la machine à écrire - Musée des arts et métiers

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la machine à écrire - Musée des arts et métiers
Musée des arts et métiers
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LA MACHINE À ÉCRIRE
« L’usage continuel
de la plume épuise
le corps et l’esprit...
Avec la machine à
écrire, on écrit trois
fois plus vite qu’avec
la plume et sans
ressentir la moindre
fatigue... Ceux qui
l’adoptent ne
touchent plus jamais
à la plume. »
Extrait du catalogue « Machine
à écrire Remington »,
Paris, vers 1890
Conservatoire National
des Arts et Métiers
Musée National
des techniques
292, rue Saint-Martin 75003
PARIS
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Comment ça marche ?
La machine à écrire
LE FONCTIONNEMENT DE LA MACHINE À ÉCRIRE
■ Les caractéristiques
techniques de la
machine à écrire
la frappe
LES GRANDES FAMILLES
DE MACHINES À ECRIRE
une seule touche pour
tous les caractères
(quelques exemples)
On trouve de très nombreux
tèmes, et les énumérer ou les
l’écriture
manuelle
décrire serait une gageure.
Entre 1880 et 1892, d’après M.
leur ouvrage Les machines à
écrire, leur évolution, le
nombre de brevets concernant
des machines à écrire serait de
l’ordre de 750 déposés par des
centaines d’inventeurs !
Chaque inventeur essaie de
contourner les brevets des
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Musée des arts et métiers
Dupont et G. Sénéchal dans
une touche par caractère
(le clavier)
les caractères
sont indépendants
systèmes, ou variantes de sys-
le jeu de caractères
2
2
1. frappe mécanique classique
2. frappe avec plongeurs
les caractères
sont solidaires
d’un même
élément
1
2
autres pour simplement essayer
de tirer profit de ce que l’on
1. frappe avec index
2. frappe avec zone
(de nos jours : pince Dymo)
devine comme étant une fantastique aventure industrielle
Caractères solidaires d’un curseur, d’un tambour de nos jours :
marguerite ou boule
qui se prépare...
LE CLAVIER comporte un
LE DISPOSITIF ENCREUR est
LES CARACTÈRES EN RELIEF
Toutes les machines à écrire
nombre variable de touches :
composé d’un ruban et de son
sont généralement fabriqués
présentent néanmoins
lettres, signes divers et fonc-
système d’entraînement. Le
dans un acier dur. Ils doivent
quelques éléments communs :
tions annexes. Certaines
ruban est imbibé d’encre et
pouvoir subir des millions et
un clavier, un dispositif
machines des débuts avaient
doit être changé en fin de
des millions de frappes sans se
encreur, un chariot mobile sur
adopté un clavier de piano ; la
déroulement.
déformer.
rail, un jeu de caractères en
possibilité d’enfoncer deux ou
relief.
trois touches simultanément
LE CHARIOT MOBILE sur rail
Elles se répartissent en
(faire des «accords»!) permet-
soutient le cylindre d’impres-
machines à écrire de bureau,
tait ainsi de diminuer le
sion en caoutchouc. Ce cylindre
en machines dites «semi
nombre de touches. Cette solu-
est assez dur pour recevoir la
bureau» ou portables, et en
tion n’a pas été retenue et
frappe des barres et assurer un
machines portatives. Toutes ces
aujourd’hui les machines à écri-
amortissement mécanique du
machines sont soit mécaniques
re, comme les claviers des ordi-
mouvement et une impression
(la force de frappe est donnée
nateurs, ont bien une touche
correcte.
par les doigts de l’utilisateur),
par caractère ou signe.
soit électriques.
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Histoire
La machine à écrire
■ Une époque avide de “communication” :
la révolution industrielle
Musée des arts et métiers
L’HISTOIRE DE LA MACHINE À ÉCRIRE
La machine à écrire est un cas très intéressant de l’histoire des techniques, car elle montre que l’axe technique de
son évolution est relativement moins déterminant que les
axes économiques et socio-culturels. Dès le départ, pratiquement, nous disposons de l’ensemble des grandes solutions techniques qui seront retenues ultérieurement : clavier, chaîne de frappe avec caractères ou avec roue, chariot, dispositif encreur, etc., et même un système de frappe électrique à électro-aimants est imaginé par
l’Américain Edison vers 1873.
