Repenser le réalisme

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Repenser le réalisme
Repenser le réalisme
Cahiers de sociocritique
Collection « Chantiers », no 1
2015
CRIST
Centre de recherche
interuniversitaire en sociocritique des textes
www.site.sociocritique-crist.org
Pour citer ce document :
Collectif, « Repenser le réalisme », Cahiers de sociocritique, coll.
« Chantiers », no 1, 2015, 36 p.
URL : www.cahiersdesociocritique.org
© CRIST 2015
Repenser le réalisme
Objectifs
La question du réalisme en littérature, si l’on entend par
réalisme l’intention de reproduire fidèlement la réalité
dans un texte, est l’une de ces questions dont la critique
annonce à intervalles réguliers la vanité cependant qu’elle
n’a de cesse de faire encore et toujours retour. Ainsi
s’étonne-t-on à peine de lire sous la plume de l’un de ses
meilleurs spécialistes que le roman français contemporain
se caractérise par un « retour au réel » qui congédie le repli
autoréflexif et les recherches formalistes dont les textes
produits dans la mouvance de Tel Quel furent emblématiques
(Viart, 2008). Cette question et sa résurgence constante ont
essentiellement été traitées de deux façons.
La première, ébauchée par la critique littéraire de la
seconde moitié du XIXe siècle (Merlet, 1863 ; DavidSauvageot, 1890), est depuis lors devenue celle de l’histoire
littéraire. Quand même bien cette dernière signale des
antécédents notables (la tradition comique, le roman
picaresque, des auteurs des Lumières tels Lesage, Diderot,
Marivaux, Rétif, Mercier), elle ne le fait que par rapport au
roman réaliste français du XIXe siècle, car elle tient celuici pour l’archétype du réalisme, alléguant implicitement ou
explicitement qu’il a réalisé au mieux le projet esthétique qui
Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
est à son principe. Au fil des manuels et des synthèses, les
contours d’un corpus exemplaire se sont précisés. Il va du
réalisme visionnaire de Balzac au remodelage scientifique
qu’en proposent Zola et les naturalistes ; il passe par
« l’art vrai » dont use Champfleury pour dire la platitude
de la vie courante et par la reproduction photographique,
« exacte, sincère, du milieu social, de l’époque où l’on vit »
chère à Duranty ; il ne néglige pas l’influence latérale du
mouvement réaliste en peinture (Courbet, Millet) et intègre
Flaubert en dépit du dédain que le mot « réalisme » et que
les « réalistes » lui inspiraient. Quelles que soient les nuances
et les précautions prises par les historiens, la logique de
cette démarche, que favorisent d’ailleurs l’enseignement et
les livres qui lui sont destinés, reste finaliste et normative
(Larroux, 1995 ; Thorel-Cailleteau, 1998). Qu’ils se
concentrent sur le triangle Balzac-Flaubert-Zola, qu’ils
distendent ou non le moment 1840-1890 en amont et en
aval (Larroux, 2002 ; Bourdenet, 2007), elle les pousse
à tenir peu ou prou ce qui vient avant Balzac (Scarron,
Sorel) pour des précédents rudimentaires et ce qui vient
après Zola (Romains, Aymé, Bon) pour des répliques du
séisme symbolique que constitua La Comédie humaine. Par
suite, les récits de l’histoire littéraire moderne en viennent
à suggérer que la succession des esthétiques littéraires
du romantisme à nos jours résulte d’une contestation
permanente du réalisme ou de son avatar conjoncturel,
lequel est disqualifié soit parce que son projet est vain, naïf,
illusoire ou artistiquement improductif soit parce qu’il
ne réalise pas vraiment son louable dessein et qu’il faut
en conséquence trouver un meilleur accès au réel que le
sien. À titre d’exemples, Zola correspond au second cas de
figure, Valéry et les surréalistes au premier.
La seconde façon est adoptée dans Mimésis (1946),
classique des études de lettres s’il en est. Loin de se limiter
Repenser le réalisme
aux deux derniers siècles et à la France, Erich Auerbach
définit le réalisme comme une tendance esthétique traversant
les siècles et se donne pour objet « La représentation de la
réalité dans la littérature occidentale ». L’ouverture de l’essai
oppose Homère, qui inscrit ses personnages épiques dans un
cadre spatiotemporel précis et dans un monde palpable, à la
Bible, dont l’élan vers les pratiques concrètes est inféodé à
la monstration de la vérité et à la preuve toujours à redire de
la validité de la tradition théologique. Fort de ce résultat qui
dissocie l’occident et l’orient, le critique circule librement
parmi les grands noms de la littérature européenne. Des
textes de Dante, Grégoire de Tours, Rabelais, Montaigne,
Cervantès, Shakespeare, Goethe, Stendhal, Woolf
entre autres sont examinés, ici et là contrastés avec des
productions demeurant arrimées au classicisme antique.
