Document - Le Passe Muraille

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Document - Le Passe Muraille
patrimoines en région
Revue d’éducation aux patrimoines en Languedoc-Roussillon
N°24
Chants, danses
& musiques d’ici
Rocker et troubadour
par Gérard Zuchetto
N° 24 - HIVER 2014-2015
N°24 - Hiver 2014-2015 - ISSN 1952-3025 - Dépôt légal à parution
ÉDITEUR : Le Passe Muraille - Homme et Patrimoine
510 A, avenue de Barcelone - « Le Jupiter » 34080 Montpellier
Tél. 04 67 06 96 04 - Fax : 04 67 52 78 44
E-mail : [email protected] - www.lepassemuraille.org
Comité de direction : François Moreaux, Pierre Plancheron
Conseil scientifique et éducatif : Yann Abonneau, Martine Ambert, Patricia Beaudouin, Emmanuelle
Berthomier, Jean-Pierre Besombes-Vailhé, Fred Chauvet, Nathalie Colin, Véronique Delattre, Aline
Douillet, Jean-Louis Douillet, Olivier Guiral, Vincent Larbey, Elisabeth Le Bris, Régine Mazauric, Denys
Michel, Pierre Plancheron, Claude Raynaud, Federico Russo, Eric Thiery, Nelly Viala
Directeur de la publication : Pierre Plancheron
Rédacteur en chef : René Lechon
Secrétaire de rédaction : Julie Savy
Ont également participé à ce numéro : Claude Achard, Michèle Bouis, Luc Charles-Dominique,
Marion Ficat, Elisabeth Le Bris, Jean-Michel Lhubac, Damien Vaisse, Gérard Zuchetto
Remerciements : Elsa Behar et l’association Lo Camèl de Fuòc, Fred Chauvet et les Archives
départementales de l’Hérault, Antoine Darnaud (Région Languedoc-Roussillon), Marion Ficat et Lo
Cirdòc, Jean-François Galera, Denis Galvier et l’association Coriandre, Pierre Laurence (Conseil
général de l’Hérault), Pierre Lopez et la Fédération sardaniste du Roussillon, Pierre Mitaut
Iconographie : Charlotte Ducrot, René Lechon, Julie Savy
Maquette - Suivi de fabrication : Charlotte Ducrot
Photo de couverture : Antoine Darnaud - Region Languedoc-Roussillon
Abonnements et diffusion : Andréa Fornos
Publicité et impression : LPJ Hippocampe, Montpellier
Contact rédaction : [email protected]
Contact annonceurs : [email protected]
Contact abonnements : [email protected]
Photos : tous droits réservés. La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations de
Patrimoines en région est interdite (sauf accord de la rédaction).
La revue Patrimoines en région est disponible sur abonnement : 12 € par an
(+ L’Agenda du patrimoine en cadeau)
Carrefour des Patrimoines
Rencontres pour une éducation à la citoyenneté
La revue Patrimoines en région est éditée dans le cadre du Carrefour des Patrimoines.
Ce réseau compte plus de 350 structures et acteurs en Languedoc-Roussillon impliqués dans l’éducation et la sensibilisation aux patrimoines culturel, naturel et bâti.
Au-delà de cette initiation au territoire, ce projet commun implique une réelle éducation
à la citoyenneté. Le Carrefour des Patrimoines est aujourd’hui porté par :
Le Passe Muraille
510 A, avenue de Barcelone « Le Jupiter » 34080 Montpellier
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CEMEA Languedoc-Roussillon
501 rue Métairie de Saysset 34070 Montpellier
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PEFC / 10-31-1319
Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement.
Un air de sardane souffle sur la place de la Comédie à Montpellier à l’occasion de Total Festum © Antoine Darnaud - Région Languedoc-Roussillon
édito
Agenda.............................................................. 4
Trois petites notes… et du lien social
Histoires de goûts............................................. 7
D
Dossier.............................................................. 8
ans la tendance très balèti que traverse notre époque contemporaine, l’équipe
de Patrimoines en région vous offre d’aller plus loin pour dénicher les origines du
phénomène. Vous découvrirez que derrière les représentations plutôt « folklo »,
l’univers des musiciens, des danseurs et des chanteurs traditionnels se fond
dans une culture régionale solidement ancrée depuis des siècles. Cette culture, elle
avance, elle progresse et elle se transmet, par différents canaux. Le coté festif qui en
découle est souvent le plus séduisant, avec notamment Total Festum qui est devenu en
quelques années une institution. Mais la transmission se réalise aussi à travers de nombreux mouvements pédagogiques dans les écoles, à l’université. Elle est empreinte de
valeurs humaines et populaires très marquées depuis ses origines en Languedoc-Roussillon. C’est l’esprit de rencontre et d’ouverture populaire dans l’espace public qui domine
cette culture. Aujourd’hui, nous verrons que c’est aussi un mouvement intergénérationnel
porteur de lien social entre les habitants de la région. C’est donc un patrimoine précieux
que nous vous présentons avec beaucoup d’enthousiasme dans ce numéro, pour lequel
nous remercions les nombreux contributeurs.
Il nous faut ici saluer la riche expérience réalisée au sein de cette revue et de L’Agenda
du patrimoine, pendant un temps trop court, avec le président de la Région LanguedocRoussillon, Christian Bourquin, qui nous a quittés cet été. Avec son successeur, Damien
Alary, vont se mettre en place, nous en sommes certains, d’autres liens, tout aussi riches.
Pierre Plancheron
Directeur de la publication
Abonnez-vo
Une production de pâtes à la ferme
Chants, danses et musiques d’ici
Cogito............................................................... 21
Le rocker et le troubadour
par Gérard Zuchetto
L’œil de l’artiste - Lozère.................................... 22
Nathalie Massenet-Dollfus, artiste verrier
Architecture et urbanisme.................................. 24
Des recettes « maison », ni vues, ni connues
Mon métier........................................................ 26
Le Géomètre-Expert
Zoom - Hérault................................................. 27
La Halle du verre
Lire, regarder & écouter..................................... 28
Commandez nos anciens numéros................... 29
Vie du Carrefour des Patrimoines...................... 30
us !
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Lattara-musée Henri Prades (bulletin d’abonnement p.16)
PATRIMOINES EN RéGION / 21 / HIVER 2013-2014
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Agenda
Devenez le reporter du passé...
Languedoc-Roussillon livre et lecture vous
invite à explorer « Les chroniques retrouvées
du Midi », son exposition numérique sur la
presse ancienne régionale. Cette mine d’or
regorge d’articles et réclames cocasses ou
décalés, souvent étonnants mais toujours
révélateurs d’une époque… Laissez-vous
surprendre par une invention remarquable pour
la croissance des cheveux, ou attendrissezvous devant le récit d’une naissance
miraculeuse à bord d’un train… en 1873 ! Face
à ce patrimoine, 31 auteurs de la région se sont
pris au jeu de la redécouverte et proposent
feuilletons et illustrations dialoguant avec le
passé au rythme des parutions hebdomadaires.
www.chroniquesdumidi.fr
la vie quotidienne et les activités des
potiers gallo-romains en visitant le
musée qui surplombe le site archéologique et le parc où des restitutions
de fours, d’un habitat, d’un jardin et
d’un arboretum vous attendent. De
14h30 à 18h, le village des potiers
s’anime avec un atelier de fabrication
de lampes à huile, une démonstration d’un atelier de tuilier-briquetier
près du grand four, la découverte
des plantes au jardin et la dégustation de tisanes chaudes. À 16h, les
gourmands apprécieront les galettes
gallo-romaines cuites au feu de bois
et agrémentées de confiture ou de
miel. Une belle journée à partager en
famille. À noter également, l’atelier
« terre en famille : nichoirs et mangeoires » le 11 janvier et la visite
guidée du musée le 25 janvier.
Tarif : 2€.
www.amphoralis.com
Animations et sorties
Bon anniversaire Amphoralis !
Le 14 décembre à Sallèles-d’Aude
(11)
Amphoralis, site archéologique et
musée des potiers gallo-romains,
fête cette année ses 22 ans. À cette
occasion, vous pourrez assister à la
cuisson dans un petit four en terre
des pièces réalisées pendant les
stages de poterie. À 10h, découvrez
4
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Visite de la cité de Molière
Les 24, 27 et 31 décembre
à Pézenas (34)
Et si vous profitiez des vacances de
fin d’année pour visiter le centre historique de Pézenas ? La ville a hérité
de son passé un riche patrimoine.
Ville de foires, ville d’États, elle fut
un lieu de séjour de prédilection pour
Molière et son Illustre Théâtre. Elle
possède un ensemble architectural
homogène, de nombreuses maisons
bourgeoises du XVIe siècle ainsi
que de vastes hôtels particuliers de
période classique (XVIIe et XVIIIe
siècles) servant d’écrin à la Maison
Consulaire, ancien siège du pouvoir
municipal. Cette visite vous fera
découvrir son secteur sauvegardé.
Tarif : 6€/5€.
Inscriptions : Office de tourisme
de Pézenas-Val d’Hérault,
04 67 98 36 40
www.pezenas-tourisme.fr
© Ariel Gamzon
© F. Golfier
Les 13 et 14 décembre à Claret (34)
Dans une atmosphère de fête de
fin d’année, la Halle du Verre vous
propose des visites guidées, des
stands d’artistes et artisans verriers
(bijoux, vaisselle, tableaux, vitrail,
décoration, sculptures…), ainsi que
des démonstrations d’art verrier et
bien d’autres surprises : déambulation musicale, spectacle de cirque
contemporain acrobatique, fanfare
culinaire tzigane, etc. À cette
occasion se déroulera également
le dévernissage de l’exposition
temporaire Demoiselles de Verre
en présence des artistes Laëtitia
Andrighetto, Valérie Fanchini, Célia
Pascaud, Lise Gonthier et Nathalie
Massenet-Dollfus (voir portrait p. 22).
Gratuit (sauf spectacle de cirque).
www.halleduverre.fr
© Amphoralis
Noël de verre
Découverte d’Uzès
Jusqu’au 27 mars à Uzès (30)
Plusieurs pistes s’offrent à vous pour
découvrir cette ville d’art et d’histoire.
Le programme des visites-découvertes initié par l’office de tourisme
vous dévoilera tous les visages de la
ville : visite du centre historique le 2
janvier et le 18 février à 14h30, Uzès
et le Moyen Âge réinventé le 14
janvier et le 4 mars à 10h30, Sur les
pas des Uzétiennes célèbres le 20
février à 14h30, Uzès au fil de l’eau
le 27 mars à 14h30.
Tarifs : 5€/3€.
Renseignements : 04 66 22 68 88
www.uzes-tourisme.com
Conférences et Débats
Conférences publiques
d’histoire de l’art
Jusqu’au 29 avril à Nîmes (30)
L’École supérieure des beaux-arts de
Nîmes vous ouvre les portes de l’histoire de l’art. Cette année, son cycle
de conférences sera consacré à la
peinture au XXe siècle. L’Esban vous
donne rendez-vous un mercredi par
mois à 18h jusqu’au 29 avril en salle
de conférence. Parmi les thèmes
abordés : Figuration narrative et
nouvelle figuration le 17 décembre,
Francis Bacon et l’apparence de
l’être le 28 janvier, l’abstraction en
Europe le 25 février, l’abstraction aux
USA le 25 mars, Supports Surfaces
et BMPT (groupe d’artistes formé de
Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel
Parmentier et Niele Toroni) le 29
avril. Entrée libre dans la limite des
places disponibles.
École supérieure des beaux-arts
de Nîmes, 04 66 76 70 22
www.esba-nimes.fr
Formations
Déterminer les salades
sauvages
Les 20 et 27 mars
à Prades-le-Lez (34)
Rejoignez les Écologistes de
l’Euzière au Domaine de Restinclières pour apprendre à reconnaître
les salades sauvages à partir des
critères botaniques précis observés
à la loupe, déterminer les grandes
familles de salades, leur écologie
et les lieux où les cueillir, découvrir
le grand herbier des salades et un
diaporama complet, vous familiariser
avec leurs noms vernaculaires et
bien sûr pratiquer l’art de les accommoder.
