Rapport de mission soutien scolaire / animations

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Rapport de mission soutien scolaire / animations
Pays : Burkina Faso
Village : Niou
Période : Août 2013
Bénévole : Dany
MISSION EDUCATION
&
ANIMATIONS PARASCOLAIRES
I – Présentation
Je me présente, je m’appelle Dany, j’ai 39 ans, j’habite dans le vignoble nantais et je suis comptable dans la
filiale immobilière d’une banque.
Je suis partie en août 2013 en mission éducation et animations parascolaires à Niou au Burkina Faso.
Je n’ai pas choisi le Burkina par hasard. Je suis déjà allée à 2 reprises dans ce pays des Hommes Intègres en
2008 et 2009.
J’ai appris à connaître ce pays par Firmin, un ami burkinabé qui vit à Nantes depuis 30 ans. Il m’a donné envie
d’aller visiter son pays natal. J’ai tellement apprécié mon 1er séjour chez Florence, sa sœur, que j’y suis
retournée l’année suivante.
En 2013, j’ai voulu y retourner en apportant ma pierre à l’édifice si je puis dire. Je voulais joindre l’utile à
l’agréable. J’ai cherché sur internet des associations qui proposaient du tourisme solidaire. Le nom d’Urgence
Afrique est apparu. J’ai d’abord envoyé un mail pour prendre contact. J’ai eu une réponse et le 1er contact
téléphonique a été concluant. L’association m’a paru sérieuse et je n’ai jamais changé d’avis. Elle m’a
accompagnée tout au long de la préparation de mon voyage et les référents au Burkina sont sérieux.
Quant au choix de la mission, j’ai choisi l’ « éducation » car j’ai toujours aimé le contact avec les nenfants et je
pense que notre enfance conditionne notre avenir.
II – Description de la mission
2-1 - Vie Locale
Le week-end nous étions à Ouagadougou, capitale du Burkina, et la semaine à Niou, village situé à 65 km au
nord ouest d’Ouaga. Comme vous pouvez vous en douter, les conditions de vie sont différentes entre la ville et
la campagne.
2-1-1 – Logement
a)
Ouaga
Nous étions logées dans une villa de l’association située dans le secteur 24. Elle est constituée de :
- une cuisine équipée d’un évier et d’un camping gaz à 2 feux,
- un salon avec une table, des chaises et un bureau équipé d’un ordinateur avec internet
- 3 chambres. Comme il faisait chaud, les chambres n’étaient utilisées que pour stocker nos affaires
personnelles et nous dormions à la belle étoile sur la terrasse quand il ne pleuvait pas. Bien évidemment nous
étions équipées de moustiquaires. Pour info, la moustiquaire est un élément indispensable car je ne sais pas
pourquoi mais les moustiques nous adorent même si nous nous mettons des spray anti-eux et petit conseil
d’amie ne vous démangez pas si vous ne voulez pas que vos boutons s’infectent. Je parle en connaissance de
cause.
- 2 salles de bain avec toilettes.
b) Niou
Nous étions également logées dans une villa louée par l’association. Elle est constituée de 3 pièces avec
électricité mais sans eau courante.
Le puits est situé près de la villa. Pour puiser l’eau, c’est séance de musculation gratuite mais il faut reconnaître
que nous ne l’avons pas fait souvent car les enfants le faisaient pour nous. Il parait que c’est un jeu pour eux. Je
l’ai fait 2 fois mais j’ai regretté de ne pas être plus musclée pour porter le bidon jusqu’à la villa. Et j’ai surtout
eu honte de moi quand j’ai vu une femme avec un bébé dans le dos porter 2 bidons jusqu’à sa charrette sans
grimacer !...
Quant à la douche et les toilettes, elles sont situées à l’entrée de la cour. Les toilettes consistent en un trou et
je ne vous cache pas que c’est ça que j’ai trouvé le plus dur et la douche se prend à l’aide d’un seau et d’une
« tasse ». C’est là qu’on se rend compte que nous gaspillons de l’eau. On peut très bien se laver avec une petite
quantité d’eau.
Le temps rythmait nos journées car quand il pleut, il ne faut pas se trouver en dessous à moins de vouloir
prendre une douche en 2 secondes. Il faut être patient et attendre qu’elle cesse. Et puis après la pluie viennent
les coupures de courant plus ou moins longues. Les villageois attendaient la pluie avec impatience car c’était
bon pour leurs cultures qui cette année avaient du retard.
