SOUTIEN PSYCHOSOCIAL ET PRISE EN CHARGE DES PVVIH A
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SOUTIEN PSYCHOSOCIAL ET PRISE EN CHARGE DES PVVIH A
S L AL CIIA OC SO OS HO CH YC SY PS NP EN TIIE UT OU SO E H VIIH VV PV SP ES DE ED GE RG AR HA CH NC EN EE SE RIIS PR TP ET A M AM NA TN ET VIIE OII -- V NO AN HA AH M C NC AN LA BL EB VE EV E--E RIIE AR MA R R ER HE TH ST ES PE GIIP eG urr lle ou po np on siio ss miis em de orrtt d po pp ap Ra A 4 04 00 20 vrriill 2 Av TABLE DES MATIERES PRESENTATION DE LA SITUATION 4 OBJECTIFS 5 1.POURQUOI UN SOUTIEN PSYCHOSOCIAL? 5 2.QUELLES DIFFERENCES ENTRE LE CONSEIL ET LE SOUTIEN ? 6 3.LES ACTIVITES MENEES A L’HOPITAL 8 •HOPITAL DE DONG DA A.LE SERVICE VIH B.UN PROJET D’ASSOCIATION D’AUTO-SUPPORT POUR LES PVVIH AU SEIN DE L’HOPITAL C.DES PSYCHOLOGUES A L’HOPITAL : LA FONDATION NT D.UNE SALLE DE COUNSELLING DE LA CROIX ROUGE AUSTRALIENNE (CRA) •HOPITAL SAINT-PAUL A.LE CENTRE DE COUNSELING VIH B.LE COMITE VIH DE L’HOPITAL C.LE SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS 8 8 8 9 10 12 12 12 12 4.LES BESOINS EMERGENTS 13 BESOINS MATERIELS 13 ALLEGEMENT DES SOINS MORTUAIRES 14 BESOINS DE FORMATION 15 BESOIN DE FORMATION 16 BESOIN DE MATERIEL IEC (INFORMATION EDUCATION COMMUNICATION) 16 BESOIN DE COMMUNICATION ET DE VISIBILITE EXTERNE POUR LE CENTRE DE DEPISTAGE ET DE 17 CONSEIL 5.CONTRAINTES ET OPPORTUNITES 17 DES OPPORTUNITES DES CONTRAINTES 19 19 6.RECOMMANDATIONS ET OBJECTIFS A REALISER A COURT TERME COMME PREALABLE A UNE MISE EN PLACE D’UN SOUTIEN PSYCHOSOCIAL 20 A. FORMATIONS B.MATERIEL POUR LE COUNSELING C.GROUPES DE PAROLES POUR LES EQUIPES SOIGNANTES D.UNE ETUDE DES BESOINS DES PATIENTS SOUS TRAITEMENT ARV ET DES BESOINS DES PERSONNES DEPISTEES 20 20 20 20 2 E.APPUI AUX ASSOCIATIONS ET RENCONTRES HOSPITALO-ASSOCIATIVES 22 7.REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 22 8.ADRESSES ET CONTACTS UTILES 23 9.ANNEXES 24 Nota Bene : Les propos et propositions qui sont développés dans ce rapport n’engagent que son auteur et non pas le GIP ESTHER. 3 PLANIFICATION DES ACTIVITES DE SOUTIEN PSYCHOSOCIAL DANS LA PRISE EN CHARGE DES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH DANS LE CADRE DU PROJET DE HANOI AU VIETNAM Présentation de la situation Le programme ESTHER, à la demande du gouvernement vietnamien, a pour objectif d’aider à l’organisation de la prise en charge des personnes séropositives au Vietnam, dans deux villes : Ho Chi Minh Ville et Hanoi. A Hanoi, le Comité d’examen des Projets du GIP ESTHER a approuvé en avril 2003 la mise en œuvre d’un appui visant à l’organisation des activités cliniques et biologiques pour une prise en charge conforme aux normes internationales dans l’hôpital Dong Da, hôpital de district chargé du traitement des malades, et l’hôpital Saint Paul, hôpital de spécialités appuyant les activités de diagnostic spécialisé mais aussi centre de dépistage. Des équipements ont été acquis, des médicaments ont été achetés, et les acteurs du système ont été formés par les partenaires des hôpitaux français (CH de Versailles et CHU de Limoges). L’organisation de la prise en charge médico-biologique étant en cours, il reste aujourd’hui à formaliser, avec les autorités responsables ainsi qu’avec les différents partenaires ONG et associations de malades, les modalités du soutien psychosocial d’ESTHER dans l’organisation de la prise en charge globale des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans et autour des deux hôpitaux. En termes de données, un travail d’identification des besoins exprimés à la fois par les personnes consultant dans les deux hôpitaux et les personnels de santé en charge du suivi des personnes, est en cours par le Centre d’études de Population de Hanoi, en collaboration avec Myriam de Loenzien chercheur à l’IRD. Par ailleurs, le Secours Populaire Français intervient depuis 1997 dans l’hôpital Saint Paul, et appuie les activités du centre de Dépistage et le Comité de prévention du VIH de cet hôpital. Les activités de cet hôpital sont en relation directe avec les activités de prise en charge réalisées à l’hôpital Dong Da, puisque les personnes dépistées à Saint Paul sont orientées à Dong Da pour la prise en charge thérapeutique du VIH. Il s’agissait donc pour la présente mission, de faire le point sur les activités de soutien psychosocial à mettre en œuvre, en intégrant les différents partenaires ONG et associations de malades pour appuyer la prise en charge psychosociale des personnes séropositives à Dong Da et Saint Paul. Les deux hôpitaux sont situés en plein centre ville, relativement éloignés des quartiers sud plus populaires (voir carte ci-dessous). 4 Objectifs Notre mission avait deux objectifs principaux : Tout d’abord, il nous fallait identifier les besoins des personnes en termes de soutien psychosocial à partir d’un groupe de travail constitué par les acteurs du programme. Cela consistait à : • Faire le point sur les activités déjà menées à l’hôpital par l’équipe soignante, les différentes associations ou intervenants ; • Proposer une méthode de travail pour appuyer la planification des activités. Dans un deuxième temps, nous devions évaluer les conditions de recrutement de conseillers et/ou d’accompagnateurs dans le cadre du soutien aux personnes vivant avec le VIH, en collaboration avec le superviseur des activités de soutien psychosocial déjà en poste pour ESTHER à Ho Chi Minh Ville, Melle Phan Xuan Thao. 1. Pourquoi un soutien psychosocial? Tout d’abord il semble très important dans cette phase de mise en place des traitements ARV d’éclaircir le principe de soutien psychosocial et son utilité dans la prise en charge des PVVIH. Le soutien psychosocial commence au moment du dépistage et se poursuit pendant tout le traitement des PVVIH. Il doit être la toile de fond de l’itinéraire thérapeutique des malades. Le soutien psychosocial ne doit pas être envisagé seulement à l’égard des malades, mais doit être conçu par rapport à la globalité de la prise en charge. Il concerne l’ensemble des acteurs dans la prise en charge des PVVIH. Il a essentiellement quatre fonctions : • Gérer les effets secondaires et éviter l’échec thérapeutique • Améliorer l’adhérence et l’observance aux traitements pour limiter les résistances et donc les coûts. Les résistances obligent le plus souvent à passer à des médicaments de 2ème ligne plus chers! 5 • Gérer la qualité de vie (soins palliatifs de fin de vie) • Soutenir l’équipe soignante, le patient, sa famille et son entourage Chaque acteur de la prise en charge des PVVIH doit trouver sa place dans le soutien psychosocial. Le counseling ou conseil n’est qu’un aspect et il faut définir avec précision ce que doivent être le conseil et le soutien plus globalement. Ceci nous a semblé être un premier préalable avant de concevoir la planification du soutien psychosocial. 2. Quelles différences entre le conseil et le soutien ? Le conseil est plus une méthode ou un outil pour aider les personnes confrontées au VIH/SIDA, mais ce n’est pas une panacée. Le soutien psychosocial est un ensemble d’activités telles que le conseil individuel ou familial, les groupes de paroles, l’aide sociale, l’orientation professionnelle pour retrouver une activité économique, l’aide juridique, les conseils nutritionnels, le conseil thérapeutique, etc... Il y en a bien d’autres que chaque société peut développer selon les attentes des malades et des familles de malades et aussi selon les critères de bien-être que chaque société souhaite pour sa population. Il s’agit ici de progrès sociaux importants qui bénéficieront en général à l’ensemble de la société et pour d’autres pathologies, même si l’épidémie de sida a créé des précédents. En cela on peut dire que le sida est un facteur positif de changement social important. Pour qu’il y ait soutien psychosocial et le développement de l’outil « conseil », il faut faire une évaluation psychosociale des familles ou des individus vivant avec le VIH. L’état de santé ne s’améliore pas qu’avec des médicaments. D’autres facteurs et conditions ont un impact sur la santé des populations : ce sont les déterminants de la santé. Les déterminants de la santé n’agissent pas indépendamment mais en interaction. Les déterminants de la santé peuvent être psychologiques, sociaux, économiques, culturels, religieux, environnementaux, génétiques ou encore liés au genre pour ne citer que ceux-là, mais il y en a bien d’autres. Dans le cas du sida, il semble d’après les études que l’accès à un logement et à un niveau nutritionnel suffisant sont deux facteurs essentiels dans le recouvrement de la santé après mise sous traitement ARV (anti-rétroviraux). Les malades du sida sont souvent enchaînés à des conditions sociales et psychologiques liées à la marginalité sociale. C’est dans ces cas qu’il faut encore plus s’adjoindre l’aide du conseil psychologique. Comment soigner un malade