permalandes - La graine des forges
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PERMALANDES Potentiel économique d'une production maraîchère basée sur les principes de la permaculture. Rapport rédigé par Jonathan Fournier Pour l'association La graine des forges Novembre 2015 2 REMERCIEMENTS Bien qu'il reste encore de nombreux obstacles à franchir avant que nous puissions concrétiser ce projet, il nous paraît important de remercier les personnes qui de près ou de loin ont favorisé son déroulement jusqu’à aujourd'hui. Nous souhaiterions remercier en premier lieu le conseil municipal de Pontenx-lesForges et particulièrement Mr. Billac, Mr. Rodriguez, Mr Gac et Mr Periat, pour nous avoir soutenus et nous avoir permis de louer une parcelle libre de friche, qui se prête particulièrement bien à l'installation de ce projet PermaLandes. Nous souhaiterions également remercier la petite communauté des maraîchers bios qui produisent aux alentours (Mimizan, Mezos, St julien en Born, Escource, Lue...) pour leur accueil simple et chaleureux, pour leurs conseils et leur bienveillance. Un grand merci également à tous ces agriculteurs et/ou ces jardiniers passionnés rencontrés « en chemin » et qui, en m’accueillant dans leur univers pour quelques minutes ou quelques mois, m'ont permis d'affiner et de développer mon projet agricole chaque jour un peu plus : Philippe pépiniériste exotique de fruitiers tropicaux à Taravao (Tahiti), Patrick et Kader de l'agence Chappa à St Julien-du-Serre (Ardèche), Olivier et Emilie des Jardins d'Isana à Gourdon (Ardèche), l'association Savoirs de Terroir à Mirabelle (Ardèche), Véro horticultrice à Trébons (Hautes Pyrénées), l'équipe de la ferme de la Coume à Banios (Hautes Pyrénées), les Barthélémy de Vivre en Liens à Esconnets (Hautes Pyrénées), Cédric et Yan de Vie d'estive à Baudéan (Hautes Pyrénées), Jérome Duguet à Bazordan (Hautes Pyrénées), Richard d'Imagine un Colibri à Marsac (Charente), Thierry et Marie, agriculteurs bios à l'Ermitage (Mayenne), Noël des 8 Scaroles à Argentré (Mayenne), les cousins Germain et Quentin et le tonton Dominique de Vaiges (Mayenne), mes deux grands-mères anciennes agricultrices en Mayenne et mes parents qui le furent pendant un temps également. Et bien sûr, un grand merci à mes compagnons fondateurs de l'association La graine des forges : Anaïs, Cédric et Stéphanie. Merci à tous et à très bientôt pour une visite de cette micro-exploitation expérimentale et innovante ! 3 SOMMAIRE 1 – CONTEXTE AGRICOLE............................................................................................................ 5 2 - PROBLÉMATIQUE.................................................................................................................... 6 3 - LA PERMACULTURE : CONCEPTS ET APPLICATIONS..................................................7 3 - 1 Principes de la permaculture.......................................................................................7 3 - 2 Permaculture et maraîchage........................................................................................8 3 - 3 La ferme expérimentale du Bec Hellouin...................................................................9 4 – NOTRE PROJET PERMALANDES........................................................................................11 4 - 1 Objectifs....................................................................................................................11 4 - 2 Paramètres mesurés au cours de l'expérimentation...................................................11 4 – 3 Coût du projet...........................................................................................................12 4 - 4 Organisation globale de l'exploitation expérimentale...............................................13 4 - 5 Structure des buttes de culture auto-fertiles..............................................................15 4 - 6 Plan d'assolement et rotation des cultures.................................................................17 4 - 7 Estimation de production..........................................................................................18 5 - CONCLUSION.......................................................................................................................... 