Géopolitique du sous-continent indien.

18 novembrev 2014
Géopolitique du sous-continent indien.
Par Henri Moreau
Professeur de géographie (e,r).
Sommaire
Géopolitique du sous-continent indien. ..................................................................................................................................................... 1
I.
Introduction :.................................................................................................................................................................................... 1
II.
Formation : ....................................................................................................................................................................................... 2
III.
L’indépendance : ......................................................................................................................................................................... 3
IV.
Les principales dates de l’histoire de l’Inde depuis l’indépendance : .......................................................................................... 3
V. Les principaux partis politiques : ..................................................................................................................................................... 4
VI.
Les dirigeants politiques :............................................................................................................................................................ 4
VII.
Cependant de fortes tensions entre hindous et musulmans perdurent. ......................................................................................... 5
A. À l’intérieur du pays : .................................................................................................................................................................. 5
B.
Aux frontières nord-est :.............................................................................................................................................................. 5
VIII.
Les évolutions : ........................................................................................................................................................................... 6
I.
Introduction :
Définitions :
- On parle de sous-continent indien, car l’Inde dépend du grand continent asiatique.
- Les habitants de l’Inde sont appelés Indiens.
- Les adeptes de la religion traditionnelle de l’Inde sont des hindous.
- Les tenants extrémistes de cette religion sont des hindouistes.
Le sous-continent indien est composé de plusieurs pays : il comprend d’abord l’Inde, mais aussi le
Pakistan, le Bangladesh (ancien Pakistan oriental), le Sri Lanka (ancien Ceylan)…
L’Inde appartient à l’hémisphère nord, mais est située très proche de
l’équateur.
Beaucoup de pays se considèrent comme le centre du monde, et se
placent au centre des cartes.
L’Inde, située encore actuellement au deuxième rang mondial, va
devenir dans quelques années le premier pays au monde par sa population,
devançant ainsi la Chine.
Actuellement, en 2014, la Chine a une population estimée de 1 337 000 000 d’habitants, l’Inde
1 148 000 000 (soit 329 habitants au km²), loin devant les États-Unis 308 000 000. Les voisins de l’Inde,
comme le Pakistan ont 168 000 000 habitants (202 hab./km²), le Bangladesh 154 000 000 habitants (1 002
hab./km²), le Sri-Lanka 21 000 000 habitants (306 hab./km²). Au total, le sous-continent indien a une
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population d’1 491 000 000 d’habitants, soit 22% de la population mondiale. En comparaison, l’Union
européenne n’a que 491 000 000 habitants.
Mais ce classement va changer dans les prochaines décennies. L’indice de fécondité est de 3,1 contre
1,7 en Chine, et l’Inde gagne 19 millions d’habitants chaque année.
Même s’il faut s’entendre sur le terme, l’Inde est la plus grande démocratie du monde. La Chine, pays
dictatorial, pratique un contrôle des naissances strict, même si celui-ci s’est assoupli ces dernières années,
mais pas l’Inde, pays « démocratique ».
Pour inciter les citoyens à contrôler un peu leur fécondité, à New Delhi, une horloge affiche en temps
réel le nombre d’habitants en évolution constante.
L’Inde est un pays jeune (un Indien sur deux a moins de 25 ans), où règne une tradition de familles
nombreuses. Cependant, on note une évolution : on est passé de 5 à 6 enfants par femme à 3 ou 4.
L’Inde est la 12ème puissance économique du monde.
La Chine a déjà décollé économiquement, l’Inde est en train de s’y
préparer.
II. Formation :
À l’origine, géologiquement, l’Inde est une ancienne partie de l’Afrique.
Ce continent est venu buter sur l’Asie et sur la zone de contact a créé
l’Himalaya. L’Inde continue de remonter vers le nord, ce qui a provoqué la
création du lac Baïkal en Sibérie.
L’Inde, au sens de sous-continent, est un sous-continent à lui tout seul si on
considère par exemple la répartition des langues.
Les langues indo-européennes sont dominantes dans
les deux tiers nord. Les langues d’origine dravidienne sont au
sud, les langues austro-asiatiques à l’extrême nord.
En Inde il y a 22 langues constitutionnelles ; l’hindi
est parlé par 30 % de la population, l’anglais, langue de
l’ancien colonisateur, est la « langue de travail » parlé par 5 %
de la population, le sanscrit est la langue originelle et
religieuse.
