Bonjour, je suis très heureux de pouvoir vous parler aujourd`hui des

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Bonjour, je suis très heureux de pouvoir vous parler aujourd`hui des
Bonjour, je suis très heureux de pouvoir vous
parler aujourd’hui des plateformes sur réseau au nom de
CANARIE.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, veuillez
m’excuser si j’écorche un peu le français. Écossais de
naissance, j’ai grandi à Vancouver avant de passer les vingt
dernières années à Toronto. Un tel cheminement n’est
malheureusement guère propice à l’exercice de la langue de
Molière.
Comme je le disais à un groupe auquel je me suis
adressé en France, il y a quelques années, « vous pouvez
entendre que suis anglophone – anglophone mais
francophile ». Venir au Québec me fait toujours plaisir,
particulièrement ce matin, puisque nous aurons la chance de
nous entretenir des plateformes sur réseau qui, je crois,
joueront un rôle déterminant dans l’avenir de la découverte
au Canada. En effet, si les plateformes sur réseau sont
essentielles au progrès de la science, elles le sont encore
plus à la prospérité du Canada dans une économie planétaire
fondée sur le savoir car, sans recherche ni innovation, notre
pays ne pourra maintenir et encore moins rehausser sa
situation actuelle dans le monde.
Vous êtes sans doute nombreux à connaître le
Programme des plateformes sur réseau de CANARIE.
L’échéance pour le premier appel de propositions a été fixée
au 15 novembre. De toute évidence, les groupes qui
souhaitent y participer devraient déjà être très avancés, s’ils
n’ont pas déjà finalisé leur proposition. Au lieu de vous
parler du programme, je vous donnerais donc plutôt une
idée du raisonnement à son origine, l’illustrer avec des
exemples concrets et vous amener à réfléchir sur la manière
dont il influera sur vos travaux en vous incitant à songer aux
possibilités qui s’ouvriront par la suite.
L’intérêt que nous portons aux plateformes sur
réseau vient de l’intime conviction que l’avenir de la
découverte dépend du passage à la cyber-recherche.
Veuillez noter que j’ai dit « cyber-recherche », pas « cyberscience ». Si la cyber-science joue un rôle important en
cyber-recherche, cette dernière connaît une croissance
phénoménale dans les sciences humaines et sociales. Or, les
découvertes de demain sont étroitement liées à la façon
dont on regroupera les idées qui jaillissent de toute part, à
la façon dont les différentes disciplines s’alimenteront l’une
l’autre et dont on réussira éventuellement à tout intégrer.
Dans une économie articulée sur la connaissance,
la manière dont le savoir est structuré et la façon dont la
collectivité humaine l’accueille et l’utilise ont autant
d’importance que la connaissance proprement dite. Depuis
quelques années, les exemples où de grandes percées
scientifiques ont failli à leurs promesses simplement parce
qu’on n’avait pas ou pas assez porté attention aux facteurs
humains ne font que se multiplier. Les aliments
génétiquement modifiés en sont sans doute la plus brillante
illustration. Les scientifiques et les industriels en faveur des
OGM n’ont pas préparé l’opinion publique à cette innovation
parce que son utilité leur paraissait évidente. Jamais ils ne
s’attendaient à la virulente polémique qui a éclaté, surtout
en Europe. Les partisans des OGM étaient persuadés qu’une
« bonne idée scientifique » se justifiait d’elle-même.
Je ne suis néanmoins pas venu pour défendre ou
combattre les OGM. Je tiens simplement à souligner que,
pour qu’elle soit vraiment utile, toute percée doit être
adoptée. Scientifiques et ingénieurs ont profondément
besoin des sciences sociales lorsqu’ils étudient les
possibilités d’une découverte et cherchent comment
l’Homme pourrait l’exploiter.
Je ne veux pas dire que les sciences sociales
aideront l’homme de science à berner le commun des
mortels, pas plus que la circulation se fait à sens unique. La
science pure, comme les sciences sociales, évolueront si
elles engagent et maintiennent le dialogue.
La cyber-recherche est l’avenir pour trois raisons :
1. une prolifération explosive des données;
2. la reconnaissance que l’intelligence collective existe;
3. l’admission que traitement brut des données et
raisonnement sont deux choses distinctes.