qui n’a pas de raison de guérir pour vivre une existence qui n’en vaut pas la peine et qui apporte plus de souffrances que de joie ? Tout thérapeute et le reste du personnel soignant lors de la première visite (mais aussi des suivantes) du malade sont à même de faire une évaluation psychosociale et économique de leur patient pour lui donner toutes les chances de bien suivre son traitement. Ils doivent être capable de reconnaître en interrogeant leur patient sur son parcours et son environnement les différents problèmes. Ils peuvent s’adjoindre au besoin l’aide de travailleurs sociaux ou d’accompagnateurs qui sauront orienter le malade vers les aides sociales, économiques, juridiques et/ou psychologiques disponibles à l’hôpital ou hors de 6 l’hôpital. C’est donc à l’hôpital de trouver des partenaires à l’extérieur pour se décharger de certains aspects du soutien psychosocial et se consacrer pleinement aux soins et au traitement des malades. Le conseil se retrouve donc en tête de la liste des activités à développer. Comme on le sait il peut y avoir plusieurs types de conseils : - le conseil pré et post-test (pour prévenir les traumatismes de l’annonce de la séropositivité et continuer la prévention au moment du dépistage); - le conseil thérapeutique (pour améliorer l’adhérence et l’observance); - le conseil nutritionnel ; - le conseil psychologique. Cette liste est loin d’être exhaustive. Mais chaque type de conseil requiert des professionnels ou bien des personnes formées spécialement pour ces types de conseil. Cependant il nous semble important que le conseil thérapeutique soit assuré par des médecins ou des infirmières. Le conseil ou counseling est originaire des Etats-Unis. Le principe du conseil est « une relation dans laquelle une personne tente d’aider une autre à comprendre et à résoudre des problèmes auxquels elle doit faire face » (English, 1958). Cela implique une conception de l’être humain comme responsable de ses actes et le seul actant pour ses projets de vie. Cela oblige l’individu à se saisir en permanence du sens de sa vie (Tourette-Turgis, 1996). On peut alors imaginer que le conseil n’est pas si aisé à mettre en place avec tel ou tel type de société ou groupe social. La culture peut être ici un frein et requiert une adaptation de l’outil « conseil ». Parfois il est plus juste de penser à du conseil familial qu’à du conseil individuel. On ne peut pas traiter l’individu en le déconnectant de son environnement familial quand celui-ci existe. La famille vietnamienne est ici à prendre en compte. On doit s’interroger sur ce que provoque l’irruption du sida dans les familles. Que signifie l’arrivée du sida en terme d’avenir pour une famille vietnamienne ? Dans notre précédent rapport nous avions montré comment l’enfant était un enjeu primordial dans la famille vietnamienne. Sans espoir de descendance, la famille éclatera (Blanc, 2003). Il faut aussi penser à la gestion des émotions au niveau individuel dans une culture si différente qu’est la culture vietnamienne. Les Vietnamiens font souvent le parallèle entre la guerre du Vietnam et la lutte contre le sida. Le counseling VIH connaît aussi ses spécificités. En France, le counseling VIH s’est développé dans les associations d’aide et de défense des malades, puis a été intégré au système de santé publique au niveau du dépistage. Les personnes qui pratiquent le counseling VIH doivent avoir une formation spécifique pour aider à maintenir la santé et la qualité de vie des personnes atteintes du VIH. Ils doivent aussi s’adapter aux différents publics : toxicomanes, homosexuels, adolescents, enfants, femmes par exemple. Avant la mise en place du soutien psychosocial, nous avons recensé les différentes activités déjà en place. Nous verrons par la suite comment nous pourrions les développer ou en concevoir d’autres en fonction des besoins des différents acteurs présents dans la prise en charge du VIH/Sida à l’hôpital. Notre présente étude propose un angle de vue différent de la précédente (Blanc, 2003) 7 car notre recueil des données et nos observations se sont faite à partir des hôpitaux dans lesquels se développe la coopération avec ESTHER. 3. Les activités menées à l’hôpital • Hôpital de Dong Da Nous avons fait un recensement des différentes activités ainsi que des ressources présentes en son sein et qui pourraient être valorisées dans la mise en place du soutien psychosocial. a. Le service VIH Le service consacré aux patients VIH+ à l’hôpital de Dong Da est neuf. Il a été ouvert en 2000 dans des locaux neufs, plus spacieux que les locaux anciens et plus clairs également. Le service comporte 20 lits (40 lits en tout pour le service des maladies infectieuses) pour 3 médecins (Dr Tuan, Dr Minh et Dr Hien), avec 2 infirmières le jour et 2 infirmières la nuit. Le travail principal de l’équipe soignante consiste dans le traitement des malades en interne et en externe. Il y a très peu de temps consacré au counseling bien qu’il y ait une salle réservée à cet effet (salle 112). Les médecins n’ont pas d’équipement ou de matériel pour faire du conseil. Cependant il y a deux groupes de conseils : un pour le pré-test et un autre pour le post-test. Les personnes qui viennent consulter sont des personnes en situation de multipartenariat, des personnes craignant la transmission du VIH au sein de leur couple, les agents du corps médical qui craignent les accidents d’exposition au sang (AES). Après le post-test ils organisent aussi la consultation pour les patients séropositifs et leur famille. En 2003, sur 1265 tests, 429 patients ont été dépisté VIH+ (33,9%). Il y a eu également des personnes non dépistées à Dong Da qui sont venues pour recevoir du conseil. La salle de conseil est ouverte deux après-midi par semaine. Mais ils n’ont pas de matériel, ni de préservatif à distribuer. De même que la grande majorité des patients sont incapables de payer le dépistage ou les soins. Les personnes dépistées reviennent souvent à cause du développement d’infections opportunistes (IO) et pour avoir des conseils supplémentaires. A l’intérieur du service, deux personnes séropositives, vivant à demeure à l’hôpital assurent du soutien pour d’autres malades. L’hôpital les héberge et les nourrie en échange de quoi ils assurent le rôle de ce qu’on pourrait appeler des « auxiliaires de vie ». Les familles d’autres patients les dédommagent également pour leur aide. b. Un projet d’association d’auto-support pour les PVVIH au sein de l’hôpital Le Dr Hùng a le projet de créer une association de personnes vivant avec le VIH au sein de l’hôpital. Elle se fonderait sur les premières personnes qui dans le service font déjà du soutien pour les autres patients d’une manière bénévole et sont intégralement pris en charge pour la nourriture et l’hébergement par l’hôpital. Cependant l'idée semble rencontrer des résistances auprès de la hiérarchie. Le Dr Hùng a des questions sur la formation des séropositifs. Bien que la conscientisation dans la communauté soit grande, l’éducation à la prévention et l’évaluation des capacités des séropositifs posent de nombreuses 8 questions. Nous sommes dans une société où la maladie sida touche des marginaux peu éduqués, mais aussi le sida stigmatise les personnes de conditions plus favorisées et les dégrade socialement, les rendant soudainement inapte au travail. Les rôles des soignants et des patients ne semblent pas clairement définis. On comprend que le choix d’une association de patients interne à l’hôpital rassure l’équipe soignante et du même coup la direction quant aux risques de non contrôlabilité de groupes qui viendraient de l’extérieur pouvant faire de l’activisme et soulever les patients contre l’équipe soignante. Les médecins ont peur d’y perdre leurs prérogatives dans le conseil thérapeutique par exemple. c. Des psychologues à l’hôpital : la Fondation NT La Fondation NT est le nom du centre d’études de psychologie et de psychopathologie infantile. Ce centre a été fondé en 1989 par le Dr Nguyên Khac Viên qui a fait ses études de médecine en France, pédiatre et psychologue. Il a participé à la résistance et compte parmi les intellectuels Vietnamiens les plus importants de l’histoire du Vietnam contemporain. Aujourd’hui son épouse Mme Nguyên Thi Nhat, psychologue, dirige la Fondation NT. Depuis 1991, ils ont ouvert une consultation en psychologie infantile à l’étage du service de pédiatrie de l’hôpital Dông Da. C’est l’équivalent d’un centre médico-psychopédagogique (CMP) français. Au CMP nous avons rencontré 4 jeunes psychologues tous âgés de 27 à 29 ans. Il se trouve que l’Université des Sciences sociales et humaines vient tout juste de livrer sa première promotion de psychologues. On réalise à quel point la psychologie est une discipline nouvelle au Vietnam. Mme Nhat explique ce fait par la mentalité confucéenne qui fait que la psychologie pénètre et se développe