Les retouchoirs en os de l`ensemble sédimentaire 5 de Scladina
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Les retouchoirs en os de l`ensemble sédimentaire 5 de Scladina
Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s Grégory ABRAMS, Silvia M. BELLO, Dominique BONJEAN, Kévin DI MODICA, Marcel OTTE & Stéphane PIRSON 1. Introduction Les retouchoirs sur matières dures animales peuvent être aménagés sur des ossements, le plus souvent fracturés, des bois de cervidés et des dents. Ils se caractérisent par la présence de zones d’utilisation où se concentrent différentes marques produites par un contact répété avec une matière lithique, telles des stries subparallèles courtes et profondes (Fig. 1B). La récurrence d’impacts sur une surface réduite peut parfois mener à une perte de matière plus importante (formation de cupules). Ces différentes marques affectent l’os lors de la mise en forme de l’outillage lithique. Elles sont d’ailleurs généralement localisées sur des surfaces planes à convexes, à proximité des extrémités. Elles ont très tôt été décrites par les précurseurs de la recherche en Préhistoire. Ainsi, Éd. Dupont mentionnait, dans les collections du Trou Magrite, des « ossements intentionnellement brisés, portant des traces de coups artificiels et des entailles » (Dupont, 1871 : 39). G. de Mortillet mentionnait quant à lui que l’homme, pour effectuer des travaux à la pression, « se sert volontiers de l’os, qui est plus facilement maniable et surtout qui, étant un peu élastique, quoique très résistant (…) » (de Mortillet, 1883 : 84). La première mention du terme « retouchoir en os » semble remonter à la publication du catalogue de l’Exposition Internationale de Paris où un outil en os est illustré provenant de la collection du Dr Capitan (fouilles de la grotte de l’Église ; Société d’Anthropologie de Paris, 1889, Fig. 127 : 217). Notae Praehistoricae, 34/2014 : 5-19 Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) Fig. 1 – Retouchoir Sc98-B30-389, détail des marques d’utilisation comme outil : (A) impression punctiforme, (B) stries asymétriques subparallèles, (C) microstries internes vues au MEB. 5 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson Cette utilisation d’ossements en tant qu’outils est attestée dans les phases anciennes du Paléolithique, notamment sur les sites de Boxgrove (SIM 13 ; Grande-Bretagne ; Roberts & Parfitt, 1999 ; Smith, 2013) et de Gran Dolina (SIM 9 ; Espagne ; Rosell et al., 2011). Les sites du Paléolithique moyen européen en livrent une abondante documentation, avec par exemple en France, les sites d’Artenac (Armand & Delagnes, 1998), de BiacheSaint-Vaast (Auguste, 1995, 2002) et de La Quina (Henri-Martin, 1906 ; Chase, 1990 ; Verna & d’Errico, 2011) et les grottes du Figuier (Daujeard et al., 2014), du Noisetier (Mallye et al., 2012) et de Saint-Marcel (Daujeard, 2004) ; les grottes Fumane (Jéquier et al., 2012) et delle Fate (Valensi & Psathi, 2004) en Italie et celles de Kůlna (République tchèque ; Vincent, 1993 ; Auguste, 2002 ; Neruda et al., 2011) et de Vindija (Croatie ; A B C Fig. 2 – (A) Localisation de la grotte Scladina parmi les 442 sites recensés pour le Paléolithique moyen en Belgique (modifié d’après Di Modica, 2010). (B) Log stratigraphique de la grotte Scladina (modifié d’après Pirson, 2007). (C) Distribution spatiale des vestiges au sein de l’ensemble 5 : en noir figurent les principaux artefacts lithiques ; en blanc, les retouchoirs sur os (sauf sur ours des cavernes) ; les étoiles figurent les retouchoirs aménagés sur ossements d’ours des cavernes et les losanges rouges, les deux fragments de fémur remontés sur les retouchoirs (étoiles rouges). 