SOMMAIRE 1. Introduction • L`Afrique • Le compostage et plus

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SOMMAIRE 1. Introduction • L`Afrique • Le compostage et plus
SOMMAIRE
1. Introduction
 L’Afrique
 Le compostage et plus généralement la gestion et la valorisation des déchets
urbains
 Le réseau Africompost : Objectifs et partenaires
2. La problématique générale des déchets urbains en Afrique
2.1. Les techniques adaptées
Le tri manuel des ordures brutes non broyées
Le compostage des fractions organiques des déchets urbains triés
manuellement et sommairement
3. Des exemples sur le terrain du réseau Africompost
Les sites de Mahajunga (Madagascar), de Dschang (Cameroun), de Lomé (Togo), de
Parakou (Bénin) …
Le compostage : Etapes




Valorisation des autres fractions organiques
Valorisations des plastiques
Recyclage des ferrailles
Mise en décharge contrôlée des refus
Conclusions
1. Introduction
Dans l’invitation à cette conférence par COMPOSTORY, il est indiqué : « Michel Mustin
viendra nous parler de son engagement dans l’association GEVALOR qui développe des
unités de valorisation des déchets organiques dans un réseau de grandes villes africaines
(réseau Africompost) ». J’ajouterai également que je suis Président de RITTMO
Agroenvironnement le seul CRITT en France (Centre de Recherches Innovations et Transferts
de Technologies sur les matières fertilisantes organiques et l’agroenvironnement dont le siège
est à Colmar en Alsace.
1.1. Alors pourquoi l’Afrique ?
Parce qu’en c’est essentiellement en France et en dans l’Union Européenne et dans les pays
ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) que s’est déroulé ma carrière professionnelle d’ingénieur
agronome, spécialisé en environnement au service de la gestion durable des sols et du
développement durable des populations en lien avec l’environnement naturel.
Un problème majeur du continent africain est comme partout la croissance des villes et
l'assainissement en milieu urbain et plus particulièrement la gestion des déchets solides en
devenu un problème majeur d’environnement (pollutions, nuisances) dans l’air, les sols et les
nappes aquifères avec des dépôts sauvages et des décharges à ciel ouvert, aux portes des
enfers…
L’Afrique est un continent couvrant 6 % de la surface du globe et 20 % de la surface des
terres émergées. Sa superficie est de 30,4 M km2 (avec les îles), soit environ 50 fois le France
y compris les DOM TOM, puisque nous avons aussi des territoires tropicaux (Guadeloupe,
Guyane, Martinique, Réunion, Nouvelle Calédonie, Polynésie, Wallis et Futuna etc.).
Le continent est bordé par la mer Méditerranée au nord, le canal de Suez et la mer Rouge au
nord-est, l’océan Indien au sud-est et l’océan Atlantique à l’ouest. Depuis l'accession à
l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, l'Afrique compte 54 États souverains (non inclus
la République Sahraouie et le Somaliland).
L’Afrique est traversée en son milieu par l’Equateur. Elle présente une large gamme de
climats : chauds et humides vers l'équateur, chauds et arides le long des tropiques de chaque
hémisphère, subtropicaux dans les régions extratropicales, tempérés et montagnards dans les
zones d'altitude.
Le continent est caractérisé par le manque de précipitations régulières et d’irrigation. En
l'absence de glaciers ou de systèmes montagneux aquifères, il existe peu de moyens de
régulation naturelle du climat, à l’exception des côtes et des grands lacs.
L'Afrique s'urbanise rapidement comme partout dans le monde. Il y a un demi-siècle, 85 % de
la population du continent vivait à la campagne, en brousse ou dans les lisières de forêts.
Avec plus de 1,1 milliard d'habitants en 2015, l'Afrique représente 16 % de la population
mondiale. Elle franchira un nouveau seuil dans quelques années lorsque les Africains seront
plus nombreux à vivre dans les villes et métropoles qu’en zone rurale.
La plupart de ses centres urbains ne possèdent pas les infrastructures ou les ressources
nécessaires pour répondre aux besoins de ces flux massifs de population migrante depuis les
zones rurales (manque de routes, de voies ferrées, d'écoles, d'hôpitaux et d'emplois).
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C’est donc ce contexte, que situe notre propos sur les déchets urbains, le compostage et les
valorisations.
1.2. Pourquoi le compostage ?
Dans les pays du Sud, l’intérêt agronomique des matières organiques issues des déchets
urbains et ruraux est plus que jamais d’actualité : ces matières sont souvent devenues le
principal intrant des systèmes de production, avec le coût croissant des prix des engrais
