Pro Gallica à Weimar - Atelier Michael Rothe

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Pro Gallica à Weimar - Atelier Michael Rothe
Pro Gallica à Weimar
Table des matières
P. 3
L’héritage de la France dans la littérature classique allemande
P. 4
Les chantiers de restauration en France
P. 6
Exemples de livres français à restaurer
P. 11
La Bibliothèque Herzogin Anna Amalia de Weimar et ses fonds français
P. 13
Restauration des fonds français à Weimar
P. 14
Travaux et résultats d’expertise sur la restauration
L’héritage de la France dans la littérature classique
allemande : les précieux fonds français de la Bibliothèque Herzogin Anna Amalia à Weimar, patrimoine mondial de l’UNESCO, doivent être préservés.
Lors de l’incendie qui a dévasté la Bibliothèque Herzogin Anna Amalia à Weimar
en 2004, 4000 volumes français du XVIe au milieu du XIXe siècle ont été détruits
et 7500 volumes ont été endommagés par le feu, la chaleur ou l’eau utilisée pour
éteindre le feu. Une grande partie des livres endommagés sont déjà en train d’être
restaurés, mais 1200 sont encore en attente d’une restauration dans les ateliers
de leurs pays d’origine. En France, des donateurs et des mécènes sont appelés à
apporter leur concours pour sauvegarder l’héritage littéraire français à Weimar.
Le 2 septembre 2004, un incendie s’est déclaré dans les combles du bâtiment historique principal de la célèbre Bibliothèque de la duchesse Anna Amalia à Weimar,
l’une des plus belles bibliothèques de style rococo en Europe. C’est le plus grand
incendie d’une bibliothèque en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale, causé
par la vétusté des installations électriques. Le feu a détruit une grande partie du bâtiment historique et un nombre considérable d’ouvrages littéraires de grande valeur.
Les livres rangés ou entreposés dans la seconde galerie de la salle rococo et sous les
combles sont soit définitivement perdus, soit gravement endommagés. 50 000 volumes environ ont été détruits et 62 000 autres, conservés dans les étages inférieurs
de la salle rococo, ont été gravement endommagés par le feu et l’eau. L’ensemble
des livres du XVIe au XXe siècle sont touchés, mais les pertes sont particulièrement
lourdes parmi les éditions des époques baroque et classique, qui étaient notamment
conservées dans la salle rococo. 11% de la totalité des collections sont atteints, une
quantité apparemment faible, mais elle inclut néanmoins 2/5 du fonds ancien antérieur à 1850, qui est d’une valeur inestimable.
Parmi les livres détruits ou endommagés, on trouve de nombreux volumes français, dont beaucoup datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Les collections conservées
dans le bâtiment historique étaient consultables par les chercheurs – aujourd’hui, la
perte catastrophique de ces trésors doit être compensée pour que les chercheurs et
les lecteurs puissent étudier les fonds spécialisés comme avant l’incendie.
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Les chantiers de restauration en France
1200 volumes français touchés par l’incendie
Après l’incendie, on a extrait de la salle rococo 25 tonnes de livres, soit 62 000 volumes : 34 000 ont été endommagés par l’eau et la chaleur et 28 000 par le feu, dont
20 000 sont probablement perdus. Ces 25 tonnes ont été transférées au centre de
restauration à Leipzig où on a leur a appliqué les traitements d’urgence : nettoyage,
bandage, congélation et séchage.
Après leur retour à Weimar, les livres abîmés ont été rangés dans un magasin provisoire selon leur type de reliure : en cuir, en parchemin, pleine toile ou plein papier.
20 000 volumes sont déjà restaurés et intégrés dans les magasins en sous-sol qui ont
été inaugurés en 2005 ; on peut désormais les consulter.
Il reste 14 000 volumes à restaurer avant qu’ils soient à nouveau consultables,
dont 1200 livres français. Quant aux 8000 livres réduits en cendre, ils nécessitent un
traitement spécial. [Hinweis auf Restaurierung der Aschebücher in FRA ?]