Tarifs : 150€ (formation continue,
entreprises, institutions), 120€
(individuels), 80€ (adhérents).
Inscriptions : Les Écologistes de
l’Euzière, 04 67 59 54 62
[email protected]
Événements culturels
Double Vue
Jusqu’au 31 décembre à Uzès (30)
Dans le cadre de la biennale de
l’estampe organisée par l’association SUDestampe, deux artistes,
Florence Barbéris et Mireille Laborie,
revisitent le musée d’Uzès. Elles
ont choisi de s’infiltrer dans les collections du musée et d’en proposer
des versions très personnelles. Les
visiteurs vont voir double dans les
vitrines, entre les objets anciens
et les variations contemporaines
imaginées par le duo de créatrices…
Sauront-ils reconnaître leurs interventions ? Un véritable jeu de piste
à travers les salles du musée, pour
voir les collections d’un autre œil.
Au Musée Georges Borias, 3€.
Programme complet de la Biennale
SUDestampe sur www.sudestampe.fr
Florence Barbéris, Silex, eau-forte sur papier,
2014
Jean Hugo, le manuscrit
enluminé
Jusqu’au 3 janvier à Lunel (34)
Le musée Médard présente les
œuvres de Jean Hugo, peintre,
décorateur, illustrateur, écrivain et
arrière-petit-fils de Victor Hugo. Il a
traversé le XXe siècle aux côtés des
plus grands artistes et intellectuels
de son temps : Max Jacob, Pablo
Picasso, André Breton, Jean Cocteau, Erik Satie, Francis Poulenc,
Raymond Radiguet, etc. En 1931, à
trente-sept ans, il quitte Paris et décide de s’installer à Lunel, au mas de
© ADAGP, famille Hugo
Fourques. À l’occasion du trentième
anniversaire de sa disparition, cette
exposition rend public le Petit Office
de Notre-Dame (psaumes transcrits
et illustrés par l’artiste), une édition
originale jamais exposée auparavant. Venez découvrir ce beau témoignage du travail de calligraphie, de
lumière et de couleur.
Gratuit.
www.museemedard.fr
Paysans,
aujourd’hui comme hier
Jusqu’au 11 janvier à Bram (11)
Ils sont tous paysans. Qualificatif,
métier, statut… ? Qui peut dire
toute la richesse que recouvre ce
mot. Cette exposition propose une
approche humaniste des paysages,
des ambiances et des métiers traditionnels en croisant les regards de
deux photographes. Pierre Pédelmas
a écumé le Razès, la Montagne
Noire et le Lauragais dans les
années 1970 et 1980 et réalisé des
portraits en noir et blanc. En résonnance avec cette œuvre, Philippe
Benoist a photographié et filmé en
couleurs des agriculteurs en 2012 et
2013, nous projetant au XXIe siècle.
À l’espace arts et cultures Les
Essar[t]s, 4€/2€/1€ (6-15 ans)/
gratuit – de 6 ans.
Le billet d’entrée donne également
accès au musée archéologique de
la ville.
www.essars.bram.fr
Pierre Pédelmas, Antonio, le Vila, Commune de
Bouriège, Aude, 1964
Si les châteaux m’étaient
contés…
King Terry Yumura, véritable pionnier
qui le créa en rébellion contre la
perfection et l’esthétique glacée de la
culture japonaise traditionnelle. Cette
exposition immerge le visiteur dans
une rue sublimée de Tokyo où tous
les univers underground tokyoïtes
se télescopent dans une surenchère
visuelle et sonore.
Tarifs : 5€/3€/2€/gratuit – de 10 ans
et demandeurs d’emploi
www.miam.org
Picturalités singulières
Jean Arnal et le Néolithique
en Languedoc
Jusqu’au 19 janvier à Carcassonne
(11)
Cette exposition dévoile l’univers fascinant des châteaux imaginaires de
l’enfance. Les visiteurs sont invités à
le découvrir à travers une collection
de jouets anciens et récents, de
livres illustrés, de bandes-dessinées,
d’images créées par de jeunes
artistes, d’extraits de films et de
créations inspirées par le thème.
Le Château de la cité de Carcassonne accueille l’exposition qui
présente trois aspects du château
imaginaire : le château légendaire
(chevalerie, heroic fantasy), le
château mystérieux et son univers
gothique et le château féerique des
contes de fées.
Tarifs : 8,5€/5,5€. L’entrée à l’exposition donne accès à l’ensemble du
monument.
www.carcassonne.monumentsnationaux.fr
Jusqu’au 30 janvier au Vigan (30)
Depuis plus d’un an, Joris Brantuas,
artiste et performer, a entrepris
la création d’une manifestation
consacrée à la peinture actuelle au
château d’Assas, lieu de diffusion
privilégié des jeunes artistes. Autour
de ses toiles, il a réuni quatre artistes
de sa génération qui développent
une expression singulière. Cinq
peintres cohabitent, d’horizons géographiques et picturaux éloignés :
Xie Lei (Chine), Omar Ba (Sénégal),
Éric Winarto (Indonésie), Thibault
Franc et Joris Brantuas (France).
Au château d’Assas du Vigan,
gratuit.
www.gard.fr
Heta-Uma, 40 ans d’avantgarde graphique japonaise
Jusqu’au 1er mars à Sète (34)
Cette exposition présentée au MIAM
(Musée International des Arts Modestes) rassemble pour la première
fois en France trois générations
d’artistes japonais : mangas, dessins, peintures, vidéos, musiques,
installations… Le Heta-Uma signifie
littéralement l’art du « mal-fait - bien
fait », il est aussi défini comme le
style « mauvais dessin », « sale
mais beau », « brut mais parfait ».
Il se caractérise par une technique
volontairement maladroite, un jeu
avec l’iconographie populaire, créant
une forme de pop art brut. Le style
est né au Japon sous l’impulsion de
Jusqu’au 10 août à Lattes (34)
Cette exposition présente les objets
les plus marquants de la collection du
préhistorien Jean Arnal, déposée au
Musée Henri Prades par ses héritiers
depuis son décès en 1987. Le parcours chronologique mène le visiteur
du Néolithique ancien au début de
l’âge du Bronze et met en lumière
les principales recherches conduites
par Jean Arnal depuis 1935 sur le
Néolithique du Languedoc dans
leur contexte européen. Les objets
de sa collection sont confrontés à
des pièces significatives provenant
d’autres musées, pour une appréhension de l’état actuel de la recherche
sur cette période entre 6000 et 2000
avant notre ère, qui voit l’apparition
de l’agriculture, de l’élevage, des
premières sépultures collectives et
de la première statuaire de pierre en
Occident, les statues-menhirs.
Au Site archéologique Lattara Musée Henri Prades, 3,5€ /3€/2€/
gratuit - de 6 ans.
http://museearcheo.montpellieragglo.com
Une statue-menhir des Roumanis, SaintTheodorit (Gard) © Alain Aigoin
d’expos
L’archipel
Jusqu’au 11 janvier à Sète (34)
Exposition collective au Centre
Régional d’Art Contemporain
Languedoc-Roussillon : François
Curlet, Valérie du Chéné, Antoine
Espinasseau, Arlette Farge, Hippolyte Hentgen, Antonio Ortega,
Laura Porter, Florian Viel.
L’oiseau, Hippolyte Hengen, 2010. Courtesy
Sémiose galerie
Les hommes de la mer
Jusqu’au 28 février à Sète (34)
Exposition collective à la Maison
de l’Image Documentaire avec
photographies, films documentaires, archives et collection
d’objets.
Gilles Gomez Ostréiculteur. Bassin de Thau.
2013 © Jean-Marc Balsière
Pierre Bismuth : Ce qui n’a
jamais été / Ce qui pourrait être
Jusqu’au 22 février à Sérignan
(34)
Au Musée régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon.
Pierre Bismuth, Following the right hand of Cyd
Charisse in the Band Wagon, 2008. Courtesy
de l’artiste
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
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patrimoines en région
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Un été nature et culture en Languedoc-Roussillon
+ des entrées gratuites
(musées, sites patrimoniaux...)
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i
His oires de goûts
Dans l’Aude
Une production de pâtes à la ferme
Sylvia Bareil, dans l’atelier de fabrication de pâtes du domaine de Périès.
À
l’ouest du département de l’Aude, au cœur du Pays Lauragais,
grande région productrice de blé dur de qualité, voici, sur une terre
de caractère, le domaine de Périès. Sur cette exploitation, implantée précisément à Lasbordes, Marc et Sylvia Bareil cultivaient,
jusqu’en 2011, 125 ha de blé dur, du tournesol, des semences de maïs et de
potagères. À cette époque, Florian, leur fils cadet, 21 ans, sorti d’une école
professionnelle, cherche un emploi. Il va sans le savoir provoquer l’évolution
des activités du domaine : « Il cherchait sa voie, raconte Marc Bareil, son
père. Il espérait rester avec nous. Mais pour maintenir la viabilité de l’exploitation, il fallait trouver une autre activité. C’est alors qu’est venue l’idée de la
fabrication de pâtes. Florian s’est jeté dans l’aventure. » Les trois co-gérants
de la nouvelle Earl se répartissent les tâches : Marc cultive le blé dur en
cherchant des variétés toujours mieux adaptées, Sylvia, son épouse, court les
supermarchés ou rend visite aux agriculteurs déjà engagés dans la fabrication
pastière pour définir ses prix. Pendant ce temps, Florian, aidé d’un technicien
expert, s’initie au fonctionnement d’un atelier de fabrication de pâtes avec du
matériel italien. Et c’est parti ! « Nos pâtes sont fabriquées à base de deux
farines différentes, expliquent-ils après trois ans d’expérience. La farine bise,
moulue à la meule de pierre est très riche en fibres car elle conserve un peu de
son, résidu de la mouture. Particulièrement digeste, elle offre un goût authentique. L’autre farine, plus fine, est moulue dans une petite minoterie locale :
elle va fournir une pâte dorée plus légère et raffinée. » Le domaine de Périès
peut se revendiquer d’une production en circuit court. Dans les champs, face
au local de transformation, se déroule la culture du blé dur. « Nous fabriquons
nos pâtes avec du blé dur sur des parcelles minutieusement sélectionnées et
destinées exclusivement à notre production. Nous cultivons les céréales dans
une démarche responsable, respectueuse de bonnes pratiques agricoles,
pour offrir au consommateur des produits sains de grande qualité. » Côté
distribution, elle reste essentiellement régionale. Cresta, dentèla ou escagarol, dans des formes déclinées avec les mots d’ici, nos trois héros concoctent
les pâtes aux bons arômes naturels : basilic, tomate, betterave ou encre de
sèche. Eux en dégustent tous les jours…
www.domainedeperies.fr
Les Apprentis ethnologues du goût
Le projet « Apprentis ethnologues du goût » s’est déroulé en 2014 au collège des Escholiers de la Mosson à Montpellier, avec une
classe de 5e SEGPA. Il a été conduit par Catherine Barrière, anthropologue (association PACIM) et Hélène Lombardo, éducatrice au
goût (association La Flaveur du monde) avec le soutien de la DRAAF LR, dans le cadre du plan régional de l’alimentation, en partenariat
avec la DAAC du Rectorat de l’Académie de Montpellier. Cette approche pédagogique articulée sur treize ateliers a été conduite en
conjuguant une démarche ethnologique adaptée au périmètre du collège et la méthodologie de l’éveil sensoriel en abordant plusieurs
axes, notamment la découverte hédonique du goût et des saveurs, la découverte de soi, de ses propres goûts, de sa sensibilité ; la prise
de conscience des différences de sensibilité entre soi et autrui ; la mise en place d’une enquête ethnologique sur l’offre alimentaire et
les pratiques alimentaires et culinaires des habitants du quartier de la Mosson. Ce projet dynamique a donné lieu à la création d’un
guide méthodologique offrant des pistes pour l’action en s’appuyant sur l’expérience conduite et qui s’enrichira de futures expériences.
