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LA CONVENTION 2001 SUR LA
PROTECTION DU PATRIMOINE
CULTUREL SUBAQUATIQUE
MUSEES SUBAQUATIQUES ET
SITES TOURISTIQUES ENGLOUTIS
Depuis le début des années 1990, l’intérêt pour le patrimoine culturel subaquatique a
considérablement augmenté, non seulement parmi les experts et les plongeurs
professionnels, mais également auprès du public au sens large. Des musées tels que le
musée de Bodrum ou les expositions du Vasa ou du Mary Rose ont attiré des millions
de touristes.
Cette attention grandissante a conduit à reconsidérer l’exposition des objets au profit du
principe de préservation in situ, tel qu’il est présenté dans la Convention 2001 de
l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. La Convention stipule
que les sites devraient être de préférence laissés en l’état à l’endroit de leur découverte,
s’il n’existe aucune raison véritablement justifiée, scientifique ou autre, pour une
intervention ou un renflouement.
La préférence accordée à la préservation in situ comme première option prend en
compte la considération accordée à l’intégrité des sites et aux informations qu’ils
pourraient apporter par la suite, mais également l’intérêt porté par le public, en
particulier pour le tourisme. En associant l’attrait spécial de l’environnement
subaquatique à l’attrait engendré par les objets culturels, un processus pour la création
de musées subaquatiques et d’attractions sous-marines touristiques a été entamé. Les
premiers pas vers une nouvelle forme de tourisme ont été franchis. La plupart de ces
projets sont encore aujourd’hui en construction ou en discussion – les lauriers du
« premier musée subaquatique » sont donc encore à conquérir. Cependant, l’attention
du public en général est dès à présent assurée.
Plusieurs de ces projets seront présentés dans ce document afin de susciter de
nouveaux développements et de fournir des informations sur les processus en cours. En
plus des informations sur les musées, plusieurs actions nouvelles dans l’industrie du
tourisme de plongée, en particulier concernant des parcours d’archéologie sous-marine,
seront décrites pour donner une esquisse des outils touristiques nouvellement
disponibles en ce qui concerne les sites archéologiques sous-marins.
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MUSEES SUBAQUATIQUES
1. Musée subaquatique de Baiheliang (Chine)
La « dorsale des hérons blancs », Baiheliang, est un site archéologique chinois,
aujourd’hui immergé sous les eaux du Réservoir des Trois Gorges récemment construit.
Le site affiche certaines des inscriptions hydrologiques les plus anciennes au monde, où
sont enregistrées 1200 années de variation du niveau de l’eau du fleuve Yangtze au
nord du quartier Fuling de la commune de Chongqing. Ce rocher mesure 1 600 m de
long sur 15 de large. Il s’élève à 138 mètres en son point le plus haut, mais sera
désormais englouti sous 30 mètres d’eau, lorsque sera achevé, en 2009, le projet entier
du barrage des Trois Gorges.
Avant la construction du barrage, la dorsale restait submergée en été et en automne.
Pendant l’hiver, quand le niveau de l’eau du Yangtze baissait, le roc et ses ciselures
apparaissaient. Les formes de poissons rocheux et de rares inscriptions rappelant les
variations du niveau d’eau, les récoltes, les positions et les titres des membres de la
dynastie Tang (618-907) pouvaient alors être vus tant que durait la saison sèche.
Depuis 1994, les services chinois de protection du patrimoine culturel ont étudié
comment protéger les inscriptions de Baiheliang. Il a finalement été décidé de les
transformer en musée subaquatique.
Le rocher sera recouvert par une arche résistant à la pression de l’eau par un système
de compensation hydraulique. Deux tunnels seront construits sous l’eau depuis les
bords de la rivière pour que les visiteurs puissent voir les inscriptions rupestres en y
circulant. Plus de 10 000 diodes électroluminescentes seront installées, ce qui permettra
aux visiteurs de voir les inscriptions à travers les vitres de protection. Pour des raisons
technologiques et budgétaires, l’arche ne mesure que 70 mètres de long et 25 de large,
mais elle est placée de manière à donner accès aux inscriptions les plus précieuses de
toute la section Est de Baiheliang. D’autres mesures seront prises afin de protéger
plusieurs inscriptions de la section Ouest. Une couche d’un matériau chimique
protecteur sera appliquée et elles seront ensuite recouvertes d’un écran en béton armé
qui les préservera.