Souvent, on rencontre des panneaux trilingues : hindi, anglais, tamoul, par
exemple ; en plus de l’anglais, les langues sont choisies en fonction de celles qui sont parlées dans la région.
Les alphabets aussi sont multiples.
En réalité, des centaines de langues sont parlées en Inde.
Dans ces conditions, il est très difficile de maintenir l’unité du
pays.
Le tamoul est non seulement parlé au sud de l’Inde, mais aussi à Ceylan (Sri-Lanka) qui sort d’une
guerre. Ce conflit a eu des répercussions en Inde.
Le Pakistan parle la langue urdu, très proche phonétiquement de l’hindi mais qui est écrite en alphabet
arabe.
La partie nord-ouest de l’Inde a été conquise autrefois par
Alexandre le Grand. Après l’époque gréco-bouddhique (1er au IVème
siècle après J. C.), il y eut l’Inde moghole : des Turcs sont venus de
Mongolie et ont envahi les trois quarts de l’Inde.
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C’est à cette époque qu’a eu lieu la construction du Taj Mahal (16311644) par l’empereur moghol Shâh Jahân.
Plus tard, l’Inde a été colonisée par le Portugal, puis les Français et
les Anglais ; ces derniers ont fini par chasser les Français, ne leur laissant que
quelques comptoirs, Pondichéry, Chandernagor, Mahé…
Des maharadjas régnaient sur les provinces, factuellement, car le
pouvoir réel était exercé par le gouverneur général anglais.
Les maharadjas étaient hindous, les Nawabs (ou Nizams) musulmans. Ils étaient 565 dans l’Empire
des Indes, à la tête de fortunes colossales, et vivaient dans des palais somptueux. Leurs biens ont été
confisqués en 1970 par Indira Gandhi mais ils les récupèrent actuellement en partie.
À Pondichéry, il reste quelques traces, mais très rares, de la
présence française.
III. L’indépendance :
En 1947, l’Inde est indépendante à la suite de nombreuses luttes
pour l’indépendance, en particulier les luttes pacifiques menées par
Gandhi. Il y a eu partition de l’ancien empire britannique de l’Inde, entre
l’Inde proprement dite, le Pakistan à l’ouest, le Bangladesh (d’abord
Pakistan oriental) à l’est, l’île de Ceylan qui deviendra le Sri-Lanka, la
Birmanie. Lord Mountbatten a été le dernier vice-roi de l'Inde britannique et premier gouverneur général de
l'Inde indépendante.
On a voulu mettre les hindous en Inde, les musulmans au Pakistan, mais les choses n’ont pas été si
simples. L’indépendance de l’Inde a été le prétexte à de nombreux conflits, à une guerre civile. L’Inde s’est
trouvée entre deux parties d’un Etat, le Pakistan, qui lui était hostile. Il y eut d’importants mouvements de
population, des centaines de milliers de morts.
En 1947, suite à la scission, de nombreux musulmans habitants l’Inde se sont retrouvés au Pakistan,
mais il en est resté plus de dix pour cent, et compte tenu de l’importance de la population de l’Inde, en valeur
absolue, ce pays est le premier pays musulman du monde.
Le drapeau de l’Inde a le safran, couleur de l’hindouisme, le vert, couleur de
l’islam ; le blanc représente les religions minoritaires, mais symbolise aussi le tampon
entre les deux principales communautés. Le Chakra d’Ashoka symbolise un rouet,
mais aussi la roue de la loi du dharma (destin). En 1948, on espère encore l’union
entre les hindous et les musulmans, d’où la couleur verte de l’islam.
L’Inde est un état fédéral doté d’un gouvernement, de lois propres. Chaque état a érigé des barrières
douanières.
L’Inde est la plus grande démocratie du monde, même s’il faut s’entendre sur le terme démocratie.
L’influence de la famille est très importante dans la société indienne.