chimiques et conditionnent la fertilité à long terme des sols et la sécurité alimentaire.
Cette utilisation agricole est aussi une réponse à la prolifération des déchets ménagers en
milieu urbain, qui pose un problème crucial pour l’environnement et la santé publique. En
amont du compostage, des politiques adaptées de collecte et de tris doivent être mises en
place pour séparer les matières organiques compostables, non ou peu contaminées.
Grâce à l’expérience acquise au cours des projets dans des contextes diversifiés, des méthodes
de valorisation agricole des déchets organiques par compostage, mieux adaptées aux
spécificités locales ont pu être proposées et développées par le réseau Africompost.
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1.3. Africompost : un réseau vertueux
La gestion des ordures ménagères est un immense défi dans ces pays. Les Collectivités
doivent faire face à des quantités croissantes de déchets avec des moyens financiers limités.
Lorsqu’ils sont collectés, ils sont en général enfouis sans précaution à la périphérie des villes
(décharges). Outre le coût de leur transport, ce stockage non géré crée de fortes nuisances
sanitaires et environnementales : insalubrité pour les populations, pollution des nappes
aquifères et émissions de très grandes quantité de GES (gaz à effet de serre comme le
méthane CH4, le protoxyde d’azote N2O et le gaz carbonique CO2 notamment, qui participent
au réchauffement climatique.
Le projet Africompost apporte aux villes des pays en développement des solutions durables
pour le traitement de leurs déchets en organisant une filière économique de valorisation des
ordures ménagères. Le coût de traitement et les impacts négatifs sont réduits.
Partenaires techniques
La Fondation GOODPLANET est une fondation de droit français reconnue d’Utilité Publique
(créée par Yann Artus Bertrand) qui œuvre à la sensibilisation et à l’éducation du public à
l’environnement. GoodPlanet est le chef de file du projet Africompost et assure la valorisation
des crédits carbone auprès de ses partenaires.
GEVALOR est une association loi 1901 créée en 2004, pour développer des solutions pour la
gestion des déchets, adaptées aux conditions des pays en développement. Gevalor appuie ses
partenaires locaux dans le développement de leurs projets et dans l’accès à la finance carbone
pour leur permettre d’atteindre une autonomie technique et financière.
ETC Terra est une association loi 1901, créée en 2012, pour mettre en oeuvre des projets qui
concilient dynamisme économique et préservation du capital naturel dans les pays du Sud.
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ETC Terra intervient pour le compte de GoodPlanet dans les activités de coordination
d’Africompost, la capitalisation, l’appui et l’expertise technique.
2. La problématique générale des déchets
Les déchets urbains des grandes villes africaines contiennent de plus grandes quantités de
matières organiques fermentescibles que ceux des pays développés (50 à 65 %) et en général
beaucoup plus de fines (éléments fins comme les cendres, les sables et les poussières de
balayage).
Ces déchets sous climat tropical fermentent très vite, sont d’importantes sources de pollutions
et nuisances. Le compostage est une « solution naturelle » parce que c’est une biotechnologie
simple et facile à suivre et contrôler.
Mais comme partout, il n’y a pas que des matières organiques dans ces déchets. La résolution
du problème implique que les autres composants qui doivent être également collectés, soient
triés et séparés par fractions et valorisés à part.
DONC TOUT N’ENTRE PAS EN COMPOSTAGE ! seules les fractions organiques en se
décomposant réduisent leur volume, leur teneur en eau et leur granulométrie, ce qui facilite
ensuite leur séparation finale à faible coût par tamisage.
Mais comment en est-on arrivé là ?
2.1. Echec des usines de compostage dans les PED et les pays émergents
Au cours des années 1960-1995, plus d’une centaine d'installations de compostage ont été
construites dans de nombreux pays dont beaucoup de PED : Inde, Chine, Indonésie, Brésil,
Colombie, Côte d'Ivoire, Maroc etc., et en particulier dans quasiment tous les pays de la
Méditerranée.
Cependant, la plupart de ces installations sont actuellement arrêtées et rares sont celles
encore en activité ou seulement en activité réduite (Gillet, 1995). Depuis les années 70, cinq
unités de compostage ont été construites au Maroc. Il s’agit de grandes unités industrielles qui
ont été conçues, mises en place et financées grâce à des organismes étrangers de
