permalandes - La graine des forges

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permalandes - La graine des forges
PERMALANDES
Potentiel économique d'une production maraîchère
basée sur les principes de la permaculture.
Rapport rédigé par Jonathan Fournier
Pour l'association La graine des forges
Novembre 2015
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REMERCIEMENTS
Bien qu'il reste encore de nombreux obstacles à franchir avant que nous puissions
concrétiser ce projet, il nous paraît important de remercier les personnes qui de près
ou de loin ont favorisé son déroulement jusqu’à aujourd'hui.
Nous souhaiterions remercier en premier lieu le conseil municipal de Pontenx-lesForges et particulièrement Mr. Billac, Mr. Rodriguez, Mr Gac et Mr Periat, pour nous
avoir soutenus et nous avoir permis de louer une parcelle libre de friche, qui se prête
particulièrement bien à l'installation de ce projet PermaLandes.
Nous souhaiterions également remercier la petite communauté des maraîchers bios
qui produisent aux alentours (Mimizan, Mezos, St julien en Born, Escource, Lue...) pour
leur accueil simple et chaleureux, pour leurs conseils et leur bienveillance.
Un grand merci également à tous ces agriculteurs et/ou ces jardiniers passionnés
rencontrés « en chemin » et qui, en m’accueillant dans leur univers pour quelques
minutes ou quelques mois, m'ont permis d'affiner et de développer mon projet
agricole chaque jour un peu plus :
Philippe pépiniériste exotique de fruitiers tropicaux à Taravao (Tahiti), Patrick et
Kader de l'agence Chappa à St Julien-du-Serre (Ardèche), Olivier et Emilie des
Jardins d'Isana à Gourdon (Ardèche), l'association Savoirs de Terroir à Mirabelle
(Ardèche), Véro horticultrice à Trébons (Hautes Pyrénées), l'équipe de la ferme de la
Coume à Banios (Hautes Pyrénées), les Barthélémy de Vivre en Liens à Esconnets
(Hautes Pyrénées), Cédric et Yan de Vie d'estive à Baudéan (Hautes Pyrénées),
Jérome Duguet à Bazordan (Hautes Pyrénées), Richard d'Imagine un Colibri à Marsac
(Charente), Thierry et Marie, agriculteurs bios à l'Ermitage (Mayenne), Noël des 8
Scaroles à Argentré (Mayenne), les cousins Germain et Quentin et le tonton
Dominique de Vaiges (Mayenne), mes deux grands-mères anciennes agricultrices en
Mayenne et mes parents qui le furent pendant un temps également.
Et bien sûr, un grand merci à mes compagnons fondateurs de l'association La graine
des forges : Anaïs, Cédric et Stéphanie.
Merci à tous et à très bientôt pour une visite de cette micro-exploitation
expérimentale et innovante !
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SOMMAIRE
1 – CONTEXTE AGRICOLE............................................................................................................ 5
2 - PROBLÉMATIQUE.................................................................................................................... 6
3 - LA PERMACULTURE : CONCEPTS ET APPLICATIONS..................................................7
3 - 1 Principes de la permaculture.......................................................................................7
3 - 2 Permaculture et maraîchage........................................................................................8
3 - 3 La ferme expérimentale du Bec Hellouin...................................................................9
4 – NOTRE PROJET PERMALANDES........................................................................................11
4 - 1 Objectifs....................................................................................................................11
4 - 2 Paramètres mesurés au cours de l'expérimentation...................................................11
4 – 3 Coût du projet...........................................................................................................12
4 - 4 Organisation globale de l'exploitation expérimentale...............................................13
4 - 5 Structure des buttes de culture auto-fertiles..............................................................15
4 - 6 Plan d'assolement et rotation des cultures.................................................................17
4 - 7 Estimation de production..........................................................................................18
5 - CONCLUSION.......................................................................................................................... 21
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1 – CONTEXTE AGRICOLE
A l'heure actuelle, notre système agricole est clairement dominé par la logique
exclusivement financière de quelques enseignes de la grande distribution et de
quelques multinationales de l'agrochimie et de l'agroalimentaire.
Les grands groupes spécialisés dans la production de pesticides et d'engrais
chimiques exercent un lobbying intense auprès des agriculteurs et des institutions
nationales et européennes.