6 Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s Ahern et al., 2004). Leur utilisation perdurera au moins jusqu’au Paléolithique supérieur (Leroy-Prost, 2002 ; Schwab, 2002 ; Castel et al., 2003 ; Tartar, 2009, 2012). Les études relatives aux retouchoirs aménagés sur matière dure animale s’avèrent de plus en plus nombreuses et minutieuses, alliant tant l’examen des collections que des programmes expérimentaux (Mallye et al., 2012). La Belgique ne fait pas exception et ce type d’outillage est fréquemment rencontré dans les collections paléolithiques : dès les travaux des précurseurs au XIXe siècle, d’abondantes quantités de retouchoirs ont été exhumées, notamment au Trou du Diable d’Hastière-Lavaux et dans la 3e Caverne de Goyet. Leur recensement et leur étude détaillée sont en cours et font l’objet d’une thèse de doctorat par un des auteurs (GA). Au Paléolithique moyen, ces outils se rencontrent principalement sur des restes d’herbivores (Armand & Delagnes, 1998 ; David, 2002 ; Patou-Mathis & Schwab, 2002 ; Valensi, 2002 ; Neruda et al., 2011 ; Jéquier et al., 2012 ; Mallye et al., 2012 ; Daujeard et al., 2014), plus rarement de carnivores et exceptionnellement sur des restes humains (Ahern et al., 2004 ; Mussini, 2011 ; Verna & d’Errico, 2011). Lorsque les retouchoirs sont aménagés sur des ossements d’ursidés, ce sont les restes d’ours bruns (Ursus arctos) qui sont généralement sélectionnés (Auguste, 1995 ; Kindler, 2007 ; Valensi & Psathi, 2004 ; Jéquier et al., 2012). Ceux d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) ne sont mentionnés que beaucoup plus rarement. À ce jour, trois sites en ont livrés : la Caverna delle Fate (Italie ; Valensi & Psathi, 2004), la Balver Höhle (Allemagne ; Kindler, 2007) et la grotte Scladina (Abrams et al., 2014). Dans ce contexte et par les remontages effectués entre certains retouchoirs (voir § 4.3), la grotte Scladina est un exemple tout à fait singulier. 2. Contexte La grotte Scladina (Andenne, Belgique ; Fig. 2) est fouillée par des professionnels depuis 1978. Le remplissage sédimentaire est composé de plus de 120 couches réparties en 30 unités qui ont enregistré un nombre important de fluctuations climatiques, remontant au moins au Début Glaciaire Weichselien. Au sein de cette séquence stratigraphique ont pris place plusieurs occupations par les Néandertaliens. Peu après le début des fouilles, les deux occupations principales du site ont été identifiées (Otte et al., 1983). La plus importante provient de l’ensemble sédimentaire 5 (Fig. 2B) dont les couches qui le composent ont été mises en place par différents processus sédimentaires dominés par la solifluxion et la coulée de débris (Pirson, 2007 ; Pirson et al., 2008) durant le Début Glaciaire Weichselien (SIM 5d). L’assemblage lithique se compose de près de 13 500 artefacts incluant près de 13 300 débris et 200 outils retouchés. Ces outils sont principalement produits sur du silex (Otte & Bonjean, 1998). L’étude fine de ce matériel est en cours et tend à montrer que la quantité de matériel lithique retouché a probablement été surestimée. Certaines retouches pourraient en effet résulter de processus naturels (dépositionnels et post-dépositionnels). Les nombreuses études techno-typologiques menées sur les artefacts depuis les années 1980 (par exemple : Otte et al., 1983 ; Bourguignon, 1998 ; Moncel, 1998) et plus particulièrement celle menée par K. Di Modica (2010), soulignent une large variabilité des chaînes opératoires contraintes à la fois par la nature même de la matière première (silex, quartzite, quartz, etc.) et par son accessibilité (source locale vs source éloignée). Les concepts de débitage Levallois, Quina et Discoïde existent conjointement et parfois se retrouvent associés successivement au sein d’un même bloc, comme l’ont mis en évidence les remontages (Di Modica, 2010). 