Un contrat majoritaire pour le Parti socialiste

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Un contrat majoritaire pour le Parti socialiste
Un contrat majoritaire pour le Parti socialiste
Contribution présentée par
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Michel Neugnot 1 secrétaire fédéral de la Côte-d’Or
Les secrétaires de section dont les noms suivent :
Jose Almeida
(Longvic), Philippe Ardouin (Saint Apollinaire), Xavier Balland
(Mirebeau), Bruno Blind (Is-sur-Tille), Bernard Bonnardot (Villers-la-Faye), Robert
Camut (Arc-sur-Tille), Gérard Cariteau (Fontaine les Dijon), Emmanuel Debost
(Plombières), Didier Defert (Paul Valtot), Remi Detang (Quétigny), Patrice Espinosa
(Genlis), Gilbert Favelier (Nolay), Laurent Grandguillaume (Dijon), Joel Guitteaux
(Seurre), Louis-Legrand (Chevigny), Didier Levy (Pouilly en Auxois), Dominique Michel
(Chenôve), Alain Pacaud (Auxois-Morvan), Frédéric Ravenet (Montbard), Stéphan
Woynaroski (Talant)
et Audrey Beuthot, Pascal César, Philippe Cézard, David Chiaoui, Jehan-Philippe
Contesse, Henri Deshayes, Catherine Fournier, Philippe Lyet, Sophie Magniez, Pierre
Marion, Maxime Rochette.
Avec ses nouvelles règles statutaires pour mieux vivre ensemble et sa nouvelle déclaration de
principe, véritable carte d’identité du Parti socialiste, notre parti est en situation de reconquête
de l’opinion. Les élections locales de 2008 ont démontré que nous étions la seule force
politique de gauche en capacité de rassembler pour faire face à la droite et à convaincre une
majorité de nos concitoyens.
La prochaine étape de reconstruction de notre parti est celle du congrès de Reims. Nous
devons le réussir pour ce que nous sommes et ce que nous représentons mais aussi et surtout
pour préparer l’alternance.
Comme à chaque congrès, la ligne majoritaire deviendra celle de tout le parti. Elle aura à
proposer en son sein un Premier Secrétaire national pour succéder à François Hollande. A ce
jour, la multiplicité des candidats déclarés à ce poste porte en elle le risque d’un émiettement
du parti en de nombreuses motions sans qu’aucune d’entre elles ne soit majoritaire. Ce
scénario nous l’avons vécu au moment du congrès de Rennes. On connaît les dégâts qu’il a
produits au sein de notre parti mais aussi auprès de nos concitoyens. Au moment où la droite
libérale détricote chaque jour un peu plus notre modèle social et met à bas des décennies de
progrès, nous ne pouvons pas donner le spectacle d’un parti déchiré à ceux qui souffrent. Le
débat du congrès doit être celui de notre orientation politique. Il est important qu’au delà des
problèmes de choix des personnes que nous devrons aborder plus tard, ceux qui se retrouvent
sur des lignes politiques quasi-identiques se rassemblent pour constituer une ligne majoritaire
et ne se divisent pas autour de personnalités en réalité très proches l’une de l’autre.
C’est pour contribuer à ce rapprochement majoritaire nécessaire que la Fédération de Côted’Or a élaboré collectivement la présente contribution. Sans se vouloir exhaustive, elle aborde
quelques thèmes sur lesquels une majorité doit pouvoir se rassembler sur une seule
contribution qui aura à présenter en son sein au vote des militants un premier secrétaire et le
moment venu un candidat à la présidence de la République.
Notre Parti : véritable outil de transformation sociale
Unité du parti socialiste car sans unité, aucune victoire n'est possible
L’unité de notre parti doit être préservée car sans unité du Parti socialiste, aucun
rassemblement de la gauche n’est possible et donc aucune victoire n’est envisageable. La
cacophonie et le manque de discipline autour de la question européenne à l’occasion du traité
constitutionnel est l’exemple à ne plus reproduire.
Contrairement aux idées avancées par certains, l’unité du Parti socialiste doit se faire autour
de son nom qui doit nous réunir tous. Nul besoin, au nom d’une pseudo modernité, d’en
changer. Héritiers d’une longue histoire nationale et internationale, nous avons su nous
rassembler à la quasi-unanimité sur notre identité avec une nouvelle déclaration de principe.
C’est au nom de ces valeurs que nous devons mener les prochains combats.
Respect de nos règles et du vote des militants
L’unité du Parti ne peut se faire sans le respect du vote des militants dans le cadre de nos
règles de fonctionnement. Tout débat tranché par un vote devient la règle du Parti qui
s’applique à tous. Dans ce cadre, nous attendons beaucoup de nos nouvelles règles statutaires
pour mieux vivre ensemble. La place donnée à l’expression des fédérations et des élus locaux
dans le conseil national est essentielle.
