Début de la Vème République: la politique des gaullistes

Début de la Vème République: la politique des gaullistes
I.
Introduction
A. Instauration de la Vème République
∗ La V
ème
République est mise en place par le referendum du 28 Septembre 1958 : elle se traduit
principalement par l'attribution au groupe qui sort vainqueur aux élections d'un nombre de sièges
supplémentaires à la chambre (dotation supplémentaire) par rapport à la proportionnelle. Le parti en
tête bénéficie d'un surplus de sièges de façon à lui garantir une stabilité politique.
1 ∗ D'autre part, un renforcement du pouvoir exécutif va permettre au pouvoir en place de mettre en œuvre
de manière suivie et prolongée une ligne politique définie, sans être soumis au Parlement. On peut parler
d'une politique dirigiste à propos du gaullisme, le Général à des ambitions élevées pour la France sur
la scène internationale mais aussi il favorise une politique de 3ème voie qui veut marquer son
indépendance à l'égard des deux blocs. En effet, on se situe dans une période de guerre froide, il refuse
de rentrer dans l'un des deux camps.
− Pour retrouver cette position de pays non aligné, il faut passer par l'indépendance militaire du pays :
la France elle sort de l'OTAN. Arrivée de l'arme atomique.
− Indépendance également sur le plan énergétique avec le lancement de recherches
B. Les préoccupations essentielles du Générale de Gaulle
∗ Mais aussi interventionnisme de l'état dans le domaine économique.
DE GAULLE se démarque pour afficher une position intermédiaire, c'est-à-dire un interventionnisme
limité, l'Etat doit pouvoir peser sur l'économie en la maitrisant pour promouvoir la recherche.
∗ Cela va être une période d'essor économique exceptionnelle et inédite : entrée dans la société de
consommation. Entre 1958 et 1972 un taux de croissance chaque année moyen de 7% d'augmentation.
− Ce sont autant de ressources financières qui rentrent dans les caisses de l'Etat, il va disposer de
moyens considérables pour orienter sa politique et cela va permettre la construction d'une série
d'infrastructures sportives. La France va rattraper son retard avec à la fin de la période de De Gaulle :
la mise à disposition dans la plupart des communes d'installations sportives classiques: gymnases,
stades, piscines...
− Cette conjoncture économique particulièrement favorable va bénéficier également à la jeunesse car
c'est le moment où les premières vagues du baby boom déferlent sur le système éducatif. Là aussi les
Gaullistes vont faire preuve de volontarisme puisqu'ils allongent la scolarité jusqu'à 16 ans.
Cette mesure met en difficulté le système scolaire mais l'élévation du niveau général de la
population française est un enjeu majeur sur le plan de la concurrence économique.
Mais cette mesure à des effets sur le plan culturel puisque désormais 80% d'une classe d'âge
accèdent à cette formation prolongée, grande majorité qui va faire naître la notion de jeunesse (cela
va devenir une catégorie avec une identité particulière: première enquêtes sociologiques) et cela va
faire naître une culture spécifique de la jeunesse en matière de goûts (musical, vestimentaire...) :
elle va s'affirmer en cherchant à se définir par ses propres aspirations.
C. Les effets des « Trente glorieuses »
∗ Effets du Baby Boom : augmentation nombre élèves concernés par l’Education Physique (80 à 90%
d’une classe d’âge).
∗ Lorsqu’HERZOG est nommé au pouvoir le 5 octobre 1958, il vient avec le projet d’introduire une
épreuve obligatoire au baccalauréat. Il faut que les conditions d’égalités entre les élèves soient
rétablies.
➔ Cela va donc être la mission que se sonnent les instructeurs généraux qui rédigent les instructions
officielles de 1959.
II.
2 Maurice Herzog et la « sportivisation » de l'éducation physique
A. Les instructions officielles de 1959 : l'expression des résistances de
l'instructeur générale
∗ On parle d’un « éclectisme fermé » en 1959, alors qu’on parlait d’un éclectisme ouvert en 1945.
L’objectif de l’instruction générale est de redonner une unité à l’enseignement pédagogique, de
redonner une chance d’égalité aux élèves.
∗ On parle toujours de la leçon pour les 2h dans les établissements, mais le texte de 1959 introduit une
nouvelle notion : elle oppose la leçon à la séance pour les 3h de demi journée de pleine air.
∗ Enfin ces IO de 59 marquent une distinction entre la gymnastique construite (maintien) et la
gymnastique fonctionnelle dans la leçon elle même (geste naturel).
∗ Le préambule sera de dire que les finalités de 1945 restent d'actualité. L'exercice mis en œuvre par le
professeur doit être appliqué de façon à ce que l'effort soit suffisant. Enfin, il est tenu de contrôler les
effets de son action.
