Le Bourbonnais : de la Préhistoire à nos jours

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Le Bourbonnais : de la Préhistoire à nos jours
Le Bourbonnais : de la Préhistoire à nos jours
La période préhistorique
D'importants gisements de fossiles ont été mis à jour dans le département de l'Allier : plantes, animaux ou restes humains :
I) Ère Primaire
Dans les environs de Commentry et Buxières les Mines, des sites datant de 290 millions d'années ont permis de mettre à jour
quantité d'animaux et de plantes préhistoriques, bien plus anciens que les dinosaures (requins préhistoriques, libellules géantes,
amphibiens géants...). Cette région était à ce moment-là recouverte de grandes étendues d'eau.
II) Ère Tertiaire
Les régions de St Gérand le Puy et de Gannat ont livré beaucoup de fossiles datant notamment du Miocène (23 millions
d'années). A cette époque la plaine de la Limagne était une zone tropicale recouverte d'un grand lac. La plus belle découverte fut
un squelette de rhinocéros très complet, mais on a aussi retrouvé des restes de palmiers, de crocodiles, d'ibis ou de perroquets
par exemple. Ces restes et d'autres sont conservés au musée paléontologique de Gannat.
III) Ère quaternaire
Bien que le Bourbonnais ne semble pas avoir été le siège d'un important foyer de peuplement préhistorique, de nombreux restes
paléolithiques et néolithiques ont toutefois été mis à jour un peu partout dans le département de l'Allier, mais les trouvailles sont le
plus souvent éparses. Nous mentionnerons cependant deux sites d'importance.
a) Châtelperron
A Châtelperron, près de Jaligny, on a découvert en 1848 lors de la construction d'une voie ferrée, dans une grotte, dite "Grotte des
Fées" un site datant de la période de transition entre le paléolithique moyen et le paléolithique supérieur, soit aux environs de 35
000 ans avant J-C. De nombreux ossements, outils et objets divers (par exemple une défense de mammouth) ont été mis à jour,
suite aux fouilles réalisées dans les années 1950. Le site correspond à la fin de la dernière glaciation, et aux dernières réalisations
des Néandertaliens avant leur remplacement par les hommes de Cro-Magnon. Une partie des découvertes est encore visible sur
place, dans un petit musée. Le reste est exposé dans plusieurs musées (British Muséum, musée de Philadelphie (USA), musée
des antiquités nationales à St Germain en Laye, musée Anne de Beaujeu à Moulins). Ce site d'une grande valeur a été
unanimement reconnu au plan international, si bien que les experts parlent de "Castelperronien" ou "d'homme de Châtelperron"
pour désigner cette période (située donc entre les périodes du Moustérien et de l'Aurignacien). Les principales caractéristiques de
cette période sont le débitage des lames de pierre et leur spécialisation (en grattoirs, burins etc..), principalement la "pointe de
Châtelperron", ainsi que les premiers éléments de parure (pendentifs en os, ivoire...) et le développement d'outils en os.
b) Glozel
Voici sans doute l'un des sites archéologiques français qui fut à l'origine d'une des plus grandes controverses scientifiques du
XXème siècle.
En 1924, à Glozel, petit village de la Montagne Bourbonnaise, un jeune paysan, Émile Fradin, découvre un grand nombre d'objets
enfouis en labourant son champ. Le docteur Morlet, un médecin exerçant à Vichy, commence les fouilles et attire l'attention du
monde scientifique. Car les découvertes s'avèrent exceptionnelles : il y a de très nombreux vases et des poteries, dont des idoles
bisexuées totalement inconnues jusque-là, un grand nombre d'objets décorés en os ou en pierre, mais surtout, des tablettes
d'argile recouvertes d'inscriptions qui forment indubitablement une écriture. Or les théories en cours veulent que l'écriture soit
apparue en Mésopotamie, bien après la date estimée du site de Glozel. Le fait que l'écriture pourrait être apparue en Europe
occidentale bouleverse toutes les certitudes, et beaucoup sont très attachés à "leur" certitude. C'est pourquoi un grand nombre de
sommités scientifiques entreprend de discréditer le site, de manière totalement injuste et partiale.
