la lutte integree sous abri - Chambres d`Agriculture d`Ile-de

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la lutte integree sous abri - Chambres d`Agriculture d`Ile-de
LUTTE INTEGREE SOUS ABRI
Face à une réglementation de plus en plus stricte, quant à l’emploi de produits
phytosanitaires, et confrontée aux exigences du consommateur, le maraîcher peut se
tourner vers la lutte intégrée.
La lutte intégrée est basée sur une combinaison de mesures biologiques et chimiques (à
ne pas confondre avec l’agriculture biologique qui interdit toute utilisation de produits
chimiques). Elle consiste à employer des insectes auxiliaires, prédateurs ou parasites,
pour lutter contre les insectes ravageurs (pucerons, aleurodes, thrips, acariens,
mineuses, etc.).
Actuellement, la lutte intégrée se développe et se pratique dans les cultures sous abri (aubergines,
concombres, tomates, poivrons, haricots, fraises...).
A chaque parasite rencontré sur ces différentes espèces correspond un prédateur naturel. La
réussite de cette technique de lutte repose sur le respect d’un certain nombre de précautions.
L’observation régulière des cultures, le choix du prédateur en fonction du parasite à combattre, le
respect de la technique de lâcher, l’adaptation de la conduite climatique des serres sont les
principales conditions à respecter.
Mode d’emploi des principaux prédateurs utilisés (Voir tableaux pages suivantes).
 EXEMPLE DE LUTTE BIOLOGIQUE CONTRE LES ACARIENS
Les araignées, dont l’espèce la plus rencontrée est le tetranychus urticae, font parties des
ravageurs les plus nuisibles dans les cultures légumières sous abri. Les tetranychus urticae se
nourrissent généralement sur la surface inférieure des feuilles. La face supérieure de la feuille
prend alors un aspect tacheté jaune. En cas d’attaque sévère, la plante sera enveloppée par des fils
de soie, ce qui rend les fruits invendables.
Phytoseiulus persimilis peut être utilisé comme prédateur naturel des araignées. Cet acarien
prédateur consomme tous les stades des araignées nuisibles. C’est un «chasseur» qui aspire les
tétranychus (œufs et formes mobiles). Ce prédateur aura plus un rôle curatif.
Concrètement, le prédateur est livré dans des tubes avec de la vermiculite comme support à
distribuer uniformément sur toute la culture.
Les quantités à lâcher dépendront en fait du niveau d’attaque :
 Environ 4 phytoseiulus/m2 en cas de faibles attaques. Un deuxième lâcher peut être répété si
besoin et à 2 semaines d’intervalle.
 Dans les foyers : faire un lâcher sur le foyer de 10 à 20 phytoseiulus/m2.
Neoseilus californicus utilisé également a plus un rôle préventif c’est-à-dire intérêt d’introduire ce
prédateur tôt en préventif à des doses correctes pour contrer les populations d’acariens
tétranychus.
Concrètement, le prédateur est livré en sachet avec un minimum de 1 000 individus/sachet avec
une diffusion annoncée sur 6 semaines.
Les quantités sont à affiner avec le technicien selon la pression de l’année.
Stratégie /dose
Concombre
Stade cultural de lâcher
après plantation
Dose moyenne
(à affiner selon pression)
Fruits rouges
Aubergine
1 semaine avant début
à la floraison
floraison
1 sachet/3 plantes
1 sachet/2 mL
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1 sachet/3 m²
poivron
à la floraison
1 sachet/4 m²
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La combinaison des deux prédateurs (Neoseiulus et Phytoseiulus) permet d’avoir une bonne
complémentarité avec NEOSEIULUS permettant d’avoir une bonne performance en traitement de
fond généralisé sur la culture et PHYTOSEIULUS avec une action plus curative sur foyer.
Remarque : La gestion climatique des serres joue un rôle très important dans la lutte contre les
acariens. Les chutes importantes d’hygrométrie favorisent le développement de ce parasite et
rendent impossible l’installation du phytoseiulus. La réalisation des lâchers de prédateurs seule,
sans tenir compte du climat de la serre conduit à l’échec.

EXEMPLE DE LUTTE BIOLOGIQUE CONTRE LES PUCERONS
Des sommets végétatifs (ou apex) piqués par les pucerons peuvent conduire à l’arrêt de la
croissance comme sur le concombre. Les pucerons sécrètent de grandes quantités de liquide sucré
appelé miellat, qui entraîne un développement important de moisissures sur les feuilles et les
fruits, dégradant ainsi la culture. Les pucerons peuvent être aussi vecteurs de virus.
Le choix des auxiliaires à introduire se fait en fonction de l’espèce du puceron.
Ainsi, par exemple, Aphidius Colemani parasite Myzus Persicae (le puceron vert) est un
hyménoptère parasite, efficace non seulement sur les colonies de pucerons mais aussi sur les
individus isolés.
Aphidius Colemani parasite les pucerons en y pondant un œuf à l’intérieur. Il restera du puceron
une momie beige avec un trou circulaire par lequel un nouvel hyménoptère sortira. L’œuf pondu se
développera sur les réserves du puceron qui dans un premier temps s’affaiblira et finira par mourir.

