eclairage des signes du zodiaque par les mythes
Transcription
eclairage des signes du zodiaque par les mythes
ECLAIRAGE DES SIGNES DU ZODIAQUE PAR LES MYTHES Deuxième partie Sommaire X – LA CONSTELLATION DU VERSEAU ........................................................................................ 1 XI – LA CONSTELLATION DU CAPRICORNE .................................................................................. 8 XII – LA CONSTELLATION DU SAGITTAIRE ................................................................................. 11 XIII – LA CONSTELLATION DU SCORPION.................................................................................. 14 XIV – LA CONSTELLATION DE LA BALANCE ............................................................................... 17 XV – LA CONSTELLATION DE LA VIERGE ................................................................................... 20 XVI - CONCLUSION .................................................................................................................. 25 Notes et références ................................................................................................................ 25 Bibliographie .......................................................................................................................... 26 X – LA CONSTELL ATION DU VERSEAU Parmi les constellations zodiacales, il en est quatre dans lesquelles figure un être humain : les Gémeaux, la Vierge, le Sagittaire, le Verseau. Aucun de ces signes ne fait double emploi ; le premier se distingue par sa gémellité, le second par sa féminité, le troisième intègre dans une même figure hybride, l’homme et l’animal, tandis que le Verseau met en scène un homme seul dont la tache est de porter une ou deux amphores, et d’en verser le contenu vers le sol. Dans l’image cidessus, qui représente la constellation telle qu’elle se levait en Grèce il y a quatre mille ans, notre homme semble attentif à ce liquide qui coule de son urne, tandis que sur son côté droit, le cheval ailé de Pégase regarde et se dirige dans la direction opposée, tout comme le petit cheval placé juste au-dessus de la tête du Verseau. L’eau versée semble abreuver les poissons, ceux, doubles, de la constellation zodiacale, et celui, austral, situé à gauche du Verseau à hauteur de ses pieds. Plus haut dans le ciel, l’aigle évoque Zeus se métamorphosant en cet animal pour enlever Ganymède et le conduire dans l’olympe. Commençons notre exploration du signe par le mythe de ce beau jeune homme dont Zeus tomba amoureux. Association Présence – 17 Chemin de la Ferme 69210 LENTILLY – Tél. : 04 74 01 74 43 Adresse email : [email protected] – Site internet : http://etoile-presence.nuxit.net/ G A N YME DE Érichthonios, roi de Dardania en Phrygie, était le plus riche des hommes. Son troupeau était fort de mille chevaux, si beaux que Borée lui-même, dieu du vent du nord, en tomba amoureux et descendit sur Terre sous la forme d'un étalon pour jouir des juments qui paissaient dans les plaines. L'un des fils d'Érichthonios s'appelait Trôs, qui donna son nom à Troie, la ville sur laquelle il régnait, et à ses habitants. Quand vint pour lui l'heure de se marier, il prit pour femme la charmante Callirrhoé, fille du dieu fluvial Scamandre. Il leur naquit trois superbes fils, Ilos, Assaracos et le divin Ganymède, le plus beau des mortels. Même Zeus, le roi des dieux, se consuma d'amour pour le jeune Phrygien. Souhaitant se l'attacher, le dieu descendit sur le luxuriant mont Ida, où le blond garçon jouait, insouciant, entouré de ses amis et de ses précepteurs. Comme à son habitude, Zeus changea de forme, pour cette fois-ci prendre l'aspect de l'oiseau qui porte sa foudre. Décochant ses éclairs dans son vol, il fit apparaître une terrible tempête qui obscurcit le ciel. Sous le couvert de l'orage, l'aigle divin fondit sur le garçon et le saisit de ses serres. Les gardiens âgés tendirent en vain les bras vers le ciel, pendant que les chiens aboyaient furieusement contre les étoiles. Le garçon juché sur son dos, l'aigle porté par les vents furieux s'éleva jusque vers l'Olympe. Là, le jeune homme devint l'amant du Père du Ciel et son échanson, versant dans la coupe dorée du dieu le nectar grenat. Tous les immortels l'honoraient pour sa beauté incomparable, sauf Héra, la femme de Zeus, qui ne pouvait supporter sa vue. Elle reprochait à Zeus la présence de ce mortel aux longs cheveux que Zeus avait osé attirer dans Enlèvement de l'Olympe. Mais Zeus ne se gênait pas pour Ganymède d'après CORREGGIO louer les baisers de son échanson. LA BE A U T E Même les Dieux ne savent pas résister à l’attrait du beau. Ce mythe d’ascension a son pendant obscur des profondeurs avec l’histoire d’Hadès qui enleva Perséphone la conduisant dans son domaine souterrain. Nous sommes au cœur d’une dialectique mettant en jeu les forces d’attraction terrestre et la rupture d’un équilibre parce qu’une créature masculine ou féminine s’est fait remarquer par un dieu. Cette beauté, objet de convoitise, est-elle uniquement physique ? En tout cas, les récits décrivent des victimes insouciantes, innocentes qui jouent, ou cueillent des fleurs, symbole de beauté et de jeunesse. Pas de calcul en eux, ni d’ambition spirituelle ; la libération de la pesanteur, ou la pénétration dans les profondeurs ne sont pas présentés ici comme l’aboutissement d’un travail sur soi, mais le résultat d’une disposition naturelle propre à la jeunesse. Si travail il y a, celui-ci consiste à retrouver notre pureté initiale dans l’esprit de cette assertion biblique : « Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux (1)». Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 La beauté de Ganymède ne peut opérer que dans l’innocence de celle-ci. Dès l’instant où un miroir, c'est-à-dire le regard des autres, nous permet de prendre conscience de ce que nous sommes, nous devenons des prisonniers, dans le sens qu’il nous faut répondre à une attente. Ce positionnement déforme nos traits, nos expressions ; nous voilà piégés par cette connivente réciprocité qui lie le regardé et le regardant ; Zeus alors ne peut plus être séduit. Le Verseau est souvent considéré comme un signe de naïveté, sans que l’on comprenne que derrière celle-ci se cache une grande sagesse. Rester naïf, c’est garder un cœur d’enfant, préserver les conditions d’une liberté intérieure. L’ E N VO L L’homme toujours a rêvé de voler, de s’affranchir de l’attractive réalité terrestre tout comme y parviennent si naturellement les oiseaux. L’aigle est le plus puissant des oiseaux ; lui seul peut atteindre les hauteurs de l’Olympe où séjournent les Dieux ; c’est par lui que Zeus enlève Ganymède pour en faire son amant et son échanson. L’ H O MO SE X U A LIT E Dans la Grèce antique l’initiation amoureuse des adolescents par les adultes s’inscrivait dans les mœurs de ce peuple. Aussi, n’est-il pas étonnant de retrouver ce type de relation entre un dieu et un homme. Pour autant, les rapprochements entre l’homosexualité et le signe du Verseau n’ont pas de fondements expérimentaux, témoin ce test effectué sur 1841 thèmes de sujets masculins homosexuels (2). Nous trouvons les distributions planétaires suivantes : Ar Ta Ge Cn Le Vi Li Sc Sg Cp Aq Pi Moon 153 165 152 149 144 145 175 169 133 148 146 162 Sun 136 148 148 189 169 152 157 151 142 146 146 157 Mercury 155 125 130 172 161 152 160 181 146 172 162 125 Venus 175 133 164 179 133 203 133 173 112 135 177 124 Mars 137 133 154 187 184 206 167 176 130 123 120 124 Ascendant 83 111 138 180 184 209 191 182 178 144 136 105 TOTAL 839 815 886 1056 983 1032 841 868 887 797 LOT VRAI 975 1067 LOT CONTROLE Ar Ta Ge Cn Le Vi Li Sc Sg Cp Aq Pi Moon 162 161 147 136 167 149 153 153 160 139 137 177 Sun 148 178 161 157 138 141 151 153 148 147 146 173 Mercury 151 155 134 151 132 130 167 162 176 154 165 164 Venus 165 163 153 171 116 190 115 164 131 157 183 133 Mars 125 120 181 184 184 194 167 144 129 141 126 146 Ascendant 87 98 145 178 202 203 200 189 171 143 123 102 TOTAL 838 875 921 977 939 1007 953 965 915 881 880 895 Ecart Ar Ta Ge Cn Le Li Sc Sg Cp Aq Pi -60 -35 -74 -13 TOTAL 1 79 36 Vi 60 Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) 30 67 7 -98 Pa g e 3 Commentaires : La somme des positions des cinq planètes rapides, plus l’ascendant, par signes tropicaux, ne met aucunement le Verseau en relief. L’écart le plus important obtenu avec