lentement. La société vietnamienne reste très empreinte de confucianisme et cela constitue un obstacle à la mise en place du soutien psychosocial. Le confucianisme a donné à la société chinoise puis à la société vietnamienne une morale qui fait agir l'individu vers l'harmonie de la société, mais demande le respect d'un ordre et de rites contraignant pour l'individu. Cela signifie que la construction de la personne ou de l’individu se fait par rapport au groupe (la famille généralement) et non par rapport à lui-même. Cela ne laisse pas beaucoup de part à l’expression d’un moi. Le seul point commun entre Confucius et la psychologie se trouve dans les principes que Confucius à développer pour améliorer l’éducation de certains étudiants en observant leurs aptitudes différentes et en adaptant des méthodes éducatives. Ainsi Confucius faisait de la psychopédagogie sans le savoir et c’est pour cela que ce domaine de la psychologie est le seul à s’être développé au Vietnam pour l’instant. Quant à eux, les jeunes psychologues possèdent des licences ou bien une maîtrise pour les plus âgés. Ils sont spécialisés sur l’enfant et perçoivent de prime abord difficilement comment intervenir auprès des patients séropositifs. Melle Phan Xuân Thao, superviseur des activités de soutien psychosocial pour ESTHER, leur expliqua qu’en plus des compétences générales qu’ils possèdent en tant que psychologues cliniciens, certains aspects de leur travail actuel (maternage, étayage, réassurance, etc.) auprès des enfants pourraient s’adapter et s’appliquer également dans la prise en charge des PVVIH, notamment dans le 9 cas de patients hospitalisés. De nombreux patients sont de jeunes adultes, voire des adolescents. Il y a peu de femmes, certains sont dans la détresse et l’abandon familial. Très vite le premier contact avec les jeunes psychologues de la Fondation NT se révèle positif, cependant Mme Nhat craignait que les parents des enfants ne viennent plus à la consultation s’ils apprenaient que les psychologues du CMP travaillent auprès des PVVIH. Nous retrouvons donc la peur de la contamination au VIH par la méconnaissance des modes de transmission. Il faudra donc pour les jeunes psychologues une formation pour ajuster les connaissances en matière de modes de transmission du VIH et de soutien des patients séropositifs, car l’hôpital de Dông Da possède en son sein par la fondation NT un potentiel important d’accompagnateur psychosociaux. d. Un support technique de la Croix Rouge Vietnamienne (CRV) et Australienne (CRA) pour la salle de counselling L’Hôpital de Dong Da a demandé à la Croix Rouge Vietnamienne et Australienne une aide technique pour la salle de counseling à l’hôpital (salle 112). Il faut dire que la CRA mène un programme de prévention éducative du VIH et des MST depuis une dizaine d’année avec la Croix Rouge Vietnamienne (CRV) du District de Dong Da. La CRV du district se situe à deux pas de l’hôpital de Dong Da dans la ruelle attenante et possède de vastes locaux. Ils ont formé de nombreux jeunes en peer education dans la deuxième moitié des années 1990. Les méthodes mises en œuvre étaient celles de l’éducation des jeunes entre eux. Elles semblaient convenir au milieu vietnamien et avoir des résultats prometteurs. Autrefois, le maître d’école s’appuyait sur les élèves les plus âgés ou les plus doués pour le seconder et s’occuper des plus jeunes. Il est aussi très fréquent au Vietnam dans les interactions sociales d’utiliser un tiers pour parler d’un sujet sensible à une autre personne afin d’éviter les pertes de face. Le Comité Populaire du quartier jouait aussi le rôle d’informateur et de recruteur de volontaires pour le programme de prévention1 de la Croix Rouge. On recrutait donc parmi les étudiants du quartier des volontaires pour administrer l’information de prévention aux adolescents. Les jeunes qui participaient à ce genre de club étaient souvent les enfants de personnes déjà actives dans les différentes organisations de masse. On peut aussi s’interroger sur le caractère réellement volontaire de ces peer educators fortement pressé par leur entourage et le comité populaire. La formation de peer educator concernait donc plutôt les classes moyennes instruites, et nous imaginons difficilement comment ces jeunes auraient pu délivrer de l’éducation de prévention à des pairs de milieux défavoriés. Une étude a montré cependant que les peer educators étaient moins motivés que des éducateurs sanitaires et moins enclins à aborder des sujets sensibles avec les personnes comme dans le cas du VIH (Bao et al., 2002). Cependant, les jeunes qui vivent en marge de la société et qui auraient davantage besoin d’informations de prévention autant sur le sida que sur les MST et les problèmes de toxicomanie sont d’autant plus inaccessibles. Il faut 1 En général, la Croix Rouge de district par l’intermédiaire du Comité Populaire envoie une lettre aux jeunes pour les inviter. 10 dire qu’ils sont considérés comme des délinquants et les porteurs des « maux sociaux » (tê nan xa hôi). Leur niveau d’éducation est faible, désocialisés, les jeunes s’organisent en bande et vivent de différents trafics. Très peu de prévention est développée auprès d’eux, la police exerce sur eux une action plutôt répressive. Seul, le Comité de Protection et de Soin à l’Enfance commence à se pencher sur le problème des enfants des rues et des situations à risques auxquelles ils sont confrontés par rapport à une contamination au VIH/SIDA. L’hôpital serait il le seul lieu pour toucher cette population en danger déjà touchée par le mal ? Il semble que oui. Une autre étude sur le counseling montre que les usagers vietnamiens auraient une préférence pour que le counseling se fasse à l’hôpital, mais les médecins étaient préférés aux travailleurs sociaux car garant d’un conseil juste et d’une validité médicale scientifique (Truong et al., 2004) lorsqu’il s’agit d’un conseil en vue d’une éducation thérapeutique. Cependant le soutien et le counseling effectués par des pairs (peer support/counseling) semblent plus efficaces (améliorant la qualité de vie et diminuant la détresse psychologique) qu’une thérapie de groupe avec un psychologue (Molassiotis et al., 2002). Un des obstacles principaux pour faire intervenir des peer educators séropositifs était la loi qui interdit d’employer des séropositifs dans les professions médicales. La directive du Molisa (Ministry of Labour, War Invalids and Social Affairs) datée du 25 octobre 1999 stipulait que les séropositifs sont exclus des professions suivantes : chirurgiens, dentistes et travailleurs de la santé, tatoueurs, coiffeurs, enseignants en maternelle et les employés de salons de beauté, restaurants et hôtels. Mais il semble que cette loi a été allégée dernièrement par la suite des demandes répétées des organisations internationales auprès du gouvernement pour l’amender. Cependant, il n’est pas sûr qu’en pratique la directive de 1999 soit complètement effacée des esprits. Il nous semble que, dans ce domaine et l’exemple de la CRA est instructif, nous devons aller pas à pas pour réussir. Nous avons appris qu’il existe un service de dépistage et de counselors à Dong Da et que le service VIH serait réticent à développer un autre volet de conseils supplémentaires. Les choses ne sont pas toujours claires, on ne nous présente pas toujours les activités comme déconnectées entre elles. Nos partenaires vietnamiens savent aussi que nous souhaitons une vision globale de la prise en charge du VIH. Cependant nous devons veiller à ce que les services travaillent entre eux et non pas en concurrence, malgré les objectifs de rentabilité de chacun. L’hôpital Dong Da paraît tantôt demandeur et prêt à bénéficier des expériences de « pilot projects » et tantôt réfractaires aux entités externes qui viendraient se greffer et faire concurrence aux dispositifs « maison » pourtant démunis de ressources techniques et matérielles. Cependant, la Croix Rouge a un statut tout particulier et c’est pourquoi elle est la seule association à rentrer à l’hôpital (Blanc, 2003). Il apparaît clairement que nous devrions favoriser l’entrée de nouvelles compétences et de ressources humaines au sein de l’hôpital, mais l’hôpital devrait assurer une coordination des activités sans craindre le double-emploi de telle ou telle compétence ou ressource. 11 • Hôpital Saint-Paul Pour l’hôpital Saint-Paul, nous avons fait le même recensement des activités ainsi que des ressources présentes en son sein et qui pourraient être valorisées dans la mise en place du soutien psychosocial. Cet hôpital est très différent de celui de Dong Da car il ne comporte pas de service VIH. L’Hôpital Saint-Paul est surtout centré sur la chirurgie, mais possède aussi des services de médecine interne, des services de pédiatrie, de gynéco-obstétrique, dermatologie, ORL. Il possède un service de bactériologie où s’effectue le dépistage du VIH. La plupart des tests VIH se fait en lien avec des actes chirurgicaux (83% sur les années 2002 et 2003). Les personnes dépistées sont dirigées automatiquement sur le Centre de Counseling VIH de l’hôpital. a. Le Centre de Counseling VIH Le Centre de Counseling fonctionne depuis 2001. Il a été mis en place grâce à l’action du Secours Populaire Français. 