guerres, maintien de la paix et gestion des post

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guerres, maintien de la paix et gestion des post
Histoire-géographie :
Géographie des conflits
Proposition de plan rédigé
GUERRES, MAINTIEN DE LA PAIX ET GESTION DES
POST-CONFLITS EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Introduction :
L’Afrique subsaharienne s’étend sur le territoire de 48 Etats. Cette région a connu depuis
plusieurs décennies de nombreux conflits armés (guerres interétatiques, guerres civiles,
mouvements de guérillas).L’Afrique a subi quatre cycles historiques de guerres : les guerres
précoloniales, les guerres de conquêtes coloniales, les guerres de décolonisation qui ont
participé à ce que l’historien norvégien Odd Arne Westad a appelé « la guerre froide globale »
et les guerres de l’après-guerre froide avec l’irruption d’un nouvel acteur sur le continent qui
est la Chine. On a calculé que depuis 1960, les différentes guerres avaient coûté à l’Afrique
200 millions d’euros et étaient responsables de la mort de 9 millions de personnes.
Quelles sont les raisons profondes des conflits dans l’Afrique subsaharienne ? Les conflits
les plus répandus sont ceux qui portent sur la délimitation des frontières ou les guerres civiles
qui déchirent les Etats de l’intérieur tandis que la compétition pour les terres, l’eau, les
matières premières et les ressources pétrolières aggrave les antagonismes. Cependant,
d’autres menaces transfrontalières se sont ajoutées assez récemment avec la piraterie
maritime, le terrorisme les trafics criminels. Le Panafricanisme en vogue dans les années
1960 est bien mort et la tendance est à l’éclatement des Etats.
Face à ces problèmes, la communauté internationale multiplie les initiatives visant à
prévenir les guerres et les génocides, à maintenir ou rétablir la paix et à gérer les
conséquences des conflits. Les pays africains, dans le cadre des organisations régionales,
sont de plus en plus impliqués dans ces opérations de maintien de la paix et prennent le
destin du continent en main.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
I Des conflits aux origines diverses :
A. Des litiges frontaliers réactivables
Des litiges frontaliers ont été réglés (la presqu’île de Bakassi restituée par le Nigéria au
Cameroun en août 2008) mais d’autres demeurent (Ethiopie/ Erythrée, Ethiopie /Somalie à
propos de l’Ogaden, RDC/Sud-Soudan, Ouganda à propos du Sugango) ou sont apparus
(en 2008, question de l’îlot Mbanié disputé entre le Gabon et la Guinée équatoriale).
Certains de ces conflits ont trouvé des solutions mais rien n’est jamais définitivement réglé
et les antagonismes peuvent aisément se réveiller. En 2010, s’est réveillé le conflit de
l’enclave de la Cabinda qui abrite un mouvement favorable à son indépendance vis-à-vis de
l’Angola.
B. Des conflits identitaires vivaces
1) Le facteur ethnico-culturel :
L’Afrique est divisée en de multiples peuples. Le processus de colonisation européenne a
enfermé ces peuples dans des frontières artificielles, coupant parfois des groupes humains et
les répartissant entre différentes souverainetés étatiques. Des ethnies se sont retrouvées
éclatées en plusieurs Etats, d’autres qui étaient rivales pendant la période précoloniale (ex :
Shona /Matabele au Zimbabwe, Haoussas, Yorubas et Ibos au Nigéria) se sont vues
contraintes de cohabiter à l’intérieur des mêmes frontières. Cela explique que les guerres
civiles dégénèrent souvent en guerres régionales (La guerre civile en Sierra Leone fut le
prolongement direct de celle du Libéria, les conflits des grands lacs embrasèrent tout à la fois
le Rwanda, l’Ouganda, le Burundi et la partie orientale de la RDC).
Que ces identités ethnico-culturelles soient construites ou réelles, elles sont potentiellement
conflictuelles car ces allégeances au groupe ethnique sont le plus souvent plus fortes que
celles dues à la nation construite sur le mode européen.
Le Nigéria est divisé entre plusieurs populations qui se distribuent autour du Y qui forme le
fleuve Niger :
♦ Les Haoussas, Fulanis et Kanouris vivent au nord. Ils sont à l’origine d’Etats
puissants créés lors de la période précoloniale (sultanat de Sokoto et émirat de
Kano).
♦ Les Ibos vivent au sud-est et sont chrétiens.
♦ Les Yorubas vivent au nord-ouest sont chrétiens musulmans ou animistes
La Côte-d’Ivoire est coupée entre ethnies du nord et du sud.