Le 7 janvier 1714, le premier brevet concernant une
machine à écrire est accordé par la reine d’Angleterre à
un ingénieur anglais nommé Henry Mill. La machine peut
produire des caractères que l’on estime très proches de
ceux de l’imprimerie et elle apparaît comme étant la première véritable machine à écrire efficace et utilisable.
Mais comme il est de règle pour beaucoup d’inventions,
cette machine précède son époque et reste une curiosité
technique. En effet sans demande économique et sociale,
une invention à caractère purement technique, aussi
innovante, aussi ingénieuse soit-elle, reste sans suite et
sans descendance si elle ne passe pas au stade d’une
exploitation industrielle. C’est la révolution industrielle
anglaise du début du XIXe siècle qui créera une demande
immense de moyens de communication rapides et efficaces qui trouveront leur réponse aussi bien dans les
transports (chemins de fer) que dans la communication
des idées (télégraphe, machine à écrire). C’est une
époque de nombreuses innovations dans le domaine de
la transmission à distance des informations : le télégraphe électrique de Morse en 1843, le premier câble
télégraphique sous la Manche de Brett en 1851, le premier câble sous l’Atlantique posé entre 1858 et 1866, ou
bien encore les premières machines à imprimer rotatives
de Marinoni en 1866 montrent bien l’existence d’une très
forte demande en matière de communication mise en
place par une époque très active industriellement.
Cette époque n’est pas seulement celle d’une production
industrielle, elle est aussi celle de la création ou de l’amélioration des moyens de communication et d’information.
Machine à écrire ELECTROMATIC fabriquée par IBM après la dernière
guerre. La présence d’un moteur électronique assure désormais la
régularité de la frappe, la rapidité et le moindre effort des doigts.
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La machine à écrire
LA MACHINE À ÉCRIRE DANS LE TEMPS
■ 1714 : le premier brevet
(Henry Mill)
Dès l’origine, une multitude
Frappe à une seule
frappe à une touche
de brevets sont déposés couvrant
touche pour tous
par caractère (clavier)
une majorité des solutions tech-
les caractères
nologiques qui ne seront mises
en œuvre que plus tard.
Caractères solidaires
d’un même élément
Caractères
indépendants
■ Le règne de la mécanique
Musée des arts et métiers
1867 : industrialisation
de la machine à écrire,
machine à écrire
classique
(Remington 1878)
Assister la frappe
par un moteur
electrique :
- sur une machine
classique (1960)
- sur une machine où
les caractères sont
solidaires d’un même
élément (moteur pas
à pas) (1970).
machine à écrire
électrique
pince
Dymo
machine à boule
(IBM), à marguerite
■ L’avènement de
l’informatique
machine à écrire
informatisée
informatiser la machine
à écrire (une part du texte
tapé apparaît sur un écran
de contrôle)
ordinateur et
imprimante
les caractères n’ont plus
de réalité physique (1980)
Temps
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Histoire
Musée des arts et métiers
La machine à écrire
■ Un siècle d’expansion industrielle de la
machine à écrire : 1870-1970
■ De la machine à écrire à l’ordinateur et au
traitement de texte
On estime que le premier modèle industriel est fabriqué
par Remington, aux États-Unis, en 1873. Lourde, peu
commode à utiliser, cette machine utilise un bâti de
machine à coudre dont le pédalier actionne le retour du
chariot. Perfectionnée par d’autres firmes comme
Underwood, Smith, Royal, ou Remington elle-même, la
machine à écrire prend peu à peu sa forme définitive du
début du siècle avec son bâti métallique et son clavier
situé sur le devant.
Toutefois le clavier est loin d’être un modèle standardisé
et chaque utilisateur, s’il change de marque ou de
machine, est condamné à réapprendre un nouveau
clavier. Une marque comme Hammond utilise un clavier
commençant par les lettres ZQJBPFD... tandis que la
marque Crandell utilise ZPRCHMI... et la marque Hall
KBFGNIA... Une certaine tendance à la standardisation se
précise avec le clavier «Ideal» commençant par DHIATENSOR (ces dix lettres suffisant pour écrire environ 80% des
mots de la langue anglaise). Dans les pays de langue
anglaise, le fameux clavier «Universel» QWERTYUIOP...
s’impose vers le début du siècle. D’autres pays, comme la
France, préfèrent le clavier AZERTYUIOP bien connu.
La première machine à écrire à moteur est présentée par
James Field Smather en 1914. La firme International
Business Machine produit en série, vers 1930, des
machines à écrire électriques qui inspireront l’ensemble
des firmes concurrentes. Les dernières machines à écrire
mécaniques seront encore produites durant les années 70
et 80 (machines légères portatives).
