CHAPITRE III : Tolérances et Ajustements

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CHAPITRE III : Tolérances et Ajustements
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Tolérances et Ajustements
CHAPITRE III : Tolérances et Ajustements
III.1 Notions de Tolérances
Une pièce ne peut jamais être réalisée avec une forme et des dimensions rigoureusement exactes. Mais
pour qu’elle remplisse sa fonction dans un mécanisme, il suffit en pratique que chaque surface fonctionnelle
soit comprise entre deux limites. La différence entre ces deux limites est appelée tolérance
Exemples :

Tolérances dimensionnelles
La distance mesurée
horizontalement entre deux points
A et B doit être comprise entre
19,8 et 20,1 mm, quel que soit
l’endroit où l’on mesure :

Tolérance géométrique
Il doit exister deux plans
perpendiculaires à la base, distants
de 0,2mm l’un de l’autre, entre
lesquels doivent se trouver
TOUS les points de la surface
spécifiée.
Il existe d’autres types de tolérances géométriques : planéité, cylindricité, parallélisme, coaxialité, etc.
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CHAPITRE III :
Tolérances et Ajustements
III.1.1 Système ISO de tolérance dimensionnelle
Le cas de deux pièces devant s’insérer l’une dans l’autre est très courant en mécanique, mais avec une
multitude de possibilités, parce qu’on a besoin tantôt d’un montage forcé plus ou moins solide, tantôt d’un
montage libre qui laisse glisser les deux pièces avec plus ou moins de jeu.
Un système international a été créé pour faciliter le choix, l’écriture, et la fabrication des dimensions
tolérancées de deux pièces devant s’insérer l’une dans l’autre.
Ce système est d’autant plus indispensable, que les pièces à assembler ne sont pas forcément fabriquées
au même endroit ! (élément standard acheté tout fait, pièce sous-traitée,…)
 Pour simplifier, on conviendra d’appeler respectivement ARBRE et ALESAGE les pièces mâle et
femelle…
… tout en sachant que cela pourra aussi bien s’appliquer à des pièces circulaires qu’à des formes
prismatiques (les termes arbre et alésage désignant alors l’espace entre deux faces parallèles : largeur de
rainure, épaisseur de clavette…). Par convention, les initiales des termes relatifs à l’arbre et à l’ALESAGE
seront respectivement en minuscule et en MAJUSCULE.
III.1.2 Nécessité des tolérances
Lors de la fabrication d’une série de pièces identiques, il est impossible d'avoir les mêmes dimensions
d'une pièce à l'autre. Ceci est du aux imperfections des machines, a l'usure des outils, a la dureté du matériau
a usiner, a la précision des appareils de mesure,… Il est donc plus facile de réaliser une cote si elle peut
varier entre deux valeurs limites: Une cote maximale (C Maxi) et une cote minimale (C mini). La différence
entre les deux s'appelle intervalle de tolérance (IT), celui-ci correspond à la marge d’erreur autorisée.
III.1.3 Cotation tolérancée
a)- Définitions :

Cote nominale : dimension de référence, commune à l’arbre et à l’alésage.
Conséquence pratique : dans un alésage de 25, on met un arbre de 25, même si on sait qu’en réalité
aucun des deux ne doit faire très exactement 25 mm.
C m in  C eff  C m ax

Cote effective : dimension réelle, que l’on peut mesurer sur la pièce.

Cote limites : dimensions mini et maxi entre lesquelles doit se trouver la dimension réelle Une
dimension mesurée se trouvant juste sur la limite est considérée comme bonne.

Intervalle de tolérance : IT = dimension Maxi – dimension mini

Ecart : différence (algébrique) entre une dimension limite et la dimension nominale.
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écart supérieur

écart inférieur
ALÉSAGE
ES = Cmax – Cnom
EI = Cmin – Cnom
Arbre
es = cmax – cnom
ei = cmin – cnom
Ecart effectif : il est égal à la différence entre la cote (cote) effective et la cote nominale :
EE  C e  C nom
Zone de tolérance
Exemples :
- cote max de l’arbre : Cmax = 40,12
- cote min de l’arbre : Cmin = 39,85
Cmin
- cote eff de l’arbre : 39 ,85  d eff  40 ,12
Cnom
 0,8
 0, 2
  50
:
Cmax
Ecart supérieur : ES   0,8 ; C m ax  50  0,8  50 ,8
Ecart inférieur : EI   0,2 ; C min  50  0,2  50,2
La cote ou la dimension usinée doit être comprise entre : 50,2 et 50,8.
0
  100  0 , 5 :
Ecart supérieur : ES  0 ; C m ax  100  0  100
Ecart inférieur : EI   0,5 ; C min  100  (0,5)  99,5
La cote ou la dimension usinée doit être comprise entre : 100 et 99,5.
b)- Ecriture d’une cote tolérancée selon la méthode ISO
Principe Prenons par exemple la cote normalisée : 45 m6

