Le Grand Bleu change de peau

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Le Grand Bleu change de peau
Le Grand Bleu change de peau
Le camping le Grand Bleu de Chenoua Plage, à l’ouest de Tipasa, qui existe depuis 1996, va
bientôt changer de visage. «Je suis très proche de mes clients. à travers leurs remarques, j’ai
eu l’idée de proposer un projet d’investissement.
Il y aura une transformation sur la même assiette foncière. Au lieu d’un camping, il y aura un
village touristique», nous explique Mohamed Barki, directeur général du Grand Bleu.
Le futur village sera composé d’un hôtel de 280 lits, de 120 apparts-hôtel (entre F3 et F1), de 6
résidences touristiques, d’un théâtre de plein air, de restaurants, de cafétérias, d’une terrasse
jardin pour le thé, de terrains combinés de sports, un quai sur pilotis (pour les bateaux de
plaisance et les jet-skis) et 4 piscines. «Après une expérience importante sur le terrain, nous
nous sommes rendus compte qu’il fallait créer une piscine spéciale pour femmes en plus des
piscines mixtes et celle destinée aux enfants. Il y a des clients qui veulent l’intimité. Le tourisme,
c’est quoi ? C’est mettre à l’aise les gens. Il faut diversifier le produit comme cela existe au
Maroc et en Tunisie, d’où notre choix de construire plusieurs piscines par respect aux clients.
C’est un projet destiné aux familles. Nous n’allons pas servir de boissons alcoolisées», explique
le promoteur du projet.
Le futur hôtel devrait être classé 4 étoiles en raison de l’absence des boissons alcoolisées.
«Peu importe pour nous les étoiles, l’essentiel est que le client soit satisfait. Les prix seront
adaptés au produit. Cela dit, nous ne serons pas extrémistes dans nos tarifs. C’est la
particularité du Grand Bleu», dit-il.Le village touristique sera également doté de plusieurs salles
de conférences pour les séminaires et les programmes de formation. Des salles modulables
pour une utilisation optimale. Selon Mohamed Barki, le futur village sera ouvert à longueur
d’année. Pas uniquement en saison estivale.
Ambition affichée
«Nous serons ouverts pour les organisateurs de formations, pour les sportifs et pour la remise
en forme. Nous aurons un centre de remise en forme par l’eau de mer. Ce n’est pas de la
thalassothérapie, car cela nécessite beaucoup de moyens. Créer un centre de thalasso sera
compliqué et, en plus, ne sera pas compétitif par rapport à celui de Sidi Fredj. Ce centre
appartient à l’Etat et les prix sont fixes», souligne-t-il précisant que les clients peuvent se
déplacer pour y passer un week-end. Le projet Grand Bleu est étudié, selon lui, par rapport à la
demande locale. «Les clients étrangers sont bien entendu les bienvenus. Mais, pour être
raisonnable, c’est d’abord destiné aux touristes nationaux. Il y a deux millions d’Algériens qui
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partent passer des vacances à l’étranger chaque année. Pourquoi ne pas convaincre une partie
d’entre eux de venir ici en lui proposant un bon produit ?» estime-t-il.
Cette stratégie peut, d’après lui, persuader des étrangers à venir passer des vacances en
Algérie. «L’étranger viendra lorsqu’il verra que l’Algérien est satisfait par les services proposés
localement. Il ne viendra pas tant qu’il verra que l’Algérien passe hors frontières pour les
vacances. C’est une question de logique (…) Actuellement, les Turcs étudient la demande du
client algérien pour mieux l’attirer chez eux alors que la Turquie ne manque pas de touristes»,
insiste-t-il. A ses yeux, la promotion dans les salons internationaux de tourisme ne suffit pas. La
priorité doit d’abord être donnée aux produits proposés.
«L’Etat a donné tous les encouragements mais il est important de trouver une solution au
problème lié au coût élevé de la valeur vénale par mètre carré. Cela paraît comme un blocage à
l’encouragement du tourisme en Algérie et à ceux qui veulent lancer des investissements. Il y a
des abattements qui ont été introduits dans la loi de finances complémentaire 2011», relève-t-il.
Ces abattements sont fixés à trois ans pour la phase réalisation et trois pour la phase
exploitation.«C’est insuffisant. L’assiette qui a été attribuée au Grand Bleu est d’une valeur de
100 milliards de centimes. Je dois payer chaque année 4,1 milliards de centimes. Je paye toute
la somme en 25 ans. En tant que locataire, cela me coûte plus qu’en tant que propriétaire. La
concession est de 99 ans. En plus, chaque onze ans, les prix sont révisés. Normalement, cette
révision doit être soit à la baisse, soit à la hausse. En Algérie, la révision des prix est toujours à
la hausse», analyse Mohamed Barki.
Surmonter les blocages
Selon lui, l’investissement touristique ne peut pas être assimilé à la promotion immobilière. La
valeur vénale est estimée à 30 000 DA pour le mètre carré. «La somme locative du terrain est
un véritable fardeau surtout que pour rentabiliser un projet touristique, il faut au minimum
quinze à vingt ans. A mon avis, cette valeur ne doit pas dépasser les 10 000 DA pour être
supportable», relève-t-il. Mohamed Barki confie qu’il se lance dans l’aventure malgré les
difficultés. «Il faut aussi être professionnel et ne pas penser uniquement qu’à l’argent», note-t-il.
Le projet sera financé par un crédit bancaire. Il faut donc rentabiliser le projet pour pouvoir
rembourser le crédit. «Je veux prouver à travers ce projet que les Algériens professionnels
peuvent faire beaucoup de choses puis que le financement, le bureau d’études et l’investisseur
sont des Algériens», lance le promoteur.
Mohamed Barki a déjà reçu l’acte de concession et le permis de construire. «Le wali de Tipasa
est convaincu par ce projet, l’administration a suivi. Nous sommes en contact avec la banque.
Reste le choix de l’entreprise. Si tout va bien, le chantier sera lancé dès le début 2012. Le délai
d’exécution va de trois à quatre ans. Cette durée est expliquée par le fait de l’existence d’un
camping. Nous ne voulons pas perturber le fonctionnement de ce camping. La réalisation du
projet sera graduelle, une opération tiroir. L’activité du village va de 0 et tend vers 100 alors que
celle du camping va passer doucement de 100 à 0», précise-t-il. Les clients habituels du
camping Grand Bleu ont émis des craintes mais ont été assurés par Mohamed Barki de la
poursuite des activités même la saison prochaine qui sera également courte en raison du mois
du Ramadhan. «Libre à ceux qui veulent passer le Ramadhan de la faire ici», a-t-il dit lors d’une
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rencontre avec les estivants fin juillet 2011.
Sous l'aimable autorisation de Fayçal Métaoui
Source El Watan Edition du 16 Aout 2011
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