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Édition spéciale Un même combat, celui des services publics, celui de nos emplois Nos deux syndicats, le Syndicat des employé-es du Centre universitaire de santé McGill et le Syndicat des employé-es du CHUM partagent des réalités qui sont identiques: lutte contre la privatisation, lutte contre l’arbitraire patronal, lutte contre une gouvernance douteuse, et que dire de la lutte contre le projet de faire gérer nos hôpitaux par des firmes privées dans le cadre des PPP. Cela se fera non seulement au détriment de nos emplois, mais surtout au détriment de la qualité des soins. Les deux syndicats ont réclamé de leur administration respective de pouvoir consulter les contrats offerts en PPP… Pas de réponse! Les dirigeants se cachent derrière le secret commercial afin de ne pas dévoiler les véritables ententes qui les lient aux deux consortiums. Pour nos deux syndicats, le concept de secret commercial ne devrait pas exister quand l’administration publique est impliquée. C’est lorsqu’il y a de telles chasses gardées que se négocient des contrats juteux, comme la commission Charbonneau nous le dévoile depuis quelque temps. Ces contrats laissent au privé, sous des conditions qui nous sont inconnues, des services entiers tels que l’approvisionnement, les ouvriers spécialisés (et quoi d’autre encore?) et cèdent à des firmes privées des responsabilités et une expertise qui, jusqu’ici, ont toujours eu un caractère public. Nous devons faire reculer la privatisation en réclamant que les clefs des CHU soient remises aux autorités publiques. L’enquête de l’UPAC sur Arthur Porter, ancien directeur général du CUSM, l’enquête policière au sujet de l’ancienne directrice des ressources humaines du CUSM, le déplorable rapport Baron, le déficit du CUSM qui entraîne des coupures sans précédent, voilà autant d’exemples des conséquences désastreuses d’une gestion des services publics s’inspirant du privé. Au CHUM, comme par hasard, on a annoncé des coupures pour un montant équivalent aux intérêts que l’établissement doit verser sur les emprunts faits pour financer les firmes privées qui construisent l’hôpital en PPP. Nous vous demandons de vous mobiliser, avec une détermination semblable à celle que l’on a connue dans la lutte étudiante, de participer activement à nos activités publiques, car nous pouvons ébranler nos employeurs, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et le gouvernement. Ainsi, nous pourrons mettre en échec la privatisation et maintenir des services publics de santé et des emplois de qualité pour le plus grand bénéfice des citoyens et des citoyennes. SOYONS FIERS DE NOTRE TRAVAIL, SOYONS FIERS DES SERVICES PUBLICS! Par Pierre Daoust et Paul Thomas Présidents des syndicats Qui sommes-nous? CHU en PPP Les syndicats CSN du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) représentent plus de 10 000 travailleuses et travailleurs de la santé et des services sociaux. Ils ont à cœur de donner des services de qualité à la population, mais s’inquiètent des risques que les PPP font courir sur celle-ci. En s’unissant, les deux syndicats interpellent la population et le gouvernement pour éviter la chronique d’une catastrophe annoncée. ou la chronique d’une catastrophe annoncée… Par Jean-Pierre Daubois Pendant plus de 4 ans, jusqu’à ce qu’on annonce que le CUSM et le CHUM seraient construits en mode PPP, toutes les forces vives du Québec se sont prononcées tour à tour contre ce projet. Rien n’y fit, le gouvernement Charest a fait preuve d’une obstination à toute épreuve afin de nous entrainer dans la machine infernale du PPP. Il n’est pas inutile de se remémorer quelques points forts de la contestation car les prédictions de catastrophe sont en train de se réaliser. En janvier 2010, le Vérificateur général de la province déclarait que « les analyses faites par l’agence des PPP sont biaisées et [que] les données étaient faussées dès le départ ». Le Vérificateur allait encore plus loin en accusant « l’Agence d’avoir répondu à son mandat (NDLR : tel que voulu par Charest) en gonflant les coûts du mode conventionnel et en minimisant ceux du PPP ». Quel dérapage! Dans ce numéro spécial, vous pourrez lire des articles qui confirment les pires appréhensions. Dès 2004, les deux fédérations de médecins se sont prononcées en disant que les PPP « auraient un impact négatif sur les soins », et sur le fait que les PPP reposent « sur le principe de la rentabilité qui va à l’encontre de ce qui doit guider l’État dans la prestation de services ». L’Ordre des architectes du Québec s’est également prononcé en accusant le gouvernement « d’improvisation » et l’Agence des PPP de « n’avoir aucune expertise ». Mentionnons aussi l’opposition de plusieurs autres ordres professionnels : infirmières, ingénieurs, pharmaciens, de même que l’opposition de l’Association des économistes du Québec. Si le gouvernement Charest a fait face à tout ce monde, ce n’est pas par simple entêtement. C’est parce qu’il était absolument déterminé à défendre les puissants intérêts financiers privés se cachant derrière les projets de PPP. À travers ce projet, il est clair qu’il voulait faire avancer la privatisation dans notre système de santé. Bien des choses ont changé depuis 2010. Maintenant, ON SAIT que des firmes comme SNC-Lavalin trempent dans la corruption et la collusion. Maintenant, ON SAIT que dans ces contrats, les extras vont nous coûter la peau des fesses. Maintenant, ON SAIT que les PPP vont céder des pans entiers d’expertise publique, comme la gestion des approvisionnements et l’entretien des bâtisses, à des firmes qui vont faire exactement la même chose que les firmes privées ont faite dans les travaux publics : se cacher derrière le secret commercial et le contrôle de l’expertise pour gonfler les coûts pour les contribuables. Avec ce numéro spécial conjoint des syndicats du CHUM et du CUSM, nous voulons relancer la bataille contre le projet de centres hospitaliers universitaires gérés en mode PPP, nous voulons empêcher la privatisation des services tels que l’approvisionnement, les métiers, les cuisines ou tout autre service. Nous croyons fermement que les révélations de la Commission Charbonneau et de l’UPAC nous ouvrent tout grande la porte pour faire reculer le gouvernement, et ainsi garantir l’intégrité de nos services publics et protéger nos emplois. Nous appelons toutes les organisations et toutes les forces vives du Québec pour refonder une large coalition CHU sans PPP. Ensemble, relançons cette bataille! Il en va de notre avenir de citoyens, de travailleurs et de contribuables. Faire le ménage pour mettre l’argent public dans les services à la population Par Guy Laurion, vice-président catégorie 2 et responsable politique de la campagne VPP Un paradoxe frappant et choquant se présente à nous elles acceptent sans brocher de verser illégalement des milliers de tions de nos établissements. Ce comité de recherche nous permet- d’affirmer qu’on doit se serrer la ceinture, que le patronat appelle parlent de la juste part! Justement, une étude du Congrès du travail services sociaux et sur les différentes formes de privatisation qui depuis plusieurs mois. Alors que les gouvernements continuent dollars pour obtenir des contrats. Et ce sont les mêmes qui nous les contribuables à faire leur « juste part », on assiste à la compi- du Canada (CTC) démontre que les réductions d’impôts et de société. Dépassements de coûts, pourcentage des contrats remis l’économie, dorment dans les coffres des entreprises! Plus de 575 partageant les