En couverture - Cercle de Wallonie
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En couverture - Cercle de Wallonie
En couverture Belga Entre deux verres et loin des regards indiscrets, les décisionnaires refont le monde, comme ici dans les salons namurois du Cercle de Wallonie. Les décisions politiques ne se prennent pas qu’au Parlement et au conseil des ministres. Lobbies, clubs d’influence et mouvements spirituels mènent aussi la danse. Au point de nuire à la démocratie? télé moustique 11/08/2010 La politique belge sous inf luence? Les vrais lieux du pouvoir Les lois se préparent de préférence à l’abri des regards, dans des salons discrets. Enquête sur ces zones grises où pouvoirs économique, politique et spirituel se tutoient. P arlement(s), conseil(s) des ministres, Palais royal, palais de Justice, palais provinciaux, hôtels de ville… Tels sont, officiellement, les lieux de pouvoir en Belgique. Mais en réalité, ils font office de symboles. En Belgique, comme dans les autres démocraties occidentales, le vrai pouvoir réside souvent ailleurs, dans l’intimité de salons plus feutrés que l’hémicycle de la Chambre ou la salle d’un conseil communal. Les actuelles négo ciations prégouvernementales le rappellent: c’est d’abord entre directions de parti que se décident les politiques menées dans notre pays. Les partis, vrais patrons de la Belgique? Ce serait trop simple. Lors de sa mission d’informa tion, Bart De Wever avait entendu d’autres ac teurs. Des leaders syndicaux, des secrétaires de fédérations patronales… Des associations qui, par leur poids économique et social, pèsent plus ou moins lourd sur les décisions politiques. D’autres, qui ont moins pignon sur rue, exercent une pression plus discrète, jouant sur les convic tions philosophiques, les affinités culturelles et linguistiques de nos élus. Et puis il y a les lob byistes européens, dont on connaît la capacité à infléchir les politiques de l’Union, ou les clubs mondiaux, fantasme de gouvernement mondial. Plus prosaïquement, ce sont les clubs de sport, cafés et restaurants fréquentés par le personnel politique qui font office de temple du pouvoir. On y noue des contacts informels, on y discute boulot, on peaufine les projets. Du très sélect groupe Bilderberg au café bruxellois l’Ar chiduc, du Cercle de Wallonie aux ramifications du Mouvement ouvrier chrétien, ces lieux rappel lent combien la gestion des affaires publiques est une matière où le jeu démocratique peut, parfois, être confronté à ses propres limites. Où l’intérêt supérieur de l’Etat semble pris en otage par d’autres intérêts plus particuliers. Auteur d’un ouvrage de référence sur les inter actions entre médias et pouvoirs, Geoffrey Geuens est chargé de cours en Communication à l’Université de Liège. Grand pourfendeur des “thèses du complot”, il reconnaît toutefois les jeux d’influence entre cercles de pouvoir aux intérêts connexes. Warande. Les patrons de presse francophone (comme Rossel), au Cercle de Wallonie. Les clubs bilingues sont aussi les plus huppés et les plus fermés. Ils profitent aux gros réseaux d’af faires, où la question de la langue ne peut consti tuer un obstacle. Ce n’est pas un hasard si Rik De Nolf, patron de Roularta qui a fait des affaires dans les médias avec Albert Frère, a été le pre mier président d’honneur du Cercle de Lorraine. Cela démontre la volonté de ce cénacle de se poser en trait d’union entre les milieux du busi ness flamand et francophone. k Un cercle comme De Warande a-t-il contribué au triomphe de la N-VA le 13 juin? G.G. - Il est incontestable qu’il y a, à la N-VA, plu sieurs anciens membres actifs du Warande, et que celui-ci est la vitrine fla mande à Bruxelles. Ce club a été fondé à l’initia tive du patronat flamand, dont les intérêts sont plus diversifiés qu’on le Geoffrey Geuens croit. Certaines familles issues de la bourgeoisie anversoise sont plutôt “belgicaines”. Mais l’in fluence des “Top West Vlamingen” (les grands chefs d’entreprise ouest-flandriens) est devenue prépondérante et comporte de nombreux sou tiens à la N-VA. Le personnage clé de cette mou vance est Philippe Muyters, ministre flamand du Budget et des Finances, de l’Aménagement du ê territoire, de l’Emploi et du Sport. cercles “Lesinternationaux servent d’absorbeurs