Les fonds français sont précieux et irremplaçables en raison des annotations manuscrites laissées par leurs célèbres lecteurs, comme Goethe, Schiller, Wieland et
d’autres figures importantes du Classicisme weimarien, mais aussi en raison des
indications de leur provenance, de leurs propriétaires etc. Il faut sauvegarder ces
volumes uniques pour qu’ils soient de nouveau consultables et que soit reconstitué
le patrimoine mondial de l’UNESCO.
Livres français endommagés comportant d’importantes
annotations sur les pages de titre.
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Le budget des chantiers de restauration en France
La ville de Weimar n’est pas capable d’assumer la totalité du coût de la restauration
des fonds affectés, soit 20 millions d’euros jusqu’en 2015. 47 millions d’euros supplémentaires sont nécessaires pour remplacer les livres détruits par l’incendie. La
Bibliothèque, la Klassik Stiftung Weimar et le Land de Thuringe ont besoin de l’aide
financière de donateurs et de mécènes. En raison de ces sommes considérables et du
fait qu’il s’agisse de la reconstitution d’un patrimoine mondial, il revient tout naturellement à des ateliers français d’assurer la restauration des livres français.
L’enjeu est de préserver et de rendre à nouveau consultable l’héritage littéraire de
la France de l’époque des Lumières et du Classicisme weimarien. C’est pourquoi il
appartient à la France de restaurer les volumes endommagés et de les rendre accessibles le plus tôt possible aux chercheurs et lecteurs de la Bibliothèque.
Der Finanzbedarf der Restaurierungsarbeiten für die Gallica:
2010:
2011:
2012:
2013:
2014:
Gesamtfinanzierungsbedarf:
720 000 Euro
720 000 Euro
720 000 Euro
720 000 Euro
720 000 Euro
3 600 000 Euro
Les ateliers de restauration
Atelier Sebastian Gilot
[Adresse ergänzen]
Atelier Emilie Dine
[Adresse ergänzen]
Atelier Coralie Barbe,
9, rue Etex, FR - 75018 Paris, [Adresse überprüfen]
Atelier Michael Rothe
Ostermundigenstrasse 60, CH - 3006 Bern
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Exemples de livres français à restaurer
1. Scha Le 02419, Scha Le 01382
Voltaire [François-Marie Arouet], Œuvres complètes, Gotha : Charles-Guillaume
Ettinger et Bâle: Jean-Jacques Tourneisen, 1784-1790 (71 vol.), t. 4 et 43.
Les Œuvres complètes de Voltaire publiées à Gotha et Bâle, réimpression de la
célèbre édition de Kehl, comprenaient des suppléments à la correspondance. Parmi
les nombreux lecteurs qui les consultaient à la bibliothèque de Weimar pendant
l’époque classique, figurait Goethe qui emprunta en décembre 1800 le quatrième
volume, intitulé «Théâtre » dont il se servit pour faire une traduction de Tancrède.
En choisissant cette tragédie tardive de Voltaire, écrite en 1759, Goethe a pris en
compte les préférences de Charles-Auguste pour le théâtre français. Ce travail lui a
permis de surmonter une petite crise d’inspiration, comme en témoigne une lettre à
Schiller datée du 25 juillet 1800. La première représentation de la pièce a eu lieu le
31 janvier 1801 à Weimar.
Tous les volumes des œuvres complètes de Voltaire ont subi les conséquences de
l’incendie, notamment de l’eau qui a affecté les reliures. Plusieurs volumes présentent de graves dommages aux dos, très souvent les mors sont cassés.
2. Scha Le 00440
François de Bassompierre, Mémoires du Marschal de Bassompierre, Cologne :
Pierre Du Marteau, 1666 (2 vol.), t. 2.
Ce volume a été abîmé par l’eau qui a délavé la reliure en cuir. En outre, sur les
pages de garde et de titre, on trouve des auréoles. Il provient de la bibliothèque de
Balthasar Friedrich von Logau, fils de Friedrich von Logau, poète baroque allemand
et célèbre auteur d’épigrammes. L’acquisition de cette bibliothèque privée en 1704
a été l’un des premiers achats importants effectués par la bibliothèque de Weimar.