Le Niger et le Mali comportent une majorité de nord mais également des minorités touarègues
dans le nord de ces Etats.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
Au Soudan, la population du nord est arabe et celle du sud noire.
2) La dimension religieuse s’est superposée à la dimension ethnique
L’Islam s’est imposé à la suite de poussées vers le sud au nom du Djihad et le christianisme
a été amené via la colonisation. Cette opposition renforce l’éventuel antagonisme ethnique.
L’animisme, bien que résiduel, s’est maintenu dans certaines zones (sud-ouest du Nigeria et
Sud -Soudan.)
Au Nigéria : les musulmans sont environ 43%., les Chrétiens sont 34 %. Et les animistes sont
20%.
Au Soudan, les noirs sont chrétiens en majorité ou animistes tandis que les Arabes sont tous
musulmans.
Ces conflits identitaires nourrissent d’interminables guérillas à visées sécessionnistes Des
rebellions demeurent vivaces comme celle de la LRA (Lord Resistance Army) qui recrute
parmi les Acholis. C’est un mouvement inspiré par la « prophétesse » Alice Auma et dirigé
par Joseph Kony surnommé le « Messie sanglant. » La LRA opère au nord de l’Ouganda et
au sud du Soudan. Elle veut renverser le régime du président Yoweri Museveni et établir un
régime conforme aux principes des dix commandements. Kony enrôle des enfants-soldats (à
hauteur de 80% des effectifs) et les force à commettre des atrocités, les filles sont soumises à
de l’esclavage sexuel. Il est inculpé de crimes de guerre et contre l’humanité depuis 2005 et
la LRA a été placée sur la liste des organisations terroristes par le gouvernement des EtatsUnis.
Parfois, ces mouvements aboutissent à des processus d’indépendance, durables
éphémères :
ou
♦ Echecs de la sécession du Katanga vis-à-vis du Congo-Kinshasa dans les années
1960-1963 et de celle du Biafra de 1967 à 1970.
♦ Création de l’Erythrée (1993) et du Sud-Soudan (2011) reconnus par la communauté
internationale.
♦ Eclatement de facto de la Côte-d’Ivoire depuis 2000 réunifiée par la force en 2011.
Création d’un Etat touareg avec sécession de facto du nord du Mali en 2012.
C. Des conflits aigus pour les ressources
La quête des ressources est une constante dans l’explication des conflits. On se bat pour le
contrôle des matières premières, des gisements pétroliers ou gaziers mais aussi des terres
arables : les ressources sont à la fois une des causes des conflits mais également le moteur
ou et le nerf des guerres. On se souvient ainsi de la guerre civile en Angola où le
gouvernement de Luanda s’appuyait sur les ressources des puits de pétrole off-shore tandis
que la guérilla trouvait des devises dans l’exploitation de mines de diamants. L’intervention
des grandes puissances occidentales ou de grandes multinationales est un facteur aggravant
qui ajoute une dimension internationale aux conflits.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
1) La quête des hydrocarbures et des matières premières
Un facteur aggravant de conflictualité au Nigéria est en effet la lutte pour le pétrole. Le pétrole
étant au sud, les militaires nordistes se sont opposés à la sécession biafraise. Dans le delta
du Niger, il y a des mouvements insurrectionnels comme le MEDN (Mouvement pour
l’Emancipation du Delta du Niger) crée en 2005 qui recrute parmi les ethnies des Ogonis et
des Ijaws. Les populations contestent à la fois la confiscation des terres (Land uses Act de
1978) et de la rente pétrolière au profit de l’état central et aux dépens de la population locale
(seul 13% des revenus pétroliers revient à la région du delta du Niger). Des plates-formes
pétrolières sont attaquées, des attentats commis contre des membres du personnel des
entreprises étrangères. Le saccage écologique de la région est très important pour les
populations locales (infertilité des terres, disparition des poissons, cancers et maladies
respiratoires).
Le Nigéria se trouve face à un dilemme concernant la gestion des ressources pétrolières :
♦ Pratiquer une politique de péréquation aux risques de mécontenter les régions du
Delta du Niger. Le pétrole est alors une ressource fédérale (Federal Character).
♦ Pratiquer une politique de dérivation (Derivation principle) dans laquelle les états
producteurs de pétrole touchent l’essentiel de la manne pétrolière aux dépens du
reste du pays.
Une amnistie a été promulguée en juin 2009 et le MEDN a officiellement déposé les armes
mais la paix reste très fragile.
Rivalités pour les ressources naturelles dans l’arc sahélien qui dispose de sel, d’or, d’uranium,
de fer, d’étain, de cuivre, de phosphates, de pétrole et de gaz.