21 4 1 – CONTEXTE AGRICOLE A l'heure actuelle, notre système agricole est clairement dominé par la logique exclusivement financière de quelques enseignes de la grande distribution et de quelques multinationales de l'agrochimie et de l'agroalimentaire. Les grands groupes spécialisés dans la production de pesticides et d'engrais chimiques exercent un lobbying intense auprès des agriculteurs et des institutions nationales et européennes. Les grandes entreprises spécialisées dans la production de la nourriture industrielle et dans sa commercialisation offrent les prix les plus bas possibles aux consommateurs. Ces stratégies commerciales ont permis à ce système de production et de commercialisation de bénéficier d'une grande popularité auprès de la plupart des agriculteurs, des consommateurs et des institutions politiques nationales. Cependant, malgré cette pression commerciale intense, un nombre croissant de consommateurs et d'agriculteurs prennent conscience que la diffusion massive de pesticides et d'engrais chimiques a des conséquences particulièrement néfastes sur notre santé et sur notre environnement. L'émergence d'un nouveau mode de production et d'un nouveau système de distribution des produits alimentaires, plus respectueux des consommateurs et de la biodiversité, semble donc inévitable dans les décennies à venir. 5 2 - PROBLÉMATIQUE De par son éthique environnementale et son approche globale des contraintes agronomiques et sociales, la permaculture apparaît comme une alternative crédible au système de production agricole actuel. Cependant, le peu de références « scientifiques » qui abordent ce thème fait que la permaculture ne rencontre pour l'instant qu'un intérêt limité de la part des professionnels et des institutions. Notre objectif est donc d'apporter une preuve supplémentaire de la rentabilité économique, sociale et environnementale de ce mode de production en créant une micro-ferme expérimentale de 5 000 m² sur la commune de Pontenx- les-Forges dans le département des Landes. Dans ce rapport, nous commençons par vous présenter les principes théoriques et pratiques de la permaculture. Nous vous proposons ensuite un résumé des principaux résultats d'une étude de trois ans sur le potentiel économique de la permaculture, pilotée par l'INRA (l'Institut National de la Recherche Agronomique) et réalisée à la ferme du Bec Hellouin (en Normandie). Enfin, nous vous présentons en détail les différents aspects de ce projet PermaLandes : les objectifs que nous nous sommes fixés, l'investissement nécessaire pour mettre en place cette micro-ferme expérimentale et les résultats que nous attendons de cette expérimentation. Nous abordons également des aspects plus techniques comme l'organisation de l'exploitation, la structure des différents types de buttes que nous souhaitons tester, la répartition des différentes espèces de légumes sur ces buttes, la rotation des cultures et nous terminons par une estimation de la production potentielle de ces buttes de culture. 6 3 - LA PERMACULTURE : CONCEPTS ET APPLICATIONS 3 - 1 Principes de la permaculture D'un point de vue philosophique, la permaculture cherche à s'inspirer des contraintes pédoclimatiques locales ainsi que des flux d'énergie et de matière observés dans l'écosystème afin de créer un espace de vie productif, confortable et respectueux de l'environnement naturel. Cette vision globale peut être adaptée à la résolution de problématiques couvrant de nombreux domaines à des échelles plus ou moins grandes : agriculture, habitat, urbanisme, politique...etc Plus concrètement, la permaculture est un mode d'agir guidé par 3 valeurs fondamentales extrêmement simples : - prendre soin de la nature (le sol, la forêt, l'eau, la faune sauvage) - prendre soin de l'humain ( soi-même, la communauté, les générations futures) - créer l'abondance et la redistribuer Figure 1 : Schéma représentant les différents domaines d'action de la permaculture. Source : http://www.clearskyfarm.com 7 3 - 2 Permaculture et maraîchage Dans le domaine agricole, c'est une démarche d'ingénierie de l'écosystème qui vise à optimiser le potentiel de production naturelle d'un espace sans utiliser aucun traitement chimique ni aucun engrais minéral ainsi qu'en limitant au strict minimum l'utilisation d'énergie (pétrole, électricité) et le temps passé à l'entretien des cultures. Concrètement, la permaculture associe une multitude de techniques permettant d'améliorer la productivité et la fertilité naturelles d'une parcelle par : - la construction de buttes de culture « auto-fertiles » - l'utilisation de différents types de paillage afin