L’arrivée de l’électronique et de l’informatique dans le
monde industriel a fait, pratiquement, disparaître les
machines à écrire des bureaux des entreprises et des
administrations.
Il faut dire que la machine à écrire ne fait qu’écrire... et
que des millions de «sténo-dactylos» ne faisaient qu’exécuter une tâche simple et non qualifée : celle du courrier,
dicté par un patron ou un ingénieur.
L’arrivée de l’ordinateur assurant des tâches de tous
ordres (courrier, gestion du personnel, fichiers clients,
archives, comptabilité, etc.) a fait «remonter» ces tâches
directement vers les dirigeants, les cadres des entreprises,
les ingénieurs. Il a supprimé, dans les faits, une grande
quantité d’emplois peu qualifiés. La simple possibilité de
raccorder directement une imprimante à un ordinateur a
éliminé la machine à écrire : non seulement le clavier de
l’ordinateur couplé à une imprimante est, en fait, une
machine à écrire, mais aussi, grâce à l’«intelligence» de
l’ordinateur, les textes sont pris en compte pour être
gérés, modifiés, archivés au gré de l’utilisateur.
L’ère de la machine à écrire est révolue.
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La machine à écrire
■ Un convertisseur
technique
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Savoir-faire,
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savoirs, culture,
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grands choix culturels
ou de société, ...
Conditions de production
systèmes et
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économiques
organisation
du travail,...
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TEMPS
Nouveaux systèmes
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organisation du travail,
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OBJET
TECHNIQUE
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Matériaux, objets déjà
existants, outils déjà existants, techniques déjà
existantes, organisation
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des entreprises,...
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machines, nouveaux
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nouveaux choix de
société,...
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• Rédaction : Clive Lamming
• Coordination : Élisabeth Drye
• Conception graphique :
Agnès Pichois,
atelier Michel Bouvet,
sur une idée de
Olivier Delarozière
• Photos : Musée des arts et
métiers
• Musée des arts et métiers,
Service éducatif
292, rue Saint-Martin - 75003
Paris Tél : (1) 40 27 27 52
ou 40 27 26 40
ISBN : 2-908207-33-8
od
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Musée des arts et métiers
Suscitée par cette époque
de forte demande en
communication que fut la
révolution industrielle rappelons la navigation à
vapeur, les chemins de
fer, le télégraphe et le
téléphone-, la machine à
écrire apparaît comme un
«convertisseur technique», assurant le passage d’un système technique à un autre : celui
d’un système fer + charbon, hérité du XIXe siècle,
vers un système qui se
met en place avec l’intelligence artificielle et les
matériaux composites.
COMME OBJET TECHNIQUE, LA MACHINE À ÉCRIRE À LA
CONVERGENCE DES 3 AXES
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Collections
La machine à écrire
DE L’INDICATEUR À LA MARGUERITE
Musée des arts et métiers
■ LA MIGNON : une seule touche pour tous les
caractères avec les caractères solidaires d’un
même élément
Cette machine est typique de la machine à «indicateur».
D’une main l’utilisateur pointe simplement un indicateur
vers une lettre du cadran et appuie, d’un doigt de l’autre
main, sur l’unique touche qui assure la frappe (une autre
touche sert aux espacements). Ce système, très simple,
permet, d’après la notice d’emploi de la machine, de
pointer jusqu’à 350 caractères par minute ! Fabriquée
entre 1903 et 1930, la Mignon était encore couramment
utilisée durant les années 1960 ou 1970, dans certains
pays du Tiers-Monde. Inventée par l’Allemand Friedrich
Von Hefner-Alteneck en 1903, elle fut principalement
fabriquée à Berlin par la firme AEG, puis en France, après
la Première Guerre mondiale. Une version tardive fut
même fabriquée en Tchécoslovaquie durant les années
1940.
On notera que les caractères sont solidaires d’un même
élément : le cylindre situé au-dessus du chariot.