2) L’enjeu foncier en Afrique :
Dans un contexte d’explosion démographique, la question agraire est un enjeu en Afrique
tant symbolique (la terre est celle des ancêtres) qu’économique.
La question de la terre revêt deux aspects différents : la question des terres des fermiers
blancs et celle de l’achat massif de terres par des multinationales et des pays étrangers sur le
continent africain.
La question de la redistribution de la terre en Afrique australe :
La Rhodésie a longtemps été un des greniers de l’Afrique. En 1965, la Rhodésie dirigée par
sa minorité blanche sous la direction du premier ministre Ian Smith proclama unilatéralement
son indépendance. La majorité noire arriva au pouvoir en 1980. Le pays est rebaptisé
Zimbabwe.
Le président Robert Mugabe a fait de la question de la terre une arme politique contre la
minorité blanche. Il confisque les terres et les fait occuper par des anciens combattants de la
guerre d’indépendance. Mais les terres ne sont pas redistribuées mais confisquées par les
affidés du régime qui ne savent pas les faire fonctionner. La production agricole s’effondre et
le pays sombre dans la famine.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
La loi sud-africaine sur la terre date de 1913. 33 000 fermiers blancs possèdent 102 millions
d’hectares et 1,2 million de petits exploitants noirs et métis en cultivent 17 millions. Lors de
l’arrivée de la majorité noire au pouvoir en 1994, la question de la terre fut relativement mise
sous le boisseau. La question de la redistribution des terres refait surface dans les débats
politiques. L’aile radicale de l’ANC dirigée par Julius Malema en a fait son cheval de bataille.
Or, cette réforme agraire se heurte à des problèmes techniques.
♦ Les grandes exploitations blanches dans le Northern Cape et dans le Western Cape
sont dévolues à l’élevage et nécessitent une agriculture extensive. Tout
démembrement les rendrait inviables.
♦ Les exploitations du centre du pays consacrées au lait, maïs, blé et viande exigent
pour pouvoir produire des hauts rendements de lourds investissements et une
technologie que les agriculteurs noirs ne possèdent pas.
♦ Les exploitations viticoles (Northern Cape) et fruitières (Natal, Limpopo) réclament à
la fois des surfaces importantes et une technologie avancée.
A cela s’ajoutent les meurtres de fermiers blancs (1804 entre 1991 et 2011). En 16 ans le
nombre de fermiers blancs a chuté de 40% (morts, abandons). C’est une manière radicale de
redistribuer les terres… La question est relancée en juin 2012 par l’ANC qui veut exproprier
les fermiers blanc avec indemnisation.
Vers une recolonisation agricole de l’Afrique ?
Les pays émergents agissant en tant que tels ou sous couvert de sociétés d’investissement,
en particulier asiatiques (Chine, Corée du sud) mais aussi du Golfe (Arabie saoudite, Emirats
Arabes Unis) sont en quête permanente de terres arables qu’ils veulent louer ou acheter. Les
pays africains les plus touchés par ce phénomène sont l’Ethiopie, le Mozambique et le
Soudan mais aussi le Mali, le Congo-Brazzaville, la RDC, l’Angola, Madagascar…
Le Soudan a vendu ou loué 4 millions d’hectares et l’Ethiopie a étendu cette possibilité à 2,7
millions d’hectares.
Le Mozambique a vendu 2, 7 millions d’hectares en quelques années. Des compagnies
étrangères ont acquis des terres dans les provinces de Maputo et de Manica. La Chine a des
projets similaires dans la province de Zambezia avec importation de colons.
Les Etats ou les sociétés acquéreurs promettent du travail, la construction d’écoles, des
équipements scolaires ou de santé ou des projets d’électrification mais qui se révèlent être
des miroirs aux alouettes. Les Etats ou entreprises jouent également du fait que le cadastre
est peu développé ou absent donc les villageois ne peuvent faire valoir leurs droits.
Les populations commencent à rechigner (émeutes paysannes en septembre 2010 au
Mozambique) et ne tarderont pas à réagir vigoureusement contre cette recolonisation qui ne
dit pas son nom.
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Histoire-géographie :
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3) Des guerres pour l’eau ?
Si aucune guerre n’a éclaté pour le contrôle de eaux, il n’est pas impossible que cela
n’arrive pas dans l’avenir (« l’Egypte ne rentra plus jamais en guerre dans la région si ce n’est
pour une question d’eau » avertissait déjà en 1970 le colonel Nasser).Il existe en effet des
rivalités pour le contrôle et la répartition de l’eau des fleuves et des lacs (conflits classiques
entre les puissances de l’amont et de l’aval.) Le Nil, long de 6500 kilomètres est un enjeu
fondamental entre les 9 pays qu’il arrose. L’Egypte s’affronte à ce sujet avec l’Ethiopie et le
Soudan.