3 personnes sont affectées au Centre : 1 médecin (Dr Binh) et 2 infirmières. 742 personnes ont bénéficié du conseil du Centre. Premiers constats par l’équipe du Centre : - Le nombre de personnes à venir consulter pour du conseil est encore faible. L’équipe du centre attribue le faible nombre à une hésitation d’ordre psychologique et à la faible diffusion de l’information sur l’existence du centre; - Les connaissances des personnes qui viennent au centre sont très faibles; - Les personnes utilisent peu de préservatif surtout les toxicomanes. En moyenne, ils reçoivent 2 personnes par jour pour un dépistage gratuit. Cependant le nombre de visiteurs a doublé par rapport à l’année précédente. b. Le Comité VIH de l’hôpital Un comité du VIH a été crée à l’hôpital Saint-Paul en avril 2001, puis a suivi la création d’un comité d’hygiène et des infections hospitalières en février 2002. On constate encore ici combien l’épidémie à VIH/Sida permet de repenser la prévention à l’intérieur de l’hôpital et jusqu’au fonctionnement de l’hôpital luimême. L’hygiène revient au premier plan alors qu’elle avait tendance à être distancée par la recherche de technologie ou d’équipements de pointe. Cependant on n’a pas pu cerner clairement quel rôle pouvait avoir le Comité VIH de cet hôpital. Les agents de santé du Centre de Counseling lui reprochaient de ne pas assurer la publicité suffisante à l’extérieur pour attirer les visiteurs vers le dépistage gratuit. c. Le Secours Populaire Français Le Secours Populaire Français (SPF) est présent à l’hôpital Saint-Paul depuis 20 ans (1984). Après s’être occupé de la réhabilitation du service de nutrition infantile, le SPF s’est occupé de la réhabilitation des laboratoires pour renforcer les outils de diagnostics par les examens biomédicaux. Mais le point central des programmes de SPF à l’hôpital Saint-Paul a été la prévention et l’hygiène hospitalière. Le programme SPF sur la prévention du VIH à Saint-Paul a débuté en juillet 2001 en partenariat avec l’Association des Enseignants Sida de l’hôpital St-Antoine de Paris et un financement pour moitié venant du MAE (Ministère des Affaires Etrangères). Les deux axes de ce programme étaient la prévention par le dépistage et le conseil, ainsi que le diagnostic et le soin des IO (infections 12 opportunistes). C’est ainsi que le Centre de Counseling VIH fut mis en place. Mais également SPF a fait une formation très importante à la gestion de l’hygiène et du traitement des ordures hospitalières. C’est au SPF que l’on doit les boîtes en carton pour récupérer les aiguilles souillées. Le traitement des ordures représente 74 millions de dông par mois, soit 3823 euros, environ 46000 euros par an. Cette somme représente 10% des dépenses de l’hôpital. Cependant tous les déchets ne sont pas traités, notamment les déchets liquides. L’action de SPF a permis de mettre en évidence le gaspillage de tests par le dépistage trop systématique pratiqué par les services de chirurgie de l’hôpital, un mauvais diagnostic des IO ainsi qu’un problème important de sous-déclaration des AES (accidents d’exposition au sang). 4. Les besoins émergents Après avoir fait l’inventaire des activités présentes dans les deux hôpitaux nous avons évalué les besoins dans le domaine psychosocial. Il s’agit d’une évaluation générale et donc globale des deux dispositifs hospitaliers et non pas de l’évaluation psychosociale dont nous avons parlé plus haut qui s’adresse aux personnes touchées ou travaillant avec le VIH. • Les besoins des infirmières de Dong Da Contrairement à l’attente de l’équipe française, une demande en soutien psychosocial de la part des infirmières de l’hôpital Dong Da n’a pas émergé directement. Il faut savoir qu’il est délicat de faire parler des souffrances vécues au travail au risque de détériorer la résilience des personnels. La résilience est la capacité d’une personne à se relever et à aller de l’avant malgré l’épreuve. La souffrance révélée et confiée peut aussi bien provoquer un soulagement qu’une torture (Cyrulnik, 1999). Il faut respecter leur rythme et les accueillir en trouvant le dispositif adéquat aux personnels et à la situation qu’ils vivent. Nous y reviendrons plus tard. Ainsi, le soutien psychosocial n’a pas semblé correspondre à une attente clairement définie même si elle est sous-jacente à bien des égards. Les besoins qui nous ont été manifesté étaient de deux ordres : -des besoins matériels liés à l’organisation du service et liés à la redéfinition de la profession d’infirmier que produit le sida à l’hôpital vietnamien ; -des besoins de formation. Le sentiment d’inopérationnalité chez les soignants du VIH a été observé comme la première manifestation de la détérioration du bien-être émotionnel et physique des praticiens (Raviola et al., 2002). Ceci peut avoir un retentissement sur la profession médicale et sur le recrutement de nouveaux professionnels qui ne seront pas tenté de se lancer dans la lourde tâche que représente la prise en charge des patients du VIH/SIDA. Faut-il intervenir dès la faculté de médecine ? Besoins matériels La souffrance des soignants n’est pas verbalisée même si elle se cache dans le discours des infirmières par la litanie des difficultés qu’elles rencontrent dans les soins à apporter (parfois à inventer) aux patients du VIH. Les difficultés sont 13 multiples. L’abandon des malades par leur famille conduit à des problèmes au niveau : - de l’hygiène (toilette des malades), - de l’alimentation (les repas sont normalement pris en charge par les familles qui apportent la nourriture à leur malade), - des vêtements des patients (lessive et rechange également à la charge des familles). Le temps de travail des soignants est amputé par ces tâches qui s’accumulent alors qu’ils ne sont que deux infirmiers de jour et deux la nuit. De toute évidence, le manque de personnel rend aussi plus lourd la prise en charge des patients, la gestion de l’hygiène augmentant les risques de transmissions de maladies nosocomiales et accroît d’autant plus les risques de stress et de problèmes psychologiques chez les soignants. Cependant, seul le ministère de la santé décide des postes de médecins ou d’infirmiers dans les hôpitaux. Le débordement se fait encore plus sentir pour le soin à apporter aux personnes en fin de vie. La crainte de voir un patient décéder pendant la nuit les hante, surtout l’hiver car ils sont astreints de changer de vêtements et de prendre une douche une fois les soins mortuaires effectués. Les conditions ne sont pas idéales quand on sait qu’il n’y a pas de chauffage. Il faut signaler que le service connaît en moyenne un nombre de 10 décès par mois. Ceux qui décèdent à l’hôpital y sont rentrés en moyenne 2 ou 3 jours avant. Cela traduit bien à quel point la prise en charge des malades du sida est tardive. Mais c’est aussi pour l’équipe soignante un choc difficile à surmonter. La culpabilité d’avoir été inefficace est grande. Les soins mortuaires représentent pour les infirmières une des tâches les plus lourdes. Les mourants et les morts semblaient prendre plus de place que les autres patients qui auraient pu bénéficier de soins utiles. On sent un vif appel pour l’allègement des soins mortuaires même si il n’est pas verbalisé directement. Les regards en disent long. Allègement des soins mortuaires Nous avons été très étonné par le traitement des cadavres. Il se trouve que ces pratiques prennent racine dans l'époque coloniale. Chaque corps de patient mort du sida est javellisé entièrement (le protocole mentionne la « clorine »), les orifices sont bouchés, on attache les pouces des pieds et des mains. Ensuite il y a deux couches de linceuls de drap blanc et par dessus deux enveloppes plastiques avant de les mettre à la morgue et de les incinérer. Les médecins coloniaux insistaient beaucoup sur la désinfection des morts par épidémie (variole mais surtout peste et choléra), l'idée sous-tendant cette insistance, ambiguë d'ailleurs (le pastorisme a démontré que les virus/ microbes ne volent pas, ce sont plutôt les réminiscences de théories aéristes; mais n'oublions pas pour autant le prosélytisme d'une santé publique en contexte épidémiologique mal dominé) étant le risque zéro: ainsi avait-on tendance à inculquer aux professionnels vietnamiens mais aussi aux profanes à procéder à une chlorisation ou javellisation des morts avant, de préférence, de les incinérer. Une des choses qui avait frappé les premiers médecins coloniaux était que les 14 morts par épidémie (surtout de choléra) ne