Les jeunes, la diversité et les valeurs civiques

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Les jeunes, la diversité et les valeurs civiques
Réconcilier nos différences: Les jeunes, la diversité et les valeurs civiques
Présentation des résultats de l’Enquête sur
la Jeunesse de McGill 2005-2006
Pendant l’année 2005-2006, l’équipe de
recherche du département de Science
Politique de l’Université McGill, dirigée
par la Professeure Dietlind Stolle, vous a
offert de répondre à un sondage en ligne
à travers une communauté Internet à
laquelle vous preniez part. Cette enquête
de grande envergure nous a permis de
rejoindre près de 250 jeunes de 15 à 20 ans qui
participaient à neuf communautés en ligne (sur Internet) à
travers le Canada. En plus de présenter le sondage en
ligne sur Internet, nous avons aussi rencontré et interrogé
près de 5000 jeunes dans des écoles secondaires, dans des
groupes jeunesse, et dans des manifestations et divers
événements publics.
Nous vous présentons ici quelques résultats qui sont
ressortis du sondage. Vous trouverez donc de
l’information sur : le suivi de l’actualité, la participation
aux communautés en ligne, les intentions de vote, et les
modes d’engagements exprimés par les jeunes qui ont
participé au sondage en ligne.
Quel intérêt pour l’actualité et les affaires publiques?
Nous entendons assez souvent dans les médias que les
jeunes se désintéressent de la politique, ou même qu’ils
sont complètement apolitiques. Mais est-ce que cette
tendance est vraiment réelle au Canada? Nous avons
demandé à tous les jeunes participant aux communautés
en ligne quels étaient les sujets dont ils discutaient dans
leur communauté en ligne: plus de la moitié disent parler
de politique et de questions sociales au sein de leur
groupe. L’intérêt des jeunes pour les affaires publiques et
les enjeux sociaux et politiques se traduit également dans
l’assiduité avec laquelle ils suivent l’actualité. En effet,
comme on le voit dans la Figure 1, la grande majorité des
répondants suivent l’actualité quotidiennement ou
plusieurs fois par semaine.
Quelle participation dans les communautés en ligne?
Les jeunes ont en effet un intérêt marqué pour les
affaires publiques, et on peut même ajouter que c’est un
intérêt pour une multitude d’enjeux. En effet, les 250
jeunes qui ont répondu au sondage participaient à des
communautés en ligne portant sur une grande variété de
Figure 1: Suivi de l'actualité
jamais
moins d'une fois par
semaine
une fois par semaine
plusieurs fois par
semaine
tous les jours
sujets : l’environnement, la santé et la sexualité,
l’indépendance du Québec, l’homosexualité, la solidarité
internationale, et autres.
Les communautés en ligne sont un phénomène plutôt
récent et on ne sait pas encore beaucoup de choses sur la
manière dont les gens s’impliquent dans ce genre de
groupes. Nous avons donc posé quelques questions aux
participants pour savoir comment et pourquoi ils
participaient à leur communauté en ligne. Les raisons de
participer à un groupe en ligne sont multiples, mais les
participants disent s’être impliqués principalement pour
trouver de l’information ou échanger des idées à propos
de causes sociales et politiques qui les touchent (66%), et
pour interagir avec des gens qui partagent les mêmes
intérêts et passe-temps qu’eux (62%). Le niveau
d’implication rapporté par les répondants est assez élevé
puisque la majorité participe plusieurs fois par semaine
aux activités du groupe (discussions en ligne, visiter des
sites web, envoyer/recevoir des courriels, etc.) et
s’implique déjà depuis 1 à 4 ans dans le groupe.
