Les plantes de l`asthme

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Les plantes de l`asthme
Les
plantes
de l’asthme
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Sommaire
1. Rappels physiologiques
1.1 L’arc bronchique
1.2 Pathologies
2. Asthme et médecine traditionnelle
A. Huiles essentielles
B. Plantes anti-allergiques et anti-inflammatoires
C. Plantes antispasmodiques
D. Plante broncho-dilatatrice
E. Les broncho-dilatateurs à base de théophylline
F. Une plante de la pharmacopée africaine : l’euphorbe
3. Conclusion
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1.
Rappels physiologiques
1.1 L’arc bronchique
Poumons humains :
1 : Trachée
2 : Veine pulmonaire
3 : Artère pulmonaire
4 : Conduit alvéolaire
5 : Alvéole
6-7 : Bronchioles
8 : Bronche primaire
9 : Bronche secondaire
10 : Bronche tertiaire
11 : Larynx
Anatomie
L'Homme possède deux poumons, gauche et droit, deux organes thoraciques, séparés
médialement l'un de l'autre par le médiastin. Les poumons sont posés sur le diaphragme et
protégés par la cage thoracique en avant, en dehors et en arrière, sauf au niveau de leur
sommet, car ils dépassent le bord supérieur de la première côte. Le poumon droit est divisé en
trois lobes (supérieur, moyen et inférieur), le gauche divisé en deux lobes (supérieur et
inférieur). À gauche, la partie lingulaire du lobe supérieur correspond avec le lobe moyen
droit. Les lobes sont séparés par des scissures, deux à droite (la grande ou "oblique", et la
petite ou "horizontale") et une à gauche (l'oblique). Chaque lobe des poumons est divisé en
segments pulmonaires.
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La vascularisation pulmonaire artérielle est double : le système pulmonaire et bronchique.
Les artères pulmonaires apportent le sang veineux du ventricule droit pour l'oxygénation, leur
parcours suivant les bronches. Les artères bronchiques proviennent de l'aorte ou des artères
intercostales et apportent le sang oxygéné à la paroi bronchique au niveau des bronchioles
terminales.
Les poumons sont reliés aux côtes de la cage thoracique par deux membranes appelées
plèvres. L'inspiration et l'expiration sont sous le contrôle des muscles intercostaux et du
diaphragme qui déforment la cage thoracique et donc les poumons via le jeu des plèvres.
Physiologie
Les poumons sont ventilés par les mouvements thoraciques lors de l'inspiration et de
l'expiration, qui constituent un cycle respiratoire. En même temps, les alvéoles reçoivent du
sang pompé par le cœur droit. Au repos, 4 litres d'air et 5 litres de sang traversent les poumons
par minute. Lors d'un effort, ces quantités peuvent varier de manière importante (jusqu'à 160
litres d'air et 30 litres de sang par minute). Ces apports permettent aux alvéoles de remplir leur
rôle d'échanges gazeux, à travers de fines membranes qui séparent les alvéoles des capillaires
sanguins.
Voies aériennes
L'air passe par le nez (la voie habituelle au repos) ou par la bouche, pour traverser le pharynx
et le larynx, qui constituent les voies aériennes supérieures. Il parvient ensuite au niveau de la
trachée qui se divise en deux bronches souches (au niveau de T5, de la carène), pour se
subdiviser de nombreuses fois, jusqu'à former les bronchioles terminales. Jusqu'à ce niveau, il
n'y a aucun alvéole, d'où son nom de partie conductrice. Ensuite s'embranchent les
bronchioles respiratoires, point de départ de la partie respiratoire. Celle-ci contient les
alvéoles, où ont lieu les échanges gazeux. En plus de leur rôle de conduction de l'air, les
voies aériennes supérieures assurent le conditionnement de l'air. Elles permettent ainsi de
réchauffer l'air jusqu'à la température de 37°C (température corporelle) et d'en assurer la
saturation en eau. De plus l'air subit un filtrage, en effet tout le long des voies respiratoires
sont disposées des cellules sécrétant du mucus, des glandes et des cellules ciliées. Ceci permet
de créer une couche de mucus tapissant les voies, et ainsi de fixer les particules (poussières,
bactéries, ...) traversant les dites voies. Le mouvement des cils (des cellules ciliées) déplace ce
mucus en direction du pharynx permettant son élimination dans le tube digestif (on parle
d'escalateur mucociliaire). Ceci constitue un mécanisme important de défense des poumons
contre les agressions extérieures. De plus, on retrouve des macrophages, qui, par leur action
de phagocytose, complètent ce système de défense.