Goethe a utilisé ce volume pour un court récit intitulé « L’histoire de la belle épicière
», une histoire imbriquée dans ses Unterhaltungen deutscher Ausgewanderter, série
d’articles dans laquelle il s’est penché sur la Révolution française et qu’il a publiée
dans Die Horen (revue littéraire de première importance du classicisme weimarien,
fondée et dirigée par Friedrich Schiller entre 1795 et 1797). Goethe a emprunté ce livre, dont il a traduit assez fidèlement ce court épisode, pendant l’hiver 1794 /1795.
3. Scha Le 00136
Madame D*** [Catherine Durand, épouse Bédacier], Mémoires secrètes de la
cour de Charles VII, Amsterdam : J. Wetstein & G. Smith, 1735 (1 vol.), t. 2.
La première édition du roman de Catherine Durand, auteur de plusieurs récits
qui mettent en scène sur un fonds historique les intrigues galantes de personnages
célèbres, a paru en deux tomes en 1700. Le registre des lecteurs de la Bibliothèque
prouve que Friedrich Schiller l’a emprunté en 1800, parmi d’autres chroniques et
récits historiques sur Jeanne d’Arc, au moment où il a commencé l’écriture de la
tragédie La Pucelle d’Orléans. Le volume est composé de deux tomes, dont le second
contient l’ « Histoire de la Pucelle d’Orléans » qui raconte les combats victorieux de
la bergère Jeanne contre les loups-tigres. Schiller s’est inspiré de cet épisode dans un
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célèbre passage de sa pièce. Vraisemblablement il ne connaissait pas le mot « louptigre », expression désuète désignant une hyène : il l’a en effet traduite mot à mot en
allemand par « Tigerwolf », un animal imaginaire. La première représentation de sa
pièce a eu lieu en septembre 1801 à Leipzig et a connu un grand succès. Les pages
sont collées par l’eau ; le dos est abîmé ; la tranchefile s’est détachée.
5. Scha Le 00246
Molière (1622 –1673), Les Œuvres de Monsieur Molière, Paris : Jean Ribou, 1668
(3 vol.), t. 3.
En 1668, le libraire et imprimeur Jean Ribou, à qui Molière a confié la publication
de la plupart de ses œuvres de 1666 à 1770, a constitué un recueil des trois tomes
qui forment la suite d’une édition collective des Œuvres de Molière, en les numérotant III, IV et V. Ce troisième tome de l’édition de la bibliothèque de Weimar réserve
bien des surprises parce qu’on y trouve des éditions originales : Ribou a obtenu le
privilège du roi pour imprimer Le Misanthrope (1667) et Le Médecin malgré lui
(1667) qui figurent dans ce recueil. Même la troisième pièce contenue dans ce tome
III, L’Amour médecin, paraît être l’édition originale, imprimée par Nicolas Legras en
1666, et reliée par Ribou. Le recueil comporte tous les frontispices qui font souvent
défaut aux autres éditions. Le tampon sur la garde blanche atteste sa provenance :
la bibliothèque de Balthasar Friedrich von Logau. La reliure du tome de format induodecimo a été abîmée par l’eau.
((zu 5.)) La figure du frontispice représente Molière interprétant le rôle du Misanthrope en 1666. Elle est intéressante parce qu’elle apparaît assez rarement sur les autres
exemplaires.
((zu 7.)) evtl. Abbildung von Marginalien auf S.
104] (hier Buchrücken)
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7. Scha Le 00945
Plutarque, Les Vies Des Hommes Illustres, Paris : Charles Pougens (et al.),
1798 –1803 (13 vol.), t. 1.
La reliure en cuir de ce volume a été très abîmée par les conséquences de l’incendie :
le dos et les chasses ont brûlé, il ne reste que les plats de devant et de derrière. De
plus, les gardes, fortement endommagées par l’eau, présentent d›importantes auréoles. L’ensemble de cette édition, qu’on ne trouve que dans deux autres bibliothèques
allemandes, a subi des dégâts. Elle a été imprimée par Charles Pougens, homme de
lettres et libraire à Paris où il a fondé l’une des premières maisons de commission
de librairie à l’époque de Napoléon Bonaparte (Pougens a été chargé de préparer la
bibliothèque que devait embarquer l’expédition d’Égypte en 1798). En 1802, il a
demandé à Charles-Auguste de lui réserver un endroit à Weimar pour y établir un
dépôt de livres français. Suite à cette demande, Charles-Auguste et Goethe ont proposé à Pougens un bâtiment à Iéna, ainsi qu›un poste d’enseignement à l’université.