Alors que ces productions néoclassiques ne traitent que de
sujets élevés avec un style à l’avenant dans un esprit idéaliste,
élitiste et anhistorique, les œuvres réalistes ne respectent
pas la hiérarchie ancienne des styles selon laquelle la réalité
pratique et trivialement quotidienne ne ppeut s’écrire que
dans un style bas (sur le mode du gros comique) ou moyen
(sur un mode léger, plaisant). À ce refus de la distinction
des niveaux stylistiques qui constitue la première spécificité
du réalisme s’ajoute une dimension évolutive et méliorative.
Curieusement, le roman réaliste français du XIXe siècle
devient ici aussi un archétype-étalon, mais en l’occurrence
moins sous une forme normative que sur le mode d’une
téléologie rétroactive. Aux yeux du critique (1968, p. 550 et
ss.), il incarne un « réalisme moderne », issu d’une « évolution
commencée au XVIIIe siècle », elle-même bouturée sur
une tendance transséculaire. Il parachève cette dernière,
qui se caractérise par le choix de mettre de plus en plus
en scène la vie quotidienne des gens et d’en proposer une
représentation sérieuse, complexe ou tragique.
Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
L’ambition de ce chantier de sociocritique est de
repenser la question du réalisme littéraire sur d’autres bases
et avec d’autres hypothèses que celles-là. Nous excluons
l’idée que le roman réaliste français du XIXe soit le parangon
par rapport auquel devraient s’évaluer les textes à prétention
mimétique qui lui sont antérieurs ou postérieurs. Nous ne
voulons pas faire un récit historique habité par un préjugé
de progrès esthétique qui conduirait à dire que Balzac est
un meilleur réaliste que Scarron, ce qui ne nous semble pas
avoir beaucoup de sens. Nous contestons cette tautologie
voulant que la question du réalisme en littérature ne
concernerait que les écrivains estampillés « réalistes » par
l’histoire littéraire. Nous ne pensons pas non plus que le
réalisme concernerait avant tout le roman, et non la poésie,
le théâtre, l’essai ou l’autobiographie. Il nous apparaît aussi
que la question de la représentation du réel dans la littérature
ne peut se limiter à quelques grands textes de la littérature
consacrée, comme si Balzac, Flaubert et Zola avaient eu
une conversation privée qui aurait banni de fait le roman
populaire ou la « poésie objective » appelée par Rimbaud.
Il nous étonne grandement qu’il n’y ait aucune écrivaine
dans les ouvrages de synthèse ou de vulgarisation traitant
du réalisme au XIXe siècle et que les textes des minorités
sexuelles ou des marginalités sociopolitiques ne soient
guère davantage pris en considération. D’Erich Auerbach,
nous retiendrons le parti pris de penser la question réaliste
en longue durée, mais sans considérer comme lui que la
question reste la même au travers des âges et qu’il y aurait
une maturation progressive du réalisme au fil du temps
historique. Incidemment, ceci nous éloigne aussi de la
conception d’un « Grand Réalisme » (Lukács, 1975, 1998),
produisant des « types » où se condense la contradiction
du mouvement historique, Balzac étant une fois de plus le
parangon de l’écrivain capable de cette prouesse.
Repenser le réalisme
Nous considérons qu’il y a eu des réalismes, certes
tous liés au désir de dire la réalité du monde empirique et
de la condition humaine, mais de natures très différentes
et très variées, car ils sont pour ce faire affrontés non pas
à une réalité immédiatement accessible (que ce soit la « vie
quotidienne » ou une lézarde sur un mur), mais toujours
déjà sémiotisée par des mots, des représentations, des
langages colportés dans l’espace social conjoncturel. Cette
interaction avec ce déjà signifié marque l’historicité et la
socialité des réalismes, lesquelles sont notre objet même
d’étude. En toute logique avec la discussion que nous
venons de mener des travaux d’histoire littéraire et de
l’ouvrage classique d’Erich Auerbach, nous nous proposons
d’étudier cette historicité et cette socialité sur une longue
durée s’étendant des premières épopées médiévales à
l’époque contemporaine. Le corpus des textes à l’étude sera
plurigénérique et choisi en fonction du caractère dynamique
de l’interaction constatée entre le texte et les éléments
extérieurs dont il fait son altérité constitutive. Le domaine
inventorié sera celui de la littérature française, auquel
s’ajouteront des œuvres puisées dans plusieurs littératures
francophones (Caraïbes, Québec, Europe occidentale,
Afrique) d’autant plus intéressantes à questionner qu’elles
ont été tenues d’entretenir un dialogue critique fort avec
le modèle du roman français du XIXe siècle et d’inventer
d’autres modèles tels le réalisme merveilleux ou le réalisme
magique (Dehon, 2002 ; Scheel, 2005).