de chocs. k Selon vous, quels sont les grands lieux d’échanges et d’influences de notre pays? Geoffrey Geuens. - En Belgique, l’establishment politico-économique est très éclaté. Vous avez d’une part De Warande, et de l’autre le Cercle de Wallonie. Entre les deux, des passerelles comme le Cercle de Lorraine et le Cercle gaulois. Les groupes de presse flamands tel Roularta sont au ” 11/08/2010 télé moustique PhotoNews En couverture Cercles privés A Liège, à Bruxelles ou à Anvers, trois cercles privés réunissent gratin de la politique et hommes d’influence. Y fomente-t-on l’ave nir de la Belgique à l’abri du regard des élec teurs? Marqués linguistiquement, passerelles entre mondes politique et économique, ils font en tout cas office de chambres de réflexion sur la bonne marche des affaires du pays. Le Cercle de Wallonie Au cercle de Wallonie, installé dans le château du Val Saint-Lambert, ténors politiques et patrons de PME entretiennent des liens d’un nouveau genre. On fantasme beaucoup sur des cercles internationaux comme le Bilderberg ou la Trilatérale. Quelles est leur influence réelle? G.G. - Le Bilderberg fait l’objet d’une littéra ture “conspirationniste”. Mais si la théorie du complot est bancale, on ne peut nier que ces cénacles sont intéressants à étudier. S’ils sont secrets, on retrouve néanmoins les membres qui les composent dans d’autres mouvements ayant pignon sur rue. Le Bilderberg est victime de sa politique de discrétion extrême doublée du fait qu’il ras semble le gratin de l’establishment. Ce n’est pas le lieu où se fomentent des complots, puisqu’il fonctionne selon une répartition de membres par blocs de nations dont les inté rêts sont parfois très divergents. Il n’y a pas d’élite unifiée. On pourrait leur accorder la fonction d’”absorbeurs de chocs” entre des groupes qui auraient des difficultés à s’accorder. k Le Belge Etienne Davignon, ancien commissaire européen, ancien chef de cabinet, et qui a été membre de pratiquement tous les conseils d’administration en Belgique, est président du Bilderberg. Le rôle de ce personnage clé n’est-il pas ambigu, selon qu’il agit pour le privé, l’Etat ou lui-même? G.G. - Je dirais plutôt qu’il est à la fois cari catural et emblématique. Caricatural, par la multiplicité des capitaux relationnels, politi ques et financiers qu’il cumule, et embléma tique du fonctionnement des classes diri geantes en Belgique. On aurait tort de le considérer comme un personnage à part. Il suffit de prendre l’exemple du socialiste télé moustique 11/08/2010 Karel Van Miert. Issu de la social-démocratie, il a été commissaire européen, est passé par la Trilatérale et le Bilderberg et a siégé au conseil d’administration des plus grandes entreprises belges et étrangères, notam ment Solvay et Goldman-Sachs. C’est typi que d’une élite économique et financière belge, belgicaine, proche des familles politi ques traditionnelles et atlantistes. Jean-Luc Dehaene en est un autre exemple: il occupe encore des fonctions électives, préside une banque privée à l’actionnariat public et siège comme administrateur dans de grosses en treprises privées (AB Inbev, Lotus Bakeries, Thrombogenic). k Est-ce éthiquement admissible? G.G. - Les affaires ne reposent pas sur l’éthi que ou la morale, mais sur les rapports de force politiques et sociaux. Dehaene pourra certainement justifier du bien-fondé de sa situation, en arguant que servir l’entreprise, c’est servir la société. De façon générale, la grille déontologique et éthique ne fait pas partie de la lecture politique et économi que. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille né gliger l’éthique! Mais si on se limite à cela, on ne va pas loin dans l’analyse. Reconnais sons cependant que dans une vision idéa liste de l’Etat, on pourrait attendre autre chose de ce qu’on appelle un homme d’Etat. Même si je reste persuadé que la majorité des hommes politiques obéissent à des règles éthiques. Gil Genappe, avec Damien Bodart “Tous pouvoirs confondus. Etat, capital et médias à l’ère de la mondialisation”, éd. EPO. PhotoNews k Au sud du pays, le club le plus sélect s’appelle le Cercle de Wallonie. Selon l’annuaire des mem bres, seule Joëlle Milquet, parmi les ténors poli tiques francophones, n’y a pas ses habitudes. Il succède au