contrats, la liste est longue et la Commission principalement des fonds publics, parce que l’État a cessé d’aller lation sans fin des cas de collusion et de corruption dans notre aux partis politiques et à la mafia, cartel d’entreprises se Charbonneau révèle sans cesse l’ampleur de cette frauduleuse mascarade. Mais comment peut-on prétendre que nous n’avons plus les moyens de financer les services publics, alors même qu’on a accepté, en pleine connaissance de cause, des dépassements de coûts pendant des décennies? Il faut se le dire comme tel : la collusion sert directement les intérêts des tenants de la privatisa- 1 taxes aux entreprises, loin de favoriser l’investissement dans milliards de dollars sont ainsi accumulés, de l’argent provenant chercher ces revenus, et qui ne reviennent aucunement à la société. Il faudra s’en rappeler la prochaine fois qu’on entendra le Conseil du patronat nous dire pour la énième fois que les en- treprises sont trop taxées et trop imposées au Québec et au Canada. d’améliorer les services que l’on donne à la population, mais financer illégalement les partis politiques et la mafia! On doit re- poches. Contre le parasitisme du privé envers nos services pu- On peut consulter cette étude à l’adresse suivante: http://www.congresdutravail.ca/enjeux/Mettons-finaux-reductions-impots Relations incestueuses. blics, il faut absolument pour- Comme le mentionnait un éditorial de Josée Boileau du journal À ce sujet, la Fédération a créé taxes, alors que l’on apprend en même temps que plusieurs d’entre population! bien ce qui autorise les entreprises à s’en mettre plein les suivre notre bataille. entreprises s’élever contre l’augmentation de leurs impôts et diminuer les inégalités sociales et c’est améliorer la santé de la mensonge grotesque! La privatisation n’est pas ce qui permet de le faire, c’est en élargissant nos services publics. Le Devoir le 30 janvier dernier, il est troublant d’entendre les voir les services publics, c’est faire reculer la collusion, c’est grandes entreprises, c’est que cette idée voulant que la privatisa- Dans une situation économique difficile, on ne peut plus se prendre le contrôle sur nos finances publiques et la seule façon poursuivons la lutte pour nos services publics. Parce que promou- corruption et la dilapidation des fonds publics pour profiter aux tion soit la solution à tous nos problèmes n’est en fait qu’un permettre d’accepter de payer des contrats privés trop chers pour se développent. C’est donc avec la même détermination que nous Ce que nous démontre l’actualité récente, entre la collusion, la tion! Parce que diminuer la place des services publics, c’est ouvrir toute grande la porte au patronage et à l’arbitraire des entreprises. tra d’avoir un regard plus précis sur le réseau de la santé et des un nouveau comité de travail qui aura entre autres pour man- dat d’enquêter sur les fonda- Des dépassements de coûts astronomiques Par Pierre Fontaine Une étude effectuée par la firme Secor-KPMG, dévoilée le 16 novembre 2012, démontre que les dépassements de coûts très importants dans les projets d’infrastructures publiques au Québec et l’ajout de nouveaux projets alourdissent la dette publique considérablement. Selon l’étude, les coûts des projets ont augmenté en moyenne de 78 %. Ainsi, le projet du CHUM a augmenté : jusqu’à aujourd’hui, il est passé à 3,4 milliards $, soit une hausse de 127 %, alors que le CUSM est passé à 2,8 milliards $, soit une hausse de 78 %. L’étude de Secor-KPMG affirme qu’il y a des lacunes dans la planification du coût des projets, attribuées notamment à la précipitation, tant pour les annoncer que pour les réaliser. Les estimations de départ sont souvent trop basses, ce qui entraîne des changements en cours de route qui gonflent les coûts. Ainsi donc, le coût de construction des CHU en PPP a déjà explosé alors qu’il reste encore deux ans à la construction. Cette situation ne va qu’empirer. On va s’enfoncer dans les « extras » et autres pompes à deniers publics. Les libéraux avaient promis que les PPP étaient justement « LA » garantie contre les dépassements de coûts. Non seulement cela s’avère un colossal et couteux mensonge, mais suite à la construction, si le projet de céder la gestion des CHU par les consortiums de PPP pour les 30 prochaines années n’est pas annulé, c’est 30 ans d’abus de fonds publics qui nous attendent. Par Mario Pizzo Alors que le CUSM doit faire des compressions monstrueuses de 50 millions $ dans les emplois et les services, la corruption et la dilapidation de fonds liées aux contrats en PPP font la manchette des journaux. Ainsi, la police soupçonne des dirigeants de SNC-Lavalin d’avoir été mêlés à des paiements irréguliers de 22 millions $ pour obtenir le contrat en PPP du CUSM, dont le directeur général à l’époque était Arthur Porter1. L’UPAC a d’ailleurs arrêté, sous des accusations de fraude, deux hauts cadres de SNC-Lavalin, dont l’ex-président Pierre Duhaime. SNC-Lavalin, associé à Innisfree Ltd, avait formé le Groupe immobilier santé McGill qui conçoit, construit et entretiendra le CUSM pendant les 30 prochaines années. Au CHUM, aucune activité criminelle n’a été mise à jour, mais les relations étroites entre certains dirigeants de l’établissement, du gouvernement et ceux qui ont obtenu les contrats peuvent soulever des questions éthiques. Le consortium Accès Recherche CHUM s’était retrouvé seul en lice pour obtenir le contrat de la construction et de l’entretien du centre de recherche du CHUM (durant 30 ans). Ce consortium est dirigé par Pierre Anctil, un ancien vice-président de SNC-Lavalin. À ce titre, Anctil avait déjà obtenu, en mars 2007, un contrat pour établir le plan maître d’ensemble du CHUM, la conception des esquisses, les plans et devis, l’intégration des technologies, ce qui lui a donné possiblement une longueur d’avance pour miser sur les contrats que le gouvernement décide de donner selon la formule des PPP, le 18 juin 2007. Mais il faut aussi mentionner qu’Anctil a été, par le passé, directeur général du PLQ et chef de cabinet du premier ministre libéral Daniel Johnson fils. Johnson, quant à lui, est intimement lié à Power Corporation, dont il fut vice-président. Plusieurs journalistes ont démontré les liens très forts qui unissent Power Corp et le PLQ. Ce serait d’ailleurs à la suite d’une intervention de Paul Desmarais, le grand patron de Power Corp, que Jean Charest va lui succéder à la tête du PLQ. En avril 2004, Charest allait mandater Johnson et Brian Mulroney pour examiner les projets du CUSM et du CHUM et déterminer l’endroit où ce dernier serait construit. Ils ont conclu qu’il devrait se retrouver sur le site de l’hôpital Saint-Luc, bien que Desmarais aurait semble-t-il préféré un autre endroit. Mais, en février 2009, le gouvernement Charest faisait nommer l’épouse de Paul Desmarais Jr, Hélène Desmarais, au conseil d’administration du CHUM. Trois mois plus tard, Christian Paire, DG du CHU de Rouen en France, est embauché comme DG du CHUM. En France, Paire faisait affaire depuis des années avec l’entreprise Dalkia pour son hôpital. Or, Dalkia fait partie du consortium CHUM Collectif qui a obtenu le contrat du CHUM en PPP et sera chargé de son entretien durant 35 ans. Dalkia est une filiale de Suez-Environnement, qui est elle-même une filiale de GDF-Suez, et ce dernier est détenu par Pargesa, propriété de Power Corporation. Bref, si rimane in famiglia… Il est minuit moins cinq, mais il n’est pas trop tard pour reprendre les clefs de nos hôpitaux une fois construits. Il faut dès à présent reconstituer une vaste