Les grandes entreprises spécialisées dans la production de la nourriture industrielle
et dans sa commercialisation offrent les prix les plus bas possibles aux
consommateurs.
Ces stratégies commerciales ont permis à ce système de production et de
commercialisation de bénéficier d'une grande popularité auprès de la plupart des
agriculteurs, des consommateurs et des institutions politiques nationales.
Cependant, malgré cette pression commerciale intense, un nombre croissant de
consommateurs et d'agriculteurs prennent conscience que la diffusion massive de
pesticides et d'engrais chimiques a des conséquences particulièrement néfastes sur
notre santé et sur notre environnement.
L'émergence d'un nouveau mode de production et d'un nouveau système de
distribution des produits alimentaires, plus respectueux des consommateurs et de la
biodiversité, semble donc inévitable dans les décennies à venir.
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2 - PROBLÉMATIQUE
De par son éthique environnementale et son approche globale des contraintes
agronomiques et sociales, la permaculture apparaît comme une alternative crédible au
système de production agricole actuel.
Cependant, le peu de références « scientifiques » qui abordent ce thème fait que la
permaculture ne rencontre pour l'instant qu'un intérêt limité de la part des
professionnels et des institutions.
Notre objectif est donc d'apporter une preuve supplémentaire de la rentabilité
économique, sociale et environnementale de ce mode de production en créant une
micro-ferme expérimentale de 5 000 m² sur la commune de Pontenx- les-Forges dans
le département des Landes.
Dans ce rapport, nous commençons par vous présenter les principes théoriques et
pratiques de la permaculture.
Nous vous proposons ensuite un résumé des principaux résultats d'une étude de
trois ans sur le potentiel économique de la permaculture, pilotée par l'INRA
(l'Institut National de la Recherche Agronomique) et réalisée à la ferme du Bec
Hellouin (en Normandie).
Enfin, nous vous présentons en détail les différents aspects de ce projet
PermaLandes : les objectifs que nous nous sommes fixés, l'investissement nécessaire
pour mettre en place cette micro-ferme expérimentale et les résultats que nous
attendons de cette expérimentation.
Nous abordons également des aspects plus techniques comme l'organisation de
l'exploitation, la structure des différents types de buttes que nous souhaitons
tester, la répartition des différentes espèces de légumes sur ces buttes, la rotation
des cultures et nous terminons par une estimation de la production potentielle de ces
buttes de culture.
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3 - LA PERMACULTURE : CONCEPTS ET APPLICATIONS
3 - 1 Principes de la permaculture
D'un point de vue philosophique, la permaculture cherche à s'inspirer des
contraintes pédoclimatiques locales ainsi que des flux d'énergie et de matière
observés dans l'écosystème afin de créer un espace de vie productif, confortable et
respectueux de l'environnement naturel.
Cette vision globale peut être adaptée à la résolution de problématiques couvrant de
nombreux domaines à des échelles plus ou moins grandes : agriculture, habitat,
urbanisme, politique...etc
Plus concrètement, la permaculture est un mode d'agir guidé par 3 valeurs
fondamentales extrêmement simples :
- prendre soin de la nature (le sol, la forêt, l'eau, la faune sauvage)
- prendre soin de l'humain ( soi-même, la communauté, les générations futures)
- créer l'abondance et la redistribuer
Figure 1 : Schéma représentant les différents domaines d'action de la permaculture. Source :
http://www.clearskyfarm.com
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3 - 2 Permaculture et maraîchage
Dans le domaine agricole, c'est une démarche d'ingénierie de l'écosystème qui vise
à optimiser le potentiel de production naturelle d'un espace sans utiliser aucun
traitement chimique ni aucun engrais minéral ainsi qu'en limitant au strict minimum
l'utilisation d'énergie (pétrole, électricité) et le temps passé à l'entretien des
cultures.
