Les dessins anciens, du XVI eau XIX

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Les dessins anciens, du XVI eau XIX
Spécial Puces – Marché Vernaison
Les dessins anciens, du XVI au XIX
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Voici quelques uns des dessins anciens que Patrice Salet propose à votre curiosité,
principalement du XVIe et du XVIIe italien ou de la période classique en France, mais
aussi parfois du XIXe, voire du début du XXe siècle. L’un d’eux retient-il votre attention ?
Eh bien, venez le voir !
Pour exercer votre profession, faut-il une formation
classique ou avoir fait les Beaux-arts ?
Patrice Salet : J’ai étudié les lettres classiques, le latin et
le grec. Par goût, je relis régulièrement les grands auteurs.
Etudier chaque jour et approfondir ses connaissances,
c’est le moteur indispensable pour repérer, acheter et
proposer au public des œuvres de qualité. J’ai le plus
souvent affaire à des gens cultivés, qui me font confiance.
Je ne peux me tromper dans mes choix.
Beaucoup des dessins que vous proposez à la vente, sont
inspirés de scènes religieuses : annonciation, descente
de croix...
Cela nécessite en effet une véritable recherche
d’identification, donc de solides notions. Tout est
question de référentiels, de socle de connaissances
pour reconnaître un sujet, une époque, une scène, une
école... On reconnaîtra une scène religieuse exécutée
par les primitifs italiens au manque de perspectives et de
profondeur… Etre marchand ne s’improvise pas, c’est un
travail délicat. Il faut aimer le dessin, être collectionneur,
passionné, rechercher sans cesse la pièce rare. C’est une
véritable chasse aux indices ! Un grand jeu de « qui l’a
fait » « quand » et « pourquoi » ?
Un épisode de la vie d’Hercule ; Italie, XVIe siècle - Ecole génoise
A propos de papier, ce support premier, peut-on lors de
l’achat d’un dessin, si le papier est abimé, taché, porteur
de moisissures, espérer le restaurer soi-même ?
Surtout pas ! La restauration d’un papier est comme la peau
humaine : une affaire de chirurgie. Il faut confier cela à un
spécialiste. Si le papier est trop abimé, je n’achète pas. La
restauration risque d’être trop coûteuse. De plus, on ne peut
pas réinventer un morceau de papier déchiré ou manquant.
Quels sont vos goûts ?
Le XVIIe français et le XVIe italien. J’aime aussi beaucoup
le XIXe religieux, le grand siècle, Charles Lebrun… l’Italie
du XVIIIe, un peu le XIXe… Mais pour vivre de ce métier
passionnant ô combien, il faut surtout connaître le goût de
ses clients ! Mes visiteurs ? Des amateurs débutants, des
collectionneurs chevronnés, de nombreux institutionnels
(représentants des musées français et étrangers) et… des
promeneurs que je suis toujours heureux d’accueillir.
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Descente de croix : auteur ; François Verdier ; France, XVIIe siècle
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Quels sont les sujets de ces dessins anciens ?
Les dessins peuvent être exécutés au crayon, au fusain ou
à la sanguine… c’est toujours une œuvre originale, un trait
spontané de la main. On trouve des nus, des scènes de
batailles, de cavalerie, des scènes très « viriles »…qui bien
entendu, plaisent beaucoup à ma clientèle masculine !
Vous y trouverez aussi des scènes de musique, des
dessins de fleurs, d’oiseaux (Redouté)…
Avez-vous des demandes qui font sourire le spécialiste
que vous êtes ?
Scène de jeux de putti ; France, XVIIIe siècle : Louis-Félix Delarue
Parfois en effet, certains naïfs poussent la porte de ma
boutique en demandant un Tiepolo, du XVIIIe Italien…
pourquoi pas un Picasso ?! Il est malheureusement
impensable de dénicher aujourd’hui un Léonard de Vinci
par hasard ! Tant d’années et tant de mains étant passées
avant.
Quelle est votre plus belle trouvaille ?
Un dessin de Clouet que j’ai malheureusement vendu !
Mais aussi un portrait de Carle Van Loo : celui de son fils
Aimé César. Un dessin merveilleux du XVIIIe français.
Quel est votre « Saint Graal » ?
Le massacre des innocents ; France, XVIIe siècle
Comme je vous l’ai dit, je n’espère pas trouver de dessins
de Léonard de Vinci ou de Raphaël ! Ils sont tous dans les
musées. Mon Saint Graal est de vivre dans cet univers. Ma
passion me fait vivre. Chaque jour j’apprends, j’approfondis
mes connaissances et je transmets mon savoir.
Sur quels points les amateurs doivent-ils rester vigilants ?
Il faut que le papier corresponde impérativement à l’époque
du dessin. Sinon, il est évident qu’il s’agit d’une copie. Un
jour, j’ai acheté à Londres un dessin du XVIe, soit disant…
après expertise par la restauratrice, il s’est avéré que le
papier était au plus tôt du XIXe ! Une signature s’imite
facilement, un papier non.
Etude d’enfant ; Italie, XVIe siècle
Jeune fille au tambourin ; France,
XVIIIe siècle : Louis-Félix Delarue
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Spécial Puces – Marché Vernaison
Où trouvez-vous vos dessins ?
Le plus souvent dans des maisons de famille, lors des
successions. Sinon en salle des ventes, généralement à
Drouot mais aussi en province, à Londres, en Allemagne.
Les USA sont trop chers. Ils jouent la surenchère… Les
connaisseurs ont tant d’argent en poche ! Il est donc
impossible de rivaliser.
Le laboureur et ses
enfants (Jean de La
Fontaine) ;
Projet d’illustration par
Charles-Nicolas Cochin :
France, XVIIIe siècle
Quel est le prix à mettre pour un dessin ?
C’est difficile… de quelques dizaines d’euros à 100 000 € !
Toutefois, on peut faire une collection honorable avec un
investissement de 400 à 500 €. Le dessin est un moyen
de se faire comprendre, c’est un préambule à la peinture,
à des plans d’architecture… C’est toute une histoire que
vous achetez ! Acquérir un dessin, c’est avant tout se faire
plaisir, posséder ce que l’on aime, sans se soucier des
modes, ni du temps…
Contact :
Patrice Salet - Marché Vernaison
99, rue des Rosiers - Angle allées 3 et 6
93400 Saint-Ouen
Enfants jouant aux dames ; Ecole du nord, XVIIe siècle
Etude pour Vénus donnant des armes à Enée ; Italie, XVIIIe siècle
Mort d’un saint ; Italie, XVIe siècle
Tout ici est affaire de goût, de passion et d’envie…
Ce dessin rencontré par hasard, attribué ou pas,
quelle occasion pour votre goût et vos connaissances ! Le papier, les instruments et les mediums, le
sujet, la composition... autant de motifs de réflexion,
d’échange et de dialogue entre nous. Rencontronsnous autour de ces dessins ; parlons en, partageons
nos savoirs, nos émotions ; c’est pour cela que j’ai
voulu, en 1997, « passer de l’autre côté du miroir » et
ouvrir ma propre galerie. Au cœur des Puces, vous
pourrez aussi vérifier que nos marchés demeurent un
terrain privilégié ou l’œil, le talent et la chance permettent encore d’heureuses découvertes !
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