Année 2015 - IRTS Réunion
Transcription
Année 2015 - IRTS Réunion
SELECTIONS D’ENTREE EN FORMATION D’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL D’EDUCATEUR SPECIALISE D’EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS DU JEUDI 22 JANVIER 2015 EPREUVE ECRITE QUESTIONNAIRE Durée : 3h30 Notation : /20 Coef. 1 Vous devez traiter l’ensemble de ces questions. Question n°1 : Les « combattants d’Ebola » désignés personnalité de l’année par « Time ». « Pour d’infatigables actes de courage et de compassion, pour donner le temps au monde de renforcer ses défenses, pour avoir pris des risques, avoir persisté, avoir fait des sacrifices et sauvé des vies ». Que suscite, chez vous, cette déclaration ? Question n°2 : L’attentat meurtrier perpétré le 7 janvier 2015 au siège de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a porté atteinte aux valeurs qui fondent la République française. En tant que citoyen d’une République laïque, qu’en pensez-vous ? Quelle est votre analyse ? Question n°3 : En décembre 2014, 5 jeunes ont perdu la vie dans un terrible accident de circulation où vitesse et alcool sont évoqués. Ce drame met une fois de plus en lumière l’insécurité sur nos routes, notamment chez les jeunes. Que pensez-vous de ce problème ? Quelles seraient vos préconisations ? SELECTIONS D’ENTREE EN FORMATION D’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL D’EDUCATEUR SPECIALISE D’EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS DU JEUDI 22 JANVIER 2015 EPREUVE ECRITE NOTE DE SYNTHESE Durée : 2 heures CONSIGNE A partir des textes et témoignages ci-joints, vous réalisez une synthèse sur le sujet suivant : Quand "Big Brother"(*) et "Big data"(**) envahissent notre quotidien. Votre synthèse très condensée doit se situer dans une fourchette de 350 à 400 mots. Tous les mots comptent, qu’ils soient des mots « pleins » (noms, verbes, adjectifs…) ou des mots outils (articles, auxiliaires du verbe, prépositions, conjonctions de coordination ou de subordination, négations…). Les mots composés comme « parce que » ne valent qu’un. Vous devez préciser à la fin de votre synthèse le nombre de mots que vous avez utilisés. (noté sur 20, coef. 1) (*) L'expression « Big Brother » (en référence au personnage de fiction du roman 1984 de George Orwell) est utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus. (**) Les « big data », ou mégadonnées, parfois appelées données massives, désignent des ensembles de données qui deviennent tellement volumineux qu'ils en deviennent difficiles à travailler avec des outils classiques de gestion de base de données ou de gestion de l'information. Les perspectives du traitement des big data sont énormes et pour partie encore insoupçonnées. ALERTE AUX "BIG MOTHERS" GPS dans les cartables, mouchards dans les portables... Des parents inquiets surveillent leurs rejetons à l'aide de gadgets high-tech. PAR CÉCILE DEFFONTAINES ILLUSTRATIONS : DIEGO ARANEGA Les Petit Poucet d'aujourd'hui peuvent jeter leurs cailloux dans le fossé, ils n'en ont plus besoin. Aucun risque de se perdre, encore moins de goûter à l'école buissonnière. Ils ont désormais un fil numérique à la patte. Enfants, sachez-le, Big Mother vous regarde ! De leurs ordis, de leurs tablettes ou de leurs portables, les parents 2.0 peuvent surveiller les moindres déplacements de leurs chers rejetons. Et ils sont de plus en plus nombreux à ne pas s'en priver. Il leur suffit d'avoir doté leur précieuse progéniture de GPS portatifs comme Ma P'tite Balise ou T'es où. Des boîtiers de la taille d'une clé de voiture qui cartonnent, surtout depuis cette rentrée ; la marque de vêtements Gemo vient même de commercialiser des manteaux avec traceur GPS intégré, pour plus de commodité. Ils peuvent aussi installer une application comme Jelocalise ou iChaper sur le téléphone de leur enfant. Chaper ? Le diminutif de « chaperon », dans une version un poil modernisée mais néanmoins bigrement efficace. Ces mouchards géolocalisent leur cible et envoient, par exemple, une alerte lorsque l'écolier pénètre dans l'enceinte scolaire. Ils peuvent aussi délimiter un périmètre autorisé et, idem, déclencher un signal si l'enfant en sort. C'est le geofencing ou « gardiennage virtuel ». « Au boulot, j'ai l'emploi du temps de ma grande qui est en sixième, raconte Laëtitia, assistante de gestion de 33 ans. Quand elle est censée être à la maison, je regarde vite fait si elle "balise" bien. Si elle doit rentrer à 18 heures et qu'elle est en retard, je consulte mon portable et, si elle est juste au coin de la rue, je ne panique pas. » C'est ainsi qu'Allison, 12 ans, ne parcourt jamais sans son GPS au fond de sa poche les 300 mètres qui séparent sa classe de CM2 de La Poste, où son papa lui donne rendez-vous après