∗ Dans ces IO l'éducation féminine est toujours d'activité laissant une place dominante à la gymnastique
rythmique qui doit être réalisée chaque semaine.
∗ Enfin, une notion nouvelle apparait pendant la séance, c'est celle de sport de base.
∗ On conserve les principes d'une évaluation fondée à la fois sur l'examen médical et complété par
l'examen pratique (relevé de performances par le professeur). Cependant, très vite ce texte apparait en
décalage avec l'amélioration sanitaire de la jeunesse et avec le début du succès du mouvement sportif
en France. Maurice Herzog n'est pas satisfait de cette formule, au moment de la publication, il impose
donc l'ajout d'une introduction dans laquelle il précise que ces instructions ont un caractère provisoire
et qu'une réforme est à l'étude.
➔ On voit émerger une distinction entre santé et motricité. PARLEBAS critique cette approche dans un
article de 1969 où il dénonce le fait que « la conception hygiéniste assimile l'homme à une machine ».
D'où l'émergence fondée de l'éducation physique sur d'autres bases. C’est l'impulsion que va donner
Herzog.
B. Orientation sportive de la circulaire de 1961 et des instructions
officielles de 1962
∗ Conduit à considérer que c'est lui qui donne une orientation sportive à l'éducation physique par ces
deux textes.
∗ Dans les enjeux géopolitiques de l'époque, le sport est devenu un vecteur de promotion des grandes
nations, notamment dans les oppositions du bloc de l'Ouest et du bloc de l'Est. l'URSS intègre le CIO en
1952 et les athlètes des pays de l'Est sont présents aux jeux d'Helsinki. Dans cette période de la guerre
froide, le sport devient une scène sur laquelle les deux blocs s'affrontent = supériorité du régime en
fonction du nombre de médailles.
∗ Pour les gaullistes, très attachés à la promotion de l'image de la France comme pays non aligné, les
résultats sportifs deviendront également des enjeux importants. Cette évolution de la place des sports
dans les sociétés des sports dans la société moderne conduit à Paris à une conférence internationale
autour du sport. JEAN MAHEU, directeur de l'UNESCO à Paris au moment de cette conférence, dit que
le sport est un « fait de civilisation à dimension internationale ».
∗ Cette mutation de la place du sport dans la société s'accompagne du début de la télé et de la
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retransmission pour la première fois en 1960 des JO de Rome.
Dans ce contexte, le statut de la jeunesse et des sports va connaître une promotion : en 1953, cela
devient un commissariat, un secrétariat d'Etat en 1963, et un ministère en 1966.
Herzog va disposer de moyens financiers importants avec deux lois programmes :
− Les lois Joxe avec une loi programme de 1961-1965 (2000 gymnases, 2300 stades, 550 piscines).
− Deuxième loi programme 1966-1970 (1600 gymnases, 3000 stades, 500 piscines).
Herzog se représente la diffusion du sport selon la pyramide coubertinienne. Pour lui, plus la base de la
pyramide est large, plus elle concerne les jeunes et plus la France à la chance de faire émerger une élite
de haut niveau. Il a donc l'idée, puisqu'à partir de 1959 les élèves vont être scolarisés jusqu'à 16 ans, de
se servir de l'EPS pour en faire un moyen d’éducation sportive. Pour cela il rédige lui même sans
concertation deux circulaires.
− La Circulaire de 1961 transforme la demi-journée de plein air (3h) en demi-journée de sport.
− La nouvelle instruction officielle de 1962 : initiation, entrainement et compétition. Les 2h
hebdomadaires sont consacrées à l'initiation sportive (= enseigner les gestes sportifs les plus
caractéristiques avec la précision, cette initiation peut intéresser des filles). La demi journée de sport
va changer d'appellation, il s'agit d'entraînements sportifs, il faut les préparer à des compétitions
(interclasses, inter établissements...). L'AS en 1961 revient et l'OSSU et remplacé par l'ASSU en
1961, la rendent plus dépendante du commissariat.
Quels sont les conséquences pédagogiques ? On peut parler à cette époque d'une pédagogie du
modèle. Les IO de 1962 précisent qu'il s'agit d'enseigner les gestes sportifs les plus caractéristiques, ce
qu'on va appeler le geste juste, celui que réalise le champion lors des manifestations internationales. On
voit se mettre en place en éducation physique une pédagogie qui s'inspire des entraineurs sportifs
fédéraux qui vont identifier les gestes les plus efficaces : « Le professeur doit être la réplique du modèle
absolu, celui du champion dont on analyse le style ». L'enseignement sportif en éducation physique
devient une juxtaposition de techniques que l'élève ne doit pas s'approprier mais reproduire.