Les combats de personnes sont destructeurs pour notre image et ce que nous voulons incarner
pour les Français : il faut, plutôt que de se quereller sans cesse, faire vivre les idées, combattre
pour affirmer nos idées face à la droite.
Accueillir en permanence de nouveaux adhérents et les associer à la vie du Parti
La mise en place d’un tarif de primo adhésion à 20 € a permis l’arrivée de nombreux
nouveaux adhérents. Nous n’avons collectivement pas toujours été à la hauteur pour organiser
leur accueil et les associer à la vie de notre parti. Avec le maintien de cette tarification, il est
essentiel qu’à tous les échelons de notre parti nous prenions mieux en compte ces nouveaux
camarades : accueil plus fraternel dans les sections, programme de formation à l’échelon
fédéral, intégration rapide dans les groupes de travail à tous les échelons de notre parti, ….
Un parti rassembleur de la gauche sans être hégémonique
S’il est vrai qu’aucune majorité de gauche ne peut se faire sans le Parti socialiste, il est tout
aussi vrai que seuls nous n’arriverons à rien. Pour l’instant, il serait vain de penser regrouper
tous les partis de gauche dans un seul et unique parti. Par contre, la gauche a besoin d’une
structure qui rassemble l’ensemble des partis qui combattent la droite et l’extrême droite et
qui se placent dans une perspective d’exercice du pouvoir.
Nous devons afficher notre fierté d’être « socialiste » (il semble parfois qu’on en a honte) et à
la fois être humble par rapport aux autres partis de gauche. Il faut mener un dialogue
permanent avec les autres partis de gauche et les syndicats avec comme objectif l’élaboration
d’un programme gouvernemental porté par un candidat unique dès le premier tour de
l’élection présidentielle et des candidats aux législatives représentatifs de l’ensemble de la
gauche. La base du dialogue avec les autres partis doit se faire sur la volonté de gouverner
pour défendre un projet de transformation de la société, et ceci sans aucun a priori.
Développer la présence du PS dans le mouvement social
En France contrairement à nos voisins allemands ou anglais, depuis la Charte d’Amiens en
1906, les combats politiques ont souvent été déconnectés des combats syndicaux. Au nom de
l’indépendance des syndicats, de la méfiance des politiques qui récupéreraient les
mouvements sociaux, le syndicalisme français est resté trop souvent dans l’opposition
systématique parce que sa ligne était souvent révolutionnaire. Les salariés ont aussi la volonté
de ne pas voir un combat local, a priori sans grand rapport avec une idéologie politique,
instrumentalisé et repris à son compte par un parti politique.
C’est au Parti socialiste de faire le premier pas. Sans démagogie, nous devons faire du
dialogue avec les salariés – notamment les plus pauvres – et des jeunes des banlieues la
priorité affichée au PS. Réactiver des sections d’entreprise, organiser des rencontres régulières
entre le PS et les syndicats pour discuter et avancer ensemble. Ce lien à construire au plus
près du terrain vaut à la fois pour la conquête du pouvoir, mais aussi pour l’exercice de celuici et la concrétisation de nos engagements.
Mener une offensive idéologique contre la droite
Avec Sarkozy, la droite mène un combat idéologique d’une grande ampleur avec la complicité
voulue ou subie de nombreux média. Les réformes en cours dans l’audiovisuel doivent nous
faire craindre le pire. Dans ces conditions, il est difficile pour la gauche et le Parti Socialiste
de faire connaître ses idées. Les nouvelles technologies de communication nous ouvrent de
nouvelles perspectives. Nous avons fait de gros progrès à l’interne pour communiquer entre
nous et être plus réactif. Nous devons passer à une nouvelle étape de communication vers
l’extérieur et occuper « la toile » avec plus de méthode et de pertinence. Les prochaines
élections européennes et régionales doivent être en la matière un champ d’expérimentation
pour les combats de 2012. Internet permet de réagir vite, de travailler en réseau, et ainsi d’être
plus efficace et de gagner du temps.
Travailler à construire ensemble le Parti Socialiste Européen (PSE)
L’organisation et l’expression du PSE s’est beaucoup améliorée au fil de la construction
européenne et de l’importance grandissante du parlement européen. Le travail au sommet de
l’ensemble des partis socialistes ou socio démocrates gagnerait à être complété par des
échanges locaux, par des jumelages de sections à travers l’Europe au gré des jumelages
officiels de collectivités à collectivités. A titre d’exemple, l’échange entre la section de Dijon
et le SPD de Mayence est toujours très fécond pour ce qu’il nous apporte sur notre identité
mais aussi pour mieux définir où nous voulons aller, en gardant bien sûr notre autonomie et
nos singularités.
