L`orientation sexuelle des adolescents

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L`orientation sexuelle des adolescents
Document de principes
L’orientation sexuelle des
adolescents
M Kaufman; Société canadienne de pédiatrie
Comité de la santé de l’adolescent
Paediatr Child Health 2008:13(7):626-30
Affichage : le 1 septembre 2008 Mise à jour : le 24 mars 2016
Introduction
La plupart des adolescents et des adultes se réclament
d’orientation hétérosexuelle. Cependant, les pédiatres et les
autres dispensateurs de soins doivent être conscients des
enjeux psychologiques, sociaux et médicaux importants
qu’affrontent les jeunes gais, lesbiennes ou bisexuels. Presque
tous ces enjeux découlent de la réprobation qu’affrontent ces
jeunes plutôt que de leur orientation même [1][2].
L’orientation sexuelle n’est pas un diagnostic, et les pédiatres
n’ont pas à découvrir l’orientation des adolescents. Le
praticien doit plutôt favoriser un environnement dans lequel
l’adolescent peut poser toutes ses questions et soulever toutes
ses inquiétudes, qu’il se considère comme homosexuel, qu’il
vienne de découvrir qu’il est attiré par des personnes du
même sexe, qu’il ait eu une expérience sexuelle avec une
personne du même sexe ou qu’il n’arrive pas à démêler ses
sentiments. Le présent article passe en revue les définitions,
les épidémiologies et les approches pertinentes à adopter
auprès des jeunes gais, lesbiennes et bisexuels.
Des statistiques et des définitions
L’orientation sexuelle désigne si une personne ressent de
l’excitation physique et affective envers des personnes du
même sexe ou envers celles du sexe opposé. Il n’est pas
nécessaire d’être actif sexuellement pour avoir une
orientation sexuelle. Les préférences sexuelles et affectives ne
coïncident pas toujours. Les personnes qui sont surtout
attirées par les personnes du sexe opposé sont
hétérosexuelles, celles qui sont surtout attirées par les
personnes du même sexe sont homosexuelles (gaies ou
lesbiennes) et celles qui sont attirées par des personnes des
deux sexes sont bisexuelles.
Les études qui tentent de définir le pourcentage d’adolescents
qui ne sont pas hétérosexuels sont souvent limitées par les
questions qu’elles contiennent. Les adolescents qui finiront
par se percevoir comme gais, lesbiennes ou bisexuels ne se
perçoivent pas toujours ainsi pendant l’adolescence. Un
adolescent qui a des relations sexuelles avec une personne du
même sexe n’est pas toujours gai, et bien des adolescents gais
n’ont jamais eu de relations sexuelles avec une personne du
même sexe. Les meilleures statistiques canadiennes sur le
sujet proviennent du British Columbia Adolescent Health
Survey de 2003 [3], un sondage pondéré par grappe
représentant 289 767 élèves de la Colombie-Britannique qui
fréquentaient l’école publique. Bien que seulement 1,5 % des
garçons se percevaient comme bisexuels, surtout homosexuels
ou à 100 % homosexuels, 3,5 % de ceux qui étaient
sexuellement actifs avaient eu une relation sexuelle avec une
personne du même sexe au cours de l’année précédente. Trois
pour cent des filles se percevaient comme bisexuelles, surtout
homosexuelles ou à 100 % homosexuelles, mais 6,4 % de
celles qui étaient sexuellement actives affirmaient avoir eu
une relation sexuelle avec une personne du même sexe au
cours de l’année précédente [3]. Les données américaines sont
similaires. Remafedi et coll. [4] ont signalé que 1,1 % des
adolescents se disaient gais ou bisexuels, mais que 4,5 %
déclaraient être surtout attirés par des personnes du même
sexe. Une étude menée au Massachusetts (aux États-Unis) [5] a
révélé que 2,5 % des jeunes se disaient gais, lesbiennes ou
bisexuels.