développement. Mis à part l’installation de Rabat-Salé, qui a été arrêtée en 2000, aucune unité
de traitement n’a fonctionné plus de 6 ans (METAP-PRGDS-Maroc, 2004). Toutes ces
unités, celle de Rabat comprise, ont connu de sérieux problèmes techniques et financiers
(DGCL-DEA, 1991), en particulier :
- le colmatage des équipements et des pannes fréquentes,
- le sous-dimensionnement des fosses de réception et des surfaces nécessaires à la
fermentation,
- un compost de mauvaise qualité (présence de nombreux contaminants),
- des difficultés de commercialisation du compost,
- d’importantes nuisances environnementales (mauvaises odeurs).
- les fortes teneurs en sables, spécifiques aux P.E.D altèrent les équipements par abrasion.
La teneur en sables et fines dépend bien souvent des conditions climatiques et de l’état des
voies de circulation. Ces déchets ont une forte teneur en eau qui ne permet pas de séparer les
sables par voie mécanique. De plus, après fermentation, les matières organiques ont la même
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granulométrie que les sables (Charnay, 2005), et il est alors très difficile de les trier
simplement.
Ces installations de compostage implantées dans les PED reposent sur des technologies
importées « clés en main » sophistiquées et très coûteuses, d’où l’échec constaté par manque
de crédits d’entretien, de personnels qualifiés et de volonté politique. Le cas particulier de
l’offre de l’usine de Sousse (ville du Centre à 140 km-Sud de Tunis), négociée entre 1998 et
2000, est basée sur un procédé « en tunnel de compostage» d’une capacité 150 tonnes/jour.
Selon K. Edem KOLEDZI en 2011, elle fait apparaître les éléments inadaptés suivants qui
sont, tant du point de vue technologique et économique, que du point de vue de la prise en
compte des contraintes de la gestion des déchets (ANPE, 1998), (ANPE, 1999), (ANPE,
2000) :
- un investissement très coûteux : 10 millions d’euros
- une technologie sophistiquée avec contrôle automatisé de la fermentation et une logique de
traitement inadaptée comportant 2 broyeurs en tête (contamination des matières organiques
par les déchets dangereux qui explosent au broyage et dispersent les polluants)
- un coût de traitement et de production très élevé : 125 euros/tonne de compost (2011)
- l’absence de la caractérisation des déchets et d’une étude de marché
- l’obligation de mise en place d’un système de collecte sélective,
Dans les PED, les projets de compostage sont implantés sans paramétrage précis préalable de
l’ensemble de ces critères. Hormis la disponibilité du marché (qui doit être vérifiée dans
chaque cas par l’étude du marché), ce constat explique la situation d’échec pour des raisons
de manque d’adaptation technologique de « près d’une centaine » d’installations de
compostage industriel.
2.2. Africompost est donc une démarche rustique et globale (voir Annexes 1 et 2)
Elle offre aux collectivités des solutions pour réduire les coûts du traitement des déchets.
L’idée de valoriser les déchets donne la possibilité de développer une filière économique en
commercialisant du compost et d’autres produits répondant aux besoins des populations. Elle
permet également de valoriser des crédits carbone sur le marché volontaire. Toutes ces raisons
inscrivent le projet Africompost dans une démarche d’excellence bénéficiant du label Gold
Standard qui évalue l’ensemble de ses impacts sociaux, économiques et environnementaux.
Après une première phase d’investissement et d’apprentissage avec les opérateurs locaux de
valorisation, l’autonomie de gestion des unités de compostage doit être assurée par le
paiement du service de traitement par la collectivité, la vente de compost et d’autres produits
recyclés (verre, pavés plastiques…) ainsi que la valorisation des crédits carbone
correspondant aux réductions des émissions de gaz à effet de serre des unités.
La valorisation de la plus grande partie des déchets ménagers est un objectif fort du projet
Africompost. Selon les villes où elles sont implantées, les unités de traitement développent
des procédés de recyclage des déchets d’agro-industries, du verre, du plastique, ou encore
certains déchets environnementaux. Les unités produisent ainsi des combustibles, des enduits
muraux, des briques ou des pavés, des engrais et répondent ainsi à la demande locale des
consommateurs.
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3. Les technologies appropriées développées pour la gestion et la valorisation des déchets
VOIE 1 : LE COMPOSTAGE
3.1. Les principaux paramètres du compostage rustique