La France scientifique se divise entre ceux qu'on appellera les "glozéliens" et les "anti-glozéliens". La plupart des détracteurs de
Glozel n'ont d'ailleurs jamais mis les pieds sur le site. Pis, ceux qui l'ont fait, se sont parfois comportés de façon incroyable,
introduisant à la hâte des faux grossiers pour ensuite faire accuser Fradin. Celui-ci sera d'ailleurs traîné devant les tribunaux, ainsi
que Morlet. Mais leur innocence et leur bonne foi finissent par être reconnues, aucune preuve n'ayant pu être apportée contre eux.
De plus ils avaient reçu le soutien sans réserve de plusieurs grands spécialistes (qui eux, avaient assisté aux fouilles et examiné
les objets sérieusement). Les médias, attisés par le fait que de nombreuses personnalités en cure à Vichy venaient visiter le site,
n'ont certes pas contribué à calmer les tensions, mais ont tout de même offert une gigantesque tribune à ce petit coin de Bourbonnais.
Depuis, les esprits se sont apaisés.
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Une nouvelle campagne de fouilles est lancée en 1983 par le ministère de la Culture, un rapport est rédigé mais curieusement
jamais publié. De nos jours les analyses des objets continuent dans plusieurs pays, avec des moyens modernes
(thermoluminescence, carbone 14...). Ces méthodes attestent le fait que la plupart des objets sont authentiques, mais il semblerait
que plusieurs époques cohabitent, principalement le Moyen Age et l'Antiquité (âge du fer). Certains os ont même été datés de
17000 ans. La diversité des époques présentes sur un même site constitue, avec les inscriptions, le principal mystère de Glozel
En attendant, l'essentiel des trouvailles reste bien tranquillement dans le mini musée attenant à la maison des Fradin, jusqu'à ce
que le mystère s'éclaircisse. Émile Fradin, décédé en 2010, à l'âge de 103 ans ne connaîtra pas l'épilogue de cette histoire.
Plus de 3000 objets ont été découverts à Glozel et sont exposés : objets en céramique (tablettes - le plus souvent recouvertes
d'inscriptions -, idoles sexuées, urnes à visages, vases, empreintes de mains...), en os (aiguilles, harpons, os gravés
d'inscriptions, de dessins d'animaux...), et en pierre (haches, galets gravés...).
La période gallo-romaine
L'actuel territoire du Bourbonnais était occupé dans l'Antiquité, par trois puissants peuples Gaulois rivaux : les Bituriges Cubi, les
Arvernes et les Eduens.
Carte des principaux
peuples gaulois dans
l'Allier peu avant la
conquête romaine.
D'autres peuples étaient soumis aux précédents, notamment les Boïens. Les Boïens sont arrivés tardivement dans la région,
après avoir accompagné les Helvètes qui déferlaient sur la Gaule. Ils furent battus par Jules César en 58 avant J-C, mais si les
Helvètes repartirent chez eux, les Boïens restèrent, sous la tutelle des Eduens (rappelons que ce sont les Eduens qui avaient
appelé les Romains à l'aide). En effet Jules César avait admiré l'esprit combatif des Boïens et leur permis de rester. Il les installa
entre les cours de la Loire et de l'Allier, afin de surveiller les Bituriges et les Arvernes. La capitale des Boïens, Gorgobina, fut
détruite par la suite et son emplacement n'a pas pu être déterminé avec précision. L'hypothèse la plus répandue la place aux
environs de St Pierre le Moûtier, au sud de la Nièvre, entre Moulins et Nevers. Selon la tradition populaire, les Boïens passent
pour être les ancêtres des Bourbonnais.
Quelques années plus tard, la région fut le théâtre de nombreuses batailles entre les Romains et les troupes coalisées de
Vercingétorix. Les Romains purent s'appuyer sur leurs alliés Eduens et maintenant Boïens, et compter sur le soutien tacite des
Bituriges qui redoutaient la puissance arverne. Après la défaite de Vercingétorix à Alésia, la Gaule fut pacifiée et l'organisation
romaine put vraiment commencer.