Le guide est téléchargeable sur les sites www.paciminterculturel.asso.fr et www.draaf.languedoc-roussillon.agriculture.gouv.fr
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
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© Lo Camèl de Fuòc
8
Dossier
Chants, danses
et musiques d’ici
V
aste chantier que nous ouvrons avec ce nouveau dossier de votre revue Patrimoines en région ! Mais plus
que l’exhaustivité, nous visons à donner, en cette fin 2104 et début 2015, un état des lieux vivant du chant,
de la musique et de la danse dans ces territoires à la riche et forte histoire. Chaque année, l’été, de grands
festivals irriguent les lieux et grandes cités de nos cinq départements. Ils sont importants et drainent de
nombreux spectateurs. Cependant, nous avons cherché davantage ici à saisir ce qui bouge, dans les jambes mais
surtout dans l’esprit des gens face aux trois arts revisités. Le constat est clair : il se passe des choses, plus que nous
ne l’imaginions peut-être et dans des directions variées. Dans une conversation, lancez par exemple le mot « balèti ».
Vous découvrirez, avec étonnement, que tel ou tel de vos amis se rend chaque semaine à l’un de ces rendez-vous
conviviaux et en dit beaucoup de bien. On y trouverait « chaleur, amitié et détente, avec en plus de la bonne musique ».
Comme vous le verrez dans ces pages, le balèti ne date pas d’hier, mais comme hier, il privilégie le pas de dix au pas
de deux. Regardez par ailleurs les groupes musicaux : originaux dans leur mode de création, de communication et
de scène, ils sont légion chez nous. Avec, parfois, pour les uns, un public convaincu mais modeste et pour d’autres
au contraire l’accueil de grandes salles. Humant l’air, incertain ou prometteur, de notre temps, ils parlent des gens de
peu, du boulanger, de la prostituée mais aussi de leurs propres origines - beaucoup utilisent l’occitan et le catalan mais
aussi l’espagnol, l’arabe ou l’italien. Ils enrichissent leurs instruments, là encore, de multiples influences. Les chœurs,
enfin, sont variés, eux aussi, allant des groupes de gospel, encouragés par un phénomène comme celui d’Emmanuel
Djob, de Montpellier, à des formations s’appuyant sur des bases classiques mais avec des répertoires actuels, comme
dans les Pyrénées-Orientales. Du nouveau et de l’ancien, à l’arrivée, dans cette enquête… L’hier n’est pas nié mais
intégré, conjugué au temps présent. Dans ce dossier d’hiver, il fallait quand même rappeler avec le regard historique,
d’où nous venons, ne serait-ce que pour repérer une fidélité - ou pas - à de grands mouvements musicaux… Non
dans une attitude de repli frileux sur les héritages occitan et catalan, mais pour intégrer ces derniers dans une société
régionale métissée et multiculturelle d’aujourd’hui. En 2015, le chant, la danse et la musique restent bien une voie
importante du vivre ensemble.
Dossier réalisé par René Lechon
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
9
Dossier
Une histoire occitane
de la musique
Depuis un peu plus de quarante ans, un mouvement de fond réhabilite musiques et danses traditionnelles. Mais reprenons depuis la fin du XIe siècle
l’histoire de la musique occitane pour mieux voir où elle s’enracine…
L
es débuts d’une histoire occitane de la musique remontent à
la fin du XIe siècle, avec Guillaume IX de Poitiers (1071-1126),
premier troubadour connu. Ce mouvement poétique et musical
s’éteindra avec Guiraut Riquier, né en 1230 à Narbonne. La
distinction est claire, au début du XIIe siècle, entre les troubadours qui
constituent l’élite médiévale et les jongleurs d’extraction plus populaire,
dont la fonction est d’interpréter et de diffuser cette poésie chantée
(au XIIIe siècle, la confusion des rôles entre producteurs et exécutants
sera plus importante). La lyrique savante et raffinée des troubadours
possède néanmoins une relation étroite avec l’art populaire de l’oralité,
de la déclamation, du conte, de la performance, de l’improvisation, qui
est celui des jongleurs.
Ritualiser la vie locale
Au XIIIe siècle, de nombreux jongleurs se spécialisent dans cet art de
cour, se sédentarisent et se voient attribuer le nom de ménestrel, terme
qui s’enracine dans le vocabulaire musical du XIVe siècle pour éliminer
définitivement celui de jongleur. Derrière cette bataille de vocabulaire se
lit un changement important de statut et de fonction des instrumentistes
médiévaux. En effet, au début du XIVe siècle, l’offre est faite aux
instrumentistes d’abandonner leur errance et d’intégrer le personnel des
cours seigneuriales et consulaires pour devenir des ménétriers (du latin
ministrellus, le serviteur). Ces musiciens vont désormais ritualiser, du
Moyen Âge à la fin de l’Ancien Régime, toute la vie locale (rurale et
urbaine), sociale et politique, au service des pouvoirs qui les ont institués
et les emploient et de la société dans laquelle ils vivent. Aux côtés d’une
pratique en amateur dans les campagnes ou semi-professionnelle
dans les bourgs et petites villes, les ménétriers développent une
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
pratique professionnelle dans les grandes villes où ils s’organisent en
corporations. À Montpellier, une corporation de ménétriers est fondée
en 1353. Cette musique ménétrière, bien que profane, fonctionnelle et
anonyme, est véritablement hégémonique au XVIIe siècle car publique,
rituelle et collective. Elle est présente dans les bals, mariages, banquets,
fêtes liées aux classes d’âges (musiques de conscription), fêtes de
villages (en Languedoc, avec les animaux totémiques), rituels politiques
locaux (élection de nouveaux maires, processions urbaines), dans certains
cycles festifs comme le carnaval, les quêtes rituelles des œufs à Pâques,
les fêtes agricoles d’été, les vendanges, le cycle de Noël, etc.
La pratique est générale du XVe au XVIIIe siècle d’un jeu collectif en
« bandes » (souvent six musiciens, mais parfois douze et plus), constituées
d’un instrument dans tous ses registres, du plus aigu au plus grave, et donc
polyphoniques. Les ménétriers, poly-instrumentistes, sont violonistes et
hautboïstes. Leurs bandes, selon les circonstances, sont constituées soit de
violons, soit de hautbois, avec des instruments de tailles différentes. La fin
du XVIIIe siècle verra ces musiques urbaines ménétrières professionnelles
décliner et s’éteindre progressivement en France, même si une pratique
instrumentale populaire subsiste en milieu rural, notamment dans la
périphérie des villes qui avaient connu précédemment une activité ménétrière
importante. Le Languedoc conservera le jeu populaire du hautbois, même si
le violon, plutôt au service des élites languedociennes sous l’Ancien Régime,
poursuit sa route, comme dans la région de Béziers (massif de l’Espinouse)
par exemple.
Danses basses, danses vives
Les ménétriers furent, entre autres, les spécialistes de l’animation de
la danse, quels que soient les milieux sociaux. Les attestations en sont
nombreuses dès le XVe siècle. Jean-Michel Guilcher a souligné le lien
organique de nombreuses danses régionales populaires avec le branle de
cour de la Renaissance. Contrairement aux danses « basses » (retenues,
non sautées, lentes et majestueuses), socialement emblématiques de
l’aristocratie, les danses vives, sautées, démonstratives, ont toujours été
considérées comme l’apanage des classes populaires même si l’analyse
historique montre une transversalité sociale de ces répertoires. À un corpus
chorégraphique local et régional vont s’ajouter à partir du XIXe siècle des
danses de couple de diffusion européenne (polka en 1844, valse, scottish,
mazurka, etc.), qui consacrent l’affirmation de la famille nucléaire ainsi que
l’émergence d’une nouvelle sociabilité de la danse et des loisirs au XIXe
siècle.
Le couple hautbois-tambour
Mais à cette époque, les ménétriers ne sont plus seuls en charge de
l’animation de la danse. Les sociétés musicales orphéoniques, apparues
dans les premières décennies du XIXe siècle, à l’origine chorales mais
très vite instrumentales (cliques, harmonies, « lyres », fanfares), grâce
à la standardisation de nombreux instruments à vent, se multiplient et
occupent un espace social de plus en plus important : nouvelle forme de
bals, musiques de kiosques et voire d’arènes, même si dans ce domaine
comme dans celui des joutes nautiques, le couple traditionnel hautbois-
tambour a résisté avec obstination. Il faudrait pour être complet évoquer
l’action des folkloristes dans le recueil des chants populaires au XIXe
siècle (Gaston Jourdanne, 1858-1905 ; Louis Lambert, 1835-1908 ;
Achille Montel, 1841-1900, etc.), ainsi que l’émergence de mouvements
folkloriques au début du XXe siècle, dont le rôle joué dans la préservation
du hautbois ne fut pas négligeable. Mais c’est surtout depuis un peu plus de
quarante ans qu’un mouvement de fond en faveur des musiques et danses
traditionnelles a permis, par le biais d’une recherche approfondie auprès
des anciens chanteurs, musiciens et danseurs, de réhabiliter des pratiques
instrumentales et chorégraphiques spécifiques et d’inscrire cette action et
ce patrimoine dans une revendication culturelle régionale affirmée.
Luc Charles-Dominique
Ethnomusicologue, Professeur des Universités
Université Nice Sophia-Antipolis
Membre de l’Institut Universitaire de France
Violons et hautbois
En page de gauche et ci-dessus, une « bande de violons » et une « bande de hautbois »,
peintes par Toussaint Roussy (1847-1931) dans son Cortège historique des joutes du 25
août 1765, à l’occasion du 50e anniversaire du règne de Louis XV, déposé au Musée Paul
Valéry de Sète.
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Dossier
« Convivéncia », c’est toute l’année !
Si Total Festum s’est résolument installé en juin, autour de la Saint-Jean,
d’autres événements, les fêtes et le partage se déroulent toute l’année.
C’est la convivéncia, la vie en commun, autour du chant et de la danse d’ici.
Les Trad’hivernales à Sommières
Le festival attire chaque année depuis quinze ans plus de 2000 personnes
du Languedoc-Roussillon, d’autres régions françaises mais aussi de Catalogne ou de Belgique. À l’espace Lawrence Durrell, haut-lieu sommiérois
des « Trad », se déroulent des bals de musiques traditionnelles à danser,
les balètis, mais aussi d’autres propositions tournées vers la culture occitane où se côtoient conférences, expos photos, restauration. Collectivités
locales, ville de Sommières et partenaires privés s’impliquent dans l’organisation portée par environ 80 bénévoles. « Faire vivre la langue occitane,
la tradition languedocienne », c’est le credo de ces passionnés. Chaque
année, ils cherchent à attirer un peu plus le public local vers le site du
festival. Enfants et familles ont déjà la possibilité de participer à un balètienfants, le balèti des pitchons. Une initiation au bal programmée depuis
plusieurs années à un horaire précoce et dans un cadre de gratuité, avec la
participation d’un groupe professionnel différent chaque année mais avec
toujours cette sensibilité à la culture occitane. Le balèti-enfants remporte
un franc succès attirant plus de 90 « pitchons » entre 4 et 12 ans lors de la
dernière édition.
Les 16 et 17 janvier 2015, pour la seizième année, le groupe sommiérois
Coriandre fera résonner ses sons de convivialité.
L’association Coriandre propose également des ateliers de danse trad’
deux mardis par mois à Sommières.
Contact : 04 66 77 75 99, 06 78 99 34 36
www.coriandre.info
« toute l’Occitanie ». Pendant trois jours s’y produisent des groupes vocaux
reconnus dans l’aire occitane. Tout au long de la rencontre, trois chants
sont répétés et recomposés collectivement, avant d’être présentés lors
du concert le samedi soir à Olonzac. Cette année, vous pourrez assister
à un apéro-chanté le vendredi 12 décembre à 18h à Trausse Minervois.
Le lendemain, une balade-chantée vous est proposée à 18h dans les rues
de Félines Minervois, avant un grand concert.