Elle se traduit ainsi :  le symbole « diamètre » ne se met que s’il s’agit effectivement d’une forme
circulaire
45 : dimension nominale
m : lettre symbolisant la position de la tolérance
6 : chiffre symbolisant la qualité
 0,0025
La lecture d’un tableau en donnerait la traduction chiffrée :  45  0 , 009
III.2 Ajustements
III.2.1 Définition : On appelle ajustement la différence, avant assemblage, entre la dimension de l’alésage
et celle de l’arbre qu’il doit recevoir. On peut appeler cela aussi le jeu. On conviendra qu’il peut être positif,
ou négatif (serrage). L'exemple 1e plus courant est celui de l'ajustement d'un arbre avec un alésage qui est
l'exemple type d'un ajustement cylindrique (voir la figure I).
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ARBRE + ALESAGE = AJUSTEMENT CYLINIDRIQUE
Pour qu'il y ait ajustement, il faut que l'une des pièces pénètre dans l'autre.
Alésage
Arbre
Figure I
III.2.2 Types d'ajustements :
Le type d'ajustement est déterminé par les positions relatives des zones de tolérance des pièces à
assembler.
Il existe trois types d'ajustement dont le choix est déterminé par des impératifs de construction :
 Ajustement avec jeu.
 Ajustement avec serrage.
 Ajustement incertain.
a)- Ajustement avec jeu :
Pour cet ajustement (voir figure 2) toute la
zone de tolérance se trouve au dessus de celle
de l'arbre et la cote effective de l'alésage est
toujours supérieure à celle de l'arbre, c'est
pourquoi l'arbre pénètre librement et sans
résistance dans l'alésage.
Jeu maxi = Cmax (alésage) - Cmin (arbre) = (Cn + ES) - (Cn + ei) = ES - ei
Jeu mini = Cmin (alésage) - Cmax (arbre) = (Cn + EI) - (Cn +es) = El - es
Jeu mini ≤ Jeu réel ≤ Jeu maxi
TA = IT + it dans ce cas TA = Jeu maxi - Jeu mini
Figure 2
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b)- Ajustement avec serrage :
Dans ce cas toute la zone de tolérance de l’alésage se trouve au dessous de celle de l’arbre (fig. 3). La
cote réelle de l’alésage est inférieure à celle de l'arbre, c'est pourquoi pour effectuer un assemblage de ce
type, il faut employer un procédé mécanique ou thermique ou une combinaison des deux.
Serrage maxi = dmax (arbre) - Cmin (alésage) = (Cn + es) - (Cn + EI) = es - EI
Serrage min = Cmin (arbre) - Cmax (alésage) = (Cn + ei) - (Cn + ES) = ei - ES
Serrage min ≤ Serrage réel ≤ Serrage maxi
TA = IT + it = (ES – EI) + (es – ei) = Serrage maxi - Serrage min
Figure 3
b)- Ajustement incertain :
Pour l'ajustement incertain, (fig. 4), la zone de la tolérance de l'arbre couvre partiellement celle de
l’alésage. L’ajustement obtenu sera soit un jeu soit un serrage. Les intervalles de tolérance se chevauchent.
Serrage maxi = es – EI
Jeu maxi = ES - ei
T A = IT + it = (ES - EI) + (es - ei) = (ES – ei) + (es – EI) = Serrage maxi - Jeu maxi
Figure 4
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50 H7 / g6
Exemple:
Pièces cylindriques
Cote nominale
III.2.3 Qualité d'ajustement
Position et qualité
De l’IT de l’arbre
Position et qualité
De l’IT de l’alésage
Dans chaque machine, il existe des pièces de précision qui nécessitent des exigences techniques d'où un
soin particulier dans la fabrication. Pour définir ou connaître la précision d'une pièce, le système ISO a
établi 18 qualités : 0,1 - 0 - 1 - 2 - 3 - 4 - ... – 16.
Chaque qualité est désignée par un nombre dont le numéro de qualité le plus élevé correspond à la
tolérance la plus grande donc à la précision la plus faible.
En général les qualités de tolérance sont adoptées comme suit :

Les qualités 0.1, 0 et 1 pour les cales étalons de grande précision.

Les qualités 2,3 et 4 pour les calibres et instruments de mesure.

Les qualités 5,6 et 7 pour la mécanique précise.