coalition citoyenne, syndicale et populaire contre les PPP, plus spécifiquement contre la gestion future de nos hôpitaux en PPP. Déjà, le Dr Vadeboncoeur sonne le clairon de la reprise de la lutte pour la défense de nos services publics. Cette large coalition CHU sans PPP doit reprendre vie et, dès le 11 avril, la première salve de ce combat vital sera lancée lors d’une assemblée publique au Palais des congrès. http://affaires.lapresse.ca/economie/quebec/201211/28/01-4598577-pierre-duhaime-dans-les-filets-de-lupac.php 1 P.2 La clef de notre action : la mobilisation! Par Charles Sainte-Marie La sous-traitance, ça coûte cher! Par Jean-Pierre Larche Explosion des coûts, liens d’affaires douteux, coupures, compressions budgétaires, allégations de fraude au CUSM, etc. Les deux CHU ne sont pas encore construits que déjà La sous-traitance à des entreprises du secteur privé est une des formes de privatisation les plus répandues les impacts négatifs du modèle PPP sont nombreux, démontrant les dangers de la privatisation dans nos établissements de santé notamment dans les centres hospitaliers universitaires de Montréal. On de notre système de santé. voit de plus en plus de ces contrats, notamment chez les ouvriers spécialisés qu’on ne remplace plus lorsqu’ils partent à la retraite. Une des clefs les plus importantes pour lutter pour des emplois et des Lorsque les syndicats dénoncent la sous-traitance, on nous répond que les sous-traitants sont plus efficaces services publics de qualité, c’est la et coûtent moins chers. Pourtant, c’est faux. Le syndicat CSN du CHUM a obtenu les contrats donnés en mobilisation. C’est pourquoi les syn- sous-traitance par l’établissement et a ainsi pu comparer le coût d’une heure de travail effectuée par un dicats affiliés à la CSN, le SECUSM sous-traitant par rapport à ce qu’elle coûterait dans le secteur public. Les conclusions sont limpides : la et le SECHUM, syndicats qui re- sous-traitance coûte très, très cher! groupent près de 10 000 travailleuses et travailleurs, unissent leurs forces. Le tableau suivant montre que le CHUM peut payer plus du double pour le travail d’un menuisier en soustraitance comparativement au menuisier payé du secteur public. Le coût de toutes les charges sociales Le 5 novembre dernier, avec l’appui (CSST, RREGOP, etc.) est inclus à la colonne « Coût total du réseau ». de plusieurs syndicats de la région de Montréal et des membres du SECUSM et SECHUM, nous avons lancé la campagne LE VER EST DANS LA POMME (le ver représentant la privatisation et la pomme les services publics). Cette campagne vise à informer et à mobiliser les travailleurs et les citoyens contre les effets pervers du modèle des PPP et de la privatisation sur les services publics des deux CHU. Environ 300 personnes ont manifesté devant le futur centre de recherche du CHUM-Inc. Le président de la CSN, Jacques Létourneau, est venu nous appuyer en livrant un discours mobilisateur. Le même jour, les deux syndicats ont tenu un conseil syndical commun pour solidifier leur alliance. La force de la CSN est primordiale pour notre combat. Nous avons reçu l’appui officiel de ses trois instances qui regroupent plus de 300 000 travailleuses et travailleurs. En effet, nous avons l’appui du Conseil central Montréal métropolitain, de la Fédération de la santé et des services sociaux et des délégués du conseil confédéral de la CSN. Et c’est pire lorsque le CHUM a besoin de payer des heures supplémentaires à un ouvrier. En effet, dans ces conditions, il peut en coûter de trois à quatre fois plus cher de faire affaire avec le privé. Le tableau Mobilisation politique suivant illustre ce gaspillage éhonté. Notons que l’employeur n’a pas à payer de charges sociales sur les heures supplémentaires de ses propres employé-es, mais qu’il est tenu, évidemment, de payer un salaire Pour soutenir notre démarche, nous avons lancé une pétition sous forme de carte postale, dé- majoré de 50 %. nonçant toute forme de privatisation. Nous voulons la remettre au ministre de la santé, le Docteur Hébert, lors d’une rencontre qui sera l’occasion d’exposer nos demandes. Nous avons rencontré le député Amir Khadir pour qu’il intervienne à l’Assemblée nationale sur le dossier des deux CHU. Mobilisation médiatique Pour bien des citoyens, le dossier des CHU est clos. Néanmoins, le débat sur la qualité des soins, les coûts de la privatisation, le nombre de lits et les liens incestueux d’affaires sont loin de l’être. D’où l’importance d’attirer l’attention des médias, donc de la population, pour avoir un rapport de force incontournable. Déjà, des articles ont été publiés dans des journaux sur les problèmes de gouvernance, sur des accusations de fraude, sur le nombre de cadres et sur les coûts exorbitants de la sous-traitance des métiers, ce dernier sujet ayant fait l’objet d’une intervention de notre part auprès des médias. Nous continuons, avec l’aide de la CSN, à trouver de quoi alimenter le dossier noir des deux CHU. Mobilisation citoyenne La lutte qui se mène au CHUM et au CUSM concerne tous les citoyens du Québec. Avec 6 milliards de dollars de dépenses pour les deux sites, l’argent des contribuables doit être investi de manière à maximiser les soins aux patients, pas les profits des compagnies. Le 11 avril prochain, nous On le voit bien : une saine gestion de nos établissements de santé commanderait une révision immédiate tiendrons une assemblée publique réunissant non seulement les organisations concernées, de l’ensemble des contrats offerts en sous-traitance au secteur privé dans nos établissements. N’est-il pas mais aussi les groupes civils et les citoyens s’opposant au mode PPP et à ses dérives. Voilà temps pour nos employeurs de rendre des comptes sur de telles décisions? un moyen de mobiliser toutes les forces : en les unissant. Que l’on soit travailleur, patient ou citoyen, la mobilisation est un des moyens essentiels à la réappropriation de nos services publics, et ce, pour les 35 prochaines années! Gestion de la chaîne d’approvisionnement dans les CHU : Par Hubert Forcier la privatisation est risquée Grâce à l’action syndicale, le gouvernement a mis en suspens, en novembre dernier, le processus de privatisation de la chaîne d’approvisionnement des futurs CHU. Mais pourquoi donc devrions-nous nous opposer au recours au privé de l’approvisionnement? Les risques de la privatisation Le premier risque entourant la privatisation de l’approvisionnement est l’explosion des coûts. On sait maintenant que le recours au privé entraine souvent des augmentations de coûts, notamment dans les services administratifs. Les analyses menées par MCE Conseils prouvent d’ailleurs que le maintien dans le réseau public est moins cher ou se compare au privé. Les provinces canadiennes ont d’ailleurs fait le choix de maintenir l’approvisionnement au public ou dans des organismes parapublics. Un autre risque est de perdre le contrôle de cette fonction importante. La littérature scientifique démontre que l’approvisionnement est une fonction stratégique dans les établissements de santé; il y a donc des risques à confier à un tiers la gestion de l’approvisionnement. Pensons par exemple à l’impact désastreux que causerait un arrêt de service dans la chaîne d’approvisionnement sur la qualité des soins à la population. Le dernier risque est de perdre l’expertise qui existe dans le secteur public. Les travailleuses et les travailleurs des deux CHU ont l’expérience pour gérer l’approvisionnement de ces établissements. Il faut bien comprendre le risque du recours au privé à ce niveau : cela crée une