II Des Etats fragilisés par de nouvelles menaces
A. Le terrorisme islamiste
Le terrorisme islamiste affecte les Etats fragiles ou « échoués » comme dans la bande
sahélienne (Algérie, Mauritanie Nord du Nigéria, Niger, Mauritanie) ou en Somalie. Les
Islamistes se servent de situations conflictuelles locales pour s’implanter et prospérer sur le
chaos. Les objectifs de ces mouvements islamistes sont plus larges et plus idéologiques que
les mouvements de libération nationale classique. Ainsi, tandis que le MNLA touareg souhaite
« seulement » la création d’un nouvel Etat appelé Azawad (« le pays des prairies ») dans le
nord du Mali, les groupes islamistes comme Ansar-Dine veulent imposer la charia islamique à
l’ensemble du pays .les deux groupes rivaux s’affrontent militairement en juin 2012.
Le groupe des Chebab en Somalie ou la secte Boko Haram au Nigéria se revendiquent
explicitement de la mouvance d’Al-Qaïda.
1) Le retour des pirates :
La piraterie affecte certaines zones littorales de l’Afrique (golfe de Guinée, côtes somaliennes)
comme d’autres régions du monde. Les causes sont toujours les mêmes : faiblesse ou quasiabsence d’un Etat central (Somalie) dans des « zones grises », sécheresse, déplacements
forcés de populations, guerres civiles… Les populations locales qui s’y adonnent pratiquent
en fait une économie de substitution. Elles ont l’avantage de connaître parfaitement les eaux
dans lesquelles elles opèrent.
C’est donc une activité artisanale encore qu’elle puisse se déployer à une assez large échelle
et que les pirates puissent faire preuve d’un assez grand savoir -faire (par exemple utilisation
de «navires-mères » qui sont des bateaux de commerce qui sont capables de mettre à la mer
des embarcations plus rapides au moment de l’assaut). Les villageois mutualisent les
moyens et se répartissent les bénéfices.
L’objectif est de s’emparer des cargaisons et des passagers transformés en otages et
échangés contre des rançons. Les pirates savent aussi s’adapter et délaissent les routes
maritimes internationales très surveillées pour des zones périphériques où les coups de main
sont plus aisés et moins risqués.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
Cette menace renchérit les couts des assurances pour les armateurs et peut entrainer des
perturbations dans le commerce international. Ils sont contraints d’armer leur personnel (cas
des Russes et des Israéliens) ou de se faire escorter. Face à cette menace, les Etats ne
peuvent se permettre de réagir en ordre dispersé. A l’initiative de la France, l’Union
européenne a mis en place une force d’intervention (opération Atalante au large de la
Somalie).
2) L’Afrique des trafics criminels :
Ces conflits nourrissent de véritables « économies criminelles »qui, profitant de l’absence ou
de la faiblesse des Etats , irriguent des territoires entiers en créant des synergies entre tous
les trafics ( armes, drogues, prises d’otages.. .) comme au Sahel ou en Somalie.
III Gestions des crises et mécanismes de maintien ou de retour à la paix :
Devant les conflits qui se multiplient en Afrique subsaharienne,, l’ONU, les grandes
puissances et les Etats africains ont mis en place des mécanismes de gestion des conflits
selon le triptyque « prévention-stabilisation- reconstruction. »
La gestion des crises est le fait de l’ONU et des pays d’Afrique qui fournissent des
contingents croissants pour les opérations de maintien de la paix. Les principaux pays
contributeurs sont le Nigéria, le Rwanda, le Ghana et l’Egypte.
Les architectures de sécurité peuvent associer des acteurs divers l’ONU, l’UA, l’UE, La
France et les Etats-Unis
A. L’architecture de la sécurité :
1) Un acteur panafricain :
L’U.A. (Union Africaine) a mis sur pied la FAA (Force Africaine en Attente) qui est une réserve
opérationnelle qui peut compter jusqu’à 25 000 hommes. On a abandonné l’idée d’une
armée panafricaine permanente. Les divers contingents sont fournis par les organisations
africaines régionales. Cela se fait en liaison avec l’ONU.
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Histoire-géographie :
Géographie des conflits
Elle a organisé quatre grandes missions :
♦ La MIAB (Mission africaine au Burundi) (2003-2004).
♦ La MUASEC (Mission de l’Union africaine pour la surveillance des élections aux
Comores) en 2006.