2-1-2 – Alimentation
a)
Niou
Au village, nous prenions tous nos repas chez Pouspoko, mère de notre référente Germaine. Nous mangions
souvent du riz, des pâtes, de la semoule, des patates douces accompagnés de sauces et des alokos (bananes
plantain frites). Le pain au village est excellent et ce n’est pas Stacy et Margaux qui vont me contredire. Pour le
petit-déj, c’était jus de fruits, café, pain avec confiture, pâte chocolatée et vache qui rit.
La plupart des marchandises venaient d’Ouaga.
b) Ouaga
A Ouaga, nous n’avions pas notre Pouspoko. Soit nous achetions nos repas dans des boutiques resto, soit nous
préparions nous-mêmes mais nous n’étions pas toujours équipées comme il aurait fallu donc le résultat n’était
pas toujours au rendez-vous mais ça se mangeait et c’était convivial. Nous sommes aussi allées au restaurant
mais sachez qu’il faut être parfois patient.
Grâce à nos référents, nous avons également goûté des jus comme le bissa, le jus de petit mil, des beignets
salés et sucrés. Ils étaient toujours de bons conseils.
2-1-3 – Moyens de transport
A Ouaga, nous circulions soit avec la voiture de Jamal, notre référent, soit en taxi ou taxi-moto, ou soit en
moto.
Il ne faut pas avoir de problèmes de dos quand on prend les moyens de transport car les routes sont
« trouées » et les gendarmes couchés (=dos d’ânes en version française) sont limites debout.
Dans les taxis, on peut monter jusqu’à 8 (chauffeur compris). L’espace est très restreint mais ça se fait. Des
choses que nous ne ferions pas chez nous mais là-bas on ne se pose pas la question, c’est limite évident.
Lors de mes précédents séjours, j’avais adoré faire de la moto (sans casque). On se sent libre. Ce séjour a
renouvelé ce sentiment. Bien évidemment mes différents chauffeurs étaient prudents et il faut l’être avec la
circulation des voitures et des motos !...
Pour aller au village, nous prenions le car, le STAF, à la gare routière. Pour la p’tite histoire, vous pouvez trouver
des biquettes dans les soutes. La première fois, ça fait drôle mais après on s’habitue comme tout d’ailleurs.
Au village, nous circulions à pieds. Les villageois circulaient à pieds, en vélo, en charrettes ou en moto.
2-1-4 - Sorties
Les week-end nous sommes sortis dans des maquis (bars dansants), sommes allés au parc animalier de Ziniaré.
Stacy, Fanie, Margaux et Chloé sont également allées voir les crocodiles, les cascades et les dômes de Banfora.
Quant à moi, je suis allée chez mon amie Florence passer les 2 derniers week-ends où j’ai pu revoir les
personnes que j’avais rencontrées lors de mes précédents séjours.
Le dernier jour, nous sommes allés au mariage musulman de la sœur de Moussa, autre référent de
l’association.
Au Burkina, plusieurs religions cohabitent et cohabitent bien. Encore une leçon. Les musulmans sont plus
nombreux que les catholiques et les protestants. Le mariage polygame est autorisé et toujours pratiqué même
si certains enfants issus de ces unions ne sont pas forcément pour reconduire le même schéma paternel.
Au village, nous avons appris à tisser grâce à la patience de Pouspoko et le soir après le dîner ça nous est arrivé
de jouer aux cartes car les enfants qui logeaient chez Pouspoko adoraient y jouer. J’ai d’ailleurs appris 2 jeux
grâce aux filles (Clem, trou du cul).
2-2 – Mission éducation, animations parascolaires
2-2-1- Accueil
Je me rappellerai toujours de notre arrivée chez Pouspoko. C’était un lundi, en début d’après-midi. Des enfants
étaient présents. Ils ont tout de suite voulu nous montrer leur force, leur détermination en voulant décharger
la charrette. Ensuite en se rendant à la villa, d’autres enfants sont arrivés. Logiquement, il est déconseillé de
faire rentrer les enfants au sein de la propriété mais il était difficile de faire autrement. Il fallait bien qu’ils
apprennent à nous connaître et réciproquement.