Le projet n’a pas abouti pour des raisons politiques, mais la bibliothèque de Weimar
a fait appel à Pougens par la suite pour ses achats de livres français.
Ce volume de Plutarque, qui présente des annotations manuscrites, provient de
la bibliothèque privée de la grande-duchesse Maria Pavlovna, sœur cadette du Tsar
Alexandre Ier, qui a épousé en 1804 Charles-Frédéric de Saxe-Weimar-Eisenach, fils
de Charles-Auguste.
8. Scha Le 03955
James Cook, Voyage dans l’hémisphère Austral, et autour du monde : Fait Sur Les
Vaisseaux De Roi, L’Aventure, & La Résolution, en 1772, 1773, 1774 & 1775…, Paris : Charles Joseph Panckoucke, 1778 (6 vol.), t. 4.
Ce quatrième tome de l’édition originale française du deuxième voyage d’exploration
de James Cook dans l’océan Pacifique présente sur sa reliure en cuir d’importantes
auréoles causées par l’eau.
Par ce voyage, Cook a réfuté l’idée de la Terra Australis Incognita, un continent
imaginaire dont l’existence était ancrée depuis longtemps dans les croyances ; par
la même occasion, il a entrepris la première exploration scientifique de la région du
pôle sud. L’ouvrage est enrichi de plusieurs plans, de cartes, de portraits etc., dessinés pendant l’expédition par William Hodges. Il provient de la bibliothèque privée
d’Anna Amalia et prouve ainsi l’intérêt de la duchesse pour les récits de voyage, très
présents dans les fonds de la bibliothèque de Weimar. Les dégâts provoqués par l’eau
sur la reliure rendent difficile la manipulation de l’ouvrage : les pages sont collées,
notamment celles qui contiennent les cartes et les plans.
12. Scha Le 00249
Monsieur de C… [Jean Benech de Cantenac], Poésies nouvelles et autres œuvres
galantes, Paris : Girard, 1665.
Cette édition originale de l’œuvre de Cantenac qu’un trouve à Weimar est la seule
dans les bibliothèques allemandes. Le volume, qui présente plusieurs annotations
aux gardes, provient de la bibliothèque privée de Balthasar Friedrich von Logau. Ce
recueil de poésies, publié anonymement par Jean Benech de Cantenac, est la suite
d’une première publication qui date de 1661 ; il comporte à la fin des lettres galantes. Benech est l’auteur du poème L’Occasion perdue et retrouvée attribuée parfois à
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Corneille. Les mors et les gardes collés du volume sont cassés. En outre, les dégâts
provoqués par l’eau sur la tranche de queue rendent difficile la manipulation de
l’ouvrage et ils ont également affecté le frontispice et la page du titre, qui présentent
des fortes auréoles.
15.
Eustathe de Thessalonique, Dionysiu Alexandreōs tēs oikumenēs periēgēsis
Ypomnēmatistheisa hypo tu Eustathiu tu tēs thessalonikēs archiepiskopu, Paris :
Robert Estienne, 1547.
Prestigieux imprimeur parisien, Robert Estienne a obtenu en 1539 le privilège du
roi pour la publication des ouvrages en grec, en latin et en hébreu; en 1547, pour
la première fois, il imprime ce texte grec d’Eustathe, érudit byzantin très réputé et
archevêque de Thessalonique au XIIe siècle : il s’agit d›un commentaire sur l’ouvrage
(de géographie) intitulé Tēs oikumēs periēgēsis de Denys le Périégète, géographe du
IIème siècle. Cette description du monde a joui jusqu’au Moyen Âge d›une grande
réputation et a été plusieurs fois commentée ; l’ouvrage d’Eustathe est le plus célèbre de ces commentaires. Conrad Samuel Schurzfleisch, premier directeur de la
bibliothèque de Weimar à partir de 1706, était le propriétaire de ce volume comme
le prouve sa signature sur la page de titre. La plus grande partie de sa bibliothèque
privée, intégrée dans le fonds depuis 1722, a été détruite par l’incendie.
