2ème journée Anorexie- Boulimie Midi-Pyrénées 31

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2ème journée Anorexie- Boulimie Midi-Pyrénées 31
2ème journée Anorexie- Boulimie Midi-Pyrénées 31
Samedi 25 octobre 2008 à Toulouse
Sous la présidence du Professeur Jean-Philippe RAYNAUD
Chef de service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent CHU de Toulouse
Conférence du Docteur François GRANIER
Service de psychiatrie, psychothérapie et art-thérapie, CHU de Toulouse( Pr Ph.Birmes)
Etat des lieux des TCA et des prises en charge (anorexie)
Dans le cas d’anorexiques adultes chroniques, très souvent leur état nécessite une admission
aux urgences. Devant les demandes répétées, les urgentistes ne savent que faire et
abandonnent ; de plus, le relais, indispensable avec la psychiatrie hospitalière, est difficile,
voire inexistante. Devant une telle situation, les familles se sentent abandonnées. Il est
indispensable que les psychiatres évitent cette situation.
La prise en charge de l’anorexique nécessite que chacun ait la capacité à assumer une
position :
-le malade qui doit accepter l’intervention d’un thérapeute ; les psy ont un rôle
important dans l’acceptation ;
-la famille qui doit surpasser son angoisse et accepter l’intervention d’un tiers.
Les associations doivent jouer un rôle pilote dans l’information.
L’anorexie est une forme particulière de border-line. Chez l’adulte (âge>20 ans), deux formes
cliniques s’observent :
-dans le cas d’une anorexie récente, très souvent le traitement est rapide et conduit à la
guérison ;
-dans le cas d’une anorexie tardive, une résistance s’installe, ainsi qu’une habituation
conduisant au statut de handicapé.
La première image du soin rencontré par le patient est primordiale pour l’avenir. La
déstigmatisation est indispensable afin que patient et famille ne se sentent pas abandonnés et
qu’ un engagement dans la durée soit fiable.
L’hospitalisation est indispensable lors des crises paroxysmales, pour établir une distanciation
avec la famille ; ainsi, le patient, avec l’appui constant des médecins et des soignants,
réinvestit au plus vite ses capacités, rétablit sa confiance en lui et son autonomie.
La prise en charge nécessite l’intervention de thérapeutes spécialisés TCA et l’établissement
de nouveaux liens dans la famille.
Questions posées et réponses
Que faire dans le cas d’une chronicité et d’un déni de la maladie par la patiente?
Le rôle des parents est important. Ils doivent prendre une position ferme en obligeant l’enfant
à se soigner. Une alliance absolue est nécessaire entre la famille et le thérapeute.
Le patient doit être informé afin de mieux appréhender les problèmes et ainsi de mieux se
soigner.
Très souvent, il est dit que l’anorexie est due à un système familial défaillant. Qu’en estil ?
Les parents doivent être déculpabilisés. Une thérapie familiale est très souvent recommandée,
sachant que la pratique du sur mesure, au cas par cas, est indispensable. Le lien entre le père
et la fille est très important, en particulier dans l’enlisement.
Les associations ont un rôle important à jouer auprès des parents car leur parole est mieux
perçue que celle des médecins.
Toute prise en charge doit être précédée d’une investigation dans la famille par une tierce
personne : recherche des antécédents familiaux afin de déterminer la dimension génétique de
la maladie : production de neurotransmetteurs perturbée, conduisant à des soins
médicamenteux.
Les parents ressentent un vide immense devant le tourbillon que provoque la maladie
Devant la diversité des discours des psy, les parents sont décontenancés et ne savent que
penser. Très souvent les repères sont perdus. Ils doivent être fermes, éviter les ruptures, aller à
la rencontre des professionnels et des autres parents afin de sentir soutien et compréhension.
Mais ils doivent savoir que ce se sera long.
La boulimie
Il ne faut pas se focaliser sur l’état alimentaire. Elle est liée à une dépression d’où la prise
indispensable de médicaments.