vacillant Cercle de Lorraine, rendezvous de tout ce que Bruxelles et le Brabant wallon comptaient de particules, de présidents de conseils d’administration et de politiciens snobs. Pour le patron du Cercle de Wallonie et ex-poids lourd des médias André Van Hecke, ce type de cercle à l’ancienne, refermé sur lui-même, ne présente plus d’intérêt. Sa formule à lui, celle de son indéniable succès, tient en trois lettres: PME. En mars dernier, Belgique et Chrétienté organisait une marche contre l’avortement. C onstitués en ASBL, plusieurs mouve ments spirituels ont multiplié les actions pour promouvoir leurs idées et y sensibi liser les politiques. Derrière leur discours plein de bon sens se cachent la tentation obscuran tiste et le retour à des valeurs que ne partagent plus l’immense majorité des Belges. Belgique et Chrétienté En 2007, une action de représailles est menée contre RTL, “coupable” d’avoir diffusé une promotion pour Plug TV montrant un Christ ventripotent en limousine avec des filles légè rement vêtues. En avril 2010, à l’aube de la célébration des 20 ans de la loi dépénalisant l’avortement, une manifestation était organi Les vrais lieux de pouvoir Les chefs de petites entreprises gèrent 80 % de la richesse wallonne. C’est donc eux, plutôt que les grandes familles ou les capitaines d’industrie d’antan, qu’il faut choyer désormais. A l’étroit dans son château des débuts, sur les hauteurs de Namur, Van Hecke a réussi un coup de génie en s’installant dans une aile du château du Val Saint-Lambert. Les patrons de PME du bassin liégeois s’y retrouvent le midi pour des déjeunersconférences, des séminaires ou tout simplement pour un moment de détente. Là, le maître des lieux leur fait rencontrer, le plus naturellement du monde, tout ce que le sud du pays compte com me responsables politiques. Et s’enorgueillit de contribuer, par cette proximité d’un nouveau genre, à la croissance économique locale. Le Cercle gaulois Beaucoup plus belgicain et officiel est le Cer cle gaulois. Fondé en 1848, installé dans le Parc de Bruxelles, ce cercle “artistique et culturel” compte environ 1.200 membres, dont des gens aussi influents qu’Etienne Davignon, Gérard Mestrallet ou Albert Frère, mais aussi des diplo mates et des représentants des institutions européennes. De Warande Faut-il s’étonner du score de Bart De Wever aux élections du 13 juin? Oui, si l’on considère que son parti n’était encore, il y a trois ans, que le “Petit Poucet” accroché aux basques du CD&V. Non, si l’on connaît le jeu d’influence en sa fa veur, via le patronat flamand et le club très privé De Warande, logé dans l’ancien hôtel Empain, le long du Parc de Bruxelles. Le leader nationaliste a pu y compter sur les voix du VOKA (puissante fédération des PME flamandes), du VEV (Union des entreprises flamandes) et d’une frange du très catholique Boerenbond, lesquels constituent le noyau dur de la Warande, qui compte près de 1.800 membres triés sur le volet. Au départ, De Warande vise à assurer une représentation et une présence flamandes fortes à Bruxelles. Plu sieurs de ses membres ont publié, en décembre 2005, un manifeste appelant à l’indépendance de la Flandre pour raisons économiques. C’est de là que viennent les affirmations (statistique ment sans fondement) selon lesquelles les trans ferts Nord-Sud coûteraient 1.800 € par an à chaque Flamand. Rassemblant des patrons pour qui l’autonomie de la Flandre est la garantie d’une meilleure croissance économique, il compte parmi ses piliers quelques politiques très “enga gés”, dont Jan Jambon (N-VA) et le boss du Vlaams Belang, Bruno Valkeniers. L’ordre du prince d’Orange Dans la même mouvance, il faut citer Orde van den Prince, association tentaculaire pour la dé fense de la langue néerlandaise et de l’unité territoriale flamande de Dunkerque à Terneuzen. Riche de 3.000 membres, basé à Anvers, l’Ordre se dit apolitique et areligieux, mais on y trouve nettement plus de sympathisants du CD&V que du SP.a! En bonne place dans l’organigramme de la section de Rhode-Saint-Genèse: un certain Herman Van Rompuy. Son frère Eric anime, lui, la section de Zaventem. mouvements spirituels sée à Bruxelles. A l’origine de ces actions, l’ASBL Belgique et Chrétienté, dont l’objet est de “combattre tout acte de racisme