un lot contrôle concerne le Cancer. L’occupation forte de ce signe par le Soleil est à noter. Comme nous sommes ici dans une collection de sujets masculins, la prédominance d’un signe lunaire n’est pas pour surprendre. L’ ECH A N SO N D ES DI E U X C’est bien dans cet acte de verser le nectar aux Dieux, que l’association entre le mythe et le signe trouve son point d’ancrage. Les Dieux se délectent de ce qu’il y a de meilleur tant pour leurs yeux que pour leur palais. La jalousie d’Héra mettra un terme à ce privilège ; Zeus transformera Ganymède en la constellation du Verseau, et les hommes qui naîtront sous la dominante de celle-ci, ou du signe correspondant, auront à cœur de déverser leurs connaissances les plus précieuses, d’embellir l’existence par des flots de musiques ou de poésies célestes, sans être animé par des sentiments d’intérêt, de possession ou de jalousie. Avoir connu la proximité des Dieux leur donne cette grâce spéciale qui les déconnecte de la réalité matérielle. DED A LE et I C A RE Autre mythe typiquement Verseau celui d’Icare mettant en scène la griserie de la liberté et les conséquences pouvant en résulter. Dédale, que Minos retient prisonnier en Crète, est désireux de regagner Athènes. Il décide de quitter l'île en empruntant la voie des airs. Son génie d'artisan lui permet en s'inspirant du vol des oiseaux, de fabriquer avec des plumes, du lin et de la cire, deux paires d'ailes, destinées à permettre son évasion et celle de son fils Icare. Une fois réglés les préparatifs matériels, Dédale initie Icare à l'art de voler et, non sans appréhension, il fait à son fils d'ultimes recommandations de prudence, lui disant de suivre son père et une route médiane (le juste milieu). Tous deux prennent leur envol et les « terriens » qui les voient voler les prennent pour des dieux. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Une fois au-dessus de la mer Égée, Icare, grisé, oublie les conseils paternels. Le soleil dont il s'était trop rapproché, lui fit fondre la cire de ses ailes ; il tomba dans la mer qui fut ainsi appelée « Icarienne ». Dédale, cherchant son fils qui avait cessé de le suivre, découvre des plumes à la surface de l'eau. En l'honneur de son fils, il dresse un tombeau dans l'île d'Icaria. (3) Pa g e 4 Le Verseau, élément air, avec sa planète Uranus, est considéré aujourd’hui comme le signe de l’aviation. Dédale, l’ingénieux, incarne à la fois, la prudence, l’expérience saturnienne et la volonté uranienne de verticalité. Il fait profiter son fils de son savoir, mais celui-ci est porté par l’idéal intrépide propre à la jeunesse ; il fait fi des conseils de son père et se brûle les ailes au contact du Soleil, une façon de traduire l’exil de cet astre dans le signe du Verseau. Un autre enseignement véhiculé par ce mythe est celui du châtiment se transmettant à nos descendants. En effet, la chute d’Icare fut précédée par celle du neveu de Dédale que ce dernier précipita dans le vide, car il était jaloux de ses talents d’inventeurs. Comparativement au mythe de Ganymède, nous voyons opérer la loi divine et la loi humaine avec des résultats opposés ; Ganymède est transformé en constellation, tandis qu’Icare tombe sur la terre, illustrant les dangers inhérents à la technique lorsque celle-ci est au service d’un esprit immature. Une autre figure mythique proche de Dédale est celle mettant en scène Prométhée, celui qui déroba le feu aux dieux pour le donner aux hommes. PRO M ET H EE et E P I MET H EE La thématique propre au mythe associant Dédale et son fils Icare, réapparaît avec celui mettant en scène Prométhée et son frère Epiméthée. Fils du Titan Japet et de l’une des filles d’Océan, Prométhée, nom qui signifie « celui qui prévoit » est un héros civilisateur au même titre que Dédale. Comme lui, il apporte aux hommes des connaissances ; il est rusé et parviendra à dérober le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes, une plaisanterie qui lui coutera cher, Zeus le punissant en l’attachant à un rocher dans le tartare, avec en prime un aigle venant chaque nuit lui dévorer le foie. Héraclès le délivrera au cours de ses 12 travaux. Son frère Epiméthée, nom qui signifie « celui qui réfléchit trop tard », s’apparente à Icare. Comme lui, il n’écoutera pas les avertissements de son aîné en sagesse, ouvrira la boîte de Pandore envoyée par Zeus, de laquelle s’échapperont tous les maux, toutes les calamités pouvant affliger le genre humain. Seule l’espérance, vertu propre au Verseau, demeurera dans la boîte, donnant aux hommes la possibilité de continuer à vivre. Dans ces trois récits illustrant les caractéristiques du Verseau, nous retrouvons la présence plus au moins centrale du vol, par l’aigle en ces deux actions opposées, celle de transporter vers les hauteurs et de dévorer l’âme, et par l’homme-oiseau qui ne pourra atteindre le ciel par le simple usage de ses connaissances techniques. La nature profonde du Verseau s’inscrit dans cette aspiration de s’affranchir des limites matérielles, dans cet amour porté pour l’humanité et la liberté, le prix à payer n’étant pas un frein suffisant à son idéal, un idéal qui parfois, habitant un être immature, peut conduire au désastre. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 5 Il est permis aussi d’associer Prométhée à un Mercure dégagé des rayons du Soleil, matutinal, direct, tandis qu’Epiméthée serait représenté dans un thème par un Mercure combuste, vespérin et rétrograde. De même qu’en caractérologie, Prométhée fait penser à la secondarité, et son frère, à la primarité. T R A V A U X D’ H E R A C L E S : dé l i vr a nc e de P ro m ét hé e Dans la première partie de notre étude, nous avons tenté de suivre l’ordre classique des travaux de notre héros, partant de la victoire sur le lion de Némée relié au signe de même nom, puis, remontant le courant zodiacal, nous avons rapidement été confronté à l’apparence arbitraire de la succession des travaux. Ainsi, fîmes-nous correspondre le signe du Taureau, quatrième étape zodiacale, avec le travail consistant à dominer le Taureau de Crête, un exploit placé en septième place. Pour bien clarifier la question, voici l’ordre habituel des travaux d’Héraclès : Ordre des travaux Le Lion de Némée L’Hydre de Lerne Le sanglier d’Erymanthe La biche de Cérynie Les oiseaux du lac Stymphale Les écuries d’Augias Le taureau de Crête Les juments de Diomède La ceinture de la reine des Amazones Les bœufs de Géryon Le chien Cerbères Les pommes d’or du jardin des Hespérides Suite théorique Correspondances vraisemblables LION CANCER GEMEAUX TAUREAU BELIER POISSONS VERSEAU CAPRICORNE SAGITTAIRE SCORPION BALANCE VIERGE LION CANCER ou SCORPION CAPRICORNE GEMEAUX BELIER POISSONS ou VERSEAU TAUREAU SAGITTAIRE BALANCE ? SCORPION MYTHE POLAIRE Si le premier travail se situe sur l’écliptique avec la constellation du Lion, les deux derniers font référence à deux extrêmes, Sud et Nord, avec la descente aux enfers et la conquête des pommes d’or. La succession décrirait donc un double mouvement spiralé par lequel notre héros pénétrerait progressivement et alternativement, hauteur et profondeur. Dans cette perspective, les travaux dépassent le cadre étroit des signes du zodiaque pour concerner l’ensemble du ciel étoilé. L’intention de l’organisateur de ces travaux, peu importe son origine, humaine, divine ou extraterrestre, se révèle à nous par cette décision de commencer les travaux en référence au signe du Lion. La logique zodiacale et numérique eût voulu qu’il commença par le signe cardinal du Bélier. C’est en début de ce signe que se tient l’un des croisements de l’écliptique et de l’équateur, le point vernal à partir duquel se comptent les degrés du cercle zodiacal. En ce point de croisement, deux chemins sont possibles : celui qui suit la ligne de l’équateur, chemin terrestre et personnel, et celui de l’écliptique, voie solaire et collective. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 6 En choisissant comme origine le Lion, notre organisateur met l’accent sur l’écliptique et le Soleil. Les étapes suivies par Héraclès concernent un processus collectif, confirmé par le fait qu’il est au service d’Eurysthée, et qu’il n’agit pas plus sous l’impulsion de ses désirs. Dans cette optique, la sphère étudiée a pour axe les pôles de l’écliptique et non ceux de la Terre. Cela étant constaté, force est de reconnaître la difficulté d’ajuster l’ordre du ciel avec celui des travaux. Les principes évoqués pouvant en permettre une logique interprétative, ne résistent pas à une étude analytique objective. L’affaire est complexe et l’humilité est de rigueur. Aussi, faisant preuve de prudence, relierons-nous simplement le signe du Verseau à cet épisode de la vie d’Héraclès où il délivre Prométhée de ses chaines. Voici quelques vers sur ce thème, écrits par louis Ménard (4) : PROMETHEE, Les astres d'or, roulant aux éternelles sphères, Achèvent lentement leur cours silencieux ; L'encens et la rumeur des plaintives prières Ont cessé de monter vers le tyran des cieux. Je veille seul : il n'est pour moi ni nuit ni rêve, Et l'immortel vautour ne laisse pas de trêve À mes flancs déchirés que nourrit la douleur ; Depuis quatre mille ans sa rage me dévore, Mais les temps vont enfin s'accomplir, et l'aurore Doit éclairer les pas de mon libérateur. Jadis, quand Zeus punie en moi le divin crime Du feu sacré porté chez les êtres d'un jour, Vaincu, je lui prédis qu'au fond du noir abîme Les dieux, chassés du ciel, tomberaient à leur tour. Cependant, enivrés de l'encens de la terre, Ils s'endorment au fond de leur ciel solitaire ; Mais le matin verra mon oracle accompli : Sous le bras d'Héraclès quand tomberont mes chaînes, Déshérités enfin des prières humaines, Les cultes oppresseurs périront par l'oubli… HERACLES, …Me voici ; tes jours d'esclavage, Titan ! vont à jamais finir. Tombez, chaînes, restez sur ce rocher sauvage, Monument éternel qui montre à l'avenir Ce que coula, dans un autre âge, Le feu du ciel à conquérir. PROMETHEE, Je suis libre ! Salut, immortelle nature, Azur foncé du ciel, champs de l'immensité! Salut, terre, salut, jour de la liberté ! Soleil, vivant flambeau, sources à l’onde pure, Prismes étincelants des monts cristallisés, Où mire l’Arc-en-ciel ses reflets irisés ! O mon libérateur, salut ! gloire éternelle A ton bras tout-puissant invoqué tant de ibis ! Partage, dès ce jour, ma puissance nouvelle ; L'univers à jamais est soumis à mes lois… Le feu dérobé aux Dieux peut représenter la lumière du mental qui rend l’homme conscient de lui-même et de ce qui le différencie des autres. Comme la délivrance de Prométhée se situe dans les travaux, juste avant qu’il aille cueillir les pommes d’or aux jardins des Hespérides, il est possible de voir dans cette punition de Prométhée une situation analogue à celle d’Eve et d’Adam goutant de la pomme de l’arbre de la connaissance, chassé du paradis avec perte et fracas. L’arbre est un symbole axial, c’est l’axe du monde et ses divers avatars. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 7 XI – LA CONSTELLATION DU CAPRICORNE Le Capricorne est, avec le Sagittaire, l’un des deux signes hybrides du zodiaque. Il est constitué d’une partie chèvre à l’avant du corps, et d’une queue de poisson à l’arrière, une association curieuse, pas des plus pratiques pour grimper au sommet des montagnes. Il y a lieu de s’interroger sur les significations possibles de ce curieux croisement animal. Il évoque d’abord les animaux amphibies tel le crocodile capable de vivre dans les milieux aquatique et aérien. Dans la mesure où l’eau fut notre milieu originel, cet animal montrerait un lien handicapant avec notre histoire, cet handicap étant comparable à une caravane que l’on traîne tout au long du chemin, et que par fidélité, intégrité, on ne peut laisser sur le bas côté. Comme il grimperait plus vite notre bouc s’il n’avait cette queue de poisson, s’il n’avait ces souvenirs en otage, en raison de vivre ou de mal vivre ! Dans une vision plus initiatique, on peut voir dans cette figure l’effort solitaire de l’initié qui ramène des profondeurs de sa méditation, les éléments d’une vie future. Pour recentrer notre réflexion sur la mythologie, nous trouvons l’histoire de dieu Pan qui, pour échapper à Typhon, plongea dans le Nil et transforma la partie supérieure de son corps en bouc, et la partie inférieure en poisson. LE D IE U P A N Les anciens regardaient le bouc comme l’animal le plus enclin à l’acte de la génération. C’est pour cela que les Egyptiens le prirent pour symbole de Mendès (avec le Bélier) et les Grecs pour celui de Pan, divinités qui toutes les deux étaient l’emblème d’une même propriété de la nature, celle de tout produire. Pan était chez les grecs le dieu des bergers, des chasseurs et de tous les habitants des campagnes. Il était représenté avec les cheveux et la barbe négligés, des cuisses, des jambes et des pieds de bouc. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 8 Il vivait en Arcadie, lieu sauvage, montagneux qu’il ne cessait de parcourir avec agilité, protégeant habituellement les bergers, les troupeaux et les bêtes sauvages. C’était là son monde, son peuple. Par ailleurs, Pan était lascif, débauché. Il ne cessait de poursuivre les nymphes qui s’enfuyaient effarouchées, un besoin destiné peut-être à compenser l’abandon par sa mère dès la naissance, celle-ci s’étant effrayée de sa laideur. Son père – Hermès, mais il y a tant de variantes quant à son géniteur – le porta sur l’Olympe pour amuser les Dieux. Moqué par les Dieux, abandonné par sa mère, pas vraiment un modèle de beauté, on peut comprendre son besoin de se cacher et sa sympathie pour les habitants des campagnes peu enclins à mettre en valeur l’apparence physique. Pan, c’est le dieu de l’instinct animal, et l’histoire de sa mort annoncée, traduit la mort de l’homme primitif, de l’homme vivant au contact direct de la nature, répondant à ses instincts amoureux, laissant place à l’homme civilisé, industrialisé, honni par de nombreux Capricornes. Il y a fréquemment chez les sujets marqués par ce signe, une certaine réticence à la vie moderne, un besoin de vivre sobrement, simplement, habités qu’ils sont par une nostalgie de cette époque révolue où l’homme trouvait le sens de sa vie dans ce contact authentique avec les forces mystérieuses de la nature. « Le grand Pan est mort » comme le chantait Brassens, les guitares électriques remplacent la flute de pan, les cris irrationnels du Dieu sont couverts par les sonos poussées à fond, et sa sieste est dérangée par la sonnerie d’un téléphone portable. Non, vraiment, ce n’est pas une vie pour le dieu Pan que le XXIème siècle dans les cités modernes. Les personnages mis en scène par les mythes correspondant aux deux signes saturniens, le Verseau et le Capricorne, font ressortir la différence entre les facettes diurnes et nocturnes de l’astre. Le Saturne diurne du Verseau, épaulé par Uranus et Mercure, met en scène le type savant, inventeur, qui par la puissance de son esprit cherche à sortir l’homme de sa condition animale, avec les risques que comporte cette démarche, lorsque ces découvertes tombent entre les mains d’un esprit immature. Le Saturne nocturne du Capricorne épaulé par Mars, met en exergue le milieu naturel, le monde paysan avec les excès et les problèmes propres au monde des instincts : sexualité, asociabilité, primarité des sentiments. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 9 T R A V A U X D’ H E R A C L E S : L E S A N GL IE R D’ ER IM A N TH E Héraclès gravissait la montagne escarpée du mont Erymanthe en Arcadie en vue de capturer le sanglier qui terrorisait la région, lorsqu’il rencontra Chiron, l’un des deux centaures civilisés ; après avoir discuté et mangé avec lui, Héraclès suggéra d’entamer une barrique de vin. Comme celle-ci appartenait au groupe des centaures sauvages, Chiron refusa dans un premier temps, puis se laissant fléchir, ils burent ensemble. L’odeur du vin attira les autres centaures et une furieuse bataille s’engagea dans laquelle Héraclès tua et mis en fuite la plupart des centaures. Malheureusement une de ses flèches empoisonnée par le venin mortel de l’Hydre de Lerne, vint à toucher un genou de Chiron. Comme celui-ci était immortel, il souffrait sans pouvoir mourir. Zeus accepta de donner son immortalité à Après ce triste épisode, Héraclès repris sa traque du sanglier par un froid glacial. Il posa un piège adroitement caché par la neige, dans lequel chut l’animal qu’il maîtrisa vite et adroitement. Du sommet neigeux de la haute montagne, Héraclès descendit le sanglier féroce par les deux pattes de derrière et tous sur le chemin, puis dans la cité de Mycènes, riaient à ce spectacle. Lorsque le roi Eurysthée aperçut le sanglier, il eut si grand peur qu’il se réfugia dans sa jarre de bronze. Prométhée. Les rapprochements avec le signe du Capricorne sont aisément repérables. Comme dans la légende de Pan, l’histoire se déroule dans la contrée sauvage d’Arcadie, dans un décor montagneux, neigeux, glacial, caractéristique du signe. Dans la tradition de l’Inde, le sanglier est l’un des avatars sous lequel Vishnu ramena la terre à la surface des eaux et l’organisa. Comment ne pas faire le rapprochement avec ce monstre marin mi-chèvre mi-poisson ? Même ce détail pittoresque d’Héraclès portant le sanglier comme une brouette, qui le prive de ses pattes arrière, évoque la queue de poisson. Dans la tradition hyperboréenne, donc primordiale, le sanglier figure l’autorité spirituelle. Ce sens peut être en rapport avec la retraite solitaire en forêt du druide ou du brahmane. Ici le sanglier terrorise la région ; il incarne un pouvoir spirituel dévié de sa source, un homme qui s’est isolé, et que la solitude a rendu dangereux, frustré, avide. Ou bien encore symbolise-t-il le gardien d’une tradition figée, d’une époque révolue, une autorité se prenant trop au sérieux, dont il faut savoir rire. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 0 XII – LA CONSTELLATION DU SAG ITTAIRE Dans cette représentation céleste du Sagittaire l’archer semble viser le Scorpion qui s’est levé avant lui. Cet animal par son venin pouvant symboliser la mort, l’acte de le viser représente une aspiration à « tuer la mort », c'est-à-dire à vivre dans un « au-delà », de s’affranchir des limites temporelles ; en un mot, de devenir immortel. En une curieuse coïncidence, la pointe Centre de la flèche n’est pas loin de désigner galactique l’endroit que les astrophysiciens ont reconnu comme étant le centre de notre galaxie. Si le Soleil constitue le centre énergétique et gravitationnel de notre système solaire, le centre galactique est lui le « centre des centres », le lieu d’attraction autour duquel se meuvent tous les soleils de notre galaxie. Y placer là le « dieu des dieux » de l’olympe, Zeus, par sa maîtrise sur le signe du Sagittaire, constitue un gage de l’intuition des anciens. Viser le centre de la galaxie, c’est assurément être appelé par un ailleurs, c’est aspirer à franchir les frontières d’un système, c’est placer très haut et très loin nos idéaux. On comprendra qu’avec un tel objectif, le sagittaire, ressente plus que tout autre signe, une impression d’étouffement lorsque l’espace devant lui est limité. En cela, quelques-uns des mythes retenus pour le signe du Verseau, ceux qui traitent de l’ascension, de l’envol, feraient bonne figure, à ceci près, qu’étant un signe de Feu, le sagittaire évoque un élan, une action personnelle, là où le Verseau mû par un état de grâce aérien, se laissait emporter par quelques oiseaux célestes, quand il ne s’agissait pas de l’aspect technique et scientifique du signe. Le feu Sagittaire, en sa vibration optimale, se manifeste à travers la foi, véritable source d’élan spirituel, de cette foi qui ne se tarit jamais, qui se fait conquérante, aventurière, militante. Etre animé par elle n’est pas sans danger ; côtoyer les instances suprêmes demande une justesse de chaque instant, et l’on sait combien le centrage permanent est difficile à obtenir dans l’expérience terrestre. L’homme du Sagittaire parcourt l’horizon en sa partie cheval, tandis qu’il tourne son regard et sa flèche vers les hauteurs ; c’est le centaure, figure énigmatique que nous retrouvons dans plusieurs mythes. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 1 La Grèce ancienne met en scène deux catégories de centaures. Dans la première, se trouvent ceux qui brûlent d’un feu dionysiaque, le feu de la vie instinctive, qui les rend avides de sensations fortes, les projetant dans des excès destructeurs : veuleries, viols, meurtres… Assurément, ceux-là sont livrés à la partie bestiale qui les habite. Dans l’autre catégorie, nous rencontrons des initiateurs, des guides, des sages, qui connaissent la pédagogie, la guérison par les simples, capable d’enseigner toutes les sciences. Deux noms se dégagent, Chiron et Pholos. Leur histoire nous dira-t-elle par quelle magie ils sont parvenus à cette maitrise de leurs instincts ? Etudions celle plus élaborée de Chiron, en sachant que l’histoire de Pholos lui ressemble à bien des égards. CH IRO N Le Centaure Chiron habitait le mont Pélion, en Thessalie. On l’appelait parfois le Sage à cause de sa science et de son habileté. Il naquit des amours de Saturne, métamorphosé en cheval, avec l’océanide Philyre. Celle-ci eut tant de regrets d’avoir mis au monde ce monstre qu’elle demanda aux dieux de la métamorphoser : elle fut changée en tilleul. Dès que le centaure fut grand, il se retira sur les montagnes et dans les forêts où, chassant avec Diane, il acquit la connaissance de la botanique et de l’astronomie. Il apprit surtout les vertus des plantes médicinales et enseigna la médecine et la chirurgie à un grand nombre de héros. On se souvient que Saturne (Chronos), se distingua par le passé en coupant les testicules de son père Ouranos avec une faucille, sur la demande de sa mère Gaia. Un tel acte castrateur étend ses effets sur sa descendance. Si Chiron – son fils – excelle dans les sciences et les arts, c’est parce que sa vie sexuelle est sublimée, et que les instincts de conservation de l’espèce ont muté en volonté de transmettre une connaissance civilisatrice. Le zodiaque, nous l’avons vu plus haut, met principalement en scène des animaux et des humains. Les premiers représentent la dimension instinctive, et les seconds, la raison. La vie instinctive constitue notre essence, c’est-à-dire ce qui est inné, tandis que la raison est acquise, développée par la culture qui forme notre personnalité. Celle-ci se greffe sur l’animal en nous, et cette figure du centaure image cette problématique. L’homme, lorsqu’il est coupé de ses instincts par la faucille d’un père castrateur, devient un être mentalisé, froid, sans saveur, et c’est l’apport de sa dimension féminine représentée par sa mère, qui peut lui permettre de renouer des liens avec son essence. La mère de Chiron est une océanide, née de l’Océan ; en d’autres termes, elle est la gardienne d’un de ces multiples fleuves qui se jettent dans l’océan, après avoir nourri – comme le fait le sang artériel pour nos cellules – toute la végétation terrestre. Là encore, Philyre va accomplir un acte sacrificiel : frappée par le regret, elle demande aux dieux de la métamorphoser en tilleul dont les fleurs parfumées ont des vertus adoucissantes, et qui fut toujours considéré comme un symbole d’amitié, de fidélité. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 2 Chiron, fort de cette hérédité, devient entre autre sur Terre, le maître de la guérison par les plantes, enseignant avec douceur, pédagogie, de nombreux héros en quête d’accomplissement. Dans la guerre qu’Héraclès fit aux centaures, une de ses flèches trempées dans le sang de l’Hydre de Lerne, ayant manqué sa destination, alla frapper Chiron au genou. Héraclès désespéré, accourut promptement et appliqua un remède que son maître lui avait appris ; mais le mal était incurable ; et le malheureux centaure, souffrant d’horribles douleurs, pria Zeus de terminer ses jours. Le père des dieux, touché par sa prière, fit passer à Prométhée l’immortalité que Chiron devait en sa qualité de fils de Saturne, et plaça le centaure dans le Zodiaque où il forma la constellation du Sagittaire. Une nouvelle fois, l’histoire de Chiron contient un sacrifice, celui de son immortalité transférée à Prométhée qui donna le feu aux hommes. De métamorphose en métamorphose, le langage mythologique décrit le cheminement de la conscience humaine en conscience cosmique ; après de multiples épreuves, l’homme dans lequel perdurent ses origines divines, devient régent d’une partie de l’univers, constellation parmi les constellations, lumière dans la nuit des mystères. T R A V A U X D’ H E R A C L E S : l es j um e nt s d e D i om èd e Diomède, roi de Thrace, était le fils du dieu Arès et de la nymphe Cyréné. Il possédait un attelage de juments qui se nourrissaient de chair humaine, généralement celle d’étrangers ayant eu la mauvaise idée d’accepter son hospitalité. Héraclès reçut pour mission de ramener ces juments à Argos. A son arrivée en Thrace, Héraclès se rendit dans les écuries de Diomède et maîtrisa les palefreniers. Puis il attacha les juments à un même licol et les tira