Entamée en 2002, la construction du musée subaquatique coûtera environ 140 millions
de Yuan (soit 17 millions de dollars US). Le musée devrait pouvoir ouvrir au public en
2009, selon l’Institute of Rock and Soil Mechanics, sous l’égide de la
Chinese Academy of Sciences (CAS), maître d’œuvre du projet.
2. Nanhai No. 1 Musée – Epave (Chine)
Sous le contrôle du principal archéologue spécialiste des fouilles, M. Zhang Wei,
l’intégralité d’une très ancienne épave a été fouillée puis sortie de l’eau dans la province
du Guangdong, sur la côte sud de la Chine.
Il s’agit du Nanhai No 1, un navire d’il y a environ 1000 ans, de 25 mètres de long et
pesant 3800 tonnes, qui a sombré au cours de la Dynastie Song (960-1279). Il avait été
découvert à la fin des années 1980 par un pêcheur, et s’est avéré être en bon état. Il
renferme entre 60 000 et 80 000 lots de marchandises précieuses. Il a été retrouvé dans
la partie Ouest de l’embouchure du Zhu Jiang (rivière des Perles), point de départ de la
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« route de la soie » de Chine, où il a sombré tandis qu’il faisait voile vers le MoyenOrient et l’Europe.
L’épave du Nanhai No. 1 sera exposée dans un nouveau musée dont la construction
devrait être achevée d’ici fin 2007. Le musée devrait accueillir un aquarium dont l’eau
sera identique, en caractéristiques, température et environnement, à ceux de l’endroit où
l’épave était échouée. Des archéologues poursuivront les fouilles sur le navire une fois
qu’il sera dans l’aquarium. Ainsi les visiteurs pourront-ils observer le travail
archéologique subaquatique, mais dans le cadre d’un musée.
Les restes du navire antique devraient apporter d’importantes informations sur la
construction des bateaux chinois dans l’Antiquité et leurs techniques de navigation. On a
comparé son importance archéologique à celle des fameux guerriers chinois de terre
cuite découverts à Xian.
3. Alexandrie (Egypte)
A la suite de la découverte et du repêchage partiel de statues et d’objets précieux dans
la zone du bassin est d’Alexandrie, en Egypte, en juillet 2006, une réunion internationale
a débattu de la faisabilité de la construction d’un musée subaquatique dans cet
environnement exceptionnel.
Outre l’exposition d’objets archéologiques, le musée pourrait également constituer un
endroit où seraient établis des principes pour la gestion des collections, la recherche et
la présentation du patrimoine culturel subaquatique où se tiendraient les activités de
formation et d’entraînement et où se trouveraient des installations facilitant
l’interprétation des trouvailles.
Il a été décidé pendant la réunion que le musée devrait proposer un espace d’exposition
hors de l’eau, afin de pouvoir expliquer les vestiges sous-marins et présenter les objets
retrouvés ainsi qu’un espace sous l’eau pour les visiteurs qui correspondrait aux zones
archéologiques principales, facilement accessible depuis la côte dans la façon d’un
« aquarium », prolongé par des « tubes » sous-marins qui, s’enfonçant dans la baie
d’Alexandrie, montrerait le travail des archéologues sous-marins sur les objets in situ.
La prochaine étape sera d’entreprendre une étude de faisabilité pour la construction du
musée avec ses dépendances.
SITES AMENAGES EN MUSEES POUR LES PLONGEURS
1. Caesarea (Israël)
Le port antique de Césarée, construit par le roi Hérode pour honorer son mécène, César
Auguste, était l’un des plus grands ports de l’Empire Romain lors de son inauguration en
l’an 10 av. J.C. Situé sur la côte israélienne de la Méditerranée, il est aujourd’hui devenu
un musée sous-marin pour les plongeurs qui peuvent nager le long des vestiges du port.
Le site a été fouillé aux cours des trois dernières décennies et la visite se fait en
plongée. Les visiteurs peuvent admirer, en se déplaçant sous l’eau, les restes du
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célèbre port : un phare en ruines, une digue antique, les fondations originelles du port,
des ancres, des piédestaux et même l’épave d’un bateau de l’époque romaine.