7 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson La dernière étude exhaustive du matériel faunique (dents et ossements) de l’ensemble sédimentaire 5 a été menée par M. Patou-Mathis (1998). Elle montre que le cortège de la grande faune mammalienne est dominé par l’ours des cavernes (Ursus spelaeus ; NR : 1232, soit 65,8 %), suivi du loup (Canis lupus ; NR : 160) et du chamois (Rupicapra rupicapra ; NR : 138, se rapportant à 6 individus) dont 24 ossements présentent des traces anthropiques. La présence de toutes les portions du corps, des cornillons aux sabots, de même que la fréquence et la localisation des stigmates anthropiques (stries de boucherie, fracturation des os) tendent à mettre en évidence une chaîne opératoire complète dans l’exploitation de cette ressource animale rupicole à des fins alimentaires. De plus, les Néandertaliens de passage eurent aussi recours aux ossements afin de compléter leur outillage. Ainsi, 26 retouchoirs en os ont été identifiés (Tab. 1 ; Abrams et al., 2014) dont 7 aménagés sur des fragments d’os longs d’ours des cavernes (Fig. 3). Tab. 1 – Les 26 retouchoirs en os mis au jour dans l’ensemble sédimentaire 5. 8 ! " #$ ! % &' ! ( )*+,$ ! )"% )" #$ ! - - ! " )*+,$ ! " )*+,$ ! . /0 !1! " ! -(2 -( ! -(% -( )*+,$ ! (( ( )*+,$ ! ((% ( * ! %( % #034 )*+,$ ! "( ( . )*+,$ ! "((2 ( ! "((2 ( ! (# # &35643 /0 ! (# # ! (#(( #( /0 ! (#(( #( /0 ! (#(" #( )*+,$ ! (#" # #034 )*+,$ ! 6 6 )*+,$ ! 6 2 6 ! Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s Fig. 3 – Retouchoirs en os aménagés sur restes d’ours des cavernes. (A-D) Fragments de fémur droit. (A) Sc84-E16-48, (B) Sc85-F16-61 ; (C) Sc85-E16-600 ; (D) Sc98-B30-389. (E) Sc86-H16-160 : fragment de tibia gauche. (F) Sc1982-348-25 : fragment d’humérus. (G) Sc86-H16-16 : fragment de tibia droit. Éch.: 1/2. 3. Matériel et méthode Parmi les 998 restes osseux d’ours des cavernes de l’ensemble 5, sept (soit 0,7 %) ont été utilisés comme retouchoirs (Fig. 3). Ces derniers sont toujours sous la forme de fragments et présentent, sur la surface externe de l’os, des empreintes punctiformes, des entailles et des coups concentrés sur leurs extrémités : - 4 fragments diaphysaires de fémur droit (Fig. 3A-D) : Sc85-E16-48 ; Sc85-F16-61 ; Sc85G16-600 ; Sc98-B30-389 ; - 1 extrémité distale de tibia droit (Fig. 3E) : Sc86-H16-16 ; - 1 fragment diaphysaire d’humérus (Fig. 3F) : Sc1982-348-25 ; - 1 fragment diaphysaire de tibia gauche (Fig. 3G) : Sc86-H16-160. Deux fragments diaphysaires (Sc84-E18-29 et Sc-F14) ne portant pas de traces d’utilisation ont pu être associés par remontage aux retouchoirs présentés ci-dessus, en complétant presque complètement la section du fémur droit (Fig. 4). Cette étude concerne ces neuf fragments osseux. Chacun des fragments a été examiné à l’aide d’un stéréomicroscope (Leica S6D). Les observations détaillées des surfaces d’utilisation ont été ensuite effectuées à l’aide d’un Alicona Infinite Focus Microscope (AIFM) et d’un microscope électronique à balayage (MEB ; LEO1455VP) couplé à un spectromètre EDX (Energy-dispersive X-ray) utilisant Oxford Instrument X-Max 80 Silicon Drift Detector et le logiciel INCA. Cet appareillage a permis de déterminer la présence et la nature d’inclusions dans les stries d’utilisation des retouchoirs (voir § 4.2). 4. Résultats 4.1. Les supports et leurs aménagements Tous les fragments portent les marques d’une fracturation opérée sur des ossements encore relativement frais comme en témoigne la morphologie en spirale ou hélicoïdale de 9 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson Fig. 4 – Remontage d’une portion de la diaphyse de fémur droit d’ours des cavernes impliquant 4 retouchoirs et 2 fragments non utilisés. la fracture. Si celle-ci peut aussi bien résulter d’actions animales qu’humaines (Binford, 1981 ; Chase, 1990 ; Villa & Mahieu, 1991 ; Lyman, 1994), l’absence de traces de dents de carnivores et la présence d’autres marques anthropiques, comme les impacts de percussion, plaident en faveur d’une fracturation opérée par les Néandertaliens. Les supports consistent en des fragments relativement allongés, dont la taille varie entre 5 cm et 14 cm, avec une moyenne avoisinant les 10 cm (Tab. 2). Cet