de limiter les besoins en eau et de conserver en permanence un sol vivant et fertile - des cultures multi-spécifiques tenant compte des éventuelles interactions bénéfiques entre les plantes - des rotations culturales comprenant une ou plusieurs cultures d'engrais verts et de plantes mellifères - la plantation d'arbres, la conservation de taillis, de tas de bois et d'autres habitats qui permettent l'installation sur l'exploitation de la plus grande biodiversité possible - la conservation au sein de l'exploitation d'un espace naturel et sauvage Appliquer ces quelques techniques permet d'obtenir un agrosystème extrêmement rentable économiquement car : - la diversité des espèces cultivées, la rotation des cultures ainsi que l'installation d'une faune diversifiée permettent de limiter l'impact des pullulations de ravageurs sur la récolte et de supprimer les dépenses liées à l'utilisation des pesticides, - les buttes de culture et l'entretien d'un paillage permanent offrent les conditions idéales au développement d'une microfaune du sol extrêmement diversifiée permettant d'assurer sa fertilité et d'obtenir des rendements élevés sur le long terme. Les avantages de ces pratiques agroforestières en terme de durabilité environnementale, d'économie d'énergie et de productivité agricole ont été prouvés scientifiquement par de nombreux auteurs. 8 Figure 2 : Les éléments organiques incorporés dans une butte de culture auto-fertile ainsi que la diversité des plantes potagères qui y sont cultivées permettent d'obtenir des rendements élevés sans utiliser ni pesticides ni engrais chimiques. Source : http://www.radio-londres.org 3 - 3 La ferme expérimentale du Bec Hellouin Un projet d'une durée de trois années concernant « l'évaluation des performances économiques du maraîchage biologique permaculturel » a été piloté par l'INRA (l'Institut National de la Recherche Agronomique) et réalisé à la ferme du Bec Hellouin. Les résultats de cette étude montrent qu' « il est clairement possible de tirer un revenu très correct de ce type de maraîchage, pratiqué essentiellement manuellement sur de petites surfaces » et que « la viabilité économique dépendra non seulement de la performance de la production mais aussi des choix entrepreneuriaux du maraîcher ». Cette expérimentation montre également que lorsqu'une parcelle de 1000 m² est exploitée de façon optimale, la charge de travail équivaut à un emploi à plein temps (1400 heures annuelles) et peut générer un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 000 euros. A cette surface de 1000 m² de culture purement maraîchère il faut ajouter les allées, les haies, la clôture, le verger... ce qui revient à une surface totale d'environ 5000 m². 9 Figure 3 : Vue d'artiste de la ferme expérimentale du Bec Hellouin dont l'activité agricole est basée sur le respect des principes de la permaculture. Source : http://www.fermedubec.com 10 4 – NOTRE PROJET PERMALANDES 4 - 1 Objectifs L'objectif principal de notre projet expérimental est de mesurer la productivité et la rentabilité des buttes de culture auto-fertiles, lorsqu'elles sont installées sur un sol particulièrement pauvre et drainant, représentatif des sols sableux landais. Concrètement, quatre types de buttes seront cultivés pendant quatre années au bout desquelles nous établirons un bilan complet qui nous permettra d'évaluer leur capacité de production. En fonction de l'investissement qui aura été nécessaire pour leur mise en place et pour leur exploitation, nous pourrons déterminer si ces buttes de culture autofertiles sont suffisamment rentables pour être utilisées par des maraîchers professionnels. 4 - 2 Paramètres l'expérimentation mesurés au cours de La rentabilité d'une exploitation maraîchère est conditionnée par : - l'efficacité du temps passé aux cultures ( planification rigoureuse, itinéraires culturaux adaptés au contexte de l'exploitation...) - sa capacité à obtenir des rendements élevés pour chaque culture (choix des variétés, fertilité du sol, humidité du sol, prévention contre les ravageurs et les maladies...) - ses choix entrepreneuriaux (statuts fiscaux et sociaux, stratégie d'embauche, stratégie commerciale....) Bien que les choix entrepreneuriaux puissent influencer considérablement la rentabilité d'une exploitation, ils sont en dehors du champ d'action de cette étude. 