→ Dans un premier temps, cette orientation pédagogique est plutôt bien accueillie par les enseignants,
ils voient dans cette orientation une forme de légitimation sociale puisque le sport commence à
connaître un essor international.
→ On voit même le courant Marxiste (très puissant dans la France de l'après guerre) avec Leroy et
Vives qui en font une activité sociale qui du point de vue de la motricité participe des plus grandes
œuvres de la culture humaine. Le sport pour les marxistes devient une activité sociale. Le courant
marxiste (YVON ADAM, JACQUES ROUYER), dans la mesure où l’URSS a intégré le CIO et a
intégré le sport, modifie sa vision par rapport au sport et en fait une « activité sociale qui du point de
vue de la motricité participe des plus grandes œuvres de la culture humaine », au même titre que les
grands artistes. Ainsi le sport a une valeur éducative pour la jeunesse puisqu'elle leur apprend le
goût de la compétition, de la lutte qui pourrait être transféré à des luttes sociales. Cette orientation
sportive va bientôt faire l'objet de débats.
C. Les débats autour de l'influence des sciences humaines
∗ Les années 1960 sont marquées par la diffusion auprès du grand public des théories psychologiques.
∗ Deux auteurs vont avoir une influence décisive en éducation physique : JEAN PIAGET et HENRY
WALLON. Ces deux auteurs connaissent un tel succès car ils démontrent que si les enfants ne
connaissent pas un stade de développement sur le plan moteur (stade sensorimoteur) dans la petite
enfance (occasion d'expérimenter différentes formes de motricité), cela pourrait avoir des incidences sur
leurs capacités cognitives plus tard. La richesse de l'expérience motrice à des incidences sur les
cognitions synaptiques et sur le développement cognitif des enfants (voir l’ouvrage De l'acte à la
pensée).
→ Cela confère aux enseignants d'éducation physique le sentiment de légitimité nouvelle, avec une
appropriation par certain de ces données.
∗ A partir de ces analyses on va voir se développer tout un courant pédagogique qui va se centrer sur la
psychomotricité : comment on peut influer le psychisme par les activités du corps ? C'est ce courant
qui va commencer à se démarquer de l'orientation du technicisme en considérant que ce type de
modèle débouche sur une motricité stéréotypé dans laquelle l'élève reproduit un geste défini par d'autres.
→ On va voir toute une série de pédagogues se démarquer de l'orientation sportive pour essayer
une autre forme de pédagogie qui soit adaptative, que l’élève découvre de lui même.
∗ Trois courants pédagogiques vont se distinguer :
• courant de Le Boulch : psycho-cinétique. Pour lui, elle est la base de l'éducation physique, elle est
développementale et l'initiation sportive ne peut intervenir qu'à l'issue de cette formation.
• PIERRE PARLEBAS qui va à partir de la psychomotricité définir une science de l'action motrice. Il
va s'inspirer d'un éventail d'activités et notamment des jeux traditionnels. Ce qui fait la richesse de
l'éducation physique, c'est la variété des expériences motrices.
• R. MERAND, le plus proche du courant marxiste mais qui s'inspire de Piaget et Wallon pour essayer
de voir comment l'enfant reconstruit sa motricité.
4 D. Les instructions officielles de 1967: une tentative de compromis
∗ C'est dans ces conditions que sont définies de nouvelles instructions officielles.
∗ Herzog est remercié en 1966. C'est FRANÇOIS MISSOFFE qui va lui succéder, il va être nommé Ministre
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du sport. Il est décidé à créer deux commissions pour rédiger ces instructions officielles :
− une qui va travailler sur les finalités des IO, confiée à TRINCAL ;
− l’autre sur la programmation des APS, confiée à ROBERT MEYRAND.
Pour la premières fois, les pédagogues sont représentés dans la commission qui rédige les IO. Dans
la commission, l'originalité des finalités de ces IO c'est que l'ensemble des courants pédagogiques vont
être représentés.
Les IO de 1967 sont une tentative de compromis, on y trouve toues les influences (formation de la
personnalité, maitrise du milieu, maitrise du corps, amélioration psychologiques...). Du point de vue de
la santé, c'est une conception adaptative que la pratique des activités physiques suffirait à assurer
(finalités). La programmation elle est plus tournée vers la pratique sportive.
On y trouve un peu de toutes les influences :
− à la fois des influences sportives : on parle du sport comme « fait de civilisation »
− de la psychomotricité (on parle de formation de la personnalité, maîtrise du milieu, maîtrise du
corps)
− mais aussi la médecine. La conception de la santé mise en avant est une conception de santé
adaptative, que la pratique des APS suffirait à assumer.