Durant la majeure partie de cette décennie, nous avons
entendu des expressions du genre « explosion de
données », « tsunami numérique », « croissance
exponentielle de l’information » et j’en passe. Beaucoup
d’entre vous connaissent l’étude de Berkeley qui, en 2000,
utilisant des données de 1999, prévoyait que la genèse
d’environ 2 exaoctets de données par année. Reprise en
2003 avec les chiffres de 2002, cette étude rehaussait son
estimation à 5 exaoctets annuellement. Pour ceux qui se
souviennent mal du système méga, giga, téra, péta, exa, un
exaoctet est l’équivalent de 10 à la puissance 18. L’étude de
Berkeley situe la totalité des documents gardés à la
Bibliothèque du Congrès américain à 10 téraoctets, soit 10 à
la puissance 12, ou 0,000001 exaoctet, ou encore
0,0000002 pour cent des données produites dans le monde
en 2002. De tels chiffres dépassent vite l’entendement.
Le point capital est, qui ces chiffres ont été
avancés en 2002 (aussi époustouflants qu’ils soient) ces
chiffres sont avant des développements qui n’ont fait que
multiplier davantage l’avalanche de données. Parmi eux, on
retrouve :
• le déploiement du rfid
• l’ubiquité des téléphones cellulaires numériques
• l’usage omniprésent de la photographie numérique
(elle a dépassé la pellicule en popularité dès 2004)
• le Blackberry et ses imitations
• les réseaux de capteurs
• un relèvement de la résolution de plusieurs ordres de
grandeur grâce à diverses techniques de
numérisation
• le grand collisionneur de hadrons et les centaines
d’autres instruments scientifiques majeurs comme
les télescopes, les microscopes et les synchrotrons
• les réseaux sociaux
• le Web 2.0
• et bien d’autres développements qui m’échappent.
Bref, il est clair qu’une grande partie des
5 exaoctets de données de 2002 et, Dieu seul sait combien,
de données produites en 2007 ne sont que du vent. Encore
faut-il posséder la capacité requise pour transformer une
masse aussi phénoménale de données en information, pour
en tirer des connaissances et pour exploiter ces dernières de
façon pratique. L’enjeu s’avère encore plus complexe.
Chaque domaine de l’activité humaine engendre une
quantité incroyable de données. En essayant de solutionner
les problèmes d’aujourd’hui et en creusant notre imagination
pour identifier les possibilités qu’ouvrirait la capacité de
traiter une telle masse, nous ne nous attaquons pas à un
seul monstrueux ensemble de données. Nous composons
souvent avec de nombreux ensembles et en créons de
nouveaux en cherchant les corrélations susceptibles de les
relier. Au récent colloque e-Science 2007 de Microsoft,
Catherine Blake, de l’Université de Caroline du Nord, a
déclaré que l’enjeu, pour la science contemporaine, n’était
pas tant de recueillir les données mais d’en faire la
synthèse. En d’autres termes, si la pénurie de données
ralentissait naguère la découverte, on chancelle maintenant
sous le poids de l’information. Les plateformes sur réseaux
sont les outils technologiques qui permettront aux
chercheurs de faire bon usage de cette masse inouïe de
données.
Précisons que le phénomène n’est pas nouveau
pour l’humanité. Lors de la révolution industrielle, les
sociétés qui ont réussi sont celles qui avaient le mieux
développé l’infrastructure permettant de transformer la
montagne de matière première en une quantité
comparativement réduite de produits finis. Au Canada, des
tonnes de minerai de fer de Schefferville, des tonnes de
charbon du Cap Breton et des milliers de kilowatts
d’électricité des chutes Niagara ont servi à fabriquer
quelques kilos d’acier à Hamilton. En considérant les
données comme le minerai de fer de l’économie du savoir,
on saisira mieux pourquoi il faut bâtir sans tarder
l’infrastructure qui nous aidera à transformer la matière
première en produit fini. Bref, il faut se lancer dans l’érection
de plateformes sur réseau.
La deuxième raison pour laquelle de telles
plateformes sont indispensables est qu’on admet maintenant
que l’intelligence collective est une possibilité.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, la recherche
contemporaine intègre de plus en plus les idées d’autres
disciplines. Elle met donc en jeu de nombreuses personnes
pour ne pas dire équipes. Depuis une dizaine d’années
environ, nous avons découvert ou, plutôt, redécouvert que
l’intelligence peut être collective. Nous avons aussi appris
que cette forme d’intelligence dépasse constamment la
somme de ses parties, c’est-à-dire les intelligences
individuelles affectées à un travail quelconque. Naguère,
nous croyions collaborer, mais la collaboration survenait
toujours après manipulation des données.