Total Festum
Les civilisations occitane et catalane portent en elles le riche patrimoine
des terroirs et des pays, de la culture, de la langue, de la littérature et de
l’art sous toutes ses formes mais aussi une certaine qualité de vie dont
les maîtres mots sont ouverture, accueil et intégration dans le respect des
différences. Dans ce contexte et pour encourager la promotion des cultures
occitane et catalane, la Région Languedoc-Roussillon a pris l’initiative,
dès 2006, de créer un événement régional multipolaire : Total Festum. La
dixième édition se prépare pour 2015, la Région lance un appel à projets
pour soutenir les actions développées autour des feux de la Saint-Jean et
la sensibilisation du public aux langues et cultures régionales.
www.laregion-culture.fr
Le nadalet d’Olonzac
À l’autre bout de la région, à la frontière de l’Hérault et de l’Aude, Olonzac développe depuis 2013, un « nadalet », une fête rattachée à Noël,
comme son nom occitan l’indique. Cette rencontre de chœurs occitans,
co-organisée avec la calendreta Los Cascamèls, est portée par l’association Lo Rossignolet. La manifestation, qui a lieu autour de la Sainte-Lucie, veut relancer et ancrer en Minervois la pratique collective du chant
populaire occitan. C’est aussi un rassemblement de nombreux groupes de
© Antoine Darnaud
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Le balèti, c’est un art de vivre
G
isèle Gourjon, la quarantaine joviale, est présidente d’une calandreta, rue Lepic à Montpellier qui accueille quatre-vingt-dix
enfants. Au sein de cette école privée gérée par les parents euxmêmes, les saisons sont rythmées par des fêtes comme celle de
la châtaigne. En novembre dernier, l’une d’elles a donné lieu à l’écoute de
contes, en occitan, mais aussi à un balèti, un bal occitan. Gisèle Gourjon
parle de ses racines occitanes qui lui font aimer ces rassemblements :
« Ici, lors de nos balètis, nous avons accueilli des groupes constitués et
qui animent les bals trad’, comme Mauresca, les Cracheurs de feux ou
la compagnie des Cabaniers. Chaque fois s’y révèle une vraie proximité.
Je retrouve la veillée du village de mon enfance, Le Vivier, où toute une
communauté faisait corps… »
Près de Béziers, à Nissan-lès-Ensérune, Claudie Bonnet participe aussi
aux balètis mais avec son accordéon diatonique : « J’ai toujours aimé
la musique folk d’ici, dit-elle, j’apprécie qu’à une terre soit attachée une
culture. Plus jeune, j’allais danser au balèti. Un jour, je me suis dit : “pourquoi ne pas y aller, mais avec l’accordéon cette fois.” » Elle avait le désir
de « faire s’amuser les gens » : « Ce qui se passe dans les balètis est très
convivial, on va vers les autres, alors que dans les boîtes, chacun semble
danser pour soi, seul dans son coin. » Derrière ce loisir se niche l’intention
plus profonde de « garder les musiques et les danses d’ici, poursuit la
musicienne, comme par exemple, celles retrouvées avec le collectage,
je pense au groupe La Talvèra qui a fait ce travail. » Enseignante en calandreta, elle n’hésite pas à « faire danser les gamins à l’école ou leurs
parents lors d’une soirée castanhada ». L’envie peut-être de voir se transmettre une richesse et un art de la fête. Un art de vivre.
© Yves Sénécal
Fans de sardane
D
ans la maison de Pierre et Claire Lopez, à Argelès (Pyrénées-Orientales), tout parle
de la sardane : la reproduction du tableau de Picasso sur le sujet, des coupes, des
photos… Depuis sept ans, ce couple de retraités a lancé la « colla » (le groupe)
« Albera Dansa », un ensemble sardaniste. Pierre Lopez rappelle quelques éléments historiques de cette danse : « Jugée indécente à ses origines, en 1550, parce que
des hommes et des femmes dansaient en se tenant la main, elle reprend vigueur en 1850,
sous l’impulsion du catalan Pep Ventura et comporte trois déclinaisons. Aujourd’hui subsiste
la sardane longue. Plus populaire, on la danse tous les dimanches de l’année dans les
Pyrénées-Orientales et l’été sur les places de Perpignan. Il existe aussi un championnat
avec des groupes et des chorégraphies plus élaborées en Catalogne du Sud. » Symbole de
résistance sous Franco, la sardane s’est récemment muée en danse pour l’indépendance
de la Catalogne. Les jeunes générations se la réapproprient dans le même esprit de combat.
Chacun chausse toujours les fameux campins, ces chaussons en semelle de caoutchouc.
Au son de la tenora, le hautbois créé pour la sardane en 1849.
Le site de la fédération sardaniste du Roussillon : www.federation-sardaniste.fr
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
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Dossier
Dansez le chevalet !
Les chevalets, ou « chevaux-jupon », sont présents dans le Languedoc et dans
le monde entier. Claude Achard, historien, nous présente cette danse populaire.
Notons que c’étaient des « hommes
efféminés » (mukhannath_n) qui
dansaient. Le minutieux inventaire
de Max Harris nous procure un
document de 1024 pour Le Caire,
1168 pour Marrakech, 1075 pour
Cordoue et du début du XIIIe siècle
(avant 1231-1232) pour Séville. On
devine que la danse a pu ensuite se
répandre aisément de l’Andalousie
à la Catalogne et au Roussillon.
P.E.R. : Quand apparaît la danse
du chivalet ?
Une variante du cheval-jupon, le cerf-jupon, datant du Ve siècle avant J.-C.
(retrouvé à Val Camonica, Italie)
Patrimoines en région : D’où vient
la danse du chevalet, ou chivalet ?
Claude Achard : Les chevauxjupon, ce que les Languedociens
nomment « chivalets », courent du
Portugal au Japon. L’Afrique en
connaît quelques-uns et l’Amérique
par
importation
d’influence
européenne. On peut en voir
l’ancêtre dans une carcasse sans
robe, à tête de cerf, relevée au
Val Camonica, en Italie, et datée
du Ve siècle avant notre ère. Max
Harris, chercheur états-unien, fait
remonter, de façon irréfutable, la
présence de cet animal au temps
de Mahomet, donc au VIIe siècle,
avec une influence persane pour le
nom : kurraj, poulain, âne ou mule.
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
C. A. : Un des exempla rédigés par
le dominicain Étienne de Bourbon,
vers 1250-1260, nous apprend
que, dans le diocèse d’Elne
(près de Perpignan), des jeunes
gens « portant des masques très
honteux » – déguisés en femmes –,
faisaient danser un simulacre de
cheval. Un manuscrit de 1768
précise, pour la danse pratiquée à
Montpellier, que celui qui était dans
le chivalet « portait du rouge et des
mouches ». Nous avons le cas d’un
chivalet languedocien, à Nébian, en
1781, mené par des jeunes gens
« déguisés en bohémiennes ». Les
danseurs de Valros en 1898 et ceux
de Capestang en 1922 portaient,
outre le maquillage, des coiffes ou
des chapeaux de femmes.
P.E.R. : Cette danse folklorique
est-elle
encore
aujourd’hui
pratiquée en certains endroits du
Languedoc ?
C. A. : Dotée de la séduisante
légende de la réconciliation de
Pierre d’Aragon et de Marie de
Montpellier, qui la fait remonter
au tout début du XIIIe siècle, cette
danse s’impose vers 1678 et
plus certainement en 1701. C’est
sans doute la danse folklorique la
plus prisée des Languedociens
puisqu’une cinquantaine de localités
de l’Hérault l’ont pratiquée, ainsi que
quelques-unes de l’Aude, et une
douzaine la pratiquent encore. Le
fait que certaines équipes aient trois,
quatre ou cinq danseurs montre
que le « noble jeu du chevalet
montpelliérain » n’a pas été le seul
modèle et que, dansée à deux au
XVIIIe siècle, elle a évolué au fil du
temps. On la distingue de la danse
des treilles à laquelle on l’a très
longtemps associée. Les danseurs
voient dans sa chorégraphie le
premier dressage d’un cheval.
Le chivalet languedocien prend
place entre les Cavallets catalans
et les Chivau-frus provençaux, il
est le compagnon des Zamalzain
du Pays basque, du Cheval Mallet
de Saint-Lumine de Coutais, des
Goniots de Châlon-sur-Saône, du
Sot des Canonniers ou baudet
décaroché de Douai, des chevauxjupon de Bourbourg, du Sot seuri de
Cambrai, etc.
À Vignogoul, dans l’Hérault
Un centre international pour les
musiques médiévales
E
nseignante-chercheuse, spécialiste – et passionnée – de
musiques médiévales, Gisèle Clément se disait que son
enseignement à l’université Paul-Valéry - Montpellier, depuis
une douzaine d’années, restait théorique. On n’y écoutait pas
– physiquement – la musique… Jusqu’à cette rencontre en 2007 avec
le groupe féminin Mora Vocis (photo ci-contre) : « Elles sont venues
me voir pour initier une collaboration, raconte l’enseignante qui en parle
aujourd’hui encore comme l’arrivée d’une bouffée d’air dans la fac.
J’ai proposé de lancer une thématique sur le motet, un genre musical
du Moyen Âge… ce qui fut fait. L’expérience a permis des échanges
fructueux. Les instruments, cette fois, “prennent corps” pour les
étudiants. Parallèlement, nous chantions et repensions le motet, dans
une approche nouvelle. » Cette rencontre, racontée sept ans après
avec émotion, Gisèle Clément ignore alors qu’elle se matérialisera
sur un lieu historique emblématique de notre région. Elle cherche
alors à « développer un centre où étudier le chant, le contrepoint, les
instruments du Moyen Âge ». Elle entre en contact avec l’association en
charge de l’ancienne abbaye de femmes de Vignogoul datant des XIIIe
et XVe siècles, sur la commune de Pignan (Hérault). Ici, les murs sont
toujours imprégnés du chant des psaumes des moniales et des concerts,
parfois, s’y déroulent. Un lieu à l’acoustique remarquable, qui constitue
en soi une scène répondant aux besoins réels des ensembles musicaux.
Le domaine ainsi que les espaces de répétitions et d’hébergement
fournissent des conditions optimales d’accueil et de travail pour les
professionnels et les étudiants. Aujourd’hui, plusieurs passerelles ont été
jetées avec l’université et une ruche nouvelle s’active en ce lieu ouvert à
l’origine pour l’accueil d’enfants en difficulté. Depuis peu, l’enseignement
universitaire, grâce à ce Centre International de Musiques Médiévales
(CIMM), trouve ici son prolongement dans trois directions : la formation,
Le CIMM, une synergie nouvelle
entre recherche, formation,
création et diffusion
Faire dialoguer la recherche (Centre
d’Études Médiévales de Montpellier,
Université Paul-Valéry - Montpellier)
et la formation universitaires avec
les formes vivantes des musiques
médiévales.
• La formation spécialisée
Intégrer la culture vivante et
professionnelle à une formation
universitaire et musicale diplômante.
la création et la diffusion (voir encadré). En projet : un espace ouvert à
la lutherie et un festival de musiques médiévales. Mais pourquoi donc,
en 2014, des jeunes de 20 à 25 ans s’intéressent-ils aux musiques d’un
autre temps et, en l’occurrence, du Moyen Âge ? « Selon moi, pense
Gisèle Clément, responsable du projet du Centre International de
Musiques Médiévales, c’est parce que par une forme d’écart à la norme,
elles proposent un autre regard sur le monde contemporain. Notamment
parce qu’elles ne sont pas ou peu institutionnalisées. Quelle ne fut pas
ma surprise de voir se passionner ainsi pour les sonorités médiévales
des étudiants par ailleurs fans de musique métal… » Encore un cliché
qui tombe sur cette époque musicale.
• La formation amateur
Stages de pratique en collaboration
avec des ensembles professionnels à
destination des publics.
• La création
Des résidences de création pour les
professionnels dans un lieu offrant
des conditions de travail excellentes
et une ambiance de sérénité.