Le Bourbonnais, de part sa position centrale, fut traversé par d'importantes voies romaines, et le transport fluvial se développa
également. Le territoire fut divisé en trois "civitates" (cités) qui recoupaient à peu près les limites des peuplades gauloises. La cité
des Eduens fut rattachée à la Gaule Lyonnaise, alors que les cités Biturige et Arverne dépendaient de l'Aquitaine. L'artisanat se
développa, notamment la poterie, et trois principaux centres urbains s'affirmèrent : il s'agissait de Néris-les-Bains (Neria),
Bourbon-l'Archambault (Borvo) et Vichy (Aquae Calidae). On peut remarquer qu'il s'agit de trois stations thermales, très prisées
des Romains. Les trois villes furent dotées de thermes luxueux, mais seule Néris peut s'enorgueillir d'avoir été une véritable cité
romaine, avec ses établissements de loisir, ses nombreux temples et son architecture "moderne".
Avec l'empereur Constantin, le christianisme se répandit rapidement dans tout l'empire romain à partir du IVème siècle. Quelques
saints ont plus particulièrement marqué l'histoire du Bourbonnais : St Pourçain, St Patrocle, St Gilbert (le saint patron du
Bourbonnais), St Menoux, St Martin bien sûr et aussi St Mayeul et St Odilon qui vinrent plus tard...
La décadence de l'empire romain permit l'invasion de tribus germaniques, et la région fut occupée par les Wisigoths (zones
biturige et arverne) et les Burgondes (zone éduenne). Les troubles ne cessèrent qu'avec l'unification de la Gaule, devenue la
France, par Clovis et ses successeurs.
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Les périodes Mérovingienne et Carolingienne
Les Francs repoussent les Wisigoths jusqu'aux Pyrénées en 507, puis battent les Burgondes en 534. Les successeurs de Clovis,
les "rois fainéants", laissent le pouvoir aux maires du palais, Charles Martel puis Pépin le Bref. Celui-ci dépose le dernier roi
mérovingien et prend sa place. A cette époque, le Bourbonnais n'existait toujours pas en tant que tel, et était divisé en trois zones
: les viguiers (sortes de divisions judiciaires) de Néris, Chantelle et Bourbon dépendaient du comté de Bourges, ceux de Gannat,
Vichy, Deneuvre et Escurolles du comté d'Auvergne et celui d'Yzeure du comté d'Autun. Or les comtés de Bourges et d'Auvergne
relevaient du duché d'Aquitaine, dont le duc, Waïfre avait des velléités d'indépendance. Il fut soumis par Pépin le Bref, et le
Bourbonnais, situé en zone frontière, subit de nombreuses batailles. A la mort de Charlemagne, l'Aquitaine revint à l'un de ses fils
et Ebreuil connut son heure de gloire en devenant résidence royale. Mais le morcellement de l'ancien empire de Charlemagne
conduisit à l'émergence de seigneurs locaux.
La période des Sires de Bourbon
C'est à partir de là que commence véritablement l'histoire du Bourbonnais. Cette période étant assez riche et compliquée, nous
essaierons de nous cantonner aux faits principaux.
Tout commence en 915, lorsqu'un seigneur local, Aimard, fait donation de ses terres de Souvigny au monastère de Cluny. Les
moines y fondent un prieuré, et la renommée d'Aimard en sort grandie (les questions religieuses ayant à l'époque une importance
capitale). Le fils d'Aimard, Aimon Ier, essaie de récupérer ces terres, mais se rend vite compte qu'il est de son intérêt d'entretenir
de bons rapports avec les moines, aussi leur cède-t-il une parcelle supplémentaire. Aimon possédait alors (probablement, car les
informations manquent à cette époque) les viguiers de Deneuvre et de Bourbon. Deux faits marquent alors Souvigny et toute la
région : presque coup sur coup, deux Saints viennent y mourir : St Mayeul et St Odilon. Ceci a pour conséquence d'attirer de
nombreux pèlerins (y compris Hugues Capet et le Pape Urbain II), et de propulser Souvigny au premier plan. Les Bourbon
profitent indirectement de ce regain d'intérêt.