Alvéoles
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C'est dans les alvéoles, petits sacs terminant les voies respiratoires, appelés sacs pulmonaires
ou vésicules pulmonaires, que se produisent les échanges gazeux. Ils sont tapissés d'une paroi
très fine (jusqu'à 0,2 μm ; pour comparaison, le diamètre des globules rouges est de 7 μm)
contenant les capillaires. La surface totale destinée aux échanges est d'environ 200 m², soit la
taille d'un court de tennis. Ceci permet aux alvéoles d'assurer leur rôle, qui est de transmettre
l'oxygène au sang et d'en extraire le dioxyde de carbone. À ce niveau, on retrouve les
pneumocytes de type 2, qui sécrètent le surfactant. La présence de ce dernier est essentielle,
dans la mesure où il permet de diminuer la tension superficielle en permettant ainsi une
distension pulmonaire plus facile. Pour comparaison, son rôle est le même que le savon qu'on
ajoute à l'eau afin de former des bulles de savon. Les mouvements de l'air pendant la
ventilation pulmonaire dépendent essentiellement de la contraction des muscles respiratoires
qui provoque un gradient de pression entraînant l'air à l'intérieur des poumons. L'inspiration
est donc qualifiée d'active. La contraction du diaphragme, qui augmente le diamètre vertical
de la cage thoracique et des muscles intercostaux externes et le diamètre antéropostérieur,
entraîne une diminution de la pression à l'intérieur des poumons et donc une entrée d'air.
L'expiration naturelle est un phénomène passif, résultant de forces de rappel élastiques
lorsque les muscles se relâchent qui font revenir la cage thoracique à son volume de début
d'inspiration et donc chasse l'air des poumons. On peut néanmoins réaliser une expiration
forcée, qui est active. Elle fait intervenir les muscles abdominaux et les muscles intercostaux
internes.
Les échanges et le transport des gaz
La respiration externe, pulmonaire, permet la transformation du sang désoxygéné qui vient du
cœur en sang oxygéné, qui y retournera pour être redistribué à l'ensemble du corps. Les
échanges entre les alvéoles et le sang sont fonction des différences des pressions partielles, un
gaz diffusera de la pression élevée vers la pression basse selon la loi de Fick. La pression
partielle des alvéoles étant de 100 mmHg pour le dioxygène et de 40 mmHg pour le dioxyde
de carbone quand respectivement elle est de 40 mmHg et de 46 mmHg dans le capillaire, le
dioxygène va des alvéoles jusqu'au sang et le dioxyde de carbone fait le chemin inverse. Le
temps de contact entre le sang et les alvéoles est de 0,75 seconde, mais un tiers du temps
seulement suffit pour atteindre les équilibres. Le système cœur-poumons est appelé petite
circulation.
La régulation de la respiration
La respiration se déroule de façon inconsciente et rythmique grâce à l'activité de certains
neurones du tronc cérébral. Sa régulation dépend essentiellement de la pression partielle de
dioxyde de carbone dans le sang, celle-ci étant captée par deux types de chémorécepteurs
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localisés en périphérie ou dans le système nerveux central. Les premiers se situent dans la
crosse de l'aorte et à la bifurcation des carotides, les seconds se situent sur la face ventrale du
bulbe rachidien. Toute modification de la teneur en dioxyde de carbone dans le sang entraîne
une réponse du rythme et de la profondeur de la ventilation. Des modulations des activités
respiratoires peuvent aussi être dues à d'autres stimulations, comme par exemple au cours des
émotions (peur, excitation...)
1.2 Pathologies : l’asthme
La crise d'asthme est caractérisée par :
- Une difficulté respiratoire ou dyspnée ;
- Un tachypnée ou inversement une bradypnée, c'est-à-dire une augmentation ou une
diminution de la fréquence respiratoire ;
- Un sifflement à l'expiration et/ou à l'inspiration (on parle de respiration sibilante) ;
- Une diminution de la saturation de l'hémoglobine en oxygène ;
- Une tachycardie ;
- Un tirage ;
- Une toux qui peut être chronique ou prédominer la nuit.