Concrètement, la permaculture associe une multitude de techniques permettant
d'améliorer la productivité et la fertilité naturelles d'une parcelle par :
- la construction de buttes de culture « auto-fertiles »
- l'utilisation de différents types de paillage afin de limiter les besoins en eau et
de conserver en permanence un sol vivant et fertile
- des cultures multi-spécifiques tenant compte des éventuelles interactions
bénéfiques entre les plantes
- des rotations culturales comprenant une ou plusieurs cultures d'engrais verts et
de plantes mellifères
- la plantation d'arbres, la conservation de taillis, de tas de bois et d'autres
habitats qui permettent l'installation sur l'exploitation de la plus grande
biodiversité possible
- la conservation au sein de l'exploitation d'un espace naturel et sauvage
Appliquer ces quelques techniques permet d'obtenir un agrosystème extrêmement
rentable économiquement car :
- la diversité des espèces cultivées, la rotation des cultures ainsi que
l'installation d'une faune diversifiée permettent de limiter l'impact des
pullulations de ravageurs sur la récolte et de supprimer les dépenses liées à
l'utilisation des pesticides,
- les buttes de culture et l'entretien d'un paillage permanent offrent les
conditions idéales au développement d'une microfaune du sol extrêmement
diversifiée permettant d'assurer sa fertilité et d'obtenir des rendements élevés
sur le long terme.
Les avantages de ces pratiques agroforestières en terme de durabilité
environnementale, d'économie d'énergie et de productivité agricole ont été prouvés
scientifiquement par de nombreux auteurs.
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Figure 2 : Les éléments organiques incorporés dans une butte de culture auto-fertile ainsi que la
diversité des plantes potagères qui y sont cultivées permettent d'obtenir des rendements élevés sans
utiliser ni pesticides ni engrais chimiques. Source : http://www.radio-londres.org
3 - 3 La ferme expérimentale du Bec Hellouin
Un projet d'une durée de trois années concernant « l'évaluation des performances
économiques du maraîchage biologique permaculturel » a été piloté par l'INRA
(l'Institut National de la Recherche Agronomique) et réalisé à la ferme du Bec
Hellouin.
Les résultats de cette étude montrent qu' « il est clairement possible de tirer un
revenu très correct de ce type de maraîchage, pratiqué essentiellement
manuellement sur de petites surfaces » et que « la viabilité économique dépendra
non seulement de la performance de la production mais aussi des choix
entrepreneuriaux du maraîcher ».
Cette expérimentation montre également que lorsqu'une parcelle de 1000 m² est
exploitée de façon optimale, la charge de travail équivaut à un emploi à plein temps
(1400 heures annuelles) et peut générer un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 000
euros.
A cette surface de 1000 m² de culture purement maraîchère il faut ajouter les
allées, les haies, la clôture, le verger... ce qui revient à une surface totale d'environ
5000 m².
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Figure 3 : Vue d'artiste de la ferme expérimentale du Bec Hellouin dont l'activité agricole est
basée sur le respect des principes de la permaculture. Source : http://www.fermedubec.com
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4 – NOTRE PROJET PERMALANDES
4 - 1 Objectifs
L'objectif principal de notre projet expérimental est de mesurer la productivité et
la rentabilité des buttes de culture auto-fertiles, lorsqu'elles sont installées sur un
sol particulièrement pauvre et drainant, représentatif des sols sableux landais.
Concrètement, quatre types de buttes seront cultivés pendant quatre années au
bout desquelles nous établirons un bilan complet qui nous permettra d'évaluer leur
capacité de production.
En fonction de l'investissement qui aura été nécessaire pour leur mise en place et
pour leur exploitation, nous pourrons déterminer si ces buttes de culture autofertiles sont suffisamment rentables pour être utilisées par des maraîchers
professionnels.
4 - 2 Paramètres
l'expérimentation
mesurés
au
cours
de
La rentabilité d'une exploitation maraîchère est conditionnée par :
- l'efficacité du temps passé aux cultures ( planification rigoureuse, itinéraires
culturaux adaptés au contexte de l'exploitation...)
- sa capacité à obtenir des rendements élevés pour chaque culture (choix des
variétés, fertilité du sol, humidité du sol, prévention contre les ravageurs et les
maladies...)
- ses choix entrepreneuriaux (statuts fiscaux et sociaux, stratégie d'embauche,
stratégie commerciale....)
Bien que les choix entrepreneuriaux puissent influencer considérablement la
rentabilité d'une exploitation, ils sont en dehors du champ d'action de cette étude.
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Afin d'estimer le potentiel économique d'une exploitation maraîchère respectant
les valeurs de la permaculture, nos efforts porteront sur l'optimisation de la
productivité horaire et sur l'optimisation du rendement des cultures.