faisaient pas l'objet de protection particulière et surtout se retrouvaient de temps à autre jetés dans les rivières (mais cela nous renvoie à des conceptions étiologiques pré-scientifiques/ bactériologiques). Ce protocole concernant les soins mortuaires date de juillet 2000 et émane du service de la santé de Hanoi (Sô Y tê Ha Nôi), il a été mis en place à l’hôpital de Dong Da au moment de l’ouverture du service. On trouve le protocole affiché dans la salle où les infirmières préparent les soins. Il serait intéressant que ESTHER ait des contacts au niveau du Ministère de la Santé (Bô Y tê) pour tenter d’alléger ce protocole qui n’a pas raison d’être dans le cas de patients décédés du sida. Nous, Français, en sommes responsables au regard de l’histoire qui nous lie au Vietnam et à l’introduction de la biomédecine dans ce pays. Bon nombre d’attitudes discriminantes et stigmatisantes à l’égard des malades ont leur origine dans les premiers contacts entre Vietnamiens et Français. C’est sous le règne de l'empereur Gia Long (début du XIXe siècle) que le médecin français Despiau est appelé pour combattre une épidémie de variole (Marr D., 1987: 178; Hoang Bao Chau, Pho Duc Thao et Huu Ngoc, 1993: 25). Ce même médecin organisa à la demande de l'empereur l'isolement des lépreux en villages spéciaux (Gaide et Bodet, 1930: 5) Les chefs de quartier et de village avaient obligation de déclarer aux autorités coloniales tout cas de maladie contagieuse, comme la peste ou le choléra. La désinfection des lieux et l'isolement des malades sont appliqués systématiquement. Une habitation où se trouvent des malades devait aussi être signalée par un rameau vert ou un écriteau suspendu à sa porte. On peut ainsi aisément se représenter les comportements discriminatoires à l'égard des malades supposés de choléra ou d'une autre maladie contagieuse, et, encore plus, des zones d'habitat précaire et pauvres considérées comme insalubres et foyers d'épidémies. On suspecte et on dénonce pour la protection de la santé publique de l'Indochine (Blanc, 1999). Le temps a passé depuis la décolonisation, cependant les Vietnamiens scrupuleusement appliquent les enseignements des Français. On ne saurait les en blâmer. Cette assiduité leur a sans doute permis de mieux combattre le SRAS et la grippe aviaire. Dans le cas du sida, les pratiques sont excessives au regard de la réelle contagiosité d’une personne décédée du sida, ce qui est valable aussi pour la France. Certains de nos hôpitaux s'arrogent le droit de placer le corps des personnes décédées du sida dans un cercueil ordinaire et de le fermer immédiatement, ou, parfois, simplement dans une housse. Dans les deux cas, les proches ne peuvent pas voir le défunt. La normalisation de la maladie passera aussi par la normalisation de la mort causée par le sida. Cela veut dire que les connaissances sur la contagiosité d’une personne atteinte de sida sont à réactualiser aussi auprès des décideurs, des gestionnaires de la santé publique, des morgues et des pompes funèbres. Au Vietnam, les croque-morts se tiennent à l’écart de ces malemorts du sida. Besoins de formation Si les besoins en formation sont multiples et à tous les niveaux de la gestion de l’épidémie à VIH/SIDA, les infirmières ont clairement énoncés leurs besoins en la 15 matière. C’est certainement la catégorie la moins au fait des traitements pour cette pathologie, la moins instruite car la maladie est récente et son enseignement est limité. Un retard de formation est à combler d’urgence. Il serait souhaitable que le savoir ne se cantonne pas aux médecins et soit aussi distribué aux infirmières. Elles seront pour eux de précieuses auxiliaires. La hiérarchie doit donc prendre en compte cet intérêt pour le savoir. Nous craignons que devant leur hiérarchie les infirmières ne puissent pas exprimer leur demande. Les besoins en formation sont variés et nous avons pu les identifier les uns après les autres : • Les différents modes de transmission du VIH ; • la prévention des AES ; • les traitements et leurs effets secondaires ; • les soins palliatifs (gestion de la douleur et accompagnement de fin de vie) ; • le sevrage des toxicomanes et la gestion du manque et des violences dans le service ; • l’hygiène (gestion du sale et du propre). Comme nous l’avions mentionné dans notre précédent rapport (Blanc, 2003), apprendre aux médecins, aux autres agents de santé à avoir des gestes sûrs pour ne pas avoir peur des malades est fondamental pour lutter contre les discriminations. Cela doit passer par un matériel adéquat et des mesures d’hygiènes bien définies, mais aussi par une formation de qualité. La crainte des AES et du risque de transmission du VIH chez les soignants, la surcharge de travail par manque de personnel, des locaux encore à adapter font des infirmières des agents de santé inconfortables dans leurs tâches de tous les jours. Elles doivent devenir sûres d’elles, efficaces et performantes pour redevenir rassurantes et de nouveau donner l’espoir au malade qu’il peut s’en sortir. • Besoins des conseillers de St Paul et Dong Da Lors de notre séjour nous avons eu plus de contact avec les conseillers de SaintPaul que ceux de Dong Da, mais nous supposons que les besoins sont identiques, même si Saint-Paul semble avoir plus d’expérience pratique. Besoin de formation Le premier besoin exprimé fut celui d’une formation solide aux techniques d’entretien, au conseil pré-test et post-test, à la prévention primaire et secondaire, à l’éducation thérapeutique, à l’observance, gestion des AES et leur prévention. Les conseillers de Saint-Paul n’ont jamais reçu de formation pour développer leurs compétences. Il y a actuellement trois personnes en charge du conseil. On devrait pouvoir organiser une formation spécifique pour ce personnel ainsi que pour les conseillers de Dong Da. Besoin de matériel IEC (Information Education Communication) Pour asseoir le conseil auprès des patients comme des soignants, les conseillers ont besoin de support et de matériels (livres pour le conseil, dépliants 16 d’éducation sanitaire au VIH pour les patients, etc…). Très peu de matériel existe en langue vietnamienne. Il serait donc grand temps de produire un matériel adapté au contexte culturel vietnamien et non pas toujours traduire des documents des pays occidentaux et industrialisés. Besoin de communication et de visibilité externe pour le centre de dépistage et de conseil L’équipe de Saint-Paul s’étonne du nombre limité de visiteurs au centre et pense que le centre ne bénéficie pas d’une bonne visibilité à l’extérieur. Il est certain que davantage de publicité sur ce dispositif pourrait amener des personnes supplémentaires. Le centre de Saint-Paul doit être intégré au réseau de lutte contre le VIH par le Service de santé de Hanoi. Il doit être inscrit parmi les lieux où les patients peuvent y trouver des ressources sur le problème. Mais il faut aussi s’interroger sur les réticences du public à venir se faire dépister et conseiller. La crainte que l’anonymat ne soit pas respecté ainsi que le secret médical a toujours été un frein au développement de ce type de dispositif. Nous avons observé la même réticence par rapport au secteur publique dans les consultations de MTS (maladies transmises sexuellement). Ceci a mené les patients à aller consulter de préférence les médecins dans le privé exerçant en libéral. Ce qui a mené à une multiplication de cabinets spécialisés dans tous les quartiers de n’importe quelle ville du Vietnam. Donner une visibilité à un centre n’augmentera pas radicalement le nombre de visiteurs. Certains patients, nous dit-on, ont encore peur de venir chercher les résultats de l’analyse. Il nous est arrivé de voir la même chose à la consultation VIH de l’Institut Pasteur à Ho Chi Minh Ville qui pourtant bénéficie d’une bonne renommée et un des centres où les gens viennent refaire leur test pour en vérifier l’exactitude. Mais très fréquemment ce sont les parents et les mères ou grand-mères qui viennent chercher les résultats et reçoivent le counseling à la place des patients. Certes, nous sommes en Asie, et il y a une face à gérer vis-àvis de la société. On ne veut pas être reconnu par un voisin ou une connaissance (Blanc, 2003). Le seul moyen pour améliorer l’accessibilité au centre de conseil et de dépistage est d’améliorer le conseil pré et post-test en mettant l’accent sur l’anonymat et le caractère gratuit. Avec le temps les attitudes changeront. Les conseillers de Saint-Paul pourraient prendre exemple sur les VCT déjà opérationnels au Vietnam dont celui de Ho Chi Minh Ville dans le district de Binh Thanh (ancien café BCS2 de MDM France). 