La reliure est abîmée par la chaleur et l’eau, les mors sont cassés et la page de titre
présente de grandes auréoles.
17. Scha Le 06223
((zu 12.)) [Abbildung : Marginalien auf dem angeklebten
Spiegel am Buchrücken]
((zu 15.)) [evtl. Abbildung : Marginalien auf dem
fliegenden Vorsatzblatt]
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Les deux derniers livres du roi : Traduits en François, avec l’explication du sens littéral & du sens spirituel : Tirée des SS. Pères & des Auteurs Ecclésiastiques, Paris :
Pierre le Petit, 1687.
Cette édition originale, qui contient une partie complète de la traduction de la
Bible dite de Port-Royal avec le texte latin en regard, est très endommagée : la reliure
en cuir du plat de devant et du dos a été fortement abîmée par la chaleur, l›ensemble
de l’ouvrage présente des auréoles et des altérations de couleurs. En outre, les dégâts
provoqués par l’eau rendent difficile la manipulation de l›ouvrage.
La traduction de la Bible entreprise par Isaac-Louis Lemaistre de Sacy et ses amis
de Port-Royal est la plus connue des premières traductions de la Bible en français.
Pierre le Petit, imprimeur de l’Académie française depuis 1643 et grand libraire de
l’époque, a publié la plupart des œuvres des grands auteurs de Port-Royal, notamment celles de Blaise Pascal.
20. Scha Pe 00944
Antoine du Verdier, Supplementum Epitomes Bibliothecae Gesnerianae…, Lyon :
Barthélemy Honorat, 1585.
Ce supplément se trouve à la fin d’un ouvrage intitulé La bibliothèque d’Antoine
du Verdier, contenant le catalogue de tous ceux qui ont écrit ou traduit en François,
une sorte d’encyclopédie bibliographique. L’auteur, Antoine du Verdier (1544 –1600),
gentilhomme de la chambre du roi et contrôleur général à Lyon, possédait l’une des
plus belles bibliothèques de son temps. Le Supplementum lui-même est un abrégé de
la célèbre Bibliotheca universalis de Conrad Gesner, une vaste bibliographie où 1800
auteurs et leurs œuvres sont présentés. Gesner, considéré comme le fondateur de la
recherche bibliographique en Europe, l’a publiée en 1545.
L’ouvrage principal, La bibliothèque d’Antoine du Verdier, a pu être sauvé de
l’incendie ; il est d›ores et déjà consultable pour les lecteurs. Mais son Supplementum a été abîmé par l’eau et la chaleur qui ont déformé la reliure en parchemin. La
doublure s’est détachée ; l›ensemble de l›ouvrage présente d›importantes auréoles
d’eau.
Le volume comporte également un autre abrégé bibliographique (Bibliotheca, sive,
antiquitates urbis Constantinopolitanae) et l’Encomion chalcographiae de Johannes
Arnoldus.
La signature sur la page de titre prouve sans doute que ce volume provient d’un
grand représentant de l’humanisme hollandais, Vulcanius Bonaventure (1538 –1614),
dont les annotations sont très nombreuses dans ce volume.
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La Bibliothèque Herzogin Anna Amalia de Weimar
et ses fonds français
Le salle rococo de la Bibliothèque Herzogin Anna Amalia après sa réouverture à l’automne 2007
La Bibliothèque Herzogin Anna Amalia abrite une collection d’un million d’ouvrages
littéraires du IXe au XXIe siècle. Les collections de la Bibliothèque sont intimement
liées à la période autour de 1800, années pendant lesquelles Weimar était le centre
culturel et littéraire de l’Allemagne. Les fonds de l’époque des Lumières, du Classicisme weimarien et du Romantisme sont particulièrement bien représentés. Ils forment
une source exceptionnelle pour l’étude de l’histoire de la civilisation, que la Bibliothèque est chargée d’exploiter et de mettre à disposition du public.
Le bâtiment historique de la Bibliothèque et sa célèbre salle rococo, inscrits sur
la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998 avec d’autres sites de
l’ensemble intitulé « Weimar classique », ont été rouverts officiellement au 24 octobre 2007. La salle rococo est aujourd’hui visitée par 90 000 visiteurs chaque année.
