Si ça sonne bien, entre rochers et étoiles, c`est que c`est bon ! »

Transcription

Si ça sonne bien, entre rochers et étoiles, c`est que c`est bon ! »
«
Si ça sonne bien,
entre rochers et étoiles,
c’est que c’est bon ! »
C’est presque devenu un rite : dès que Peter Kingsbery a terminé un album, il lui fait passer ce qu’il
surnomme le « test du désert » : ça consiste à écouter le disque, de préférence à travers un mauvais ghetto
blaster, en compagnie d’une poignée d’amis regroupés dans la nature, près du parc national de Joshua
Tree, à l’est de Los Angeles. « Si ça sonne bien, entre rochers et étoiles, c’est que c’est bon ! » affirme Peter
en souriant. C’est aussi dans ce décor que vit Anna LaCazio, sa partenaire au sein de Cock Robin. Les voilà
de nouveau réunis pour ce nouvel opus du tandem désormais mythique : Songs from a bell tower,
le 6e album de Cock Robin, est sans doute le plus riche et le plus abouti d’une carrière qui a pourtant
débuté il y a déjà vingt-cinq ans.
Personne n’a oublié des tubes comme When your heart is weak, The promise you made ou Just around
the corner, l’alchimie de ces deux voix entrelacées au creux de mélodies à la sensualité lyrique. Après
une séparation de seize années, Peter et Anna se sont retrouvés en 2006, « parce que c’était le bon
moment, que notre envie de chanter ensemble était revenue, plus forte que jamais » raconte simplement
Peter. A l’époque de leur rupture, Anna, lassée des tournées incessantes et d’un succès qui prenait le pas
sur sa vie privée, avait décidé de fuir le monde du show business. Peter, lui, a continué de développer sa
musique, au long de quatre albums solo, enregistrés pour certains en France, où il avait élu domicile.
Une carrière solitaire marquée entre autres par le succès de la chanson Only the very best, extraite
de la version anglaise du Starmania de Michel Berger. Ce qui ne l’a pas empêché de perfectionner
son talent pour la composition et les arrangements, mêlant instruments classiques et expérimentation
électronique.
Un mariage qui fait désormais partie de la griffe sonore de Cock Robin. Après I don’t want to save the
world, l’album des retrouvailles il y a quatre ans, suivi d’une tournée européenne à guichets fermés
et d’un disque live, le groupe revient avec ce nouvel enregistrement : onze titres oscillant entre pop
symphonique et ballades rock, dans lesquels on retrouve intacte la magie d’un duo au charme intemporel.
Le tout écrit, composé, joué et arrangé par Peter Kingsbery dans son propre studio, avec la participation,
entre autres, du batteur Pat Mastelotto (King Crimson) et du guitariste français Yannick Chouillet.
Un disque qui parle d’amour bien sûr, de la difficulté des rapports amoureux et, plus généralement,
des affres et des espoirs qui scandent l’existence. À l’image de la chanson titre, Songs from a bell tower,
écrite un soir dans une chambre d’hôtel, et qui évoque les mystères de l’inspiration et de la création
artistique. « J’ai composé la plupart des chansons autour d’un orgue Hammond que m’a légué ma tante,
décédée récemment, raconte Peter. Cet instrument a été le fil conducteur du disque. J’avais aussi en tête
un album de Joni Mitchell, Hejira, avec cette photo de pochette où elle fait du patin à glace sur un lac gelé,
à la fois très dense et irréelle… »
Denses et irréelles, entre cordes, cors, cuivres et claviers, c’est ainsi qu’on pourrait qualifier les chansons
de Songs from a bell tower, partagées entre les voix de Peter et d’Anna. Now and then parle d’oublier
le passé pour se sentir plus fort et meilleur, « Grand » évoque la réincarnation comme une seconde chance
pour tomber amoureux, Checkered Past raconte le coming out d’un ami après vingt ans de mariage, Part
of your tribe fustige le cynisme blasé de certains milieux, Janice décrit ce sentiment de pitié égoïste que
l’on peut ressentir devant un évènement tragique survenu à quelqu’un d’autre, A natural affair imagine
la surprise d’un enfant qui vient de naître en découvrant la solitude des adultes. Et Extraordinary thing, un
des magnifiques titres chantés en duo, est une tendre allusion aux sentiments qui unissent les deux artistes.
Peter Kingsbery, chroniqueur de l’âme humaine ? « Ce qui m’inspire, c’est aussi ce qui arrive aux autres,
autour de moi. Au début du groupe, mes rapports avec Anna influaient beaucoup sur mes textes.
Aujourd’hui, nous nous sentons plus libres, à l’aise l’un avec l’autre, nous adorons être ensemble, faire
de la musique ensemble, voyager ensemble. » Justement, Cock Robin sera en tournée européenne
dès le début 2011, avec un concert au Bataclan de Paris, le 29 janvier. D’ici là, nul doute que Songs from
a bell tower aura réussi le fameux test imposé par Peter. Et pas la peine de s’isoler dans le désert
pour en apprécier les beautés.
Philippe Barbot

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