♦ La MUAS (Mission de l’Union africaine au Soudan) en 2007.
♦ L’AMISOM (Mission de L’Union africaine en Somalie).
2) Des acteurs par blocs régionaux :
♦ La CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) ou
ECOWAS qui regroupe 15 pays (huit francophones, deux lusophones, cinq
anglophones) a déployé des troupes au Libéria (1990-1999), en Sierra Leone en
1998-2000, en Guinée-Bissau. Ces interventions ont eu lieu via l’ECOMOG (Ecowas
Monitoring Group) crée en 1990 qui est une force africaine régionale. .
♦ La CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) qui
regroupe 11 états a mis en place la FOMUC (Force multinationale en Centrafrique)
qui a fonctionné de 2002 à 2008 puis la MICOPAX (Mission pour la consolidation de
la paix en Centrafrique) à partir de 2008.
♦ La SADC (South African Development Community) qui regroupe 14 membres est
intervenue au Lesotho en 1998-1999.
3) Des acteurs extérieurs : la France, les Etats-Unis et l’Union européenne :
Les organisations inter-gouvernementales s’impliquent de plus en plus sur le terrain : l’ONU
assure des missions comme au Burundi (ONIB). L’Union européenne est présente via
l’EUFOR en RDC en 2006, en RCA et au Tchad en 2008.
Les Etats-Unis ont mis en place des programmes de formation de troupes africaines pour
pouvoir répondre aux menaces de déstabilisation : programme ACRI (African Response Crisis
Initiative) (1996-2002) suivi du programme ACOTA (Africa Contingency Operations Training
Assistance) (depuis 2002).
La France a fait de même avec un programme RECAMP (Rétablissement des capacités
africaines de maintien de paix) devenu par la suite EURORECAMP qui a pour objets la
formation, l’équipement et l’entrainement de soldats africains en vue d’opérations de
maintien de la paix (OMP). Des manœuvres militaires (Amani Africa) ont eu lieu dans ce
cadre.
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Histoire-géographie :
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B. L’éventail des missions : De la prévention des guerres au post-conflit :
Le champ des interventions de ces troupes est vaste : missions d’observations, maintien de
la paix et interventions d’urgence dans le cas d’un risque de génocide. Le retour à la paix ne
signifie pas en effet la fin de la mission. Les séquelles des conflits peuvent se faire sentir
pendant des années, voire des décennies. Aussi la phase du post-conflit est-elle délicate mais
capitale à gérer.
Parfois, c’est tout un appareil étatique qu’il faut reconstruire (state-building). Il faut désarmer
les parties combattantes, déminer des territoires entiers (danger des mines anti-personnel),
assurer la formation et l’entrainement de nouvelles armées « nationales », assurer la
reconversion des anciens combattants avec , parfois, la douloureuse question des « enfantssoldats » qu’il convient de re-scolariser, réparer les dommages des conflits en assurant le
transformation d’une économie de guerre vers une économie normale,
favoriser la
réconciliation des factions ennemies sans omettre le travail de « mémoire » qui passe par le
châtiment des criminels de guerre.
A cette fin, des juridictions ont été mises en place pour juger les crimes de guerre comme le
TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) et la CISS (Cour internationale spéciale
pour Sierra Leone) puis TISL (Tribunal International pour la Sierra Leone) et jugement de
Charles Taylor (condamné pour crimes contre l‘humanité en mai 2012).
Conclusion:
Si la décennie 2000-2010 a été moins meurtrière que celle des années 1990, marquée par les
conflits des grands lacs, du Libéria, de Sierra Leone et le génocide du Rwanda, l’Afrique
subsaharienne continue à être profondément déstabilisée par des conflits qui la ravagent. La
plupart des pays africains sont de plus en plus à la merci de groupes infra ou trans-étatiques
qui contestent leur autorité (guérillas séparatistes, groupes criminels, pirates ou terroristes) le
cas le plus extrême étant la Somalie qui est un « Etat échoué » ou le Mali dont l’intégrité est
remise en cause. L’intangibilité des frontières proclamée par l’OUA n’est plus un dogme
comme l’ont démontré les indépendances de l’Erythrée (1993) et du Sud-Soudan (2011),
seules solutions pour résoudre les crises les plus graves. Le risque existe de voir coexister à
l’avenir en Afrique subsaharienne des espaces riches en ressources naturelles fortement
intégrés à la mondialisation avec d’autres espaces laissés à l’abandon. Les Etats occidentaux
délèguent de plus en plus la gestion des crises aux pays africains eux-mêmes par
l’intermédiaire des organisations régionales.
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