- Des crises qui peuvent apparaître après une activité physique inadaptée (on parle alors
d'asthme d'effort ou plus précisément de broncho-spasme post-exercice)
Des crises d'asthmes pourraient être facilitées par un stress intense.
Les muscles de la respiration, qui d'ordinaire ne sont sollicités que lors du remplissage
(inspiration), doivent également fournir un effort lors de leur vidange (expiration active).
L’asthme intermittent est défini arbitrairement par la survenue, au maximum, de deux crises
brèves par semaine, et/ou deux épisodes nocturnes par mois, et un DEP supérieur à 80 %.
L’asthme persistant est défini lorsqu'il existe plus de deux épisodes par semaine, et/ou plus de
deux épisodes nocturnes par mois, avec retentissement sur les activités courantes. Il peut être
léger, modéré ou sévère.
L’asthme aigu grave met en jeu le pronostic vital. Il nécessite une prise en charge urgente en
milieu hospitalier (par exemple, en France environ 2 000 personnes par an meurent d'asthme,
soit 3,2 cas pour 100 000 habitants). Cliniquement, il existe au moins un des signes suivants :
- sensation de crise inhabituelle ;
- difficulté à parler (parle un mot à la fois)
- cyanose
- augmentation du rythme cardiaque (tachycardie FC > 120/min)
- troubles de la conscience (confusion, coma)
- « silence auscultatoire » (absence de murmure vésiculaire à l'auscultation) ;
une diminution du DEP (débit expiratoire de pointe ou Peak Flow) réduite de moitié par
rapport au meilleur score du patient, ou de sa valeur théorique ; le DEP est le seul moyen
objectif d'évaluation de l'intensité la crise d'asthme
- une résistance au traitement de la crise (bronchodilatateur d'action rapide) ;
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- une fréquence respiratoire supérieure à 25/min chez l'adulte, 30/min chez l'enfant de plus de
5 ans, 50/min chez les enfants de 2 à 5 ans ; voire une respiration faible avec pauses
respiratoires
- une hypotension artérielle
Il convient d'en dissocier l'asthme du nourrisson, qui se définit par l'apparition d'au moins
trois épisodes de sibilance avant l'âge de trois ans. Un asthme du nourrisson disparaît le plus
souvent avant l'âge de cinq ans.
2. Asthme et médecine
traditionnelle
La crise d'asthme n'est pas du ressort de la phytothérapie.
Les béta-2 agonistes ou les nouveaux antileucotriènes, rapides et efficaces, n'ont pas
d'équivalents en phytothérapie. Rappelons qu'il y a quelques dizaines d'années on utilisait de
la poudre de datura, ou des cigarettes en contenant pour soigner la crise d'asthme.
Par contre les plantes médicinales et les huiles essentielles sont d'une grande utilité pour
contrôler l'évolution de la maladie asthmatique (traitement de fond) :
- huiles essentielles à tropisme pulmonaire antibactériennes, antivirales et anti-inflammatoires
pour limiter l'infection des muqueuses des voies respiratoires, diminuer l'inflammation et
favoriser l'expectoration : huiles essentielles de thym et de sarriette, d'eucalyptus et de niaouli,
de pin.
- plantes anti-allergiques et anti-inflammatoires : cassis, Tylophora asthmatica, Boswellia
serrata, Petasites hybridus, gingembre, mangoustan, Rubus suavissimus
- plantes antispasmodiques : thym, aubépine, lavande, mélisse, gingembre
- plantes apaisantes et favorisant le sommeil : aubépine, lavande, eschscholtzia, mélisse,
hypericum, tilleul
- plante broncho-dilatatrice : Ephedra chinois
- les broncho-dilatateurs à base de théophylline
- une des plantes de la pharmacopée africaine
A . HUILES ESSENTIELLES
Comme nous l'avons vu, les infections respiratoires sont très souvent responsables du
déclenchement de crises d'asthme quand le terrain est propice. La restriction de l'air et
l'encombrement des voies aériennes vont retarder la guérison. Il est donc fondamental de
prévenir ces infections (virales et bactériennes) et d'aider l’organisme à lutter contre elles.