ordre de grandeur correspond à celui observé communément sur les retouchoirs du Paléolithique moyen (Armand & Delagnes, 1998 ; Jéquier et al., 2012 ; Mallye et al., 2012). Plusieurs d’entre eux présentent des négatifs d’enlèvements situés aux extrémités. Le remontage effectué entre Sc98-B30-389 et Sc84-E18-29 suggère ainsi une réduction volontaire de 2,5 cm de la longueur du support. Outre les fracturations, les supports portent les traces d’actions préalables à leur utilisation comme les stries de boucherie et de raclage. Ces stries attestent la présence de matières organiques qui durent être éliminées. La caractérisation des stries de boucherie est basée sur plusieurs observations : la section en « V » des sillons dans lesquels sont présentes des microstries, l’effet d’épaulement et des cônes hertziens (Shipman, 1981 ; Shipman & Rose, 1983 ; Andrews & Cook, 1985 ; Behrensmeyer et al., 1986 ; White, 1992 ; Boulestin, 1999 ; Greenfield, 1999 ; Bello & Soligo, 2008 ; Bello, 2011). Leur localisation sur le support et leur fréquence ont aussi joué un rôle dans leur identification (Bello et al., 2009 ; Domínguez-Rodrigo et al., 2009). 10 47 "8 # -8 3 (''& 99 576 9 3# 9## ./7#0 $ ; # %&' %&' 9## ./70 Tab. 2 – Analyse détaillée des zones et des marques d’utilisation des retouchoirs sur ossements d’ours des cavernes. ! !! 7 9 ! -8 9 (''& 7 ; ./7#0 47 47 !! 7 %&'77 # #3 +8,8'1'2 ; "8 !! -8 # %&'77 # +8,8'78 ; ; ; ./70 "8 !! 7 %&' #9 9 : 9:9 78 "8 !!! $ $ 78 %&'77 (''& 7 7 "8 !!!! 78 # 7 # 7 7 "8 !!!!! 7 7 7 78 9 # "# ! Les dommages occasionnés sur la surface corticale par l’utilisation des fragments osseux comme retouchoirs se présentent sous la forme d’impressions punctiformes (Fig. 1A) et de stries asymétriques (Fig. 1B) à l’intérieur desquelles des microstries transversales sont souvent visibles (Fig. 1C). Les marques d’utilisation sont fréquemment associées à des microfissures et des enfoncements de matière. L’examen microscopique des zones d’utilisation a permis de mettre en évidence, à l’intérieur des stries, la présence d’esquilles lithiques fichées dans la matrice osseuse (Fig. 5B). Les La concentration des traces d’impact détermine des zones d’utilisation. Selon la morphologie des supports, ces zones se localisent sur des surfaces convexes à planes (Tab. 2), situées près d’une extrémité (voire des deux comme c’est le cas pour Sc86-H16160 et Sc-1982-348-25) et à proximité des arêtes. Au total, ce sont donc 9 zones d’utilisation qui ont pu être prises en considération dans le cadre de cette étude. Leur surface, à savoir la plus petite zone de forme rectangulaire regroupant la quasi- totalité des marques d’utilisation, varie de 0,5 à 5,4 cm², pour une moyenne de 2,8 cm² (Tab. 2). 4.2. Les traces d’utilisation Sur deux retouchoirs, le raclage est attesté par des stries longitudinales par rapport à l’axe du support. Il confirme, comme les stries de boucherie, la présence de matières organiques (périoste) et donc l’état relativement frais des ossements lors de leur utilisation. Ces stries, uniquement présentes au niveau des surfaces d’utilisation, sont recoupées par les marques de percussion et tendent à souligner une préparation méthodique des supports préalablement à leur utilisation. Néanmoins, tous les supports n’ont pas subi la même préparation car le raclage n’a été effectué que sur deux des sept retouchoirs. $# Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s 11 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson pics de silicium visibles sur les spectres EDX (Fig. 5 : spectres 1-4) confirment la nature siliceuse (silex, quartz, quartzite, etc.) de ces résidus et s’opposent nettement aux pics de calcium et de phosphore (Fig. 5 : spectres 5-6), éléments constitutifs de l’os. Les 9 zones d’utilisation ne montrent pas les mêmes fréquences et intensités d’utilisation (Tab. 2). Les zones E2 et F2 (Fig. 3) des retouchoirs semblent être les moins