Teneurs en MO : Les déchets sont triés grossièrement au départ avec séparation des
gros encombrants et des déchets a priori toxiques (batteries, pots de peintures, bombes
aérosols…). Les gros déchets organiques sont également séparés (branches d’arbres ,
palmes, troncs…) pour broyage éventuel ou d’autres valorisations. Au fur et à mesure
des retournements, les MO se dégradent en matières plus fines et des séparations
manuelles des plastiques des ferrailles et des inertes sont effectuées.
Le criblage final à maille fine (8 à 10 mm) permet d’obtenir des composts relativement
propres vis-à-vis de l’origine des déchets urbains bruts et mélangés reçus.
Une gestion de la collective avec séparation des origines est efficace (cas des déchets des
marchés qui sont à dominante organique).

Granulométrie : La granulométrie est grossière et favorise l’aération de la masse en
compostage.

Eau : Lors de la collecte les déchets urbains ont des humidités très variables, fonction
de l’origine et surtout du climat (climat équatorial, tropicale à deux saisons marquées
sèche et humide, variables, climat sahélien, puis aride).

Oxygène : La teneur en oxygène de la porosité ne doit pas descendre en dessous de 5
% environ (contre 21 % dans l’air ambiant). Avec une bonne porosité, l’aération
passive est normalement suffisante. Des retournements sont effectués qui permettent
des affinages progressifs des matières et une séparation progressive, notamment des
plastiques fins (sacs, films) qui sont valorisés séparément.
3.2. Le compost
Le compost est un amendement organique qui vise d’abord à améliorer la structure et la
porosité du sol, et sa capacité de rétention en eau.
Il apporte de façon secondaire des éléments nutritifs ou nutriments aux sols pour les plantes
(par exemple N Azote, P Phosphore, K potassium et autres éléments majeurs : S Soufre, Ca
Calcium, Mg Magnésium et des oligoéléments (Bore, Cuivre, Fer, Manganèse, Molybdène,
Zinc).
Le compost avec sa matière organique stabilisée et hygiénisée sous forme d’humus, favorise
la mise à disposition progressive des éléments minéraux en fonction des besoins des plantes
cultivées (au contraire des engrais chimiques qui sont rapidement lessivés par les pluies et qui
acidifient et appauvrissent les sols).
Enfin, les MO stabilisées du sol constituant les humus ont des effets protecteurs des parasites
et maladies des plantes et des rôles importants de stimulation de la croissance des plantes,
encore assez mal connues.
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3.3. Les étapes du compostage des ordures ménagères en Afrique :

Réception des déchets bruts
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9

Passage organisé et sécurisé des informels soit sur les stockages intermédiaires, soit
sur les anciennes décharges devenues Centres de traitement et valorisation :

Tri des encombrants et des grandes fractions des composants au sol (ou sur tables de
tri)
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
Mise en andains manuelle des déchets à dominante organique (sans broyage)

Suivi des fermentations et des retournements
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
Affinage progressif du compost lors des retournements

