Ouverture de la Section Européenne Allemande au lycée Emilie de

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Ouverture de la Section Européenne Allemande au lycée Emilie de
Ouverture de la Section Européenne Allemande au lycée Emilie de Breteuil
Année 2006-2007
Projet : « Paris / Berlin : regards croisés »
 Mené par Elsa Gnezdov (Allemand), Didier Bonnot (Arts Plastiques), Geneviève
Maurel (Lettres), Martine Minot (SVT)
 Concernant la classe de Seconde Européenne
 Prévoyant un échange avec le lycée Romain Rolland de Berlin
La volonté politique et la tradition culturelle participent, en France comme en
Allemagne, à la constitution de la conscience identitaire. Dans un article intitulé Identité
nationale en Allemagne et en France : divergences/convergences, le Professeur Joseph Kurt
appuie ce postulat en ces termes : « Les identités nationales ne sont pas « naturelles » ;
elles sont une construction, ce qui ne veut pas dire une fiction. Une communauté choisit des
éléments qui peuvent servir de base pour la coexistence de ses membres. (…) Les
consciences nationales en Allemagne et en France n’ont jamais été purement pragmatiques ;
elles impliquaient une dimension culturelle et politique très forte. »
La conscience nationale moderne en France s’est constituée à partir de la Révolution
française avec le transfert de la souveraineté de la personne du roi à l’entité collective qui
représente la nation. Ce faisant, la nation ne s’est pas définie en France par un territoire ; la
notion de « nation » est l’émergence politique d’un contrat volontaire et du libre
consentement des citoyens.
Contrairement à la France, la conscience nationale en Allemagne est apparue au travers
de l’affrontement au régime d’occupation napoléonien ; l’opposition était donc directement
liée à celle de l’étranger, incarné par la France napoléonienne et ne pouvait par conséquent
pas réclamer de structures politiques se manifestant dans un Etat-nation. C’est ainsi que
l’Allemagne, afin de se construire une conscience identitaire, s’est tournée vers ce qui avait
été ressenti depuis le XVIIIème siècle comme déterminant, à savoir la culture (la langue) et
l’histoire.
Les histoires respectives de la France et de l’Allemagne ont conduit l’historien Meinecke
à décrire en 1908 le fondement de l’identité nationale en France et en Allemagne par
l’opposition entre « Etat-nation » et « Nation culturelle ». Cependant on ne saurait
généraliser ce schéma. Les prises de position de grands écrivains comme Voltaire ou Hugo
sur les grandes questions de la nation ainsi que les interventions collectives de la classe
« intellectuelle » depuis l’affaire Dreyfus sont autant de témoignages de l’intégration de la
littérature et de la culture dans la vie sociale française. De façon identique, la politique dans
la constitution de l’idée de nation, qui, en Allemagne, semblait être en retrait par rapport à
la culture, s’est depuis le XXème siècle tout particulièrement ressaisi de son rôle. Bertolt
Brecht, Stefan Zweig, Günther Grass et tant d’autres n’ont eu de cesse de le prouver, la
« Schuldfrage » étant depuis la seconde guerre mondiale intrinsèquement liée à l’idée de
conscience identitaire.
Le projet « Paris / Berlin : regards croisés »
Comment est né ce projet ?
Le projet « Paris / Berlin : regards croisés » est né d’une question qu’il nous semble
aujourd’hui essentiel de soulever : comment faire émerger une conscience identitaire
européenne ?
Face à cette vaste tâche, il nous a paru opportun de mettre en place dans notre
établissement une section européenne allemande qui verra le jour à la rentrée scolaire
2006/07. Celle-ci s’inscrit dans le projet d’établissement axé sur l’ouverture vers l’Europe.
Cette section prévoit un programme sur trois ans à l’issue duquel le recteur
d’académie portera sur le diplôme du baccalauréat des élèves ayant satisfait aux conditions
de l’examen l’indication « section européenne », suivie de la désignation de la langue
concernée (B.O du 12 juin 2003, Article 1).
Quel est son objectif ?
Ce projet a pour but de poser les bases d’une conscience culturelle commune chez
les élèves allemands et français. Il exprime la volonté de contribuer à la construction de la
citoyenneté européenne.
