morelos (mouvement de Zapata) par les troupes de l‟armée du pouvoir central pendant la Révolution mexicaine. Car ce fait illustre l‟échec du petit peuple mexicain, pourtant largement majoritaire, à faire valoir ses droits face à une élite politico-économique dominante ....................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Emiliano Zapata 1879-1919 ................................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Les troupes napoléoniennes occupent l‟Espagne ( montée du nationalisme en Amérique latine) . 270 2/La Révolution française ................................................................................................................... 3/ L‟intervention militaire de Napoléon III ........................................................................................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : le point n‟ 3 n‟a pas eu une influence profonde, c‟est plutôt un chapitre de l‟histoire du XIXème siècle de ce pays dont les traces sont plutôt d‟ordre architectural, urbanistique principalement à Mexico. .................................................................................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon 1er ...... 2/ Auguste Comte .. 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. Le positivisme a beaucoup influencé le mouvement des cientificos qui lui-même a orienté la politique de développement économique du Mexique sous les mandats de Porfirio Diaz ..................................... Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Aucun car n‟ayant pas cherché à en trouver un , je n‟en ai donc pas relevé . ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?..........Sans hésitation Le Labyrinthe de la solitude d‟Octavio Paz. Ce n‟est pas un récit factuel et purement historique. Mais au travers de l‟histoire de son pays, O. Paz permet , sinon de la comprendre entièrement, « d‟approcher » l‟âme mexicaine............................................................................ ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 2 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N°4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. 271 …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Un festival du cinéma français et une rétrospective de Claude Chabrol à la cinémathèque de Mexico DF. ................................................ ............................................................................................................................................................ 272 ENQUETE N°2 / MEXIQUE Pour mieux connaître. Votre nationalité :………francaise……………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :Mexique……………… Ville :……Mexico………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Sciences Eco. Et sociales………………… Niveau :……première……………… Etes-vous un homme ou une femme ?..........homme......... Age ?..............34............... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 3 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 4 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 1 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?2 ......................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .La révolution de 1910 (Zapata-Villa…) c‟est l‟histoire d‟une émancipation politique ..................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.)Lázara Cardenas, la « tata », figure paternelle et paternaliste, accueillant républicains espagnols, négociant avec les communistes mexicains pour mieux contrôler les classes populaires. Figure complexe à l‟image du pays. ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/La Révolution francaise 2/La Commune .................................................................................................................................... 3/La Nouvelle Vague (cinéma) ........................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 273 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Ecrivains et intellectuels comme Jean-Paul Sartre au XXe s, V. Hugo au XIXe s 2/Les grands cinéastes, F. Truffaut, A. Resnais 3/Les anarchistes, du type Victor Serge 4/Les penseurs en sciences humaines, Durkheim, Bourdieu, Lévi-Strauss 5/Maximilien Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Ouvriers et immigrés de G. NOIRIEL ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?.......Histoire de la révolution mexicaine de Jean Meyer................................................................. ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Tour de cinéma français, ............. 274 ENQUETE N°3 – CANADA - QUEBEC Pour mieux connaître. Votre nationalité :Française……………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :Canada - Québec…………………… Ville :…Montréal………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :Administration…………………… Niveau :……………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.....Femme................ Age ?....48......................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 3 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 4 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... 2 ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ . ........................................................................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) La bataille des Plaines d‟Abraham à Québec 13 septembre 1759 et début de la conquête britannique sur le Canada français ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La guerre de 7 ans 2/ La deuxième guerre mondiale 3/ ........................................................................................................................................................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 275 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Jacques Cartier ... 2/ Samuel de Champlain 3/ Louis IX ............. 4/ Le général De Gaulle 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. s/o ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?..Histoire du Québec par Yvon Lacoursière (historien du Québec). Retrace l‟histoire de ses débuts à notre monde contemporain et fait comprendre les enjeux et les différentes cultures des gens de ce pays................................................. ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 3 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 2 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Programme culturel permanent du consulat de France ................................................................................................................................................. 276 ENQUETE N°4 : PARAGUAY Pour mieux connaître. Votre nationalité : Française……………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays : PARAGUAY Ville : ASSOMPTION Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…………………… Niveau :……………………… Etes-vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 51 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°1) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°2) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°3) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°1 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°2 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? Non Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La Guerre de la Triple Alliance ; à partir de là, le PARAGUAY perdra en superficie et en hommes, grevant largement son avenir ........................................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Le Maréchal Lopez, vainqueur de la Guerre du Chaco ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La Révolution Française ................................................................................................................ 2/ La Guerre de Napoléon contre l‟Espagne ...................................................................................... 3/ La politique planétaire du Général De Gaulle à partir des années 60 ............................................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 277 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Les philosophes du siècle des Lumières 2/ Napoléon ............ 3/ De Gaulle ........... 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ? ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? Le Paraguay, de E. De la Bourgade de la Dardye Excellent ouvrage sur le Paraguay du siècle dernier, qui donne des informations très fiables sur la population, sur les Missions, sur les débuts du développement de ce pays ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°3 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°2 ) 9.4/ Des valeurs économiques …(N°4) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Explications de la tradition de la Bûche de Noel ; Le mois de la Francophonie ..................................................................................................... 278 AFRIQUE / ETATS ARABES ENQUETE N°5 / LIBAN- BEYROUTH Pour mieux connaître. Votre nationalité :…Libanaise Pays et ville où résidez. : Pays : Liban Ville :…Beyrouth Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :Hist. Géo Niveau : Complémentaire Etes-vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 43 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 1 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 2 ) 1.4/ Commentaires éventuels : 1 - La construction politique représente la description des régimes successifs. 2 - La culture est le soubassement des différents régimes. 3 – Relier les événements sociologiques, culturels et de civilisation Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? « Littéraire» : terme inadéquat, plutôt humaniste, universelle (N° 2 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 4 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? (No 3) 3 et 4 ont une connotation de domination politique Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La guerre civile (1975 – 1990) est une excellente représentation du tiraillement des différentes factions libanaises adversaires et de leurs allégeances extérieures. Elle est la manifestation sanglante d’un long conflit politique et social. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Les différents personnages libanais illustres restent, chacun, la représentation de l’histoire du groupe, voire de la confession à laquelle il appartient. Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Accord de Sykes-Picot 279 2/ Les Croisades 3/ la contribution de la France à la résolution 1559 Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Georges Clemenceau 2/ Charles De Gaulle 3/ Napoléon (la campagne sur l’Egypte et ses conséquences sur l’orient) 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Le rôle culturel français, surtout lorsque la culture de la France était l’âme, l’esprit et le cœur du monde, reste une des influences majeures sur la société libanaise (contribution des missions et des institutions culturelles) Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) : Les Croisades vues par les Arabes – Amin Maalouf Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? L’Histoire du Liban de Philippe Hitti et Pages Libanaises (Awrak Lubnanyah) de Yussef Ibrahim Yazbeck, pour leur objectivité et leur rigueur documentative. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels : L’histoire de la France, quand la France était au cœur de l’histoire, véhiculait plus d’une valeur culturelle, politique et morale. Aujourd’hui, la France est à la remorque de l’Amérique et de sa politique inhumaine Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Les multiples « expos du livre français » entretenus au Liban sont devenus une pâle nostalgie d’une époque perdue au profit de l’invasion d’une culture anglo-saxonne des affaires. 280 ENQUETE N°6 : MAROC –AGADIR Pour mieux connaître. Votre nationalité :…Marocaine…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…Maroc………………… Ville :…Agadir………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…histoire géographie Niveau :……collège………………… Etes-vous un homme ou une femme ?...homme.................. Age ?.....44........................ Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :……c'est l'acquisition d'un savoir permettant l'appartenance d'un individu à un pays ………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°2 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... 3 La paix et la coopération ................................................................................................................... Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .la marche verte puisqu'il a consolidé l'unité territorial, politique du pays et elle a montré une unanimité à l'égard de la Monarchie ........................................................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) feu Mohamed V son exil 1953 .............................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/la révolution française ...................................................................................................................... 2/la deuxième guerre mondiale ........................................................................................................... 3/la création du CEE ........................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 281 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/Charles Martel 2/Charles De Gaulles 3/Jacques Chirac .. 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?.....Histoire du Maroc par un groupe d'auteurs Hatier 1966 : c'est un livre qui englobe les événements majeurs du pays depuis l'antiquité à l'indépendance ................................................................................. ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°2 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3 9.4/ Des valeurs économiques (N°4 ) ) ) ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Plusieurs manifestations sous la direction de l'institut français d’Agadir ............................................................................................................... ............................................................................................................................................................ 282 ENQUETE N° 7 – MAROC – CASABLANCAVotre nationalité Française. Pays et ville où résidez. : Pays :…Maroc Ville :…Casablanca… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline histoire géographie Niveau :…2ème cycle Etes- vous un homme ou une femme ?....Femme Age ?....62 ans Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 1) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°2 ) 1.4/ Commentaires éventuels Le Maroc est une vieille monarchie de 14 siècles qui a connu ses moments de gloire au début du 17è siècle et la seconde moitié du 18è siècle- une culture riche due à un mélange d‟influences orientale, méditerranéenne, africaine et européenne. Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°1) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°4) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°3) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... (N°2) La francophonie véhicule des idées de tolérance, de justice sociale de droit de l‟homme… Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ Indépendance 1956 Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.)Hassan II ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Colonisation, protectorat 2/ Mohamed V : son retour et la restauration de la monarchie 3/Fin du protectorat Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :L‟apport de la France est à fois économique (début de la modernité du Maroc), politique (continuité du régime monarchique), culturel (importance de la langue et de la culture française dans le pays). 283 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Lyautey 2/Eric Labone 3/ Edgar Faure 4/ Leclerc Ŕ De Gaulle 5/ Chirac Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Les rapports entre les dirigeants français et les monarques du Maroc ont toujours été très étroits même en temps de crise. Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Le Maroc face aux impérialismes Ŕ Charles André Julian Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?.Au seuil du Maroc moderne du Dr Rosenberg. Il a expliqué comment le Maroc avec l‟aide de la France s‟est ouvert à la modernité. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°4) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3) 9.4/ Des valeurs économiques (N°2 ) 9.5/ Commentaires éventuels La culture française est très appréciée au Maroc, viennent ensuite les valeurs véhiculées par la philosophie des guerres et de la révolution de 1789. Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Les conférences permanentes organisées dans les centres culturels de toutes les grandes villes du Maroc, Les kermesses organisées par les régions françaises, les journées de France dans les foires des grandes villes. 284 ENQUETE N°8 / LA MARSA –TUNISIE Pour mieux vous connaître. Votre nationalité :……française………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…Tunisie………………… Ville :……La Marsa……………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…histoire géographie………………… Niveau :………3ème, 2nde , 1ère ,Terminale……………… Etes-vous un homme ou une femme ?............H......... Age ?............50................. Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°1 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°2 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………réponses forcément réductrices pour le prof d‟histoire que je suis ………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N4° ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°3 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°1 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?2 celle d‟une ex puissance coloniale qui par ce biais tente de maintenir une influence ........................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .l‟actualité me pousse à proposer le 14 janvier 2011, début d‟une nouvelle Tunisie démocratique ... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Puisqu‟il n‟y a pas encore de personnage de la révolution actuelle, je propose Bourguiba ............................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ 1881 début du protectorat ............................................................................................................... 2/ 1956 indépendance de la Tunisie .................................................................................................... 3/ 1954 Discours de Carthage de PMF................................................................................................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 285 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Pierre Mendès France 2/ ???? .................... 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Nous avons ici tous les ouvrages publiés en France… ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?... »La régente de Carthage » pour connaitre l‟époque ben Ali.................................................................................. ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°3 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°1 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°2 9.4/ Des valeurs économiques (N4° ) ) ) ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Les ratés de la diplomatie française sur les derniers temps de ben Ali .................................................................................................................... ............................................................................................................................................................ 286 ENQUETE N° 9 / TUNISIE-SOUSSE Pour mieux connaître. Votre nationalité :…Française…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…Tunisie………………… Ville :… Sousse ………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Mathématiques………………… Niveau :……Collège………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.....Homme................ Age ?........40 ans..................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 4 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 2 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... (N° 1 ) La démocratie, les droits de l‟homme et du citoyen ............................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .La fin du protectorat français (liberté des peuples à disposer d‟eux même) ..................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) ................................................................................................................. Habib Bourguiba 1960 ........................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Fin du protectorat 2/Révolution française ........................................................................................................................ 3/Vème république .............................................................................................................................. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 287 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/De Gaulle ............ 2/Mitterrand ........... 3/Chirac 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ? ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...........La régente de Carthage......