On y fait référence à des sports de bases au nombre de trois:
• gymnastique sportive
• athlétisme
• sports collectifs = socialisation des élèves
Il y a un décalage entre les finalités très générales et très ouvertes des IO qui incluent à la fois la
dimension sportive mais aussi psychomotrice, et la programmation centrée exclusivement sur les
pratiques sportives = textes ambivalents, texte de compromis.
Du point de vue de l'évaluation, référence à des examens trimestriels qui sont fondés sur un nouvel
outil élaboré dans les années 1950: la table de LETESSIER. C'est un outil pour évaluer les élèves sur des
critère objectifs, c'est un barème que l'on peut adapter à la fois au sexe et à l'âge des élèves en fonction
d'une série d'épreuve. Mais c'est une forme d'évaluation qui ne prend en compte que la performance
brute de l'élève.
A partir du 23 août 1961 est créé un corps de professeurs d'éducation physique qui remplacent les
maîtres d'éducation physique dans les CREPS.
E. L'évolution du rôle des enseignants d'EPS dans le secondaire
∗ Le sport scolaire : beaucoup d'enseignants ne se reconnaissent pas dans le modèle mis en place par
Herzog par rapport à l'ASSU.
− Grandes disparités de niveaux techniques dans ces rencontres entre les élèves qui jouent en club et
ceux qui apprennent en établissement. Evidemment les élèves qui pratiquent uniquement dans le
cadre de l'AS sont défavorisés dans ce système car ils sont en phase d'initiation = frustration.
− Les enseignants ont l'idée de créer une autre formule, autre que l'AS traditionnelle : à partir de 1966
est expérimentée l'AS « Formule Masse ». Il s’agit de la constitution d'un district avec un certain
nombre d'établissements proches géographiquement et vont organiser eux-mêmes leur système de
rencontres. Elles s'organisent sur les niveaux de pratiques, apparition des équipes mixtes (plus de
catégories d'âge ni de sexe mais de niveau).
Conclusion générale :
∗ Les IO sont donc un texte de compromis qui va bientôt être remis en question par la révolution
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culturelle de 1968. Mai 68 est une parenthèse sociale qui va conduire au départ de De Gaule en 1969,
remplacé par GEORGES POMPIDOU puis VALERY GISCARD D'ESTAING. On rentre dans une orientation
libérale par rapport à la période dirigiste des gaullistes. Cette période qui s'étend de 1968 à 1981 (arrivée
de la gauche au pouvoir) est marqué par un désengagement de l'état, crise économique (crise
pétrolière).
On va chercher à faire des économies sur ses dépenses et l'éducation physique va être particulièrement
visée et notamment le sport scolaire. Série de plans qui menacent l'éducation physique avec pour
visée de supprimer le forfait de 3h pour l'AS pout les réinjecter dans le cadre de l'éducation physique
obligatoire sans recruter de nouveaux enseignants.
On entre dans une nouvelle phase : un Etat régulateur qui va se désengager de certains secteurs.
Sur le plan des débats internes, grande effervescence du fait de la politisation de la jeunesse après 1968.
Ces débats et tensions constituent une crise d'identité dans l'éducation physique qui voit ses courants
éclatés dans différentes directions : il n’y a plus d'unité.
→ Cela va conduire à l'émergence de la revendication à un retour à l'éducation nationale. Cela
émerge à ce moment là car le sentiment qui prévôt c'est que on assimile trop facilement l'enseignant à
un entraineur de sport.
A partir des années 1981, retour de la gauche au pouvoir (Mitterrand), retour à l'éducation nationale
avec :
• jusqu'aux années 2000 : volonté de se démarquer, prise de distance par rapport à la formation
sportive. Réaffirmation de la dimension éducative de l'EPS (voir les IO de 1985). Introduction
dans l'évaluation de la maitrise technique et introduction de la pédagogie différenciée.
• A partir de 1994, regroupement de l'activité physique au sein de grandes familles : domaines d'action
dans la préparation des IO de 1996.
• de 2000 à 2013 : compétences culturelles, méthodologiques, et en 2008 compétences propres à
l'éducation physique sur le texte des collèges.
Début de la Vème République : la politique des gaullistes
I.
A.
B.
C.
II.
A.
B.
C.
D.
E.
Introduction
Instauration de la Vème République
Les préoccupations essentielles du Générale de Gaulle
Les effets des « Trente glorieuses »
Maurice Herzog et la « sportivisation » de l'éducation physique
Les instructions officielles de 1959 : l'expression des résistances de l'instructeur générale
Orientation sportive de la circulaire de 1961 et des instructions officielles de 1962
Les débats autour de l'influence des sciences humaines
Les instructions officielles de 1967: une tentative de compromis
L'évolution du rôle des enseignants d'EPS dans le secondaire