Les qualités 8,9 et 11 pour la mécanique courante (générale).
Exemple :
Soit un arbre de diamètre 40 mm dont :
- la qualité 5 donne IT = 0,011 mm
- la qualité 8 donne IT = 0,025 mm
- la qualité 11 donne IT = 0,160 mm
Figure 5 : Dessin de définition de différentes cotes d’un assemblage arbre Alésage.
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III.2.4 Méthode du choix de l'ajustement :
Les jeux limites (ou serrages limites) étant connus, il faudrait déterminer les dimensions normalisées de
l'arbre et de l'alésage qui doivent former l'ajustement demandé.
Données :
- Cote nominale (Cn)
- s'il s'agit d'un jeu garanti
- jeu maxi ( Jmax )
- jeu mini( Jmin )
- s'il s'agit d'un serrage garanti
- serrage maxi ( Smax )
- serrage mini ( Smin }
- si l’ajustement est incertain
- jeu maxi ( Jmax )
- serrage maxi ( Smax )
Les phases successives pour permettre la détermination d'un ajustement se résume en cinq étapes
comme suit :

Etape 1 :
D'après les tableaux des tolérances, ou calcule la tolérance totale de l’ajustement TA en utilisant la
formule :
- s'il s'agit d'un jeu : TA = Jmax - Jmin
- s'il s'agit d'un serrage : TA = Smax - Smin
- si l'ajustement est incertain : TA = Smax - Jmax

Etape 2 :
Partager la valeur de la tolérance TA entre l'alésage et l'arbre de telle façon que la somme des intervalles
de tolérance de l'arbre et de l'alésage soif inférieure ou au plus égale à TA tel que :
IT + it < TA
Généralement ou adopte la valeur de tolérance de l'alésage supérieure à celle de l'arbre ( IT > it ). Si
l'alésage et d'une certaine qualité X, la qualité correspondante à l'arbre devrait être de ( X - 1 ) ou ( X - 2 ).
L'arbre doit être plus précis parce qu’il est relativement plus facile à usiner qu'un alésage.

Etape 3 :
Choisir la position de tolérance pour l'alésage d'après la valeur reçue de son intervalle de tolérance IT.
Pratiquement on adopte généralement I’ alésage normal H de telle façon que ES = IT et EI = 0.
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CHAPITRE III :
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Etape 4 :
Après avoir choisi l'alésage, on détermine l’arbre correspondant en calculant ses écarts es et ei :
- sil s'agit d'un jeu :
On sait que es = - Jmin
Et puisque it = es – ei
On calcule ei = es – it = - Jmin - it
- s'il s'agit d'un serrage :
On sait que es = Smax
Et puisque : it = es - ei
Ou calcule ei = es – it = Smax - it
- sil s'agit d’un ajustement incertain
On sait que : es = Smax
Et puisque it = es - ei
On calcule ei = es – it = Smax - it

Etape 5 :
Chercher dans les tableaux l'arbre normalisé qui se rapproche le plus de l'arbre déterminé ci-dessus et
vérifier bien sil satisfait les conditions
- des jeux :
ES - ei ≤ Jmax
EI - es ≥ Jmin
- des serrages :
es - EI ≤ Smax
ei - ES ≥ Smin
- du jeu et serrage (ajustement incertain) :
ES - ei ≤ Jmax
EI - es ≥ Smax
Si au moins l'une des deux conditions pour le type d'ajustement en question n'est pas satisfaite, on
recommence la procédure en repartageant la tolérance d'ajustement totale TA entre l'alésage et l'arbre d'une
autre façon. Dans d'autres proportions et l'on revivifie les conditions jusqu'à ce qu'elles soient satisfaites.
Exemple :
Données :
- cote nominale Ø 70 - jeu maxi : Jmax = 130 microns
- jeu mini : Jmin = 50 microns
Question : trouver l’ajustement qui correspond les donnes de cet exemple.
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III.2.5 Ajustements recommandés
Nous donnons quelques exemples sur l'utilisation des ajustements et le choix des tolérances en fonction
de l’ajustement en précisant les qualités les plus couramment utilisées.
Nous signalons que tous les ajustements usuels recommandés sont du type système à alésage normal H.
Ajustement pour pièces mobiles :
a. Ajustement libre : H11 d11 pour les pièces dont le fonctionnement nécessite un grand jeu.
b. Ajustement tournant H8 e8, H9 e9, H8 f7 pour pièces tournantes ou glissantes en assurant un bon
graissage tel que le guidage sur grande longueur avec rotation.
c. Ajustement glissant H7 g6 pour pièces avec guidage précis ayant des mouvements de faibles
amplitudes tel que le guidage sur de petites longueurs en translation.
Dans ces trois types d'ajustements, le montage des pièces, leur graissage et le démontage sont faciles.
Ajustements pour pièces fixes :
a. Ajustement juste glissant H6 h5, H7 h6, H8 h7, H9 h8, H6 js5 dont le montage est possible à la
main.
b. Ajustement bloqué H6 k5 et H7 m6 dont le montage s'effectue au maillet.
Les deux types d'ajustements ne permettent pas la transmission d’effort tel que l'emmanchement des
roulements et des roues clavetées. Le graissage étant impossible mais le démontage peut se faire sans
détériorer les pièces.
c. Ajustement pressé H7 p6, H8 s7 et H8 u7 ; ce type d’ajustement transmet des efforts et ne se graisse
pas. Il est indémontable parce que son montage se fait à la presse.
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