situation de dépendance face à un intermédiaire qui n’est pas sous le contrôle direct de l’établissement. De plus, le recours au privé entraînerait des pertes d’emplois qualifiés. La solution : améliorer les services publics! C’est pourquoi la FSSS-CSN milite pour la mise en place d’une structure juridique sans but lucratif, sous contrôle public, reposant sur une gouvernance publique et sur des conditions de travail du réseau public pour les travailleuses et travailleurs de l’approvisionnement. Ce n’est que de cette façon que nous assurerons une continuité dans la distribution des fournitures et un contrôle dans la gestion de l’approvisionnement, le tout dans l’objectif de répondre adéquatement aux besoins de la population. P.3 Le déficit, un trou béant dans la pomme au CUSM Par Alain Briand Au CUSM, la mauvaise gestion se traduit entre autres par des déficits à répétition. En regardant d’abord l’ampleur de ce déficit et en expliquant ensuite quelques exemples causant les états déficitaires, on comprendra que de gérer des établissements publics comme des entreprises privées a des impacts désastreux. Le déficit du CUSM En 2009-2010, le déficit était de 32,5 millions de dollars; en 2010-2011 de 40,5 millions; en 2011-2012 de 32,5 millions et le déficit budgétaire prévu pour l’année 2012-2013 est de 115 millions. Cela nous donne un déficit accumulé de 208 millions de dollars! Pour rétablir la santé financière de l’établissement, le rapport Baron prévoit le retour à l’équi- libre budgétaire dès 2013-2014. Tout un défi! Notre rôle sera de s’assurer que cet exercice ne se fasse pas aux dépens de services à la population. Les causes injustifiées des déficits Comme plusieurs, nous nous demandons comment le CUSM a pu en arriver là? On ne peut faire autrement que de noter le manque de rigueur des gestionnaires, notamment à la lecture du rapport Baron. Il a été fait mention, dans plusieurs articles de journaux, de l’existence de transactions douteuses au CUSM. Dans un contexte où la collusion et la corruption sont sous la loupe, la gestion du CUSM est au banc des accusés. Pensons aussi au paiement douteux de 22 millions de dollars que SNC-Lavalin a versé au CUSM pour obtenir le contrat du PPP. Autant d’exemples de transactions louches qui minent la crédibilité du projet en PPP ainsi que celle de la haute direction du CUSM. Un autre exemple est celui de la transaction immobilière sur l’avenue Cedar à côté de l’Hôpital Général de Montréal. Il s’agit d’un immeuble en construction dont nous per- cevons maintenant l’ossature inachevée. La construction de cet immeuble fût en effet bloquée à cause du zonage. L’établissement n’avait jamais obtenu les autorisations de la Ville de Montréal pour construire l’immeuble. Dans cette aventure, le CUSM subira une perte d’environ 35,8 à 42 millions de dollars. En somme, le CUSM obtient la palme du plus grand déficit pour une institution hospitalière au Québec. Comme on vient de le voir, on peut facilement questionner la manière dont ces déficits ont été engendrés. Dans l’état actuel des choses, tout porte à croire que la volonté de retour à l’équilibre budgétaire aura des répercussions sur les activités du CUSM et sur les services offerts à la population. C’est pour cette raison que nous appelons la population à se mobiliser pour que nous cessions de gérer nos établissements publics comme des entreprises privées. Que l’on parle de transactions douteuses ou de collusion pour l’obtention de contrats privés, tout cela est causé par la manière dont nos gestionnaires administrent nos institutions publiques. Il est grand temps que l’on reprenne le plein contrôle de nos services publics! Bloc technique Rédaction: Pierre Daoust Paul Thomas Hubert Forcier Jean-Pierre Larche Jean-Pierre Daubois Pierre Fontaine Alain Briand Charles Sainte-Marie Mireille Bénard Guy Laurion Illustrations: Boris Maude Leblanc Mise en page: Natacha Dubey Imprimé chez Payette et Sims par des travailleurs et travailleuses syndiqué(e)s. CHUM : plus de cadres, moins d’employé-es Par Pierre Fontaine Une lettre du président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CHUM, adressée à ses membres, a fait les manchettes dernièrement. Le président y dénonce la multiplication des postes à la haute direction au CHUM, accompagnés d’un ou de plusieurs adjoints et de tous les services administratifs, ainsi que l’emploi excessif de conseillers spéciaux, de firmes d’expertsconseil, dont certains proviennent d’outre-mer. Il s’inquiète que la loi 100, qui exige de réduire de 10 % les effectifs du personnel d’encadrement et administratif, ne puisse être respectée au CHUM. Lors de la séance du conseil d’administration du 29 janvier dernier, la direction du CHUM s’est défendue en répliquant avoir un taux d’encadrement inférieur à la moyenne des centres hospitaliers universitaires du Québec. Néanmoins, elle a été forcée d’admettre que, non seulement elle ne sera pas capable de diminuer le nombre d’heures travaillées dans ses services administratifs cette année tel que requis par la loi, mais elle demande même au gouvernement de lui accorder une exemption. Elle a aussi admis avoir augmenté le nombre de ses cadres, soit 24 de plus depuis 2007, dont la plus grande partie récemment, en vue de la transformation du CHUM. Selon les propos du directeur des ressources humaines, rapportés par La Presse :« On ne sera pas en déficit en 2012-2013 parce qu’on fait des coupes dans plusieurs services administratifs, comme dans les services techniques, les archives, l’hygiène et salubrité et chez les secrétaires qui travaillent à la direction, pour ne citer que quelques exemples. On respecte la loi 100 au niveau du budget, mais pas au niveau des heures travaillées. On veut maintenant que le gouvernement reconnaisse le poids de la transformation du CHUM sur nos structures. » Autrement dit, ce sont les employé-es syndiqués qui font les frais des compressions budgétaires, tandis que le nombre de cadres se multiplie pour assurer la transformation du CHUM. Rappelons que cette année le CHUM exerce des coupes de 85 000 heures de travail chez le personnel pour répondre aux compressions budgétaires imposées par le gouvernement. Bien que le directeur des ressources humaines prétende le contraire, ces compressions affectent nécessairement les services, ne serait-ce que par l’augmentation des fardeaux de tâches chez les employées, quand ce n’est pas la quantité et la qualité des services. Par ailleurs, une autre controverse soulevée par la lettre du président du CMDP fut la question du nouveau logo du CHUM. La direction générale a dû admettre que la consultation avait été plutôt déficiente sur la question, le conseil d’administration n’en ayant pas vraiment été saisi auparavant. Mais au-delà de cet aspect, on peut bien se questionner sur l’urgence et l’utilité de faire cette dépense dans le contexte des compressions budgétaires en cours, durement vécues par les employé-es. En effet, il en a coûté 35 000 $ pour ajouter un petit bonhomme semblable à ceux par lesquels on indique la toilette des hommes au bout des lettres « CHUM ». P.4 The deficit, a gaping hole in the MUHC apple By Alain Briand Poor management at the MUHC is producing, amongst many other things, recurrent deficits. A closer look at the extent of this deficit to begin with, along with an expla- nation of a few representative examples that give rise to such deficits, will enable anyone to understand that managing public institutions in the same way as a private corporation gives rise to disastrous results. The MUHC deficit In 2009-2010, the