Contexte et problématique
Si la nature et le grand angle de saisie de notre
projet exigeaient que nous en éclairions les objectifs en
le différenciant de l’histoire littéraire et de l’approche
d’Erich Auerbach, il importe tout autant de le situer par
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rapport aux années soixante-dix et à l’accroissement de
l’influence des sciences humaines dont, au premier chef, la
linguistique, sur la façon d’aborder les textes de littérature.
Corrélés à la question du réalisme, cette influence relayait
des débats qui avaient traversé l’histoire de la philosophie
depuis l’Antiquité et prenaient soudain un tour nouveau.
Le problème nodal peut être résumé en ces termes :
comment le réel parvient-il à notre connaissance et quel est
le rôle de l’art à cet égard ? Les grands textes de l’Antiquité
traitant cette question sont bien connus. Dans Le Cratyle,
Platon montre Socrate en train d’affirmer que les signes
servant à nommer le réel ne sont ni naturels (nous dirions
« transitifs ») ni de pure convention mais sont motivés par
le désir de donner du sens aux objets. Platon expose dans
La République que l’art imite imparfaitement le monde,
lequel imite lui-même imparfaitement « l’Idée », c’est-à-dire
l’essence des choses. L’art produit ainsi une illusion au carré,
puisqu’il imite mal une imitation déjà fausse. Il peut de ce
fait être dangereux pour la société, car il éloigne par nature
de la vérité de l’Idée. Aristote ne partage pas ce désaveu.
Dans sa « Poétique », mais aussi dans sa « Politique », il
soutient que « l’art imite la nature », ce qui signifie qu’il
ne la reproduit ni ne la redouble, mais qu’il est capable
d’en produire une représentation vraisemblable grâce à
des moyens rhétoriques idoines. Ces procédés, variables
selon les genres (épopée, tragédie), sont susceptibles de
susciter des passions que traduisent des émotions telles la
terreur ou la pitié. Cependant, si l’artiste possède bien son
sujet et sait procurer du plaisir esthétique, ces émotions
sont mises à distances, épurées grâce à ce dernier (effet
de catharsis). Ces résumés, quelque rapides qu’ils soient,
soulignent combien plusieurs de ces éléments – l’arbitraire
du signe, le rôle de la rhétorique, l’effet produit par l’art
– seront repris et transformés dans les débats ultérieurs sur
Repenser le réalisme
le réalisme artistique et littéraire. L’un d’entre eux concerne
le statut épistémologique du réel. Une longue filiation
philosophique, qui se désigne parfois elle-même comme
« philosophie réaliste » et qui désidéalise en quelque sorte
Platon, affirme que le sens commun montre non seulement
que le monde existe en dehors de notre appréhension, mais
qu’il est directement intelligible et habité par une dimension
esthétique que le langage et l’art peuvent traduire. Roger
Pouivet (2006) est l’actuel défenseur de cette philosophie
héritée du thomisme. Nous ne sommes pas philosophes,
mais le serions-nous que nous nous situerions à l’opposé
de cette position conservatrice. Nous serions beaucoup
plus proches de Richard Rorty dont The Linguistic Turn
(1967) soutient la thèse que nous n’avons aucun accès
direct à la réalité en sorte que c’est le langage qui rend
possible la pensée et la connaissance de cette réalité, lequel
langage varie selon les situations et les locuteurs. Or cet
essai accompagne de loin une lame de fond qui va modifier
considérablement l’approche des textes littéraires et de la
question réaliste. Ce bref détour par la philosophie noua
rappelle que c’est toujours de la façon dont le monde peut
être connu qu’il est question quand on parle de réalisme
et il nous ramène au fait que, volens nolens, nous sommes
les héritiers de ce moment de l’histoire de la pensée au
XXe siècle qui affirme avec force que le langage ne peut
pas copier la réalité. À partir de là, la question du réalisme
littéraire ne pouvait prendre que des tours nouveaux.