Pour ce faire, les huiles essentielles sont très précieuses.
Ce sont des antiseptiques naturels :
-qui s'absorbent par voie respiratoire ou digestive
- qui augmentent l'activité des cils des cellules de la muqueuse des bronches, facilitant ainsi
l'évacuation du mucus bronchique
- qui possèdent un pouvoir anti-inflammatoire, qui procurent une sensation de "bien-être"
respiratoire
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¾
- qui sont sans toxicité aux doses prescrites : pour un enfant jusqu'à 6 gouttes par jour, pour un
adulte jusqu'à 12 gouttes par jour par voie buccale.
¾ Les huiles essentielles usitées sont les huile essentielle d'Eucalyptus globulus,
d'Eucalyptus radiata (préférée pour les enfants), de Melaleuca viridiflora ou Niaouli.
Elles peuvent être utilisées :
• Par voie buccale : 2 à 3 gouttes, 3 à 4 fois par jour, agréable au goût et peu toxique
• Par voie externe : attention dans de rares cas l'asthme peut être majoré par "l'odeur"
des huiles essentielles.
• Inhalation (quelques gouttes d'huile essentielle dans un bol d'eau très chaude) 2 à 3
fois par jour.
• Application sur le thorax de quelques gouttes d'huile essentielle mélangée dans un
corps gras (huile de massage, baume) .
Huile essentielle de Pinus sylvestris ou pin sylvestre (aiguille et bourgeons)
Attention à l'étiquetage car de nombreux extraits étiquetés "essence de pin " sont des sousproduits industriels (scieries, pâte à papier) qui n'ont rien à voir, sinon un peu l'odeur, avec
l'huile essentielle de feuilles (aiguilles) ou de bourgeons de pin.
•
Par voie buccale : 2 gouttes 3 à 4 fois par jour Par voie externe en
inhalation plusieurs fois par jour.
¾ Huiles essentielles de thym et de sarriette
Thymus vulgaris, ou thym à thymol ou carvacrol et Satureja (ou Satureia) montana, la
sarriette des montagnes.
Ces deux huiles essentielles contiennent de puissants antibactériens qui facilitent aussi
l'expectoration, mais qui peuvent provoquer chez certaines personnes des brûlures digestives.
•
•
Par voie buccale : 2 à 3 gouttes 3 fois par jour
Par voie externe : en inhalation mais pas en application cutanée car
c'est une huile essentielle irritante pour la peau. Là aussi se méfier du
risque de bronchospasme chez l'enfant.
B. PLANTES ANTI-ALLERGIQUES ET ANTI-INFLAMMATOIRES
Plantain (Plantago major )
C’est une plante majeure dans le traitement de l’asthme
allergique.
La teinture mère est appréciée par la majorité des
phytothérapeutes pour son pouvoir (faible mais sans
toxicité) anti-inflammatoire et anti-allergique.
Posologie : 30 à 60 gouttes par jour
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Cassis (Ribes nigrum )
En France, et avec l'expérience des
phytothérapeutes de l'école de Biothérapie
depuis les années 60, on préconise le cassis,
Ribes nigrum, en gemmothérapie.
Ces extraits de bourgeons de cassis, antiinflammatoires, possèdent un effet
thérapeutique qui rappelle celui des
corticoïdes, mais sans en avoir les effets
secondaires.
On peut les utiliser au long cours par cure de
plusieurs semaines aussi bien chez l'enfant que
l'adulte. Ribes nigrum bourgeons macération glycérinée 1 D : 50 à 100 gouttes par jour
reparties en 2 à 3 fois
Gingembre (Zingiber officinale)
Le gingembre, très employé en phytothérapie aux
Indes, l'est beaucoup moins en France.
Il possède entre autres un pouvoir anti-inflammatoire.
Des essais cliniques ont montré qu'un extrait
hydroalcoolique standardisé pouvait améliorer les
performances respiratoires des personnes présentant
un asthme modéré.
Teinture alcoolique de gingembre : équivalant à 1 g
de rhizome en 4 prises.