11 Afin d'estimer le potentiel économique d'une exploitation maraîchère respectant les valeurs de la permaculture, nos efforts porteront sur l'optimisation de la productivité horaire et sur l'optimisation du rendement des cultures. Pour cela, les actions suivantes seront menées pendant ces quatre années d'expérimentation : - le temps et la nature des travaux effectués seront consignés après chaque action, - la fertilité des buttes sera évaluée 2 fois par an par des analyses chimiques de la composition du sol, - le volume et la nature du paillage installé sur les buttes seront consignés, - le taux d'humidité ainsi que la température du sol seront mesurés en continu par des capteurs, - tous les fruits et légumes seront pesés lors de la récolte, afin d'estimer les rendements obtenus, Ces mesures nous permettront d'établir des indicateurs fiables de la productivité de ces buttes auto-fertiles et de leur rentabilité dans le cadre d'une exploitation maraîchère professionnelle. 4 – 3 Coût du projet Le projet sera porté, mis en place et réalisé par des bénévoles membres de l'association. L'ensemble des aménagements à réaliser pour mettre en place cette exploitation expérimentale représente un investissement total d'environ 45 000 euros (cf tableau 1 ci-dessous). Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget reste relativement modeste. En fonction de la capacité d'investissement dont nous disposerons, nous envisageons de mettre en place ce projet en deux phases. 12 Les aménagements incontournables pour mettre en place une première série de 16 buttes de culture en plein champ représentent un investissement de 30 000 euros. La deuxième phase de ce projet consisterait à installer les 460 m² de serres afin d'abriter les 18 buttes restantes pour un montant de 15 000 euros. Tableau 1: Investissements à réaliser pour mettre en place cette micro-exploitation expérimentale. 13 4 - 4 Organisation expérimentale globale de l'exploitation La parcelle de 5000 m² dédiée à ce projet est louée à la commune de Pontenx-lesForges. Elle est située en zone forestière et bordée d'une ceinture de chênes et d'un fossé de drainage. Ce terrain, de forme carrée a été récemment défriché. Figure 4 : Photo de la parcelle dédiée à ce projet, Pontenx-les-Forges, Mai 2015 Sur cette exploitation expérimentale de 5 000 m², notre objectif est d'installer : - 900 m² de production de légumes répartie sur 32 buttes (dont 300 m² sous serres) - 250 m linéaires de production fruitière (équivalant à environ 700 m² de verger) - 600 m² d'allées entre les buttes -1000 m² de bordure nécessaire à l'entretien du fossé - 2200 m² dédiés à la production de paillage et à l'installation de différents types d'habitats permettant d'héberger une faune et une flore diversifiées. 14 Figure 5: Organisation globale de la parcelle expérimentale. En blanc, les planches de culture témoins, en gris les buttes enrichies en BRF, en noir les buttes enrichies en divers matériaux d'origine organique ou minérale. Le premier objectif de ce projet est de rendre cet espace productif. Il est donc primordial d'assurer un accès rapide et facile à chacune des zones de production. Par la suite, nous espérons que ce projet constituera également une vitrine du potentiel agronomique de la permaculture ainsi qu'un lieu de sensibilisation aux problématiques environnementales actuelles. L'organisation globale de cette parcelle a donc été fixée dans le but de créer à la fois une exploitation ergonomique et un lieu de visite esthétique. Pour l'aspect esthétique, nous avons disposé les serres de 60 m² en ovale afin de reproduire la forme d'une graine. Puis nous avons organisé les serres de 20 m² en épi symbolisant un germe. L'objectif étant de créer une forme de graine qui germe, une graine des forges ! Les buttes de plein champ ont ensuite été réparties autour de cette « graine » en trois zones distinctes : au nord, au sud et à l'est. 15 Une clôture protège des chevreuils et des sangliers l'ensemble de la surface cultivée. Contre cette clôture nous installerons une haie diversifiée composée pour moitié d’essences fruitières. Cette haie permettra à la fois de limiter l'impact du vent sur les cultures, de proposer un habitat supplémentaire à la faune sauvage, de produire chaque année du broyat végétal et enfin de compléter la production de légumes par une petite production de fruits. 