Le lendemain, Jamal, nous a présentées à la mairie de Niou, à l’Inspection, au dispensaire, à la maternité avant
de nous amener à l’école où nous allions assurer notre mission.
2-2-2- Journée type
Le matin, nous arrivions à l’école vers 8h. En début de matinée, il n’y avait pas beaucoup d’enfants et puis le
temps passait et d’autres enfants arrivaient. Avant que tout le monde arrive, nous les faisions patienter en leur
faisant faire du dessin ou du coloriage. Ensuite, en fonction du nombre d’enfants que nous avions et leurs âges,
nous faisions :
a)
Soutien scolaire
Soit chaque bénévole prenait un petit groupe qui avait à peu près le même niveau soit c’était soutien collectif
mais comme la tranche d’âge pouvait varier entre 2 et 14 ans, autant dire que pour certains c’était fingers in
the nose.
Nous avons essayé de joindre l’utile à l’agréable en faisant de l’apprentissage tout en jouant en organisant :
- Petit bac,
- Loto,
- Chansons (exemple : Banjo),
- Pictionnary,
- Atelier peinture, perles,
- Prise de photos numériques.
b) Jeux collectifs
Nous avons joué au :
- Tic-tac,
- Ballon tomate,
- Jeu du mouchoir « Le renard passe passe, chacun à son tour chez le coiffeur Mamadou Aïcha ». Je crois
que ces paroles vont me rester car je les ai tellement entendues et chantées !...
- Epervier,
- Sketch animaux
- Jakadi
-
1, 2, 3 soleil
Lâcher de ballons.
c)
Vidéo-projection
En fin d’après-midi et surtout avant que la nuit ne tombe, nous projetions dans une salle des dessins animés.
Nous avons projeté Là-Haut, Le roi lion, L’âge de glace 4, Madagascar 2, Rio, Tarzan, Les rois de la glisse. Les
enfants étaient généralement très attentifs et bon public. Et merci Chloé pour avoir amené ton ordinateur car
sinon je ne sais pas comment nous aurions fait !....
d) Pépinière
Comme pendant notre séjour il n’y avait pas de bénévole pour la mission environnement, nous avons été
quelques heures à la pépinière pour enlever les mauvaises herbes et planter.
2-2-3- Spectacle de fin de mission
Nous avons fait du théâtre, 2 chansons dont une écrite avec l’aide des enfants (inspirée de la chanson Dans
mon pays d’Espagne  Dans mon pays d’Afrique) et de la danse sur un morceau de Magic System.
Cela a demandé quelques heures de préparations. Nous avons eu besoin de faire du bricolage : des percussions
avec des bouteilles d’eau, des drapeaux Burkina/France, des cartes d’invitation pour les parents. Pour répéter
c’était parfois difficile car nous n’avions pas toujours les mêmes enfants d’un jour sur l’autre.
Le jour du spectacle, nous avons maquillé les enfants avec de la peinture blanche. Quant aux bénévoles, nous
étions habillées avec des tenues locales et maquillées avec de la peinture marron.
Les enfants ont bien joué le jeu. C’est dommage que leurs parents ne se soient pas déplacés pour voir le
spectacle.
A la fin, un goûter était organisé mais nous n’avons pas pu malheureusement distribuer les dons que
l’association et les bénévoles avaient apportés parce qu’il y avait trop d’enfants et pas assez de dons. En effet, il
aurait été injuste de ne pas donner à tous les enfants donc il a été décidé de reporter la distribution au
prochain spectacle.
Les enfants pour nous dire au revoir nous ont chanté l’hymne du Burkina. C’était très émouvant. Nous étions
conscientes que c’était certainement la dernière fois que nous les verrions à part pour Margaux qui restait le
mois suivant !...
2-2-4- Impressions générales
Pendant ces 4 semaines, j’ai vu des enfants souriants, enthousiastes et fiers d’eux, de leur pays.
C’est paradoxal par rapport aux moyens matériels dont ils disposent comme quoi ils se contentent de ce qu’ils
ont et qu’il est possible d’être heureux sans avoir le dernier téléphone portable …
Un enfant m’a fait rouvrir la classe parce qu’il avait oublié son lance-pierres. A son regard, j’ai bien compris que
j’avais intérêt de le faire. Je l’ai fait de bon cœur et je me suis rendue compte de l’importance de cet objet pour
cet enfant. En France, nous vivons dans un pays de consommation. Quand nous n’avons plus, nous rachetons.