• La diffusion
Concerts, rencontres et expositions
dans le cadre du festival et d’une
programmation annuelle.
• La lutherie
Présentations d’instruments,
conférences d’archéo-lutherie, ateliers
et stages de lutherie.
• Le lieu
L’abbaye cistercienne, gérée
par l’ACEPAV : un espace de
développement particulièrement
cohérent de la culture médiévale
promue par le CIMM.
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Dossier
Instruments occitans et développement durable
La musique « verte »
F
abriqués uniquement à partir de matières naturelles, producteurs de
sons organiques, ces instruments dits traditionnels viennent enrichir le
répertoire musical occitan tel qu’on le connaît aujourd’hui : divers, vivant
et ouvert sur le monde. Parmi l’ensemble des matériaux utilisés dans la
fabrication des instruments, le roseau, canavèra ou rausèl en occitan, fait partie
des plus courants. La graminée qui pousse dans toutes les régions du monde
et en abondance dans les pays d’Oc est utilisée depuis la Préhistoire pour la
production d’instruments. Dans toute l’Occitanie, le roseau sert à fabriquer des
frestèus ou shiulets, flûtes de pan attachées à la figure du crabièr (chevrier), du
pastre (berger) ou encore du crestaire de pòrcs (châtreur de porcs) qui se servaient
de l’instrument pour appeler les bêtes ou annoncer leur passage dans les villes
et villages. Les flûtes à bec en roseau sont également très présentes dans la
tradition musicale occitane dans une grande variété de formes. La plus connue
d’entre elles reste la flûte à trois trous : flaüta, galobet ou flabuta. Désignées sous
le terme générique de pifre, les flûtes traversières sont aussi présentes sous une
forme première dans les pays d’Oc. Menés dans les années 1970, des collectages
auprès d’anciens musiciens ont permis de mettre à jour l’existence de clarinettes
primitives, les totarotas, fabriquées entièrement en roseau selon un processus plus
complexe. Les matières animales ont également été utilisées dans la fabrication
de l’instrumentarium traditionnel occitan. Parmi celui-ci, la bodega ou craba fait
partie des éléments remarquables. Considérée comme la plus grande cornemuse
d’Europe (avec sa cousine la zampogna italienne), implantée depuis longtemps
dans la Montagne Noire et le Lauragais, elle a bien failli disparaître. Fabriquée à
partir de la peau entière d’une chèvre, elle n’était plus jouée depuis les années
1940. S’il nous est possible de parler aujourd’hui de ces instruments biologiques
et biodégradables, on le doit à quelques « aventuriers musicaux » qui à partir des
années 1960 sont partis sur les traces de ces instruments, dont il ne restait parfois
plus aucun spécimen entier. S’emparant de ce patrimoine musical et à force de
recherches, collectages et expérimentations, ils ont pu recréer certains de ces
instruments et sont même allés plus loin en assurant la transmission du savoirfaire. Ainsi ont-ils réactualisé leur pratique et leur répertoire en les confrontant aux
musiques actuelles.
Marion Ficat, responsable du pôle Musique et Danses,
CIRDOC, Mediatèca Occitana
Le père Ne, doyen des tambourinaires provençaux. Tambourinaire jouant le galobet et accompagné
du tambourin. Carte postale ancienne, ca. 1903
Pour aller plus loin
Créée en 2004, l’Escòla de Bodega de Villardonnel (11) assure l’enseignement de
la pratique de la bodega et de son répertoire dans le respect de la transmission
orale et de la tradition. www.escoladebodega.sitew.com
L’exposition Ils soufflent dans les cabras et grattent les cogordas, consacrée
aux musiques organiques des territoires occitans est disponible, parmi tout
un catalogue d’expositions itinérantes, en prêt gratuit pour les collectivités au
CIRDÒC. Contact : [email protected]
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Vincent et Ursula Choblet, agriculteurs bio à Palau-del-Vidre (66), font fabriquer
des instruments de musique aux enfants à partir de végétaux.
Tél. 04 68 37 98 64 - [email protected] - www.fermemusicale.com
Quand les chants populaires
rythment nos jours
Le « Branle de la Chemise » se déroule chaque mardi Gras à Poussan (34) © Michel Turca
Patrimoines en région : Jean-Michel Lhubac, vos recherches
d’ethnologue (1) portent depuis plusieurs années sur la place du chant
populaire dans les travaux et les jours. Expliquez-nous…
Jean-Michel Lhubac : Il fut une époque où les chants, en langue occitane,
régissaient le quotidien de toute la communauté scandant chaque acte
de la vie quotidienne : les mariages et cérémonies familiales, les travaux
agricoles, les rituels sacrés (religieux autant qu’animistes), les prémices de
chaque saison (vin, châtaignes, moissons, olives, tuée du cochon, etc.),
les « parades » amoureuses, manifestées par des « aubades » ou des
« pastourelles », les chants de conscrits, moquerie ou satires politiques et
bien d’autres encore. Afin d’en comprendre la teneur et la profondeur, il faut
se replacer dans leur contexte originel de production, à savoir l’ancienne
société traditionnelle, un mode d’organisation humaine à dominante rurale,
relié aux pratiques agrestes, centré autour de la famille et fortement influencé
par la religion (au sens large, englobant croyances et superstitions, ainsi
que les pratiques magiques). Aussi, les chants, tout comme les gestuelles
précises et codées qui les accompagnent, sont toujours investis d’une
fonction ciblée : rien n’est gratuit, tous servent un objectif défini au préalable
par l’ensemble de la communauté, bien loin de la notion de divertissement
qui prévaut dans les productions musicales apparues depuis la Révolution
Industrielle.
P.E.R. : Pourquoi ressent-on la nécessité de réinventer ces chants et
gestes alors qu’a disparu cette société qui leur conférait un sens ?
prendre par la main ou les épaules à deux heures du matin sur une place de
village, alors qu’ils pourraient faire la même chose du fond de leur lit à l’aide
de leur console de jeu favorite. La société moderne a tenté de rayer de notre
quotidien ces danses, en les considérant trop vite comme bêtifiantes, niaises
ou tragiquement passéistes, politiquement réactionnaires et artistiquement
pauvres.
P.E.R. : Or, le bien-fondé de ces pratiques a été confirmé récemment
par les neurosciences ?
J-M L. : En révélant le bien-fondé de telles pratiques chansonnières et
gestuelles, les neurosciences mettent des mots et élaborent des concepts
sur ce qui n’était auparavant qu’un acte intuitif que nous appelons « tradition »
depuis le début des années 1980. Le fruit de leur étude corrobore ce que
nous suspections, à savoir le rôle fondamental que jouent ces chants et
ces gestuelles pour le développement harmonieux du cerveau humain et
du vivre-ensemble. L’une des explications sur la survivance et la pertinence
renouvelée des chants et rituels traditionnels ne résiderait-elle pas dans
le fait qu’en tant qu’adultes, nous revivons à travers eux des émotions et
sensations qui remontent à l’époque de notre construction personnelle ?
(1) VIRA VIRA ELECTRONET, chansonnier totémique languedocien, par Marie-José
Fages, Jean-Michel Lhubac et Josiane Ubaud, 3e volume (chants accompagnant des
mouvements de rituels depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte) à paraître en février 2015
aux éditions Trabucaire.
J-M L. : À l’heure de la Wifi et des jeux virtuels, des gens continuent de se
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Dossier
Danse, musique et pédagogie
Un bal pitchon à Sommières
© Yves Sénécal
À Sommières, dans le Gard, au cours des soirées « trad’ » ou
en dehors de celles-ci, le balèti-enfants organisé par Coriandre
remporte un franc succès attirant plus de 90 « pitchons » entre 4
et 12 ans lors de la dernière édition (photo ci-contre). Les Fifrelets
et Castanha Vinovèl, autres groupes musicaux de la région, se
produisent souvent à Sommières. Ils ont aussi un jeune public et ils y
tiennent. Ils prennent du temps pour échanger avec les enfants lors
d’un atelier voire d’une semaine de présence avec les professeurs
des écoles. Parfois s’organisent des balètis pour enfants. Pendant
l’événement Total Festum, au début de l’été, ils abordent aussi la
danse. Un maître de danse accompagne alors les enfants.
Créer une fanfare
À la calandreta du collège Léon Cordes, à Montpellier-Nord,
se vit un véritable engouement pour le balèti, avec un socle de
culture occitane. Ici, autour de Marie-Josée Lhabuc, enseignantechercheuse, se monte une jeune fanfare avec fifre et percussion. Il
s’agit de pratiquer la musique mais aussi de faire danser… l’animal
totémique, inventé entièrement avec ses qualités et sa personnalité.
« Pour nous, ce n’est pas affaire de nostalgie, précise l’enseignantechercheuse, nous ne restons pas attachés au passé, nous aimons la
culture dans ses aspects contemporains. J’aime cette terre occitane
mais je pars prochainement en Finlande. » Bien dans ses racines et
dans son siècle, si l’on en doutait encore.
Graver un CD avec une classe
de primaire
Le groupe des Barbeaux truités (voir p.19) crée l’événement musical
dans des écoles primaires, comme récemment à Saint-Pons-deThomières. Ils ont « investi » une classe et à la fin de la semaine,
gravé un CD baptisé - forcément - les Barbillons, comme de petits
Barbeaux. Par ailleurs, ils visitent aussi des maisons de jeunes et
même des Ephad.
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Un carnaval
Lors du carnaval de Béziers, Claudie Bonnet, enseignante et
musicienne (voir p.13), organise des activités tournées vers les
jeunes écoliers. Elle les entraîne en dehors des murs de l’école dans
ses tourbillons lancés à l’accordéon : « Cette année, les grands des
trois écoles calandretas seront au cœur de la manifestation festive.
Ils illustreront une thématique sur les “carnavals du monde”. Avec
l’aide d’un comédien, ils reconstitueront une grande histoire avec
des bouts d’histoires créées par chacun des enfants. Les petits
participeront au final : le jugement de Carnaval, coupable de tous
les maux de la terre ! »
Une master-class
avec un groupe musical
Dans le cadre d’un festival, les musiciens du Comptoir des fous (voir
p.19) ont fait travailler des collégiens dans une école de musique.
Au programme : une création de chanson le premier jour et son
interprétation en public le lendemain. Par ailleurs, il leur est arrivé
aussi de se rendre dans un centre d’adolescents handicapés.
Ils y ont expliqué les instruments, leurs sons et leur histoire :
le banjo, le violon, la guitare.
Les groupes musicaux d’ici
La scène des chanteurs de la région – pour la plupart intermittents - est éclectique dans
ses influences. En voici un aperçu, non exhaustif.
Les Barbeaux truités
une vingtaine de groupes d’ici le confirme :
« Je n’ai pas de rocker dans les groupes que
je manage - je le regrette - mais beaucoup de
cuivres ou de sons reggae, les gens ont besoin
de la fête et notre créneau, c’est la musique
positive. L’occitan est présent par petits flashs
ou jeux de mots comme un clin d’œil au public
sudiste : la langue aussi, c’est important. »
www.steamprod.com
Duo Oliver-Sentou
Après quelques petits airs de trad’ au début, ils
se revendiquent à présent d’une parenté avec
Zebda ou Manu Chao. Avec un accordéon et
un violon virevoltant, ils annoncent une musique
« festive, métissée, folk ». Les Barbeaux, qui
chantent en français, en espagnol et parfois en
occitan, ne renient pas quelques textes engagés,
comme dans les chansons « guérilleros »,
en mémoire des combattants espagnols, « la
prostituée » ou « le café des gens ». « Nous
touchons un public transgénérationnel, racontent
les musiciens. Notre public va des ados
jusqu’aux 40-45 ans. » Ils chantent le pays,
le papet et la vigne. Connus dans l’Hérault
et l’Aude, les cinq musiciens vivent quelques
échappées vers la Belgique et l’Allemagne.
www.lesbarbeaux.fr
Pionnière pour l’organisation d’événements
musicaux à Béziers, depuis quinze ans,
l’association Lo Camèl de Fuoc fait rayonner
lesrichesses de la culture d’oc. Elle propose tous
les jeudis soirs et certains samedis après-midis
des ateliers de danses à la maison de la vie
associative de Béziers. Elle invite des groupes
comme le duo biterrois Castanha é Vinovèl. En juin,
les ateliers du jeudi se déroulent sur la place du 14
juillet devant le Cirdoc, 7 rue Franklin à Béziers.