4 - 5 Structure des buttes de culture auto-fertiles Différents types de matériaux peuvent être incorporés dans ces buttes de culture : du bois en décomposition, des végétaux broyés, du charbon de bois, des tuiles broyées...etc La structure microscopique et la composition chimique de ces matériaux impactent fortement leur capacité à retenir l'eau et les sels minéraux et à héberger des populations bactériennes ou fongiques. À long terme, leur influence sur la fertilité des buttes de culture est peu connue. Quatre types de buttes de culture seront exploitées au cours de ce projet : - une butte témoin constituée uniquement avec de la terre de la parcelle (Figure 6) - une butte contenant du BRF (bois raméal fragmenté) (Figure 7) - une butte contenant une couche de bois en décomposition et un mélange de végétaux broyés, de charbon de bois et de tuiles broyées (Figure 8) - une butte agroforestière contenant du BRF et qui sera plantée d'arbustes fruitiers et d'arbres ayant la capacité de fixer l'azote atmosphérique (robiniers, aulnes de Corse…) (Figure 9) Au cours de cette expérimentation, 4 buttes de chaque type seront installées en plein champ (16 au total) et 4 buttes de chaque type seront installées sous serre (16 au total). 16 Ces 32 buttes seront fertilisées en surface par un apport de végétaux broyés et par du compost. Un paillage de 10 cm permettra de limiter les besoins en arrosage. Figure 6 : Structure et composition de la planche de culture témoin Figure 7 : Structure et composition d'une butte amendée au BRF Figure 8 : Structure et composition d'une butte amendée avec divers éléments minéraux et organiques (bois en décomposition, BRF, charbon, tuiles concassées…) 17 Figure 9 : Structure et composition d'une butte agroforestière amendée avec du BRF. 4 - 6 Plan d'assolement et rotation des cultures Le plan d'assolement a été réalisé à partir des recommandations éditées par des maraîchers professionnels concernant : - l'espacement nécessaire au bon développement des légumes, - la rotation des différentes familles de légumes - la fertilisation du sol par des inter-cultures d'engrais verts - les interactions bénéfiques ou néfastes entre les espèces Dans le sens de la longueur, chaque butte est divisée en deux parties de 10m. Dans le sens de la largeur, les buttes d'1m50 sont divisées en cinq « bandes » de cultures : une centrale et quatre latérales. Cette organisation est schématisée sur les tableaux 2 et 3 ci-dessous. Une butte est cultivée successivement selon le plan d'assolement du tableau 2 pendant une année et selon le plan d'assolement du tableau 3 l'année d'après. A la fin de chaque saison, une culture d'engrais vert permettra d'assainir et de fertiliser le sol. 18 Tableau 2 et 3: Plan d'assolement d'une butte de culture. Le premier tableau représente la répartition des différents légumes pour une année de culture et le second tableau représente la répartition des différents légumes cultivés l'année suivante. Ail Laitue Carotte Persil Poireau Tomate Laitue Basilic / Ciboulette Oignon Poivron Radis Céleri Cucurbitacées Brassicacées Maïs / Haricot Rame Pomme de Terre Brassicacées Aubergine Céleri Haricot Nain 4 - 7 Estimation de production A partir de ce plan d'assolement et des données éditées par des maraîchers professionnels concernant le rendement des cultures de légumes en plein champ, nous avons estimé le potentiel de production de ces 900 m² de culture sur butte. Deux scénarios de production ont été envisagés : un scénario dans lequel les rendements seraient moyens (par exemple 2 kg de tomates par pied) et un scénario dans lequel les rendements seraient optimaux (par exemple 5 kg de tomates par pied). Puis, à partir de cette estimation de production et des prix de vente pratiqués actuellement sur les marchés bios, nous avons réalisé une estimation des recettes. Les résultats de ces estimations sont récapitulés dans le tableau ci dessous. 19 Tableau 4: Estimation du volume de légumes produits (Prod.) au cours d'une saison pour deux niveaux de rendements (moyen = Rend. Moyen ou optimal = Rend. Max) et estimation de la valeur marchande de la production dans ces deux cas de figure (Valeur MOY ou Valeur MAX). Ces estimations sont réalisées pour la culture de 32 buttes (soit environ 850 m²) en plein champs. En fonction du rendement des cultures, la valeur marchande de la production maraîchère peut varier entre 8 000 euros et 21 000 euros. La première année de production, lors de la mise en route du projet, il est probable que les rendements obtenus soient proches des rendements moyens indiqués dans le tableau ci-dessus. L'amélioration progressive de la structure et de la fertilité du sol ainsi que des itinéraires culturaux devraient permettre de se rapprocher rapidement des rendements optimaux. 