IV. Les principales dates de l’histoire de l’Inde depuis
l’indépendance :
15 août 1947: indépendance (Nehru premier ministre jusqu’en 1964)
30 janvier 1948: assassinat de Gandhi par un extrémiste hindou
Août 1947-1er janvier 1949: 1ère guerre du Cachemire (avec le Pakistan)
1955: Conférence de Bandoung : l’ Inde pays non-aligné (allié de l’URSS en fait)
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1962: guerre sino-indienne (l’Inde perd l’Aksai Chin)
5 août-22 septembre 1965: 2ème guerre indo-pakistanaise
1966: Indira Gandhi premier ministre
1971: 3ème guerre indo-pakistanaise (indépendance du Bangladesh)
1974: 1er essai nucléaire indien (en 1998, 1er essai nucléaire pakistanais)
1984: Le temple d’or d’Amritsar envahi par l’armée indienne. Catastrophe de Bhopal
31 octobre 1984: Indira Gandhi assassinée par ses gardes du corps sikhs
21 mai 1991: assassinat de Rajiv Gandhi par des « Tigres » tamouls
1997 et 1999: affrontements sporadiques entre troupes indiennes et pakistanaises
2008: attentats de Bombay
V.
Les principaux partis politiques :
-le Parti du Congrès: fondé en 1885, à l’origine de l’indépendance de l’Inde (Mahatma Gandhi,
Nehru), il a été très souvent au pouvoir depuis l’indépendance: de 1947 à 1977 (Nehru, Shastri, Indira
Gandhi), de 1980 à 1989 (Indira Gandhi, Rajiv Gandhi), de 1991 à 1996 (Rao) et depuis 2004 (Mammothan
Singh). Parti laïque, à l’idéologie longtemps socialisante (plus à certaines époques que l’URSS), mais
converti au libéralisme à partir du milieu du XXème siècle.
-le BJP (Bharatiya Janata Party) : parti nationaliste et hindouiste, partisan de l’hindutva (retour aux
traditions hindoues, vague « safran », refus des influences étrangères). S’appuie sur l’organisation religieuse
Vishwa Hindou Parishad qui est à l’origine de nombreuses émeutes et massacres antimusulmans ou
antichrétiens. Au pouvoir de 1996 à 2004 (Vajpayee) et actuellement dans certains états (Karnataka, Gujerat)
-le Janata Dal: fut au pouvoir entre 1989 et 1991 ( Singh, Shekkar). Laïque. A disparu.
-nombreux partis régionaux, implantés parfois dans un seul Etat, mais parfois au pouvoir localement
(on a assisté à une montée de l’audience de ces partis récemment).
-plusieurs partis communistes rivaux (pro-soviétique, pro-chinois, autonome) ; les communistes ont
été au pouvoir au Kerala et parfois au Bengale occidental.
Le refus de la part du BJP des importations étrangères, son opposition à l’arrivée de nouvelles
technologies, sont cause de retard technologique dans certains domaines ; ce parti vient récemment de revenir
au pouvoir.
VI. Les dirigeants politiques :
L’influence des castes est encore très importante, mais on constate une évolution
voulue par le congrès : une femme, Mayawati Kumari, la « reine des Intouchables » est à la
tête du Buhujan Samaj Party (parti des Intouchables). Premier ministre de l’UTTAR
PRADESH (190 millions d’hab.) depuis 2007.
Cependant on sent pointer le danger de la confessionnalisation de la vie politique depuis le retour du
BJP au pouvoir.
La corruption reste un grave fléau en Inde, dans la vie politique, comme dans l’administration.
L’alternance fonctionne : le Parti du Congrès est écrasé et un « Parti du royaume du peuple » le
remplace dans l’Andhra Pradesh.
Des acteurs deviennent des hommes politiques en vue. Le cinéma en Inde est très important, par le
nombre de productions, par le succès rencontré.
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VII. Cependant de fortes tensions entre hindous et
musulmans perdurent.
A. À l’intérieur du pays :
-L’affaire de la mosquée d’Ayodhya: mosquée rasée en 1992 par des activistes hindous désireux de
construire sur le site un temple hindou: des milliers de morts depuis au fil des émeutes
-Les violences au Gujarat en 2002: à la suite d’un incendie (accidentel? criminel ?) dans un train qui
provoque une cinquantaine de morts parmi des militants hindouistes, entre 800 et 2000 personnes sont
massacrées, la plupart musulmanes Véritable pogrom antimusulman.
