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Topic: La chanson de Prévert par S. Gainsbourg
Subject: La chanson de Prévert par S. Gainsbourg
Posté par: bamcar
Contribution le : 18/06/2012 18:40:12
Je n'arrive à l'enlever de ma tête depuis 4 ans, donc je vous partage mon tourment.
" Oh je voudrais tant que tu te souviennes
Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée
Je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir
Avec d'autres bien sûr je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m' indiffère
A cela il n'est rien
A faire
Car chaque fois les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir
Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne
L'hiver
Et que la chanson de Prévert
Cette chanson
Les Feuilles Mortes
S'efface de mon souvenir
Et ce jour là
Mes amours mortes
En auront fini de mourir "
" Oh je voudrais tant que tu te souviennes
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Cette chanson était la tienne
C'était ta préférée
Je crois
Qu'elle est de Prévert et Kosma
Et chaque fois les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir
Avec d'autres bien sûr je m'abandonne
Mais leur chanson est monotone
Et peu à peu je m' indiffère
A cela il n'est rien
A faire
Car chaque fois les feuilles mortes
Te rappellent à mon souvenir
Jour après jour
Les amours mortes
N'en finissent pas de mourir
Peut-on jamais savoir par où commence
Et quand finit l'indifférence
Passe l'automne vienne
L'hiver
Et que la chanson de Prévert
Cette chanson
Les Feuilles Mortes
S'efface de mon souvenir
Et ce jour là
Mes amours mortes
En auront fini de mourir "
Voici l'histoire et des pistes de réflexions sur ce texte que j'ai pris ici ou là.
" La Chanson de Prévert ouvre en 1961 le troisième 33 tours de Serge Gainsbourg intitulé «
L’étonnant Serge Gainsbourg ». Elle fut son premier grand succès populaire : son contenu, qui
n’effraie personne, lui permet de passer très souvent à la radio et lui gagne un public jusque là
dérouté par le cynisme et la noirceur affichés par son auteur, que ce soit dans ses chansons
précédentes (La Femme des uns sous le corps des autres, Ce mortel ennui,…) ou dans son attitude
sur scène. Gainsbourg raconte lui-même le jour où il est allé demander à Prévert l’autorisation
d’utiliser son nom : « Il m’avait reçu chez lui. A dix heures du matin, il attaquait au champagne. Il m’a
dit : « Mais c’est très bien mon p’tit gars ! », et timidement, je lui ai tendu un papier qu’il a signé. »
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Quarante ans après, on ne compte plus les versions de La Chanson de Prévert (Michèle Arnaud,
Isabelle Aubret, Cora Vocaire…) et celle de Jeanne Birkin en 1991 au Casino de Paris figure parmi
les plus réussies.
Le thème du souvenir et du temps qui passe est ici traité avec une économie de moyens exemplaire
par un Gainsbourg au sommet de son art poétique. Chacun d’entre nous peut se souvenir avec
précision du lieu où il était et de ce qu’il faisait le jour où il a entendu pour la première fois une
chanson qui l’a marqué, et de même, chacun peut associer une chanson à un événement marquant
de sa vie.
On remarquera la sophistication de la construction du premier couplet dans lequel le premier vers,
qui est aussi celui des Feuilles mortes, sert de principale à une subordonnée placée à la fin du
couplet : Je voudrais tant que tu te souviennes … qu’elle est de Prévert et Kosma. Dans le même
ordre d’idées, le dernier couplet enchaîne sur le dernier refrain sans changer de phrase : Et que la
chanson de Prévert … s’efface de mon souvenir.
Peut-être parlera-t-on de l’ambiguïté volontaire de « d’autres » dans le deuxième couplet (d’autres
chansons ou d’autres femmes ?). On soulignera l’importance du possessif « mes » dans le dernier
refrain, et on ne manquera pas de remarquer dans le troisième couplet les références faites par
Gainsbourg à des textes célèbres : d’une part, une nouvelle référence aux Feuilles mortes avec le
verbe effacer, (la mer n’efface-t-elle pas sur le sable les pas des amants désunis ?), et d’autre part
une construction étonnamment proche de celle du Pont Mirabeau d’Apollinaire, un poème qui
comme par hasard traite du même sujet, avec un Passe l’automne vienne l’hiver qui ressemble
étrangement à Passent les jours et passent les semaines ou à Vienne la nuit sonne l’heure.
Comme souvent chez lui, l’interprétation de Gainsbourg reste volontairement neutre, sans
dramatisation au fur et à mesure de l’avancée du texte, comme détachée des sentiments personnels
qui ont dû inspirer la chanson. On retrouve ce ton entre autres dans La Javanaise. L’orchestration et
l’arrangement vont dans le même sens : deux guitares rythmiques, une contrebasse et une guitare
ponctuant à deux voix les fins de phrases chantées restent présentes du début à la fin avec un jeu
identique, si l’on excepte le passage à l’octave de la guitare soliste dans la coda, et renforcent ce
sentiment d’indifférence contre lequel il n’est rien à faire. "
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