utilisées, contrairement à Sc84-E16-48 (Fig. 3A) dont la surface d’utilisation a subi de véritables arrachements de matières (cupules ; Fig. 5A). L’orientation transversale des stries, par rapport à l’axe de la pièce, est similaire à celle observée sur les autres retouchoirs du Paléolithique moyen (Mallye et al. 2012 ; Daujeard et al., 2014) tandis qu’elle se distingue de l’orientation plutôt longitudinale observée sur certains retouchoirs du Paléolithique supérieur (Schwab, 2002 ; Tartar, 2012). Fig. 5 – Détails observés au MEB de fragments lithiques siliceux (Sp 1-4 ; spectres 1-4) fichés dans la matrice osseuse (Sp 5-6 ; spectres 5-6) du retouchoir Sc84-E16-48. 12 Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s 4.3. Distribution spatiale des vestiges Cinq des sept retouchoirs (ainsi que les deux fragments non utilisés faisant néanmoins partie du remontage du fémur droit d’ours des cavernes) ont été mis au jour sur une surface réduite, correspondant à une zone rectangulaire de 5 m de long sur 3,5 m de large (Fig. 2C). Seuls deux retouchoirs ont été découverts en périphérie de la concentration, l’un en amont sous le porche de la grotte (Sc1982-348-25, carré G10), l’autre en aval, à proximité de la jonction entre les grottes Scladina et Saint-Paul (Sc98-B30-389, carré B30). Cette distribution spatiale semble être plutôt en relation avec les processus sédimentaires, dominés par les solifluxions et les coulées de débris (Pirson, 2007 ; Pirson et al., 2008) qu’avec d’éventuelles zones d’habitat conservées (Bonjean & Otte, 2004). Cette hypothèse semble d’ailleurs se vérifier par la présence de quelques marques engendrées par des processus (post-)dépositionnels. Ainsi, des stries de charriage sont visibles sur la surface externe de deux des retouchoirs (Sc84-E16-48 et Sc98-B30389). Elles résultent probablement d’un déplacement peu énergique du matériel lors de son remaniement dans la cavité. Par contre, les arêtes des zones fracturées ne sont pas érodées : tous les remontages effectués sont faits par contact de cassures nettes, sans perte de matière. L’absence de marques laissées sur le matériel par des carnivores tend à minimiser leur éventuel impact sur la distribution spatiale des vestiges. 5. Discussion À l’exception de Biache-Saint-Vaast (Auguste, 1995), il n’y a pas d’indices clairs attestant la chasse à l’ours. L’utilisation de carcasses d’ursidés (bruns ou spéléens) est bien présente au Paléolithique moyen quoique ponctuelle (Auguste, 2002 ; Valensi & Psathi, 2004 ; Kindler, 2007 ; Jéquier et al., 2012). L’exploitation des restes d’ours des cavernes dans le but de produire des supports-outils est un événement plus singulier. Seuls trois sites du Paléolithique moyen européen en ont livré quelques exemplaires (Valensi & Psathi, 2004 ; Kindler, 2007 ; Abrams et al., 2014). À Scladina, la morphologie des fractures, caractéristique de celles opérées sur os frais, et la présence de stries de boucherie et de raclage, soulignent un accès à une ou des carcasses d’ours encore fraîches. Cette fraîcheur est néanmoins relative puisque dépendante de l’environnement où des conditions climatiques plus froides autoriseraient une conservation prolongée des tissus et des matières organiques (Mallye et al., 2009). De plus, la rareté (deux cas seulement) de stries de raclage sur les zones d’utilisation pourrait indiquer que la ou les carcasses auraient pu être partiellement décomposées avec un périoste déjà éliminé (Vincent, 1993 ; Tartar, 2012) bien que l’os soit encore riche en matière organique. L’acquisition du fémur par les Néandertaliens est difficile à déterminer : il pourrait aussi bien s’agir d’un ossement récupéré sur animal chassé que provenir d’un ours mort naturellement et dans un état de décomposition plus ou moins avancé. Cet ossement a ensuite été nettoyé des matières carnées (causant les stries de boucherie) avant d’être fracturé. Une fois la