Le fils d'Aimon Ier, Archambault Ier, qui succède à son père en 954, puis Archambault II étendent leur territoire tout en soutenant
les moines. C'est à cette époque que Cluny achète Moulins pour 30 sous, ce qui permet aux Bourbons d'établir une tête de pont
sur les rives de l'Allier. Sous les Archambault III, IV et V les rapports avec Souvigny sont moins bons, mais les possessions des
Bourbons continuent de s'étendre, lentement mais sûrement. A la mort d'Archambault V, son fils, Archambault VI n'est qu'un
enfant et son oncle, Aimon II dit Vaire Vache, en profite pour s'accaparer la seigneurie. Le fils d'Aimon II, Archambault VII, épouse
Agnès de Savoie, belle-soeur du roi Louis VI. Ils ont une fille, Mathilde (ou Mahaud).
Nous sommes en 1196, le roi Louis VII a répudié Aliénor d'Aquitaine qui s'est remariée avec Henri Plantagenêt, roi d'Angleterre.
Une grande partie de la France passe sous contrôle anglais. Le Bourbonnais, situé à la frontière de l'Aquitaine, reste fidèle au roi
de France. Le fils de Mathilde, Archambault VIII, a charge de surveiller l'Auvergne (dans laquelle les sires de Bourbon possèdent
déjà de nombreuses enclaves). A la mort du roi Louis VIII, il devient conseiller de la couronne et soutient la régente, Blanche de
Castille, et son fils, le futur St Louis. En récompense, il obtient de nouvelles terres. A sa mort, il laisse deux filles, Mathilde et
Agnès, mariées aux deux fils du duc de Bourgogne. Après leur mort, les biens des Bourbons reviennent à la fille de Mathilde,
Béatrix, qui épouse Robert de Clermont (Clermont en Beauvaisis, dans l'Oise, pas Clermont-Ferrand !), qui n'est autre que le
sixième fils de St Louis. Leur fils, Louis Ier, a donc du sang royal dans les veines.
Carte montrant les 17
châtellenies
de
la
province de Bourbonnais
au XVIème siècle
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La période des Ducs de Bourbon
Louis Ier est nommé grand chambrier de France. De par ses actions au service de la couronne, la baronnie de Bourbon est érigée
en duché par le roi Charles IV en 1327. L'année suivante le roi Philippe VI érige le duché en pairie. Louis Ier devient donc un des
personnages les plus importants du royaume (il n'y avait à l'époque que quatre duchés, ceux de Bourbon, de Bretagne,
d'Aquitaine et de Bourgogne et la pairie constituait un immense honneur).
Louis Ier laisse deux fils, Pierre et Jacques. La branche aînée issue de Pierre continuera à régner sur le Bourbonnais jusqu'à la
fin, alors que la branche cadette issue de Jacques obtiendra le trône de France bien des années plus tard.
Pierre Ier succède à son père en 1342. Il est marié à la soeur du roi, Isabelle de Valois. Pierre Ier doit faire face aux troubles de la
guerre de cent ans. Des bandes de pillards, les "routiers", écument le pays.
Louis II lui succède et se marie à Anne Dauphine.
Ici se joue l'avenir du duché : le fils de Louis II, Jean est marié à Marie de Berry, petite fille du roi Jean le Bon. Dans son
testament, Louis II stipule qu'à sa mort, ses possessions leur reviendront à eux ou à leur descendance, sans compter qu'ils
hériteront du père de Marie, Jean de Berry. Mais en l'absence d'héritier mâle, leurs possessions reviendront à la couronne.
Lorsque Jean II succède à Louis II, la France est mal en point : en plus de la guerre contre les Anglais, les Français sont divisés
entre partisans des Armagnacs et des Bourguignons.
En 1422, l'Auvergne est rattachée au Bourbonnais. Le fils de Jean Ier, Charles Ier, épouse Anne de Bourgogne. Il s'efforcera de
rester neutre entre le parti du Dauphin et celui des Bourguignons. Il participe à la paix d'Arras qui met fin aux hostilités.
Mais le roi Charles VII, pour mettre fin aux troubles, décrète que les nobles ne pourront plus lever de gens de guerre sans son
autorisation.
Les nobles se rebellent, c'est la révolte de la Praguerie, à laquelle participent Charles Ier et le propre fils du roi, le futur Louis XI.