(pour comprendre les dérives du système Ben Ali ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 3 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 1 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N°4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? ....................................................... ? 288 ENQUETE N°10 / Djeddah-Arabie Saoudite Pour mieux connaître. Votre nationalité :française Pays et ville où résidez. : Pays :…Arabie saoudite………………… Ville :Djeddah……………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…HG…………… Niveau :……Collège-Lycée……………… Etes-vous un homme ou une femme ?......Un homme............... Age ?..........31................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ?l‟alliance avec les USA au tournant des années 30 .......................................................... . ........................................................................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Ibn Saoud et sa victoire grâce aux Américains ....................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/la première guerre mondiale ............................................................................................................ 2/l‟intervention du GIGN à la Mecque en 1979 .................................................................................. 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 289 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ ............................ 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre)Très peu de chose sur l‟histoire de France ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...Découverte Gallimard pour une première approche. Les livres de Gilles Kepel pour une approche régionale^ùù................................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? ....................................................... Très peu de chose ................................................................................................................................ 290 Enquête N°11 / Lycée français de Curepipe-Ile Maurice Pour mieux connaître. Votre nationalité : Français Pays et ville où résidez. : Pays : Ile Maurice Ville : Curepipe Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Histoire - Géographie Niveau : De la 6e à la Terminale Etes- vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 39 ans Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°1) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°2) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ?Classiques Français + littérature contemporaine francophone Ŕ Africaine par exemple (N°2) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°3) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°4) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?N°1. Une perception différente de « l‟American way of life », basée sur l‟importance de la culture et une relation moins individualiste. Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi - 1810 : la perte de l‟Isle de France par l‟Empire et son passage sous autorité anglaise → un compromis qui a, permis le maintien d‟une forte entité francophone dans le pays. Le français est une langue pratiquée par tous ici, au même titre que l‟anglais et le créole. - 1968 : indépendance de l‟Ile Maurice Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Sir Seewoosagur Ramgoolam, père de l‟Indépendance (1910 / 1985) Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La Révolution Française (rupture avec la France lors de la 1 ère abolition de l‟esclavage ; prise de l‟Ile par les Britanniques sous l‟Empire) 2/ La création de la C° des Indes (expansion dans l‟Océan Indien et installation des français dans l‟ile en 1715) 3/ La 2nde Guerre Mondiale (Ile Maurice isolée face à Madagascar et La Réunion sous contrôles de Vichy jusqu‟en 1942) 291 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Louis XIV 2/ François Mahé de La Bourdonnais 3/ Colbert 4/ Napoléon Ier 5/ Charles de Gaulle Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Pas un seul !!! Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? Moutou Benjamin, L‟Ile Maurice : vingt-cinq leçons d‟Histoire (1598 Ŕ 1998), Alfran C°. Ltd, 266 p. Une 1ère approche très simple de l‟Histoire de l‟ile. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°3) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°2) 9.4/ Des valeurs économiques (N°4) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Ouverture d‟un tout nouveau centre culturel, de très bonne qualité et très dynamique à Rose-Hill, dans le centre du pays. (Expositions, théâtre, contes, etc.) 292 LA ZONE ASIE-PACIFIQUE Enquête n°12 – Beijing-CHINE Pour mieux connaître. Votre nationalité :………française……………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :………Chine …………… Ville :……………Pékin……… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :………Histoire Géographie…………… Niveau :…………collège lycée…………… Etes-vous un homme ou une femme ?........homme............. Age ?..........35................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 1 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 3) 1.4/ Commentaires éventuels :. L‟histoire d‟un pays c‟est aussi être capable de lire et de comprendre un journal(le présent) comme l‟écrivait Fernand Braudel dans sa grammaire des civilisations Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? Ex Senghor .................................... (N° 1 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 2 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... Une France multiculturelle qui assume l‟histoire de la colonisation et cesse de diaboliser la figure de l‟étranger ou de l‟immigré Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ 1949 la naissance de la R P C c‟est le point de départ de la Chine du XXI me siècle ........................ Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Mao dont le portrait est toujours accroché place tian an men, véritable figure tutélaire de la Chine du XXIème siècle Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/La révolution française..................................................................................................................... 2/l‟Empire et Napoléon ...................................................................................................................... 3/ De Gaulle et la reconnaissance de la RPC ...................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Ce sont les figures de notre histoire que tous les chinois scolarisés connaissent 293 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Robespierre 2/ Napoléon 3/ De Gaulle Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ?????????????????????????????????????????? Je ne lis pas encore le chinois, il est donc difficile de répondre à cette question Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? Jacques Gernet « Le Monde Chinois », c‟est la référence de base sur l‟histoire et la civilisation chinoise Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 2 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels : l‟enseignement de l‟histoire en France est encore un enjeu politique important et donc très idéologique dans ses programmes Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Faguo Wenhua c‟est le nom du festival de la culture française en Chine organisé par le « SCAC » de l‟Ambassade http://www.faguowenhua.com 294 Enquête N° 13- Shanghai-CHINE Pour mieux connaître. Votre nationalité : FRANCAIS Pays et ville où résidez. : Pays : CHINE Ville : SHANGHAÏ Fonction : PROFESSEUR DES ECOLES / COORDONNATEUR DE SITE Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : TOUTES DISCIPLINES ENSEIGNEES L'ECOLE ELEMENTAIRE Niveau : NIVEAU ELEMENTAIRE (CLASSE DE CE1) Etes-vous un homme ou une femme ?. HOMME Age ?. 37 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°1 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°3 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? TOUS LES AUTEURS FRANCOPHONES ET L'HERITAGE DES AUTEURS FRANCAIS DE L'ANCIEN REGIME (N° 2 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°1 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ LA REVOLUTION CULTURELLE CAR ILLUSTRE L'ABSURDITE DE CE REGIME ET LA SIMPLICITE D'ESPRIT DE CES DIRIGEANTS Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) POUR L'HISTOIRE CONTEMPORAINE : MAO, LE GRAND TRAITRE QUI A MENE SON PAYS A LA RUINE ECONOMIQUE, INTELLECTUELLE ET ARTISTIQUE DE SON PAYS PENDANT QUE LA CHINE TAIWANAISE ET HONG-GONKAISE SE DEVELOPPAIT ET PROSPERAIT DANS CES DOMAINES POUR L'HISTOIRE ANCIENNE : LES DYNASTIES SONG ET MING QUI ONT PERMIS UN FORMIDABLE EVEIL CULTUREL ET ARTISTIQUE A LA CHINE (10ème au 17ème siècle) 295 Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ L'ETABLISSEMENT D'UNE CONCESSION FRANCAISE A SHANGHAI 2/ 3/ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? LE MONDE CHINOIS (j'ai oublié le nom de l'auteur, c'est en plusieurs tomes) sur l'histoire contemporaine ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°1 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? FETE DE LA MUSIQUE, PAVILLON FRANCAIS EXPO UNIVERSELLE, OUVERTURE DE NOUVELLES ALLIANCES FRANCAISES, FESTIVAL CROISEMENTS (films et pièces de théâtre joués en français) 296 Enquête N°14- Shanghai-Chine Pour mieux connaître. Votre nationalité :…française…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :……Chine……………… Ville :……Shanghai……………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :……Professeur des écoles……………… Niveau :……C M2………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.....femme............... Age ?......47 ans....................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°1 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°3 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°3 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°4 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? n°2..................... Les Francophones peuvent avoir des valeurs propagées à travers les textes en français mais d’autres spécifiques à la nationalité. Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ . La dynastie Qin marquant l‟unification de la Chine ......................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) avec le premier empereur 221 avant JC ................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Révolution française ....................................................................................................................... 2/la Commune de Paris ....................................................................................................................... 3/Le Front Populaire ........................