Les scientifiques lisaient un rapport, analysaient
discrètement les données chacun de leur côté puis se
réunissaient pour en discuter. On ne comprenait pas alors
que, les données ayant été examinées en privé, les
conversations ou débats ultérieurs ne portaient que sur des
conclusions toutes faites. Depuis qu’on ne se fie plus
uniquement au texte et à la notation pour communiquer et
qu’on s’est rendu compte de la puissance des simulations et
des visualisations, on constate qu’en initiant la collaboration
au moment où les données sont captées – donc avant de
parvenir à des conclusions – l’interaction des intellects sans
parti pris aboutit à des conclusions fort différentes. Puisque
les jeux de données gagnent toujours en volume et en
complexité, il devient impérieux de tirer le maximum de
cette synergie cérébrale.
L’industrie pétrolière et gazière est un cas
intéressant. En une décennie à peine, cette industrie a accru
la proportion de forages fructueux de 14 à 70 pour cent,
simplement parce qu’elle a maîtrisé l’intelligence collective
au lieu de miser sur une multitude d’intelligences
individuelles dans les nombreuses disciplines requises –
géologie, hydrologie, sismologie, forages, géophysique, etc.
Quand les équipes multidisciplinaires ont eu la chance de
collaborer à l’analyse des données, leur intelligence
collective a engendré des idées nettement plus audacieuses
que celles nées antérieurement des intelligences
individuelles lors des discussions suivant l’analyse des
données.
Rien qu’au cours des quelques dernières années,
nous avons vu surgir le Web 2.0, les wikkis, les blogues,
youtube, facebook, Second Life... Chacun de ces réseaux
sociaux fait intervenir l’intelligence collective sous des angles
différents. Penser que leurs créateurs partent à la chasse
des jeunes désœuvrés est une grave erreur. Les réseaux
sociaux transforment l’activité humaine. À la mi-octobre, à
Banff, je présidais un comité pour Cybera, l’organisme
albertain qui a remplacé Netera en combinant le réseau
optique régional avec la promotion et l’implantation de la
cyberinfrastructure dans la province. Les cinq membres du
comité venaient d’importantes sociétés et j’ai été très sévère
avec eux. Je leur ai déclaré qu’il n’était pas question de faire
une présentation de marketing. Je voulais savoir en quoi la
cyberinfrastructure avait changé la manière dont
fonctionnent les entreprises. Tous, sans exception, ont
expliqué comment divers outils des réseaux sociaux avaient
modifié leurs activités. Un a déclaré que les documents
techniques et les discussions les concernant se faisaient
désormais en wikki; un autre, que les manuels avaient tous
été mis en ligne dans un environnement wikki; un troisième,
que les dirigeants de l’entreprise alimentaient chacun un
blogue. Ils ont expliqué comment les réseaux sociaux
transforment l’expérience au travail et accroissent
sensiblement le rendement. Quel meilleur témoignage du
pouvoir des réseaux sociaux et de leurs répercussions
potentielles sur les économies classiques de l’information et
des communications pourrait-il y avoir que Microsoft
annonçant qu’elle achète une partie de Facebook pour
240 millions de dollars? 1,6 pour cent d’un marché global de
15 milliards de dollars. Soyez sûr que si l’un de vous désire
acheter 1,6 pour cent de Walter Stewart & Associates, je
vous ferai un bon prix.
Soyons sérieux. Les réseaux sociaux constituent
vraiment une technologie de transformation, car leur
influence se fait sentir partout. Cependant il leur faut une
infrastructure pour réaliser leur plein potentiel. Pour aller
au-delà de la simple conversation, pour qu’il y ait une
interaction utile sur des données sérieuses en vue d’aboutir
à de vraies solutions, nous avons besoin de plateformes sur
réseau.
La troisième raison qui rendent de telles
plateformes indispensables est qu’on reconnaît désormais
que le traitement des données et le raisonnement sont deux
choses distinctes.