Les élèves recevront en plus des heures d’enseignement de la LV1 qui figurent au
programme de toutes les classes de 2°, une heure hebdomadaire consacrée à
l’approfondissement de la connaissance des pays germanophones. Les thèmes abordés
feront écho au programme de Français notamment. Il s’agira en effet de souligner dans un
déroulement chronologique les convergences, divergences et autres influences culturelles et
politiques françaises et allemandes. Ainsi le professeur de Français étudiera-t-il par exemple
la résonnance politique et culturelle des « Lumières » en France et en Europe à travers la
Correspondance de Voltaire et de Frédéric II de Prusse tandis que parallèlement, l’objet
d’étude du professeur d’allemand sera l’Aufklärung à travers une pièce de Lessing, Nathan le
sage. Il conviendra alors de montrer en quoi ces deux mouvements se rejoignent mais aussi
de prendre la mesure de leurs différences ; on s’efforcera de souligner le rôle décisif des
« Lumières » dans la construction d’une conscience identitaire française en le comparant à la
déception de l’Aufklärung en Allemagne qui avait espéré trouver en la figure de Frédéric II
un « empereur éclairé ».
Par ailleurs, leur sera enseignée une discipline non linguistique à raison d’une heure
par semaine par le professeur de SVT ayant reçu une habilitation officielle. Pendant cette
heure le professeur approfondira des thèmes du programme général en mettant l’accent sur
les implications socioculturelles et éthiques des sujets traités et sur certains aspects de la
politique européenne dans les domaines de l’environnement et du développement durable,
de la recherche (biotechnologies-aéronautique et espaces) et de la santé publique.
Cette section a pour but de renouveler, grâce à la transversalité, l’enseignement de
certaines disciplines jusqu’ici essentiellement ancré dans la tradition nationale. Ainsi le
professeur de philosophie ayant également reçu une habilitation officielle interviendra-t-il
de façon ponctuelle en Seconde et bien plus approfondie en Première et en terminale. Il
expliquera par exemple en Seconde en quoi on ne peut mettre sur le même plan le
mouvement littéraire français du « Romantisme » et ce que l’on appelle en Allemagne « Die
Romantik » lequel mouvement, sous-tendu par une philosophie propre, s’est étendu à de
nombreux domaines participant par conséquent de façon primordiale à l’émergence d’une
conscience identitaire allemande.
Projet final : présenter à la classe une comparaison de Paris et de Berlin selon
un axe choisi. (niveau B1)
La section européenne allemande implique un appariement avec un établissement
germanophone, en l’occurrence le Lycée Romain Rolland de Berlin. Le Lycée Emilie de
Breteuil accueillera les élèves allemands du 16 au 25 octobre 2006 tandis que les élèves
français se rendront à Berlin du 5 au 14 mars 2007.
Le projet pluridisciplinaire final consiste à établir et à présenter une comparaison entre
deux grandes villes Paris et Berlin à partir de cinq différents axes pédagogiques. Pour ce
faire il sera demandé aux élèves de photographier les deux villes sous des angles différents
en prenant soin de souligner les différences et les similitudes :
 Compétence :
 Parler : faire une présentation orale
 Savoir-faire : repérer des lieux, apprendre à observer
 Culture : Paris et Berlin / 5 axes d’approche :
1. Les odeurs (en relation avec Le parfum de P. Süskind)
2. La place de l’écologie et du développement durable dans l’aménagement du
territoire (en relation avec la DNL : la Terre et son environnement)
3. La place de l’Homme dans la ville : la politique urbaine, la prise en compte des
handicapés dans l’aménagement de la ville (l’expressionnisme)
4. Paris et Berlin : entre passé et modernité (l’intégration de l’architecture
contemporaine dans deux villes au passé architectural riche et varié)
5. la vision des jeunes Français et des jeunes Allemands aujourd’hui.
Les élèves réaliseront un montage-photos pour la présentation de leur thème qu’ils
agrémenteront d’un fond sonore, lequel s’efforcera de croiser leurs cultures sonores.
Le montage-photos « Paris-Berlin : regards croisés » sera projeté lors de la journée de
l’Europe en collaboration avec la ville de Montigny-le-Bretonneux.

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