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Je sais que tous les étudiants chinois boursiers, quel que soit la formation qu‟ils suivent en France (scientifique ou technique), se doivent d‟assister au cours d‟histoire sur la Révolution française ........................................................................................................................... ............................................................................................................................................................ 297 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Robespierre ........ 2/ Victor Hugo ....... 3/Emile Zola........... 4/ Charlemagne ...... 5/Jean Moulin ......... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°3 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°2 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N°4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? L‟expo Universelle ........................ 298 Enquête N° 15- Lycée français de Parañaque -Philippines Pour mieux connaître. Votre nationalité : F Pays et ville où résidez. : Pays : Philippines Ville : Parañaque, Métropole de Manilla Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Niveau : non renseigné Etes-vous un homme ou une femme ? F Age : 51 Question n°1/ L‟Histoire d‟un pays, c‟est : Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique? 3 1.2/ Pouvoir relier des événements ? 2 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ? 1 1.4/ Commentaires éventuels : Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? 3 2.2/ Une construction linguistique ? 2 2.3/ Une construction politique ?. 1 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? En partie... Présenter un répondant à l'évolution du monde à l'anglo saxonne. Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? Colonisations espagnole puis américaine. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez Un exemple (nom et date.) Etat néant, pays d'Histoires plutôt que d'Histoire. Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où Vous résidez. (Classez-les par ordre d‟importance) 1/Etat néant. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : 1 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/Etat néant. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) : ? Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?. Pas de livre précis à suggérer. Ressources essentiellement en anglais. 299 Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… 3 9.2/ Des valeurs politiques…. 2 9.3/ Des valeurs sociales... 1 9.4/ Des valeurs économiques... 4 9.5/ Commentaires éventuels... Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Coopération / partenariat éducatif et culturel via le service de coopération et d'action culturelles de l'ambassade de France (Alliance Française et établissement scolaire) ; organisation de la semaine de la francophonie 300 Enquête N°16 / Lycée français de New Delhi- Union indienne. Pour mieux connaître. Votre nationalité :française Pays et ville où résidez. : Pays :Inde Ville :New Delhi Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Espagnol (Français 5ème) Niveau : 4ème-Tle Etes-vous un homme ou une femme ?Femme Age ?27 ans Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? Si culture littéraire il y a c‟est dans les classiques (Hugo, Camus, Césaire, ….(N° 2 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... 3 Commentaire :C‟est un ensemble à sens unique de l‟étranger vers la France et bien peu l‟inverse Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .l indépendance de l‟Inde car elle date de peu (1947)et que tout est encore à faire surtout dans le contexte de croissance économique dans lequel se trouve l‟Inde actuellement Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Gandhi et Nehru, dans le processus de l‟indépendance .......................... Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ difficile à dire 2/ ......................................................................................................................................................... 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 301 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ ............................ 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) rien ne me vient à l‟esprit Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? Cette nuit la liberté de Dominique Lapierre et Larry Collins Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 4 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 2 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? L‟Alliance française est très active à Delhi avec la venue de nombreux artistes ainsi que des projections de films régulières. 302 Enquête N°17 / Lycée français de Pondichéry. Pour mieux connaître. Votre nationalité : Française Pays et ville où résidez. : Pays : INDE Ville : Pondichéry Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Lettres Niveau : Agrégé Etes-vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 50 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ? Si oui, laquelle ? ....................................................... (N° 3) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°1) 2.3/ Une construction politique ?.................................................................................................... (N°4) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?........................... (N°2) ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? Le Traité de rétrocession de l‟Inde Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (Nom et date.) Gandhi ........................................................................................................................................................... . Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La Révolution Française 2/ L‟ Histoire des Colonies 3/ Le Traité de Cession Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Ici à Pondichéry ............................................................................................................................................................ 2 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Colbert, Les Comptoirs 2/ Dupleix 3/ De Gaulle 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : ................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) L‟ Histoire de Pondichéry DAVID Anoussamy ............................................................................................................................................................……………… ……. 303 Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... ............................................................................................................................................................……………… …. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 2) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 4 ) 9.3/ Des valeurs sociales.... (N° 1) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 3) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Festival France « Bonjour India » ............................................................................................................................................................ Enquête N° 18 – Ecole française de Denpasar- Indonésie. 304 Pour mieux connaître. Votre nationalité :……Française………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…Indonésie………………… Ville :……Denpasar……………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :……primaire……………… Niveau :……grande section…………… Etes-vous un homme ou une femme ?..........femme........... Age ?.........30 ans.................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°2 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 4 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? N° 3 Les pays et lieux francophones partagent souvent une certaine culture litteraire scolaire et donc des idées qui se rejoignent sur le monde (lecture de classiques). Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .Le puputan, symbole de refus de la défaite et de l‟occupation. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Ngurah Rai .............................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/La 2nde guerre mondiale .................................................................................................................... 2/ la déclaration des droits de l‟homme .............................................................................................. 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ ............................ 305 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : ................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) …………………….. Je n‟en ai pas remarqué. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°3 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 2 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Le festival de cinema français, le concert de Louis Bertignac, l‟œuvre de la chanteuse Anggun .............................................................................. 306 ZONE -EUROPE Enquête n°19/ Lycée français de Varsovie. Pour mieux connaître. Votre nationalité :…français………… Pays et ville où résidez. : Pays :……Pologne……………… Ville :……Varsovie……………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Histoire / géographie / ECJS ………………… Niveau :…Collège-lycée…………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.......Homme.............. Age ?....40-45........................ Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°1) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°2) 1.4/ Commentaires éventuels : selon moi, l‟histoire d‟un pays revient à comprendre par quel miracle il est parvenu jusqu‟à nous. Cela passe par des faits militaires mais surtout par la construction d‟une culture commune voire d‟une nation. Cela permet ainsi de comprendre les enjeux présents pour la survie de cet Etat dans le futur. Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? Les Grands classiques bien plus que les œuvres récentes. (N°3) 2.2/ Une construction linguistique ? Je suis convaincu que de la langue vient la façon de penser ........................................................................................................................................... (N° 2) 2.3/ Une construction politique ? Plus d‟actualité ............................................................ (N°4) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? Pour moi, ce que la France a légué de plus beau au monde est la déclaration des droits de l‟Homme de 1789. (N°1) Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................. L‟insurrection menée par Kosciuszko en 1794-1795 car de l‟union noblesse-paysannerie est sortie l‟ébauche d‟une nation. ......................................................................................................... 307 Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) 1) Kosciuszko (voir ci-dessus) ..................................... 2) Pilsudski (père de la renaissance de la Pologne en 1918). 