Goethe et un écrin particulièrement précieux
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KÜRZEN!!
Au cours du XVIIIe siècle, la Bibliothèque de Weimar est une de plus connue
d’Allemagne. C’est grâce à ses mécènes généreux et bienveillants, principalement
la grande-duchesse Anna Amalia et son fils le grand-duc Charles August, que la
ville Weimar est devenue un centre d’activités littéraires et musicales qui a attiré un
grand nombre de personnalités : Wieland, Herder, Goethe, Schiller, etc. . Mais c’est
aussi grâce à ses célèbres directeurs, dont Goethe, qui fut le plus important, que la
Bibliothèque connut une telle réputation : pendant les trente-cinq années de son
directorat, il acquit de nombreux ouvrages, doublant ainsi la collection qui s’élevait
en 1830, deux ans avant sa mort, à environ 120 000 volumes.
La Bibliothèque reste un trésor particulièrement précieux, malgré les pertes causées par l’incendie : parmi la collection exceptionnelle de livres et de manuscrits de
littérature allemande de 1750 à 1850, les lecteurs et les chercheurs peuvent notamment consulter le plus grand fonds mondial concernant le mythe de Faust, et naturellement la version universelle que Goethe en a laissé. Ils peuvent aussi accéder à plus
de 2000 manuscrits, dont 230 de l’époque médiévale, à de nombreux incunables
d’une immense valeur historique ou littéraire, à 8000 cartes historiques, et à une importante collection de Bibles (dont une Bible de Luther datant de 1514). On y trouve
également les bibliothèques privées de Liszt, Nietzsche et Achim von Arnim, trois
figures intimement liés à l’histoire de Weimar.
L’histoire de la Bibliothèque remonte à 1691 quand s’est constituée la collection
princière du petit duché de Saxe-Weimar-Eisenach, initialement au palais ducal. Un
moment important pour le développement de la Bibliothèque a été son déménagement au « Château Vert » dans les années 1761 – 1766, lorsqu’elle a été installée
dans la salle rococo.
La Bibliothèque Herzogin Anna Amalia appartient à la Klassik Stiftung Weimar ;
elle est entretenue par la ville de Weimar, le Land de Thuringe et la République fédérale d’Allemagne. Malgré le support financier public, les devoirs de la Bibliothèque
ne peuvent pas être complètement accomplis. La Bibliothèque a besoin du soutien et
de l’aide financière de mécènes et de donateurs privés. La Fondation Vodafone (Vodafone Stiftung) et la Fondation culturelle Allianz (Allianz Kulturstiftung) sont parmi
les associés et mécènes allemands qui soutiennent la reconstitution du patrimoine
littéraire.
Les fonds français de la Bibliothèque à Weimar
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La culture et la littérature françaises ont toujours joué un rôle important à la cour de
Weimar : lorsque Anna Amalia, fille de Charles Ier, duc de Brunswick-Wolfenbüttel
et nièce du roi de Prusse Frédéric II, y est arrivée en 1756, la majorité des livres disponibles étaient d’origine française. La langue des cours allemandes était à l’époque
encore le français. A l’instar de tous les membres de l’aristocratie et des milieux cultivés, la jeune duchesse, quand elle est arrivée à Weimar, à dix-sept ans, a davantage
parlé le français que l’allemand. Pendant sa régence, de 1758 à 1775, presque tous
les livres acquis ont été des livres en langue français. Cela a changé avec l’arrivée de
Goethe à Weimar en 1775 : à partir de ce moment, la plupart des acquisitions ont été
allemandes. Le fonds français reste pourtant une admirable vitrine du rayonnement
universel de la littérature du siècle des Lumières, de la langue française, du « canon »
de la littérature mondiale, mais aussi d’une littérature plus spécialisée (médecine,
zoologie, etc.) en traductions françaises. Parmi les Belles Lettres, le roman français
du XVIIIe siècle est très bien représenté. L’intérêt traditionnel de la cour de Weimar
pour l’histoire française jusqu’ au XIXe siècle est aussi la raison pour laquelle beaucoup d’ouvrages sur ce sujet sont conservés. En outre, la Bibliothèque possède une
importante collection d’imprimés révolutionnaire rassemblés par Charles Auguste
dès 1789, et qui furent confiés à la Bibliothèque en 1798. L’année suivante, c’est
Goethe qui a ordonné la rédaction d’un catalogue.
