Les accidents nous parlent Camion meurtrier

Transcription

Les accidents nous parlent Camion meurtrier
Le s a c c i d e nt s
n o u s p a r l e nt
Camion
meurtrier
Printemps 2002.
Sur une autoroute,
un travailleur de
la construction qui
pose des délinéateurs
est brutalement heurté
par un poids lourd.
Six heures du matin. Ce jour-là, des
travailleurs appliquent une première
couche d’asphalte sur l’autoroute. Distance à parcourir : deux kilomètres. La
circulation automobile est déviée sur
la voie opposée pendant la durée des
travaux. Lorsque la deuxième couche
d’asphalte aura été appliquée, des lignes
seront tracées pour marquer les voies
de circulation. Mais l’autoroute doit
rouvrir en soirée pour la fin de semaine,
et les travaux d’asphaltage ne seront pas
terminés. Une opération de marquage
temporaire est donc nécessaire. Un travailleur est chargé de poser les délinéateurs sur la portion de l’autoroute qu’on
vient d’asphalter. Les délinéateurs sont
ces petits bidules qui ressemblent à
des carrés de carton collés à la verticale sur la chaussée, tous les 20 mètres.
Vers 8 h, le pavage est terminé à cette
jonction de l’autoroute. Il faut alors
déplacer la machinerie dans un autre
secteur. Cinq ou six camions s’immobilisent au bout de la jonction et les finisseuses (paveuses), derrière, attendent
d’être chargées sur des remorques. Pour
sortir, les camions doivent reculer sur la
portion d’asphalte achevée. Un premier
camion fait marche arrière. Pendant
la manœuvre, le conducteur aperçoit
le travailleur qui pose les délinéateurs.
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Prévention au travail
Printemps 2004
Il change donc brusquement de direction et l’évite. En arrivant à sa hauteur,
il recommande au travailleur de faire
attention. Un autre camion se met en
route et recule. Visiblement, ce second
conducteur n’a pas remarqué le travailleur qui posait les délinéateurs.
Le premier camionneur aperçoit alors
dans son rétroviseur le travailleur dont
un pied est coincé sous une roue du
deuxième camion. Paniqué, il freine
brusquement et klaxonne de toutes ses
forces. Dans son effort désespéré pour
avertir l’autre conducteur, il arrache le
cordon de son klaxon. Mais il est trop
tard ! Le travailleur vient d’être écrasé.
Il ne fêtera pas ses 44 printemps.
Qu’aurait-il fallu faire ?
La position des camionneurs sur la
jonction du chantier nécessitait des
manœuvres de marche arrière alors
qu’il n’y avait aucun signaleur. Aussitôt
qu’une telle manœuvre d’un véhicule
motorisé s’avère indispensable et met
en danger une personne, que ce soit
un travailleur, un passant ou le conducteur lui-même, un signaleur doit diriger le conducteur. Le signaleur doit
porter un vêtement de couleur orange
ou jaune muni de bandes rétroréfléchissantes à l’avant, à l’arrière et sur les
côtés. Les signaux de recul des camions
ne sont pas suffisants à eux seuls et
ne peuvent remplacer un signaleur.
La preuve, ces signaux étaient en parfait état de fonctionnement lors de
l’accident…
Le camion à benne basculante, appelé aussi « dix roues », possède de
nombreux angles morts dont un majeur à l’arrière. Lorsque le signaleur
n’est plus en vue, le conducteur doit
cesser immédiatement sa manœuvre
et immobiliser le véhicule.
Enfin, on doit établir un plan de
circulation rigoureux lorsque des travaux entraînent une interaction entre
véhicules et piétons.
Il importe de souligner que les signaleurs sont également exposés à
ces dangers et ont plusieurs fois été les
victimes d’accidents mortels au cours
des dernières années. PT
Julie Mélançon
Nos personnes-ressources : Yvon Papin, conseiller, Claude Rochon, ingénieur, et André Turcot,
ingénieur, tous trois de la Direction de la prévention-inspection de la CSST.
Illustration : Ronald DuRepos
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