deficit was $32.5 million; in 2010-2011, $40.5 million; in 2011- 2012, $32.5 million and the projected budget deficit for 2012-2013 is $115 million. This all adds up to an accumulated deficit of $208 million! To restore the institution to financial health, the Baron Report envisages a return to a balanced budget as of 2013-2014. This will be no small challenge! Our role will be to ensure that this exercise is not done on the back of the services provided to the population. The unwarranted causes of these deficits Like many others, we’re now asking ourselves how did the MUHC get itself into such a predicament? One can’t help but note the laxity and sloppiness of MUHC managers, notably when one reads through the Baron Report. There has been much reference, in several newspaper articles, to dubious transactions at the MUHC. In a context where collusion and corruption are under the microscope, MUHC manage- ment is likewise sitting in the prisoner’s dock. And what about the dubious payment of $22 million made by SNC-Lavalin to the MUHC in order to win the PPP contract? So many examples of shady dealings that undermine the credibility of this PPP project, as well as that of senior MUHC management. Another example of all this is the real estate deal that was done on Cedar Avenue right next door to the Montreal General Hospital. The latter involves an immovable under construction where passers-by can now see the unfinished skeleton. Construc- tion of this immovable was indeed interrupted due to a zoning issue. The institution had never secured the required authorizations from the City of Montreal to proceed with building this immovable. In this adventure, the MUHC stands to take a hit of between $35.8 and $42 million. In short, the MUHC wins the grand prize for having the biggest deficit of any hospital institution in the Province of Quebec. As we have just seen, one can easily question the manner in which these deficits have been incurred. The current state of affairs makes it pretty clear that the determination to return to a balanced budget will have a definite impact upon MUHC activities, as well as the services provided to the population. This is why we’re calling upon people from every walk of life to rally together and speak up against managing our public insti- tutions as if they were private companies. Whether it’s dubious transactions or out- right collusion to secure private contracts, they all stem from how our managers are administering our public institutions. It’s high time that we take back full control over our public services! Masthead Redaction: Pierre Daoust Paul Thomas Hubert Forcier Jean-Pierre Larche Jean-Pierre Daubois Pierre Fontaine Alain Briand Charles Sainte-Marie Mireille Bénard Guy Laurion Illustrations: Boris Maude Leblanc Layout: Natacha Dubey Printed at Payette et Sims by unionized workers CHUM: more managers, fewer employees By Pierre Fontaine A letter from the President of the CHUM Council of Physicians, Dentists and Pharmacists (CMDP) addressed to its members made the headlines recently. In it, the President condemns the proliferation of senior management positions at the CHUM, along with one or several assistants and of the administrative support services, as well as the excessive recourse to special advisors, consultant firms, including a few headquartered abroad. He also expressed his concerns that Bill 100, which requires a 10% reduction in supervisory and administrative staff, will not be complied with at the CHUM. Last January 29, at a Board meeting, CHUM management defended its actions, claiming that the CHUM’s proportion of supervisory staff was below the Quebec average for University Hospital Centres. Nonetheless, it was forced to admit that, not only will it be unable to reduce the number of hours worked by its administrative services this year, as required by the law, but it will also be asking the Government to grant it an exemption on this matter. It likewise admitted that it had increased the number of managers, an additional 24 since 2007, of which the largest part was done recently, pursuant to the transformation of the CHUM. According to comments made by the Human Resources Manager, reported in La Presse: “We won’t have a deficit in 2012-2013, because we’re cutting back in several administrative services, including technical services, archives, hygiene and sanitation, as well as the secretaries who work at the management level, to name a few. We will comply with Bill 100 in terms of the budget, but not in terms of the hours worked. We would now like the Government to acknowledge the weight of the CHUM’s transformation upon our structures.” In other words, the unionized employees will be paying the price of the budget cutbacks, while the number of managers proliferates in order to ensure the CHUM’s transformation. It should be recalled that this year, the CHUM has slashed the hours worked by its personnel by some 85,000 hours, in response to budget cutbacks imposed by the Government. Although the Human Resources Manager claims the opposite, these cutbacks necessarily affect the services provided, if only in that they increase the workloads of the remaining employees, when it isn’t directly the quantity and quality of the services that also pay the price. Meanwhile, another controversy that was raised by the CMDP President’s letter was the question of the CHUM’s new logo. Senior management had to admit that consultations on the foregoing had been wanting, as the Board of Directors had not really been given a heads up about the subject beforehand. But beyond this aspect, one might wonder about the urgency and value of authorizing such an expenditure in the context of the current budget cutbacks, bluntly felt by CHUM employees. Indeed, it cost $35,000 to add a little image of a fellow, similar to those that identify the men’s restroom, next to the letters “CHUM”. P.4 The key to our action: mobilization! By Charles Sainte-Marie An explosion of costs, dubious business alliances, layoffs, budget cutbacks, allegations of fraud at the MUHC, etc. The two CHUs aren’t even built yet and already the negative impact of the PPP model is proliferating, clearly proving the dangers of privatizing our healthcare system. One of the most important keys to our struggle for jobs and quality public services is our mobilization. This is why the CSN-Unions, SECUSM and SECHUM, who represent nearly 10,000 workers in all, are joining forces today. Last November 5, with the support of several Montreal-area Unions, as well as that of SECUSM and SECHUM members, we launched THE WORM IS IN THE APPLE campaign (where the worm embodies privatization and the apple public services). This campaign seeks to inform and mobilize workers and citizens alike against the pernicious effects of the PPP model and privatization on the public services delivered by the two CHUs. About 300 people demonstrated recently in front of the future CHUM-Inc research centre. The President of the CSN, Jacques Létourneau, came out to support us, delivering a combative and impassioned speech. The same day, the two Unions held a joint Union Council meeting to cement their alliance. The CSN’s backing is essential to our struggle. We have received official support from its three main decision-making bodies that represent more than 300,000 workers. Indeed, we have the support of the Montreal Metropolitan Central Council, the Health and Social Services Federation, as well as the delegates of the CSN’s Confederal Council. Political Mobilization To support our