Pour cela, les actions suivantes seront menées pendant ces quatre années
d'expérimentation :
- le temps et la nature des travaux effectués seront consignés après chaque
action,
- la fertilité des buttes sera évaluée 2 fois par an par des analyses chimiques de
la composition du sol,
- le volume et la nature du paillage installé sur les buttes seront consignés,
- le taux d'humidité ainsi que la température du sol seront mesurés en continu
par des capteurs,
- tous les fruits et légumes seront pesés lors de la récolte, afin d'estimer les
rendements obtenus,
Ces mesures nous permettront d'établir des indicateurs fiables de la productivité
de ces buttes auto-fertiles et de leur rentabilité dans le cadre d'une exploitation
maraîchère professionnelle.
4 – 3 Coût du projet
Le projet sera porté, mis en place et réalisé par des bénévoles membres de
l'association.
L'ensemble des aménagements à réaliser pour mettre en place cette exploitation
expérimentale représente un investissement total d'environ 45 000 euros (cf tableau
1 ci-dessous).
Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la
viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget
reste relativement modeste.
En fonction de la capacité d'investissement dont nous disposerons, nous envisageons
de mettre en place ce projet en deux phases.
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Les aménagements incontournables pour mettre en place une première série de 16
buttes de culture en plein champ représentent un investissement de 30 000 euros.
La deuxième phase de ce projet consisterait à installer les 460 m² de serres afin
d'abriter les 18 buttes restantes pour un montant de 15 000 euros.
Tableau 1: Investissements à réaliser pour mettre en place cette micro-exploitation expérimentale.
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4 - 4 Organisation
expérimentale
globale
de
l'exploitation
La parcelle de 5000 m² dédiée à ce projet est louée à la commune de Pontenx-lesForges. Elle est située en zone forestière et bordée d'une ceinture de chênes et d'un
fossé de drainage. Ce terrain, de forme carrée a été récemment défriché.
Figure 4 : Photo de la parcelle dédiée à ce projet, Pontenx-les-Forges, Mai 2015
Sur cette exploitation expérimentale de 5 000 m², notre objectif est d'installer :
- 900 m² de production de légumes répartie sur 32 buttes (dont 300 m² sous
serres)
- 250 m linéaires de production fruitière (équivalant à environ 700 m² de verger)
- 600 m² d'allées entre les buttes
-1000 m² de bordure nécessaire à l'entretien du fossé
- 2200 m² dédiés à la production de paillage et à l'installation de différents
types d'habitats permettant d'héberger une faune et une flore diversifiées.
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Figure 5: Organisation globale de la parcelle expérimentale. En blanc, les planches de culture
témoins, en gris les buttes enrichies en BRF, en noir les buttes enrichies en divers matériaux d'origine
organique ou minérale.
Le premier objectif de ce projet est de rendre cet espace productif. Il est donc
primordial d'assurer un accès rapide et facile à chacune des zones de production.
Par la suite, nous espérons que ce projet constituera également une vitrine du
potentiel agronomique de la permaculture ainsi qu'un lieu de sensibilisation aux
problématiques environnementales actuelles.
L'organisation globale de cette parcelle a donc été fixée dans le but de créer à la
fois une exploitation ergonomique et un lieu de visite esthétique.
Pour l'aspect esthétique, nous avons disposé les serres de 60 m² en ovale afin de
reproduire la forme d'une graine. Puis nous avons organisé les serres de 20 m² en épi
symbolisant un germe. L'objectif étant de créer une forme de graine qui germe, une
graine des forges !
Les buttes de plein champ ont ensuite été réparties autour de cette « graine » en
trois zones distinctes : au nord, au sud et à l'est.
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Une clôture protège des chevreuils et des sangliers l'ensemble de la surface
cultivée. Contre cette clôture nous installerons une haie diversifiée composée pour
moitié d’essences fruitières.
Cette haie permettra à la fois de limiter l'impact du vent sur les cultures, de
proposer un habitat supplémentaire à la faune sauvage, de produire chaque année du
broyat végétal et enfin de compléter la production de légumes par une petite
production de fruits.
4 - 5 Structure des buttes de culture auto-fertiles
Différents types de matériaux peuvent être incorporés dans ces buttes de culture :
du bois en décomposition, des végétaux broyés, du charbon de bois, des tuiles
broyées...etc
La structure microscopique et la composition chimique de ces matériaux impactent
fortement leur capacité à retenir l'eau et les sels minéraux et à héberger des
populations bactériennes ou fongiques. À long terme, leur influence sur la fertilité des
buttes de culture est peu connue.