Cas de l’élimination des piles et déchets dangereux (tri manuel)
12

Mise en maturation du compost et tamisage du compost mûr

Tri manuel du compost mûr sur tamis fixe ou mécanique sur trommel ou tambour
rotatif
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
Mise en sac et commercialisation
Par exemple, le compost obtenu par Madacompost à Mahajunga respecte le relativement
sévère Norme françaises des amendements organiques NF U 44-051 après tamisage à 8 mm
avec plus de 20 % de matière organique.
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VOIE 2 : RECYCLAGES ET VALORISATIONS DES AUTRES COMPOSANTS DES
DECHETS
VOIE 2.1 : Les autres produits utilisables en agriculture
1. Les engrais organiques et supports de culture
1.1. Engrais organiques :
 Cornes et onglons broyés (engrais organiques azotés) : 10 à 12 % d’azote
1.2. Supports de culture
Les mélanges prêts à l’emploi suivant usages :

Terreau (compost + fumiers + terre fine) essentiellement pour les maraîchers et les
jardins des particuliers
1.3. Autres : Amendements minéraux

Os broyés (engrais minéraux contenant du phosphore, calcium, magnésium et autres
minéraux)
La poudre d’os est riche en phosphate (10 % d’anhydride phosphorique), mais moins
que les arêtes de poissons (25 %) et en général plus que les guanos d’oiseaux marins
ou de chauve-souris (7 % à 12%).

Carapaces de crustacés et produits aquatiques (amendement calcaire contenant du
calcium, magnésium et des oligo-éléments aquatiques marins ou d’eau douce dont
l’iode, mais aussi un engrais organique azoté avec environ 5 % de N et deux fois de
phosphates que dans le fumier.
L’exosquelette des invertébrés marins est généralement constitué de 30 à 40 % de
protéines, de 30 à 50 % de carbonate de calcium et minéraux, et de 20 à 30 % de
chitine (Marquis-Duval, 2008).

Cendres de bois « propres » (riches en potasse et autres éléments minéraux)
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On peut considérer que les éléments oxydés qui constituent les cendres de bois sont en
majorité basiques (ou alcalines) avec dans le cas des foyers de chaufferies au bois :
 17 à 33 % de calcium,
 2 à 6 % de potasse (exprimée en oxyde de potassium),
 2,5 à 4,6 % de magnésium (exprimé sous forme de MgO),
 1 à 6 % de phosphore (exprimé sous forme de P2O5),
 3 % au total d'oxydes tels que : oxyde de fer, oxyde de manganèse. Les oxydes de
calcium, de potassium et de sodium sont des bases fortes
 moins de 1% d’oligo-éléments (soufre, chlore, fer, zinc, bore…).
Une variation de la nature et de l'importance des matières minérales est observée suivant
l'espèce de bois brûlé. Ainsi nous trouvons davantage de chlorures dans les résineux que dans
les bois feuillus (7 fois plus dans l'épicéa que dans le chêne). Nous trouverons 2 fois plus
d'acide phosphorique dans le peuplier tremble que dans le chêne, et deux fois plus de
magnésie dans l'orme que dans le pin sylvestre. Les comparaisons portent évidemment sur des
bois ayant poussé dans les mêmes conditions. La nature du sol a aussi une influence
considérable sur la composition chimique des cendres de végétaux.
Les cendres de combustion totale (sans charbon de bois) ressemblent à une farine grise, sèche
et légère. La cendre de bois estt depuis le Néolithique utilisée pour sa richesse en sels
minéraux, notamment en potasse et en oligo-éléments, c’est donc un engrais.
Les cendres de bois ont un grand pouvoir alcalinisant dû à leur contenu élevé en chaux et en
potasse. Elles agissent rapidement sur le pH du sol, mais cet effet est de courte durée. En
revanche l'apport en oligoéléments contenus dans les cendres peut être nettement plus
durable, suivant leur teneur. A ce titre, les cendres sont des amendements minéraux basiques
de type calcaro-magnésiens et potassiques.
Les cendres de bois doivent être utilisées en combinaisons avec la matière organique. Seules,
elles sont très solubles et salines. Une quantité excessive de sels dans le sol inhibe la
croissance des végétaux et des micro-organismes jusqu'à être cause de leur mort.
D’une manière générale sur un sol acide et sableux, il faut 4 tonnes de cendres (par apport)
par hectare (0,4 kg/m2) pour augmenter le pH d’une unité et compenser la perte de calcium et
des bases (cas de sols du bassin arachidier au Sénégal). En terre calcaire, il vaut mieux éviter
ou limiter l'apport de cendres à moins de 20 g par m2, soit moins de 200 kg/ha.
Les cendres ne contiennent pas d’azote N. Pour une fertilisation complète, il faut mélanger
plusieurs produits fertilisants suivant leur composition (analyses).
On voit que ces différents déchets combinés (qui sont devenus des produits) permettent
de reconstituer les bases d’une fertilisation équilibrée des jardins, des vergers et des
champs en ne changeant que les proportions (MO et éléments minéraux NPK et O-E),
les doses et les fréquences d’apport suivant climat, cultures et sols.
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4. Les autres recyclages et valorisation
N°1 : Les plastiques
Exemple de Mahajunga (Madagascar) : Les déchets plastiques représentent environ 50 %
de ce qui reste après tri des déchets compostables. Les sachets plastiques jouent plus
particulièrement un rôle polluant très important. Des solutions de transformations en
matériaux de construction sont proposées.
Voies de valorisation : Mélange à 400 °C de 70 % de sable et 30 % de plastique fondu