Pour un effet moindre, on préconise le thé de gingembre : 1 à 2 cuillerées à café de gingembre
râpé dans 1/2 litre d'eau très chaude, laisser infuser une dizaine de minutes, le récipient
couvert : une tasse 3 à 4 fois par jour.
On peut aussi utiliser le jus de gingembre directement dans la boisson ou sous forme de sirop.
Tout le monde ne supporte pas le gingembre qui peut provoquer une irritation gastrique.
Ronce (Rubus suavissimus)
La ronce sucrée de Chine possède des propriétés
pharmacologiques intéressantes. Elle est antiinflammatoire par son contenu en tanins
médicinaux, et l'expérience a prouvé qu'elle était
antiallergique, donc utile pour soigner l'asthme
quand la composante allergique est importante.
Rubus suavissimus est une plante buissonnante
que l'on trouve entre autres dans les provinces
Chinoises du Guang Xi, du Guizhou et le Nord
du Guang Dong. Le goût sucré des feuilles est
dû principalement à la présence d'un hétéroside, le ruboside ou rubusoside. Le ruboside ou
rubusoside est 200 à 300 fois plus sucrant que le saccharose (sucre ordinaire), mais apporte
très peu de calories, à la manière du stévioside extrait de l'herbe sucrée du Paraguay (Stevia
rebaudiana). L'extrait aqueux de Rubus suavissimus n'est pas que sucrant, il aussi antiallergique (utilisé comme tel au Japon).
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L’expérience montre que c'est un antihistaminique mais qu'il n'a pas d'effet sur la synthèse des
prostaglandines E2. Les Chinois utilisent surtout les feuilles de Rubus suavissimus pour faire
un thé sucré, chacun trouve la bonne proportion de feuilles et d'eau chaude. Si l'on augmente
la quantité de feuilles, ou si l'on boit beaucoup de ce thé, le contenu en tanin peut induire de la
constipation.
Tylophora asthmatica
Tylophora asthmatica (ou indica) (Asclepiadaceae)
est une plante grimpante originaire du sud-est de
l'Inde. C'est une plante toxique qui contient des
alcaloïdes dont la tylophorine.
Elle fait partie de la pharmacopée indienne depuis
longtemps et est utilisée par les médecins
ayurvédiques.
C'est un émétique qui possède des propriétés antiinflammatoires et anti-allergiques. On l'utilise
traditionnellement aux Indes pour soigner l'asthme,
certaines manifestations allergiques ainsi que des troubles digestifs et articulaires.
Une étude récente a montré qu'un extrait alcoolique de Tylophora asthmatica augmentait
l'activité cortico-surrénale (l'excrétion de corticoïdes naturels dans le sang), ce qui
expliquerait son pouvoir anti-inflammatoire.
Cette plante n'est pas commercialisée en Europe à cause de sa toxicité potentielle et de
l'absence d'études pharmacologiques. Au moins une licence mondiale d'utilisation a été
déposée en 2005. Les auteurs suggèrent, dans le cas de l'asthme, un dosage de 160 à 600
microgrammes d’alcaloïdes (dans un rapport de 2 quantités de tylophorine pour 1 quantité de
tylophorinine, pour 2 quantités de la tylophorinidine). Le dosage typique de feuilles sèches
pour soigner l'asthme aux Indes : 200 à 400 mg en deux prises (soit environ 1/2 à 1 feuille par
jour).
Pétasite Officinale (Petasites Hybridus)
Cette asteraceae, vivace par son volumineux
rhizome, est originaire d'Europe et d'Asie
(maintenant présente en Amérique du Nord), elle
préfère les zones humides, bords de rivière, terrains
un peu marécageux. Elle possède de très longues
feuilles (jusqu’à 1 m) qui rappellent un peu celles de
la rhubarbe et une inflorescence rougeâtre qui
apparaît avant les feuilles à la fin de l'hiver. Elle ne
fait pas partie de la pharmacopée française bien
qu'elle ait été employée depuis l'antiquité comme
plante médicinale. La plante entière (rhizome et
feuilles) contient des sesquiterpènes (pétasine et
isopétasine) qui sont antispasmodiques et antiinflammatoires notamment en bloquant la synthèse
des leucotriènes. Malheureusement la plante contient
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aussi des alcaloïdes toxiques (pour le parenchyme hépatique) et peut-être carcinogènes. Au
moins un brevet a été déposé pour l'élaboration d'un extrait de Petasides hybridus contenant
les sesquiterpènes mais débarrassé des alcaloïdes (extrait de rhizome).