La paix est signée en 1440 à Cusset et le roi pardonne au Dauphin et au duc.
Jean II succède à Charles Ier. Le roi Louis XI veut reprendre l'ascendant sur les nobles du pays, ce qui déclenche une autre
révolte, la Ligue du Bien Public. Jean II y participe, ainsi que le frère du roi, le duc de Berry.
Le roi préfère faire la paix et nomme même Jean connétable de France en 1483. A la mort de Jean II, c'est son frère, Charles II,
cardinal archevêque de Lyon, qui lui succède. Mais il est vieux et usé, et après quelques semaines il est poussé vers la sortie par
son frère Pierre de Beaujeu et son épouse Anne de France.
Sous leur règne, le Bourbonnais atteint ses dimensions maximales et aussi son apogée culturelle et politique. Pierre II meurt en
1503, mais Anne de France, femme de tête, fille et soeur de roi, qui fut régente du royaume, dirige le Bourbonnais avec habilité.
A cette époque, le Bourbonnais est un véritable état dans l'état. C'est le plus gros et l’un des derniers fiefs féodaux. Il comprend,
outre le Bourbonnais proprement dit, l'Auvergne, la Marche, le Beaujolais, le Forez etc...
Il y a une véritable Cour à Moulins, où se pressent les plus grands artistes et lettrés, et la richesse des Bourbons est sans doute
supérieure à celle du roi. De plus, les Beaujeu possèdent la principauté de Dombes (capitale Trévoux) qui est terre d’Empire et ne
dépend donc pas du roi de France.
Carte des possessions
des Bourbons au début
du XVIème siècle
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L’épisode du Connétable de Bourbon
Anne et Pierre de Beaujeu n'ont qu'une fille, Suzanne. Théoriquement, d'après le testament de Louis II, leurs possessions auraient
dû revenir à la couronne. Mais le roi Louis XII a abandonné ses prétentions sur le duché au profit de Suzanne. Cependant, la
branche cadette des Bourbon-Montpensier, issue de Jean Ier, réclame des droits sur le Bourbonnais. Anne de France décide de
marier Suzanne au dernier descendant des Montpensier, Charles III, qui va donc devenir le fameux Connétable de Bourbon.
Ils sont très jeunes, mais Anne espère ainsi couper court à d'éventuelles prétentions de la couronne tout en satisfaisant les
Montpensier. Charles III se retrouve donc Duc de Bourbon, d'Auvergne, de Châtellerault, Comte de Clermont en Beauvaisis, de
Montpensier, de Forez, de la Marche, de Gien, de Clermont en Auvergne, Vicomte de Carlat et de Murat, Seigneur de Beaujolais,
de Combrailles, de Mercoeur, d'Annonay, de la Roche en Régnier, de Bourbon Lancy, et Prince de Dombes.
Charles III conquiert ses lettres de noblesse dans les guerres d'Italie du nord. François Ier devient roi en 1514. Il nomme Charles
connétable. Mais les rapports entre les deux hommes vont se détériorer car François Ier ne tient pas ses engagements financiers
vis à vis de Charles.
Charles et Suzanne ont un fils, mais il meurt en bas âge, et Suzanne est de santé fragile, aussi écrit-elle, sur les conseils de sa
mère, son testament où elle fait de son époux son héritier. Suzanne meurt en 1521. Or la mère de François Ier, Louise de Savoie,
est la petite fille du duc Charles Ier de Bourbon. Elle revendique ses droits sur le duché, alors qu'elle n'en a pas, sa mère y ayant
renoncé lors de son mariage. Mais Louise est ambitieuse, et elle a du ressentiment contre Charles qui aurait refusé d'être son
amant.
Anne de Beaujeu voyant venir les ennuis couche son gendre sur son testament, lui faisant don de tous ses biens. Malgré toutes
ces précautions, lors d'un procès inique, manipulé par le roi, les biens du connétable sont mis sous séquestre au profit de Louise.
Anne de France meurt en 1522, et là aussi, malgré son testament, ses biens vont à Louise.
