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Le choix radical d’Angelina Jolie a brisé un tabou Mastectomie Pour prévenir le cancer, la star s’est fait enlever les seins en 2013, puis les ovaires en mars dernier. Son geste a dopé les consultations génétiques, et incité des femmes comme Lætitia Mendes à témoigner. Par Caroline Rieder 07.04.2015 En Suisse, on recommande d’enlever les ovaires Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 affectent environ une personne sur 500. Le premier expose à 75% de risques de développer un cancer du sein au cours de la vie (50% pour les ovaires). Les chiffres pour BRCA2 sont plus bas, avec respectivement 55% et 20%. En Suisse, le dépistage s’effectue suite à une consultation génétique, si les critères le justifient: plusieurs cas de cancers dans une même Angelina Jolie a subi une ablation préventive des seins en 2013. Elle a fait de même avec les ovaires il y a quelques semaines. Image: GETTY branche de la famille, cancer des ovaires, cancer du sein chez la femme avant 40 ans ou encore cancer du sein chez En 2004, Lætitia Mendes découvre qu’elle est porteuse de la mutation génétique BRCA2, qui prédispose au cancer du sein et des ovaires. Elle devient deux ans et demi plus tard, à 26 ans, la première femme en France à subir une ablation préventive des seins. Pendant huit ans, elle n’en parlera pas. Sauf à des proches. Puis, le 14 mai 2013, elle découvre comme le monde entier la confession d’Angelina Jolie. Dans une lettre ouverte intitulée «Mon choix médical», l’actrice alors âgée de 37 ans dévoile que, se sachant porteuse du gène BRCA1 – exposant à des risques de cancer encore plus élevés que BRCA2 –, elle a subi une double mastectomie préventive. Il y a quelques semaines, elle a annoncé avoir poursuivi avec l’ablation des ovaires. Dans la foulée du témoignage de l’actrice en 2013, Lætitia accepte de parler à son tour dans les médias: «J’ai ensuite reçu des questions de femmes de partout dans le monde qui cherchaient à en savoir plus, à connaître mes sensations», raconte-t-elle au téléphone, depuis Paris. Réalisant alors que le besoin d’information est énorme, elle décide de faire de son histoire un livre, sorti en automne 2014, Mon petit gène, ma seconde chance. l’homme. Même si c’est rare, les messieurs peuvent être touchés. Ils peuvent aussi transmettre le gène. Chaque situation familiale est évaluée dans sa spécificité. Le coût du dépistage génétique, 3600 fr., est en principe remboursé par l’assurance-maladie. L’ablation préventive des seins n’est pas l’option prioritaire: «Si la pratique est assez fréquente aux Etats-Unis, ici nous recommandons un suivi tous les six mois, avec ablation préventive des ovaires et des trompes dès que possible», détaille le Dr Patrice Mathevet. Soit dès que la femme a eu des enfants. La mutation BRCA1 expose à des risques pour les ovaires dès 35-40 ans, BRCA2 à «Au fur et à mesure de la progression du cancer de ma mère, il y a eu tant de traumatismes que j’ai écrit des bribes de textes comme exutoire, juste pour moi, confie-t-elle. Mais c’est vraiment Angelina Jolie qui m’a motivée à raconter mon histoire.» D’autant que la Française sait que, même lorsque la mutation est connue, ces informations ne circulent pas facilement au sein des familles. Après être tombée malade, sa mère, dont la mère a aussi eu un cancer, a réclamé une analyse génétique. «Quand les résultats sont tombés, certains membres de la famille n’ont rien voulu savoir, et n’en ont pas parlé à leurs enfants.» A 30 ans, ne sachant rien des prédispositions familiales, la cousine de Lætitia tombe malade. S’ensuit une ablation des seins, puis une ovariectomie. partir de 45 ans. «Il s’agit de plus d’une chirurgie assez facile, et ça diminue aussi le risque de cancer du sein», souligne la généticienne Sheila Unger. Articles en relation Le choix d’Angelina ouvre un joli débat La difficile quête du chirurgien Avec réalisme mais sans pathos, Lætitia Mendes raconte l’accompagnement de Le chef du Service d’oncologie médicale du CHUV, le professeur Eric L'invité Avec réalisme mais sans pathos, Lætitia Mendes raconte l’accompagnement de sa mère dans la maladie, puis son décès. La narratrice évoque aussi sa décision, immédiate et irrévocable, de la double mastectomie, le jour où elle apprend qu’elle est porteuse de la mutation. Mais, à l’époque, toucher à des tissus sains, de surcroît à la poitrine et chez quelqu’un d’aussi jeune, relève presque du sacrilège en France. «J’ai cherché longtemps quelqu’un qui accepte de pratiquer l’intervention, et qui sache la faire.» Elle ne cache rien du parcours qui suivra, entre difficultés postopératoires et séparation d’avec son mari et père de sa fille. Mais elle tient bon, se reconstruit, et fonde Charism, une agence de conseil en images qui aide notamment les personnes complexées ou atteintes dans leur intégrité physique. Aujourd’hui, elle ne regrette rien. «Connaître mon risque a été une chance pour déjouer les pièges de cette hérédité.» Hausse des consultations de 50% Comme elle, de plus en plus de femmes veulent savoir. «Partout dans le monde, les consultations d’oncogénétique ont augmenté de 50% depuis l’annonce d’Angelina Jolie», indique Pierre Chappuis, responsable de l’unité d’oncogénétique et de prévention des cancers aux Hôpitaux universitaires de Genève. Avec dans la plupart des cas «des antécédents personnels ou familiaux qui justifiaient cette démarche, poursuit le spécialiste. Certaines femmes avaient mis ça de côté pendant des mois, voire des années, et se sont décidées à ce moment-là.» Les médecins saluent cet effet préventif à large échelle: «Il y a une femme identifiée parmi les plus belles du monde qui a une mutation génétique. Ça nous permet de discuter plus ouvertement avec les patientes. Souvent, avant, le cancer était caché dans les familles. Or, plus les femmes sont informées, mieux elles peuvent décider», estime Sheila Unger, médecin au service de génétique du CHUV. Patrice Mathevet, chef du service de gynécologie obstétrique du CHUV, a noté aussi «une augmentation des demandes de patientes porteuses de la mutation pour l’ablation des seins». Une option qui n’est pas privilégiée en Suisse (lire ci dessus à droite). Comme l’épouse de Brad Pitt, Lætitia Mendes projette aussi l’ablation des ovaires. Mais pas tout de suite. Elle aimerait d’abord un deuxième enfant. Pour éviter de transmettre le gène, elle souhaite bénéficier de la procréation médicalement assistée. Mais ça, c’est un autre combat. (24 heures) (Créé: 07.04.2015, 12h00) Raymond, met en perspective la décision de l'actrice américaine. Plus... Par Eric Raymond 02.04.2015 Angelina Jolie s'est fait enlever les ovaires On la disait enceinte. La star annonce qu'elle a subi une ablation des ovaires, en raison d'un risque de cancer élevé. Plus... Prévention Par Marion Moussadek 24.03.2015