-Attentats islamistes: plus de 50 morts à Bombay en 2003, 23 morts à Bénarès en 2006, 67 morts
(explosion d’une bombe) dans le « train de l’amitié » reliant l’Inde au Pakistan en 2007, 173 morts lors des
attaques de novembre 2008 à Bombay (gare, hôtels de luxe, synagogue,…). Terroristes venus du Pakistan
-Violences anti-chrétiennes et rebellions ethniques en essor ces dernières années
Ci-contre les attentats de 2008 à Bombay
L’hôtel Taj-Mahal de Bombay en feu (2008)
B. Aux frontières nord-est :
C’est la zone la plus arriérée du pays. C’est aussi une zone de conflit avec la
Chine : l’Arunaschal Pradesh.
En rouge, les territoires revendiqués par la Chine.
En 1913, la conférence de Simla organisée par le colonisateur britannique,
délimite le tracé frontalier entre la Chine et l’Inde (ligne Mac-Mahon) qui suit en gros
la ligne de crête himalayenne. Accepté par le gouvernement tibétain en exil, ce tracé
frontalier est contesté par la Chine qui occupa momentanément l’Arunaschal Pradesh
lors de la guerre sino-indienne de 1962 et revendique toujours ce territoire.
La guerre sino-indienne dura du 10 octobre au 20 novembre 1962 et fit environ 3000
morts indiens et 900 chinois.
Autres sujets de frictions :
Le Dalaï Lama :
Le Cachemire, pomme de discorde entre l’Inde et le Pakistan (la Chine).
Le Cachemire, principalement musulman, a été attribué à
l’Inde car le gouverneur de l’époque était
de religion hindoue, mais les habitants
voudraient être rattachés au Pakistan.
Une partie est contrôlée par la Chine ce
qui a entraîné la « guerre des glaciers »,
entre 5 et 6000 mètres avec l’Inde.
Un nouveau « rideau de fer »
sépare les belligérants.
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La communauté internationale surveille de près ces tensions, car l’Inde, le Pakistan, la Chine sont
détenteurs de l’arme atomique.
Toutefois, le parti pacifique en Inde est toujours bien vivant.
Ci-contre les archipels dépendant de l’Union indienne.
VIII.
Les évolutions :
L’Inde industrielle se développe ; l’empire Mittal a une
stature internationale.
Mais le développement industriel en général connaît des
ratés : les coupures de courant en Inde sont fréquentes.
En Inde comme en Chine, les familles préfèrent avoir des enfants mâles. Les filles sont moins bien
nourries, soignées. Il faut ensuite les marier et la dot est très chère. Autrefois les parents avaient parfois
recours à l’infanticide, maintenant on constate des avortements sélectifs dans les familles aisées.
Un déséquilibre des naissances commence à se mettre en place, et cela va entraîner un marché noir
des filles à marier où tous les trafics sont possibles.
L’industrie ne connait pas ou peu des mesures d’hygiène et de sécurité.
Bhopal était une entreprise chimique américaine. La catastrophe a fait
dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, 20 000 morts, et 200 000 handicapés graves
À Alang (au Gujerat) se trouve le plus grand chantier de démolition navale
du monde.
On fait de la publicité pour la voiture : un jour, ces
produits seront vendus en Europe.
Dans les journaux, on fait de la publicité pour que les étudiants aillent faire leurs
études à l’étranger.
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L’Inde commence à se transformer, mais l’envers du décor c’est : une main d’œuvre
surexploitée, la malnutrition, etc.
Des campagnes pauvres et délaissées malgré les succès de la « révolution
verte ». En septembre 2009, au Bihar des paysans vendent leurs femmes et leurs
filles à des réseaux de prostitution.
-30% des exploitations agricoles ont moins de 0,8 ha
-la moitié des villages indiens n’est reliée à aucune
route
-45% des foyers ruraux n’ont pas accès à l’électricité
et 75% n’ont pas l’eau courante; 8% ont un réfrigérateur
C’est une société violente. On commence tout juste à s’opposer aux violeurs, même s’il reste
beaucoup à faire.
228 650 crimes contre les femmes ont été recensés en 2011 en Inde
dont 24 206 viols.
Le viol collectif de New Delhi dans un autobus de New Delhi, de
Jyoti Singh Pandey1, une étudiante en kinésithérapie de 23 ans, par six
hommes, le 16 décembre 2012 (suivi de sa mort) a suscité de nombreuses
manifestations en Inde
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