Lafoiqui déplace lesbulles - Migros

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Lafoiqui déplace lesbulles - Migros
LE MONDE DE
126 |
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ALAIN AUDERSET
La foi qui
déplace
les bulles
Alain Auderset sort le troisième tome de sa BD
«Marcel» et fête ses vingt ans de carrière.
Rencontre à Saint-Imier (BE) avec un artiste
engagé, obstiné, à l’énergie intacte.
| No 49, 1er DÉCEMBRE 2014 |
Au contact
de la nature
«La forêt est l’œuvre
d’un vrai artiste. Tout
y grandit en même
temps, tout est
vivant. On y est accueilli dans le calme
et le silence. Je vais
m’y promener à toute
heure, même la nuit!
C’est un bon endroit
pour parler avec Dieu,
mon pote.»
8h30
Au milieu
des couleurs
9h30
«Je regarde les mises
en page avec ma
coloriste, Priscille de
Prins, ou mon fils
aîné, Silas. Ils font les
premières bases et je
mets généralement
la touche finale. Avec
le temps, ils arrivent
à se mettre dans
mon cerveau et j’ai
de moins en moins
besoin de donner
des indications.»
CARTE D’IDENTITÉ
Alain Auderset
Naissance: le 27 octobre 1968
à Granges (SO)
Etat civil: marié, quatre enfants
Signe particulier: aime faire rire
Il aime: les gens, le soleil,
les bandanas
Il n’aime pas: le stress et les délais
Un rêve: «Courir sur le bord de la plage en tenant la main
de ma femme… Et voir un jour mon dessin animé «Willy
Grunch» sortir sur les écrans.»
Bouillonnant, intarissable, sans
âge. Une bandana plantée sur
la tête façon corsaire, des jeans
troués et toujours prêt à faire le
pitre. Alain Auderset, 46 ans
improbables, est un bédéaste
autodidacte, qui oscille entre
le trublion et le prédicateur
sympathique.
Habité, il l’est. Par un univers
foisonnant et par une foi déclarée qui lui a permis de sortir
huit albums en vingt ans, dont
les «Marcel» et les «Idées reçues». Son premier tome, qu’il
appelle volontiers «la star de
l’atelier», s’est vendu à 64 000
exemplaires. Et a même été
traduit en sept langues
jusqu’en Chine!
Des BD à son image, entre blagues potaches et sagesse millénaire pour un trait foisonnant
et plein de tendresse. «Il y a
toujours un deuxième ou troisième sens dans mes planches.
Je cache des choses dans les
détails… En fait, j’aime faire rire
et réfléchir sur les questions
existentielles. C’est le meilleur
moyen de se changer soimême et peut-être la société.»
Alors que, gamin, il se rêvait
cinéaste ou guitariste de rock,
Alain Auderset a viré dessinateur à cause d’une BD chrétienne. «A 15 ans, j’ai découvert
«Tournesol». J’ai commencé
à parler à Dieu et ça a réveillé
tout ce qui était créatif
en moi.»
Depuis, il n’a plus lâché ni le
crayon ni la foi. Mais sans prosélytisme. «Je ne considère pas
que je fais de la BD religieuse.
Je donne des pistes pour le
bonheur, que l’on soit croyant
ou non!»
Texte: Patricia Brambilla
Photos: Prune Vermot
Infos sur www.auderset.com
Travail
à la mine
«Chaque jour, je descends dans les gorges
de la Noria, ma cave!
Je la déblaie, je
creuse pendant une
heure pour en faire un
local de musique.
Mais ce n’est pas une
galère! En travaillant
j’écoute la Bible et
c’est comme si je
creusais en moi. Je
grandis à chaque
coup de pioche.»
MIGROS MAGAZINE |
15h30
La BD
«Pour ce troisième album de «Marcel», qui vient
de sortir, j’ai mélangé des dessins anciens et récents. Une façon de revisiter mes vingt ans de
carrière, mais sans le faire exprès. Dans cet album, Marcel va de plus en plus dans le monde
onirique et fantastique. C’est deux ans de travail
pour un tirage de 5000 exemplaires.»
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MIGROS MAGAZINE | No 49, 1er DÉCEMBRE 2014 |
LE MONDE DE
ALAIN AUDERSET | 127
17h
Ecriture en solo
«Comme il y a beaucoup de monde à
l’atelier, je préfère me
terrer discrètement
dans un bistrot pour
écrire et aller au fond
de moi. Je prépare
mon deuxième livre,
comme une lettre
d’amour à ma fille.
Mais j’écris lentement, parce que je
privilégie la qualité.»
La fresque
«Pour l’anniversaire de ma fille Séphora, j’ai réalisé cette fresque sur le
mur de sa chambre. On l’a faite ensemble pendant une journée. Ce
dessin qui montre une ado montée sur le dos d’un escargot est une
façon de lui dire qu’elle peut aller de l’avant, même lentement, en vivant
l’instant présent. Ce cadeau l’a beaucoup touchée. Et puis, elle le voit
tous les jours.»
20h
L’atelier
«Il y a cinq ans, j’ai racheté cette église évangélique pour en faire mon atelier. J’y ai installé plein de plantes que j’arrose régulièrement,
palmier, bonsaï, vanillier, bananier… Une vraie
jungle! Je suis touché par ce qui sort de terre,
la petite graine qui devient un arbre immense.
La nature me rend joyeux.»
L’heure du rock
«Je fais partie d’un
groupe, qui s’appelle
Saahsal. Mon plaisir,
c’est le blues, mais
dans le groupe, on est
plus branchés rockfolk. La musique, ça
me change vraiment
les idées. Quand je
tiens ma guitare
électrique, j’oublie
tout. Et en concert,
on partage le trac
à plusieurs.»

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