Le processus menant à l’affirmation d’une identité
homosexuelle est souvent désigné par l’expression « sortir du
placard ». Il peut s’amorcer par des fantasmes ou des rêves
homosexuels, par la constatation d’une attirance vers des
personnes du même sexe, par l’impression d’être différent des
autres ou même par une expérience sexuelle. L’adolescent
peut alors ressentir une confusion identitaire, être conscient
de ses attirances, mais en être tourmenté. Cette confusion est
alimentée par l’opprobre rattaché à l’homosexualité, par des
connaissances inexactes, par l’absence de modèle et par le peu
d’occasions de socialiser avec d’autres jeunes qui ont des
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1
sentiments similaires. Une confusion supplémentaire peut
survenir si le jeune ressent également une certaine attirance
envers des personnes du sexe opposé. L’adolescent n’admet
pas nécessairement son orientation, évite d’y penser ou
trouve d’autres explications à ses sentiments [6]. Le défi pour
les jeunes gais ou lesbiennes consiste à se forger une identité
saine et intégrée malgré les stéréotypes négatifs et les préjugés,
souvent sans soutien de la famille et de la société. Il est
important de distinguer le jeune gai du jeune qui peut
présenter un trouble d’identité sexuelle. L’identité masculine
ou féminine de la plupart des hétérosexuels et des
homosexuels correspond à celle de leur anatomie. Les
personnes dont l’identité sexuelle ne correspond pas à leur
anatomie sont souvent désignées comme des personnes
transgenres et ont besoin de consultations spécialisées afin
d’évaluer la possibilité d’un trouble d’identité sexuelle. Les
personnes transgenres peuvent être hétérosexuelles,
homosexuelles ou bisexuelles. Les besoins médicaux et
psychologiques des jeunes transgenres dépassent la portée du
présent article.
Les jeunes travestis sont parfois gais, mais pas toujours. Les
travestis tirent leur plaisir de revêtir les atours d’une personne
de sexe opposé. Ils peuvent être hétérosexuels, homosexuels
ou bisexuels.
Les enjeux psychologiques et sociaux
Les adultes gais et lesbiennes décrivent souvent leur
adolescence comme une période au cours de laquelle ils se
sont sentis isolés, honteux et effrayés qu’on découvre qu’ils
étaient différents, des sentiments qui ont tous des
répercussions sur l’estime de soi et la formation identitaire [7]
[8]. Malheureusement, les études démontrent que près de la
moitié des gais et du cinquième des lesbiennes ont subi de la
violence verbale ou des voies de fait au secondaire en raison
de leur orientation [9][10], et ils étaient de deux à quatre fois
plus susceptibles de faire l’objet de menaces armées à l’école
[5][11]. Le harcèlement à l’école s’associe à un risque plus élevé
de décrochage. Les adolescents gais peuvent également être
harcelés à la maison et sont plus susceptibles d’être éjectés de
la maison et de vivre dans la rue que leurs camarades
hétérosexuels [12].
Les jeunes des minorités ethniques ou raciales visibles
peuvent également être plus à risque et ressentir de la
vulnérabilité et une perception de plus grand stress [13].
L’homosexualité peut provoquer une plus grande réprobation
au sein de certaines communautés ethniques.
Les adolescents gais sont plus susceptibles de commencer plus
jeunes à consommer du tabac, de l’alcool et d’autres
2 | L’ORIENTATION SEXUELLE DES ADOLESCENTS
substances [12]. Les drogues de confection, comme la 3,4méthylènedioxy-N-méthylamphétamine (connue sous le nom
d’ecstasy), la méthamphétamine (crystal meth) et la kétamine,
surtout consommées dans les clubs, sont particulièrement
inquiétantes, car les jeunes qui se disent gais semblent plus
susceptibles de les utiliser. Ces drogues s’associent souvent à
d’autres comportements à haut risque [14][15]. Les raisons
possibles de cette augmentation du risque incluent
l’automédication pour contrer la dépression et une mauvaise
estime de soi ou une tendance accrue à des comportements à
risque en réaction au rejet par la famille et les camarades. Les
endroits où il est le plus simple de rencontrer d’autres
personnes gaies sont les bars gais, où la consommation
d’alcool et le tabagisme font partie de l’environnement, ou les
clubs et les raves, où les drogues de confection font tout aussi
partie de la culture.