Conférence du Docteur Jean CHAMBRY
Centre hospitalier Fondation Vallée CHU Kremlin-Bicêtre (Pr Catherine Jousselme)
L’anorexie des garçons
Elles est semblable et différente de celle des filles et chaque cas est différent. L’anorexie
masculine est sous-estimée( 1 cas pour 3 filles et non 1 cas pour 10 filles). Une étude des
antécédents familiaux est indispensable (dépression, addictions) Il ne faut pas oublier la
dimension de la personne humaine et ne pas se focaliser sur la maladie.
A l’adolescence, le corps pubère devient un corps qui trahit car la sexualité devient visible. Le
jeune est insatisfait face à son corps et il y a perte de l’estime de soi. Des enjeux narcissiques
se jouent : il a envie de muscles. Le côté féminin fait peur et des enjeux identitaires
s’expriment. Son corps est utilisé pour exprimer son malaise.
Questions et réponses
Que dire de la dynamique familiale et de l’amour pour le père ?
A l’adolescence, le jeune doit s’identifier au sein de la famille. Le père doit aider à cette
différenciation, en se plaçant entre l’enfant et la mère. Le père doit être réhabilité au sein de la
famille. Le jeune doit acquérir son autonomie, mais il se trouve devant un conflit : répondre
aux envies des parents et suivre ses propres envies.
La prise en charge du patient
L’information des parents est indispensable pour un travail en confiance.
Les soignants ont l’obligation de sortir des schémas classiques de soins : prise en charge,
hospitalisation, lorsque le jeune est trop dépendant de sa famille pour qu’il acquiert son
autonomie. Mais il faut savoir qu’il existe toute une palette de soins possibles, orchestrée par
un médecin référent. Ces soins doivent être adaptés au cas par cas.
Conférence du Professeur Philippe JEAMMET
Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent Paris V René Descartes
Le travail avec les parents
L’anorexie et la boulimie sont liées à des problématiques humaines. Seul l’être humain a
conscience de lui-même (programmation génétique).
L’anorexie est un cri pour montrer, mais ce n’est pas un choix ; c’est la peur du désir, d’être
débordé, de perdre le contrôle, de ne pas être à la hauteur. Un profond sentiment de solitude
est ressenti car ce que l’on voudrait n’est pas obtenu. Son territoire, que l’on doit défendre
comme tout être vivant, est subi, d’où une insécurité permanente. L’anorexie est liée à un
défaut de sécurité interne liée au vécu ( influence de l’environnement) et à la personnalité
(génétique).
L’homme est construit en réflexivité . D’où des questions permanentes : qu’est-ce que je
vaux ? comment je suis ressenti ?…Chez l’anorexique, un raisonnement paradoxal s’installe.
Je dois être différent(e) des autres car j’existe dans mon opposition. Mais je ne peux pas
satisfaire mon désir. L’autonomie est exprimée, alors qu’elle(il) s’enferme : c’est la
dépossession de soi-même. Menacé(e), je dois retrouver une certaine maîtrise, mais ce dont
j’ai besoin est une menace. Cela rend fou. Le jeune s’enferme dans un comportement qu’il n’a
pas choisi, car le trouble soulage de la peur. En se privant de liberté, il devient son propre
bourreau. Plus il a besoin de recevoir, moins il pourra le supporter.
Les parents ne doivent pas l’abandonner à ses peurs. Ils doivent poser des limites, mais il n’y
a pas d’interdits. Il ne faut pas avoir peur d’imposer à son enfant, car l’on ne peut pas
supporter que son enfant s’abîme. Il est indispensable que l’enfant ait confiance en ses
parents.
Le jeune doit réapprendre à avoir confiance en lui, d’où l’importance de la séparation avec la
famille. Sinon, il reste cramponné à un poids qu’il maîtrise et reste enfermé dans un
comportement ; la peur ne l’abandonne pas. Or, la peur est l’envers du désir ; il ne faut pas la
tuer, car on tue le désir. Aussi, le jeune doit être accompagné pas à pas, en soutenant sa
curiosité, en lui réapprenant à vivre ses désirs, à comprendre que la liberté est fatigante car il
faut s’inventer des limites, à être capable de gérer. La famille est indispensable pour les soins.