toutes les quatre hors de l’écurie. Elles ruaient et hennissaient en faisant un tel vacarme que l’alerte fut donnée. Diomède et ses gardes accoururent. Le roi attaqua le héros qui lâcha les juments pour abattre Diomède d’un coup de massue, avant de s’en prendre aux gardes. Les animaux voyant leur maître à terre, se jetèrent sur lui et le dévorèrent. Ainsi calmées, les juments suivirent Héraclès sans protester jusqu’à l’Argos. Dans les correspondances proposées par Le tibétain, le travail de capture des juments de Diomède est relié au signe du Bélier, tandis qu’il donne au Sagittaire le travail concernant les oiseaux du lac Stymphale. Nous préférons retenir la solution inverse. Il est notable que les juments et les oiseaux sont présentés comme dévorant la chair humaine, en relation avec l’élément feu. L’enjeu du Sagittaire et de domestiquer le cheval et de lui adjoindre l’idéal de l’esprit. Le cheval sert à notre mouvement. A l’origine, il est sauvage. Ici, le mythe parle de jument ; il féminise notre « animal » pour en orienter la symbolique vers le monde terrestre. En se nourrissant de chair humaine, alors que la fonction féminine de la femme comme celle de la nature, est de nourrir l’homme, il nous indique le renversement négatif de son symbolisme sous l’influence du mental représenté par Diomède. Finalement, ce roi sera mangé par ses propres cavales montrant l’inévitable retour de ce que nous créons, dans notre destinée. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 3 XIII – L A CONSTELLATION DU SC ORPION Dans cette image céleste, le lever et le coucher des constellations sont représentés pour l’époque de 2000 ans av. J.-C., en Grèce. Elles confirment une remarque souvent citée affirmant qu’au lever du Scorpion coïncide le coucher d’Orion. Cette coïncidence trouve un écho dans le mythe où un scorpion tue le géant Orion : Orion et Artémis avaient l'habitude de chasser ensemble. Un jour, Orion, qui était amoureux de la déesse, essaya de l'embrasser. Artémis, indignée, fit apparaître un scorpion et lui ordonna de piquer le géant. En le voyant mourir, Artémis, émue, transforma Orion en constellation, et réserva le même sort au scorpion qui l'avait fidèlement servie. En analogie avec le lever du Soleil, l’ascendant est un lieu de vie, un lieu où ce qui s’y trouve est animé d’une force renouvelée, à l’image du jour commençant. A l’opposé, le descendant – lieu où disparaissent les astres – symbolise la mort, le passage dans l’obscurité. Orion y disparaît lorsque la puissance du Scorpion s’exalte au lever. Le tort d’Orion est d’avoir voulu embrasser une déesse, en d’autre terme, il a tenté de refaire son unité, il a élevé son amour vers les cimes, vers l’inaccessible étoile. Or, un tel amour ne peut être de ce monde. Le désir d’Orion le condamne dans sa dimension humaine et mortelle tandis que sa partie divine, immortelle, s’installe dans les cieux en compagnie du Scorpion. Voyons en cet animal le fidèle allié de notre âme, l’implacable compagnon qui favorise notre réalisation ultime. o Dé e ss e s s co r p io n de l a m yt ho l og i e é gy pt i en n e Nous venons de voir dans l’histoire d’Orion, l’association de la déesse Artémis – d’autres versions citent Héra – avec le Scorpion. Dans l’Egypte antique nous trouvons plusieurs déesses associées au Scorpion. Il s’agit principalement de : Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 4 Hededet, déesse-scorpion – Mentionnée pour la première fois dans les Textes des sarcophages, tardivement assimilée à Isis qui, grâce à ses talents de magicienne, avait sauvé son fils de la morsure d’un scorpion. Selqet, déesse-nèpe – Bien qu’elle soit tardivement représentée comme une déesse-scorpion, on sait depuis longtemps que Selqet est, à l’origine, une déesse-nèpe du nom de ce petit animal aquatique que nous appelons « scorpion d’eau ». L’aspect le plus important de sa personnalité est celui qui lui vaut l’épithète de « dame de la morsure », à savoir sa capacité de prévenir et de guérir les piqûres et les morsures d’animaux venimeux parce qu’elle est la forme divine de l’un deux. A la basse époque, elle sera associée, tout comme Hededet, à Isis. Sepertounes, déesse-scorpion – Elle est invoquée dans les formules magiques utilisées pour conjurer les morsures de scorpion, mais aussi pour favoriser les accouchements. Tabitjet, déesse-scorpion – Comme ses consœurs, on l’invoque dans les formules magiques destinées à conjurer la morsure d’un scorpion, chasser les humeurs malignes qui sont dans les membres, ou encore, clore la gueule de tout reptile. S’il est un signe associé aux pratiques magiques, c’est bien celui du Scorpion, et la mythologie égyptienne fait l’apologie de cette association. T R A V A U X D’ H E R A C L E S : L a c ap tu r e d e C er b èr e , g a rd i e n d e s e n fe r s Eurysthée donna l’ordre à Héraclès de se rendre au royaume des enfers et de voler le redoutable cerbère qui en gardait l’accès. Athéna et Hermès vinrent à son aide pour accomplir ce périlleux exploit. Hermès le conducteur des âmes, guida Héraclès vers le royaume d’Hadès, tandis qu’Athéna demeurait à ses côtés pour le rassurer. Parvenu au Styx, rivière que doivent traverser les âmes décédées, notre héros persuada Charon de lui faire passer le fleuve. En mettant le pied sur l’autre rive il vit une ombre s’approcher de lui. Il allait la percer d’une flèche lorsqu’Hermès l’en dissuada lui garantissant qu’il n’avait rien à redouter des morts. Finalement le héros rencontra Hadès lui-même. Le Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) souverain des enfers lui refusa le passage. Ils commencèrent à se battre, Héraclès eut le dessus et Hadès tomba à terre à la porte de son royaume. Il autorisa alors Héraclès à s’emparer de cerbère à condition qu’il ne se serve que de ses mains. Le héros saisit la bête à trois têtes par le cou central. Ses trois gueules tentèrent de contre-attaquer et la queue terminée par un dard fouetta le héros. Mais Héraclès maintint son emprise et Cerbère perdit conscience. Athéna l’aida à franchir le Styx dans l’autre sens. Eurysthée éprouva une peur atroce en voyant le monstre aux trois têtes terrifiantes. Il se réfugia dans sa jarre et ordonna de renvoyer Cerbère aux enfers. Pa g e 1 5 Il y a deux travaux pouvant être rattachés au signe du Scorpion, celui où il tue l’hydre de Lerne dont le poison évoque le venin du scorpion, et bien sûr, celui de sa descente aux enfers où l’on voit le chien Cerbère l’attaquer avec une queue munie d’un dard. Ce travail de descente dans les enfers est parfois relié au signe du Capricorne qui, dans l’hémisphère nord, représente la partie du zodiaque tropical pénétrant le plus profondément sous l’horizon. C’est la raison pour laquelle un initié comme Jésus est né un 25 décembre à minuit, à l’heure où le Soleil est enfoncé dans les profondeurs de l’Hadès. Le Soleil, c’est la lumière du héros qui vient éclairer les ténèbres et qui triomphe sur la mort. Le Scorpion apparaît comme un animal au service d’Hadès qui lui confère la mission d’exécuter la sentence de mort décrétée par le destin. C’est dans ce sens que nous pouvons le relier à ce travail. S’il est un signe qui ne craint pas la mort, qui ose l’affronter, c’est bien celui qui la représente. Il n’est sans doute pas une mythologie qui n’ait associé le chien à la mort, aux enfers, au monde du dessous. Ce fut en Egypte le dieu-chien Anubis, principal dieux des morts, patron des embaumeurs, gardiens des enfers, ou Khenty-Imentyou, « celui qui est à la tête des Occidentaux », autrement dit des défunts censés être inhumés à l’Ouest du Nil ou le soleil « meurt » tous les soirs. Tien-k’uan, en Chine, qui accorde la rémission des péchés. Xolotl, un « teotl » (divinité) de la mythologie aztèque, dont le nom signifie « animal » ou « étoile du soir ». Frère jumeau obscur de Quetzalcóatl, il est le protecteur des jumeaux et le dieu du jeu de pelote. Il est également le dieu-chien compagnon du soleil dans le monde souterrain. Bossu et armé d'une hache, il accompagne les défunts au Mictlan (5). Garm, (Hurleur) dans les mythologies nordiques, est le chien enchaîné à l'entrée de Niflheim, monde de la brume, de l’obscurité où résident ceux qui sont morts de maladie ou de vieillesse, et où il garde le monde des morts. Pour notre esprit cartésien, ce rapprochement est énigmatique. Il s’inscrit dans un domaine de la connaissance ésotérique qui échappe aux sens ordinaires et à l’analyse intellectuelle. Il faut, pour percevoir ce genre d’affinité, voir avec l’œil intérieur. Comme notre champ d’exploration s’est considérablement spécialisé dans l’analyse sectorielle de la réalité tangible, nous avons cessé de percevoir comme les anciens. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 6 Ce que l’on peut dire, c’est que les personnes marquées par le signe du Scorpion entretiennent avec les chiens une relation privilégiée, et cela est vrai aussi pour les personnes marquées par la planète Mars, régente du signe. Nous avons vu plus haut, combien Orion était lié au Scorpion. Or, dans les représentations imagées du zodiaque, les anciens ont placé derrière Orion, le magnifique chasseur, le grand chien avec son étoile Sirius, la plus brillante du ciel de l’hémisphère nord. Pour les Egyptiens, Sirius était personnifié par la déesse Sothis. En fait, dès les Textes des pyramides, Sothis est assimilée à Isis comme l’indiquent plusieurs formules qui en font la compagne d’Orion, lui-même assimilé à Osiris. A l’époque romaine, des statuettes de terre cuite, et le revers de monnaie frappée à Alexandrie montre Isis-Sothis assise en amazone sur un chien. Là encore, la grande magicienne Isis, capable de ressuscité Osiris, est associé à un chien. Orion, Osiris sont similaires à Héraclès pénétrant dans l’Hadès, il est accompagné de Sirius, Athéna, Isis, sans lesquels il ne pourrait accomplir sa mission. XIV – LA CONSTELLATION DE LA BALANCE Les anciens ne considéraient pas la Balance comme une constellation séparée. Ils l’appelaient Chelae, ou « les pinces du Scorpion », qui constituait un signe de 60°. La constellation actuelle représente la balance avec laquelle Astrée (6) pesait les actes des hommes pour les présenter à Jupiter. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 7 Recouvrant les notions de justice, de mesure, d’ordre, la balance, chez les grecs, est représentée par Thémis qui régit les mondes selon une loi universelle. Elle apparaît dans l’Iliade comme un symbole du destin. Son nom signifie « inébranlable » ; peut-être est-ce la raison pour laquelle elle est considérée comme une abstraction représentant la loi, la justice, plutôt que comme une déesse. Précisons à ce sujet que la balance est le seul signe du zodiaque représenté par un objet. Si l’on retient cette superposition de la Balance avec une partie du Scorpion, et qu’on l’associe aux significations de Vénus, son maître, et de Saturne en exaltation, il est un personnage de la mythologie grecque que l’on peut relier à ce signe. Il s’agit du seul héros pacifique de la Grèce, Orphée qui, pour triompher des dieux, déesses, hommes et monstres, n’utilisa que la puissance de son art. O r ph é e A l’époque où Orphée naquit, la Thrace était en proie à une lutte profonde, acharnée entre les cultes solaires et lunaires qui se disputaient la suprématie. Les cultes solaires et ouraniens avaient leurs temples sur les hauteurs et les montagnes, des prêtres mâles et des lois sévères. Les cultes lunaires régnaient dans les forêts et les vallées profondes ; ils avaient des femmes pour prêtresses, des rites voluptueux, la pratique déréglée des arts occultes et le goût de l’excitation orgiaque. De même que la fusion parfaite du masculin et du féminin constitue l’essence même et le mystère de la divinité, de même l’équilibre de ces deux principes peut seul produire les grandes civilisations. Orphée, qui ne s’appelait pas encore ainsi, était fils d’une prêtresse d’Apollon. Sa voix mélodieuse avait un charme étrange, la musique qui coulait de ses lèvres prêtait un contour suave et triste au coin de sa bouche. Les femmes disaient que ses yeux mêlaient dans leur philtre d’azur les flèches du soleil et les caresses de la lune. Subitement, il disparut ; on le disait mort, descendu aux enfers. Il fut en fait initié aux mystères en Egypte où il reçut le nom d’Orphée ou Arpha qui signifie « celui qui guérit par la lumière » Son œuvre consista à réunir les deux cultes solaires et lunaires. Dans un épisode de sa vie, il descend dans les enfers pour sauver Eurydice, l’amour de sa vie, sans y parvenir. Il meurt en se sacrifiant pour sauver le culte qu’il avait initié, et dans lequel masculin et féminin fusionnaient parfaitement. Le signe de la Balance transparaît dans le mythe d’Orphée au travers de toutes ces singularités qui le distinguent du portrait classique attribué par les grecs à ces figures héroïques. A l’image d’un Gandhi, Soleil Balance en zodiaque tropical, il est le héros philosophe de la non-violence. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 8 Orphée remporte ses victoires par le charme fascinant de sa voie mélodieuse, ou par les accords de sa lyre à sept cordes, chacune représentant une planète et le dieu lui correspondant. Dans la veine symbolique de Vénus, il est la beauté même et place sa vie de couple au centre de son idéal. Comme souvent chez les natifs de la Balance, le plateau sur lequel se tient Saturne finit par l’emporter, et le renoncement à l’être aimé conduit au désespoir, puis à la sagesse. Ainsi l’équilibre entre les forces dionysiennes et solaires est trouvé ; c’est alors que le culte d’Orphée prend naissance. Dans la mythologie égyptienne, la Balance joue un rôle essentiel pour le jugement de l’âme du natif à son heure dernière. La déesse Maât en est la personnification. La d ée s se M a ât Traditionnellement figurée comme une élégante jeune femme que l’on reconnait au premier regard à la plume d’autruche qu’elle porte sur la tête, la déesse Maât était là dès l’origine de l’univers, veillant à l’équilibre de tout, aux rapports harmonieux des êtres, à leur cohésion indispensable. Elle maintient l’ordre du ciel comme celui de la terre. Elle est responsable des saisons, du jour et de la nuit, du mouvement des astres et de la chute des pluies. Son rôle est à la fois cosmique et social. Elle est la justice et la vérité, le poids juste avec lequel on juge le cœur du défunt. Au moment du jugement de l’âme défunte, La plume d’autruche qui la symbolise était placée sur un des plateaux de la balance et servait à peser le cœur du décédé. Si l’on regarde de chaque côté du signe de la Balance, à sa droite se tient la Vierge, symbole de pureté où se dirige l’amour pur, et à gauche, le Scorpion où vont les âmes convoitées par Hadès. Il est clair que la théorie de l’enfer et du paradis, chère à la religion catholique, fut en usage dans un passé lointain. T R A V A U X D’ H E R A C L E S Joëlle de Gravelaine relie ce signe à la conquête des pommes d’or des Hespérides, mythe axial qui nous semble plus appartenir à l’un des axes des sphères dans lesquelles nous nous mouvons, qu’à un signe particulier. Le tibétain associe lui le sanglier d’Erymanthe au signe de la Balance avec des arguments qui ne nous convainquent pas. Nous n’avons pas de correspondance à proposer. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 1 9 XV – LA CONSTELLATION DE LA VIERGE Elle représente, Érigone, fille d’Icarios, qui voua à son père un amour jusqu’à la mort. En Icaria habitait un paysan, nommé Icarios, en compagnie de sa fille Érigone (née avec l'aube) et d'une chienne appelée Maïra (l'Étincelante). Accueillant sans le savoir le dieu Dionysos sous son toit, il lui offre un repas frugal arrosé de lait. En reconnaissance de cette hospitalité simple et cordiale, Dionysos lui donne un plant de vigne et lui apprend à transformer son fruit en vin. Icarios se met donc à cultiver la vigne et à produire du vin. Il place sur son chariot une outre remplie de vin et prend seul la route afin de présenter le don de Dionysos aux bergers de l'Attique. Ceux-ci, ne devinant pas ses effets, en consomment sans mesure et s'enivrent. Ils s'imaginent qu'on leur a donné du poison et tuent Icarios à coups de bâtons en abandonnant son cadavre au pied d'un arbre. Érigone s'inquiète de l'absence de son père pendant des semaines et des mois, mais reconnaît aussitôt dans le hurlement de la chienne un indice de la mort de son père. Elle part avec Maïra à la recherche de son père. Tenant dans sa gueule un vêtement du disparu, Maïra conduit sa maîtresse directement au cadavre d'Icarios. Inconsolable, Érigone se pend à l'arbre qui marque la sépulture de son père. La chienne apaise par sa propre mort les mânes d'Érigone. (7) La constellation du Bouvier qui se lève, avec celle de