Quatre types de buttes de culture seront exploitées au cours de ce projet :
- une butte témoin constituée uniquement avec de la terre de la parcelle (Figure
6)
- une butte contenant du BRF (bois raméal fragmenté) (Figure 7)
- une butte contenant une couche de bois en décomposition et un mélange de
végétaux broyés, de charbon de bois et de tuiles broyées (Figure 8)
- une butte agroforestière contenant du BRF et qui sera plantée d'arbustes
fruitiers et d'arbres ayant la capacité de fixer l'azote atmosphérique (robiniers,
aulnes de Corse…) (Figure 9)
Au cours de cette expérimentation, 4 buttes de chaque type seront installées en
plein champ (16 au total) et 4 buttes de chaque type seront installées sous serre (16
au total).
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Ces 32 buttes seront fertilisées en surface par un apport de végétaux broyés et
par du compost. Un paillage de 10 cm permettra de limiter les besoins en arrosage.
Figure 6 : Structure et composition de la planche de culture témoin
Figure 7 : Structure et composition d'une butte amendée au BRF
Figure 8 : Structure et composition d'une butte amendée avec divers éléments minéraux et
organiques (bois en décomposition, BRF, charbon, tuiles concassées…)
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Figure 9 : Structure et composition d'une butte agroforestière amendée avec du BRF.
4 - 6 Plan d'assolement et rotation des cultures
Le plan d'assolement a été réalisé à partir des recommandations éditées par des
maraîchers professionnels concernant :
- l'espacement nécessaire au bon développement des légumes,
- la rotation des différentes familles de légumes
- la fertilisation du sol par des inter-cultures d'engrais verts
- les interactions bénéfiques ou néfastes entre les espèces
Dans le sens de la longueur, chaque butte est divisée en deux parties de 10m. Dans
le sens de la largeur, les buttes d'1m50 sont divisées en cinq « bandes » de cultures :
une centrale et quatre latérales. Cette organisation est schématisée sur les tableaux
2 et 3 ci-dessous.
Une butte est cultivée successivement selon le plan d'assolement du tableau 2
pendant une année et selon le plan d'assolement du tableau 3 l'année d'après.
A la fin de chaque saison, une culture d'engrais vert permettra d'assainir et de
fertiliser le sol.
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Tableau 2 et 3: Plan d'assolement d'une butte de culture. Le premier tableau représente la
répartition des différents légumes pour une année de culture et le second tableau représente la
répartition des différents légumes cultivés l'année suivante.
Ail
Laitue
Carotte
Persil
Poireau
Tomate
Laitue
Basilic / Ciboulette
Oignon
Poivron
Radis
Céleri
Cucurbitacées
Brassicacées
Maïs / Haricot Rame
Pomme de Terre
Brassicacées
Aubergine
Céleri
Haricot Nain
4 - 7 Estimation de production
A partir de ce plan d'assolement et des données éditées par des maraîchers
professionnels concernant le rendement des cultures de légumes en plein champ, nous
avons estimé le potentiel de production de ces 900 m² de culture sur butte.
Deux scénarios de production ont été envisagés : un scénario dans lequel les
rendements seraient moyens (par exemple 2 kg de tomates par pied) et un scénario
dans lequel les rendements seraient optimaux (par exemple 5 kg de tomates par pied).
Puis, à partir de cette estimation de production et des prix de vente pratiqués
actuellement sur les marchés bios, nous avons réalisé une estimation des recettes.
Les résultats de ces estimations sont récapitulés dans le tableau ci dessous.
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Tableau 4: Estimation du volume de légumes produits (Prod.) au cours d'une saison pour deux
niveaux de rendements (moyen = Rend. Moyen ou optimal = Rend. Max) et estimation de la valeur
marchande de la production dans ces deux cas de figure (Valeur MOY ou Valeur MAX). Ces estimations
sont réalisées pour la culture de 32 buttes (soit environ 850 m²) en plein champs.
En fonction du rendement des cultures, la valeur marchande de la production
maraîchère peut varier entre 8 000 euros et 21 000 euros.
La première année de production, lors de la mise en route du projet, il est probable
que les rendements obtenus soient proches des rendements moyens indiqués dans le
tableau ci-dessus.