Cet extrait a déjà été testé avec succès pour le traitement de la migraine. Une étude clinique a
montré que ces extraits de Petasides amélioraient la capacité respiratoire des asthmatiques et
réduisaient le nombre de crises de façon notable sans effets secondaires. Un médicament
allemand, disponible aussi au USA (Petadolex) et en Suisse (Dolomed), est standardisé en
pétasine et isopétasine. La posologie proposée est, chez l'adulte, de 50 à 100 mg d'extrait,
deux fois par jour. Ce médicament est récent ; ses contre-indications et interactions avec
d'autres médicaments ne sont pas encore bien déterminées.
Résine de Boswellia sp.
Plusieurs espèces d'arbres du genre Boswellia,
originaires du nord-est de l’Afrique et de l'Arabie,
produisent une résine parfumée, l'encens ou oliban, qui
possède des propriétés médicinales : antiseptique,
antalgique, anti-inflammatoire. Une étude clinique de
1998 a montré l'intérêt de l'encens pour soigner
l'asthme.
Posologie :300 mg d'extrait de résine, 3 fois par jour,
pendant 6 semaines, ont nettement amélioré l'état des
asthmatiques de l'étude. L'encens agirait comme un
antileucotriène.
Garcinia mangostana
Le mangoustanier (Clusiaceae) est originaire de la région
indo-malaise. C'est un arbre tropical de taille moyenne (une
dizaine de mètres) au feuillage toujours vert. On le cultive
pour ses fruits, rouge-violacés de 4 à 7 cm de diamètre, qui
contiennent une pulpe agréablement sucrée et parfumée.
L'écorce du fruit d'une espèce voisine Garcinia cambogia
contient une quantité importante d'acide hydroxycitrique. Le
sel de calcium (hydroxycitrate de calcium) est proposé
comme complément alimentaire dans les régimes
amaigrissants. L'écorce de mangoustan est utilisée dans les médecines traditionnelles du sudest asiatique comme anti-inflammatoire, antidiarrhéique et antiseptique. Une étude japonaise
de 2002 a montré qu'un extrait hydro-alcoolique (à 40°) inhibait in vitro la synthèse de la
prostaglandine E et la libération d'histamine. L'écorce de mangoustan sera peut-être
prochainement considérée comme une plante anti-allergique et anti-inflammatoire utile pour
soigner l'asthme.
C. PLANTES ANTISPASMODIQUES ET APAISANTES
Thym, gingembre, aubépine, mélisse, lavande, eschscholtzia, hypericum, tilleul.
L'asthmatique est souvent une personne un peu angoissée, anxieuse, ayant du mal à
s'endormir. L'expérience prouve qu'un hypnotique léger fait souvent diminuer la fréquence
des crises d'asthme du milieu de la nuit.
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Posologie : 2.5 à 5g pour ¼ à ½ litre d’eau par jour. Il convient de pratiquer une fenêtre
thérapeutique tous les trois semaines pour éviter les phénomènes d’accoutumance.
Millepertuis
Mélisse
D. PLANTE BRONCHO-DILATATRICE
Ephedra Sinica
La plante contient des alcaloïdes dont l'éphédrine et
la pseudo éphédrine : elle a donc des propriétés
stimulantes et est considérée comme produit dopant.
Elle aurait des propriétés : hypolipémiante
(lipolytique), broncho-dilatateur, vasoconstricteur
nasal, antimigraineux.
Elle est utilisée dans la médecine chinoise depuis 5 000 ans et certains pensent qu'elle pourrait
être le fameux soma(religion indo-européenne), tandis que d'autres penchent pour l'amanite
tue-mouches.
Les parties utilisées sont surtout les feuilles et la tige.
La médecine chinoise traditionnelle l'utilise contre l'asthme et les crises de bronchite aiguës.
C'est un produit piquant chaud qui libère le biao vent froid. Sa principale propriété est qu'il
permet de faire la sudorification.
Dans les pays occidentaux, c'est comme énergisant qu'on utilise l'éphedra, pour perdre du
poids. De nos jours, Ephedra sinica est considérée en Europe comme obsolète, même chez les
médecins avec une orientation phytothérapeutique.