Les élèves du secondaire qui se perçoivent comme gais,
lesbiennes ou bisexuels, qui se disent attirées par des
personnes du même sexe ou qui ont des relations sexuelles
avec des personnes du même sexe sont de deux à sept fois
plus susceptibles de faire une tentative de suicide [16][17][18]. Le
risque semble le plus élevé lorsque l’adolescent est très jeune
quand il acquiert une identité gaie, lorsqu’il y a un conflit
familial, que l’adolescent a fait une fugue ou a été éjecté de
chez lui, qu’il n’est pas à l’aise avec son orientation ou qu’il
n’a pas réussi à divulguer son orientation à quiconque [19]. Les
données ne sont pas aussi solides sur les suicides, mais selon
certaines données, leur nombre est disproportionné chez les
homosexuels [19]. Les praticiens devraient s’informer de
l’orientation sexuelle des adolescents déprimés et soutenir les
adolescents en voie de « sortir du placard ».
Les enjeux familiaux
Les adolescents en voie d’affirmer leur identité homosexuelle
peuvent être tourmentés d’en parler à leurs parents. Ils
haïssent souvent l’idée de leur mentir par omission, mais ils
peuvent aussi s’inquiéter de leur réaction. Ils demanderont
peut-être conseil à leur pédiatre ou à leur médecin de famille.
On peut aider les adolescents à explorer la réaction possible
de leurs parents en leur faisant réfléchir à la manière dont
leurs parents parlent des gais, dont ils interagissent avec les
gais qu’ils rencontrent et avec leur manière d’affronter
l’information inattendue. Certains parents soupçonnent que
leur adolescent est gai mais peuvent tout de même se sentir
aussi mal à l’aise que leur adolescent de soulever la question.
Les adolescents peuvent aborder le sujet de l’homosexualité
en parlant d’un livre qu’ils lisent ou d’une nouvelle qu’ils ont
entendue, puis observer ce que leurs parents ont à dire. De
nombreux adolescents en parlent à un frère, à une sœur ou à
un cousin avant d’en parler à un parent, et souvent, ils
choisissent d’en parler d’abord à un seul parent. Le jeu de
rôle peut aider l’adolescent à trouver les mots qu’il veut
utiliser et ceux qu’il veut éviter avec ses parents pour ne pas
laisser entendre qu’il communique de mauvaises nouvelles. Il
peut rassurer ses parents en leur disant qu’il reste celui qu’il a
toujours été. Les adolescents ne devraient pas tous parler de
leur orientation à leurs parents, et d’autres peuvent désirer
attendre un certain temps après avoir décidé de divulguer leur
identité sexuelle, compte tenu des répercussions négatives
possibles [9]. Il n’est jamais approprié pour le médecin de
divulguer l’information sans l’approbation de l’adolescent.
S’il devient nécessaire de parler des tendances suicidaires
d’un adolescent, le rôle de l’orientation sexuelle dans
l’idéation suicidaire n’a pas à être révélé au parent si
l’adolescent ne veut pas qu’il le sache.
Il se peut que les parents parlent au pédiatre après que leur
adolescent leur a affirmé leur identité sexuelle. Il n’est pas
rare qu’ils demandent au pédiatre de leur confirmer que leur
adolescent traverse une phase et qu’il n’est pas vraiment gai.