EXEMPLE DE LUTTE BIOLOGIQUE CONTRE LES ALEURODES
L’aleurode est un parasite pouvant provoquer d’importants dégâts en culture sous serre.
L’utilisation des encarsias et des eretmocerus est largement pratiquée et assure, dans l’ensemble,
un assez bon contrôle des populations.
Cas particulier de l’utilisation des MACROLOPHUS (préconisé uniquement en cultures de
tomates).
Le macrolophus est aussi un prédateur de l’aleurode utilisé en association avec les encarsias et les
eretmocerus.
L’utilisation du macrolophus présente cependant, un certain nombre de contraintes dont les
principales sont les suivantes :

très lent pour son installation.

respect de consignes
hygrométrie…).

le lâcher d’un autre prédateur en complément est indispensable en début de saison face à la
durée d’installation (des macrolophus) qui est de 10 à 12 semaines.

réduction au strict minimum du nombre des interventions chimiques (même fongicides).

nécessité de "nourrir" les macrolophus pour faciliter leur installation.
précises
en
matière
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de
conduite
climatique
(température,
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Remarques
Les lâchers de macrolophus peuvent se faire dès la pépinière sur jeunes plants et ceci dans
l’objectif :

d’accélérer l’installation des prédateurs pendant les conditions climatiques plus favorables
du début de culture.

d’avoir un niveau de population plus élevé et mieux réparti dans la serre.

à basse température macrolophus se développe très lentement.
Cas de l’utilisation de encarsia formosa + eretmocerus eremicus (hyménoptères parasitoïdes)
petites guêpes.
Stratégies et doses moyennes préconisées par le fournisseur :

ENERMIX (encarsia+ eretmocerus).
Stratégie/dose
Dose
Unité en m²
Fréquence
Préventif
3 individus/m²
1 000
3 à 6 lâchers à 15 jours
d’intervalle

SWIRSKI-MITE PLUS (amblyseius swirskii) : conditionnement sachets en papier avec
crochets. Effet plutôt préventif.

amblyseius swirskii (acarien prédateur) : Cible : jeunes larves de diverses espèces de
thrips.

oeufs et larves d’aleurodes peuvent être utilisés dans les cultures de poivrons, concombres,
aubergines.

SWIRSKI-MITE (amblyseius swirskii).

