dossier front ferme logo 14-18 2013
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Du Front à la Ferme Et de la Ferme au Front Une Création THEATRE LE FENOUILLET Une page de la mémoire rurale inscrite dans l'histoire de France Version scolaire Durée : 50 mn - Mise en scène : André Geyré. Direction d’acteurs : Alain Bauguil. « Du Front à la Ferme et de la Ferme au Front » Projet labellisé par la Mission Centenaire Nationale de la Guerre de 14-18 Lettres échangées entre 1914 et 1918 , par une famille d’agriculteurs de Cléon d’Andran (Drôme), entre les hommes tous mobilisés et la femme et les enfants restés à la ferme qui ont maintenu en activité l’exploitation agricole pendant toute la durée de la guerre. Lecture théâtralisée : mise en voix et en espace de lettres Tréteaux itinérants pour espaces publics ou salles Durée du spectacle 50’ Adaptation : Magali Delserre- André Geyré Mise en voix et en espace. Direction d’acteurs : André Geyré – Alain Bauguil Création musique : Gilles Bouvier Création lumière : Thierry Reboul Interprétation par 8 comédiens et un musicien dont 5 professionnels : Au front : Le père 42 ans mobilisé Le fils aîné 19 ans mobilisé Le second fils 18 ans mobilisé Thierry Reboul/Jean Cristophe Henry Régis Rossotto/ Baptiste Benoit Miaule/ Baptiste Ceux restés à la ferme La mère Hélène Gaud / Mireille Reboul La fille de 16 ans Léna Chabouleyron / Stephanie Chardon Les 2 plus jeunes enfants interprétés par des élèves de classes de théâtre du collège Revest Long de Crest Le fils de 13 ans Le fils de 9 ans Un récitant Un musicien (accordéon) André Geyré / Jean-Pierre Tourraton Gilles Bouvier Scénographie D’une part le théâtre des opérations : les trois hommes à la guerre D’autre part ; la femme et les enfants à la ferme assis autour d’une table Costumes et décors neutres. Accompagnement : musique, lumière, diaporama Projection d’un diaporama réalisé à partir de photos des membres de la famille auteurs des lettres et de cartes postales de la campagne drômoise illustrant l’activité agricole du lieu entre 1914 et 1918. Le diaporama est commenté par le descendant direct de cette famille, lui-même toujours exploitant agricole sur la même ferme et la même terre. DU FRONT A LA FERME ET DE LA FERME AU FRONT Une page de la mémoire rurale inscrite dans l’histoire de France Origine du projet: En février 2011, un agriculteur voisin , Monsieur Chalon, confie au théâtre « Le Fenouillet » en exclusivité plus d’un millier de lettres datant de 14-18 échangées par sa famille entre les hommes au front et la femme et les enfants restés à la ferme. Il laisse le soin au Fenouillet de mettre en valeur ce témoignage. La lecture de ces lettres bouleverse car elles témoignent avec simplicité et dignité d’un épisode dramatique de notre histoire avec les témoignages des hommes au front et en contrepoint la lutte obstinée et permanente de la mère et de ses enfants qui, saison après saison, mènent leur combat pour assurer les récoltes et la survie de la ferme. Cette correspondance foisonnante constituée de lettres brèves et quasi quotidiennes est servie par la sincérité d’une écriture retenue et spontanée. Au fil de cette correspondance et des saisons, du front à la ferme, se dégagent les personnalités attachantes et courageuses de chaque membre de cette famille. La guerre et la nécessité de tenir la ferme en état de marche créent des liens forts, une solidarité, chacun tente de puiser dans la vie de la terre sa propre survie. La lecture n’est pas seulement dramatique, certaines situations sont cocasses. Notamment celles auxquelles sont confrontées les enfants et les femmes en l’absence des hommes. Cette correspondance constitue un apport détaillé et circonstancié à cette page d’histoire vécue sur ce territoire de la Drôme rurale et agricole. L’originalité de ces documents réside (outre la correspondance de poilus) dans le fait que c’est toute une famille y compris tous les enfants et la mère qui écrivent quasi quotidiennement (prés de 5000 lettres au total). Le Fenouillet décide alors de créer un évènement artistique, culturel et populaire à partir de cette correspondance. Commémoration du centenaire de la guerre 14 – 18 Valorisation sur un territoire d’un témoignage local qui participe de la grande histoire de France Cette version plus courte, plus étayée sur le plan historique, met en valeur le témoignage d’enfants et d’adolescents (8, 13, 16, 18 et 19 ans) sur leur quotidien que ce soit à la ferme ou au front . Pages de mémoire rurale La plaine de la Valdaine est une région de tradition agricole toujours en activité. Ceci implique une population sédentarisée autour des exploitations. Ainsi beaucoup reconnaissent leurs aïeux dans les familles citées dans la correspondance et les lieux et découvrent des métiers, industries et traditions aujourd’hui disparus. Pages d’histoire nationale - Lettres du Front : Verdun, batailles de la Marne