l'école. Ados, souriez, vous êtes traqués. Ces nouveaux espions numériques pullulent, qui les bipent, les fliquent et leur prendraient bien la température. En fait, cette dernière option existe... Aux Etats-Unis, un bracelet électronique appelé Sproutling peut être placé sur la cheville de bébé. Ce gadget sert à prendre ses constantes, de sa température à son rythme cardiaque, et détecte même ses mouvements. Un attirail digne d'un épisode d'« Urgences », service néonatologie. Bientôt, la marque coréenne LG va également lancer un bracelet connecté. La marque Kurio vient, elle, de commercialiser un portable « spécial enfants » doté de toutes ces fonctions de traçage aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. La France est à l'étude. Aline, 30 ans (1), a quant à elle opté pour une caméra infrarouge afin de superviser le sommeil de Céleste, 3 ans. Un cran au-dessus du simple Babyphone, l'appareil braque son œil sur la petite en mode surveillance. La finaude faisait souvent mine de dormir, désormais sa mère la chope. « Quand je travaille, parfois j'ouvre une fenêtre avec l'image transmise par la caméra sur mon fond d'écran, explique la jeune maman. Je l'utiliserai jusqu'à ses 6-7 ans, après je lui laisserai son intimité. » Ces cordons ombilicaux high-tech laissent pourtant les pédopsychiatres pantois. « Cette hyperattention empêche l'enfant de grandir, estime Michael Stora, psychanalyste à l'Observatoire des Mondes numériques en Sciences humaines. Les périodes d'absence du parent permettent au bébé de s'autonomiser en développant sa pensée. Si, à cause de ces objets, sa maman vient trop vite quand il pleure, elle ne lui laisse pas le temps de vivre l'expérience du manque et, ainsi, de s'individualiser. » I.R.T.S de La Réunion - Sélections d’entrée en formation ASS/ES/EJE - Jeudi 22 Janvier 2015 - Page 2/6 Pour les parents inquiets, ces veilleurs numériques les inciteraient au contraire à donner plus de liberté à leur enfant. « S'ils n'avaient pas le GPS, je ne les laisserais pas rentrer à la maison à pied à midi, ils iraient à la cantine », explique Grégory, opérateur logistique et papa de Jules et Rose, 9 et 8 ans. Les géniteurs n'ont qu'une peur : la mauvaise rencontre. Ils vantent le bouton SOS sur lequel leur enfant peut appuyer en cas de danger immédiat. « Ça rassure ma mère, elle est un peu mère poule. Je pourrais me faire agresser ou me faire enlever », détaille Manon, 16 ans, qui a un portable doté d'une appli de géolocalisation, au grand étonnement de ses camarades. La confiance règne... « Mon fils de 5 ans le réclame pour sortir », raconte Max, qui commercialise le GPS T'es où. « Cela peut faire peur à l'enfant et l'inhiber, déplore la psychanalyste Claudia Fliess, auteur de « Toutes les mères sont folles » (2). Il faut qu'il apprenne qu'il est capable de se défendre par lui-même. » « Paris n'est pas Bagdad !, renchérit Eric Heilmann, sociologue spécialiste de la surveillance. Et les enfants ne sont pas des objets que l'on peut tracer comme des marchandises qui sont déplacées de port en port. » A quand le drone-chaperon ? « Ces objets induisent un paradoxe. Les parents disent à leur enfant : "je te fais confiance, mais parce que je te surveille"», s'étonne Michael Stora. Et, bien que destinés à rassurer, ils créent de nouvelles angoisses. « C'est vrai qu'une fois j'ai appelé ma femme car mon fils n'était pas à l'école, reconnaît Max. En fait, il était au sport. » D'autant que le cheminement dans la journée, surtout pour un ado, est loin d'être rectiligne. C'est aussi une déambulation, avec ses rêveries et ses écarts contrôlés. « L'enfant connaît les limites, mais c'est grisant pour lui de les franchir. Faire un détour imprévu par la boulangerie avec un copain pour acheter des bonbons, c'est tout sauf nocif : ainsi commence l'autonomie, insiste Angélique Kosinski-Cimelière, psychologue pour enfants. S'il dit à ses parents qu'il est rentré directement, ils vont donc lui dire qu'il ment ?» En étalant en ligne les photos des virées entre copains, c'est Facebook qui a attisé la curiosité. 