Anémie hémolytique à médiation immune (AHMI) chez

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Anémie hémolytique à médiation immune (AHMI) chez
Anémie hémolytique à médiation immune (AHMI)
chez le chien et le chat
Par le Docteur Alexandra GABRIEL
Service de Médecine Interne, CHV FREGIS
Qu’est que l’anémie hémolyique à médiation immunes
(AHMI) ?
Chez l’animal atteint d’une anémie hémolytique à médiation immune (AHMI), le système immunitaire ne reconnaît plus
les globules rouges comme faisant partie du corps de l’animal et les détruit. La classification des anémies à médiation
immune en primaire (idiopathique, sans cause identifiée) ou
secondaire (cause identifiée) aide à guider le diagnostic et
le traitement, car l’élimination de causes sous-jacentes identifiables est nécessaire pour une thérapie efficace.
Muqueuses pâles chez un chien
Causes d’AHMI chez le chien ou le chat
anémié
Infections:
• Ehrlichia
• Anaplasma
• Babésia
• Autres
Néoplasies
• Lymphome
• Hémangiosarcome
• Leucémies
• Carcinomes et sarcomes
Médicaments et toxiques
• Antibiotiques (TMP/S, céphalosporines,…)
• Vaccins
• Oignons et ail
• Autres
Défauts intrinsèques des globules rouges
• Déficience de phosphofructokinase et pyruvate kinase et autres
A médiation immune
• Lupus érythémateux systémique et autres
Idiopathiques
Signalement de l’anémie hémolyique à médiation immunes
La maladie peut atteindre des chiens et chats de tout âge, certaines prédispositions sont
pourtant notées. L’AHMI est plus fréquemment rencontrée chez les chiens que chez les
chats et chez les animaux d’âge moyen. Certaines races, comme les cockers, caniches,
bobtails, setters irlandais et collies semblent prédisposées.
Examen et signes cliniques
Les signes cliniques sont principalement liés au manque de
globules rouges et donc d’oxygène dans les différents tissus, mais également au processus de destruction des globules rouges et au phénomène d’inflammation généralisée.
Les propriétaires décrivent souvent: faiblesse, intolérance
à l’exercice, abattement, collapsus, respiration rapide, difficultés respiratoires, vomissements, diarrhée, parfois l’augmentation de la prise de boisson et de l’émission d’urine.
L’examen clinique révèle typiquement : muqueuses pâles,
respiration rapide, rate et/ou foie de taille augmentée, jaunisse, urines foncées, fièvre et ganglions augmentés de taille,
battements cardiaques rapides, rythme de galop et souffle
cardiaque. Des signes cliniques rares sont l’anémie et la Muqueuses pâles chez un chien
anémié
nécrose des extrémités lors de temps froid. Certains chiens
avec AHMI ont une destruction des plaquettes sanguines
(thrombocytopénie) concomitante connue en tant que syndrome d’Evans et peuvent
également présenter des saignements au niveau des muqueuses (gencives,…) ou autres
(sang dans l’urine,…).
Examens complémentaires
Analyses sanguines
La différentiation entre l’AHMI primaire ou secondaire est
essentielle pour le traitement.
Le bilan hématologique permet d’identifier, caractériser et
quantifier l’anémie, qui est très souvent régénérative, c’est
à dire la moelle osseuse produit et libère dans le sang de
jeunes formes de globules rouges. Le frottis sanguin montre
des signes de régénération et permet parfois d’identifier une
cause sous-jacente comme des parasites sanguins ou cellules tumorales.
Certains tests permettent de mettre en évidence l’implication du système immunitaire, lors d’anémie primaire ou Parasites (Babesia) visibles dans
les globules rouge d’un chien
secondaire, dans la destruction des globules rouges, p. ex.
: l’agglutination sur lame directe ou le test de Coombs direct.
Le résultat doit toujours être interprété de manière prudente à cause de la possibilité de
faux négatifs.
La biochimie peut montrer des signes d’hémolyse, problèmes de coagulation et de maladies sous-jacentes. Le bilan de coagulation peut montrer des modifications en cas de problèmes de coagulation et thromboembolies.
Des sérologies et PCR afin de détecter d’éventuels parasites sanguins (p. ex. : Ehrlichia,
Anaplasma, Leptospira,…) sont indiquées.
Examens d’imagerie
Les radiographies et l’échographie thoracique et/ou abdominale visent à écarter d’autres
causes sous-jacentes ou maladies associées à l’AHMI, comme p. ex. : organomégalie (rate,
foie), néoplasies, maladies inflammatoires (gastro-intestinales,…), maladies cardiaques et
thromboembolies.
Ponction et biopsie de moelle osseuse
Le prélèvement de moelle osseuse pour examen cyto- et histopathologique est indiqué
chez les patients présentant une anémie non régénérative ou d’autres cytopénies (comme
un manque de plaquettes (thrombocytopénie) ou de globules blancs (leucopénies)), afin
d’identifier des modifications associées à une AHMI ou des maladies sous-jacentes (néoplasies,…).
Traitement des maladies à médiation immune
Encore une fois, la différentiation entre l’AHMI primaire ou secondaire est essentielle pour le
traitement. Les atteintes primaires nécessitent en général un traitement immunodépresseur
agressif, alors que les maladies secondaires ne répondent pas bien au traitement jusqu’à
ce que la cause sous-jacente soit éliminée.
La stabilisation du patient peut nécessiter la mise en place de traitements importants :
perfusion, transfusion sanguine, antibiothérapie et le traitement des complications d’AHMI,
comme les thromboembolies.
Dans les AHMI secondaires, le traitement de la cause (parasites sanguins, néoplasies,...) est
essentiel et dépend bien sur de cette cause sous-jacente.
L’immunodépression est l’élément clé dans le traitement des maladies à médiation immune
primaire. Le traitement est adapté à la réponse thérapeutique, la dose est progressivement
réduite en fonction des résultats des contrôles cliniques et sanguins. Un suivi régulier de
l’animal est essentiel. De nombreux animaux ont besoin d’un traitement de maintenance
à la plus faible dose efficace. Lors d’efficacité insuffisante l’ajout d’un second immunodépresseur est indiqué.
Références
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2. Balch A, Mackin A (2007). Canine immune-mediated haemolytic anemia: treatment
and prognosis. Compend Contin Educ Pract Vet 29 : 230-8.
3. Gabriel A (2010). Anémie, thrombocytopénie et polyarthrite à médiation immunes. Proceedings AFVAC, 3 octobre, Paris, France.
4. Garden OA (2010). Immune-mediated diseases and therapies. In : Textbook of Veterinary Internal Medicine, Seventh edition (Ettinger SJ et Feldman EC), Saunders-Elsevier,
St. Louis, 729-43.
5. Helmond SE et al (2010). Treatment of immune-mediated hemolytic anemia with individually adjusted heparin dosing in dogs. J Vet Intern Med 24 : 597-605.
Les points importants
L’identification et le traitement des causes sous-jacentes identifiables d’AHMI sont essentiels.
Le traitement doit être adapté à la réponse thérapeutique. Certains animaux nécessitent
un traitement à vie.