Pierre Faucheur - Nico la Clusaz

Portrait de Pierre Faucheur
Présentation
Pierre Faucheur 55 ans licencié au CS Bourgoin-Jallieu athlétisme (Nord
-Isère)
Marié 5 enfants (28, 26, 11, 7 et 3 ans) les 3 derniers à charge
Chef de projet informatique au Ministère de l’Equipement
1m84 70 kgs
Spécialités : demi-fond, duathlon
Préparation
J’adapte sans arrêt mon entraînement aux sensations, au vieillissement,
aux blessures et aux objectifs.
Il y a des lignes directrices mais j’adapte l’entraînement à la forme du
jour, la météo et l’envie, une séance de fractionné prévue le midi peut se
transformer en VTT ou jogging lent si la forme n’est pas au rendez-vous.
Je ne m’éparpille pas sur les objectifs, celà reste la piste et le demi-fond
en priorité certaines années (800, 1500) avec des échéances précises
(tentatives contre des records, Championnats de France, d’Europe et du
Monde), je cours peu sur route ou en cross et cela reste des performances
secondaires qui s’inscrivent dans la préparation.
Evidemment je suis un peu atypique à continuer la piste à mon âge, surtout que je deviens vraiment fragile au niveau des tendons en vieillissant,
mais quand on aime les chronos …
L’entraînement est très diversifié, depuis 3 ans je ne cours que 3 fois par
semaine, le reste des entraînements en vélo, PPG et un peu de natation,
du coup de je suis assez performant aussi en duathlon car pas trop mal en
vélo mais pas en triathlon, je n’ai pas la glisse en natation et je m’épuise
dans l’eau avec mes grandes jambes.
Exemple de semaine en période préparatoire
Lundi : natation 1000 à 1500m crawl et brasse facile en récupération
Mardi : 45 mn footing rapide au seuil ou séance VMA 2 séries de 10x 30
-30 ou 15x300 / rec 40’’ + 15’ étirements
Mercredi : midi 1h VTT et soir 45’ gym-abdos-gainage
Jeudi : vitesse en trainings sur stade en terre battue (ex : 5x100 + 5x150)
ou sprints en côtes ou PPG et bondissements divers
Vendredi : repos (parfois à nouveau piscine)
Samedi : 1h à 1h15 footing valonné varié + abdos et étirements
Dimanche : 2-3h vélo de route ou 45’ VTT + 1h musculation avec
charges
Je ne fais pratiquement plus de fractionné dur (ex : 4x500 ou 6x300 en
lactique), 3-4 séances dans l’année à tout casser 2 semaines avant les objectifs.
Je suis de plus en plus souvent blessé car j’ai eu une entorse à la cheville
gauche fin 2007 mal remise et le tendon souffre terriblement, je supporte
de moins en moins les pointes, c’est peut-être ma dernière année avec les
Championnats du Monde vétérans en juillet prochain à Sacramento
(USA).
Après mon record du monde indoor M55 (à 55 ans) en décembre 2010 en
4’21’’, je me suis blessé lors d’un cross début janvier puis d’un 800m
(déchirure au 700 à la jonction tendineuse avec le soléaire) et çà fait 2
mois que je galère, çà s’améliore légèrement depuis début avril, mais j’ai
pas mal régressé.
J’ai été très fort à 50 ans avec tous les titres et les records entre 2006 et
2008, mes 4’09’’ en salle
tiennent toujours en record mondial indoor et
valent 3’39’’ à la table
vétéran WMA en équivalent sénior, le sommet de
ma carrière probablement.
J’avais fait de nombreuses adaptations qui
ont payé, en particulier
avec beaucoup de musculation
avec
charges
(squats, presse, fentes,
épaulés) et de bondissements (montées genoux,
sauts de tribunes, clochepied, …) et du vélo en
sport porté pour la récupération.
J’ai découvert le vélo puis le duathlon en 1992 à la suite d’une blessure au
marathon de Paris (abandon au 32ème km alors que j’étais sur les bases de
2h32’), donc j’ai appris à diversifier puis j’ai été constamment au contact
des triathlètes dans les clubs que j’ai fréquentés, ce sont mes sportifs préférés, ils sont ouverts d’esprit et vraiment tous sympas (actuellement St
Priest triathlon, super ce club avec une très bonne ambiance).
J’ai encore fait un triathlon olympique (1500-40-10) en 2008 à Annecy
avec mon fils de 28 ans qui lui est excellent triathlète et vaut 22’ au
1500m natation en piscine (moi 35’ au mieux avec la combi et encore), en
vélo il est un peu plus fort également mais je le domine encore légèrement
à pied malgré mes presque 30 ans de plus, je vaux moins de 35’ sur un 10
kms sec, lui serait à 36’.
