(Thrène à la mémoire des victimes d`Hiroshima par Krzysztof

Brevet d’histoire des arts.
Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima (composé entre 1959 et 1961) par Krzysztof Penderecki.
ème
Problématique : L’œuvre d’art témoin des violences au 20
siècle.
Krzysztof Penderecki
Krzysztof Penderecki, né à Dębica (près de Cracovie) le 23 novembre 1933, est un compositeur et chef
d'orchestre polonais.
« La grande apocalypse [Auschwitz] ce grand crime de guerre est incontestablement dans mon subconscient
depuis la guerre où j’assistais enfant à la destruction du ghetto de ma ville natale [près de Cracovie] »
K.Penderecki.
Hiroshima
Les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki ont eu lieu les 6 et 9 août 1945 à l'initiative des ÉtatsUnis après que les dirigeants japonais eurent décidé d'ignorer l'ultimatum de Potsdam. La Seconde Guerre
mondiale se conclut officiellement moins d'un mois plus tard par la signature de l'acte de capitulation du Japon
le 2 septembre 1945. Ce sont les seuls bombardements nucléaires ayant jamais eu lieu.
Le nombre de décès est difficile à définir et seules des estimations sont disponibles. Les Etats-Unis avancent
les chiffres de 70 000 personnes pour Hiroshima et de 40 000 personnes pour Nagasaki, tuées par l'explosion, la
chaleur, et l'incendie consécutif. À ceci, s'ajoutent les décès apparus par la suite en raison des nombreux
cancers. Pour sa part, le musée du mémorial d'Hiroshima pour la paix avance le chiffre de 140 000 morts pour
cette seule ville.
L'œuvre
Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima est une œuvre musicale pour 52 instruments à cordes frottées
composée entre 1959 et 1961.
Un thrène est un chant de lamentation funèbre dans l'antiquité grecque.
La création de l’œuvre a eu lieu en 1967 dans le camp de concentration d’Auschwitz.
A l'origine l’œuvre s'appelait 8'37′′ soit la durée des bombardements des villes d'Hiroshima et de Nagasaki.
L’orchestre est composé uniquement d’instruments à cordes frottées (24 violons, 10 altos, 10 violoncelles et 8
contrebasses). C’est une musique figurative car elle imite le chaos sonore de cette catastrophe. Elle est d'une
violence incroyable avec des sirènes, des sifflements, des hurlements suraigus réalisés par le jeu des
instruments à cordes dans un volume sonore fortissimo. Mais comme l’indique le titre de l’œuvre c’est aussi une
lamentation funèbre, d'une grande puissance dramatique.
La pièce s'ouvre par un cluster c’est-à-dire l’accumulation de notes dissonantes jouées par les violons dans le
registre suraigu : Les sonorités sont perçantes, stridentes et désagréables comme des cris insoutenables, suivis
ensuite par des grincements dans le médium des violoncelles et contrebasses comme des plaintes arrachées.
Même lorsque la tension semble un peu baisser pour laisser place à des sonorités plus étranges comme le jeu
con legno (violons frappés par le bois de l’archet) l’atmosphère reste apocalyptique. Puis une nouvelle alarme
survient, plus terrible encore que la précédente imitée par le jeu en glissando des instruments (en faisant glisser
son doigt le long de la corde afin de faire entendre toutes les notes intermédiaires entre la note de départ et la
note d’arrivée).
Après un nouveau fortissimo la musique s’achève dans un decrescendo symbolisant la fin de la vie.
Voici le lien you tube pour écouter l’œuvre : http://www.youtube.com/watch?v=Hxqm-gPMVz8
les cris des victimes (de 0’35 à 1’57)
Registre suraigu et cluster (dissonance)
Nuance fortissimo (volume sonore très élevé).
Entrée successives des cordes crescendo pour aboutir au chaos.
le chaos (de 1’57 à 2’50)
Registres étendus (de l'extrême grave à l'extrême aigu).
Timbres (couleurs) variés alors que l’on utilise qu’une seul famille d'instruments grâce aux :
modes de jeux divers : col legno (l’archet est retourné afin que ce soit le bois de l’archet qui frappe les cordes).
Pizzicato (pincement de la corde à l’aide du doigt sans utiliser l’archet).
Glissando (glissement du doigt sur la corde).
Rythmes complexes, pas de pulsations : semblant de désordre.
les sirènes et les bombardements (de 2’50 à 3’45)
Extraordinaire effet de timbre (modification de la sonorité des instruments) afin d’évoquer des sirènes puis le
largage des bombes imités par les instruments à cordes en glissando.