Ils ont accès à 36 sites différents le long de quatre parcours balisés qui couvrent une
surface de 79,500 mètres carrés. Ils reçoivent une carte waterproof où sont décrits tous
les sites qu’ils visitent. L‘un des parcours est accessible aux plongeurs professionnels ;
tous les autres, situés à moins de sept mètres sous la surface, près de la plage,
conviennent à tout plongeur débutant.
Le visiteur peut voir les vestiges de cette ville portuaire autrefois émergée— de son
accès à la mer (à environ 100 mètres de la côte actuelle) jusqu’à l’épave du navire
romain qui témoigne de la mort du port –probablement due à un tremblement de terreapproximativement un siècle après sa construction. Les plongeurs ont aussi la
possibilité d’admirer les restes des fondations originelles.
2. Florida Keys National Marine Sanctuary (États-Unis)
Une série d’épaves historiques se trouve le long des
récifs de corail, enfouis sous les hauts-fonds de sable à
quelque milles des Keys de la Floride (archipel situé à
l'extrémité sud des États-Unis sur le détroit de Floride).
Les neuf sites de ce chemin des épaves évoquent
l’histoire européenne-coloniale, américaine et moderne.
On y trouve, parmi d’autres restes, l’épave du San
Pedro,
un navire espagnol qui a sombré en 1733 – la
Epave© UNESCO/M. Gleeson
plus vieille épave du parcours. Il s’y trouve également
deux épaves datant du milieu du XIXeme siècle: l’Adelaide Baker, au sud de Duck Key,
et une épave identifiée comme le North America, située sur le Delta de Shoals. Ces
épaves sont représentatives de la manière dont les éléments retrouvés dans ces trésors
archéologiques engloutis racontent l’histoire des navires eux-mêmes – matériaux,
facture et méthodes artisanales de construction.
Le City of Washington et le Benwood sont des exemples plus contemporains de navires
qui ont sombré dans les îles Keys. D’autres bateaux ont été coulés délibérément pour
servir d’écueils artificiels. L’Amesbury, le Duane, l’Eagle et le Thunderbolt ont eu les
mêmes fonctions pour ce parcours sous-marin que celles des musées sur terre.
A travers ce chemin des épaves, le Sanctuaire National Marin des îles Keys cherche à
donner de la visibilité à ce riche patrimoine maritime, et à favoriser une meilleure
appréciation, une meilleure intelligence de la valeur de ces témoignages irremplaçables
du passé. Tout en informant sur l’histoire et la culture maritimes, le chemin d’épaves
permet également d’écarter des récifs naturels majeurs un excès de plongées.
Il existe, pour chacun des neuf sites du chemin des épaves, un guide du site sous-marin
disponible qui fournit les positions du naufrage et des bouées d’amarrage, le récit du
naufrage, un plan du site, et qui identifie la vie sous-marine que les visiteurs peuvent
s’attendre à voir. Les conditions sur les sites varient, des plongées faciles en eau peu
profonde aux plongées plus profondes allant jusqu’à 30 mètres voire davantage, où des
courants rapides peuvent être présents. Certains des sites les plus profonds nécessitent
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des amarres pour atteindre les flotteurs immergés. Chacun des sites a été choisi en
raison de sa valeur historique, biologique et esthétique.
3. Kronprins Gustav Adolf (Finlande)
Le site de l’épave du Kronprins Gustav Adolf à Helsinki, en
Finlande, a été déclaré parc maritime historique sous-marin en
2000, et est le premier parc finlandais de ce genre. Le Kronprins
Gustav Adolf, un navire suédois, a été détruit à Helsinki en 1788
et ses restes ont été découverts en 1995.
L’épave repose à plusieurs milles nautiques au sud-ouest du
phare de l’île de Harmaja à 18-20 mètres de profondeur sur une
zone d’approximativement 100 mètres carrés. Le site comprend le
fond de la coque, ses parties latérales, qui se sont effondrées,
certaines parties de la structure supérieure du bateau, les canons,
les boules du canon, et une kyrielle d’objets perdus. Deux grosses
ancres se trouvent également sur le site du naufrage.
Part d’une épave
ancienne© UNESCO/ M.