5. Contraintes et opportunités L’un des principaux problèmes en matière de lutte contre le VIH au Vietnam est le problème des discriminations. Le très intéressant rapport de l’ISDS est instructif à ce sujet (Khuat et al., 2004). Pour sortir de l’impasse et en finir avec les discriminations, une seule solution est à la portée du Vietnam. Elle repose sur deux éléments : premièrement, le recours à la société civile et aux groupements de malades et de familles pour changer le statut social négatif de la maladie ; et le développement du travail social (secteur inexistant dans ce pays où il n’a ni 17 statut professionnel ou cadre légal) ; deuxièmement, l’arrêt de la répression et de la criminalisation des personnes atteintes ; et, troisièmement, le respect du secret médical et de l’anonymat dans le dépistage et le soin des patients VIH. 18 Des opportunités : -Il y a au Vietnam énormément de ressources et d’expériences, doublées de volontés, et même parmi les plus pauvres et les moins éduqués. L’éventail d’associations et de groupes basés dans la communauté illustre de lui-même le potentiel. Nous avons répertorié sur Hanoi près d’une dizaine d’associations locales dont certaines ont des activités dans le reste du Vietnam (se reporter au répertoire des associations figurant dans mon dernier rapport d’avril 2003). A ce premier répertoire de nouvelles associations, il faut ajouter Policy Project qui a reçu récemment son agrément pour soutenir le gouvernement et les PVVIH dans leur réponse à l’épidémie. Policy Project est financé par USAID. L’une des activités de Policy Project est de renforcer la participation des PVVIH dans le cadre du principe de GIPA (Greater Involvement of People Living with HIV/AIDS). Il est aussi à noter une nouvelle expérience menée dans le district de Gia Lam avec l’ouverture ce printemps d’un café pour personnes séropositives (café PP) où il y a possibilité de recevoir du conseil et de l’information de prévention. -L’avantage est que nous sommes dans un secteur encore peu développé et où l’Etat pourrait laisser le champ libre aux associations tel un « laboratoire social » pour trouver un modèle adéquat de soutien psychosocial aux malades du sida en partenariat avec les hôpitaux traitants. L’hôpital doit savoir aussi sortir de ses mûrs et aller à la recherche de compétences extérieures en matière de soutien psychosocial et se consacrer ensuite et pleinement aux soins et aux traitements. Des contraintes : -Les associations et structures auprès de la communauté sont toujours assez isolées dans un espace choisi ou parfois imposé par les autorités. Il n’y a pas assez d’échanges entre elles pour tirer partie des expériences. Il est aussi rare que les expériences soient menées sur des longues périodes alors que la question de la prévention du sida demande une attention et un renouvellement constants. Seule la Croix Rouge semble y faire exception. -Il y a aussi une séparation nette entre agents sociaux et agents de santé. En effet la plupart des associations dépendent de tout autre chose que des départements de la santé. C’est un pays où il faut vraiment créer des ponts entre les professions. Il y a trop de segmentations dans la société vietnamienne. - Malgré cela, une formation spécifique pour les associations qui feraient le suivi des personnes séropositives serait une très bonne chose, car cela ferait sortir les associations et leurs adhérents de la marginalité et de la discrimination. En soi, c’est déjà tout un programme de réinsertion sociale et professionnelle. Après avoir fait l’inventaire des différentes activités, il nous faudrait aller plus en profondeur et prendre du temps pour évaluer la gestion des stigmates, les aides économiques disponibles pour les malades et leurs familles, la mobilisation de la société civile, le rôle des communautés religieuses pour l’aide spirituelle entre autres. A ce stade nous voyons bien encore à quel point les contraintes sont grandes pour aller de l’avant. Cependant le Vietnam a en main de nombreuses 19 opportunités pour aller vers la mise en place du soutien psychosocial au-delà de l’hôpital. Le lien entre les institutions est juste un peu difficile à trouver. Il faut aider nos collègues vietnamiens à trouver les passerelles entre la communauté et le monde hospitalier/médical. 6. Recommandations et objectifs à réaliser à court terme comme préalable à une mise en place d’un soutien psychosocial a. Formations • Formation du personnel soignant revoir les connaissances du VIH et sa transmission, revoir les gestes professionnels (cela concerne essentiellement les infirmières) • Formation au conseil en deux volets: un volet de prévention (pour un dépistage précoce, pour une éducation des comportements individuels des VIH+), un volet sur l’éducation thérapeutique qui s’adresse aux patients mis sous ARV Æ 1ère Session de formation à HCMV (du 2 au 9 avril 2004) Æ Contacter l’Association Counseling Santé et Développement (voir coordonnées plus bas). b. Matériel pour le counseling • Créer les supports IEC et une communication autour du centre de dépistage qui soit réellement positive, non discriminante pour les personnes. c. Groupes de paroles pour les équipes soignantes Une fois les formations faites et le travail réorganisé, la mise en place de groupes de paroles pour les équipes soignantes au sein de l’hôpital permettrait d’assurer leur soutien psychologique. Des échanges entre les infirmières de Dong Da et de Saint-Paul pour un transfert des compétences et des expériences permettraient l’amélioration du fonctionnement du service et la prévention de l’épuisement professionnel. d. Une étude des besoins des patients sous traitement ARV et des besoins des personnes dépistées Pour une prise en charge globale et intégrée (médicale, sociale, économique et psychologique) de la maladie, il nous faut évaluer avec précision les besoins des patients mis sous traitement ARV et les personnes dépistées récemment. Une étude peut être un bon outil pour mettre en évidence les besoins psychosociaux. Un projet d’étude a été élaboré en ce sens et présenté par Myriam de Loenzien (IRD) (voir document complet en annexe). Les objectifs de cette étude sont nombreux et ambitieux et sont au nombre de 5 : identifier les besoins des 20 patients hospitalisés et des personnes dépistées, documenter l’adhérence et l’observance aux ARV, identifier les institutions pouvant intervenir dans le soutien psychosocial à l’hôpital, évaluer les activités de soutien psychosocial, améliorer la qualité du soutien psychosocial et l’intégration des services des deux hôpitaux. A notre avis cette étude se propose d’embrasser trop d’objectifs à la fois. Soit on se concentre sur les besoins des malades et des familles, soit on étudie l’adhérence et l’observance pour cela il faudrait déjà avoir du recul et plusieurs mois de traitement à observer. Il nous semble aussi que la réalisation de l’étude proposée en moins d’un an ne soit pas très réaliste. Une quarantaine d’entretiens approfondis et leur analyse demande beaucoup de temps. Les aspects éthiques nous semblent aussi négligés quant aux conditions dans lesquelles pourraient se dérouler les entretiens auprès des malades hospitalisés (état de fatigue extrême des malades, quid de l’anonymat dans une chambre collective ?). L’étude quantitative des registres de personnes dépistées apportera peu pour comprendre les besoins psychosociaux des personnes. Ces registres sont-ils d’ailleurs fiables sachant la crainte des patients de dévoiler leur identité complète ? La méthodologie doit être orientée définitivement vers davantage de qualitatif. Une revue de la littérature existante sur le sujet permettrait de circonscrire davantage les vrais questions à développer dans une étude de ce type. Le partenariat avec des chercheurs vietnamiens en sciences sociales doit être développé. Il serait bon de s’allier avec des spécialistes en psychologie et autres spécialistes du travail social et de l’intervention. Pour nous, il serait utile de comprendre l’itinéraire des patients, pourquoi ils arrivent si tardivement au dépistage et seulement quelques jours avant leur mort à l’hôpital ? Quelques études ont déjà commencé à donner quelques éléments de réponses à cette situation (SDRC, 2002 ; ISDS/ICRW 2004). Le stigmate qui pèse sur la personne séropositive et les discriminations auxquelles elle doit faire face sont responsables de cet itinéraire chaotique. L’étude du SDRC montre que les personnes vivant avec le VIH attendent surtout une compréhension de la part des personnels soignants et des médicaments appropriés, des possibilités de travailler et de continuer à avoir un revenu décent, de ne pas subir l’opprobre du reste de la communauté. Les mêmes besoins ont été identifiés chez des patients VIH+ à Hong Kong, c’est-à-dire dans un contexte de culture sinisée et confucéenne où les malades souffrent d’un stigma sévère. De plus on a noté une demande pour un conseil très individualisé et personnalisé garantissant la confidentialité du conseil (Molassiotis et al., 2001). Un autre aspect serait à mettre en évidence chez les usagers du soutien psychosocial : quel praticien souhaiteraient-ils avoir pour le soutien et le conseil ? médecin ? peer educator ? éducateur sanitaire spécialisé VIH ? psychologue ? Pour un soutien psychosocial efficace, il serait souhaitable de savoir ce que les intéressés eux-mêmes attende. Ce n’est qu’après une telle étude que nous saurons qui recruter pour des conseillers, des auxiliaires de vie ou autres. 