C’est ce que démontre la parution en 1982 de
« Littérature et réalité » qui rassemble cinq études majeures
sur le réalisme en littérature. Ian Watt y montre comment
Defoe, Richardson et Fielding élaborent une forme
nouvelle, dont la caractérisation des personnages et la mise
en place d’un horizon spatio-temporel détaillé sont les
marques : ce roman « réaliste » participe d’une idéologie
Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
biséculaire valorisant l’individu à laquelle Descartes, Locke
et Hume ont fourni les assises. Leo Bersani observe dans
des textes de Stendhal, Tolstoï et H. James un divorce
entre un monde chaotique, traversé de désirs destructeurs,
et une esthétique romanesque qui intègre si bien tous
les éléments dans un tout cohérent qu’elle anesthésie la
violence de l’univers romanesque et procède d’une idéologie
conservatrice. Roland Barthes constate que de nombreux
détails insignifiants ou inutiles, c’est-à-dire sans fonction
sur le plan de la structure du récit, et s’apparentant à la
description, produisent un « effet de réel » qui est le label
même du roman réaliste. Cet effet résulte d’une ablation
du signifié qui fait naître le sentiment d’une relation
directe entre le signifiant et le référent, en sorte de susciter
l’adhésion d’un lecteur toujours tenu d’opiner à ce qu’il
lit. Michael Riffaterre traite de la poésie et montre que s’il
existe des liens à de la « référence » dans un poème, ils
vont soit d’un mot à l’ensemble des autres mots du poème
soit de ce poème à un autre texte qu’il déforme par divers
moyens scripturaux. C’est dans l’esprit d’une poétique
métissée de pragmatique que Philippe Hamon dresse une
typologie du discours réaliste, en une manière d’« idealtype » composé de quinze traits spécifiques. Ces études
sont toujours aujourd’hui pleines d’idées à reprendre,
discuter, prolonger, et nous ne nous en priverons pas,
mais elles ont contribué à diversifier le traitement de
la question réaliste, ce dont témoignent les travaux
récents. Considérant le réalisme comme une technique
scripturale, la sémiotique du récit et la narratologie ont
particulièrement exploré les tensions s’établissant entre
diègèse et mimésis (Genette), la construction des points
de vue (Rabatel), les modes d’énonciation (Bal, Rivara) et
le statut du narrateur (Patron), les indices de fictionnalité
(Schaeffer), l’élaboration du personnage et la construction
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Repenser le réalisme
du narrataire (Montalbetti). L’analyse du discours et la
pragmatique (Maingueneau, Kibédi-Varga) ont étudié
l’action produite sur le lecteur par le texte réaliste (dès lors
assimilé à un « speech act » selon l’expression de James
Austin) usant dans une situation d’énonciation déterminée
de procédures telles la motivation ostentatoire des noms,
la scénographie énonciative, le surcodage langagier. Plutôt
que de s’en tenir à l’analyse de sa technicité ou de son action,
d’autres courants ont regardé, non quelquefois sans esprit
polémique, le réalisme comme le symptôme des illusions
modernistes : les déconstructionnistes, de Derrida à Nancy,
dénoncent sa prétention à rejoindre le réel dans ce qui
leur apparaît comme une réaction métaphysique niant le
mouvement des signifiants qui caractérise la dissémination,
la « différance » et l’instabilité du sens ; les penseurs de
la postmodernité, de Lyotard à Jameson, rejettent le
programme de sémantisatisation univoque et contrôlée de
la totalité du réel pour lui préférer des écritures ouvertes au
ludisme, au mélange des tons et des genres, au simulacre, à la
reprise parodique, aux distorsions spatiales et temporelles.
L’analyse idéologique, dont Ian Watt avait donné un
exemple dans Littérature et réalité, s’est poursuivie dans des
études complexifiant le concept d’« idéologie dominante »
hérité du marxisme. Ces développements mettent en
évidence le travail idéologique du texte (Barbéris), ils
conjuguent marxisme et psychanalyse (Gaillard), observent
le réalisme lui-même comme une idéologie jetée sur la
scène des conflits politiques (Eagleton) et considèrent
que sa théorie est habitée par de l’idéologique (Jameson).
En une manière d’histoire sociale des courants littéraires,
quelques travaux ont rapporté le réalisme et ses grands
traits esthétiques soit à une histoire si bien en train de se
faire qu’elle pose question et appelle une réponse destinée
à « comprendre ce qui arrive » (Dufour, 1998), soit à des
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Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
conditions de production et de diffusion propices à la
mise en circulation de textes qui, comme Jakobson l’avait
déjà montré, offre une version métonymique de l’univers
réel (Dubois, 2000). Cette histoire sociale n’est pas sans
dette envers le travail effectué sur le terrain propre de la
sociologie de la littérature, laquelle tient pour « réaliste » ce
qui est reconnu et déclaré comme tel sur la scène des lettres.
La voie dominante de cette sociologie inscrit le réalisme
dans l’évolution du « champ littéraire », c’est-à-dire dans
l’évolution de l’ensemble des relations objectives unissant
les agents de la vie littéraire, et cherche à dégager le point
de vue qu’un producteur de textes peut avoir sur l’état de
ce champ : Flaubert et son Éducation sentimentale sont ce
qu’ils sont d’une part parce que l’écrivain joue de toutes
les tensions actives du champ littéraire durant le second
Empire et trouve par rapport à elles une position originale,
d’autre part parce que son roman offre une représentation
des rapports entre l’art et l’argent homologique de celle
prévalant dans l’espace social (Bourdieu, 1992).