Il est pertinent de dire aux parents que, selon toute
vraisemblance, les adolescents qui choisissent d’affirmer leur
identité sexuelle à leurs parents sont probablement très sûrs
de leur orientation homosexuelle. Il faut dire aux parents
qu’il est important de faire savoir à leur adolescent qu’ils
l’aiment encore pendant qu’ils démêlent leurs sentiments par
rapport à la question de l’orientation sexuelle. De toute
évidence, la thérapie de conversion ou la thérapie réparatrice,
qui consiste à tenter de transformer les gais ou les lesbiennes
en hétérosexuels, est contraire à l’éthique, ne devrait pas être
dispensée par un médecin, et les médecins ne devraient pas
orienter leurs patients vers ce type de thérapie [20]. De
nombreuses villes du Canada sont dotées d’une succursale de
PFLAG Canada (Parents and Friends of Lesbians And Gays),
un organisme unilingue anglais qui aide de nombreux
parents dont les enfants leur ont divulgué leur identité
sexuelle (http://www.pflagcanada.ca/fr/index.html).
Les enjeux relationnels
Tous les adolescents sont en voie d’apprendre à percevoir
leurs camarades comme des amis, des partenaires
romantiques et des partenaires sexuels. Ce processus peut être
plus compliqué pour les adolescents gais, lesbiennes ou
bisexuels qui, souvent, n’ont pas de modèles de relations
entre conjoints de même sexe. Comment rencontrer une
personne susceptible d’être intéressée, comment flirter, que
faire pendant un rendez-vous ou comment apporter un
élément sexuel à la relation – ce sont tous des éléments qui
peuvent désorienter un jeune. Les enjeux sont élevés. Si un
adolescent hétérosexuel propose un rendez-vous à une fille et
qu’elle refuse, il peut se sentir rejeté, mais il ne risque pas de
se faire traiter de pervers ou d’être victime de voies de fait.
Les groupes d’entraide pour jeunes gais abordent souvent ces
sujets.
Les récentes modifications politiques et législatives au Canada
au sujet des mariages entre conjoints de même sexe auront
peut-être des répercussions positives sur le bien-être des
jeunes homosexuels et bisexuels. En sachant qu’ils peuvent se
marier, les jeunes peuvent se sentir moins rejetés et plus
intégrés au courant général. Cette réalité peut également
aider certains parents à accepter l’orientation de leurs
adolescents, parce qu’ils sont en mesure d’envisager un avenir
plus traditionnel pour eux. Il n’existe pas de statistiques sur le
nombre d’adolescents qui ont épousé un partenaire de même
sexe. Très peu de personnes de 18 ans ou moins se marient, et
il faut obtenir l’autorisation parentale pour les jeunes de
moins de 18 ou 19 ans (selon la province ou le territoire).
Les enjeux médicaux
Les jeunes gais, lesbiennes et bisexuels ont besoin de la même
diversité de soins que les adolescents hétérosexuels, y compris
les maladies chroniques, les incapacités, les blessures sportives
et même la contraception. Ils proviennent de tous les groupes
ethniques, de toutes les classes sociales et de tous les groupes
raciaux. Il est important de tenir compte de l’orientation
sexuelle de l’adolescent au moment de lui dispenser des
soins, mais il est également capital de se rappeler que ses
besoins de santé n’ont peut-être rien à voir avec son
orientation sexuelle.
Les jeunes gais et lesbiennes sont plus vulnérables aux
infections transmises sexuellement (ITS) parce qu’ils sont
plus susceptibles d’avoir des relations sexuelles avec un plus
grand nombre de partenaires et d’avoir des relations non
consensuelles [12]. Les femmes qui ne sont pas des utilisatrices
de drogues intraveineuses et qui ont des relations sexuelles
seulement avec d’autres femmes sont les moins à risque de
contracter le VIH et d’autres ITS que tout autre groupe de
personnes sexuellement actives. Cependant, de nombreuses
adolescentes lesbiennes sexuellement actives ont déjà eu des
relations sexuelles avec des hommes [3][21]-[23].
Les hommes gais ne sont pas tous actifs sexuellement et,
parmi ceux qui le sont, ils n’ont pas tous des relations anales.