campaign, we have launched a petition in the form of a postcard, which denounces all forms of privatization. We want to deliver them to the Health Minister, Doctor Hébert, at a meeting that will provide us with an opportunity to explain our position and our demands. We have already met the MLA Amir Khadir in order that he speak up in the National Assembly on the situation at the two CHUs. Media Mobilization Many citizens consider the CHU dossier to be a done deal. All the same, the debate regarding the quality of health care, the costs of privatization, the number of beds and the incestuous links with businesspeople of all kinds are far from being complete. Hence the importance of attracting the media’s attention, and therefore that of the population, to build up the kind of leverage and pressure that can’t be ignored. Already, articles have started to appear in the newspapers on certain governance problems, on accusations of fraud, on the number of managers and the exorbitant cost of subcontracting the work of tradespeople, the latter subject being something that we brought to the media’s attention. We shall continue, with the CSN’s assistance, to dig and expose the shady dealings and tell the whole sombre story of what’s happening at the two CHUs. Citizen Mobilization The struggle taking place around the CHUM and the MUHC concerns every citizen in the Province of Quebec. With $6 billion of expenditures committed to the two sites, the taxpayers dollars must be invested in such a way as to maximize patient healthcare, and not corporate bottom lines. Next April 11, we will be organizing a public meeting to bring together not only the organizations directly affected, but also the groups from civil society and citizens who oppose the PPP model and all its offshoots. This is how we can create the leverage and pressure we need: by bringing all the dynamic socially-conscientious forces in the Province together. Subcontracting costs a pretty penny! By Jean-Pierre Larche Subcontracting to private companies is one of the most widespread forms of privatization that exists in our healthcare institutions, and this, notably in our Montreal-area university hospital centres. These contracts are becoming increasingly prevalent, notably to perform the jobs of semi-skilled workers who are not replaced when they retire. When our Unions condemn subcontracting, we are told that subcontractors are more efficient and cost less. However, this is simply not true. The CSN CHUM Union has gotten their hands on subcontracting contracts that have been awarded by the institution and has thus been able to compare the cost of one hour of work done by a subcontractor and the same hour of work performed in the public sector. The conclusions are crystal-clear: subcontracting is very, very expensive! The following table shows that the CHUM sometimes pays more than double the amount for a carpenter’s work done via subcontract, compared to the same carpenter paid directly by the public sector. The cost of all social security payroll taxes (CSST, RREGOP, etc.) is included in the “Total System Cost” column. Carpenter Houly wage Total cost to Public sector the system Houly wage Difference ($) Difference (%) Contractor 20,98$ 29,79$ 59,22$ 29,43$ 98,78% 18,21$ 25,86$ 54,44$ 28,58$ 110,53% Painter 19,46$ 27,63$ 60,04$ 32,41$ 117,27% Plumber 21,94$ 31,15$ 61,32$ 30,17$ 96,82% Skilled worker Electrician 21,94$ 31,15$ 60,45 $ 29,30$ 94,03% And it’s even worse when the CHUM has to pay overtime to a worker. Indeed, in this kind of situation, it might cost up to three or four times more when doing business with a private entrepreneur. The following table illustrates this scandalous waste. Please also note that the employer doesn’t have to pay any social se- curity payroll taxes with regard to overtime done by his own employees, but obviously, he is required to pay them time and a half. Carpenter Houly wage Overtime pay Houly wage Difference ($) Difference (%) of 50% Public sector Contractor 20,98$ 31,47$ 103,88$ 72,41$ 230,09% 18,21$ 27,32$ 91,16$ 63,85$ 233,74% Painter 19,46$ 29,19$ 101,42$ 72,23$ 247,45% Plumber 21,94$ 32,91$ 97,09$ 64,18$ 195,02% Skilled worker Electrician 21,94$ 32,91$ 124,00$ 91,09$ 276,79% It’s all very plain to see: the sound management of our healthcare institutions demands that an immediate review be conducted of all subcontracting contracts awarded to the private sector in our institutions. Isn’t it time that our employers were held accountable for their decisions? Whether you’re a worker, a patient or a citizen, mobilization is one of the key ways that we can take back control of our public services, and this, for the next 35 years. Supply Chain Management in CHUs: Privatization is a Risky Business By Hubert Forcier Thanks to union action, the Government suspended the process of privatizing supply chain management in future CHUs last November. But why should we be so opposed to supply change management being done by the private sector? The Risks of Privatization Number One, privatization of the supply chain runs the risk of generating an explosion in costs. We now know that recourse to private operators often gives rise to increased costs, notably in administrative services. Analyses conducted by MCE Conseils have demonstrated that keeping it in the public system is less or equally expensive as going private. Canada’s Provinces have moreover opted to keep supply management public or else confer it to parapublic agencies. Another risk involves losing control over this important function. The scientific literature underlines that supply management is a strategic function in healthcare institutions; one thus runs a risk when conferring supply management to some third party. Consider, for example, the disastrous impact that a service interruption in the supply chain would have upon the quality of healthcare provided to the public. The final risk is that of losing the expertise that already exists in the public sector. Workers currently employed by the two CHUs have the experience of managing the supply chain in these institutions. The risks one runs when going private in this domain must be properly understood: it would create a situation of dependency vis-à-vis an intermediary who is not under the direct control of the institution. And, such an initiative would also give rise to the loss of many skilled jobs. The Solution: Improve Public Services! This explains why FSSS-CSN has been actively promoting the creation of a nonprofit legal structure, under public control, that would be subject to public governance and that would provide working conditions to supply management workers corresponding to those in the public system. This is the only way that we can ensure continuity in the distribution of hospital supplies and exercise proper control over supply management, the whole, so as to adequately meet the needs of the population. P.3 Cleaning house and putting public funds back to work serving the public By Guy Laurion For the past several months, Quebecers have been struck by a In reality, as a study by the Canadian Labour Congress has shown, are taking place within it. Armed with good information, we can to tighten our belts, while the bosses keep calling on taxpayers to nesses are sitting idle in their cash reserves! These reserves now public services. By doing so, we will also be fighting back against and corruption in our society. Cost overruns, kickbacks to political (because the government has stopped trying to raise revenues), shocking paradox: while governments keep