Cette revue de littérature permet de préciser la
spécificité de notre projet et du défi qui l’anime. Nous
soulignons ces quatre points : 1) Même quand ils abordent
d’autres corpus ou périodes, ces travaux font du réalisme
français du XIXe siècle le modèle référentiel du réalisme
et avalisent implicitement une vision ou téléologique ou
normative de l’histoire, et ceux d’entre eux qui critiquent
le réalisme comme esthétique ou comme idéologie s’en
prennent au même modèle. 2) La plupart de ces travaux
ont une définition figée du réalisme, élevant celui-ci
au rang de catégorie générale par rapport à laquelle se
mesurent des degrés de fidélité ou d’infidélité. Nous
repartirons des textes et les étudierons en synchronie, ce
qui nous permettra de tenir compte du fait que ce que
nous appellons la « réalité » varie dans le temps et l’espace.
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Repenser le réalisme
Dans ses travaux sur l’imaginaire social, Castoriadis en
donne un bon exemple, celui de la « vie éternelle », dont
aucune preuve empirique n’a jamais existé, mais qui a
néanmoins été tenue pour « réelle » durant de nombreux
siècles. Paul Zumthor ne disait pas autre chose quand
il soulignait que le merveilleux, au Moyen Âge, pouvait
être un trait réaliste (Arseneau, 2013) et que cette phrase
de « La chanson de Roland » : « L’empereur tient la tête
baissée ; il tire sa barbe ; il tord sa moustache ; il ne peut
se retenir de pleurer » s’indexe sur un code culturel qui la
rend non seulement vraisembable, mais aussi directement
significative (l’empereur est contraint de prendre une
décision contraire à ses désirs). Fort de quoi, nous
voulons résolument acter que le réalisme est socialement
et historiquement variable, à telles enseignes que nous
préférons parler des réalismes que du réalisme. La langue
elle-même nous y invite puisqu’elle charroie des expressions
comme « réalisme mythologique », « réalisme visionnaire »,
« réalisme merveilleux, « réalisme socialiste », « réalisme
magique », etc. 3) Il importe également de nous dégager
de l’omniprésence du genre romanesque dans la réflexion
sur le réalisme, omniprésence frisant l’hégémonie dans la
littérature critique que nous avons inventoriée. La poésie,
le théâtre, l’essai, les formes brèves sont aussi susceptibles
de réalisme que le roman. Il conviendra également de
ne pas se limiter aux textes canoniques sélectionnés par
l’histoire littéraire et d’ouvrir l’angle de vue de manière
à questionner des genres et des œuvres tenus pour
secondaires. 4) Le quatrième point est le plus important,
car il désigne la particularité épistémologique de notre
entreprise. Il y a que, même quand ils ouvrent le texte sur
son extériorité (l’histoire, une idéologie, l’état du champ
lettré), les travaux présentés ci-dessus ne le conçoivent
jamais comme un dispositif sociosémiotique pris dans un
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Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
rapport polémique ou synergique précis avec les savoirs,
les discours, les imaginaires qui lui sont contemporains.
Ce sera l’axe central de notre problématique.
Nous nous donnons en effet pour but de repenser
la question de l’effet de réel et du réalisme sous l’angle
perspectiviste de la sociocritique. Cette dernière cherche
à dégager l’historicité et la socialité des textes littéraires à
partir d’une analyse interne de leur mise en forme, laquelle
est conçue comme un travail effectué sur la semiosis sociale
conjoncturelle, c’est-à-dire sur la façon dont la société
environnante se représente ce qu’elle est, son passé et son
avenir au moyen de récits, de chants, de discours, de faits
de langage, de théâtralisations de la parole, de modes de
symbolisation multiples qui circulent dans l’espace public
et que les textes incorporent et transforment en tout
ou en partie. Notre hypothèse principale est que l’effet
de réel et le réalisme sont produits par cette interaction
entre la mise en forme et la semiosis sociale alentour.
Développer cette hypothèse sur une longue durée allant
du Moyen Âge à nos jours exigera un retour réflexif sur
une sociocritique dont un état présent (Popovic, 2011) et
un collectif (Maurus, Popovic, 2013) publiés récemment
ont permis de retracer les avenues, de préciser et de
récapituler les bases conceptuelles, de dégager les voies
d’avenir. Ce bilan exhibe deux manques que notre chantier
est de nature à combler. D’une part, il montre que, depuis
les travaux initiaux de Claude Duchet, Edmond Cros,
Pierre Zima, Henri Mitterrand jusqu’aux travaux des
jeunes chercheurs d’aujourd’hui, la grande majorité des
travaux des sociocriticiens ont porté sur le XIXe siècle
ou sur le roman, en sorte que, en une manière d’ironie, la
sociocritique est partiellement lestée des défauts mêmes
que nous reprochions aux travaux portant sur le réalisme.