Elle ne disfonctionne pas, mais trop d’attachements se sont créés.
Il n’existe aucune fatalité à la guérison, quelque soit la durée de la maladie. L’anorexie est
une conduite adaptative, mais il ne faut pas que le jeune s’y enferme.
L’aide aux familles et aux proches
Groupe de parole Docteur BOUDERGUE psychiatre
Il permet de sortir les parents de leur isolement en :
-les aidant à verbaliser leur vécu ;
-partageant leur impuissance , ils ne se sentent plus aussi seuls ;
Les parents retrouvent leur rôle au sein de la famille par un rétablissement du dialogue
familial.
Un enrichissement mutuel s’installe, en expliquant des parcours de soins différents. Il doit
exister une dynamique de groupe.
Ils permettent un travail en confiance des parents et des médecins.
Il ne faut pas différencier les groupes de parole, anorexie filles et garçons.
Rôle du généraliste Docteur SOLER
Son rôle est d’écouter la famille en désarroi et de calmer leur angoisse. Il peut permettre la
coordination des soins avec des spécialistes TCA.
TKP
Association loi 1901, créée en 2004 par des professionnels expérimentés dans la prise en
charge et l’accompagnement des personnes ayant des troubles alimentaires
-deux psychiatres : Drs D.BENAROUS, et F.GALINON ;
-deux psychologues : D.PLANAS et J.-L.SUDRES ;
-un infirmier :G.QUEYROL ;
-deux art-thérapeutes :A.M.BOSC et N.MARTY ;
-deux diététiciennes D.E. : E.LEFEVRE et A.TEISSIE.
Actions
-espace de rencontre patient-famille-proche ;
-prévention TCA
Adresse : 27 avenue de la Gloire 31 500 TOULOUSE
E-mail : [email protected]
Aide aux patients
Docteur Marc UZAN
Endocrinologue Hôpital Joseph DUCUING Toulouse
Service de médecine générale : les personnes atteintes d’un TCA étant prises en charge dans
leur globalité : somatique, psychique, socio-culturelle.
Juliette MARTIN Psychologue
GEM NO’MAD Groupe d’entraide mutuelle
Ateliers de théâtre et de terre : danse, poésie, peinture.
Objectifs : sortir de l’errance, en servant de cadre pour les patients, de repère afin de sortir de
la survie pour aborder la vie.
Docteur Catherine AMOYAL
Psychiatre CMP,CATTP, Hôpitaux de jour
A la suite d’un entretien, le patient TCA est pris en charge, en liaison avec les familles.
Psychologues spécialisés ;
Ateliers : groupes de parole, sorties culinaires, théâtre;
Psycho-motricienne pour se recentrer sur soi ;
Nutritionniste pour recentrer le repas et sa représentation.
Adresse : 11 boulevard Marengo 31 500 Toulouse
Téléphone : 05 61
Ouverture : du lundi au vendredi de 9H30 à 17H
Docteur Franck HAZANE
Psychiatre Villa Ancely, SUPEA CHU de Toulouse
Pour les adolescents âge< 18 ans, le service assure :
-Suivi en consultation ;
-Hôpital de jour ;
-Hôpital temps plein.
Les parents sont reçus afin qu’une relation de confiance se fasse avec les médecins. Aucun
contrat de poids n’est passé lors de l’hospitalisation, mais il est indispensable en dehors de
l’hospitalisation. Seul un suivi somatique a lieu, la psychothérapie étant assurée dans un autre
lieu, en dehors du service. Le travail effectué, très invasif pour améliorer le symptôme, rend
possible le travail psychothérapeutique.
Conclusion
Pour répondre aux souffrances des patients TCA, il faut des actions diverses et
complémentaires :
-aider les proches :déculpabiliser les parents et établir une relation de confiance entre
proches et professionnels ;
-aider les patients grâce à une prise en charge multiple adaptée à chacun afin qu’il
retrouve une pulsion de vie (ateliers, approches corporelles, nutritionniste,
psychothérapie…) ;
-solliciter les pouvoirs publics pour favoriser des lieux de soins en dehors de l’hôpital.