arguing that we have do their “fair share”, the media report endless cases of collusion parties and the Mob, business cartels sharing contracts in secret— the list is long, and the Charbonneau Commission continues to make new revelations about the scope of this fraudulent charade. How can anyone claim that we don’t have the resources to fund far from stimulating investment in the economy, tax cuts to busi1 exceed $575 billion, most of which comes from public funds and none of which goes to build society. We need to remember this the next time the Conseil du patronat (Quebec Employers Council) starts lecturing us about how businesses in Quebec and Canada are taxed too heavily. public services, when we have knowingly accepted cost overruns What current events are showing us, between all the collusion, collusion directly serves the interest of the proponents of privati- business, is that the idea that privatization is the solution to all in government contracts for decades? Let’s not mince words: this zation! Because shrinking public services means opening the door wide for patronage, and for businesses to do whatever they like. In these hard economic times, we can no longer afford to pay too much for private contracts that illegally fund political parties and organized crime! We need to take back control over our public finances, and the only way to do that is by expanding our public services. As Josée Boileau stated in an editorial in the newspaper Le Devoir To read a report on this study, go to http://www.canadianlabour.ca/issues/stop-corporatetax-giveaways. 1 of enhancing the services delivered to the public—it’s a way of letting businesses fill their pockets. It lets the private sector feed like a parasite off our public services, and we absolutely must continue our battle against it. Toward this end, the Federation has just established a new Incestuous Relationships working committee whose tasks will include examining the foun- dations of Quebec’s institu- time, many of them don’t hesitate to pay thousands of dollars in closer look at Quebec’s nesses that are telling us to do our fair share! Guy Laurion, Vice-President, Category 2 and Political Leader for the Campaign to Value, Promote, and Preserve Public Services our problems is nothing but an ugly lie! Privatization is not a way tions. This committee’s illegal bribes to secure contracts. And these are the same busi- collusion, reducing social inequality, and improving public health! corruption, and squandering of public funds for the benefit of big on January 30, 2013, it is disturbing to see businesses fighting against any increase in their taxes when we learn that at the same continue our determined struggle to promote and preserve our research will give us a health and social services system and the various forms of privatization that Astronomical cost overruns By Pierre Fontaine A study conducted by the firm Secor-KPMG, released on November 16, 2012, reveals that very significant cost overruns are occurring in public infrastructure projects in the Province of Quebec and the addition of new projects are putting a considerable burden on public debt. According to the study, project costs have increased an average of 78%. Accordingly, the cost of the CHUM project has increased: as of today, it’s reached $3.4 billion, namely a 127% increase, while the MUHC is now $2.8 billion, a jump of 78%. The Secor-KPMG study affirms that there are many weaknesses in the projects cost projections, attributed notably to the haste that has characterized both the announcement of the projects and that of carrying them out. Initial estimates are often too low, which gives rise to changes along the way that end up inflating the costs. Accordingly, the cost of building the CHUs as PPPs has already exploded, while there are still two more years to go before the buildings are completed. This situation will only get worse. We’ll inevitably get stuck with a bunch of “extras” and other publicly-funded grandstanding. The Liberals had promised that the PPPs were precisely “THE” guarantee against such cost overruns. Not only is this proving to be a colossal and costly lie, but once the construction is completed, if the plan to cede the management of the CHUs to the PPP consortiums over the next 30 years is not cancelled, we’ll be treated to another 30 years of continued abuse of public funds. By Mario Pizzo While the MUHC is now obliged to effect massive cutbacks of some $50 million in jobs and services, the corruption and dilapidation of public monies linked to the PPP contracts are making the headlines in Quebec’s newspapers. Accordingly, police suspect that SNC-Lavalin business executives were involved in making some unorthodox payments of around $22 million intended for securing the PPP contract for the MUHC, where the Director General at the time was none other than Arthur Porter1. UPAC has moreover arrested and laid accusations of fraud against two senior SNC-Lavalin executives, including their former President, Pierre Duhaime. SNCLavalin, in association with Innisfree Ltd, had formed Groupe immobilier santé McGill which won the contract to design, build and run the MUHC over the next 30 years. At the CHUM, no criminal activity has been brought to light, but the intimate relationships between certain officers at the institution, the Government and the people who won the contracts do give rise to certain ethical questions. The Accès Recherche CHUM consortium ended up being all alone on the starting line for the race to secure the contract for the construction and maintenance of the CHUM research centre (over a 30-year period). This consortium is directed by Pierre Anctil, a former SNC-Lavalin Vice-President. In this capacity, Anctil had previously secured, in March 2007, a contract to draw up the overall master plan for the CHUM, the design process and associated drawings, the plans and specifications, the integration of the different technologies, which all possibly gave him a head start towards winning the contracts that the Government will ultimately decide to award under the PPP formula, on June 18, 2007. But it should also be noted that Anctil had formerly been the Director General of the PLQ and Chief of Staff of the Liberal Premier Daniel Johnson Jr. Johnson is intimately linked to Power Corporation, where he was a Vice-President. Several journalists have revealed the very strong links that unite Power Corp and the PLQ. It was apparently as a result of the intervention of Paul Desmarais, the big boss at Power Corp, that Jean Charest replaced Johnson as the head of the PLQ. In April 2004, Charest was going to mandate Johnson and Brian Mulroney to examine the MUHC and CHUM projects and determine where they should be built. The two men concluded that the Saint-Luc hospital site should be chosen, even though it seems that Desmarais would have preferred it to be somewhere else. But, in February 2009, the Charest Government named Paul Desmarais Jr.’s wife, Hélène Desmarais, to the CHUM Board of Directors. Three months later, Christian Paire, the DG of the CHU de Rouen in France, was hired as DG of the CHUM. In France, Paire had been doing business for years with the company Dalkia with regard to the hospital he headed. However, Dalkia is part of the CHUM Collectif consortium that won the CHUM PPP contract and that will be in charge of its maintenance over the next 35 years. Dalkia is a subsidiary of Suez-Environnement, that is itself a subsidiary of GDF-Suez, and the latter is held by Pargesa, owned by Power