Il est fréquent d’entendre qu’Internet et les
communautés virtuelles détruisent le tissu social et
éloignent les gens de leur communauté. Il est vrai que la
moitié des répondants au sondage disent ne jamais avoir
rencontré d’autres membres du groupe en face-à-face,
mais beaucoup rapportent s’impliquer dans des groupes
de leurs communautés de vie : équipes sportives (32%),
associations étudiantes (47%), groupes artistiques ou de
passe-temps (44%), et autres. Plus du tiers des
participants disent également s’impliquer dans une
organisation de bénévolat, ce qui est supérieur au taux de
bénévolat rapporté par la population canadienne en
général,
Résultats – Internet, 1
Figure 2: Différents modes de participation
Ne participent actuellement à aucune activité politique
1%
Ont participé à des activités illégales de protestation
12%
44%
Ont écrit ou exposé un message à contenu politique
48%
Ont pris part à une marche ou manifestation légale
60%
Ont transféré un courriel à contenu politique
Ont amassé ou donné de l'argent pour une cause
74%
Ont délibérément acheté certains produits pour des raisons politiques
74%
75%
Ont délibérément porté un patch, auto-collant, badge ou T-shirt politique
76%
Ont boycotté certains produits
78%
Ont assisté à un spectacle politique ou un événement culturel
90%
Ont signé une pétition
92%
Voteront aux prochaines élections fédérales
0%
puisque seul un adulte sur quatre dit avoir fait du
bénévolat (selon l’Enquête nationale de 2000 sur le don,
le bénévolat et la participation). Les jeunes qui
participent aux communautés en ligne semblent donc
être également « connectés » à leurs communautés dans
la vie (hors ligne).
Quels types de participation?
Lorsque nous avons fait le sondage, certains jeunes
interrogés n’étaient pas en âge de voter aux dernières
élections, alors nous avons posé une question sur
l’intention de voter à 18 ans. La réponse fut
massivement à l’affirmative, avec 92% des jeunes
répondant
qu’ils
voteraient
probablement
ou
certainement aux prochaines élections fédérales. Ceci
contraste fortement avec la proportion plutôt limitée de
la jeunesse canadienne qui vote réellement : selon
Élections Canada, seulement 37% des jeunes âgés de 18 à 24
ans ont voté lors des élections fédérales de 2004.
Mais mis à part le vote, les jeunes connaissent
d’autres manières de s’engager dans leur communauté.
La Figure 2 nous montre que les jeunes s’impliquent
effectivement à travers une diversité de moyens.
L’activité la plus répandue, autre que l’intention de
voter, est de signer des pétitions, avec 90% des
répondants disant l’avoir fait dans les 12 derniers mois.
C’est beaucoup plus que les 28% de la population
canadienne qui rapportent avoir signé une pétition dans
la dernière année (selon l’Enquête Sociale Générale du
Canada de 2003). En fait, les jeunes ont plus tendance à
participer à certaines formes d’action politique que les
adultes. En effet, selon l’ESGC de 2003 : aussi peu que
6% de la population générale disent avoir participé à
10% 20%
30% 40%
50% 60%
70% 80%
90% 100%
une marche ou une manifestation, comparé à 48% des
jeunes que nous avons sondés; et seuls 20% des adultes
canadiens disent boycotter ou acheter des produits pour
des raisons politiques, comparé respectivement à 76 et
74% des jeunes dans notre étude.
Ainsi, il n’est pas possible de qualifier les jeunes
d’apathiques ou d’apolitiques. Les jeunes s’intéressent
aux affaires publiques, manifestent et participent à des
événements pour des causes. Ils sont très certainement
engagés dans la société, et à travers une diversité de
manières. En effet, seul 1% de notre échantillon des
jeunes des communautés en ligne nous a dit n’avoir
participé à aucune activité politique dans l’année (en
dehors des intentions de vote).
Au cours de la prochaine année, nous rendrons
disponibles sur notre site web plusieurs documents, dont
une analyse plus approfondie de nos données, Vous
pouvez accéder au site web à l’adresse suivante:
http://bridgingdifferences.mcgill.ca.
Encore une fois, nous tenons à vous remercier pour
votre participation à ce projet de recherche!
L’équipe du projet ‘Réconcilier nos différences’
Département de science politique - Université McGill
Courriel : [email protected]
Résultats – Internet, 2