Nous pouvons ainsi contribuer à rendre la construction européenne moins technocratique et
encourager ainsi une véritable Europe des peuples. Echanger avec nos camarades européens
au plus près de la réalité et du quotidien permet de mieux se faire comprendre. Le PSE peut
être une force de poids au Parlement européen comme il le montre à chaque débat. Une
information régulière sur les grands débats auprès de tous les adhérents des partis nationaux
membres du PSE européens pourrait nourrir utilement ces échanges transnationaux.
Une vision partagée du monde
Un capitalisme qui perd la tête ?
Non, le capitalisme ne perd pas la tête et ceux à qui la fortune et la chance sourient nous
répondront qu’il va très bien. Ce nouveau capitalisme financier mondialisé poursuit un but
bien précis et très clair : augmenter ses profits en cassant la représentation syndicale à
l’intérieur des grandes entreprises et en laminant les petites et moyennes entreprises. Les
multinationales réduites de plus en plus à des structures financières, peuvent déjà défiscaliser
leurs bénéfices en les déclarant hors de France et obtenir des aides de l’Etat en déclarant leurs
pertes en France et de ce fait privatiser les bénéfices et mutualiser les pertes.
A terme, la société sera réduite à une classe possédante et dirigeante composée de quelques
individus et une masse de travailleurs qui auront de plus en plus de difficultés à vivre du fruit
de leur travail.
Les désordres d’un monde mal régulé par les organismes internationaux
(environnement, alimentation, eau, guerres)
Actuellement, l’Organisation Mondiale du Commerce a pour mission de mettre en œuvre une
croissance économique dopée par la libéralisation du commerce des biens et des services à
l’échelle mondiale ainsi que la mise en place d’une juridiction des conflits commerciaux.
Selon les libéraux, cette croissance économique doit enrichir tous les pays et toutes les
couches sociales de chaque pays. La privatisation des outils de production de biens et de
services, la dérégulation organisée, l’abolition des règles financières anciennes, outils du
libre-échange, livrent les peuples sans défense, puisque ignorants des politiques décidées et
appliquées au niveau mondial, au chômage, à la précarité et à la pauvreté. Les classes
privilégiées continuent de s’enrichir et les pauvres sont encore plus pauvres qu’auparavant.
Il est impératif de rétablir un ordre mondial régulé en redonnant un réel pouvoir de
négociation, de décision, de sanction à un organisme mondial indépendant tel que l’OMC.
Si l’on songe aux échecs actuels de l’OMC, au blocage des négociations qui ne permettront
pas de faire aboutir le cycle de Doha, si l’on songe que le mandat de Pascal Lamy arrivera à
expiration le 1° septembre 2009, on peut penser qu’il est temps de participer activement au
combat pour imposer une économie mondiale qui ne reposerait pas sur l’idéologie néolibérale
et de revoir l’Organisation, sur le plan des objectifs à atteindre et sur celui d’un meilleur
fonctionnement
de
ses
institutions.
La politique néolibérale de cet organisme doit changer avec comme objectif de mettre le
commerce au service du bien-être des peuples, des populations y compris des plus pauvres,
afin d’évoluer vers une mondialisation harmonieuse où chacun pourra trouver sa place, un
niveau de vie correct et les moyens de s’épanouir, où les travailleurs seront respectés et traités
humainement, où les problèmes environnementaux seront enfin pris en considération.
L’hégémonie culturelle du libéralisme économique à laquelle il faut opposer une
nouvelle espérance socialiste dans le cadre de l’Union Européenne
Depuis la chute du mur de Berlin, le libéralisme économique et le capitalisme financier
dominent le monde : ils sont devenus le système de référence.
Les tenants du libéralisme économique imposent leur vision du monde en fonction de leurs
intérêts. L’affaire des subprimes, la spéculation sur le pétrole et les denrées agro-alimentaires,
les émeutes de la faim montrent que ce système mène le monde dans le mur.
En France, l’accélération de cette politique néfaste a des conséquences non seulement sur les
classes les plus défavorisées mais aussi sur les classes moyennes : franchises médicales,
temps de travail de plus en plus long, détricotage du code du travail, casse systématique des
services publiques et dérégulation dans tous les domaines et pour les jeunes un avenir de plus
en plus sombre.
A ce libéralisme mondialisé le Parti Socialiste doit opposer, non seulement un nouvel espoir
mais véritablement la construction d’une nouvelle société, d’une société solidaire ; à une
Europe du libéralisme économique, il doit opposer la construction d’une Europe sociale
humaniste qui pèse au niveau mondial.
La réussite de cette modification profonde de la société, qui doit être sous-tendue par un
développement durable, passe par un positionnement très clair du Parti Socialiste dans l’esprit
de sa nouvelle déclaration de principes.