antichrétien” et qui lutte contre l’avortement, le mariage homo et l’euthanasie… Proche de l’extrême droite, l’associa tion appelle aussi à boycotter des marques ou firmes, telles que les glaces Ola ou Walt Disney, prétextant des publici tés jugées “blasphématoires”. Pro Vita Jouissant du soutien affiché du primat de Bel gique, Mgr Léonard, cet autre lobby très catholi que est aux commandes de toutes les manifes tations contre l’avortement, pudiquement rebaptisées “pour la vie”. Créée en 1973 par des disciples de Mgr Lefèbvre, l’association a compté dans ses rangs plusieurs anciens proches du parti fasciste Rex. Opus Dei En 1995, la banque anversoise Anhyp était la vedette d’une célèbre affaire de fraude fiscale. Plusieurs de ses cadres étaient inculpés. A l’ex ception miraculeuse de son P.-D.G. Claude de Villenfagne de Vogelsanck, dignitaire bien connu de l’Opus Dei. Rien à voir? Pas sûr. On sait que plusieurs des membres de l’Œuvre de Dieu, qui noyaute la plupart des mouvements sociétaux et/ou politiques liés à la droite catholique, ont joué un rôle essentiel dans l’économie belge. Confirmation avec la suite de l’affaire AnHyp. En 1999, la banque était reprise par Axa, le bancas sureur français des très catholiques Claude Bé béar et Henri de Castries. On reste en famille. Renouveau charismatique Mouvement catholique mystique davantage que lobby, le Renouveau charismatique compte néanmoins en ses membres des personnages influents dans l’Etat: le chef de cabinet du roi Albert II, Jacques van Ypersele de Strihou, et la reine Fabiola. Feu le roi Baudouin était également l’un de ses plus fervents adeptes. Action pour la famille Théoriquement “apolitique” et “neutre sur le plan confessionnel”, l’ASBL bénéficierait pour tant du soutien d’élus MR, CDH, CD&V et CDF. Elle participe aussi aux “Marches pour la vie”, dans le but de “sensibiliser la société civile et d’interpeller le monde politique sur la probléma- tique de l’avortement”. Confessionnellement neutre? Son président est prof de philosophie et de théologie à l’UCL. Son secrétaire, ancien élu CVP, se dit “chrétien évangéliste”, son tré sorier est président du CDF (ancienne aile droite du PSC). Action pour la famille ouvre ses portes et ses conférences au collectif Présence musulmane, caisse de résonance de Tariq Ramadan en Belgique. Homophobe notoire et assimilé aux redoutables Frères Musulmans, il partage beau coup de vues avec Mgr Léonard sur les ques tions dites “éthiques”. Présence musulmane possède de bons relais au sein du MRAX (Mou vement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie). Vigilance musulmane Sous la bannière médiatique de “l’islamopho bie” , ce think tank multiplie les prises de posi tion réactives dans tous les débats de société tournant autour des questions religieuses. Il est notamment animé par Mehmet A. Saygin, le représentant en Belgique du parti islamoconservateur turc au pouvoir, l’AKP, et trouvant notamment des relais au sein du conseil d’administration du MRAX. 11/08/2010 ê télé moustique En couverture federations et syndicats ê lobbies europeens L Saint-Pierre d’Ottignies, devenu ministre des Affaires économiques dans le gouvernement Tindemans et président du Conseil d’adminis tration de l’UCL. Mais d’autres réseaux économiques pè sent à l’occasion sur la gestion du pays. Par exemple, le MOC (Mouvement ouvrier chré tien) est connu pour placer ses pions dans tous les coins d’influence, à l’image de son ancien président André Oleffe, l’un des fonda teurs de Louvain-la-Neuve et de la clinique Quant à l’ACW, équivalent flamand du MOC, elle regroupe sous son aile toutes les organi sations des travailleurs chrétiens et toucherait, via ses ramifications, deux Flamands sur trois. L’ACW travaille aussi en collaboration très étroi te avec nombre d’autres organisations chré tiennes, comme Welzijnszorg et Pax Christi. Naguère, elle regroupait également la banque Bacob et les assurances DVV. Il y a quelques années, l’ACW a supprimé sa banque et s’est acheté le droit d’entrer au sein du groupe ban caire Dexia où, avec 15,3 % du capital, elle est l’un des principaux actionnaires. Il faut dire qu’elle y compte un sympathisant de choix: le président du Conseil d’administration himself, l’ex-Premier ministre et toujours