Face au besoin impérieux de comprendre les
nombreux et colossaux jeux de données, et de le faire
presque en temps réel, nous nous sommes tournés vers
l’informatique, les réseaux et le stockage pour traiter,
acheminer et conserver la masse phénoménale de données.
Il s’agit d’une extension du processus intellectuel, un
processus très familier dans le monde physique.
Dieu a chassé Adam et Ève du jardin d’Éden en
leur disant « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ».
La première fois où ils ont ramassé un bâton pointu pour se
procurer plus facilement de la nourriture, la technologie était
née. À compter de ce moment, chaque fois que l’humanité a
imaginé un moyen pour se rendre maître des forces
physiques, la civilisation a connu à un relèvement majeur de
sa productivité – le levier, la roue, la voile, le cheval, la
chaudière, le moteur à combustion interne, le réacteur,
l’énergie nuccléaire. À chaque invention, l’humanité a atteint
un niveau supérieur au précédent et la productivité s’en est
trouvée grandement accrue. Si j’avais dû me rendre à
Montréal par mes seuls moyens physiques, j’aurais quitté
Toronto il y a un mois, mais grâce à la puissance du moteur
à réaction, cela ne m’a demandé qu’une heure.
Nous appliquons maintenant cette hausse de
productivité au plan intellectuel. Certains d’entre vous
savent que j’ai travaillé pour SGI pour quelques années. Le
plus puissant ordinateur que Sun, ou Dell, ou HP, ou IBM, ou
moi aurions pu vous vendre à l’époque, et même
maintenant, ne fait rien que vous ne pourriez accomplir
vous-même avec une règle à calcul, beaucoup de papier et
trois ou quatre millénaires. Le calcul à haute performance
permet de traiter une énorme quantité de données et de les
présenter sous une forme qui aide l’être humain à accomplir,
dans des délais raisonnables, ce qui est l’apanage de son
espèce : raisonner. Jamais encore cela ne s’est produit dans
l’histoire de l’humanité. Les générations qui ont précédé la
nôtre ne travaillaient qu’avec les données que le cerveau
humain est en mesure de traiter. Le calcul à haute
performance a abattu l’obstacle de la masse de données
avec laquelle on peut composer. En combinant le calcul à
haute performance avec les plateformes sur réseau, nous
relèverons considérablement la productivité de l’utilisateur
en fusionnant la collecte, la saisie, le traitement, le
stockage, le partage, la reformulation et la réutilisation des
données.
J’ai beaucoup parlé des raisons pour lesquelles
nous avons besoin des plateformes sur réseau. Je vous dirai
maintenant en quoi consiste une telle plateforme en prenant
quelques exemples.
Les plateformes sur réseau sont des plateformes
habituellement destinées à résoudre un problème dans une
discipline donnée ou un problème de recherche
multidisciplinaire. Ces plateformes relient les sources de
données – les capteurs, les instruments, etc.; les outils
servant à traiter ces données, par exemple différentes
méthodes de calcul; les instruments servant à les visualiser;
les appareils qui stockent les données; et les utilisateurs qui,
non seulement travaillent sur les données, mais peuvent
diriger l’expérience à distance et contrôler les appareils
générant les données. Manifestement, ces éléments de la
plateforme sont connectés entre eux par un réseau qui
recourt sans cesse plus au commandement des routes
optiques aménagées par l’utilisateur en périphérie du
réseau.
Soulignons qu’il ne s’agit pas d’un processus
linéaire. On ne suit pas nécessairement le cheminement
production, traitement, stockage, visualisation et
exploitation des données. Plus souvent qu’autrement, il
s’agit d’un processus itératif et circulaire, dans lequel les
composantes n’interviennent pas toujours toutes. Le
processus varie selon les besoins. Ou, pour être plus précis,
en fonction de la question qu’on se pose.
J’ai récemment entendu Dan Reed du Renaissance
Computing Institute de Caroline du Nord déclarer : « Avant,
la réussite supposait une meilleure infrastructure.
Aujourd’hui, ce sont ceux qui posent de meilleures questions
qui connaissent le succès. » Les plateformes sur réseau
permettront de poser les meilleures questions qui soient.
Des questions libres de toute contrainte comme seul le
permet un amalgame de l’imagination humaine et de la
technologie.