21 e. Appui aux associations et rencontres hospitalo-associatives Cependant, en attendant il faut favoriser les échanges entre monde associatif et monde hospitalier. On pourrait imaginer la tenue de rencontres hospitaloassociatives où les associations de soutien au PVVIH et leur famille pourraient venir à l’hôpital et exposer leurs projets et surtout montrer leur capacité. Néanmoins, ces rencontres devraient contenir aussi un volet de travail sur le terrain dans la communauté. Il serait bon pour les médecins de sortir de l’hôpital et d’aller dans la communauté à la rencontre des personnes vivant avec le VIH. Les associations pourraient faire montre de leurs compétences sur le terrain et de leur action de soutien direct au PVVIH. Il est grand temps de décloisonner les deux mondes et d’établir des passerelles de vie et d’échanges pour mieux construire ensemble le soutien psychosocial et économique à destination des PVVIH. Cela permettrait aussi à l’hôpital de vérifier quelles sont les associations les plus avancées dans le soutien aux PVVIH et leurs familles. Cela permettra aussi aux associations de prouver leur efficacité dans ce domaine d’intervention si particulier et d’éviter les groupes qui s’y positionnent sans réelle compétence mais seulement pour capter des financements. 7. Références bibliographiques Bao, V.N. ; Pulerwitz, J. ; Guest, P.; Thao, L.T.L.; Dinh, D.X. ; Xuyen, T.K. (2002) Who makes a good HIV/AIDS educator ?: Peers versus visiting health educators of migrant construction workers in Vietnam. Barcelona: the XIV International AIDS Conference (Abstract Code:TuPeF5337) Blanc, M.-E. (1999) « Des "maladies sociales" à l'épreuve de la modernité? Aperçu ethno-historique sur la gestion des épidémies au Vietnam » [ «Social diseases» tried by modernity? Ethno-historical survey on epidemic management in Vietnam], Mekong Malaria Forum, Regional Malaria Control Program in Cambodia, Laos and Vietnam supported by the European Commission in collaboration with ACTMalaria, SEAMEO TROPMED and WHO, n°4, oct . 1999, pp. 55-73. Blanc, M.-E. 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(1987), "Vietnamese attitudes regarding illness and healing", in Death and disease in Southeast Asia: explorations in social, medical and demographic history, Ed. by Norman G. Owen, Singapore: Oxford University Press, Southeast Asia Publications Series, 14: 162-186. Molassiotis, A.; Callaghan, P.; Twinn, S.F.; Lam, S.W. (2001) Assessment of needs of adult symptomatic HIV patients in Hong Kong. AIDS Care, 13, 2: 177189. Molassiotis, A. ; Callaghan, P. ; Twinn, R.N. ; Lam, S.W. ; Chung, W.Y. ; Li, C.K. (2002) A pilot study of the effects of cognitive-behavioral group therapy and peer support/counselling in decreasing psychologic distress and improving quality of life in Chinese patients with symptomatic HIV disease. AIDS patient Care and STDs, 16, 2: 83-96. Raviola, G.; Machoki, M.; Mwaikambo, E. ; Delvecchio Good, M. J. (2002) HIV, disease plague, demoralization and “burnout”: resident experience of the medical profession in Nairobi, Kenya. 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Adresses et contacts utiles - Association Counseling, Santé et Développement 26 rue de Rochechouart 75009 Paris http://www.counselingvih.org/ Présidente : Maryline Rébillon - ISDS Bureau 906, Bât 17T5 Quartier Do Thi Trung Hoa, Nhân Chinh Rue Trân Duy Hung, District Câu Giây Hanoi Tel 84 4 2510232/3 Fax 84 4 2510250 23 - Fondation NT 46 Tran Hung Dao Hanoi Directrice : Mme Nguyen Thi Nhat (francophone) Tel : 84 4 8 262 996 (ext. 131) 84 4 9 437 687 Fax 84 4 8 269 578 e.mail : [email protected] http://www.edu.net.vn/ntc - Policy Project 6 Phan Chu Trinh Hanoi Tel 84 4 9361922 Fax 84 4 9362194 Contact: Ms Ngoc portable 0913585360 Country manager: Tran Tien Duc [email protected] ou [email protected] 9. Annexes N°1 Projet IRD/ISDS N°2 Liste des participants à l’atelier psychosocial 24 Plan de recherche Continuité de la prise en charge sociale des séropositif pour le VIH : Etude sociale et démographique dans les hôpitaux de Dông Da et de Saint-Paul (Hanoi) Justification de la recherche Au cours des dernières années, le nombre de séropositifs au Viêt-Nam en général et à Hanoi en particulier, n’a cessé d’augmenter. L’épidémie risque de se généraliser. Or, le dispositif de prise en charge des séropositifs nécessite d’être renforcé. Dans le cadre de leur initiative mondiale « 3 x 5 » de développement de l’accès aux traitements antirétroviraux, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Onusida ont effectué au Viêt-Nam un travail exploratoire en mars 2004. La prise en charge des personnes séropositives comprend non seulement la réalisation du dépistage VIH, la fourniture d’antirétroviraux, mais également l’accompagnement psycho-social des patients et de leur entourage dans l’optique du développement du continuum des soins. Il doit conduire, en améliorant à la fois le moral et les conditions de vie des séropositifs, à optimiser l’adhérence, l’observance et les résultats des traitements médicaux ainsi qu’à contribuer à une meilleure prévention du VIH. Pour cela, il est nécessaire de documenter la situation des personnes séropositives, celle des infrastructures sanitaires et acteurs de la lutte contre le VIH/sida susceptibles d’intervenir et de définir la forme que prendra la prise en charge des patients dans son ensemble. Le programme Esther (Ensemble pour une Solidarité Thérapeutique Hospitalière En Réseau) créé en 2001 a pour objectif l’échange d’expertise et d’expérience pour le traitement de personnes infectées par le VIH/sida dans le cadre de partenariats entre hôpitaux et infrastructures sanitaires dans divers pays du monde. Au Viêt-Nam, deux projets sont en cours, l’un à Hô-Chi-Minh-ville, l’autre à Hanoi. Chacun prévoit la prise en charge de 100 patients séropositifs. A Hanoi, une convention a été signée en juin 2003. Elle implique les hôpitaux français de Limoges et Versailles et les hôpitaux vietnamiens de Dông Da et Saint-Paul (projet Esther, 2003). Les premières inclusions sont prévues pour début 2004. Depuis juin 2001, l’hôpital Saint-Paul effectue un dépistage VIH gratuit en collaboration avec le Secours Populaire Français et l’Association des Enseignants SIDA de St Antoine (AESSA, France). Sur les années 2002-2003, ce service reçu 742 personnes en 2 ans, soit un peu plus d’une par jour dont 90% venaient de l’extérieur. On dispose de peu d’informations sur ces personnes venues en consultation externe mais selon des données statistiques récentes (SPF, 2003), environ 10% sont séropositives pour le VIH. Par ailleurs, certaines personnes ne viennent pas chercher leur résultat sérologique. Dans le cadre du projet Esther et sur décision du service de santé de Hanoï, il est prévu que les personnes séropositives présentant des problèmes de santé nécessitant une mise sous traitement antirétroviral soient référées à l’hôpital Dông Da (Hanoi). Depuis 1996, le service des maladies infectieuses de l’hôpital Dông Da mène des activités de conseil, de dépistage et de prise en charge de patients séropositifs. Il dispose d’un service externe et d’un service hospitalier. Le premier a reçu en consultation un total de 251 personnes séropositives en 22 mois (2002 et les dix premiers mois de l’année 2003), parmi les quelles 94 ont reçu un traitement antirétroviral (Rapport sur les activités de prise en charge et de traitement des personnes séropositives à l’hôpital Dông Da, 2003). Le service hospitalier où travaillent 7 médecins dispose aujourd’hui de 40 lits pour 250 à 300 patients hospitalisés par an. Au moment du passage des médecins français (novembre 2003), 25 à 30 patients étaient hospitalisés, dont 10 suivaient un traitement antirétroviral. Par ailleurs, l’hôpital collabore (avec les centres de santé des arrondissements) au dépistage, au conseil et à la prise en charge de la population séropositive. 