Les Maladies Inflammatoires Chroniques des Intestins, MICI.

Transcription

Les Maladies Inflammatoires Chroniques des Intestins, MICI.
Persistance et/ou récurrence de signes intéressant le tube digestif : augmentation de la fréquence d'émission
des selles, altération de leurs consistances, vomissements, évoluant depuis plus de 3 semaines :pas de doute, mon
chien souffre d'entéropathie chronique,
Les Maladies Inflammatoires
Chroniques des Intestins, MICI.
Les maladies inflammatoires chroniques des intestins au sens large sont donc les entéropathies chroniques ;
pour une fois nous ne les classons pas en fonction de leur origine ( les « étiologies » ) mais suivant leur réponse au
traitement : les entéropathies répondant :
- au changement alimentaire,
- à l'administration d'antibiotiques,
- à l'administration d'immunomodulateurs ( les « MICI » au sens strict) .
Les entéropathies répondant au changement alimentaire :
Elles correspondent des troubles de la tolérance ou à une allergie alimentaire et représentent plus de 50 % des
entéropathies chroniques. Ces maladies concernent en général de jeunes animaux et les bergers allemands y sont
prédisposés. Les signes cliniques digestifs sont modérés comparativement aux autres types d’entéropathie et se
traduisent le plus souvent par une atteinte du gros intestin. Le pronostic est favorable dans la plupart des cas en une
dizaine de jours après un changement alimentaire habile, sur un cas récent. Les animaux doivent conserver une
alimentation hypoallergénique toute leur vie ou subir des tests de provocation afin d'identifier les protéines alimentaires
en cause. Une grande variabilité individuelle est observée et l'absence de réponse à un régime hypoallergénique ne
permet pas d'exclure ce diagnostic, juste de conclure que l'allergène est peut être encore présent ! Bon courage …
Les entéropathies répondant à l'administration d'antibiotiques :
Ces entéropathies se traduisent par une diarrhée qui rétrocède aux antibiotiques. Longtemps été assimilées au
syndrôme de prolifération bactérienne, elles résultent d'une maladie sous-jacente ((insuffisance pancréatique exocrine,
inflammation digestive chronique, trouble de la tolérance alimentaire chronique, maladie hépatique, etc.). L’hypothèse
d’un défaut de perméabilité de la muqueuse intestinale est émise : celle-ci exposerait le système immunitaire intestinal
aux antigènes bactériens intra-luminaux. L’administration d’antibiotiques modifierait les interactions bactérie-hôte et
limiterait l’exposition du système immunitaire local aux antigènes bactériens. Ça va on suit ?
Il existe une prédisposition raciale chez le berger allemand pour les entéropathies répondant aux antibiotiques. Elle est
corrélée à un déficit de la muqueuse intestinale en IgA, suggérant un trouble de la régulation du système primaire dans
cette race. De même, la colite histiocytaire affectant préférentiellement le boxer et le bouledogue français est rattachée
à cette catégorie.
Les entéropathies répondant à l'administration d'immunomodulateurs :
Ces entéropathies, jusqu’alors considérées comme idiopathiques, regroupent un ensemble hétérogène
d’affections d’origine multifactorielle à composante immunitaire, qui incriminent les interactions entre l’hôte (ses carac
téristiques génétiques) et son micro-environnement (micro-biome, alimentation) par le biais d’une réponse immunitaire
inadéquate de l’animal contre sa propre flore commensale. Des facteurs génétiques sont suspectés en raison de
prédispositions raciales avérées ( Bouledogue Français, Boxer, Sharpeï, Berger Allemand, Yorkshire, Rottweiler, Setter
Irlandais…). Il n'existe pas de prédisposition sexuelle, et toutes les tranches d'âge sont représentées. L'évolution est
spécialement chronique, intermittente, généralement sur des années ; dans ce cas l'altération de l'état général est
inéluctable.
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Les Maladies Inflammatoires Chroniques des Intestins :
En pratique, on fait quoi ?
Dans l'ordre,
EXCLURE :
le parasitisme digestif :
- analyses coproscopiques prélèvement de selles et méthode par flottation en labo extérieur
- Tritrichomonas, Giardia, … PCR en labo extérieur
- vermifugation sur plusieurs jours Panacur, Telmin KH … jusqu'à 15 jours de suite
les affections métaboliques :
-bilan hémato-biochimique (insuffisance rénale, malformation ou insuffisance hépatique…)
NFS, acides biliaires, urée, créatinine, ALAT, PAL, CPLI, protéines, albumine, TLI, folates, B12, ...
-ionogramme (maladie d'Addison, hypercalcémie…) Na K Cl
-hormonales cortisol basal ± après stimulation
-urinaires densité protéines
une cause digestive autre qu'inflammatoire :
-corps étrangers digestifs chronique
-intussusception chronique
-masse tumorale
Radio (intérêt limité) et surtout échographie
une entéropathie répondant au changement alimentaire :
-faire une «liste noire » des apports protéiques précédents
-proposer une alimentation à base de protéines sélectionnées, de faible poids moléculaire, « naïves »
-faire un essai sur 3 à 6 semaines
une entéropathie répondant aux antibiotiques :
l’exclusion d’une entéropathie répondant aux antibiotiques constitue l’étape suivante : les médicaments les
plus prescrits sont le métronidazole la tylosine ou l’oxytétracycline Une prescription de 15 jours est établie dans un
premier temps. En cas de réponse positive, une durée pouvant atteindre 9 semaines peut être nécessaire. Une
entéropathie répondant à l’administration d’antibiotiques est cependant rarement primitive…
CONFIRMER :
une entéropathie répondant aux immunomodulateurs (ERI) :
En l’absence de réponse thérapeutique aux traitements des affections précédentes , une ERI (ERI =MICI au
sens strict) est probable.
L'échographie digestive permet d'évaluer l'épaisseur des couches qui composent la paroi digestive et de
localiser les lésions. L'endoscopie digestive (voie haute et voie basse) « cartographie » les lésions, permet d'effectuer
des biopsies étagées ; on a donc des informations macroscopiques mais surtout histologiques sur l'entéropathie.
En dernier lieu reste la laparotomie exploratrice (ou l'examen cœlioscopique) : l'intérêt majeur réside dans le
possibilité d'effectuer des prélèvements trans-pariétaux digestifs, ainsi que des biopsies de plusieurs organes annexes.
Les propriétaires sont très fréquemment réticents pour ce dernier examen, perçu comme une « opération » à part
entière mais non curative ; de plus il intervient au terme d'une chaîne d'examens déjà coûteux …
En conclusion, les entéropathies sont des affections chroniques dont le diagnostic
est établi après une séquence rigoureuse et raisonnée d'examens complémentaires. Des
traitements au long court sont parfois nécessaires, certaines de ces maladies ne se
guérissent pas mais se gèrent … Bon courage !
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