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Les politiques à proposer au débat citoyen
Le congrès de Reims doit être l’occasion pour les socialistes de décider les grands chantiers
de réflexion que nous devons poursuivre dans le cadre d’une démarche participative avec
l’ensemble de nos concitoyens d’ici à l’élection présidentielle de 2012.
L’Europe
Le premier de ces chantiers est celui de l’Europe qui prend de plus en plus de place dans la
vie de chaque nation et dont les enjeux futurs sont de moins en moins compris. De plus, la
Présidence française jusqu’à fin 2008 et la perspective de l’élection des membres du
parlement européen en juin 2009 nous imposent un débat citoyen qui ne doit pas se limiter au
temps de la campagne officielle. Les interrogations sont grandes après le non au référendum
irlandais qui fait suite au non français et hollandais. La relance de la construction européenne
ne peut rester sans réponse. Sur les bases d’un projet commun à tous les partis socialistes et
socio-démocrates nous devons aborder les questions de l’évolution de l’espace européen, des
systèmes de décisions intra communautaires et des politiques communes notamment celles de
l’énergie, des services d’intérêt général et de l’environnement.
Les institutions
De révision en révision, la constitution de la Ve République que nous avons toujours
combattue sans jamais réellement la réformer quand nous étions au pouvoir, modifie
progressivement sa nature sans jamais l’avouer. Nous portons notre part de responsabilité
avec l’inversion du calendrier entre élection présidentielle / législative et la réduction à 5 ans
du mandat présidentiel qui font de l’élection présidentielle la clef de voûte de nos institutions.
Sans vouloir préjuger du devenir de la réforme constitutionnelle en cours, qui en l’état ne peut
être approuvée, il est du devoir de notre parti de proposer à nos concitoyens un schéma
institutionnel clair et cohérent entre pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Redonner le goût
de la chose publique à chacun passe par cet exercice.
Une vraie décentralisation
Avec l’acte II de la décentralisation et la Révision Générale des Politiques Publiques,
l’objectif poursuivi par la droite est la réduction des services de l’Etat au « minimum libéral ».
Ainsi, les services publics abandonnés par l’Etat deviennent des marchés offerts au secteur
privé avec une dégradation du service rendu et un coût prohibitif pour l’usager. Un double
mouvement est en cours : une privatisation rampante des services publics et la poursuite de
l’insidieux transfert de charges aux collectivités locales et territoriales. Une clarification des
compétences et des financements entre l’Etat, les collectivités territoriales et locales et les
structures intercommunales s’impose.
Réhabiliter l’impôt
Il est grand temps d’expliquer que sans fiscalité, pas de redistribution et sans redistribution,
les inégalités se creusent et le libéralisme économique est roi. La politique fiscale de classe
conduite par la droite est accentuée par la crise énergétique en cours et la hausse des prix des
produits de première nécessité. Nous devons être clairs et crédibles sur la politique fiscale que
nous voulons, non pas comme une fin en soi mais un moyen permettant à l’Etat de jouer son
rôle de régulateur et assurant une réelle correction des inégalités par la redistribution entre les
citoyens et une péréquation entre les territoires. L’impôt doit être au cœur d’une politique de
redistribution plus juste.
Une nouvelle croissance
Certains à gauche pensent que face à la nouvelle donne environnementale, la « décroissance »
est la réponse appropriée. La confrontation d’idées doit avoir lieu en rappelant que nous,
socialistes, héritiers du siècle des lumières, nous croyons au progrès. C’est pourquoi nous
revendiquons une politique de croissance fondée sur la recherche et l’innovation et prenant en
compte la raréfaction relative des ressources, l’environnement et la biodiversité. Pour cela,
nous devons être clairs sur nos choix énergétiques. Nous sommes convaincus que la création
de richesses supplémentaires avec une meilleure répartition de celles-ci est le seul moyen
permettant d’améliorer le sort des plus démunis de la planète.
Un pacte républicain pour le XXIe siècle
A l’image de ce qui a été réalisé à la Libération, nous devons être en mesure de proposer et de
débattre du contenu d’un pacte républicain autour de nouvelles solidarités tout au long de la
vie : éducation et formation, logement, transport, santé, inactivité, dépendance.
La construction d’une société solidaire ne peut se faire sans un Etat régulateur, garant d’une
juste redistribution entre les citoyens et les territoires avec des services publics forts et
performants.
Naturellement, la réussite de cette modification profonde de la société doit prendre en compte
le champ environnemental non comme une contrainte nouvelle mais comme une opportunité
de développement et de croissance économique.
*****
La fédération de Côte-d’Or du Parti Socialiste a souhaité participer au débat du congrès
de Reims par cette contribution qui résume plusieurs semaines de débats et de réunions
à partir de contributions individuelles. Deux thèmes complémentaires qui à notre avis
méritent un plus large développement sont abordés dans deux autres contributions : La
démocratie participative et l’avenir de l’OMC.