L'amélioration progressive de la structure et de la fertilité du sol ainsi que des
itinéraires culturaux devraient permettre de se rapprocher rapidement des
rendements optimaux.
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Cette estimation ne tient pas compte des successions de légumes qu'il est possible
d'installer durant une même saison sur une même planche de culture. Ces successions
de cultures pourront parfois doubler la production d'une planche.
Cette estimation ne tient pas compte non plus des rendements plus élevés qui sont
normalement obtenus sous serre.
La production de 700 m² de verger est plus difficile à évaluer. La valeur de la
marchandise produite serait de l'ordre de 3000 euros par an au minimum, 3 ans après
la plantation.
Pour une surface de 900 m² de buttes auto-fertiles et de 700 m² de verger, nous
pensons qu'il est possible d'atteindre rapidement (dès la troisième année) des
rendements convenables et une production maraîchère et fruitière d'une valeur
marchande supérieure à 20 000 euros.
Les fruits et légumes seront revendus localement soit par l'intermédiaire des
maraîchers qui produisent et vendent dans les communes alentours soit en direct aux
pontenais.
Ces recettes nous permettront de financer les charges d'exploitation de l'année
suivante : achat de graines, de plants potagers, de broyats végétaux, de
carburant...etc
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5 - CONCLUSION
Ce projet PermaLandes nous permettra d'établir des indicateurs fiables de la
productivité des buttes culture auto-fertiles.
Ces quatre années de production nous permettront également de mesurer
l'investissement financier et le temps nécessaires à l'exploitation de ces buttes.
Grâce à l'ensemble de ces paramètres nous pourrons donc déterminer de façon
rigoureuse le seuil de rentabilité de ce type de micro-exploitation maraîchère
respectant les principes de la permaculture.
La création de cette exploitation expérimentale et l'évaluation de sa rentabilité
pendant quatre années représentent un investissement estimé à 45 000 euros.
Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la
viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget
reste relativement modeste.
Il s'inscrit dans une démarche plus large qui vise à promouvoir des méthodes de
production agricoles durables pour l'homme et pour l'environnement.
L'intégralité des résultats obtenus lors de cette étude seront diffusés
régulièrement par l'intermédiaire de notre site internet. Ils seront donc librement
accessibles à tous.
Si ce projet vous parle, que notre démarche correspond à vos valeurs et que vous
ressentez également ce besoin d'agir pour la préservation de l'environnement, nous
espérons que vous prendrez le temps de nous contacter.
Votre soutien, quel qu'il soit, nous sera extrêmement précieux.
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RÉSUMÉ
Un système de production agricole respectant les principes de la permaculture
constitue une alternative durable pour la préservation de notre environnement naturel
et de la biodiversité.
Cependant, les preuves « scientifiques » confirmant la rentabilité de ce système
sont encore trop peu nombreuses pour que ce mode de production puisse éveiller
l'intérêt des institutions nationales et des maraîchers professionnels.
L'objectif principal de notre projet expérimental est de mesurer la capacité de
production maraîchère des buttes de culture auto-fertiles sur un sol particulièrement
pauvre et drainant, représentatif des sols sableux landais.
Concrètement, quatre types de buttes auto-fertiles seront cultivées pendant
quatre années au bout desquelles nous établirons un bilan complet nous permettant
d'évaluer leur productivité.
En fonction de l'investissement qui aura été nécessaire pour leur mise en place et
leur exploitation, nous pourrons déterminer si ces buttes de culture auto-fertiles
sont suffisamment rentables pour être utilisées par des maraîchers professionnels.
La création de cette micro-exploitation expérimentale de 5000 m² et l'évaluation
de sa rentabilité pendant une période de 4 années représentent un investissement
estimé à 45 000 euros.
Pour un projet de recherche et de développement qui permettrait de valider la
viabilité économique et sociale d'un mode de production agricole alternatif, ce budget
reste relativement modeste.
L'intégralité des résultats obtenus lors de cette étude seront diffusés
régulièrement par l'intermédiaire de notre site internet (www.lagrainedesforges.fr).
Ils seront donc librement accessibles à tous.
Si ce projet vous parle, que notre démarche correspond à vos valeurs et que vous
ressentez également ce besoin d'agir pour la préservation de l'environnement, nous
espérons que vous prendrez le temps de nous contacter. Votre soutien, quel qu'il soit,
nous sera extrêmement précieux.

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