À tort, certains adolescents se mettent en tête qu’ils ne sont
pas vraiment gais à moins d’avoir des relations anales. Les
relations sexuelles anales non protégées rendent l’adolescent
vulnérable au VIH, aux parasites, au virus du papillome
humain (VPH) et aux hépatites A, B et C. Il faut évaluer le
risque d’ITS des hommes gais. Il n’est pas toujours (ou même
habituellement) nécessaire de procéder à un bilan complet,
mais celui-ci comprendrait des prélèvements urétraux
(urinaires), du pharynx et de la région anale afin de dépister
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la gonorrhée, un prélèvement urétral ou urinaire pour
dépister la Chlamydia, des tests de laboratoire pour dépister
les maladies vénériennes, une cytologie anale, des
coprocultures, des tests de dépistage d’œufs et de parasites et
un test de dépistage du VIH [24].
Les adolescentes lesbiennes qui ont eu des relations sexuelles
avec des hommes devraient subir un dépistage systématique
des ITS. Elles devraient également envisager un dépistage des
ITS si elles ont utilisé des jouets sexuels avec pénétration
pendant des relations sexuelles avec l’un ou l’autre sexe.[25] Le
test Pap n’est plus systématiquement recommandé chez les
adolescentes canadiennes.[26] Le pédiatre peut expliquer les
choix contraceptifs et prescrire des contraceptifs d’urgence «
d’avance » aux lesbiennes susceptibles d’avoir des relations
sexuelles avec des hommes. Les adolescents et les adolescentes
peuvent se poser des questions sur les futures possibilités de
reproduction, même si peu d’adolescents gais ou lesbiennes
prévoient avoir des enfants dans un avenir rapproché.
Le vaccin contre le VPH est approuvé au Canada chez les
sujets de sexe féminin et de sexe masculin,[27] même s’il n’est
pas financé par tous les territoires de compétence .
L’éducation et les conseils au sujet des vaccins devraient faire
partie des soins préventifs qui leur sont offerts .
L’approche de l’adolescent
Pour tous les adolescents, il est primordial de se trouver dans
un environnement qui leur semble sécuritaire, ce qui inclut
une explication de la confidentialité. Les adolescents qui
divulguent des renseignements de nature personnelle
craignent un manque de confidentialité, ce qui constitue un
obstacle important pour eux [27]. Il faut donner l’occasion aux
adolescents de discuter de leurs attirances et de leur
orientation sexuelle, de santé mentale, de consommation de
drogues et d’alcool, de relations sexuelles plus sécuritaires, de
l’école, de la famille et des amis. De nombreux cliniciens
utilisent l’entrevue HEADS bien connue avec les adolescents,
qui aborde la maison, l’éducation, les activités, l’affect, les
drogues et la sexualité. Auprès de tous les adolescents, il faut
s’informer des antécédents sans discrimination de sexe. Si
vous demandez : « Es-tu attiré(e) par quelqu’un? » et « As-tu
déjà eu des relations sexuelles? », vous donnez plus de latitude
à l’adolescent pour répondre et vous laissez subtilement
entendre qu’il existe de nombreuses réponses possibles. Vous
pouvez poser une autre bonne question aux adolescents : «
Lorsque tu penses à des personnes pour qui tu ressens une
attirance sexuelle, est-ce qu’il s’agit d’hommes, de femmes,
des deux, d’aucun des deux ou si tu ne le sais pas trop encore?
» [28]. Vous pourrez informer des enjeux reliés à l’orientation
4 | L’ORIENTATION SEXUELLE DES ADOLESCENTS
sexuelle les quelques patients qui se sentent insultés par la
question.
De nombreux médecins reçoivent peu de formation sur les
conversations à avoir avec les adolescents au sujet des
relations sexuelles et de l’orientation sexuelle. Bon nombre
en parlent, mais le clinicien qui se sent mal à l’aise d’en
parler devrait envisager de transférer ses patients adolescents
à un autre médecin.