membre du CD&V et de l’ACW, Jean-Luc Dehaene. es fédérations multisectorielles (Fédéra tion des entreprises de Belgique, Union des classes moyennes...) sont de puis sants lobbys auxquels les politiques n’ont pas grand-chose à refuser. Difficile de résister à l’argument massue mille fois resservi: aider les entreprises, c’est - paraît-il - créer de l’em ploi. Mais refuser, c’est s’exposer à une cam pagne de dénigrement qui peut se payer cash aux élections. Ces fédérations font-elles les lois pour autant? Notre monde globalisé réduit effectivement la marge de manœuvre des po litiques, souvent aux prises avec les exigences princières de la “main invisible” du marché. loges francs-maçonnes es “affaires” cer leur carrière, qui ont en ne viennent plus glué des que sporadique mandataires so ment aux réu cialistes à Charle nions. Et s’ils en roi en 2007 et trent alors qu’ils dans les affaires sont déjà politi Agusta et Das ciens, on ne les sault en 1993 ont voit que quelques révélé les liens fois avant qu’ils maçonniques d i s p a ra i s s e n t , unissant la plu comme c’est le part des protago cas pour un célè nistes. La francbre ancien com maçonnerie missaire euro serait-elle aussi péen libéral un levier d’in wallon. fluence politique et financière? Le fantasme du C’est plus com Les temples franc-maçons seraient-ils le siège tremplin maçonni plexe. La franc- de pouvoirs occultes? Pas si vite… que viendrait maçonnerie ne d’une phrase ri serait pas à proprement parler un “réseau”, tuelle qui prescrit que “à compétence égale, tu mais un conglomérat de cercles privés (les lo choisiras un frère”. Ce qui se pratique aussi ges) sans grands liens les uns avec les autres. bien chez les anciens de Polytechnique, de Ce qui n’empêche pas les membres de se ren Solvay, des Jeunesses socialistes, de la Besace contrer en d’autres circonstances et de nouer libérale, ou des scouts catholiques. Le copi des relations. Il est toutefois communément nage est une pratique universelle qui touche, admis que les hommes (et femmes) politiques, sans distinction, tous les milieux sociaux quels s’ils sont déjà initiés au moment de commen qu’ils soient. 10 télé moustique 11/08/2010 Plus qu’au niveau belge, c’est donc au Parle ment européen ou à la Commission que se manifestent avec le plus d’évidence ce qu’on appelle poliment les “réseaux d’influence”. Par fois, cela va jusqu’à la corruption de mandataire public, comme le révélèrent, en 2008, les “Worst lobby awards”. Lauréate dans la catégorie du clubs mondiaux Belga L A Bruxelles, 15.000 lobbyistes “officiels” ont été répertoriés. Leur fonction: empêcher les parlementaires européens de voter des réglementations défavorables à leur secteur. Exemple: les lobbys pharmaceutiques ont réussi à berner l’Organisation mondiale de la Santé et le monde entier pour faire croire à une pandémie mondiale de grippe A et écouler leurs vaccins. Actuellement, ce sont les lobbyistes du secteur de l’alimentation industrielle qui sont sur les dents. Ils négocient pour empêcher que l’on vote l’étiquetage détaillé des produits d’alimentation industrielle, et masquer les tombereaux de sucre et de sel dont ils bourrent leurs préparations. D ans ces réunions entre politiciens de très haut vol et patrons de grands grou pes industriels ou financiers se discu tent, en cercle très restreint, les grandes lignes de la politique économique mondiale. Le groupe Bilderberg Ce club des “maîtres du monde” rassemble annuellement politiciens, stratèges, hauts fonctionnaires et P.D.G. Soit environ 130 per sonnes. Tout ce qui s’y dit est marqué du sceau du secret. Né en 1954 à l’hôtel Bilder berg situé à Oosterbeek aux Pays-Bas, il comp te, parmi les fondateurs, le prince Bernhard des Pays-Bas, David Rockefeller et l’ex-Premier ministre belge Paul Van Zeeland. La Commission trilatérale Sous-groupe du Bilderberg né en 1973, cette organisation privée regroupe 300 à 400 personnalités parmi les plus influentes du globe. Objectif: promouvoir la coopération poli tique et économique entre ces trois zones. Sur le mode de la mondialisation, bien sûr. Le Forum de Davos Ce grand raout des gens les plus puissants de la planète a symbolisé durant les années 90 tout ce que les altermondialistes repro Les vrais lieux de pouvoir Où croiser