Fabrication de pavés autobloquants (sols de trottoirs, allées…)

Fabrication de parpaings (murs, constructions…)
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Cas de Mahajunga (NW Madagascar)
A partir de 2004, une unité de compostage de la matière organique des ordures ménagères a
été mise en place à Mahajanga. Les ordures collectées comportent une importante proportion
de sachets plastiques. Après réflexion sur les valorisations possibles, le choix s’est porté sur la
fabrication de pavés à base de plastique et de sable et de parpaings avec du ciment…).
Aujourd’hui Madacompost produit de manière artisanale différents éléments de construction à
partir des sacs plastiques contenus dans les ordures ménagères. Il s’agit de pavés
autobloquants pour un usage piétonnier ou routier, de briques et de parpaings.
Madacompost produit plus 100 m² de briques par semaine pour la fabrication de latrines.
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N°2 Biomasse
D’autres sont élaborés :
Briketeco charbon de bois
Briketeko Mahajunga (papiers cartons biomasse)
Les ferrailles :
Souvent récupérées en amont par des recycleurs informels qui les transforment en :

Objets divers recyclés (récipients, utilitaires, mallettes jouets… gamme infinie et
ingénieuse)
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
Quelques entreprises munies de presse revendent des ballots à la sidérurgie (Chine,
Amérique du Sud…).
Autres : Verre (pilé)
Pour adjuvant dans le béton ou en sous-couche routière
Tout le restant nécessite un enfouissement technique sur place avec protection de la
nappe aquifère par couches étanches et géomembranes.
Conclusions
Caractère innovant des partenariats avec la ville et Communautés comme la Communauté
Urbaine de Mahajunga
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Création de sociétés ou d’associations actives : Sarl sociale Madacompost
GEVALOR : ONG support technique, financier et organisationnel
Objectifs de développement durable à partir d’une initiative locale : Base gagnant –gagnant
• Suite à une première expérience de création et soutien d’une association Tananamadio,
orientation vers une approche entrepreneuriale avec gestion comptable et économique par
intérêts locaux
• Valeur ajoutée produite à partir des déchets urbains
• Association de compétences pluridisciplinaires (cas de Mahajunga)
– Accords croisés avec CUM, GP , GV
– Comité de pilotage
– Comité technique avec Ircod et Enda
• Appuis périodiques par missions sur aspects techniques (compostage, finance carbone,
recyclage plastiques), organisationnels (comptabilité et gestion), sécurité du travail, santé et
environnement, commercialisation
• Cadres locaux compétents et avides d’apprendre et intéressés aux résultats de l’entreprise
• Main d’œuvre courageuse et engagée ( ex- informels réintroduit dans un travail sécurisé et
régulièrement rémunéré)
• Transfert de savoir faire technologique et organisationnel (Nord- Sud et Sud-Sud)
• Montages institutionnels et contractualisation
• Recherche de financements
• Finance carbone
• Développement agricole aval ‘Alimentation et création de richesse)
• Conduite de projets
Impacts sociaux et environnementaux
• Création d’emplois
• Sécurité et santé au travail (formation, combinaison, bottes, gants, masques…)
• A Mahajunga : 66 en 2012, 80 en 2013 -14 essentiellement pour personnes défavorisées
(informels)
• Beaucoup de femmes (souvent plus de 50 % des personnels)
• Crèche en cours de création
• 100 % des ordures ménagères collectées et transportées sur le site sont traitées (7500 t
OM/an)
• 10 000 tonnes de réductions d’émissions vérifiées 2010-2012
• Nombreuses externalités positives (décharge mieux gérée, service public des OM...)
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Il devient fondamental pour l’équilibre de la planète que tous les déchets soient recyclés
partout, notamment les déchets organiques (riches en carbone par compostage) et ainsi
émettent :