Le bureau peut être accueillant pour tous les adolescents et
contenir des dépliants sur toute une série de sujets reliés à
l’adolescence, y compris l’orientation sexuelle, des affiches
qui présentent des couples de même sexe et de sexe opposé,
des avis sur les réunions de groupes d’entraide, des
formulaires également applicables aux hommes et aux
femmes et du personnel sensible aux besoins des adolescents
et qui ne font pas de commentaires critiques ou désobligeants
sur l’orientation sexuelle.
La formation médicale
Les pédiatres ont souvent l’occasion d’enseigner aux
étudiants en médecine et aux résidents lorsqu’ils sont à leur
bureau ou à l’hôpital. Souvent, des situations cliniques
surgissent au cours desquelles il est pertinent de parler de la
sexualité des adolescents ou du rôle des parents de gais ou de
lesbiennes et de donner des conseils aux parents quant à
l’orientation sexuelle. Ces « moments d’enseignement »
fournissent une occasion naturelle d’aborder le sujet. Des
étudiants gais ou lesbiennes divulgueront peut-être leur
propre orientation sexuelle à un précepteur ou à un mentor
après une discussion ouverte sur le sujet.
Au-delà de l’individu
Les pédiatres ont de nombreuses occasions d’apporter des
changements dans leur collectivité. Ils peuvent s’assurer que
les établissements dans lesquels ils travaillent garantissent
l’égalité entre tous les adolescents et qu’ils les traitent sans
partialité. Il est possible d’aider les écoles, les commissions
scolaires et les organismes communautaires à percevoir qu’il
s’agit là d’enjeux importants et de les encourager à fournir de
l’éducation et de la documentation sur l’orientation sexuelle.
Les pédiatres peuvent offrir leurs compétences à des groupes
d’entraide et même contribuer à leur création. Ils peuvent
parler de la question avec leurs consœurs et confrères.
Recommandations
La Société canadienne de pédiatrie recommande aux
dispensateurs de soins :
• d’offrir des soins complets visant à promouvoir un bienêtre développemental, social et affectif normal, de même
que la santé physique aux adolescents de toutes les
orientations sexuelles.
• d’éviter de postuler l’hétérosexualité pendant la prise des
antécédents, en posant des questions sur les partenaires
romantiques et sexuels sans discrimination entre les sexes.
• d’aiguiller leurs patients vers un autre dispensateur de
soins s’ils perçoivent des obstacles personnels à fournir
des soins et de l’information impartiale.
• de demeurer au courant des ressources communautaires
destinées aux adolescents gais et lesbiennes.
• d’être conscients des risques pour la santé et le
développement de ces jeunes, y compris ceux découlant
de l’homophobie ou des comportements sexuels.
• d’offrir de l’éducation et des conseils à tous les jeunes
afin de prévenir la propagation du VIH, du VPH et des
ITS.
• d’orienter de toute urgence les adolescents ayant des
idéations suicidaires vers des spécialistes de la santé
mentale. Dans la mesure du possible, il faut aiguiller les
adolescents homosexuels qui ont d’importants problèmes
de dépression, d’anxiété ou de consommation de drogue
ou d’alcool vers des spécialistes de la santé mentale ayant
l’expérience de traiter des adolescents homosexuels. Il ne
faut pas prévoir de thérapie de conversion ou de thérapie
réparatrice parce qu’elles ne fonctionnent pas et qu’elles
peuvent accroître les sentiments de culpabilité et
d’angoisse.
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COMITÉ DE LA SANTÉ DE L’ADOLESCENT
Membres : Franziska Baltzer MD; April Elliott MD; Debra
Katzman MD; Jorge Pinzon MD (président); Koravangattu
Sankaran MD (représentant du conseil); Danielle Taddeo
MD
Représentant
Sheri M Findlay MD, section de la santé de l’adolescent de la
SCP, Johanne Harvey MD, section de la santé de l’adolescent
de la SCP
Aut
princi pale : Miriam Kaufman MD
Aussi disponible à www.cps.ca/fr
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