04 67 28 75 36 - www.cameldefuoc.fr
Le Comptoir des fous,
Spi et la gaudriole…
Le Comptoir des fous, Spi et la gaudriole, 100
grammes de têtes, Agathe Ze bouse : déjà dans
leur nom, on pressent la dérision, l’humour,
la liberté… Sur scène, c’est confirmé. Pierre
Mitaut qui manage avec eux via Steam prod,
© Véronique Chochon
Lo Camèl de Fuòc
« Jetez un coup d’œil sur l’agenda trad, vous
verrez comme ça bouge, ici et partout en France,
en Bretagne comme en Alsace. Dans ce monde
sans repères, impersonnel, les gens viennent
danser, rire, se retrouver. » Depuis huit ans,
Bruno Sentou et son accordéon chromatique,
avec son compère au violon et mandole
algérien, Paul Oliver, sont devenus deux grands
animateurs des balètis régionaux et au-delà.
« Ah ! Si nous pouvions faire danser la planète,
espère Bruno Sentou, qui se revendique comme
militant de la paix. Pendant le bal, on laisse
tomber le costume et le statut social, on est là
juste comme des êtres humains. » Tous deux
sont excellents musiciens, ce qui en gâche rien…
www.agendatrad.org
Autres groupes à découvrir :
Castanha é Vinovèl : www.castanha-e-vinovel.fr
Joanda : www.joanda.fr
Coriandre : wp.coriandre.info
Pascal Comelade : www.pascal-comelade.fr
Patric : www.aura-occitania.com
L’art à tatouille : www.tatouille.sitew.com
Goulamas’K : www.goulamas-k.com …
© Lo Camèl de Fuòc
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
19
Écoutez les instruments traditionnels
avec pierresvives
Allez sur le portail internet de pierresvives et vous
voici à l’écoute des instruments de notre région :
Le fifre
Enregistrement d’un air de musique joué au fifre par JJ Ségui.
Durée : 1min.36s. [ADH, fonds ODAC, 1771W6]
Le Hautbois
Enregistrement d’un air joué au hautbois par Léon Larose.
Durée : 1min.56s. [ADH, fonds ODAC, 1771W32]
Les danses traditionnelles
Le chevalet
Extrait d’un entretien avec Gaston Laurens enregistré par Pierre
Laurence. La Danse du chevalet dans le folklore mézois : airs
fredonnés lors de la danse.
Durée : 4min.22s. – Mèze, 17 septembre 1988. [ADH, fonds
ODAC, 1771W473]
Les soufflets
Danse du chevalet à Mèze. Archives départementales de l’Hérault, 2 Fi CP 1463
Ressources insoupçonnées
À
travers le portail internet pierresvives, les Archives départementales
de l’Hérault ont voulu donner plus de visibilité à l’ensemble de leurs
ressources sur la musique. Via une page dressant un panorama
général, le public peut accéder facilement à des présentations plus
détaillées puis aux inventaires et aux documents numérisés, pour découvrir
des ressources insoupçonnées. Sait-on par exemple que l’assemblée des États
de Languedoc, chargée du vote et de la répartition de l’impôt sous l’Ancien
Régime, était également la première institution musicale laïque de la province,
avec un maître de musique choisi parmi les meilleurs du royaume ? Que les
fonds d’origine privée recèlent des partitions inédites d’opéras-comiques d’un
mousquetaire du roi originaire de l’Hérault, et des chansons languedociennes
recueillies au début du XIXe siècle ? Entrez dans la danse, au son des musiques
traditionnelles languedociennes captées par l’Office départemental d’action
culturelle, numérisées et consultables en ligne.
Damien Vaisse, Conservateur du patrimoine,
Directeur des archives anciennes et des systèmes d’information,
Archives départementales de l’Hérault-pierresvives
Extrait d’un entretien avec Aimé Charles enregistré par Pierre
Laurence.
Durée : 1min.30s. – Fabrègues, 7 juin 1983. [ADH, fonds
ODAC, 1771W64]
Les musiques festives
Les Joutes
Extrait d’un entretien avec Cécile Niquet, Madeleine Blanc,
Marie-Thérèse Chalons et Élise Gémon enregistré par Yves
Figon. Durée : 1min.56s. – Olargues, 25 février 1997.
[ADH, fonds ODAC, 1771W1004]
Le Carnaval
Extrait d’un enregistrement réalisé par Alain Riols. Prise de son
d’ambiance dans un carnaval : Jugement de Carnaval, chants
occitans et français. Durée : 2min.03sec. – Le-Pouget, février
1978. [ADH, fonds ODAC, 1771W537]
Airs à danser joués à l’accordéon
Extrait d’un entretien avec Germain Cros ; Jacques Bouet.
Différents airs joués à l’accordéon : La Danse des Treilles et Lo
curarèm l’esclop. Durée : 2min.19s. – La-Salvetat-sur-Agout,
été 1970. [ADH, fonds ODAC, 1771W6]
Extrait d’un entretien avec M. Sagne enregistré par Bernard
Morin, Brigitte Mouchel et Alain Charrié, enquêteurs. Enquêteur
et témoin se mettent à jouer et à chanter des chansons en
patois. Durée : 3min.06s. – Saint-André-de-Sangonis, [1976 ?].
[ADH, fonds ODAC, 1771 W 331]
Musique traditionnelle languedocienne : http://pierresvives.
herault.frressource/musique-traditionnelle-languedocienne
Guide des sources sur la musique : http://pierresvives.
herault.fr/ressource/guide-des-sources-sur-la-musique
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Cogito
Le rocker et le troubadour
Gérard Zuchetto
Auteur, chanteur, chercheur*
A
rt de trobar et art d’amar,
c’est là toute la maestria
des troubadours. Un art qui
autorise ses initiés et praticiens
passionnés de poésie et de
musique, pétris de savoir et de connaissance
hérités à la fois des grands textes des antiques,
de la Bible, des légendes Arthuriennes… à
vouloir s’élever au-dessus de la médiocrité
d’une société médiévale agitée par des luttes
incessantes entre seigneurs sûrs de leur pouvoir
mais indécis devant les enjeux politiques.
Aujourd’hui, parce que nous avons lu leurs
textes et décrypté le contexte historique, notre
connaissance des troubadours est plus précise.
À la découverte des chansons des troubadours,
cansos et sirventes, un voile se lève sur un
monde qui affirme d’emblée sa différence, par
l’art de la chanson, œuvre d’art, justifiée par des
choix décisifs tels l’usage de la langue occitane,
propulsée de fait langue de la poésie, rimée de
Poitiers à Venise, de l’Auvergne à la Sicile, de la
Provence à Tolède, de Toulouse à Tripoli, dans
la lointaine Hongrie… Chanter Joi e Jovens, le
plaisir amoureux et la jeunesse, Convivencia,
la convivialité, Cortezia, la manière de se
conduire, participer au débat politique et
promouvoir des valeurs laïques et humanistes :
les troubadours interprètent et font entendre
leurs chants par les Joglars, les jongleurs,
partout où l’on veut bien les écouter. Saber e
Coneissensa restent les maîtres mots qui nous
permettent de mesurer la portée de leur œuvre
à la fois immense sur le plan littéraire et musical
mais tout autant sur le plan sociétal et culturel.
Ils représentent aujourd’hui le ciment culturel de
l’identité occitane. Aussi, il n’est pas étonnant
L’héritage des
troubadours, loin d’être
dépassé et poussiéreux,
constitue une source
d’inspiration infinie.
que leurs lointains héritiers américains, poètes
chanteurs d’expression libre, s’appuyant sur la
connaissance qu’ils ont acquise à travers Ezra
Pound ou René Nelli, notamment, reprennent
à leur compte l’appellation « Troubadour ».
C’est le cas pour la protest song américaine
avec Woody Guthrie et la chanson engagée en
général. « Musique populaire et mouvements
sociaux allaient toujours de pair, depuis le
Mouvement américain pour les droits civils des
années 1960, activistes et protestataires pour
le changement ont trouvé des troubadours et
des artistes pour étendre leur message social.
Du folk au funk, du rap au rock, de l’incendiaire
à l’imaginaire, nous nous intéressons aux
chansons de protestation les plus connues et
significatives de l’ère moderne. » (Nevermind
the 90’s- Northern Melbourne Institute of TAFEawesome team of Music Business Students.
2012). Mais en Europe, l’expression est souvent
associée à l’image créée par les romantiques,
Stendhal, Rostand, Heine… celle du gentil
chanteur qui attendrait au pied des remparts
de voir apparaître une dame pour lui envoyer
un mouchoir en guise de serment d’amour… Le
chanteur est bien sûr « habillé en troubadour »…
Voici une perception à l’opposé de ce que nous
disent les 2800 textes qui forment le corpus
du trobar et où la réalité est plus belle que
la fiction ! L’héritage des troubadours, loin
d’être dépassé et poussiéreux, constitue ainsi
une source d’inspiration infinie : la richesse
des mélodies, l’originalité des thèmes des
chansons, la réflexion, la critique, la verve et
les trouvailles stylistiques… tout y est. Comme
autant de pétulances qu’il faudrait aux artistes
d’aujourd’hui pour être troubadours.
* Directeur artistique et musical de Troubadours
Art Ensemble, Trob’Art productions et Troba
Vox ; Chargé de la programmation du festival
Les troubadours chantent l’art roman en
Languedoc-Roussillon ; Responsable des
séminaires et Master classes Performing trobar
de l’université de Stanford ; Intervenant pour les
classes de Masters musicologie à l’Université
Autonome de Barcelone
PATRIMOINES
PATRIMOINESEN
ENRéGION
RéGION/ /24
23/HIVER
/ AUTOMNE
2014-2015
2014
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L’œil de l’artiste I Lozère
Nathalie Massenet-Dollfus
Artiste verrier
Souffler le verre, souffler la vie
J
usqu’en décembre, elle présente ses œuvres, à la Halle du Verre
de Claret, dans l’Hérault. Auparavant, elle a participé à un festival
artistique en Piémont italien. Installée dans un hameau de SaintLaurent-de-Trèves, près de Florac (Lozère) depuis quinze ans, Nathalie Massenet-Dollfus, Parisienne d’origine, se réjouit de cette première
reconnaissance : « Je travaille le verre depuis cinq ans, le temps de trouver
mon expression. J’ai commencé avec un petit atelier et un four modeste.
Mais il me fallait un espace plus grand pour aborder toutes les étapes du
métier. À Florac, j’ai trouvé un lieu où m’exprimer complètement. » Un gros
investissement pour un four pouvant chauffer jusqu’à 1300°. Née dans une
famille d’artistes, elle suit une formation de paysagiste à Versailles, puis
se lance dans la réalisation de maquettes de paysages et travaille entre
autres pour le Muséum d’Histoire naturelle. Nathalie Massenet-Dollfus a
choisi de venir en Lozère, par goût de la nature et d’un autre mode de vie.
Là, elle commence à fabriquer des compositions dans des boîtes, avec des
éléments naturels glanés alentour puis décide de se former au soufflage du
verre dans le Vercors en plusieurs temps d’apprentissage. « J’ai besoin de
travailler avec les mains, explique-t-elle, et ce métier m’en donne l’occasion. Avec tous ses gestes divers : cueillir à la canne, tourner, souffler, puis
trancher. Le geste doit être rapide et précis, même si l’on peut réchauffer la
matière en cours de travail. Le métier nécessite un engagement physique
et en même temps une grande concentration. » Après la cuisson, on laisse
refroidir la nuit et là, monte parfois l’angoisse. L’impatience puis la découverte et la joie, souvent. L’artiste parle avec calme de son métier. Dans
ses yeux vifs, on devine toute l’émotion et l’attention nécessaire pour une
cuisson : « Le verre, travaillé avec des débris de l’industrie, est un matériau
intéressant, dit-elle, fragile mais fort comme la nature et il faut jouer sur
cette ambivalence. » Nathalie Massenet-Dollfus passe de longs moments
dans la nature, elle y récolte un caillou, des graines ou une branche de buis
pour ses compositions. Ses œuvres, où verre et porcelaine sont associés,
sont souvent, elle le reconnaît, un hommage à la nature.