Là-bas, ce n’est pas pareil, les moyens ne sont pas les mêmes donc ils préservent le si peu qu’ils ont.
Et le ballon, c’est sacré. Ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.
Ils adorent également être pris en photos et sont fiers d’eux. De les avoir entendus chanter leur hymne
national avec une telle fierté, ça m’a donné la chaire de poule.
Quant à la musique, c’est un élément rassembleur. Quand Moussa a ramené le djembé au village, les enfants
étaient heureux de pouvoir jouer avec et pour certains on sentait qu’ils avaient le rythme dans la peau.
III – Difficultés et axes d’amélioration
Il faudrait que les enfants puissent se concentrer plus sur leurs études. Je pense que les parents confient trop
de responsabilités à leurs jeunes enfants. Ils doivent aider à préparer à manger, faire la vaisselle, travailler dans
les champs, s’occuper de leurs petits frères ou petites sœurs dès qu’ils sont en mesure de le faire. Je trouve
que les rôles sont inversés mais je n’ai jamais entendu un enfant se plaindre de cette situation. Ils le font
naturellement.
Il faudrait également sensibiliser les enfants dès leur plus jeune âge au ramassage des ordures et à l’hygiène
corporelle. Jamal, en chansons, les sensibilise sur ce dernier point en leur faisant comprendre que leur santé et
leur entourage en dépendent. Les parents sont aussi responsables mais ont-ils le choix ? Les conditions de vie
sont rudimentaires et faire prendre à leurs enfants une douche tous les soirs et changer d’habits tous les jours
leur sont matériellement impossibles.
Certains enfants ont volé voire tenté de voler du matériel fourni par l’association. C’est dommage car nous leur
avons répété que le matériel apporté était pour tous les enfants et qu’ils le retrouveraient le lendemain. En
volant, ils privaient leurs camarades de pouvoir écrire, dessiner. Pour certains, le message a été compris et en
fin de matinée ils étaient fiers de venir nous rapporter le matériel. Quant à d’autres, ils ont préféré privilégier
leur intérêt personnel.
Dernier point, il faudrait que les enfants cessent de réclamer des choses. Certains n’hésitent pas à vous dire
« faut donner » à se demander si c’est pour vous ou votre « porte monnaie » qu’ils viennent vers vous. C’est
dommage car ça peut gâcher les relations. Ce n’est pas dans notre culture de réclamer et on nous a souvent
répété quand nous étions enfants « si tu demandes, tu n’as pas » d’où notre réticence. Il faut que cela soit
naturel, mérité et non forcé.
IV – Remerciements
Je voudrais remercier tout d’abord Urgence Afrique sans qui cette mission n’aurait pas pu voir le jour, Eve pour
son dévouement et ses bons conseils. Heureusement que tu m’as recommandé de mettre mon traitement antipalu dans mon sac à main au cas où ma valise se perdrait. Ma valise où j’avais mis toutes mes affaires perso
s’est effectivement perdue 2 jours mais j’avais mon traitement grâce à Eve !...
Merci à nos référents locaux : Jamal pour sa gentillesse, sa disponibilité. Reste comme tu es, ne change pas.
Germaine pour sa bonne humeur et son professionnalisme et Moussa qui était toujours là pour nous rendre
service, tout était easy avec lui. Et encore merci à vous de faire tout ce que vous faites pour les enfants. Vous
voulez leur donner ce que vous avez reçu quand vous étiez plus jeunes. C’est très charitable.
Je n’oublie pas Pouspoko qui nous a si gentiment reçues chez elle et préparé à manger, les habitants de Niou,
les enfants de Niou qui nous ont si chaleureusement accueillies dans leur village, Daouda, Florence, Stéphanie
et Eric (amis, professeurs des écoles, qui m’ont donné des manuels pour la mission et conseils quant à la
préparation et aux contenus des cours) et mes neveux qui m’ont fourni des jeux et des livres à emporter.
Et enfin Stacy, Fanie, Margaux et Chloé. Vous avez été géniales. Sans vous, la mission n’aurait pas été pareille.
Vous avez un cœur gros comme ça. Ne changez pas. Je suis contente de vous avoir connues et j’espère que
nous ne nous perdrons pas de vue car nous avons vécu ensemble une expérience inoubliable.