moins de gaz à effet de serre (Méthane CH4, protoxyde d’azote N2O, Gaz
carbonique CO2 pour lutter contre le réchauffement de la Terre
en stockant du carbone organique dans tous les sols agricoles pour limiter les
émissions de CO2 (le stockage de 0,4 % ou 4 pour 1000 de carbone par an en plus
compense les émissions annuelles.
Plus que jamais : « penser global, agir local, à paris comme en Afrique, une seule
terre…
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ANNEXE 1 : Partenaires techniques, financiers et organisationnels
Partenaires financiers
Ils sont au nombre de 5 : La Commission Européenne, La Fondation Suez pour
l’environnement , la région Ile de France, l’AFD Agence Française de Développement et le
FFEM Fonds Français pour l’environnement Mondial.
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Gevalor est lauréate du Prix Latécoère pour l'Innovation Solidaire 2012 pour le projet de
recyclage des sachets plastiques opérés à Mahajanga avec MADACOMPOST et le soutien du
Fonds Passemar.
Le partenariat entre Gevalor et Madacompost, a été lauréat du Prix Convergences en 2013 et
propose un modèle de réponse reproductible dans de nombreux pays.
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ANNEXE 2 : Partenaires locaux de Gevalor dans 5 pays africains, dont Mahajunga tête
du réseau
Madagascar (Mahajunga)
Madacompost est une société à responsabilité limitée créée à la suite d’une association de
droit malgache Tananamadio. Elle a pour objet la valorisation des ordures ménagères et des
déchets connexes issues des collectes réalisées par les communes urbaines, notamment à
Mahajunga au NW de Madagascar (site pionnier de la société). MADACOMPOST contribue
à la création d’emplois, à l’assainissement de l’environnement urbain, et à la protection de
l’environnement en mettant en œuvre des techniques appropriées au développement agricole
périurbain. Madacompost est lauréat en 2015 du prix Energy Globe Award pour Madagascar.
Togo (Lomé)
ENPRO est une association fondée en 2000 pour assurer la pré-collecte des déchets du 5e
arrondissement de Lomé. Depuis 2010 ENPRO opère une plateforme de compostage pour
valoriser ces déchets, avec l’appui du laboratoire GTVD de l’Université de Lomé.
Cote d’Ivoire (Bouaké)
ANASUR : L’Agence Nationale de la Salubrité Urbaine de Côte d’Ivoire est un
Etablissement Public à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) créé en 2007. L’ANASUR
est l’autorité de régulation de la gestion des déchets : dans la perspective de la modernisation
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de la gestion des déchets, l’ANASUR fait de la valorisation des déchets, un axe essentiel de
sa stratégie globale.
Cameroun (Dschang)
ERA – Cameroun est une association de droit camerounais créée en juin 1995. Depuis sa
création, elle développe des activités visant à contribuer à la baisse du taux des déchets dans
les villes et campagnes, à améliorer l’accès à l’eau potable dans les zones périphériques des
grandes villes et les centres secondaires, à limiter des émissions des gaz à effet de serre. Elle
développe des technologies propres pour l’énergie décentralisée.
Enfin, il faut citer des partenaires techniques externes comme le CFREPADE (Centre
Francophone de Recherche Partenariale sur l’Assainissement, les Déchets et
l’Environnement) qui collabore à l’animation de la plateforme en ligne Re-Sources.
Re-Sources est un réseau de praticiens au service de la gestion durable des déchets solides
dans les villes des pays en développement.
La gestion des déchets est un défi majeur dans les villes des pays en développement, où les