fracturation opérée, les différents fragments ont pu être utilisés, subissant ou non des aménagements de la surface (raclage) ou de la taille (réduction par percussion). L’utilisation des fragments osseux après la phase de fracturation est avérée : les zones d’utilisation, situées à proximité des bords, jamais ne s’étendent sur les fragments adjacents (Fig. 4). Il en est va de même pour les stries de raclage. Celles-ci sont en effet concentrées sur les surfaces utilisées, sans en déborder. On ne retrouve par ailleurs aucune strie de raclage en dehors des zones utilisées. Ce nettoyage était donc très localisé et avait une vocation technique. Par ailleurs, l’absence des stries de 13 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson raclage sur les fragments adjacents à Sc84-E16-48 (Sc85-G16-600 et Sc85-F15-61) pose véritablement question. Trois hypothèses peuvent être envisagées : 1) le périoste n’était plus présent sur l’intégralité de l’os, cas d’une décomposition avancée ; 2) l’inutilité de retirer le périoste de tous les fragments ou 3) l’existence d’un nettoyage de ces couches superficielles qui n’aurait pas laissé de trace. Dans le cadre d’un programme expérimental en cours d’élaboration, ces deux dernières hypothèses vont être testées. Une fois ce façonnage terminé, les fragments osseux pouvaient dès lors servir pour l’aménagement des tranchants lithiques. Des fragments lithiques résultant de ces contacts répétés se trouvent encore fichés dans la matrice osseuse. Ils apportent ainsi l’ultime confirmation de l’utilisation des os comme retouchoirs. L’outillage lithique retouché mis au jour dans l’ensemble sédimentaire 5 est essentiellement composé de silex. Il est donc vraisemblable que les retouchoirs en os aient servi à aménager les tranchants de ces outils et que les résidus lithiques emprisonnés dans l’os soient des fragments de silex. Les différentes marques imprimées sur l’os se chevauchent et se recoupent et témoignent, d’un point de vue diachronique, de la succession des actions jusqu’à leur abandon par les Néandertaliens. Les Néandertaliens sont souvent jugés opportunistes, récoltant leurs outils potentiels parmi les débris osseux produits lors de la récupération de la moelle. Bien qu’attrayante et économique, cette hypothèse fait fi de l’aptitude cognitive des Néandertaliens et de leur maîtrise des chaînes opératoires complexes avérées toutefois pour la mise en œuvre de l’outillage en pierre. Sans exclure complètement la part opportuniste, il est envisageable qu’une prédétermination similaire fût appliquée à l’outillage en os. Si, très tôt, les lithiciens usèrent des remontages lithiques pour soutenir l’existence de stratégies sophistiquées, il n’en va pas de même dans le rang des archéozoologues. Ces derniers se cantonnent encore trop souvent à la description fonctionnelle des retouchoirs, sans réellement s’attarder sur le degré de leur élaboration, même s’ils mentionnent quelques marques annexes à celles de l’utilisation proprement dite. Le fémur d’ours de Scladina ouvre donc de nouvelles perspectives : d’une part, le nombre d’outils obtenus à partir d’un seul volume de matière première souligne une exploitation intensive de cet os et d’autre part, l’analyse technologique du remontage témoigne de mises en œuvre particulières, relatives notamment à l’ajustement de la taille des outils, tendant vers une possible standardisation. L’étude par remontage des retouchoirs en os devrait être étendue, tant dans les collections de Scladina que celles des autres sites du Paléolithiques moyen. Seule la multiplication de cette approche permettra de discuter de l’existence – ou non – de chaînes opératoires complexes visant la standardisation de cet outillage encore trop souvent décrit comme « peu élaboré » dans la littérature archéologique. 