conditionnement flacon de 500 ml .Effet Choc (préventif).
UTILISATION DES INSECTICIDES EN PRODUCTION INTEGREE
La conduite des cultures en production biologique intégrée n’interdit pas l’utilisation des
insecticides à condition de choisir des produits dits compatibles avec cette technique de lutte.
Le développement parfois très rapide de certains ravageurs rend la lutte chimique obligatoire. A
chaque intervention, il sera important de s’assurer que le produit utilisé ne soit pas trop nuisible
aux prédateurs déjà en place sur la culture considérée ou sur les cultures voisines et que la
rémanence de ce dernier soit la plus courte possible afin de permettre la réalisation de nouveaux
lâchers.
Les traitements localisés sur les premiers foyers observés sont préférables aux traitements
généralisés, ces derniers risquant de perturber l’équilibre entre les populations de parasites et de
prédateurs naturels.
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
LISTE DES PRINCIPAUX INSECTICIDES UTILISABLES EN LUTTE INTEGREE
Lépidoptéres
Acarien
Mineuse
Puceron
Aleurode
Parasites
Espèces
Spécialités
commerciales
Matière active
Aubergine
Concombre
Tomate
mycotal
Verticillium
lecanii 16,1 %
R 43
ND
ND
Pymétrozine
R 40
3j
3
Pyriproxyfène
R 36/38
3j
2
Tomate
Poivron
Aubergine
Concombre
Tomate
Aubergine
Concombre
Courgette
Fraisier
Poivron
Concombre
Aubergine
Poivron
Tomates
Tomate
Concombre
Aubergine
Poivron
courgette
plenum
50 WG
plenum
25 wp
admiral pro
plenum
50 WG
plenum
25 WP
pirimor G
Tomate
Concombre
Aubergine trigard 75 wp
Courgette
Concombre
Courgette
Tomate
Aubergine
Poivron
Fraisier
nissorun
dipel 2 x
Tomate
success 4
Pymétrozine
R40
DAR
Nb App
3j
3
Dose/
Ha
Observations
1,000
g/L
A appliquer sur végétation
humide. Ne pas appliquer
par temps chaud.
0,4 L
0,8 L
Attendre 15 j entre le
dernier
traitement
et
l’introduction d’auxiliaires
dans le tunnel.
Empêche le passage du
0,250 L stade larvaire au stade
adulte.
0,2 L
0,4 L
Attendre 15 j. entre le
dernier
traitement
et
l’introduction d’auxiliaires
dans le tunnel.
3 j sauf
poivron
Action
rapide
et
Pyrimicarbe
7 j et
recolonisation lente. Le
R 20 36 25 50/
0,75 kg
fraisier
retrait du piromor G est
53
15 j
fixé au 31/12/2016.
2
Cyromazine
3j
3
0,4 kg
Action larvicide sur
stades
précoces
développement.
Héxythiazox
R 51/53
3j
ND
0,5 kg
Agit sur les œufs et les
larves.
Bacilus
thuringiensis
(souche
kurstaki)
Spinosad
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264
3j
3
les
de
0,75 kg Préparation biologique à
base
de
bactéries.
Intervenir dès l’apparition
des
premières
larves.
Intervalle entre appl. 10 j.
0,02
Agit
par
contact
et
L/hl
ingestion larvaire.
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Parasites
Espèces
Spécialités
commerciales
Matière active
Doryphore
Aubergine
Pomme de
terre.
novodor Fc
3 % (souche
spécifique
doryphore)
Bacilus
thuringiensis
Thrips
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Aubergine
Fraisier
Poivron
Tomates
success 4
Spinosad
DAR
Nb App
Dose/
Ha
Observations
ND
ND
5L
Préparation biologique à
base de bactéries.
3j
3
0,02
L/hl
Intervalle entre appl. 10 j.
Agit
par
contact
et
ingestion larvaire.
Les deux produits à base de bactéries DIPEL 2 x, Xentari et le NOVODOR ne présentent pas de
danger pour les prédateurs naturels et les bourdons pollinisateurs. D’autres produits à base de
bacilus thuringiensis sont homologués (se reporter à I’index phyto ACTA.
Les produits cités dans le tableau ci-dessus sont compatibles avec la conduite des cultures en lutte
intégrée mais le nombre de traitements devra être réduit au minimum, chaque intervention
chimique pouvant perturber l’équilibre des populations.
Exemples d’insecticides à utiliser avec précaution
VERTIMEC : Les traitements au VERTIMEC peuvent perturber l’installation des Encarsias. (prédateurs
de l’aleurode).
PLENUM : Cet insecticide est à éviter dans le cas de lâcher de macrolophus. Il entraîne une mortalité
importante des populations de ce prédateur qui a déjà des difficultés à s’installer dans les cultures.
Exemples d’insecticides interdits en lutte intégrée
DECIS – KARATE.
Tous ces insecticides ayant un spectre d’action assez large et une rémanence trop longue sont à
éviter en lutte intégrée.
Remarques
- Même lors des traitements de fin de culture, il sera important de ne pas utiliser les produits
jugés trop rémanents qui peuvent fortement perturber l’installation des prédateurs la saison
suivante.
- Sur cultures d’hiver, salades (ou autres espèces) il faudra aussi se limiter à l’utilisation
d’insecticides compatibles avec la conduite des cultures en lutte intégrée.
- L’utilisation des fongicides devra, elle aussi être réduite au strict minimum. Les anti-oïdiums
peuvent aussi perturber l’installation des prédateurs.
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CONCLUSION
La conduite des cultures en lutte intégrée impose le respect d’un ensemble de précautions
visant à favoriser le maintien d’un certain équilibre entre les populations de ravageurs et de
leurs prédateurs naturels. L’adaptation de la conduite climatique des serres, la propreté des
abords, le bon positionnement des lâchers (en début d’attaque), le choix de produits
compatibles lors des interventions chimiques, etc, ont une influence directe sur la réussite de
cette méthode de lutte.
Liste (non exhaustive) des fournisseurs d’auxiliaires
KOPPERTfrance
Siège social
147 Avenue des b-Banquets
84300 CAVAILLON
BIOBEST France
ZAC Porte Sud
84100 ORANGE
 : 04 .90.78.30.13
Fax : 04.90.78.25.98
 : 04.32.81.03.96
Fax : 04.32.81.03.98
[email protected]
Délégation Régionale
Ouest, Nord et Est
Tel : 02.40.02.11.11
Interlocuteur régional
Martin PERRIGAULT
Tél : 06 47 06 83 17
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