nos politiques? Citons encore Klaus-Heiner Lehne, député européen, nominé pour sa double casquette de député européen et d’avocat pour les ques tions de concurrence et de réglementation, et pour avoir utilisé son statut de député afin de permettre à des avocats de s’adonner à du lobbying dissimulé. Ou Caroline Jackson, sélec tionnée pour sa double compétence: représen tante élue en charge des sujets environnemen taux et conseillère en environnement mandatée auprès d’une société privée de gestion des déchets, Shanks. chaient au néolibéralisme sauvage. La petite station suisse et chic des Grisons où se tient cette réunion annuelle se souvient encore des heurts qui s’y sont déroulés. Créé en 1971 à l’initiative d’une professeur suisse d’Econo mie, le Forum mondial de Davos réunit diri geants d’entreprise, responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes qui débattent des “problèmes les plus urgents de la planète”. A savoir, sur tout de l’économie, mais aussi, à l’occasion, de la santé et de l’environnement. Cafés, restos, clubs de sport: visitez leurs lieux de rendez-vous favoris. L’intimité des salles de fitness permet de muscler bien des relations politiques. V ous connaissez l’aire d’autoroute de Nivelles Nord? En Wallonie, elle est sans doute le plus impro bable des “lieux de pouvoir” de nos politiques. Elio Di Rupo et Joëlle Milquet y ont paraît-il l’habitude de prendre, ensem ble, un petit-dé jeuner de travail, avant de “monter” à la capitale… manière générale, tous les restos qui jouxtent le Parle ment, réservent leur lot de bonnes (ou mauvaises) sur prises. Les boîtes de nuit Pour les politiques noctam bules logeant à Bruxelles, le Mi rano (avant 23 h) reste une valeur sûre. Les plus bo bos-B.C.B.G. pré féreront le Woods, dans le bois de la Cambre, ouvert par le roi du peo ple Carl De Mon charline. Le plus improbable lieu de pouvoir en Wallonie? L’aire d’autoroute de Nivelles-Nord! En Belgique, les rencontres entre politiques qui comptent se font souvent en toute discrétion. Soit dans des lieux incongrus, soit au domicile de l’un ou de l’autre, loin des journalistes. Mais cer tains profitent d’autres structures. Cafés, restos ou salles de sport se prêtent bien à l’exercice. At tention: il suffit que trop de monde connaisse leurs lieux privilégiés pour que les politi ques changent de crémerie. Reporters Les clubs de foot Le président Sarkozy au Forum de Davos. Yves Leterme, Michel Daer den). A Sclessin, tout un mi crocosme, toutes tendances confondues, se tape dans le dos, les seuls à ne pas se par ler étant les deux sections ri vales du PS liégeois (Michel Daerden-Alain Mathot). Reporters pire conflit d’intérêt: Piia-Noora Kauppi, députée européenne finlandaise, qui participait depuis 1999 à l’illustre Commission économique et monétaire du Parlement en charge de la législa tion sur les marchés financiers. Madame Kauppi a entretenu des relations très étroites avec de grands lobbyistes du milieu bancaire. Elle est parvenue à aider les lobbies à promouvoir la réglementation la plus légère et minimale. L’idéal, pour rencontrer les politiciens en goguette, reste les loges d’Anderlecht (Guy Van Hengel, Etienne Davignon, Herman Van Rompuy) ou du Standard (Didier Reynders, Les restaurants On sait que le goût du bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans pour la cuisine italienne le mène à la Pergola, près du Heysel, ou au Brigantino, boulevard Le monnier. Que Marie Arena apprécie les cocktails de l’Ar chiduc, rue Dansaert. Que Mischaël Modrikamen a ses aises chez Mamy Louise, à Uccle. On rencontrera les res ponsables socialistes bruxel lois à la Vieille Halle aux Blés, soit au Novo, soit à la Brasse rie de Bruxelles. Ou encore rue de Rollebeek, en face du boulevard de l’Empereur. De Les salles de fitness L’homme d’affaires, comme le politique, creuse sa tombe avec les dents. Pour évacuer les kilos en trop, nombre d’entre eux fréquentent les salles de fitness. D’autant que l’intimité d’un bon sauna peut délier quelques langues. Les clubs les plus discrets et les plus huppés s’appellent Aspria (rue de l’Industrie ou avenue Louise), Lloyds (drève de Lorraine) ou le SainteAnne, derrière Val Duchesse, lieu de ralliement des familles d’eurocrates. 11/08/2010 télé moustique 11