Gleeson
Les plongeurs peuvent aujourd’hui visiter l’épave en suivant une
ligne qui les guide. Douze panneaux d’information sur divers
détails des vestiges sont présents sur le parcours. Le fond de la
mer est recouvert de sable. Il n’y a généralement pas de courants forts et la visibilité se
situe entre un et dix mètres.
4. Sites d’épaves protégées (Croatie)
Les autorités croates ont décidé d’installer des cages en métal au-dessus de plusieurs
sites d’épaves afin de les protéger.
Jusqu’à aujourd’hui, plus de 500 sites ont été
identifiés sur le fond de l’Adriatique non loin de
la côte croate, dont la moitié sont des épaves,
qui datent, pour la plupart, de l’époque
romaine. Lorsqu’elles ont été découvertes par
les archéologues, la majorité des épaves était à
moitié détruite. Parmi, les épaves retrouvées
intactes, dix ont été découvertes au cours de
ces dix dernières années.
Le pillage intempestif menace ces sites.
Néanmoins, le matériel qui les compose ne
Installation d’une cage en métal au-dessus d’une épave
peut être entièrement recouvert, car les
en Croatie © UNESCO/ I. Radic
autorités croates n’ont ni suffisamment
d’espace pour l’entreposer ni de personnel pour réaliser des travaux de conservation.
Dans certaines régions (Lastovo, Mljet, Cavtat), des musées manquent même pour
accueillir les pièces découvertes. En outre, les musées ne peuvent généralement pas
exposer de grandes quantités de matériel homogène, telles que des amphores par
exemple.
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Il a donc été décidé de recouvrir les
représente pas un obstacle absolu
empêche le saccage des sites tout
système a obtenu un grand succès
l’intégrité de ces sites.
sites d’une cage métallique. Cette protection ne
contre les pilleurs potentiels. Cependant, elle
en permettant aux plongeurs d’en profiter. Ce
et a largement contribué à la préservation de
5. Ustica (Italie)
Une ville sous-marine et un paysage de lave noire pétrifiée sont les caractéristiques de
l’île d’Ustica dans la mer Tyrrhénienne, à 57 kilomètres au nord-ouest de Palerme, en
Italie. Elle est également appelée la « perle noire » du tourisme subaquatique en raison
de la qualité cristalline et limpide de ses eaux.
L’île volcanique était, à l’origine, habitée par les Phéniciens et était régulièrement la
proie des attaques des pirates au Moyen-âge ; ses côtes sont parsemées d’épaves.
Aujourd’hui l’île a été désignée parc maritime national et ses eaux claires et ses trésors
sous-marins, en particulier l’ancienne ville submergée Osteodes, attirent les plongeurs
du monde entier.
En 1990, un parcours sous-marin a donc été créé à Punta Gavazzi, Ustica, offrant
l’expérience d’un parcours touristique guidé aux plongeurs, leur permettant ainsi
d’admirer in situ de nombreuses épaves. La protection accordée à ces sites a également
permis de préserver le corail noir, et de nombreux centres de plongée s’y sont établis.
6. Epave du Wellington (Nouvelle Zélande)
L’épave du Wellington en Nouvelle Zélande est sans doute l’épave la plus accessible au
monde. A seulement quelques kilomètres de l’aéroport de Wellington, ce vieux navire de
guerre a sombré le 13 Novembre 2005 et gît sous quelques 25 mètres d’eau au large
d’Island Bay sur la côte sud de la ville de Wellington.
La partie inclinée de l’épave, qui contient le canon principal du bateau, demeure intacte
et repose sur le côté gauche. Il est maintenu en place par une grosse ancre et peut être
exploré par des plongeurs qualifiés. Deux sections à l’arrière se sont cependant
effondrées et sont inaccessibles.
L’épave a suscité l’intérêt de nombreux plongeurs, y compris d’anciens militaires de la
Navy qui avaient autrefois servi sur le bateau. Elle attire également des milliers de
poissons, en particulier de jeunes kahawai, des morues et des tarakihi.
Vu le succès de tels sites, la New Zealand Maritime Archaeological Association
(MAANZ) développe actuellement “un parcours des épaves” des principaux vestiges (on
en compte plus de 2000) le long du littoral de Wellington. Conçu pour les plongeurs
professionnels et amateurs également, ce parcours sera une source d’information sur
l’histoire, l’emplacement et la nature des épaves au large de la ville.
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