A mon avis, en vétéran il faut vraiment diversifier, moins de kilomètres
(pour ma part moins de 1500 kms annuels, moyenne moins de 30 kms/
semaine) mais assez qualitatifs (séances de VMA, travail au seuil, footings courts 45’ mais rapides, côtes, sprints), éviter les séances trop lactiques qui détruisent (laissons çà aux jeunes), ajouter des sports portés
(cyclisme, natation voire ski de fond) et surtout se renforcer beaucoup
musculairement (abdominaux, lombaires, gainage, bondissements) et
s’étirer suffisamment.
Donc bref on peut préparer du 1500m à plus de 50 ans avec un entraînement de triathlète, il faut juste se spécialiser dans les 4-5 dernières semaines avant les compétitions sur piste et s’affûter.
En sénior je ne pratiquais pas tout cela et j’étais souvent fatigué par les
séances parfois trop dures et trop répétitives, j’étais le champion de 4 fois
500 en 1’13’’-1’15’’ (recup 5’) ou 3 x 400 en 56’’ mais je ne concrétisais
pas en compétition et j’ai parfois manqué de motivation, je ne pense pas
avoir donné le meilleur de moi-même, bien encadré avec un entraînement
bien structuré je pense que je serais descendu à 1’52’’ et 3’45’’, mais c’est
encore bien loin d’un bon niveau national …
Conclusion, je ne suis pas un surdoué, mais je pense avoir bien utilisé
mon potentiel avec l’âge, j’ai misé sur l’expérience et la réflexion, mais
cela ne m’empêche pas de jongler en permanence avec les blessures depuis quelques années.
Je n’ai quasiment jamais eu la chance d’avoir un entraîneur, mais suivi le
principe grec « connais toi toi-même », en fait il me semble que bien souvent le meilleur entraîneur qu’on puisse trouver c’est soi-même, mais il
faut aussi s’intéresser aux entraînements des autres athlètes de sa catégorie
d’âge et consulter les sites (courseapied.com) ou revues spécialisées
(VO2, triathlète) qui donnent d’excellents points de repère (progression en
PPG, VMA, préparation marathon, entraînement croisé, etc…)
Pierre Faucheur
Alimentation, environnement, hygiène de vie :
Ce sont des points beaucoup plus importants qu’on pourrait penser à
priori, on imagine souvent qu’on a des qualités et des prédispositions
propres à tel sport et qu’avec un entraînement adapté, on réalisera à
coup sûr son potentiel.
Pour ma part, je pense que les conditions de vie sont fondamentales
pour l’épanouissement d’un athlète, les contraintes professionnelles et
familiales existent et il faut faire avec, mais il faut être attentif à son alimentation, son sommeil et à son rythme de vie.
Pour ma part, par exemple, j’ai trouvé à L’Isle d’Abeau en Nord-Isère
depuis l’année 2000 de bonnes conditions pour m’entraîner loin des
grandes mégapoles urbaines comme Lyon ou Grenoble, j’habite dans
une petite ville de 15000 habitants à moins de 2 kms de mon lieu de travail, je m’y rends à pied ou à vélo et je m’entraîne la plupart du temps le
midi en faisant une bonne pause de 2 heures, quitte à quitter plus tard le
bureau vers 19h-19h30.
J’ai des parcours plats ou variés d’entraînement, une petite piste en terre
battue souple autour d’un terrain de foot où je réalise mon fractionné
dans de bonnes conditions, et de nombreux parcours de VTT ou de vélo
de route, la campagne dauphinoise est très agréable et vallonnée à souhait.
Il faut aussi bouger en plus de son entraînement, ne pas hésiter à marcher le matin ou le soir, rajouter un peu de gym, de jardinage ou de bricolage, faire du vélo avec les enfants, un athlète qui s’entraîne uniquement 3 ou 4 fois 1 heure par semaine, qui se déplace en voiture et qui
reste sédentaire tout le reste du temps n’est pas en bonne condition physique.
Pour l’alimentation, il faut apporter suffisamment de protéines et d’hydrates de carbone lorsqu’on s’entraîne dur, ne pas oublier les fruits, légumes et crudités, j’ai refait une mise au point l’an dernier avec un diététicien à distance que j’ai rencontré au dernier mondial de duathlon en
Ecosse, éviter si possible les aliments acides et les lactoses (lait, fromage) et pas trop de sucres rapides (chocolat, pâtisseries), un bon repas
c’est une bonne crudité en début de repas (salade, carottes, betteraves)
qui crée un tapis alcalin dans l’estomac, une protéine (poisson, viande,
œufs) et un hydrate de carbone (pâtes, riz ou pommes de terre à volonté)
et c’est tout, ne pas se polluer ensuite avec fromage, crème dessert et
compagnie, mais ajouter un bon goûter vers 17h avec des fruits
(pomme, banane, raisin) et un yaourt.