L
■ La REMINGTON N° 2 : une touche par caractère et des caractères indépendants
Produite par la très célèbre firme américaine qui lance
son modèle n° 1 en 1878, la n° 2 est produite la même
année et devient rapidement la machine à écrire classique par excellence du début du siècle. Les versions suivantes ne comporteront que des perfectionnements de
détail avec, par exemple, un chariot élargi ou un clavier à
nombre de caractères accru. Son solide bâti métallique,
de forme parallèlipédique, son clavier situé au niveau de
la table de travail, sur le devant du bâti, enfin son chariot
posé sur le dessus reflètent une disposition désormais
classique et qui restera figée pour des décennies. La
machine, toutefois, pose de nombreux problèmes techniques et bien des défauts de fabrication restent à éliminer. C’est seulement vers 1880 que la machine, portant
enfin le nom de Remington, est au point et assure le succès financier que la firme Sholes and Glidden Typewriter
est en droit d’attendre. Fonctionnant avec un classique
système de frappe dont les «caractères» viennent frapper
le papier placé sur un chariot cylindrique, cette machine
comporte toutefois le grave défaut de ne pas permettre
un contrôle visuel direct de ce qui est écrit. Cependant, la
Remington n° 2 connut un accroissement spectaculaire de
ses ventes. En Californie, par exemple, 704 machines
avaient été vendues en 1880, 27 000, en 1888 et plus de
65 000, en 1890 !
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Collections
La machine à écrire
■ Une machine IBM à boule : une touche par
caractère avec les caractères solidaires d’un
même élément
■ Les machines à
écrire du Musée des
arts et métiers.
Inv. 21937
La machine à écrire avec des caractères solidaires d’un
même élément apparaît dès le début. La boule devait
alors être tournée manuellement pour sélectionner le
caractère à utiliser. C’était le cas de la machine allemande Edelmann de 1897, par exemple, ou de la Mignon,
que nous connaissons déjà. Ce système, très simple mécaniquement, n’a d’intérêt que si la vitesse de frappe est
accrue. C’est pourquoi cette technique ne s’est développée qu’avec l’introduction du moteur électrique, seul à
permettre une rotation et une sélection rapides des
caractères. La firme américaine International Business
Machine (IBM) s’est imposée sur le marché de la machine
électrique «à boule» à partir des années 30. Durant les
années 70, cette technique a été progressivement supplantée par la machine «à marguerite». La marguerite
est un disque plat en matière plastique souple. Les caractères sont disposés sur son pourtour, comme les pétales
d’une marguerite, et sont actionnés par un moteur électrique «pas à pas», dont la commande fait largement
appel à l’électronique.
Machine à écrire Calligraph n°2
enregistreur, reproduction du
de la fin du XIX
par bande perforée, modèle
contrôle, marque Justowriter
n°6348, Inv. 22285
construite par American
Machine à écrire à justification
e
Writing Machine C° fin XIX
par bande perforée, modèle
siècle, Inv. 11243
reproducteur, marque
Machine à écire Bar-Lock
«Justowriter» n° 6347,
construite aux États-Unis vers
Machine à écrire à commande
Inv. 16776
et mémoire par bande perforée
Machine à écrire Japy S-17 avec
marque Friden type Flexowriter
retour du chariot interligne
n° 13196, Inv. 22287
automatique et tabulateur
Machine à écrire perforatrice
automatique, construite en
de bandes pour appareils à
1949, Inv. 19449
mémoire marque Siemens n°
Machine à écrire «Dactyle» de
216538, Inv. 22288
1895, avec encrage direct sans
Perforateur Bull pour machines
ruban, Inv. 20473
à bandes perforées n° 798269,
Machine à écrire Virotyp sans
Inv. 22289
ruban, ni cylindre, ni touche,
Perforateur de la Commercial
Inv. 20475
Controle Corporation pour la
Machine à écrire Lambert du
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Musée des arts et métiers
Inv. 22286
1889 : le premier type à clavier
début du XX
siècle,
Machine à écrire à justification
à caractères romains,
et écriture visible,
e
préparation de bandes utilisées
siècle, Inv. 20538
à la commande de machines à
Machine à écrire Remington-
écrire n° 11449,
Wahl avec compteurs pour
Inv. 22290
Machine à écrire marque Typo,
addition datant de 1925,
Inv. 22343
Inv. 20770
Machine à écrire et à dessiner
Machine à écrire Mignon n°3
«en reproduisant microscopi-
de 1910, Inv. 20824
quement» de G. Fromentin et
Machine à écrire IBM
datée de 1847,
«Electromatic» années 1950,
inv. 12494
Machine à écrire Mignon,
Inv. 20962
Inv. 40710
Machine à écrire IBM électrique
Machine à écrire Corona de
à espacement proportionnel,
1990, Inv. 40796
Inv. 20963
Machine à écrire Oliver type 10
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