D’autre part il passe en revue les concepts – sociogramme
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Repenser le réalisme
(Duchet, Tournier), complexe discursif (Robin), sujet
culturel et sujet transindividuel (Cros), sociolecte (Zima),
discours social (Angenot), imaginaire social (Popovic), etc.
– qui ont permis de penser la semiosis sociale prise en
écharpe par le texte considéré. Or ces concepts ont été
eux-mêmes construits en fonction des objets d’étude et
des périodes choisis, ce qui détermine leur extensibilité, ce
que dit par exemple Marc Angenot quand il précise que
« la base » du concept de discours social et de la notion
d’« hégémonie discursive » est celle de « l’État-nation
arrivé à maturité » (Angenot, 1989, p. 26). Les concepts
de la sociocritique devront ainsi être testés et, à coup sûr,
réaménagés, voire abandonnés au profit de nouvelles
constructions conceptuelles, lorsque nous aborderons des
textes écrits dans des états de société autres que ceux pour
lesquels ils avaient été élaborés, ce qui aura sans aucun
doute des effets de retour critique sur les élaborations
conceptuelles existantes. En profit collatéral de notre projet
de penser les réalismes comme le résultat d’une interaction
entre des textes et une semiosis sociale conjoncturelle dont
ils tirent et réélaborent la matière première, apparaît de la
sorte un appréciable potentiel d’affinement théorique et
méthodologique.
Orientations méthodologiques
Sur le plan méthodologique, la sociocritique part du
texte et l’étudie au moyen d’un geste critique comportant
trois composantes. La première consiste à procéder à
l’analyse des procédures de mise en texte en mobilisant les
ressources des modes de description des textes appropriés
(narratologie, sémiotique, rhétorique, thématique, etc.) ; il
s’agit d’être attentif à tout ce qui indique du bougé, soit les
contradictions, les dérives métaphoriques, les omissions, les
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Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
apories narratives, etc. La seconde commande de procéder
à une éversion de cette analyse interne vers les altérités
constitutives du texte, c’est-à-dire ce que le texte a capté
de la semiosis sociale, répertoires lexicaux, langages, récits,
savoirs, représentations, images, etc. La troisième corrèle
les deux premières et vise à comprendre et à qualifier le
travail de la mise en texte sur les emprunts à la semiosis
sociale. Un bref exemple rendra ceci moins abstrait. Dans
son article célèbre sur « l’effet de réel », Barthes s’appuie
sur un passage de Michelet qui décrit Charlotte Corday
emprisonnée après le meurtre de Marat. Un peintre fait son
portrait quand le bourreau arrive, et l’historien d’écrire :
« au bout d’une heure et demie, on frappa doucement à
une petite porte qui était derrière elle ». Barthes voit dans
« le temps de la pose » et « la dimension et la situation
de la porte » deux détails « inutiles », « insignifiants »,
uniquement destinés à produire « l’effet de réel ». Une
lecture sociocritique verra les choses autrement. L’étude
de la mise en texte indexera cette « petite porte » sur la
série des portes, seuils, obstacles, passages du Rubicon qui
sont autant de traces de ce que, dans cette histoire, un fait
ne devient événement que par l’image d’un franchissement
moral ou social. Elle la reliera aussi à la barrière et à la
porte que franchit la meurtrière pour atteindre sa victime,
ainsi qu’à la porte de la chambre du crime qu’on referma
« derrière elle » pour qu’elle ne puisse s’enfuir, ces portes
constituant autant de métonymies de la liberté, motif même
du geste assassin. L’expression « frappa doucement » sera
vue dans son rapport antithétique avec le coup « tombant
[…] d’en haut, frappé avec une assurance extraordinaire »
qui a tué « l’ami du peuple ». Cette animation rhétorique est
l’indice du travail opéré par le texte sur les éléments tirés
de la semiosis conjoncturelle : le récit s’oppose au pathos
patriotique du poème de Chénier célébrant celle qui « crut
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Repenser le réalisme
par la mort ressusciter la France », exclut le moralisme
et le ton de reportage sur le vif adoptés par Lamartine
dans son récit de la mort de Marat, évite les anecdotes
romancées des « Mémoires de Sanson » (écrits par Balzac
et L’Héritier de l’Ain), élimine les excès de grotesque ou
de sublime semés dans les chansons et les iconographies
révolutionnaires ou monarchistes. Mais il est aussi un large
débat avec lequel le texte est en interaction. L’importance
accordée au portrait de Charlotte Corday peint par JeanJacques Hauer n’est pas anodine. Le temps de la pose
participe d’une mise en scène temporelle qui fait se jouer
l’un contre l’autre le temps de l’histoire, la postérité du
portrait peint, la brièveté des passages à trépas et l’éternité
de la mort. Le peintre est l’analogon de l’historien : il assure
la survie mémorielle de l’événement. Il est au premier rang
d’une scène de drame qui compte deux acteurs, l’homicide
et le bourreau, où est en jeu cette question : qui a le droit
de donner la mort et au nom de quoi ? Le texte est ainsi
en débat avec les discussions qui entourent la question
de la peine de mort dans les années 1830-1850 (« Le
dernier jour d’un condamné » est de 1829). La douceur
du bourreau et la sortie de scène par la « petite porte »
sont des indices de la réponse probable de Michelet. Les
détails que Barthes trouvait structuralement insignifiants
sont au contraire significatifs pour un sociocriticien.