6. Conclusions et perspectives L’utilisation d’ossements d’ours des cavernes pour la confection de retouchoirs demeure rare. À Scladina, l’ensemble sédimentaire 5 a livré 26 retouchoirs dont sept sont aménagés sur ce taxon particulier. Outre le choix singulier du taxon, ces retouchoirs sont en tous points comparables à ceux mis au jour dans les assemblages du Paléolithique moyen européen : taille des supports, localisation des zones d’utilisation, morphologie, orientation, fréquence et intensité des marques d’utilisation. La singularité du matériel de Scladina réside donc à la fois dans le choix du taxon et dans le travail de remontage qui documente plus précisément la chaîne opératoire mise en œuvre pour façonner ces outils. De nombreuses questions demeurent cependant : peut-on parler d’outillage standardisé ? La récolte des fragments relève-t-elle d’actes opportunistes ou de mise en forme spécifique ? Ce débat nécessite d’autres exemples de remontages impliquant des retouchoirs à travers les collections des sites du Paléolithique moyen. 14 Les retouchoirs en os de l’ensemble sédimentaire 5 de Scladina : utilisation des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) s La morphologie des marques observées sur les ossements invite, elle aussi, à d’autres réflexions sur le modus operandi des retouchoirs. Le mode d’utilisation de ces outils et l’absence de stries de raclage sur des ossements relativement frais soulèvent également d’autres questions qui alimentent un protocole expérimental en cours d’élaboration. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier l’équipe technique du Centre archéologique de la grotte Scladina pour l’aide apportée dans le tri du matériel et la recherche des fragments osseux porteurs de marques anthropiques. Le « projet Scladina » est soutenu scientifiquement et financièrement par de nombreuses autorités dont le Service public de Wallonie, la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Service de Préhistoire de l’Université de Liège et la Ville d’Andenne. L’implication de Silvia M. Bello fait partie intégrante du projet Human Behaviour in 3D financé par la Calleva Foundation. 15 G. Abrams, S. M. Bello, D. Bonjean, K. Di Modica, M. Otte & St. Pirson Bibliographie ABRAMS G., BELLO S. M., DI MODICA K., PIRSON S. & BONJEAN D., 2014. 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Les remontages effectués sur le matériel faunique de l’ensemble 5 (incluant les ossements modifiés par l’homme) ont réussi l’assemblage quatre retouchoirs et de deux esquilles provenant d’un fémur droit d’ours des cavernes. Mots-clefs : Sclayn, Andenne, Prov. de Namur (B), retouchoir, industrie osseuse, Paléolithique moyen, Neandertal, SIM 5d, grotte Scladina. Abstract Evidence of Neandertals using bear remains as retouchers is rare. In this context, Scladina Cave collection proves to be an exceptional sample where seven cave bear bone fragments have been used. Beside the use marks, other anthropogenic marks have been observed on these bone fragments (e.g., cut marks and scraping marks). They allow a better understanding of the operational sequence that led to the production of these blanks. Refitting work which takes into account retouchers and non-modified bones, helped to identify that four of the retouchers and two bone splinters belong to the same cave bear bone: a right femur. Keywords : Sclayn, Andenne, Prov. de Namur (B), retouchers, bone industry, Middle Palaeolithic, Neandertal, MIS 5d, Scladina Cave. Grégory ABRAMS Dominique BONJEAN Kévin DI MODICA Centre archéologique de la grotte Scladina 339D, rue Fond des Vaux BE - 5300 Andenne Marcel OTTE Dominique BONJEAN Grégory ABRAMS Service de Préhistoire de l’Université de Liège 7, place du XX Août BE - 4000 Liège Silvia M. BELLO Department of Earth Sciences Natural History Museum Cromwell Road UK - SW7 BD5 London Stéphane PIRSON Service public de Wallonie, DGO4 Direction de l’Archéologie 1, rue des Brigades d’Irlande BE - 5100 Jambes Adresse de contact : [email protected] 19