Corporation. In short, si rimane in famiglia … It’s now the eleventh hour, but it’s is not too late to take back the keys to our hospitals once they are built. We must immediately reconstitute a vast coalition of citizens, unions and popular organizations to stand up and rally against PPPs, more specifically against the future management of our hospitals under the PPP model. Already, Dr. Vadeboncoeur has sounded the call to resume the struggle to defend our public services. This broad “PPP-free CHU” coalition must be resurrected and, as of April 11, the first round in this critical struggle shall be launched at a public meeting to be held at the Palais des congrès. http://affaires.lapresse.ca/economie/quebec/201211/28/01-4598577-pierre-duhaime-dans-les-filets-delupac.php 1 P.2 Special edition It’s all the same struggle, for quality public services,for our jobs Our two Unions, the Union of McGill University Health Centre Employees and the Syndicat des employé-es du CHUM share a number of identical concerns and realities: we are both struggling against privatization, against management high-handedness, against dubious governance policies The UPAC investigation into Arthur Porter, former Director General of the MUHC, the police in- quiry into the former MUHC Human Resources Manager, the distressing Baron Report, the MUHC deficit that is giving rise to unprecedented cutbacks, are just some of the many examples of the dis- and practices, and what about our struggle against having our hospitals managed by private firms astrous consequences of public services management inspired by private interests. At the CHUM, but above all to the detriment of the quality of healthcare provided. has to pay on loans contracted to finance the private firms that are building the hospital as a PPP. operating under the PPP model. The foregoing can only be carried out to the detriment of our jobs, Both Unions have asked their respective administrators for the opportunity to consult the PPP con- tracts… No answer! These executives choose rather to hide behind so-called trade secrets in order to not reveal the actual agreements that bind them to two consortiums. In the eyes of our two Unions, the concept of trade secrets should not exist when public administrations are involved. When such private clandestine havens are created is exactly when juicy contracts are negotiated, as the Char- bonneau Commission has so ably been revealing to us for a while now. These contracts hand over to private interests, under conditions that are hidden from view, entire services such as supply chain management, semi-skilled workers (and what will be next?). At the same time, responsibilities and expertise are ceded to these private firms, that to date, were always in the public domain. We have to beat back privatization by demanding that the keys to our CHUs be left in the hands of public au- thorities. as if by chance, cutbacks have been announced for an amount equal to the interest that the institution We ask you to rally together with us, with the same kind of determination that the students showed us last spring, to participate actively in our public activities, because we can and must shake up our employers, the Montreal Health and Social Services Agency and the Government. In this way, we can defeat privatization and maintain quality public healthcare services and quality jobs for the greater benefit of all citizens. LET’S BE PROUD OF OUR WORK, LET’S BE PROUD OF OUR PUBLIC SERVICES! By Pierre Daoust and Paul Thomas Union Presidents Who are we? The CSN Unions at the Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) and the McGill University Health Centre (MUHC) represent more than 10,000 healthcare and social services workers. They are committed to providing quality healthcare services to the population, but are worried about the risks that the PPP approach introduces in the pursuit of this goal. By joining forces, the two Unions are calling upon the population and the Government to avoid the story of a disaster in the making. PPPs for CHUs, or the story of a disaster in the making… By Jean-Pierre Daubois For more than four years, until it was officially announced that the MUHC and CHUM would both be built as PPPs, all the dynamic socially-conscientious forces in the Province of Quebec came out against this project, one after the other. But to no avail, the Charest Government demonstrated its single-minded bullheadedness, determined to drag us into the diabolical PPP machine. It’s worthwhile recalling some of the key arguments underlying this opposition, because the predictions of disaster are in the process of materializing. In January 2010, the Province’s Auditor General declared that “the analyses conducted by the PPP agency are biased and the data was skewed to begin with.” The Auditor went even further and accused “the Agency of having carried out its mandate (editor’s note: according to Charest’s wishes) by inflating the costs of the conventional approach and minimizing those under a PPP model.” What a mess! In this special issue, you’ll be able to read a number of articles that confirm our worst apprehensions. As of 2004, the Province’s two physician federations publicly declared that the PPPs “would have a negative impact upon healthcare”, and pointed to the fact that PPPs are based upon “the principle of profitability, which contravenes what should be guiding the State in the delivery of healthcare services.” The Ordre des architectes du Québec also came out and accused the Government of “improvising” and the PPP Agency of “lacking any kind of expertise.” Let’s also mention the opposition expressed by several other professional corporations: the nurses, engineers, pharmacists, as well as the Association des économistes du Québec. If the Charest Government stood its ground vis-à-vis all this opposition, it was not purely a matter of stubbornness. It was more a matter of its absolute determination to defend the powerful private financial interests hiding behind these PPP projects. With this project, it’s been clear that he was seeking to expand the privatization of our healthcare system. Many things have changed since 2010. Now, WE KNOW that firms such as SNC-Lavalin are kneedeep in corruption and collusion. Now, WE KNOW that in all these contracts, the extras are going to cost us an arm and a leg. Now, WE KNOW that the PPPs will cede entire swathes of public expertise, such as supply chain management and building maintenance, to firms that will go out and do exactly the same things that private firms have been doing in their public works contracts: hide behind so-called trade secrets and control over expertise in order to inflate the costs that will be offloaded on taxpayers. In this special joint issue produced by the CHUM and MUHC Unions, we want to relaunch the battle against the PPP model in our University Hospital Centres, we seek to stop the privatization of services such as supply chain management, the work of tradespeople, the kitchens or any other service. We firmly believe that the revelations coming from the Charbonneau Commission and UPAC, throw the doors wide open for us to get the Government to retreat on this matter, and thereby guarantee the integrity of our public services and protect our jobs. We call upon all the organizations and all the dynamic socially conscientious forces in the Province of Quebec to recreate a broad “PPP-free CHU” coalition. Together, let’s restart this battle! It’s our future as citizens, as workers and as taxpayers that is at stake.