Charles III se révolte devant tant d'injustice et prend contact avec Charles Quint, l'ennemi juré de François Ier. Rappelons au
passage que le Connétable, en tant que Prince des Dombes, était également le vassal de Charles Quint. C'est ainsi que pour la
postérité le Connétable devient un traître. Chacun jugera d'où est venue la traîtrise...
Charles est obligé de s'enfuir et le Bourbonnais est confisqué et rattaché à la couronne en 1523. Le duc revient en France à la tête
de troupes étrangères et François Ier est fait prisonnier à Pavie, où meurt le maréchal de La Palice. François Ier est libéré en
échange de sa promesse de rendre tous ses biens au connétable. Mais visiblement ce roi a peu de parole, puisqu'il n'en fait rien.
Charles III mourra deux ans plus tard alors qu'il faisait le siège de Rome. Le Bourbonnais est définitivement rattaché à la France.
Après le Duché
Le bourbonnais devint le plus souvent le douaire des reines mères, qui se contentaient la plupart du temps de percevoir leurs
droits sans y habiter. Avec la disparition de l'administration ducale, Moulins perdit beaucoup de son prestige.
Néanmoins en 1566 Catherine de Médicis y invita le roi Charles IX et la Cour. Le duc d'Anjou, futur Henri III, fut fait duc de
Moulins.
Les guerres de religion n'épargnèrent pas le Bourbonnais, qui abritait de nombreux huguenots, à Moulins et à St Pourçain
notamment. Les représailles succédèrent aux attaques et ainsi de suite, jusqu'à la publication de l'édit de Nantes, en 1598, par
Henri IV, le premier roi Bourbon.
Lors de la Fronde des grands nobles contre le jeune Louis XIV, Montrond fut une place forte importante des Condé. Après la
victoire des troupes royales, elle fut démembrée, et le Bourbonnais fut donné au prince Louis II de Condé en 1661.
Au XVIIIème siècle, la contrebande du sel fit rage entre le sud du Bourbonnais et le nord de l'Auvergne, car le quintal de sel valait
60 livres en Bourbonnais (province de grande gabelle) et seulement 11 livres en Auvergne (province rédîmée).
A la révolution, l'essentiel de la province devint le département de l'Allier, et Moulins en resta la capitale. Le nord-ouest fut perdu et
rattaché au département du Cher. Il forme aujourd'hui une grande partie de l'arrondissement de St Amand Montrond, et la
population est en voie d'assimilation au Berry voisin. Montluçon échoua dans sa tentative de créer un département du Haut-Cher.
Ce n'est qu'en 1788 que fut crée l'évêché de Moulins. Avant, le Bourbonnais était divisé entre trois évêchés : Bourges, Autun et
Clermont. Mais à cause de la révolution, il fallut attendre 1817 pour que cela se concrétise.
L’essor de Vichy
Durant toute la première moitié du XXème siècle, une petite ville qui n'avait jusque-là pas beaucoup fait parler d'elle, accapara le
devant de la scène, premièrement comme rendez-vous mondain, ensuite comme capitale éphémère de ce qui restait de la
France. Vichy dû principalement son essor à Napoléon III, qui vint plusieurs fois prendre les eaux, et ordonna de nombreuses
réalisations (gare, poste, Grand Casino, aménagement de parcs, etc...).
Et là où l'empereur était, il fallait y être. Le gotha ne tarda pas à prendre l'habitude de venir se montrer à Vichy, et la ville devint un
rendez-vous mondain très convoité.
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La population de la ville décupla et l'architecture explosa en un foisonnement de styles (haussmannien, victorien, art nouveau, art
déco, néo-classique, oriental, colonial, néo-flamand, néo-renaissance, néo-gothique, vénitien etc...).
Même après la chute du second empire, les personnalités continuèrent à venir, et aussi les riches colons et nombre de dirigeants
indigènes. La première guerre mondiale vint interrompre ce flot, qui reprit de plus belle aussitôt après. Il était impossible de trouver
une chambre à Vichy pendant la saison malgré les nombreux hôtels et meublés, et les gens étaient obligés de loger dans la
campagne environnante.
Il est difficile aujourd'hui de se représenter que la ville était alors presque aussi cotée que Monaco à l'heure actuelle. Puis vint la
deuxième guerre mondiale. Après la débâcle, la France est coupée en deux. La frontière entre zone libre et zone occupée passe
dans le département de l'Allier, entre Vichy et Moulins.