3) Jean Paul II (a œuvré à la fin du communisme dans le monde entier) .............................. Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La 1ère guerre mondiale car la victoire française a puissamment participé à l‟indépendance après 123 ans d‟occupation étrangère. ................................................................................................... 2/ L‟épopée napoléonienne (Grand-Duché de Varsovie, ébauche d‟un renouveau national) 3/ La révolution française dont les valeurs ont été reprises dans la constitution du 3 mai 1791 (tolérance religieuse, séparation des pouvoirs, union nationale par l‟armée) ....................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Voir ci-dessus. Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon Bonaparte 2/ Chopin (a fait vivre la sensibilité polonaise durant le sombre 19ème siècle). Cependant, il était de double nationalité (né en Pologne de père français et de mère polonaise). A passé la moitié de sa vie en France (où il est mort exilé). 3/ De Gaulle (son appel à développer des Etats-nations en dehors des deux blocs). 4/ Marie-Louise de Gonzague-Nevers et Marie Casimir de la Grande d‟Arquien (2 reines de Pologne au 17ème siècle). 5/ Henri III qui fut aussi roi de Pologne avant de régner sur la France. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : Les personnages 4 et 5 ont puissamment contribué à développer la culture française en Pologne (surtout les deux reines). Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (Soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre). Les ouvrages de Jean Tulard sur l‟époque napoléonienne. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? «Histoire de la Pologne » de Norman Davies. Ce livre associe histoire politique et construction des mentalités. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°2) 308 9.3/ Des valeurs sociales (N°3) 9.4/ Des valeurs économiques (N°4) 9.5/ Commentaires éventuels : Droits de l‟Homme, Etat-nation, sécurité sociale : voilà le triptyque des valeurs que la France me semble avoir légué au monde. Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Inauguration d‟une statue de De Gaulle en 2005-2006, la rue Foch en 2010 et une statue de Napoléon ce 5 mai 2011. Tout ceci à Varsovie. De temps à autres des pièces de théâtre en français (plutôt des grands classiques comme Molière, Racine…). Des concerts d‟artistes français. 309 Enquête N°20 / Varsovie Pour mieux connaître. Votre nationalité : française Pays et ville où résidez. : Pays : Pologne Ville : Varsovie Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Lettres Niveau : collège/lycée Etes-vous un homme ou une femme : femme Age : 37 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°1 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 3) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ?celle des écrivains francophones à travers le monde. (N° 2) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La création du syndicat Solidarnosc et la chute du régime communiste qui s‟est ensuivie, par le retentissement mondial de cet événement et par l‟impact politique encore actuel qu‟il a eu. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Lech Walesa. Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ les conquêtes napoléoniennes 2/la révolution française la constitution du 3 mai 1791 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 310 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/le général de Gaulle 2/ Napoléon 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) je ne sais pas. ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? - Michal Tymowski, Une histoire de la Pologne : exhaustif - Jean-Yves Potel, La fin de l‟innocence : la Pologne face à son passé juif : parce qu‟il aborde une question toujours douloureuse ici. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (3) 9.3/ Des valeurs sociales .... 2 9.4/ Des valeurs économiques (4) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Festival annuel de la francophonie : concerts, spectacles… ; La folle journée ; Débat sur le thème de L‟honneur et la politique : Stéphane Hessel/ Tadeusz Mazowiecki Venue d‟écrivains : Eric Emmanuel Schmidt, Marc Lévy, Yannick Hennel, Marjanne Satrapi, Anna Gavalda. 311 Enquête n°21 / Lycée français de Porto. Pour mieux connaître. Votre nationalité :………française……………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :……Portugal……………… Ville :…………Porto………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…histoire et -géo………………… Niveau :………collège lycée……………… Etes-vous un homme ou une femme ?......homme............... Age ?..47........................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :……C‟est surtout s‟intéresser à la genèse du sentiment national…………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°2 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N°3 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 1) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?Un monde qui serait plus sensible Aux dynamiques culturelles qu‟aux courbes de la bourse. ............................................................ ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .Les grandes découvertes du XV érigés depuis en mythe national ...................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Magellan et son tour du monde ............................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ L‟invasion napoléonienne de 1808-1809 ........................................................................................ 2/la Révolution .................................................................................................................................... 3/les trente glorieuse pour l‟immigration qu‟elle a entraînée ............................................................. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 312 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon ............ 2/ Henri de Bourgogne (origine bourguignonne des premiers rois du P) 3/ De gaulle ............ 4/ Clémenceau ........ 5/ Mitterrand .......... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) Histoire de Fiance de Georges Duby 1999 ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?.......................Histoire du Portugal Alain Bourdon. Synthèse accessible la plus récente centrée principalement sur les grand moments du XV et XVI............................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :……la France est l‟un des rares pays que l‟on peut associer à une idée et à une quête d‟universalité………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Semaine du cinéma français (événement annuel ) ........................................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................ 313 ENQUETE N° 22/ Lycée français d’Alicante Pour mieux connaître. Votre nationalité : Espagnol Pays et ville où résidez. : Pays : Espagne Ville : Alicante Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : Histoire Ŕ Géographie (en Espagnol) Niveau : 5e, 4e, 1e Etes-vous un homme ou une femme ? Homme Age ? 30 ans Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1 ) Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 3 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 2 ) 2.3/ Une construction politique ? .................................................................................................... (N° 4 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... 1 J‟aime la France qui a gagné la catégorie de référent cultural. La France ouverte et laïque. La France synonyme de liberté. Pourtant, il y a aussi une autre France, beaucoup plus fermée, mais je préfère positiver la première version. Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ Je choisirai une date plus qu‟un événement: 1492. Sa signifie la découverte de l‟Amérique (le symbole de l‟ouverture de L‟Europe au Monde), l‟expulsion des juifs de l‟Espagne (une triste épreuve de la partie plus noire de l‟histoire européenne) et la fin de la «Reconquête» (début de l‟Espagne moderne) Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Je serais pour des personnages médiévaux comme Abd-al-Rahman IIIe (891-961) ou Alfonso Xe le Savant (1221-1284) Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Révolution Française et ses conséquences (surtout la domination napoléonienne qui a aidé à la modernisation de l‟Espagne) 2/ L‟apparition des Lumières (avec une très importante influence culturelle) 3/ La consécution par Louis XIV de mettre au trône de l‟Espagne aux Bourbons avec Philippe Ve. 314 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Philippe Ve de Bourbon 2/ Napoléon Bonaparte 3/ Simon IV de Montfort 4/ Voltaire 5/ Descartes Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. Je choisirai les chefs d‟œuvre de la littérature française du XIXème siècle. C‟est un très bon chemin pour connaître une importante partie de l‟Histoire de la France. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? De la même façon je vais nommer des écrivains: Cervantès, Pérez Galdós ou Unamuno donnent une vision très acceptable de l‟histoire profonde de l‟Espagne Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 4 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 3 ) Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Il y a plusieurs actions. Par exemple, dans ma ville (Alicante) on peut maintenant voir un cycle du cinéma français au MACA (Musée d‟Art Contemporain d‟Alicante) « .. Excusez-moi pour mon Français » 315 Enquête N° 23 – Lycée français d’Alicante Pour mieux connaître. Votre nationalité :………française……………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :………Espagne…………… Ville :………Alicante…………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Français………………… Niveau :………de la 6e à la 1re……………… Etes-vous un homme ou une femme ?.........femme............ Age ?................39............. Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°1 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°2 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 2) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N°3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... 4 ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .L'arrivée de la démocratie ................................................................................................................ Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Le général Franco, mort en 1975 ........................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ le 1er Empire .................................................................................................................................. 2/ ......................................................................................................................................................... 