la Vierge, représentent Icarios assassiné par les bergers ivres. Juste au-dessus de lui, à droite de la Vierge-Epigone, se tiennent les chiens de chasse assimilés à Maïra. Sur la gauche est placée la constellation de la Coupe pouvant évoquer la vigne et le vin. L’amour filial d’Erigone pour son père, l’a conduit jusqu’à sa propre mort. Comme indiquée précédemment, la chienne joue le rôle de psychopompe en guidant Erigone vers le cadavre de son père. Une des interprétations que l’on peut donner à ce mythe est la suivante : Erigone est l’image de l’âme emprisonnée dans le corps qui se souvient de son origine divine incarnée par la figure de son père Icarios. Cette âme vierge de toutes relations sexuelles voue à son père un amour inconditionnel. Dionysos, le dieu du vin et de l’ivresse, qui déchaîne défoulements, délires, orgies ou extases mystiques, vient ici jouer les troublefêtes dans cet amour fusionnel. Dans une variante du récit, il est dit que Dyonisos tombe amoureux d’Erigone, et que pour la séduire, il se transforma en grappe de raisin. Erigone résiste à cet amour. Sa voie ne passe pas par la chute dans le monde sensoriel qui, au travers de l’ivresse des bergers, se retourne contre elle et son père. En mourant, elle symbolise la fin de l’âge d’argent, et tout comme Astrée, elle retourne au ciel laissant sur terre s’étendre l’âge de Bronze. Voici un résumé à partir « Des travaux et des jours » d’Hésiode, des différents âges par lesquels passe l’humanité : AGE D’OR – Les hommes de la race d'or ne connaissent ni la guerre ni le travail de la terre ; pour eux, spontanément, la terre produit des biens en nombre. Contemporains de Cronos, dieu souverain, les hommes de l'or incarnent la royauté juste, la souveraineté respectueuse de la dikè. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 0 AGE D’ARGENT – Au contraire, les hommes d'argent, tout aussi étrangers que les premiers à la guerre et au labeur, représentent la souveraineté inique, la royauté de l'hubris ; ils refusent de sacrifier aux puissances de l'Olympe, et ne peuvent s'abstenir entre eux d'une folle démesure. AGE DE BRONZE – À la fonction de souveraineté, représentée par les deux premières races, les deux suivantes opposent leur activité guerrière. Tout entier voués à la guerre et à ses œuvres, les hommes de bronze et les héros sont deux modèles antithétiques du combattant : les premiers sont pure violence, ils succombent sous les coups les uns des autres, et disparaissent dans l'oubli sans recevoir aucune marque d'honneur. AGE DES HEROS – Ce sont des guerriers justes dont la force vient se mettre au service du pouvoir exercé par le Bon Souverain, conformément à la justice. En récompense de leurs vertus, les héros ont accès à l'île des Bienheureux où, désormais, leur vie s'écoule sans fin, semblable à celle des dieux immortels. AGE DE FER – À ces deux premiers paliers, de caractère essentiellement mythique, l'âge de fer vient opposer un tableau de la vie humaine dominé par l'ambiguïté et le mélange des contraires. Tout aspect positif est contrebalancé par une part négative : l'homme implique la femme ; la naissance, la mort ; la jeunesse, la vieillesse ; l'abondance, la peine ; le bonheur, le malheur. L’homme a le choix entre deux genres de vie : ou bien respecter la dikè, et pratiquer la justice, il peut, en travaillant la terre comme les dieux l'ont voulu, compenser le mal par le bien ; ou bien, être entraîné par l'hubris, poussé par la démesure, et s'abandonner au mal, faire violence à l'hôte, maltraiter son père, refuser de nourrir ses vieux parents, mépriser les serments et ne croire qu'en la violence. Tels sont les aspects sombres d'un âge à propos duquel Hésiode évoque le temps proche où les fils seront semblables à leur père, et où les hommes naîtront vieux, avec les tempes blanches. Au terme du cycle qui commence dans la pure justice de l'âge d'or, Hésiode annonce, à la manière d'un prophète, un âge de pure violence, tout entier abandonné au surdroit. (8) DEME T ER « Je chante Déméter aux beaux cheveux, Démeter l’auguste déesse, et sa fille, la jeune vierge aux graciles chevilles, qu’un jour lui ravit Hadès, roi des enfers, avec le consentement de Zeus dont la voix gronde sous la voûte du ciel. » (Hymne à Démeter, Homère). L’histoire de Déméter et du rapt de sa fille Perséphone par Hadès, constitue à nouveau la marque d’une transition entre un âge d’insouciance et d’innocence, d’éternel printemps à celui d’un âge laborieux rythmé par les saisons. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 1 Déméter, fille de Cronos et de Rhéa, est la déesse de la terre cultivée et fertile, tout particulièrement la divinité du Blé. Sa fille unique Perséphone grandit heureuse et enjouée au milieu des autres enfants du maître de l’Olympe. Son oncle Hadès tombe éperdument amoureux d’elle. Alors qu’elle est entrain de cueillir un narcisse dans un jardin paradisiaque, il entrouvre la terre, elle pousse un cri de surprise, il apparaît et l’entraîne avec lui aux enfers. Déméter entendant le cri de sa fille, se précipite mais ne la trouve pas. L’angoisse au cœur, elle parcourt le monde entier, à sa recherche, sans boire, sans manger, sans se maquiller d’aucune sorte. Elle apprend enfin par Hélios, le soleil qui voit tout, qui est le ravisseur. Elle décide alors de ne plus remonter au ciel et d’abdiquer ses prérogatives de déesse jusqu'à ce qu’elle ait retrouvé sa fille. Sous les apparences d’une vieille femme, elle visite les cités des hommes, observe leurs travaux, puis s’assoit sur « la pierre sans joie », et échoue enfin au milieu des vieilles qui papotent à la cour du roi Céléos. L’une d’elle, Iambé, réussit à la faire sourire avec ses badinages. Le jeûne est rompu. Elle s’engage comme nourrice et tente de rendre Démophon immortel. Déméter de Cnide, Léocharès, 330 av. J.-C., Mais cet exil de la déesse rend la terre stérile et Zeus, responsable de l’ordre du monde, exige d’Hadès qu’il rende Perséphone. Or celle-ci a goûté du grain de grenade qui la lie définitivement aux enfers. Un compromis est pourtant trouvé : Perséphone monte vers le ciel avec sa mère aux premières pousses de printemps, et retourne dans son séjour souterrain avec les semailles de l’automne. Nous retrouvons tout au long de ce récit, plusieurs des caractéristiques attribuées au signe de la Vierge. Face au rapt de Perséphone, Déméter n’use pas de la force comme l’aurait fait un héros solaire ; elle fait inertie – sens de l’élément terre – et entre dans une phase de jeûne, de déprime, la perte de sa fille s’accompagnant d’un sentiment de culpabilité de ne pas avoir su protéger celle-ci. Les problèmes d’anorexie impliquent souvent l’axe Vierge – Poissons, en association avec des aspects planétaires tels que Lune – Saturne ou Lune – Pluton. Lorsque la déesse est en dépression, la terre devient stérile à l’image du signe. Comme son régent est Mercure, la solution fait appel à la raison ; un compromis est trouvé sur la base d’un partage. Désormais, Perséphone partagera son temps entre son rôle de compagne d’Hadès et de fille à Déméter. L’axe de la terre s’est incliné et les quatre saisons alternent tout au long de l’année. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 2 T R A V A U X D’ H E R A C L E S Alice A.Bailey, sous la conduite du tibétain, relie ce signe au travail consistant à rapporter la ceinture d’Hyppolyte, la reine des amazones, à la fille d’Eurysthée qui la désirait. Si l’on met en avant le côté guerrier de ces femmes formant un peuple sauvage et redoutable, à cheval toute la journée, il est quelque peu osé de voir en elles un portrait de la femme Vierge, discrète, effacée. En revanche, le travers du signe, lorsqu’il s’accompagne d’une dominante planétaire mâle dissonante et qu’il se combine avec le Sagittaire, peut conduire la femme à rejeter l’homme, ce qui est l’idéal des amazones. Voici comment Diodore De Sicile décrit ce peuple guerrier. Auprès du fleuve Thermodoon, était jadis un peuple puissant gouverné par des femmes qui portaient les armes à l'exemple de leur mari. Mais on dit qu'une de leurs reines, distinguée par sa force et par sa bravoure, leva une armée qui ne fut composée que de femmes. Elle les exerça pendant quelque temps et les conduisit ensuite contre quelques-uns de ses voisins. Ses succès lui ayant enflé le cœur, elle mena son armée plus loin, et la fortune la favorisant de plus en plus, elle se dit d'abord fille de Mars. Elle contraignit ensuite les hommes de travailler à la laine et aux autres ouvrages des femmes pendant que les femmes iraient à la guerre et auraient en toutes choses une autorité absolue sur les hommes. Elles estropiaient les bras et les jambes à leurs enfants mâles dès qu'ils venaient au monde afin de les rendre incapables de tous les exercices militaires. Elles brûlaient la mamelle droite aux filles de peur que cette partie qui s'avance ne les empêcha de tirer de l'arc. C'est cette pratique qui leur a fait donner le nom d'Amazones. Cette même reine qui était intelligente en tout, bâtit une grande ville à l'embouchure du Thermodoon. Elle la nomma Themiscyre et elle y fit élever un magnifique palais. Après avoir établi une excellente discipline parmi ses troupes, elle porta son empire jusqu'au-delà du Tanaïs et elle fut tuée enfin dans une bataille où elle avait combattu vaillamment. Sa fille lui succéda et la surpassa même en quelques-unes de ses actions. Dès sa plus tendre jeunesse elle menait les filles à la chasse et leur faisait faire tous les jours quelques exercices de guerre. Elle institua des sacrifices en l'honneur de Mars et de Diane surnommée Tauropole. Elle porta ses armes fort avant, au-delà du Tanaïs et joignit à ses états tout le pays qui s'étend depuis ce fleuve jusqu'à la Thrace. Étant revenue chargée de dépouilles, elle éleva des temples somptueux aux dieux que nous venons de nommer, et s'acquit l'amour de ses sujets par la modération et la justice de son gouvernement. Revenant du côté de l'Asie, elle en conquit une partie considérable et étendit sa domination jusque dans la Syrie. Les reines qui lui succédèrent soutinrent l'honneur de leur race et firent toujours croître la gloire et la puissance de leur nation. La plupart des travaux d’Héraclès consiste à combattre les résultats de déviances énergétiques. La femme amazone délaisse, renie sa fonction féminine pour devenir un rival de l’homme et l’affronter sur son propre terrain de la guerre. Il s’agit d’une tentative maladroite de sublimation qui, au lieu de s’inscrire dans une dynamique verticale, opère sur le plan horizontal de la confrontation stérile. Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 3 Si l’on considère le féminin comme l’expression des forces de la nature, et le masculin comme symbole des forces de l’Esprit, les amazones peuvent symboliser une tentative de la matière à égaler l’esprit, à le vaincre au lieu de collaborer avec lui. Ce mythe rejoint les aspirations modernes d’émancipation féminine, dont la dernière impulsion remonte au début des années 1960, alors que se formait dans le ciel la conjonction Pluton Uranus dans le signe de la Vierge. Voici les coordonnées de naissance de treize femmes célèbres pour leur engagement dans la cause féminine. Nom, Prénom BAUMER Gertrude BEAUVOIR Simone de BETTY Friedan HALIMI Gisèle KATTE Millett LEMPERIERE Louise MICHEL louise PANKHURST Émeline PELLETIER Madeleine STEINEM Gloria SULLEROT Evelyne VEIL SIMONE WEISS Louise Date, heure naiss. 1873091208.0000 1908010904.3000 1921020404.0000 1927072716.3000 1934091419.4000 1903111701.0000 1830052917.0000 1858071421.3000 1874051823.3000 1934032522.0000 1924101011.0000 1927071308.1500 1893012516.0000 Long. 7E3600 002E2000 89W3520 10E1800 93W0535 1W4706 6E05 2W1500 2E2035 83W3319 2E19 007E1400 2E4600 Lat. 51N21 48N50 40N42 36N50 44N57 49N23 48N28 53N30 48N52 41N40 48N49 43N42 50N17 Pays ALLEMAGNE O FRANCE USA ILLINOIS TUNISIE USA MINNESOTA FRANCE 50 France 24 ROYAUME-UNI France USA OHIO FRANCE 24 FRANCE France Ville Hohenlimburg Paris Peoria La goulette Saint Paul Barneville Vroncourt Manchester Paris Toledo Montrouge (92) NICE ARRAS Répartition des planètes dans les signes du zodiaque tropical. * Ce test sur un échantillon aussi faible n’a aucune valeur statistique juste indicative pour un travail ultérieur. Le signe de la Vierge est bien présent. On notera aussi 4 Ascendants Sagittaire. TOTAL Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 4 XVI – CONCLUSION Parvenus au terme de cette exploration des mythes en corrélation avec les signes du zodiaque, nous ressentons la richesse contenue dans ces récits épiques, souvent tragiques, dans lesquels l’évolution positive de l’histoire passe le plus souvent par des sacrifices de toutes sortes, véritables « Sésame » pour entrer dans le royaume de la divinité. Envisager l’interprétation d’un thème astrologique sous l’angle du sacrifice, c’est voir en lui les ingrédients, les situations, les acteurs… en un mot, les mythes pouvant s’incarner dans une existence. Il y a en eux une vie qui les traverse et qui continue de vibrer dans notre ciel de naissance. Puissions-nous retrouver l’inspiration des poètes d’antan pour en retranscrire l’ineffable parfum. Notes et références (1) « Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » : Bible, Nouveau testament Mt 18, 3 (2) « L’homosexualité et le signe du Verseau ». Données de naissance puisées dans le logiciel Astrodatabank V4 (3) « Mythe de Dédale et Icare » http://bcs.fltr.ucl.ac.be/metam/met08/m-08-152-259.htm « Les métamorphoses d’Ovide » - Livre VIII (4) « Poème de Louis Menard » http://fr.wikisource.org/wiki/Prométhée_délivré (5) Dans la mythologie aztèque, Mictlan est le royaume des morts sauf pour les guerriers morts à la guerre, les femmes mortes en couches et les personnes touchées par la foudre. Ce lieu mythique était toujours situé loin au nord. Le voyage vers ce lieu prenait quatre années mais le défunt était accompagné par Xolotl. (Source : Wikipédia). (6) Astrée, dans la mythologie grecque, Astrée ou Astrapé (en grec ancien Ἀ στράια / Astráia, « la fille-étoile » ou Ἀ στραπή / Astrapé, « l'éclair ») est la fille de Zeus et Thémis (ou d'Astraéos et d'Éos selon les versions). Elle et sa mère sont la personnification de la Justice. Astrée est la dernière des immortelles à vivre parmi les humains durant l'Âge d'Or. Quand l'humanité est devenue corrompue à l'Âge de Bronze, elle quitta la Terre et Zeus la plaça dans le Ciel sous la forme de la constellation de la Vierge, tandis que la Balance de la Justice (son principal attribut) devint la constellation de la Balance. Astrée est souvent identifiée à Dicé, déesse de la Justice, ou à Némésis (le Châtiment divin). (Source : Wikipédia) (7) Érigone : http://agora.qc.ca/thematiques/mort.nsf/Dossiers/Erigone (8) Théorie des âges : Encyclopédie Universalis « HESIODE, VIIIe-VIIe siècle avant J.-C. » Article écrit par Marcel DETIENNE. ____________________________ Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 5 Bibliographie La théogonie d’Hésiode. Traduction en français par M Patin, 1872 – Bibliothèque numérique Gallica. (2) Homère : L’Iliade. Traduit du grec par Frédéric Muglier – Edition Babel. (3) Homère : Odyssée. Traduction de Leconte de l’Isle – Edition Pocket. (4) Homère : Des héros et des dieux – Arléas (5) Astronomiques de M. Manilius. Traduit en français par G. Pingré, numérisé par Google. (6) Ptolémée : Le livre unique de l’astrologie. Traduction de Pascal Charvet – Nil Editions. (7) L’Egypte ancienne et ses dieux. Jean-Pierre Corteggiani – Editions Fayard. (8) Mythes, rêves et mystères. Mircea Eliade – Editions Folio Essais. (9) Guides des mythes et des légendes. Myriam Philibert – Editions Dervy. (10) Le symbolisme dans la mythologie grecque. Paul Diel – Editions Petite Bibliothèque Payot. (11) La genèse des Mythes. A.H. Krappe – Editions Payot. (12) Mythologie grecque et romaine. Comelin – Editions France Loisirs. (13) Le langage secret des étoiles et des planètes. Geoffrey Cornelius/ Paul Devereux. (14) Astrologie, racines secrètes et sacrées. Marie Delclos – Editions Dervy. (15) Dieux et héros du zodiaque. Joëlle de Gravelaine – Editions Robert Laffont. (16) Traité d’astrologie Galactique et de mythologie céleste. Robert Gouiran et Francine Mercier – Editions Sar. (17) Astrologie et mythologie. Marie Saint Rochel – Editions Anagramme (18) Les étoiles fixes et les constellations en astrologie. Vivian E. Bobson. Pardès (19) Le secret des constellations. Denis Labouré, 2008 (20) Les grands initiés Edouard. Schuré – Librairie académique Perrin (21) Le dictionnaire des Symboles. Jean Chevalier /Alain Gheerbrant – Robert Laffont. (1) ___________________________________ – Pierre Cornuez – Ecla ira g e d e s sig n es d u zo d ia q u e p a r l es my th e s (2 ) Pa g e 2 6