Temps long, temps de silence
« L’association de différents matériaux entraîne des rythmes de travail variés : le
soufflage du verre à chaud demande une attention constante, une grande justesse du
geste, effectué avec rapidité. C’est un moment intense de concentration. Le modelage
de la porcelaine est une aventure au long cours : c’est souvent le même geste répété
pendant plusieurs heures, piquetage, collage de petits éléments. C’est le moment
de la patience et du temps long. Les récoltes d’éléments comme le buis, les lianes,
les graines sont l’occasion de promenades, de repérages, d’une immersion dans la
nature. C’est le moment du calme et du silence. Puis vient le temps de l’assemblage,
précis et minutieux, pour donner corps et cohérence aux objets, pour suggérer la
force et la fragilité de la nature. »
22
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
PATRIMOINES EN RéGION / 22 / PRINTEMPS 2014
23
Architecture et urbanisme
Des recettes « maison »,
ni vues, ni connues
Il y a ceux qui « font construire » et ceux qui préfèrent transformer leur lieu
de vie existant. Dans chaque cas, la « confection » d’une maison reste une
grande aventure.
L
a maison n’en finit pas de faire rêver, rêve entretenu en
permanence par la profusion d’émissions télévisées et de
magazines. Il est encore ici question de maisons, mais de
ces modestes demeures qui, sans prétendre faire la Une
des revues spécialisées, expriment pourtant les trésors d’ingéniosité et de créativité déployés par le duo concepteur/habitant.
De la rencontre entre un architecte et un maître d’ouvrage
naissent des maisons, mais pas n’importe quelles maisons, de
celles qui font surgir des sentiments, des sensations, des émotions, des désirs. Ces aspects affectifs, enfouis en chacun de
nous, ont tôt fait de prendre le pas sur les réalités pécuniaires
qui n’en sont pas moins des batailles. Démarches sensibles et
rationnelles se bousculent. Budgets, règlements, relief du terrain, climat, partage des espaces entre les habitants, autant
de contraintes, autant d’enjeux qui vont mettre à contribution
les compétences et les capacités créatives de l’architecte.
Sous le signe de la complexité, construire ou transformer sa
propre maison est une expérience unique, qui bouscule beaucoup plus qu’on n’imagine.
En dépit des idées reçues, solliciter un architecte n’est pas réservé à une population aisée. Relever les défis d’un terrain difficile, pentu, très petit, biscornu, d’une végétation à conserver,
optimiser l’orientation, concilier les vues, le vent, le soleil, trouver l’isolation adaptée, explorer toutes les astuces pour capter
la lumière naturelle, traduire les besoins et les envies de ceux
qui vont investir les lieux, le tout avec un budget souvent réduit,
autant de paramètres qui ne figurent pas dans les offres de maisons sur catalogues.
Puis, il y a ceux dont la maison n’est plus adaptée à l’évolution
24
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
de la structure familiale, mais qui souhaitent néanmoins y rester,
soit parce que leur budget ne permet pas un achat, soit parce
qu’il n’est pas question pour eux de quitter le quartier, les amis,
un environnement familier, la proximité de services. L’extension,
sous des formes aussi multiples qu’inattendues, est alors une
solution. C’est en effet dans ce domaine que se révèlent le plus
de surprises. À la faveur d’une extension, on améliore la fluidité
des espaces, on explore les dispositifs pour capter la lumière,
pour mieux isoler, on change ses habitudes, on découvre de
nouveaux angles de vue… une autre maison apparaît, ni tout
à fait la même, ni tout à fait une autre. Chaque cas est si particulier, qu’aucune solution stéréotypée ne pourra le résoudre.
Pour certains il en découlera des modes de vie quelquefois atypiques, non conventionnels, qui n’en seront que plus riches pour
les habitants. Une maison, même la plus modeste, même la plus
petite, révèle le rapport au monde de celui qui l’habite et peut être
aussi sa vraie richesse.
Michèle Bouis, directrice adjointe du CAUE de l’Hérault
Pour aller plus loin
Ni Vu Ni Connu
Exposition sur l’architecture contemporaine en LanguedocRoussillon – parution janvier 2015
Conçue et réalisée par l’Union Régionale des CAUE en LR avec
le soutien de la DRAC LR.
Prêt gratuit sur demande auprès de votre CAUE : www.caue-lr.fr
Une greffe réussie
Sur une parcelle de 310 m2, la maison est nichée au cœur d’un quartier dense de
Montpellier. Tout l’enjeu a été de jouer avec les contraintes : le voisinage, les vues...
Il fallait tirer parti des coins et recoins, des hauteurs, des orientations, rechercher
les perspectives, la lumière, la ventilation naturelle... Pari gagné, avec deux
chambres supplémentaires, la famille a pu rester dans un quartier qu’elle apprécie.
Fiche technique
Commune : Montpellier, Hérault
Maître d’œuvre : Traverses, architectes • Maîtrise d’ouvrage : privée
Crédits photos et documents Agence Traverses
La conquête du toit terrasse du garage offre un espace de jeux et
de farniente ensoleillé.
Malgré l’étroitesse du jardin, un bassin trouve sa place.
Dans les arbres
Sur un terrain, très arboré, au centre du village. La maison toute en bois
est construite sur pieux vissés, en raison des fortes crues, répondant
par la même occasion au souci de conserver la végétation existante. La
maison s’insère au plus juste dans sa parcelle, en fonction des arbres, tous
préservés. Les façades Nord et Est, peu ouvertes, protègent l’intimité par
rapport à la rue et des vents dominants, contrairement à la façade Sud, qui
s’ouvre par de grandes parois coulissantes sur le jardin.
Fiche technique
Commune : Montbazin, Hérault
Maître d’œuvre : Perris.Perris, architectes • Maîtrise d’ouvrage : privée
Crédits photos Perris.Perris
La maison s’inscrit dans la continuité bâtie du village.
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
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Mon métier
Le Géomètre-Expert
Chaîne d’arpenteur et GPS
V
ous l’avez sûrement rencontré, sur le bord d’une route, à la
périphérie d’un chantier, l’œil rivé sur un drôle d’appareil, vous
l’avez peut-être reçu dans votre appartement pour y mesurer
l’exacte superficie, avant une vente… le géomètre-expert est
bien l’homme qui mesure, mais dans de nombreuses situations. « On peut
évoquer trois grands domaines dans nos activités, explique Arnaud Faissat du cabinet EPSILON GE à Pignan, dans l’Hérault. Nous réalisons
des levés topographiques, grâce au théodolite - mesurant les angles
horizontaux et verticaux - et au GPS pour établir le plan d’un terrain, l’élévation d’une façade, la coupe d’un ouvrage d’art. Cette partie du métier
englobe également l’implantation. Pour la matérialisation sur le terrain des
lots d’une ZAC ou d’un lotissement, de l’emprise des voiries et celle des
bâtiments. Nous pratiquons le bornage contradictoire amiable, la division foncière (partage familial, alignement de rue…), de l’état descriptif
de division d’une copropriété. Enfin, nous pratiquons l’ingénierie d’infrastructure, comme maître d’œuvre en voirie et réseaux divers, lors d’une
opération d’aménagement. Dans ce cas, nous sommes amenés à croiser
tous les corps de métier du Bâtiment et des Travaux Publics. »
À côté de l’image un peu désuète du géomètre qui prend son temps, notre
interlocuteur dessine tout un autre aspect de son travail, riche et varié.
Même s’il utilise toujours la chaîne d’arpenteur, le géomètre reconnaît
que ses outils ont beaucoup évolué, grâce à l’automatisation de la saisie
des données, au scanner laser 3D, à la géolocalisation et à l’informatique
comme vecteur important des données recueillies, parfois en temps réel,
du champ au bureau ! « Nous gagnons du temps avec ces nouvelles technologies, constate Florence Amphoux, son associée. Arpenter un champ
pouvait jadis prendre des semaines. Aujourd’hui, selon la superficie, cela
peut prendre 2, 3 ou 4 jours, beaucoup moins donc. » Les géomètres
sont aussi sollicités par les architectes des Monuments historiques pour
le relevé précis d’un ouvrage d’art : « Nous avons scanné, enregistrant
ainsi des milliards de points de levé, le pont de Saint-Étienne d’Issensac,
sur l’Hérault, où l’on nous avait demandé de dessiner sur plan l’exacte
forme de toutes les pierres de l’ouvrage. » Le métier pas très connu a donc
changé et attire… Rappelons enfin qu’assermenté, le géomètre-expert est
le seul professionnel en France habilité à définir juridiquement les limites
de la propriété foncière.
Comment devenir Géomètre-Expert ?
Pour les titulaires du BTS Géomètre-Topographe, le titre de Géomètre-Expert est obtenu :
Après cinq années de stage chez un géomètre, validation de la formation par l’ordre des géomètres.
Après obtention du DPLG (diplôme par le gouvernement), le jeune géomètre peut s’inscrire à l’Ordre.
Pour les ingénieurs diplômés des trois écoles suivantes :
1. L’ESTP, école spéciale des travaux publics, section Ingénieur-Géomètre, Paris-Cachan
2. L’ESGT, école supérieure des géomètres topographes, Le Mans
3. L’INSA, école publique d’ingénieurs et d’architectes, Strasbourg
Après deux années de stage, validation de la formation par l’ordre des géomètres. Le géomètre-expert-stagiaire peut dès lors être embauché dans un
cabinet. Après 24 mois de stage validé, il obtient l’Accréditation pour l’inscription à l’Ordre des Géomètres-Experts. Il peut enfin choisir l’exercice du
métier en société ou en nom propre.
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
Zoom I Hérault
À Claret
Rêvez dans la Halle du verre
E
n cette fin 2014, le Noël de verre
sera l’aboutissement d’une belle
année pour la Halle du verre, le
Centre verrier de Claret, au nord de
Montpellier. Une de plus… Depuis 2009, en
effet, suite à plusieurs années de réflexion
et de travail architectural et thématique sur
le site, le centre attire chaque année tout un
public devenant au bout de cinq années, un
public de passionnés. C’est ce que raconte
Coralie Pagès, adjointe à la culture à la
Communauté de communes du Grand Pic
Saint-Loup : « Ici, chacun vient chercher ce
qui l’intéresse dans le verre, explique-t-elle.
Pour les uns, ce sera l’histoire, y compris
celle d’ici, très riche. Pour d’autres, l’attrait
est celui du travail et des gestes précis de
la profession, enfin on vient aussi à Claret
parce que l’on aime l’art du verre. » Le centre
de Claret et ses trois espaces apportent
une réponse aux attentes de ces publics
différents. Dans le parcours judicieusement
dessiné, on se retrouve sur une portion
comme au balcon et l’on peut, sans danger
et sans déranger l’artisan, découvrir l’atelier
du fileur de verre, ses gestes et savoir-faire
ancestraux et modernes. L’occasion de
s’émerveiller devant cette torsion si originale
de la matière en fusion, offrant une palette de
couleurs infinie. À l’étage de l’expo annuelle,
le visiteur peut admirer cette année les
« Demoiselles de verre », où un collectif de
quinze femmes d’ici ou d’ailleurs présentent
leurs travaux, chacune offrant son style
pour montrer « un regard de femme sur la
matière verre ». Enfin, au rez-de-chaussée,
un parcours audio et vidéo permet de
revivre l’histoire de cet art, à travers les
siècles et les régions. « N’oublions pas,
rappelle Didier Fournials, le directeur du pôle
© C. Capelier
Culture et patrimoine de la Communauté
de communes, que le causse de l’Hortus,
autour de Ferrières-les-Verreries, a vécu
une longue histoire avec le verre, pendant
cinq siècles. Le dernier fileur de cette
longue tradition des gentilshommes verriers
a disparu en 1790. » Aujourd’hui, dans
plusieurs régions de France et aux ÉtatsUnis, tout un mouvement valorise l’art verrier
et des expositions s’intéressent aux années
1970 et témoignent de sa renaissance. À
Claret, on se réjouit d’avoir déjà pu accueillir
des expositions prestigieuses comme celle
de la Maison Daum… et les responsables
avouent qu’ils ne veulent pas en rester là.
