l`itineraire de monsieur curieux

Transcription

l`itineraire de monsieur curieux
Extrait de la Revue Nord’ N°50 – Pierre Hamp – www.revue-nord.com
L’ITINERAIRE DE MONSIEUR CURIEUX
Dominique GUYOT
Pierre Hamp a publié trois ouvrages directement autobiographiques : Mes métiers (1930), Il
faut que vous naissiez de nouveau (1935) et L’Éternel (1948) dont la lecture est indispensable
pour tenter de comprendre ce personnage étonnant et oublié.
Mais l’auteur s’est aussi mis en scène dans certains ouvrages sous d’autres pseudonymes :
M. Peltier, ancien inspecteur du travail et directeur d’un centre d’apprentissage dans L’Atelier du
quart de poil (1944) mais c’est dès 1928 qu’apparaît Monsieur Curieux dans l’ouvrage du même
nom de la série Gens, 3e tableau.
Ce pseudonyme est celui qui semble coller le plus à la réalité de cet homme à l’insatiable curiosité, aux sens perpétuellement en alerte, à l’aise dans tous les milieux, expert en étude de mœurs,
technicien compétent devant les machines les plus complexes, spécialiste des questions sociales
auprès des plus pauvres…
C’est en essayant de suivre l’itinéraire de « M. Curieux » dans l’activité foisonnante d’Henri
Bourrillon qu’il est possible d’approcher Pierre Hamp. Pour ce faire, sont utilisés conjointement le
travail collectif publié en 2005 : Pierre Hamp, inspecteur du travail et écrivain humaniste (18761962)1 et les recherches personnelles menées à cette occasion et qui se poursuivent.
1 – Le métier
Apprentissage
Lorsqu’il arrive à Paris en septembre 1891, Henri Bourrillon a quinze ans. Son père, Guillaume,
chef cuisinier, le place comme apprenti-pâtissier chez Laborde. La maison est certes renommée
mais la recommandation émanant d’un cuisinier retiré à Nice, « un homme doux et distingué »,
valait pour M. Vossot, le prédécesseur d’Arthur Laborde.
Pierre Hamp ne s’étendra guère sur son enfance et sur les circonstances qui l’amenèrent dans
la capitale. Né à Nice, le 23 avril 1876 dans une famille ouvrière comptant quatre enfants (deux
garçons et deux filles) et dont la mère était tout à la fois couturière-lingère-brodeuse, il se présente
comme un garçon « très indiscipliné, violent et vagabond. » Dans les notes rassemblées pour
écrire, cinquante ans plus tard, la première partie de son autobiographie, il précise : « J’ai reçu de
ma mère qui dans son jeune temps avait la main prompte, pas mal de gifles mais sûrement pas le
quart de ce que je méritais. Elle m’en doit encore beaucoup… »
Toujours est-il que si l’exercice du métier restera toujours glorifié, l’apprentissage lui laissera de
douloureux souvenirs. …
1
— Par Christophe Baillat, Jean-Jacques Guéant, Dominique Guyot, Pierre Largesse, Bernard Laurençon, Max Petit, Martine de
Rabaudy, Jacques Rabouël et Yves Roupsard, Éditions de l’Harmattan, Paris, 2005.