Précautions d’emploi :
Son caractère stimulant peut provoquer une augmentation de la pression artérielle et une
augmentation ou irrégularité des battements cardiaques sur une période de consommation
prolongée. Les complications peuvent alors causer des hémorragies cérébrales, des arythmies
cardiaques pouvant déboucher sur des arrêts cardiaques.
L'usage prolongé peut induire anxiété, tremblements et insomnies.
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D. LES BRONCHO-DILATATEURS A BASE DE THEOPHYLLINE
La théophylline est un alcaloïde du type méthylxanthine. Il s'agit de la
1,3-diméthyl xanthine. C'est la principale substance active des feuilles
de thé, d'où elle tire son nom, mais on en retrouve également dans la
café et le guarana.
Elle agit comme diurétique, comme psychoanaleptique, comme
broncho-dilatateur et comme agent lipolytique.
Indications :
Les propriétés broncho-dilatatrices de la théophylline sont utilisées dans le traitement de
l'asthme. La théophylline n'est pratiquement plus utilisée dans le traitement des crises
d'asthme sauf parfois chez l'enfant.
Traitement de fond de l'asthme:
dose moyenne orale de 10 mg/kg/j chez l'adulte ;
dose plus élevée chez l'enfant, en moyenne 16 mg/kg/j à adapter ensuite en fonction de
la théophyllinémie.
Mécanisme d'action
La théophylline agit au niveau des mouvements intracellulaires du calcium. Elle a une action
broncho-dilatatrice, elle renforce les muscles respiratoires et possède une action cardiaque
inotrope positive.
La théophylline est également un inhibiteur de la phosphodiestérase (elle transforme, au
niveau cellulaire, l'AMPc en AMP qui est non réactif). De par cette action inhibitrice, le
second messager (AMPc) est présent en plus grande concentration, et l'action au niveau
cellulaire est plus importante. C'est de là que viennent les vertus excitantes du thé.
Remarque : La théophylline inhibe la phosphodiestérase à un niveau moindre que la caféine,
et la théobromine (cacao) a un effet encore inférieur à celui de la théophylline.
Effets secondaires
Tremblements, nervosité ;
Convulsions chez l'enfant en cas de surdosage
Nausées, convulsions chez l’enfant en as de surdosage
Contre-indications
Enfant de moins de 30 mois ;
Insuffisance coronarienne sévère ;
Insuffisance hépatique ;
Épilepsie.
F. PLANTE DE LA PHARMACOPEE AFRICAINE : L’EUPHORBE (Euphorbia hirta)
La plante entière fraîche est utilisée en décocté comme antiasthmatique, dans les
bronchites et maladies respiratoires. Mais dans un grand nombre de pays
tropicaux, les indications principales de la plante que l'on retrouve sont
antidiarrhéique et antiamibien.
Elle est principalement utilisée pour ses vertus anti-asmathique au Burkina Faso,
au Nigeria et dans plusieurs pays d’Asie.
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3. Conclusion
Les plantes médicinales ne peuvent, malheureusement, soigner toutes les pathologies… Dans
le cas de l’asthme, le monde scientifique n’a pas davantage trouvé le ou les remède(s)
(cherche-t-il vraiment?).
Le mieux que l’on puisse faire est de soulager le patient atteint de cette maladie.
En ce cas, pourquoi ne pas conserver les médicaments avec des molécules de synthèse
pour les jours de crise et plutôt utiliser correctement les plantes dont nous venons de parler ?
De plus, ces médicaments ne suppriment pas tous les effets secondaires (fatigue,
essoufflement…). Certains diront qu’ils s’en accommodent mais est-ce vraiment une
finalité ? Serons-nous encore là pour voir une étude judicieuse de médecine douce pour cette
pathologie ?
Références bibliographiques
et sitologiques
Fleurentin J. (200 pages), Les plantes qui nous soignent, Tome 1
Ed. Ouest-France, 2007.
Charpentier B., Hamon-Lorléac’h F. Le guide du préparateur (450 pages)
Ed. Masson, 2002
Bernard Bertrand. L’herbier oublié (165 pages) Ed. France Loisirs
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