20 Cette estimation ne tient pas compte des successions de légumes qu'il est possible d'installer durant une même saison sur une même planche de culture. Ces successions de cultures pourront parfois doubler la production d'une planche. Cette estimation ne tient pas compte non plus des rendements plus élevés qui sont normalement obtenus sous serre. La production de 700 m² de verger est plus difficile à évaluer. La valeur de la marchandise produite serait de l'ordre de 3000 euros par an au minimum, 3 ans après la plantation. Pour une surface de 900 m² de buttes auto-fertiles et de 700 m² de verger, nous pensons qu'il est possible d'atteindre rapidement (dès la troisième année) des rendements convenables et une production maraîchère et fruitière d'une valeur marchande supérieure à 20 000 euros. Les fruits et légumes seront revendus localement soit par l'intermédiaire des maraîchers qui produisent et vendent dans les communes alentours soit en direct aux pontenais. Ces recettes nous permettront de financer les charges d'exploitation de l'année suivante : achat de graines, de plants potagers, de broyats végétaux, de carburant...etc 21 5 - CONCLUSION Ce projet PermaLandes nous permettra d'établir des indicateurs fiables de la productivité des buttes culture auto-fertiles. Ces quatre années de production nous permettront également de mesurer l'investissement financier et le temps nécessaires à l'exploitation de ces buttes. Grâce à l'ensemble de ces paramètres nous pourrons donc déterminer de façon rigoureuse le seuil de rentabilité de ce type de micro-exploitation maraîchère respectant les principes de la permaculture. La création de cette exploitation expérimentale et l'évaluation de sa rentabilité pendant quatre années représentent un investissement estimé à 45 000 euros. Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget reste relativement modeste. Il s'inscrit dans une démarche plus large qui vise à promouvoir des méthodes de production agricoles durables pour l'homme et pour l'environnement. L'intégralité des résultats obtenus lors de cette étude seront diffusés régulièrement par l'intermédiaire de notre site internet. Ils seront donc librement accessibles à tous. Si ce projet vous parle, que notre démarche correspond à vos valeurs et que vous ressentez également ce besoin d'agir pour la préservation de l'environnement, nous espérons que vous prendrez le temps de nous contacter. Votre soutien, quel qu'il soit, nous sera extrêmement précieux. 22 RÉSUMÉ Un système de production agricole respectant les principes de la permaculture constitue une alternative durable pour la préservation de notre environnement naturel et de la biodiversité. Cependant, les preuves « scientifiques » confirmant la rentabilité de ce système sont encore trop peu nombreuses pour que ce mode de production puisse éveiller l'intérêt des institutions nationales et des maraîchers professionnels. L'objectif principal de notre projet expérimental est de mesurer la capacité de production maraîchère des buttes de culture auto-fertiles sur un sol particulièrement pauvre et drainant, représentatif des sols sableux landais. Concrètement, quatre types de buttes auto-fertiles seront cultivées pendant quatre années au bout desquelles nous établirons un bilan complet nous permettant d'évaluer leur productivité. En fonction de l'investissement qui aura été nécessaire pour leur mise en place et leur exploitation, nous pourrons déterminer si ces buttes de culture auto-fertiles sont suffisamment rentables pour être utilisées par des maraîchers professionnels. La création de cette micro-exploitation expérimentale de 5000 m² et l'évaluation de sa rentabilité pendant une période de 4 années représentent un investissement estimé à 45 000 euros. Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget reste relativement modeste. L'intégralité des résultats obtenus lors de cette étude seront diffusés régulièrement par l'intermédiaire de notre site internet (www.lagrainedesforges.fr). Ils seront donc librement accessibles à tous. Si ce projet vous parle, que notre démarche correspond à vos valeurs et que vous ressentez également ce besoin d'agir pour la préservation de l'environnement, nous espérons que vous prendrez le temps de nous contacter. Votre soutien, quel qu'il soit, nous sera extrêmement précieux.