Nous disposons déjà de la plupart des éléments
nécessaires aux plateformes sur réseau – appareils,
ordinateurs, réseaux, disques de stockage, machines pour la
visualisation, utilisateurs. Ce qui manque le plus souvent
sont les intergiciels pour tout relier impeccablement et avec
souplesse. De nombreuses équipes de chercheurs dans le
monde s’efforcent de développer et de perfectionner ces
logiciels dans un processus aussi itératif que celui pour
lequel les intergiciels sont conçus. Les meilleurs exemples
sont l’Observatoire virtuel international, le projet Physiome
et ATLAS. Nous y reviendrons plus tard.
Ces dernières années, mon travail au sein de
CANARIE et avec l’Open Grid Forum m’a donné l’occasion
d’assister à des rencontres sur les intergiciels un peu partout
sur la planète. Outre celles sur l’astronomie et la physique
des particules, le Canada y était largement absent.
Les intergiciels qui feront des plateformes sur
réseau une réalité doivent sans aucun doute être élaborés
de concert avec des partenaires de l’étranger. Les
plateformes d’un pays doivent se greffer sans peine aux
plateformes analogues du reste du monde. La chose sera
aisée pour les grands projets scientifiques. Il est clair qu’il
n’y aura qu’un seul grand collisionneur de hadrons sur la
Terre. Parallèlement, il est manifeste que le Canada
comptera plus d’un synchrotron. Nous devons donc élaborer
de concert l’intergiciel qui permettra une exploitation
répartie de ces ressources afin que les normes reposent sur
l’exploitation libre.
Même considérablement plus modestes, les
plateformes sur réseau doivent épouser des normes et
favoriser l’établissement de normes qui garantiront
l’interopérabilité des intergiciels et le partage des
connaissances dans le monde entier.
Le Canada doit redoubler d’efforts pour que ses
découvertes trouvent leur place sur la scène internationale.
Il se peut que notre pays doive d’abord insister sur la
création de communautés d’utilisateurs. Bien que le
Programme des plateformes sur réseau de CANARIE se
concentre directement sur les outils, l’architecture, les
normes et les interfaces qui font partie intégrante de la
plateforme de recherche, indirectement, il attache beaucoup
d’importance à la naissance de la collectivité répartie
d’utilisateurs qui bâtira la plateforme, y compris
l’architecture qui facilitera leur collaboration. La
communauté répartie et les ententes internes régissant les
relations mutuelles portent souvent le nom d’ « organisation
virtuelle ».
Une organisation virtuelle se composera des
éléments que voici : i) la communauté d’utilisateurs
concernée, ii) l’ensemble de ressources privées ou publiques
comme les ordinateurs, les bases de données, les unités de
stockage, etc. que partage la communauté et iii) les
ententes conclues par les membres du groupe au sujet de la
mise en commun et de l’exploitation des ressources (à
savoir, qui a accès à quoi? comment assurera-t-on la
sécurité? quels intergiciels permettront l’interaction uniforme
des membres de l’organisation virtuelle avec les ressources?
etc.). CANARIE exigera sans nul doute que ces organisations
virtuelles s’établissent au Canada et imitent les
organisations virtuelles des autres pays. La découverte s’est
mondialisée. Les activités nationales de développement des
plateformes doivent s’orchestrer avec les efforts analogues
poursuivis ailleurs, et y concourir. L’interopérabilité n’est pas
négociable.
À présent, voyons les plateformes sur réseau en
train d’être élaborées ici et là dans le monde. Certaines sont
déjà extraordinairement complexes; d’autres ne fond que
leurs premiers pas. Examinons quelques plateformes en
développement au Canada. Veuillez noter que, dans chaque
cas, une forme quelconque d’organisation virtuelle a été
mise en place.
Veuillez m’excuser si les diapositives sont en
anglais. Je les ai glanées de divers organismes et le temps
manquait pour les faire traduire, obtenir les autorisations
nécessaires et faire approuver la traduction.
Diaporama
Donc,
Que tout cela signifie-t-il pour une organisation comme RISQ
qui exploite un réseau. Brièvement : que votre importance
n’a jamais été aussi grande! Cependant, pour surmonter les
obstacles que suppose votre mission, vous devrez
impérativement vous allier à d’autres et faire front commun,
qu’il s’agisse d’informaticiens, de chercheurs dans des
domaines pointus, de créateurs d’intergiciels ou
d’exploitants d’appareils et de dispositifs spécialisés.