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : invasion des troupes napoléoniennes et carnage de la population. L'Espagne nous en veut encore ........................................................................................................... ............................................................................................................................................................ 316 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ ............................ Napoléon 1er 2/ ............................ 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : les Pyrénées ressemblent parfois à une barrière infranchissable. Je ne vois pas trop qui a eu de l'influence en Espagne ......................................... ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ??? ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?............???.......................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 3) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 2 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Exposition de peintures, ciné-club ............................................................................................................................................................ 317 Enquête N° 24 – Lycée français de Freiburg- Allemagne. Pour mieux connaître. Votre nationalité :française et allemande……………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :…Freiburg………………… Ville :…Allemagne………………… Fonction : professeur Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :histoire géographie politique…………………… Niveau :…collège et lycée…………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.......homme............. Age ?.......63...................... Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 1) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 2 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 1 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 2) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 3 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ .1945 Année zéro après la période nazie ........................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Bismarck initiateur de l´unité allemande sans l´Autriche et de la sécurité sociale en Allemagne ........................................................................................................................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La politique européenne de Napoléon ............................................................................................ 2/ Le traité de l´Elysée (22.01.1963) .................................................................................................. 3/ La politique de Louis XIV ............................................................................................................. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 318 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon ........... 2/ De Gaulle .......... 3/ Louis XIV ......... 4/ Brigitte Bardot .. 5/ Bocuse .............. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. Ulrich Wickert Vom Glück Franzose zu sein ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?..Brigitte Sauzay Die rätselhaften Deutschen.................................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 1 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 2) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………L´image de la France en Allemagne est ternie par certains événements politiques survenus au cours des dernières années et derniers mois…Certains comportements des politiques français sont très mal perçus par les allemands, qui continuent à voir en la France « La Grande nation ».. ………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? La chaîne de télévision ARTE en continu ............................................................................................................................................................ 319 ENQUETE N° 25 / Ecole française de Vilnius-Lituanie. Pour mieux connaître. Votre nationalité :…française…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :Lituanie…………………… Ville :Vilnius…………………… Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…Professeur des écoles………………… Niveau :……………………… Etes-vous un homme ou une femme ?...une femme.................. Age ?...........44 ans.................. Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N°2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N°1 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°3 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ?(N°1) Un monde ouvert à la diversité, pluriculturel et solidaire ................................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La nouvelle indépendance en 1991. .................................................................................................... Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Brazauskas, 1er président lituanien en 1991 ........................................... ............................................................................................................................................................ Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/Les accords de Yalta ........................................................................................................................ 2/ Campagne napoléonienne ............................................................................................................... 3/ ......................................................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 320 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/De Gaulle ............ 2/Napoléon ............. 3/ ............................ 4/ ............................ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? Yves Plasseraud Histoire de la Lituanie, un millénaire Editions Armeline. Livre très complet écrit par différents intervenants français et lituaniens suivant les périodes historiques et mettant en parallèle l‟histoire de France et l‟histoire lituanienne. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°2 9.2/ Des valeurs politiques…. (N°1 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3 9.4/ Des valeurs économiques (N°4 ) ) ) ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Très nombreuse expositions, conférences, films organisés par le centre culturel français ainsi que la traditionnelle semaine de la francophonie. .... ............................................................................................................................................................ 321 Enquête N° 26 – Lycée français de Bucarest-Roumanie Pour mieux connaître. Votre nationalité :…française…………………………….. Pays et ville où résidez. : Pays :………Roumanie Ville : Bucarest Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…maths………………… Niveau :……collège/lycée………………… Etes-vous un homme ou une femme ?.....femme................ Age ? 35 Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N°1 ) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N°3 ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 2 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? Les droits de l‟homme ........................................................................................................................................................ ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ Les minerada car le sang appelle le sang Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.)Iliescu, 1990 Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/1ere guerre mondiale ........................................................................................................................ 2/l‟avènement de Charles Quint .......................................................................................................... 3/la révolution française ...................................................................................................................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 322 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/Raymond Poincarré 2/Clémenceau ......... 3/ Napoléon III ....... 4/ François 1er ........ 5/ ............................ Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre)Paris match ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? L‟histoire de la hongrie................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N°2 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1 ) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N°3 ) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4 ) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? lecture de Carole Bouquet d‟une oeuvre d‟Antonin............................................................................................................................................. Arthaud ............................................................................................................................................................ 323 Enquête n°27- Lycée français Palma de Majorque Pour mieux connaître. Votre nationalité : Française. Pays et ville où résidez. : Pays : Espagne. Ville : Palma de Majorque. Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline :…………………… Niveau :……………………… Etes-vous un homme ou une femme ? Femme. Age ? 42. Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 3) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 2) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1) 1.4/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° 4) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 1) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 2) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... (N° 3) ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La découverte et la conquête de l‟Amérique. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Franco (XXème s.) Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ Mariages entre les maisons royales française et espagnole 2/ Accueil des Républicains espagnols par la France pendant la Guerre Civile. 3/ Les conquêtes Napoléoniennes. Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : .................................................................................. ............................................................................................................................................................ 324 Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon. 2/ Louis XIV. 3/ Charlemagne. 4/ ........................... 5/ ........................... Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez :.................................................................................. ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) ............................................................................................................................................................ …………… ……….. ............................................................................................................................................................ …………… ………. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ?...................................................................................... ............................................................................................................................................................ …………… ……. Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 3) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 2) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4) 9.5/ Commentaires éventuels :………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………………… Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Visite du Président Français à Madrid en 2010. 325 ENQUETE N°28 – BRUXELLES- BELGIQUE Pour mieux connaître. Votre nationalité : française Pays et ville où résidez. : Pays : Belgique Ville Bruxelles Fonction : Si professeur, précisez dans quelle discipline et à quel niveau ? Discipline : histoire-géographie Niveau : Lycée (essentiellement Terminale) Etes-vous un homme ou une femme ? Homme. Age ?.38 ans Question n°1/ L’Histoire d’un pays, c’est ? Classez par ordre d‟importance (de 1 à 3) 1.1 / Connaître les dates de sa construction politique?............ (N° 2 ) 1.2/ Pouvoir relier des événements ? ………………………… (N° 3 ) 1.3/ Comprendre la construction d‟une culture ?..................... (N° 1 ) 1.4/ Commentaires éventuels : l‟histoire d‟un pays au sens courant du terme, est indissociable de l‟émergence puis de la consolidation des Etats-Nations qui ont promu et institué l‟enseignement de « l‟histoire nationale ». Les anglo-saxons parlent de « nation building ». Comprendre l‟histoire d‟un pays (au sens d‟Etat-Nation), c‟est donc avant tout réfléchir au second degré, en explicitant les conditions d‟élaboration du discours national reconstruisant et intégrant le passé dans un récit national (principe remontant au Lavisse et encore présent dans les manuels scolaires d‟histoire). ……………………………………………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………………………………… Question n°2/ Pour vous, la francophonie, c‟est : (classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 2.1/ Partager une même culture littéraire ?si oui, laquelle ? ........................................................ (N° ) 2.2/ Une construction linguistique ? .............................................................................................. (N° 2 ) 2.3/ Une construction politique ?. ................................................................................................... (N° 1 ) 2.4/ La référence à une certaine idée du monde ? Si oui laquelle et, pourquoi ? ........................... ............................................................................................................................................................ Question n°3/ Quel est l‟événement clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Pourquoi ? ............................................................................................................................................................ La publication en août 1912 de la Lettre de Jules Destrée au Roi des Belges (« laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : "Il n'y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands." »). Révélation publique de la mise en minorité des Wallons et du français en Belgique et de la montée en puissance du mouvement autonomiste flamand. Tout ce qui a suivi n‟a fait qu‟aggraver ce fossé jusqu‟à aujourd‟hui. Question n°4/ Quel est le personnage clé qui illustre, selon vous, l‟Histoire du pays où vous résidez ? Donnez un exemple (nom et date.) Question difficile dans un pays aussi fragmenté culturellement que la Belgique. Il faudrait citer un roi qui soit aussi respecté au Nord qu‟au Sud mais aussi un roi témoin des déchirements du pays. Je pense donc au Roi Baudouin (1930-1993). Question n°5/ Citez les événements de l‟Histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 326 (Classez-les par ordre d‟importance) 1/ La Révolution française de 1830 (cause directe du soulèvement à Bruxelles et de la naissance de l‟Etat belge) 2/ La Révolution française de 1789 (qui a conduit à l‟annexion de l‟actuelle Belgique par la France jusqu‟en 1815). 3/ La mobilisation générale française du 1er août 1914 (un des éléments de l‟engrenage qui a conduit à l‟invasion de la Belgique par l‟Allemagne puis à la Grande Guerre où les Belges ont lutté en alliance avec la France). Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : La partie francophone de la Belgique reste aujourd‟hui encore très attentive aux événements en France. Désintéressement total en Flandre. Question n°6/ Classez par ordre d‟importance les personnages de l‟histoire de France qui, selon vous, ont eu de l‟influence sur le pays où vous résidez 1/ Napoléon Ier 2/ de Gaulle Ajoutez un commentaire si vous le souhaitez : ce sont les idées plus que les hommes qui ont influencé la Belgique ............................................................................................................................................................ Question n°7 / Quel est l‟ouvrage relatif à l‟Histoire de France que vous avez remarqué et qui est édité dans le pays où vous résidez ? (soyez précis, si possible, sur la référence : auteur et titre) : Les Belges lisent directement les ouvrages publiés en France (pays francophones). Pas de connaissance d‟histoire de France en néerlandais publié en Flandre. Question n°8/ Quel est le livre sur l‟Histoire du pays où vous vivez actuellement que vous pourriez recommander à un futur expatrié français qui va vivre dans ce pays ? Pourquoi ? ROGIERS (Patrick), La Belgique : le roman d‟un pays, Découvertes Gallimard, 2005 (une lettre d‟amour au multiculturalisme et à la richesse intellectuelle d‟un pays baroque voire surréaliste)… Il faudrait compléter avec une publication plus récente sur le conflit communautaire (Numéro hors-série du journal LE SOIR sur le conflit de 1840 à 2010). Question n°9 / Pour vous, quelles valeurs véhicule l‟Histoire de France ? (Classez par ordre d‟importance de 1 à 4) 9.1 / Des valeurs culturelles… (N° 2 ) 9.2/ Des valeurs politiques…. (N° 1) 9.3/ Des valeurs sociales .... (N° 3) 9.4/ Des valeurs économiques (N° 4) 9.5/ Commentaires éventuels : Réponses qui partent du principe que la Révolution française et ses valeurs (réaffirmées en 1944-45 par le CNR et par de Gaulle) constituent le seul legs de la France de portée universelle. ……………………………………………………………………………………………………………………………. Question n°10/ Quelles ont été les manifestations culturelles ou politiques entreprises récemment pour la promotion de la culture française dans le pays où vous résidez? Aucune ! Nous sommes dans une ville déjà francophone (Bruxelles) qui suit en permanence l‟actualité culturelle française (théâtre, cinéma, littérature) avec laquelle elle est déjà très imbriquée….. 327 C / LISTE DES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES CONCERNES PAR NOS ENQUETES EN ASIE DU SUD -ESTŔ enquêtes réalisées le 26 juillet 2012 Nous proposons ci-dessous la liste des établissements scolaires dans lesquels les enseignants interrogés en Asie du Sud-Est sont en fonction. Sur les 38 personnes qui ont assisté à notre conférence, seules 31 ont répondu. Mais nous avons mis, ci-dessous, la liste entière des participants. En revanche, nous n‟avons pas exposé la série des 31 réponses dans la mesure où tout s‟est réalisé sous forme papier-in situ-, contrairement aux réponses des enquêtes AEFE qui furent toutes transmises sous forme numérique. Lycée Phan Boi Chau, Nghe An (VN / pour Vietnam) Lycée Phan Boi Chau, Nghe An (VN) Lycée Nguyen Van Troi, Nha Trang (VN) Lycée à option français, Ly Tu Trong, Can tho (VN) Lycée à option français, Ly Tu Trong, Can tho (VN) Lycée à option français, Ly Tu Trong, Can tho (VN) Université de Cantho (VN) Institut polytechnique de Ho Chi Minh –Ville (VN) Université des sciences naturelles de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université de Médecine et de pharmacie de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université de pédagogie de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université de pédagogie de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université des sciences sociales et humaines de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université des sciences sociales et humaines de Ho Chi Minh ŔVille (VN) Université des langues et d’Etudes internationales, Université nationale de Hanoi (VN) Ecole supérieure de langues étrangères –Université de Hué ( VN) Ecole supérieure de commerce extérieur ( VN) Ecole supérieure de commerce extérieur (VN) Université de médecine de Hanoi (VN) Université de médecine de Hai Phong (VN) Lycée Sekolah Tun Fatimah (Malaisie) IUFM spécialisées dans les langues étrangères (Malaisie) Lycée Hun Sen Sereypheap (Cambodge) Université de Hanoi (VN) 328 Ecole supérieure de commerce de Hanoi (VN) Université de Cantho (VN) Université des langues et des Etudes internationales, Université nationale de Hanoi. (VN) Université Nationale du Laos (Laos) Université de Thai Nguyen, (VN) Institut de technologie du Cambodge (Cambodge) Université des sciences de la santé de Cambodge. Université royale de Phnom Penh (Cambodge) Université Naresuan (Thaïlande) Université de Mahidol (Thaïlande) Université de Chandrakasem (Thaïlande) Université nationale du Laos (Laos) 329 D / Bilbliographie – « source » consultée. Les livres considérés comme sources sont : les livres, périodiques ou brochures qui sont contemporains du sujet traité et qui manquent face à lui de distance critique. C‟est ce que nous proposons dans la liste ci-dessous avec une référence détaillée des pages consultées. Nous avons organisée cette bibliographie-source en suivant la structure de notre étude. AVANT-PROPOS ET INTRODUCTION Allain (Jean-Claude), Représentations du Maroc et regards croisés franco-marocains, Paris, L‟harmattan, 2004, 270 pages Bariéty (Jacques), 1889 : centenaire de la révolution française : réactions et représentations politiques en Europe, Berne, 1992, 328 pages Becker (Annette) et al., La république en représentations : autour de l‟œuvre de Maurice Agulhon, Publications de la Sorbonne 2006, Paris,431 pages Berque (Augustin), Ecoumène : introduction à l‟étude des milieux humains, 2009, Paris, Belin, 446 pages Bloch (Marc), Apologie pour l‟histoire ou le métier d‟historien, Armand Colin, Préface de Jacques Legoff, 1993, p.166 Bottin (Michel) sous la direction de Frank (Robert), L‟enseignement militaire français et le rayonnement de la France : de la troisième république à nos jours, Thèse, 2009, Paris 1, 2 vol, 578 pages. Corbin (Alain), Le monde retrouvé de Louis -François Pinagot. 