Entendez que l’on n’a pas fini de parler de
ce centre du verre, de plus en plus sous les
feux des grands rendez-vous artistiques.
Dessine
ta bestiole
Les classes sont régulièrement
accueillies à Claret et une
© T. Reynaud
animatrice du patrimoine les aide
en proposant des activités pédagogiques.
L’une d’elles consiste à inviter les enfants à
dessiner sur papier un animal ou une figurine.
Ensuite, chacun le portera au fileur. Celui-ci
s’empresse alors de retraduire en verre le
dessin suggéré par l’enfant. Dans le circuit
de l’exposition permanente, une douzaine
d’étapes ont été spécialement adaptées aux
enfants de 6 à 13 ans.
Les horaires
En décembre, le musée est ouvert les samedis, dimanches et jours fériés de 14h à 18h.
Atelier du fileur de verre de 14h15 à 17h45. Les 13 et 14 décembre, Noël de verre et Marché
des Verriers de 10h à 19h.
Halle du Verre, 50 avenue du Nouveau Monde à Claret.
04 67 59 06 39
www.cc-grandpicsaintloup.fr/Halle-du-verre
PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
27
Lire, regarder & écouter
Pierre sèche des Pyrénées Catalanes, découvrir
et bâtir, cahier pratique du Parc naturel régional des
Pyrénées Catalanes, réalisation
Le Passe Muraille.
Le Parc naturel régional des
Pyrénées catalanes organise depuis bientôt trois ans des stages
d’initiation à la réhabilitation et
à la construction de murettes
de pierres sèches à destination
des employés communaux, des
professionnels du tourisme, des
agriculteurs et du grand public.
Dans la même lignée, ce cahier
technique à destination des
futurs bâtisseurs amateurs et des curieux passionnés de patrimoine bâti apporte un éclairage mérité
sur les ouvrages réalisés en pierre sèche, afin d’en
décrypter l’origine et les secrets de fabrication.
Disponible en français avec traduction en catalan, le
cahier technique est téléchargeable gratuitement sur
le site www.parc-naturel-pyrenees-catalanes.com.
En savoir plus : Christelle Frau, chargée de mission
culture, patrimoine et catalanité, 04 68 04 97 60 [email protected]
L’immigration en Languedoc-Roussillon du XIXe
siècle à nos jours, Suzana Dukic, Éd. Trabucaire,
15€.
Suzana Dukic, historienne et chercheuse-coopérante à l’ISCRA-Méditerranée, nous avait fait
l’amitié de rédiger un article
dans le N°18 de Patrimoines en
région. Elle poursuit avec cet
ouvrage ses travaux sur l’histoire
de l’immigration, les politiques
publiques de la mémoire et de la
lutte contre les discriminations.
Cet ouvrage de synthèse, basé
sur une bibliographie présentée
en annexe, retrace l’histoire de
ces centaines de milliers d’immigrants qui se sont succédé
depuis le XIXe siècle, de façon
temporaire ou définitive, sur le territoire régional.
www.trabucaire.com
Les ports antiques de Narbonne, ouvrage
collectif sous la direction de Corinne Sanchez et
Marie-Pierre Jézégou, Les carnets du Parc N°15,
Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée, 6€.
Narbonne fut l’un des
plus grands ports de
l’Antiquité. Les recherches archéologiques
autour des lagunes
narbonnaises dévoilent
un ensemble portuaire
immense reposant sur
des avant-ports dans la
lagune et un port fluvial
en ville. Les fouilles
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
récentes ont montré l’importance de l’aménagement de l’embouchure du fleuve Aude au sud de
Narbonne. Si aujourd’hui cette zone est complètement colmatée, elle a joué un rôle majeur dans
l’Antiquité. Les bateaux pouvaient stationner près
de jetées aménagées et transférer les marchandises sur des bateaux à fond plat pour remonter
le fleuve. Vous retrouverez dans cet ouvrage l’état
des recherches actuelles sur le sujet.
www.parc-naturel-narbonnaise.fr
Franchir le canal du Midi, les ponts sur la
Grande Retenue, Jean-Michel Sauget, Isabelle
Jonc, avec la collaboration de Samuel Vannier,
collection Focus Patrimoine de l’Inventaire général
du Patrimoine Culturel régional, Région Languedoc-Roussillon, Éd. Lieux dits, 10,50€.
Le canal du Midi, inauguré en mai 1681 par l’Intendant de Languedoc et par le président né des États
de Languedoc, a représenté un défi technique
majeur que Pierre-Paul
Riquet a relevé sans pouvoir en connaître le terme.
Cet ouvrage, s’appuyant
sur le riche fonds documentaire, retrace l’aventure du Canal Royal, un
chantier hors norme. La
voie d’eau devait permettre
de développer le commerce intérieur et apporter
la prospérité aux campagnes traversées. Une part
importante du livre est consacrée aux ponts sur la
Grande Retenue. Les photos de Marc Kérignard et
les plans d’archive vous les font découvrir.
www.lieuxdits.fr
Carnet de voyage Grand Site du Salagou et de
Mourèze, tome 1 « Chloé » et tome 2 « Cyprien »,
textes Gabrielle Bouquet, illustrations Hugo Quin,
co-édition Grand Site du Salagou et de Mourèze et
éditions Cardabelle, 6€.
Le Grand Site du Salagou et de Mourèze présente
des panoramas aux couleurs contrastées. Les
deux premiers volumes de cette nouvelle collection
de carnets de voyage vous donnent un aperçu
de ces paysages sensibles et poétiques. Dans le
tome 1, Chloé traverse pas à pas des espaces où
domine le minéral
et se laisse guider
par les mouvements
géologiques. Les
courses en vélo de
Cyprien permettent
dans le deuxième
volume de sillonner
de larges étendues
et de mesurer la
richesse de la biodiversité. Destiné aux visiteurs
comme aux habitants, chaque carnet est une
invitation à explorer le territoire pour découvrir des
lieux insoupçonnés.
www.lesalagou.fr - www.cardabelle.fr
Vita Sancti Willelmi, fondateur de l’Abbaye de
Gellone, édition et traduction du texte médiéval
d’après le manuscrit de l’abbaye de Saint-Guilhemle-Désert par Alice Colby-Hall, Éd. Arts et Traditions
Rurales, 30€.
Alice Colby-Hall, Professeur émérite d’études
romanes à l’Université Cornell aux États-Unis, se
consacre depuis des années aux chansons de
geste du cycle de Guillaume d’Orange. Dans cette
édition, elle traduit et commente la biographie
de saint Guillaume de Gellone, alias Guillaume
d’Orange, afin de la rendre plus accessible au lecteur et de séparer la vérité historique des légendes
et des falsifications.
Renseignements et commande : ATR, 1 traverse
de la place, 34150 Saint-Guilhem-le-Désert [email protected]
Outil pédagogique
Enquête de qualités : produits et métiers de
l’agroalimentaire en Languedoc-Roussillon,
coordination DRAAF L-R, réalisation Terre Nourricière. Dans la continuité de la démarche d’éducation des jeunes à l’alimentation de qualité engagée
par les services de l’État dans le cadre du plan
régional de l’alimentation, voici
le deuxième tome de la série
« Enquête de qualités ». Ce livret
éducatif est conçu et adapté
pour un public de collégiens, de
11 à 15 ans, susceptibles d’être
confrontés aux choix de l’orientation professionnelle. L’objectif
est de faire connaître aux
jeunes les produits alimentaires
patrimoniaux des entreprises
régionales, leurs procédés
de fabrication, les métiers de
l’agroalimentaire du LanguedocRoussillon et les parcours qui
s’y rattachent.
La version numérique est disponible gratuitement
sur le site www.draaf.languedoc-roussillon.
agriculture.gouv.fr
DVD
Patrice Gabanou et les salins, de l’art du saunier au
défi de l’entreprise, Christian Jacquelin et Luc Bazin,
Collection « Archives du sensible » du
Parc naturel régional de la Narbonnaise
en Méditerranée, 10€. À l’âge de six ans,
Patrice Gabanou accompagnait son père
dans les sites saliniers et dévalait les
camels (montagnes de sel). Ce sera son
premier contact avec le sel qui le suivra
toute sa vie. Après plusieurs petits boulots,
il se forme au métier de saunier, activité
relevant de l’agriculture et de l’industrie.
L’homme ne manque pas non plus d’esprit d’entreprise et
diversifie ses activités : production d’huîtres, restaurant,
écomusée et boutique, visites et expos… Découvrez son
parcours et les métiers du sel dans ce film documentaire
de trente minutes composé de témoignages et
d’entretiens. www.parc-naturel-narbonnaise.fr
"
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PATRIMOINES EN RéGION / 24 / HIVER 2014-2015
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Vie du Carrefour des Patrimoines
Immersion dans le PNR de la Narbonnaise
E
© J. Schilling
n écho au dossier central de Patrimoines en région du mois de septembre
consacré au lien entre patrimoine culturel et patrimoine naturel, le Carrefour des
Patrimoines a organisé une journée d’échanges au Parc naturel régional de la
Narbonnaise en Méditerranée le 14 octobre 2014. C’est dans l’Aude, à Sigean,
au cœur du Parc, véritable vitrine où mémoire, culture et nature s’entremêlent, que Marion Thiba, chargée de mission à l’origine de ce projet original « Culture Patrimoine »
du Parc, nous a accueillis. Le matin, nous sommes partis à la découverte des salins
classés au Patrimoine Mondial pour ses zones humides en compagnie de Christophe
Lauzier. Cette approche sensible nous a permis de nous familiariser avec des paysages
étonnants qui se réinventent tous les jours. Et ainsi de mieux comprendre les liens qui ancrent cette zone naturelle et son passé culturel.
Après le repas tiré du sac, Marion Thiba nous a présenté sa mission culturelle. L’occasion d’échanger autour de l’entrée culturelle sur un
site ayant plutôt une mission de gestion des espaces naturels. Enfin, Marie Deweirder, animatrice du Parc, a mis l’accent sur la pédagogie indispensable pour transmettre ce patrimoine et en faciliter la lecture et nous a présenté le RAP (Réseau des animateurs du Parc).
Retrouvez le compte rendu complet de cette journée d’échanges sur www.carrefour-des-patrimoines.net
L’Agenda du patrimoine 2015
B
alades, visites et jardins, concerts et spectacle vivant, fêtes, gastronomie et traditions, expositions, conférences… L’Agenda du patrimoine
recense tous les événements nature et culture de l’été. L’édition 2015
sera disponible gratuitement dès mi-juin dans les offices de tourisme et
les sites patrimoniaux de la région. Associations, offices de tourisme et mairies,
sites patrimoniaux et parcs, vous êtes invités à communiquer vos événements
estivaux à la rédaction avant le 27 mars 2015 si vous souhaitez paraître dans
nos pages ou sur notre site internet.
Contact : [email protected]
www.lepassemuraille.org
L
e 15 octobre 2014, à l’invitation de la DRAAF Languedoc-Roussillon, Le Passe Muraille et l’équipe de
Patrimoines en région étaient présents lors du colloque
régional d’éducation au goût proposé à pierresvives, à
Montpellier. Cette thématique, vous le savez, nous est chère.
Depuis maintenant un an, vous retrouvez dans chaque numéro
la rubrique « Histoires de goûts » (voir p. 7).
© René Lechon
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