de la Somme, des Dardanelles - l’appel du 2 août 1914 de René Viviani aux femmes et aux enfants des campagnes pour maintenir la production agricole. - Réquisition des chevaux et des mulets du 9 Août 14. - Le travail des prisonniers de guerre allemands dans les fermes Accompagnement pédagogique : Les représentations peuvent être précédées d’interventions auprès des classes, animées par des membres de l’association du patrimoine de Cléon d’Andran, dont le fils d’un des enfants de la famille Chalon, tous référents érudits de la vie locale pendant la guerre . L’équipe artistique participe également aux rencontres pédagogiques. Extraits de lettres Préambule du spectacle : « On entra dans l'année quatorze sans s'en apercevoir. Elle fit tout doucement son jeu de neige, d'hirondelles, d'amandiers en fleur. Les blés montèrent comme d'habitude. Les tulipes des champs arrivèrent à l'heure, elles sortaient paisiblement des vieux oignons du printemps treize… » Jean Giono Quelques extraits de lettres 10 Avril 1915 Mon cher frère, Je suis un brave petit écolier et puis un brave petit propriétaire. Figure toi que j'ai fait boire la Falette plusieurs fois avec la longe. Mais Jean et Rose y étaient. Yves et Henriette vont à l'école et viennent me trouver tous les matins. Ce sont de braves petits écoliers. Emile (9 ans) 23 mai dimanche de Pentecôte Chers parents Trois ou quatre heures avant de partir au front je vais vous écrire ces quelques lignes. Je suis toujours en excellente santé, ce n'est pas le moment d'être malade. Hier j'ai assisté à une décoration de la légion d'honneur à un sous lieutenant. Tout le régiment y était en tenue de campagne avec tous les équipements. Quand la décoration a été terminée, on nous a fait défiler baïonnette au canon devant le drapeau et l'officier décoré. Pendant ce temps la musique jouait Sambre et Meuse, un des plus beaux hymnes que l'on puisse entendre. Ensuite on est rentrés aux cantonnements et l'après-midi, chacun a lavé son linge afin de monter propre aux tranchées. J'espère que maintenant qu'il fait beau la guerre va marcher vite et l'Italie ne nous fera pas de mal. Ici on a les journaux du jour. Ils arrivent à midi ou une heure et de cette manière on est au courant de ce qui se passe. On en distribue un par escouade. Je pense, quoique aux tranchées, vous envoyer de mes nouvelles tous les deux jours comme j'en ai pris l'habitude. Dimanche jour de pentecôte, je reçois mon baptême du feu et découvre l’horreur de la guerre. Plusieurs copains tués, d’autres blessés que l’on évacue… PS: Conservez cette lettre car lorsque je retournerai ça me fera plaisir de l'avoir car c'est celle que j'écris le jour que je reçois le baptême du feu et ça tombe le dimanche de Pentecôte 23 mai 1915 Gaston (19 ans sera tué le 5 mai 2017) 6 juin 5h du soir Chers parents, J'aimerai mieux cent fois être prés de vous et avoir travaillé tout le jour. Lorsque je retournerai je vous en dirai davantage car il ne nous est pas permis de dire tout ce que l'on voit, et si on décachetait les lettres comme cela arrive quelquefois, on peut attraper deux ou trois jours de prison. Gaston 19 ans 4 juillet 1915 Mon cher Louis, Monsieur Massis nous fait les gerbiers. Nous avons encore été content de le trouver, car si ça n'avait été que de Reboul notre récolte aurait pu rester à la terre. Aussi je ne pourrai pas avoir de la reconnaissance, car depuis que tu es parti, Jean lui a donné toujours quelques petits coups de main. Lui n'en a pas fait tant pour nous autres. Il est jaloux. Il m'a dit que quand vous étiez à la maison, vous ne lui aidiez pas et que nous étions fiers. Nous apprendrons à finir de le connaître. Célestine (la mère) Mon cher Gaston Les fourrages sont encore jolis, voilà notre Jean (13 ans) qui va faucher de nouveau cette année. Il est content il est patron maintenant. Si tu viens ainsi que Louis nous l’aiderons à finir. Ici il commence à passer des trains de nègres et il doit en monter encore. Fleury (le père) 11 septembre 1916 Mon cher Jean, Je te disais de nettoyer l'écurie des chèvres pour en faire cave puisque vous vous êtes décidés d'acheter un petit troupeau. Il te faut pour le moment mettre toutes les bennes au fond de la grande remise ainsi que la lessiveuse. A la place tu pourras y mettre tout le fumier des chèvres qui n'est pas pourri. Bien le nettoyer, puis tu y mettras les pommes de terre ainsi que tout l'embarras qu'il y va. Si le cousin Chalon veut que tu l’aides à labourer, comme tu me disais, je ne veux pas que tu mettes les mules dans cette baraque. Il faut lui dire que mon père ne veut pas. Vous n’avez que cette petite soeur, alors il vous faut être tous bien sages. Il ne faut pas la faire enrager. Tu verras qu'elle te rendra bien de petits services et bien s'aimer. Fleury 28 juin 1918 Mon cher frère Louis, Nous allons commencer de couper les blés. Mardi ou mercredi, on commence de couper l'avoine. Emile (12 ans)