Restauration des fonds français à Weimar
Les 8000 volumes réduits en cendre nécessitent un traitement spécial. 34000 ont été
gravement endommagés par l’eau et la chaleur seront restaurés jusqu’à 2015. Les
livres endommagés ne présentent pas tous le même type de dégâts. Les facteurs de
dégâts ont été la chaleur, le feu, la fumée, la suie et saleté (par exemple la chaux et
les morceaux de mortier). Les 390 000 litres d’eau provenant des bouches à incendie
et de l’Ilm, le ruisseau qui coule derrière la Bibliothèque, ont servi à éteindre le feu,
mais ont aussi abîmé de nombreux ouvrages. Environ 1500 litres d’eau d’extincteurs
s’y sont ajoutés. Tout cela a endommagé plusieurs toutes les parties des livres : cuir,
parchemin (surtout peau de veau ou chevreau), textiles (lin, velours, soie, et autres
étoffes précieuses) et papier (chiffons, pâte de bois, cellulose).
Priorité doit être donnée à la conservation des originaux
Les livres du bâtiment historique de la Bibliothèque Herzogin Anna Amalia constituent en eux-mêmes une partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. La restauration
des livres originaux est aussi importante que celle du bâtiment. Cela veut dire que la
conservation et la réutilisation de ce qui reste des livres endommagés est une priorité dans le processus de la restauration. Même s’est est impossible de restaurer tous
les livres à partir de leurs restes et de leurs cendres, tous ces éléments originaux
doivent être conservés et catalogués, quel que soit leur état. Il faut préserver l’unité
des fonds weimariens, qui représentent l’amalgame, réalisé au cours des siècles
précédents, de nombreuses bibliothèques privées et institutionnelles de différentes
tailles. Et il faut préserver aussi, dans la mesure du possible le caractère individuel
de chaque livre, avec ses annotations, l’indication de leur provenance et de leurs
propriétaires. L’objectif de la restauration n’est pas d’effacer toute trace du drame
de 2004, mais de laisser les traces de l’histoire du volume. Ces livres ne doivent pas
être de silencieux témoins et de tristes reliques de l’incendie, mais des volumes utilisable pour les chercheurs, consultables dans la salle de lecture de la Bibliothèque
ou prêtables pour des expositions.
Appel d’offres pour la restauration des volumes
Dans cet esprit, 20 000 volumes abîmés par l’incendie font l’objet d’un appel d’offres
pour restauration. La Bibliothèque Herzogin Anna Amalia travaille actuellement avec
des ateliers dans toute l’Europe. Pour obtenir une qualité de réparation uniforme, les
experts de Weimar ont réalisé des restaurations modèles qu’ils mettent à la disposition des autres ateliers désirant étudier la façon de procéder. Ces solutions techniques
et esthétiques développées à Weimar quant aux matériaux et aux gestes techniques
ont fait l’objet de tests avant d’être appliquées.
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Travaux et résultats d’expertise sur la restauration
[Text Dölle Kultur: Übersetzung + Frz. Arbeitgemeinschaft ]
Restauration des livres réduits en cendre
[Text Dölle Kultur : Restaurierung von Aschebüchern in FRA]
La restauration a pour objectif de :
- Reconstitution du corps des livres en considération des cahiers d’origine
…
[Abbildung eines frz. Aschebuches : z.B. Scha BS 1 A 00030]
Livre réduit en cendres (après nettoyage et avant
restauration).
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Livre réduit en cendres (après restauration).
Restaurierungswerkstatt Weimar–Legefeld.
Abbildungen Umschlag
Mentions obligatoires
Textes/traduction des textes: Nina Struckmeyer
Photos : Nina Struckmeyer
Rédaction :
Conception : Alexandra Steiner
Impression : Druckerei Hofer Bümpliz
Edition : 2010, Janvier

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