Sans plateformes sur réseau, on ne découvrira pas
grand-chose au vingt-et-unième siècle et de telles
plateformes ne verront pas le jour sans réseaux comme le
RISQ, eux-mêmes raccordés à des réseaux fédérateurs tel
CANARIE.
Au Québec comme partout ailleurs au Canada, les
réseaux demeurent la composante la mieux développée des
plateformes sur réseau. À nous de faire preuve d’assez de
leadership pour qu’on élabore les plateformes de manière à
procurer capacités et moyens aux chercheurs dont les
besoins précis forgeront les caractéristiques de chacune
d’elle. En tant qu’organismes exploitant un réseau, l’enjeu
est, pour nous, d’attirer l’attention des équipes scientifiques
vers les plateformes sur réseau et le travail déjà fort avancé
dans d’autres pays, puis de les convaincre à travailler de
concert avec nous afin de mettre au point les plateformes
voulues au Canada. Nous devrons aussi éveiller l’intérêt des
organismes publics qui formulent les politiques et
débloquent des fonds en les exhortant à revoir les
mécanismes au moyen desquels ils financent la recherche
pour que la création des plateformes sur réseau bénéficie du
financement adéquat. Le Forum mondial de la science de
l’OCDE a recommandé aux pays membres de l’Organisation
de passer en revue les mécanismes par lesquels ils financent
la découverte dans ce but précis. Au Canada, la création du
Fonds des plateformes nationales par la FCI et du
Programme des plateformes sur réseau par CANARIE sont
un début. Néanmoins, il y a encore beaucoup à faire.
Un autre enjeu interpelle ceux qui font partie des
organisations exploitant un réseau. Cet enjeu n’est pas
nouveau; il ne fait que s’accentuer. Les réseaux étant
parvenus à maturité, devenant plus puissants et gagnant en
fiabilité, les utilisateurs s’attendent maintenant à recevoir
l’équivalent de la commutation numérique mais sur large
bande. De plus en plus de gens jugent le service que nous
leur procurons comme tout à fait naturel. Quand nous avons
entamé les vastes consultations nationales qui ont précédé
le refinancement de CANARIE, plus tôt cette année, chaque
fois que nous avons évoqué la possibilité que CA*net
disparaisse advenant l’absence de financement, la réponse
était toujours : « Ne soyez pas ridicule. Le réseau est là
pour rester. » Vous êtes nombreux à savoir que nous
sommes passés à un cheveu de perdre le réseau national.
Son financement n’a été confirmé que deux semaines avant
la date fatidique. Oubliez qu’il « est là pour rester ».
En servant toujours plus efficacement les
utilisateurs des plateformes sur réseau, nous ne cesserons
de gagner en transparence, car nos organisations – si elles
demeurent indispensables au bon fonctionnement du réseau
– perdront tout contact quotidien avec les utilisateurs, ceuxci prenant le contrôle du réseau en périphérie. Si une telle
délocalisation vers les extrémités est essentielle à une
véritable fonctionnalité, avec elle vient le problème « loin
des yeux, loin du cœur ». En nous retirant techniquement de
plus en plus dans les coulisses, nous devrons veiller, en tant
qu’organisation, à illustrer davantage que nous sommes les
vrais artisans derrière l’érection des nouvelles
infrastructures de la découverte.
Nous pouvons nous attaquer à ces enjeux et nous
le ferons. La chose sera d’autant plus aisée si CANARIE et
les RORE continuent de travailler avec autant d’efficacité et
d’esprit d’équipe que dans le passé. Les récents
perfectionnements entrepris par RISQ, ORION et CANARIE
pour rehausser le réseau dans les provinces centrales et
introduire la technologie ROADM illustrent parfaitement ce
que nous devons réaliser en tandem.
Le financement de CANARIE a été reconduit
jusqu’en 2012. Notre objectif est assurément de faire en
sorte qu’avant cette date, nous contribuions avec tant de
succès à la création des plateformes sur réseau canadiennes
pour la recherche, pour l’administration publique et pour
l’industrie qu’on saisira sans peine et soutiendra largement
la place des réseaux nationaux et l’apport capital des
réseaux régionaux. CANARIE, RISQ et les autres RORE y
parviendront en s’unissant.
Merci de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à
vous ce matin.