Un sommeil régulier et réparateur d’au moins 7-8 heures bien sûr et si
possible une sieste de 15-20 mn tous les midis c’est idéal pour recharger
les batteries et être efficace l’après-midi à son travail mais tout le monde
ne le peut pas évidemment, dans mon job j’ai des déplacements et des
réunions régulièrement à Paris, il faut faire avec, cela ne doit pas perturber l’hygiène de vie générale.
Dernier point, il faut avoir des points de repères dans son suivi santé,
pour ma part, un médecin du sport que je vois 1 fois par mois, 1 podologue (2 à 3 fois par an), 1 ostéopathe et ne pas hésiter à consulter de
temps à autre un spécialiste (pédicure, dermato, etc…), tout cela est important et ne pas être négligé.
Je viens de refaire récemment une série de 6 séances d’ondes de chocs
sur le tendon d’Achille gauche pour relancer la cicatrisation, douloureux
mais efficace.
Suite de ma carrière sportive :
A voir en fonction de l’évolution des blessures, à priori çà se termine pour
moi (en athlétisme tout au moins), je me suis déjà bien fait plaisir.
Si mon tendon se remet bien, j’irai faire les Championnats du Monde vétérans aux USA sur 1500 et 5000 en juillet prochain à Sacramento, il faut que
j’y aille pour faire au moins un podium, mais il y a quelques clients, un Australien en dessous de 9’ au 3000 et à 15’30’’ au 5000 à 55 ans (record du
Monde récent) et quelques autres américains costauds qui seront chez eux,
c’est loin d’être gagné et çà fait 2 mois pratiquement que je ne cours plus,
mais çà va un peu mieux.
Si vraiment je me remettais bien dans les années qui viennent (j’en doute un
peu), j’envisagerais dans 5 ans le record du Monde plein air du 1500m M60
(à 60 ans) en 4’27’’ mais on n’en est pas là, je veux déjà refaire du sport
sans me blesser, donc plutôt du vélo.
L’an prochain je m’inscrirai dans un club cyclosportif pour faire quelques
brevets cyclistes (l’Ardéchoise, la Marmotte), et j’essaierai de toujours continuer à m’entretenir avec de la natation, de la gymnastique et un peu de jogging si mes tendons le permettent.
Je vais m’occuper aussi de l’entraînement de mes 2 grands garçons triathlètes ainsi que des 3 derniers qui grandissent vite, ma fille de 11 ans est
déjà une excellent nageuse.
Je serai en retraite dans 6 ans et je pense que m’impliquerai dans le milieu
associatif et prendrai peut-être des responsabilités au niveau de la Fédé ou
de la Commission vétéran ainsi que plus participer à a vie d’un club, je veux
continuer à être actif et utile et rester dans le milieu du sport et de l’athlétisme qui m’a tant apporté.
Palmarès
Champion de Lorraine du 1500m sénior en 1981 en 3’55’’
(records perso sénior : 1’54’’ au 800, 3’54’’ au 1500, 8’26’’ au 3000,
31’05’’ au 10000 piste)
Champion de France vétéran en 1997 et 1999 sur 1500m, 3 sélections internationales en équipe de France vétéran (match France - Pays-Bas – Belgique
- Angleterre)
Champion d’Europe M45 en salle sur 1500m à Bordeaux en mars 2001
Champion du Monde M50 en salle sur 1500 et 3000 à Linz (Autriche) en
mars 2006
Champion d’Europe M50 stade sur 800 et 1500 à Poznan (Pologne) en juillet 2006
Champion du Monde M50 en salle sur 800 et 1500 à Aubière en mars
2008
Record du Monde M50 indoor du 1500m en 4’09’’98 (23/02/2006 à Eaubonne)
Record d’Europe M50 stade du 1500m en 4’08’’38 (20/05/2007 à Albi)
Record du Monde M55 indoor du 1500m en 4’21’’94 (10/12/2010 à Metz)
Record du Monde du 4x1500 vétéran en 16’44’’78 à Bourgoin-Jallieu
(03/07/2002)
Ex-record de France M45 du 1500m en 4’05’’73
9 records de France M45,M50,M55 sur 800, 1000, mile et 1500m
dernier record M55 battu : 1000m indoor en 2’45’’7 à 55 ans (19/12/2010 à
Reims)
3 fois Champion de France vétéran de duathlon en M50 et M55
14ème aux Championnats de France de duathlon Elite à 39 ans en 1994
3ème aux Championnats du Monde M45 en 2004 à Geel (Belgique)
Champion d’Europe M55 en 2010 de duathlon à Nancy