municipalités doivent faire face à des quantités croissantes de déchets, avec des moyens
financiers limités. Aussi, seuls 40% des ordures ménagères brutes sont collectés dans les Pays
les Moins Avancés (PMA) et seulement 5% sont mis en décharge contrôlée. Une nouvelle
génération de projets de gestion des déchets émerge. Ces projets proposent des approches
innovantes, mais qui dépassent rarement les frontières des territoires où ils sont menés. Ils ne
font que peu l’objet de valorisation (réplication, formation, publications), car réalisés avec des
financements souvent très limités.
Le projet plateforme Re-Sources est de mettre tous les acteurs concernés en réseau pour
échanger leurs données, leurs expériences et leur expertise et créer des développements.
Cofinancé par l’Union européenne, le Fonds Français pour l’Environnement Mondial et
l’Agence Française de Développement pour une durée de 5 ans, l’objectif de ce réseau est de
répondre aux besoins importants de capitalisation, d’information et de formation des
collectivités et des services de l’Etat pour leurs choix stratégiques dans le domaine de la
gestion des déchets. Le projet porte principalement sur les déchets produits par les ménages.
Néanmoins, conscients que le champ d’action des collectivités en matière de gestion des
déchets ne se limite pas à ceux-ci et que certaines synergies de valorisation peuvent être
intéressantes à l’échelle des territoires, le programme restera potentiellement ouvert à des
approches élargies à d’autres natures de déchets, notamment commerciaux et agroalimentaires.
Fondée au départ par 11 structures partenaires en 2013 dont le CEFREPADE et portée par
l’association française GEVALOR, la Plateforme compte aujourd’hui plus de 40 structures
membres, d’Haïti à l’île Maurice, en passant par le Bénin, le Cameroun ou le Togo…
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La Plateforme est coordonnée par le Centre Re-Sources, basé à Ouagadougou (Burkina Faso).
La filière globale de gestion des déchets a été subdivisée en 16 groupes de travail thématiques
qui rassemblent les spécialistes des différentes structures. On distingue des groupes de travail
techniques retraçant le parcours des déchets, comme : la Pré-collecte-collecte-transport des
déchets, la Méthanisation et le Compostage, le Recyclage et la fabrication de Combustibles ;
et des groupes de travail transversaux, abordant les aspects d’ordre économiques et sociaux
comme la prise en compte des Informels, la Commercialisation des produits issus de la
valorisation des déchets ou le Financement de la gestion des déchets.
Chaque Groupe de travail fonctionne de manière autonome et est animé par l’un de ses
membres. Des ateliers ont lieu chaque année où se rencontrent les membres des différentes
structures pour échanger sur l’avancement de leurs travaux et se fixer de prochains objectifs.
En conclusion, loin des usines de traitement des déchets des pays développés, clés en mains,
qui ne fonctionnent jamais longtemps avec satisfaction (faute de moyens financiers,
d’organisation et de personnels qualifiés à la hauteur d’enjeux techniques sophistiqués), les
petites plateformes de ce réseau sont adaptés en taille, techniques, personnels et qualités des
produits finis aux enjeux de la situation, tout en créant des emplois qualifiés pour des coûts
très inférieurs, une insertion dans l’environnement socio-économique local et des réductions
de GES significatives (lutte contre le changement climatique).
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