Le gouvernement décide de s'établir à Vichy, que beaucoup d'hommes politiques connaissaient déjà, car la ville a suffisamment
d'hôtels pour accueillir du jour au lendemain des milliers de fonctionnaires, et elle possède le standard téléphonique le plus
moderne d'Europe, ainsi qu'une liaison de chemin de fer directe avec Paris.
La ville devient capitale de l'État français en 1940, et les parlementaires votent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain dans
l'enceinte du Casino de la ville (tous sauf 80). Elle le restera jusqu'à la libération en 1944.
Depuis, le nom de Vichy est souvent associé à celui d'une heure sombre de l'histoire, ce qui est injuste : il y a eu, à Vichy comme
ailleurs, des résistants. Les habitants n'étaient pas plus "collabos" qu'ailleurs en France, et ont réussi à cacher des juifs au nez et
à la barbe des autorités allemandes et françaises -le grand rabbin de France l'a d'ailleurs rappelé lors de sa visite à Vichy en 2010.
Mais contrairement aux idées reçues, ce n'est pas la guerre qui a précipité le déclin de la ville, car très rapidement les affaires ont
repris et les curistes fortunés sont revenus.
C'est la décolonisation, dans les années soixante, qui lui a porté un coup fatal, lui enlevant la majeure partie de sa clientèle.
Depuis, la ville est rentrée dans le rang, mais conserve une place de tout premier plan dans l’Allier, disputant souvent la
suprématie à Moulins, la préfecture, et dans les départements limitrophes (en particulier dans les domaines du tourisme et des
manifestations sportives et culturelles).
La période contemporaine
Depuis le département est entré quelque peu dans l'anonymat.
Quelques manifestations internationales, sportives ou culturelles, se déroulent toutefois régulièrement (le plus souvent à Vichy,
d'ailleurs).
Lors de la création des régions, en 1972, le département de l'Allier est regroupé avec le Puy-de-Dôme, le Cantal et la Haute-Loire,
dans la région Auvergne.
On peut le regretter si l'on considère que le Bourbonnais a plus de points communs avec les départements plus au nord (Nièvre,
Cher...) qui appartiennent à son espace culturel, plutôt qu'avec ceux du sud, qui appartiennent à la zone des langues d'oc.
Depuis ce jour, les habitants de l'Allier sont souvent appelés à tort "Auvergnats", ce qui fait courir à leur identité un risque rapide
d'assimilation.
En effet le terme "Bourbonnais", même s'il sert toujours à désigner les habitants du département de l'Allier, n'a pas de
reconnaissance officielle d'un point de vue administratif.
Il serait bon de changer le nom de la région administrative "Auvergne" qui ne correspond pas à l'Auvergne historique.
Heureusement les gens n'oublient pas : en 1969, d'après une enquête du comité régional d'expansion économique, à la question
"pensez-vous que votre commune est en Auvergne ?", 83 % des habitants de l'Allier avaient répondu non, et en 2001, d'après une
consultation du Conseil Général de l'Allier, à la question "si vous deviez vous définir, diriez-vous que vous êtes un Auvergnat, un
Bourbonnais ou un habitant de l'Allier ?" 50 % ont répondu Bourbonnais, 35 % habitant de l'Allier et 11 % Auvergnat (2 % sans
opinion).
L'enquête de 2001 a également mis en évidence les problèmes du département : manque de moyens de communication,
diminution et vieillissement de la population, faible dynamisme économique, touristique et culturel, isolement.
Les projets routiers et ferroviaires (RN7, RCEA, TGV, desserte autoroutière de Vichy) depuis longtemps reportés sont cruciaux
pour l'avenir.
Mais quand même 81 % des habitants sont satisfaits ou très satisfaits de vivre dans l'Allier. Car en termes de qualité de vie et
d'environnement, il faut avouer que les Bourbonnais ne sont pas à plaindre ! Il ne reste plus qu'à le faire savoir...
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Quelques cartes
La carte des différentes provinces
Le Bourbonnais, donc le département de l’Allier : centre de la France
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