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http://www.tableau-noir.net/tableau_noir_sommaire.html Époque contemporaine Otto, un ours au coeur de la seconde guerre mondiale http://apella.ac-limoges.fr/sitehc/Montaignac/ Le Mémorial de la Shoah (avec une section pour les élèves) http://www.memorialdelashoah.org/ Le grenier de Sarah (mémorial de la Shoah) http://www.grenierdesarah.org/ La seconde guerre mondiale : affiches http://www.acrennes.fr/pedagogie/hist_geo/ResPeda/affiches/affiches/somt5.htm 1944 : la bataille de Normandie http://www.normandie44lamemoire.com/ Tableau Noir http://www.tableau-noir.net/tableau_noir_sommaire.html 396 2.4 Les supports pédagogiques pour l’enseignement de l’histoire. L'Histoire par l'image http://www.histoire-image.org/index.php 2 frises chronologiques (-10000 à nos jours & époque contemporaine) http://docsinstits.free.fr/Autresoutils.htm L'Histoire de France en affiches (JMTR) http://classedece1.free.fr/affiche/index.html L'espace documentaire de ruedesecoles http://www.assistancescolaire.com/enseignant/elementaire Textes et documents pour l'histoire http://tnhistoiredocuments.tableau-noir.net/pages/sommaire.html Nombreuses frises à télécharger (Bla-bla) http://perso.orange.fr/bla-bla.cycle3/histfris.htm Frise chronologique illustrée (Soutine) http://soutien67.free.fr/histoire/chronologie/chronologie.htm Une frise préhistorique (Le site de Jean) http://jlgrenar.free.fr/spip/spip.php?article31 Une frise historique complète (Le site de Jean) http://jlgrenar.free.fr/spip/spip.php?article13 La frise de Loustics : Ce2-Cm1 http://loustics.eklablog.com/frises-historiques-a2644546 Une frise historique illustrée http://www.ac-nancy-metz.fr/ia54/NancySaintPierre/frise.htm# Une frise historique vierge (Ressources pour l'école) http://ressources.ecole.free.fr/outils/histgeo/outils-hg.htm Frise : du Moyen Age à la guerre de 100 ans (espace enseignants /ressources...) http://www.editions-retz.com/ Frise et transport CE2 http://www.rvtki.org/spip.php?article33 Images en Histoire http://classroomclipart.com/clipart/History.htm Atlas historique et périodique de l'Europe (de l'an 1 à nos jours) http://www.euratlas.net/sommaire.htm Cartes pour l'école (aide-mémoire>>>histoire) http://www.ac-grenoble.fr/episdor/classes/cm2cm1/aidemem/aidemem.php Cartes historiques (de 1815 à nos jours) http://www.atlas-historique.net/accueil.html Des cartes en Histoire http://perso.wanadoo.fr/alain.houot/ Clio-Photo : photographies à usage pédagogique http://cliophoto.clionautes.org/category.php Liste de cartes historiques http://histoireenprimaire.free.fr/textes/liste_cartes.html Anciennes cartes du Monde http://www.henry-davis.com/MAPS/carto.html Docs en audio, vidéo, animations directement exploitables en classe (connexion au forum nécessaire) http://forums-enseignants-du-primaire.com/index.php?showtopic=183516 397 SOMMAIRE Résumé bilingue de la thèse ………………………………………………………….p.4 Remerciements………………………………………………………………. …pp.5 à 6 Avant-propos………………………………………………………………………….p.7 Introduction……………………………………………………………………pp. 8 à 15 Première partie : Comment analyser les représentations de l’histoire de France ?...........................................................................................................pp. 16 à 81 Introduction ………………………………………………………………………..p.17 CHAPITRE 1 / LES HISTORIENS FRANÇAIS ET L’HISTOIRE DE FRANCE…pp.18 à 41 1.1. L‟héritage braudélien : de l‟histoire de France à l‟histoire de la France. 1.2/ Le succès de Pierre Nora, un malentendu avec les autres historiens 1.3 / André Burguière en 2000 : les mêmes velléités épistémologiques que Fernand Braudel en 1986 1.4 / Du politique théologique aux politiques de mœurs : accepter l‟anthropologie culturelle en histoire pour une comparaison solide 1.5 / Les contradictions politiques de la civilisation française : universalité et patriotisme 1.6 / Une approche diachronique de l‟histoire de France est-elle encore possible ? 398 CHAPITRE 2/ FRANCOPHONIE ET HISTOIRE …………………...pp. 42 à 54 2.1 / Le linguiste est un historien et le vocabulaire le porte-drapeau d‟une civilisation 2.2/ Un musée imaginaire de la langue encore bien seul 2.3 / L‟histoire, un faireŔvaloir à des « balades » culturelles 2.4/ L‟usage de la métonymie historique au service de la francophonie 2.5/ Etude des manuels de FLE : le cas de la série « Nouveau sans Frontières » 2.6/ Des méthodes FLE sans patrimonialisation impliquant l‟étudiant par le « présent historique » et les « modalités d‟énonciation » : « Campus » CHAPITRE 3 / L’enquête dans le réseau de l’AEFE et de l’AUF…………………pp.55 à 81 3.1 / La genèse de notre questionnaire 3.2 / Analyse des réponses réalisées au Vietnam- Juillet 2012-AUF 3.3 / Analyse des enquêtes réalisées avec l‟AEFE 3.4 / Un premier bilan contrasté. Deuxième partie : les causes expliquant les différentes représentations de l’histoire de France………………………………………………………………………pp.82 à 136 Introduction ……………………………………………………………………pp.83 à 84 Chapitre 1 / Les différents types de représentations ………………….pp. 85 à 90 1.1 / Selon les aires géographiques 1.2 / Selon les matières enseignées 1.3 / Une vision ethnologique dans les enquêtes de l‟AUF. 399 Chapitre 2/ Une sociologie des représentations de l’histoire est-elle possible ?..pp.91 à 104 2.1/ Les représentations en histoire peuvent présenter des « zones d‟incertitude » sociologiques 2.2/ Les représentations en histoire dépendent du positionnement social et de ses contradictions. 2.3/ Une vision identitaire et une vision universelle de l‟histoire de France dans nos enquêtes. 2.4 / Une autocritique de nos enquêtes. 2.5 / L‟importance des héros et de l‟émotion dans les preprésentations en histoire 2.6 / Créer des Post-Colonial studies. Chapitre 3/ Un examen géographique des enquêtes est-il possible ?....pp.105 à 113 3.1/ Les « Amériques », une européanisation de l‟histoire au service d‟une imagerie sociale et politique. 3.2/ Etats africains et arabes : une distance critique 3.3/ Le secteur Asie / Pacifique : l‟idée de l‟éloignement. 3.4/ L‟Europe : davantage de réactions et plus également réparties. 3.5/ Une cartographie possible pour la région Asie du Sud-Est Chapitre 4/ Quelle synthèse possible pour ces cinquante neuf enquêtes ?.......pp. 114 à 136 4.1/ L‟apport de Pierre Nora sur la problématique des lieux de mémoire. 4.2/ L‟artefact de 1789 : un mythe romanesque, mais un mythe nécessaire. 4.3/ L‟universalisme plus important que l‟aspect grégaire des représentations. 4.4/ Sacralisation et interdits diplomatiques. 4.5/ La mémoire collective selon Maurice Halbwachs : des images et des idées. 4.6/ Pour élargir nos recherches : le projet «culturomique». 400 Troisième partie : comment écrire une histoire interculturelle de l’histoire de France ?........................................................................................................pp.137 à 233 Introduction……………………………………………………………pp.138 à 140 Chapitre 1 / Epistémologie, philosophie et histoire interculturelle…….pp.141 à 153 1.1/ Les représentations sont-elles vraies ? 1.2/ Une histoire pour se connaître à travers le regard de l‟autre : travail de mémoire et non devoir de mémoire. 1.3/Une histoire interculturelle ? Une approche réflexive. 1.4 /Quelle épistème pour une histoire interculturelle ? Au service d‟une communauté éthique. 1.5/ L‟approche interculturelle de l‟histoire au service d‟une « morale internationale ». 1.6/ Une posture ouverte mais qui exige la « connaissance » et des « choix » pertinents. Chapitre 2 / Comment enseigner une histoire interculturelle de la France dans les réseaux de la francophonie? …………………………………………….pp.154 à 161 2.1/ Entre diversité et unicité linguistique. 2.2/ Des mots, des couleurs et des Hommes. 2.3/ L‟importance de l‟anthropologie culturelle. 2.4/ L‟importance de l‟émotion pour comprendre la culture de l‟Autre 2.5/ Les trois types de culture que l‟on peut enseigner dans un cours de langue. 2.6/ Lutter contre les stéréotypes de l‟histoire de France dans les supports de FLE : créer une compétence transculturelle et une ethnométhodologie. 401 Chapitre 3 / Trois pistes pédagogiques interculturelles de l’Histoire de France…pp.162 à 224 3.1/ Une approche diachronique. 3.2/ Une approche synchronique par les personnages. 3.3/ Une approche interculturelle de l‟histoire de France par la linguistique. Chapitre 4 / Les limites d’un curriculum interculturel de l’histoire de France…..pp.225 à 233 4.1/ Des grilles qui restent toujours à construire. 4.2/ L‟histoire de France : un angle mort dans l‟enseignement de l‟histoire ? 4.3/ Quel mode d‟emploi pour proposer des curricula d‟histoire interculturelle de la France à l‟étranger 4.4/ Les obstacles pour demain : le recul de la francophonie 4.5/ Intégrer les nouvelles technologies pour mieux accepter un inter détermination épistémologique. Conclusion générale………………………………………………………pp.234 à 241 ANNEXES – pp. 242 à 352 PROPOSITION D‟UN CURSUS DE SEQUENCES INTERCULTURELLES SUR L‟HISTOIRE DE FRANCE………………………………………………pp. 243 à 259 402 Etat critique des sources ……………………………………………..-.pp.260 à 352 A/ Présentation de la méthode de travail pour l‟enquête ………………pp. 261 à 268 B/ Les 28 réponses aux enquêtes de l‟AEFE- Février 2011……………..pp.269 à 327 C/ Liste des établissements scolaires concernés par nos enquêtes en Asie du sud-est (Juillet 2012) ……………………………….....................................................pp.328 à 329 D/ Bibliographie source consultée ………………………………………pp. 330 à 352 BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE………………………………pp. 353 à 397 I) BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………pp.354 à 390 1.1/Réflexions d‟historiens sur le temps 1.2/Approche philosophique et scientifique. 1.3/ L‟approche sociologique 1.4/ Analyse littéraire et linguistique 1.5/ Représentations générales sur l‟Histoire. 1.6/ Représentations sur l‟Histoire de France. 1.7/ Sur les représentations de 1789 1.8/ Sur les représentations de Napoléon 1.9/ Sur les représentations sur Charles de Gaulle et la présidence française. 1.10/ Enseigner l‟histoire et ses représentations. 1.11/ Méthodologie pour recueillir les informations de nos enquêtes 1. 12/ Anthropologie, pédagogie interculturelle et francophonie 1 .13/ Bibliographie sur l‟Asie du Sud ŔEst et ses représentations sur la France II) SITOGRAPHIE………………………………………………………pp.391 à 397 2.1/Sitographie et bibliographie sur « Ngrams Viewer » 2.2/L‟enseignement de l‟histoire 2.3/L‟enseignement de l‟histoire par période 2.4/ Les supports pédagogiques pour l‟enseignement de l‟histoire. Sommaire ……………………………………………………………….pp. 398-403 403 404