L’« effet de réel », le « réalisme » du texte résultent de ce
qu’il est en interaction avec des mots, des discours, des
images, des débats croisant dans l’espace public. C’est de
cette interaction qu’il tire en conjoncture son capital de
vraisemblance, et la mise en forme, si elle est dynamique
comme c’est ici le cas, lui permet de créer du sens et d’être
pleinement une « intervention individuée sur les mots qui
convoient le cours des choses » (Popovic, 2011).
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Cahiers de sociocritique, collection « Chantiers », no 1
Éléments de bibliographie
1. Corpus primaire
La Chanson de Guillaume (1140).
Chrétien de Troyes, Yvain ou Le Chevalier au Lion (11781181).
Gautier d’Arras, Ille et Galéron (1176-1184).
Aliscans (circa 1180-1190).
Raoul de Cambrai (circa 1200).
Jean Renart, L’Escoufle, roman d’aventure (1200-1202).
Nouveau recueil complet des fabliaux (1160-1340).
Courtois d’Arras (l’enfant prodigue) (1200-1225).
Les Congés d’Arras (Jean Bodel, Baude Fastoul, Adam de la Halle)
(1202-1276).
Baudouin de Sebourc (1360-1370).
La Farce du Pet (circa 1450).
Les Quinze Joyes de mariage (circa 1450).
La Farce du mari jaloux (circa 1450).
Antoine de la Sale, Le Petit Jehan de Saintré (1456).
La Farce de Maistre Pathelin (1456-1460).
Martial d’Auvergne, Les Arrests d’amour (circa 1460-1465).
François Villon, Le Testament (1461).
Les Cent Nouvelles Nouvelles (1462-1466).
Les Évangiles des quenouilles (circa 1470).
Le Roman de Jehan de Paris (1494-1495).
François Rabelais, Gargantua (1534).
Noël du Fail, Les Baliverneries d’Eutrapel (1548).
Louise Labé, Œuvres (1556).
Marguerite de Navarre, Heptaméron (1558).
Michel de Montaigne, Essais (1580-1588).
Honoré d’Urfé, L’Astrée (1607-1627).
François de Rosset, Histoires mémorables et tragiques de ce temps
(1614).
Charles Sorel, Histoire comique de Francion (1623).
Charles Sorel, Le Berger extravagant (1627-1628).
François Tristan, L’Hermite, Le Page disgracié (1643).
18
Repenser le réalisme
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Madeleine de Scudéry, Artamène ou le Grand Cyrus (16491653).
Paul Scarron, Le Roman comique (1651 et 1657).
Madeleine de Scudéry, Clélie. Histoire romaine (1654-1660).
Antoine Furetière, Le Roman bourgeois (1666).
César Vichard de Saint-Réal, Dom Carlos (1672).
Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves (1678).
Marivaux, La Vie de Marianne (1731-1742).
Siméon-Prosper Hardy, Mes Loisirs (1753-1789).
Prévost, Manon Lescaut (1753).
Denis Diderot, Les deux Amis de Bourbonne (1770).
Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris (1781-1788).
Nicolas Edme Rétif de la Bretonne, Les Nuits de Paris ou
Le Spectateur nocturne (1788-1794).
Seinac de Meilhan, Les deux Cousins (1790).
Andréa de Nerciat, Julie philosophe, ou le Bon Patriote. Histoire
à peu près véritable… (1791).
Comte de Volney, Les ruines ou Méditations sur les révolutions
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Joseph de Maistre, Considérations sur la France (1796).
Ernest Pigault-Lebrun, L’Enfant du carnaval (1796).
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Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme
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Pierre-Jean de Béranger, Chansons (1815).