25 Dans les deux hôpitaux, la prise en charge sociale des séropositifs est encore faible. Ceci s’explique en partie par la faiblesse des organisations d’aide au séropositifs présentes à Hanoi, la surcharge de travail du personnel disponible, mais aussi un manque d’information sur la prise en charge sociale des séropositifs. Objectifs de la recherche - Identifier le niveau actuel et les besoins de prise en charge psycho-sociale des personnes séropositives hospitalisées dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital Dông Da et des personnes externes recevant un conseil et effectuant un test VIH dans les hôpitaux de Dông Da et de Saint-Paul, - Documenter l’adhérence et l’observance aux traitements des personnes sous antirétroviraux, - Identifier les ressources et institutions potentielles susceptibles d’intervenir dans la prise en charge psycho-sociale des séropositifs dans les deux hôpitaux, - Fournir des indicateurs permettant le monitoring et l’évaluation des activités de prise en charge psycho-sociale des séropositifs, - Proposer des mesures pour développer et améliorer la qualité et l’intégration des services de conseil, d’information, de communication et de prise en charge sociale des séropositifs dans les deux hôpitaux. Cadre théorique Les relations entre objets d’étude sont représentées dans le schéma ci-dessous : Caractéristiques socio-économiques et démographiques des consultants Organisation du système de santé et des infrastructures sanitaires Associations et acteurs de la lutte contre le VIH/sida Conseil, information sur le VIH/sida Test VIH Continuum des soins médicaux et psychosociaux Problèmes liés à la séropositivité Accessibilité des soins et services prise en charge sociale prise en charge médicale Méthodologie de l’étude Il s’agit d’une étude réalisée parallèlement au développement d’une organisation de conseil, de dépistage, de prise en charge sociale et médicale des séropositifs. Des propositions d’amélioration seront faites puis mises en œuvre et évaluées pendant la réalisation de l’étude. Les opérations de collecte de données comprennent : 26 Etude des services de conseil et dépistage du VIH dans les deux hôpitaux - Réalisation de 10 entretiens avec le personnel du centre/service de dépistage et de conseil : conditions de travail, perception de la prise en charge sociale, psychologique et sanitaire des personnes séropositives, et les activités liées à la lutte contre la toxicomanie. - Réalisation d’une étude statistique rétrospective et prospective des personnes testées et des patients hospitalisés à partir des registres : caractéristiques socio-démographiques, déroulement des séances depuis 2001. Les propositions d’amélioration porteront notamment sur : la gestion de l’anonymat des personnes conseillées et testées, les conseils donnés aux patients, la réalisation de séances de sensibilisation aux personnes présentes sur les lieux, la préparation de documents et d’outils d’information, d’éducation et de sensibilisation relatives au VIH. Etude du service d’hospitalisation du département des maladies infectieuses de Dông Da - réalisation de 40 entretiens approfondis avec les patients hospitalisés au sein de ce service. Les questions portent sur la situation familiale, l’activité professionnelle, les activités éventuelles de prise de risque relatif au VIH/sida et les addictions présentes ou passées. Par ailleurs, certaines questions portent sur les raisons et la fréquence des visites, les connaissances et attitudes relatives à l’épidémie à VIH/sida, la perception de l’infrastructure sanitaire et des associations et services de lutte contre le VIH/sida, les relations avec les autres patients, la prise de médicaments. - réalisation de 20 entretiens approfondis avec les proches et parents de patients hospitalisés au sein de ce service. Les thèmes abordées sont similaires à ceux qui sont traités avec les patients hospitalisés (ci-dessous). - réalisation de 10 entretiens avec le personnel du service : conditions de travail, perception de la prise en charge sociale, psychologique et sanitaire des personnes séropositives, et les activités liées à la lutte contre la toxicomanie. - réalisation d’une étude statistique rétrospective et prospective des patients hospitalisés à partir des registres : caractéristiques socio-démographiques des patients, patients venus dans le service depuis 2001. Les propositions d’amélioration porteront notamment sur : les conseils donnés aux patients séropositifs et à leurs familles, la préparation de documents et d’outils d’information et d’éducation relatives au VIH, la mise en place d’un soutien psychologique à l’attention des patients, de leur entourage et du personnel chargé de la prise en charge des séropositifs, l’articulation des activités des différents intervenants. Tableau : Bilan de la collecte Lieu Population étudiée Type de collecte Dépistage conseil Personnel Personnes testées Ensemble Patients Proches et parents Personnel Patients Ensemble Acteurs de la prise en charge Entretiens Etude des registres 2001-2004 Observation, discussions informelles Entretiens approfondis Entretiens approfondis Entretiens Etude des registres 2001-2004 Observation, discussions informelles Entretiens, observations Service des maladies infectieuses Associations SaintPaul 5 0 0 0 - Dông Da 15 40 20 10 600 - Ensemble 20 40 20 10 600 - Etude des acteurs de la prise en charge sociale des séropositifs Entretiens avec les membres des organisations d’appui potentielles : modes d’organisation, expérience passée, potentialités, actions menées au sein des hôpitaux Dông Da et Saint-Paul. 27 Les entretiens auprès des personnes venues pour un conseil ou un test VIH, des patients ainsi qu’auprès du personnel seront réalisés par une personne extérieure aux deux hôpitaux. Les données recueillies seront anonymes. La participation de chaque personne interrogée sera conditionnée par le recueil préalable de son accord éclairé au moyen d’un formulaire lui expliquant les objectifs et modalités de réalisation de l’étude. Ce formulaire sera soumis à l’approbation des responsables du projet. Tous les documents d’enquête utilisés seront traduits en Vietnamien. Résultats attendus - Caractéristiques sociales et démographiques des personnes conseillées et testées pour le VIH dans les deux hôpitaux et au service des maladies infectieuses de l’hôpital Dông Da. Besoins en matière de prise en charge sociale. - Comportements d’ahérence et d’observance des patients. - Indicateurs de monitoring et d’évaluation des activités de prise en charge sociale psychosociale des séropositifs. - Précisions sur des conditions d’une bonne articulation entre dépistage et prise en charge sociale. - Propositions d’amélioration des activités du centre en matière de conseils pré- et post-test, d’élaboration de documents d’information, d’éducation et de communication à distribuer aux utilisateurs, de définition de séances d’information, éducation, communication, de mise en relation avec les associations de prise en charge sociale des séropositifs, d’articulation aux activités de prise en charge psycho-sociale et médicale des séropositifs, notamment la consultation de soutien psycho-social. Calendrier Décembre 2003-janvier 2004 : prises de contact dans les deux hôpitaux Février-mars : rédaction du projet et des documents d’enquête Mars : présentation du projet Avril-mai : étude pilote Mai-septembre : réalisation de l’étude approfondie Octobre-novembre : analyse des résultats et rédaction du rapport final Décembre : remise des résultats Partenariat et financement Ce projet est menée par l’IRD en collaboration avec le Centre de Population de l’Université Nationale d’Economie (Hanoi). Il est partiellement financé par l’IRD. Des bailleurs de fonds sont à identifier. Contact - Dr. Myriam de Loenzien, Institut de Recherche pour le Développement - Centre de Population, Université Nationale d’Economie 207 rue Giai Phong, arrondissement de Hai Bà Trung, Hanoi, Viêt-Nam tél./fax 628 1094, portable : 091 206 9220. mail : [email protected] . secrétariat IRD : (84 4) 972 0629 28 - Nguyên Thi Van, Msc., Institut de recherche sur le développement social, Bureau 906, bâtiment 17T5, quartier Do thi Trung Hoà, Nhân Chinh Rue Trân Duy Hung, arrondissement de Câu Giây tél. (84 4) 25 10 232 / 3, fax : 25 10 250, portable : 091 302 2605 mail : [email protected] 29 Liste des participants à l’atelier psychosocial des 15 et 16 mars 2004 à Hanoi Équipe soignante de Dong Da • • • • • • • • Dr Lê Hùng, stomatologue, vice-directeur de l’hôpital, a un projet d’association d’auto-support pour les PVVIH à l’intérieur de l’hôpital Dr. Tran Quoc Tuan, médecin, chef du Service des Maladies Infectieuses Dr. Nguyen Thai Minh, médecin Dr. Pham Ba Hien, médecin Mme Le Thanh Hai, surveillante infirmière (Service du Dr. Tuan ) Mr. Nguyen Hong Vuong, infirmier Mr. Nguyen Ngoc Phuc, infirmier Mme Le Thu Hien, infirmière Conseillers de Saint-Paul • • • Dr Nguyen Yen Binh : Sous-chef du service de Bactériologie, responsable du Centre de Dépistage et de Counseling. Nguyen Bao Ung : Bacteriologiste, travaille au Centre de Dépistage et remplace au counseling Dr Binh quand elle est absente Nguyen Thi Hoi : Infirmière permanente au Centre de Counseling pendant la durée du projet. Elle est présente au Centre de Counseling tous les matins de la semaine, les après-midi elle travaille au bureau de médecine du travail pour les personnels de l’hôpital. 30