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Isidore Geoffroy de Saint-Hilaire, Histoire générale et
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Sophie Ulliac Trémadeure, La Virago (1833).
Delphine de Girardin, Le Marquis de Pontanges (1835).
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Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française (19011908).
Albert Laberge, La Scouine (1918).
Roland Dorgelès, Les Croix de bois (1919).
François Mauriac, Le Baiser au lépreux (1922).
Colette, Le Blé en herbe (1923).
Claude Cahun, Aveux non avenus (1930).
Rachilde, Notre-Dame des rats (1931).
Louis Aragon, Les Beaux Quartiers (1936).
Ringuet, Trente arpents (1938).
Marcel Aymé, Travelingue (1941).
Paul Willems, Tout est réel ici (1941).
Francis Ponge, Le parti pris des choses (1942).
Simone de Beauvoir, L’Invitée (1943).
Jean Genet, Notre-Dame des Fleurs (1944).
Gabrielle Roy, Bonheur d’occasion (1945).
Jules Romains, Le Sept octobre (1946).
Vercors, Les animaux dénaturés (1952).
André Langevin, Poussière sur la ville (1953).
Mohammed Dib, Le Métier à tisser (1954).
Alain Robbe-Grillet, Le Voyeur (1955).
Samuel Beckett, Fin de partie (1957).
Mayotte Capécia, Je suis martiniquaise (1958).
Louis-Ferdinand Céline, D’un château l’autre (1957).
Gilbert Langevin, À la gueule du jour (1959).
Kateb Yacine, Le Cercle des représailles (1959).
Christiane Rochefort, Les petits enfants du siècle (1961).
Nathalie Sarraute, Les Fruits d’or (1963).
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Georges Perec, Les Choses (1965).
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Jean Vautrin, Billy-ze-kick (1974).
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Rachid Mimouni, Le Fleuve détourné (1982).
Didier Daeninckx, Mémoires pour mémoire (1984).
Pierre Michon, Vies minuscules (1984).
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Emmanuel Carrère, La moustache (1986).
Abdelwahab Meddeb, Phantasia (1986).
Margaret Papillon, La Martingale (1987).
Guy Debord, Panégyrique, tome premier (1989).
Anne-Marie Simond, Le Séducteur (1990).
Éric Chevillard, La nébuleuse du crabe (1993).
Roland Topor, L’hiver sous la table (1994).
Michèle Courbou, Les chapacans (1994).
Verly Dabel, Histoires sur mesure (1996).
Jean-Claude Izzo, Chourmo (1996).
Raphaël Confiant, Le meurtre du Samedi-Gloria (1997).
Thierry Jonquet, Moloch (1998).
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Tanguy Viel, Cinéma (1999).
Annie Ernaux, L’Événement (2000).
Tony Delsham, Chauve qui peut à Schoelcher (2001).
Assia Djebbar, La femme sans sépulture (2002).
Kettly Mars, Kasalé (2003).
François Bon, Daewoo (2004).
Anne-Marie Albiach, Figurations de l’image (2004).
Virginie Despentes, Bye Bye Blondie (2004).
Myriam Beaudoin, Hadassa (2006).
Jacqueline Harpmann, Du côté d’Ostende (2006).
Gary Victor, Chroniques d’un leader haïtien comme il faut
(2006).
Nelly Arcan, À ciel ouvert (2007).
Ida Faubert, Anthologie secrète (2007).
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Jean-Simon Desrochers, La canicule des pauvres (2010).
Éléonore Mercier, Je suis complètement battue (2010).
Abla Fahroud, Le sourire de la petite juive (2011).
Charles Robinson, Dans les cités (2011).
Caroline Lamarche, La chienne de Naha (2012).
Michel Houellebecq, Configuration du dernier rivage (2013).
2. Bibliographie secondaire
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36
La sociocritique n’est ni une discipline ni une théorie.
Elle n’est pas non plus une sociologie, encore moins une
méthode. Elle est une perspective. À ce titre, elle a pour
principe fondateur une proposition heuristique générale
qui peut être formulée comme suit : la socialité des
textes est analysable dans leurs procédures de mise en
forme, lesquelles se comprennent rapportées à un ensemble
sémiotique plus large de nature langagière ou visuelle.
L’étude de ce rapport de commutation sémiotique permet
d’expliquer la forme-sens (thématisations, contradictions,
apories, dérives sémantiques, polysémie, etc.) de ces
textes, d’évaluer et de mettre en valeur leur historicité, leur
portée critique et leur capacité d’invention à l’égard de
la vie sociale. Analyser, comprendre, expliquer, évaluer, ce
sont bien là les quatre temps d’une herméneutique. C’est
pourquoi la sociocritique peut se définir comme une
herméneutique sociale des textes.
(Extrait du Manifeste du CRIST)

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