45% des parents français avaient, en 2012, reconnu s'être connectés au compte de leur enfant à son insu. « Mon amie croyait sa fille en Seine-et-Marne, elle a vu sur Facebook qu'en fait elle s'éclatait à la Défense avec ses copines... s'amuse Aurélie. L'idée que leurs digital natives aient accès à tout du fin fond de leur chambre donne le vertige aux parents. Il faut bien tenter de maîtriser ce tsunami. Certaines applications sont donc carrément invisibles. On peut violer incognito tout le contenu d'un smartphone. « En cinq minutes, commencez à espionner le téléphone portable de votre enfant. Recevez secrètement la copie de ses messages, appels, contacts, positions GPS, historique internet, conversations Facebook, Whatsapp, Viber et plus encore, à distance, sans être vu ! » propose Mobipast. Le risque est grand de se perdre dans ce jeu de piste. Agnès, malgré les meilleures intentions du monde, l'a expérimenté. Déconcertée par la soudaine hostilité de son adolescente de 17 ans, cette illustratrice a cédé à la tentation il y a quelques mois. « Elle était devenue imbuvable. Un jour, je lui ai pris son téléphone. J'ai tout lu et je suis tombée des nues. » Marie prend des drogues. Cette nuit-là, avec son mari, Agnès décide d'installer une appli espionne sur le portable de Marie, qu'elle emmène par ailleurs chez un psy. Marie ignore qu'un mouchard niche désormais dans son smartphone et Agnès, qu'elle va faire une plongée en apnée dans la tête de son enfant. Dès le réveil, à la moindre minute libre, la maman inquiète se connecte pour voir si la demoiselle reste clean. Des heures à dévorer ses SMS, à s'abreuver de chacune de ses pensées. Une spirale infernale. « Partout, j'allumais mon portable pour ne pas perdre le fil. Je lisais, je pleurais. Je suis rentrée dans sa tête. Ça vous fout en l'air. J'étais presque devenue elle. » C'est sa sœur qui va lui imposer d'arrêter. En respirant un grand coup, la maman fusionnelle a fini par supprimer l'appli. Fin de partie. En deux secondes, elle était libérée. Et le cordon ombilical, enfin coupé. « Jamais, même sur mon lit de mort, je ne lui dirai que je l'ai espionnée. » I.R.T.S de La Réunion - Sélections d’entrée en formation ASS/ES/EJE - Jeudi 22 Janvier 2015 - Page 3/6 COMBIEN ÇA COUTE ? Une balise GPS pour le cartable vous coûtera 9,99 euros par mois pendant un an chez T'es où, plus un dépôt de garantie de 79 euros. Chez Ma P'tite Balise, c'est 99 euros la balise, plus 4,90 euros d'abonnement chaque mois. Une application pour le portable comme Jelocalise coûte 1,79 euro par mois. Le logiciel espion pour portable Mobipast coûte, lui, 29,99 euros. FINI DE TRAINER ! Le périmètre des pérégrinations des enfants s'est considérablement réduit au fil du temps. Un médecin britannique a étudié les déplacements, depuis la maison, des petits de 8 ans d'une même famille de Sheffield, en Angleterre. En 2007, Ed pouvait parcourir 300 mètres seul. En 1979, sa mère faisait 800 mètres. En 1950, son grand-père allait à 1,5 kilomètre. En 1919, son arrière-grand-père se déplaçait jusqu'à...10 kilomètres ! (1) (2) Certains prénoms et certaines professions ont été changés. Editions du Moment, 2013. LE NOUVEL OBSERVATEUR - 9 OCTOBRE 2014 – N°2605 LE "BIG DATA", DIEU DU STADE Caméras omniprésentes, "tracking" optique, GPS : le high-tech fait de plus en plus sa loi dans le foot et le rugby français. Avec quels résultats ? "L'Obs" est allé enquêter dans les laboratoires secrets du sport tricolore. GURVAN LE GUELLEC Le rugby, eh bé, ça n'est plus comme avant. Le football non plus d'ailleurs. Laissons en paix Philippe Saint-André, entraîneur décrié d'un XV de France qui affronte depuis deux semaines trois monstres de l'hémisphère Sud (Fidji, Australie, Argentine) à un an de la prochaine Coupe du Monde organisée par nos amis anglais. Arrêtons de tresser des lauriers à Joachim Löw, heureux entraîneur de l'équipe d'Allemagne de football championne du monde à Rio. Il y a erreur sur la personne. Qu'ils gagnent ou qu'ils perdent, ces deux-là n'y sont pour rien. Tout réside dans la puissance de calcul de leurs ordinateurs. On exagère ? A peine. Vous ne l'avez peut-être pas remarqué, mais quelque chose a changé dans les arènes du sport français. Au rugby, depuis quatre ans, de tout petits boîtiers à peine discernables se sont glissés entre les omoplates de nos dieux du stade. Des GPSaccéléromètres reliés aux ordinateurs des analystes numériques présents en tribune aux côtés des coachs. Ils leur disent tout ou presque de l'état des joueurs : kilomètres courus à plus ou moins grande vitesse, qualité des accélérations, nombre et puissance des impacts subis... Lors des matchs de football, les GPS ne sont pas encore autorisés - la Fédération internationale de Football Association (Fifa) étant bien plus conservatrice que le très technophile International Rugby Board (IRB). Mais le ballon rond a inventé un dispositif tout aussi perfectionné pour coller aux culottes (bariolées) de ses starlettes. On appelle ça le « tracking optique » - une batterie de caméras disposées autour du terrain, permettant de reconstituer les trajectoires des joueurs et de les mettre en relation avec celles des adversaires I.R.T.S de La Réunion - Sélections d’entrée en formation ASS/ES/EJE - Jeudi 22 Janvier 2015 - Page 4/6 et du ballon. Ainsi du logiciel Match Insights, développé par SAP, le géant allemand de l'informatique, à destination de son équipe nationale. Un petit bijou algorithmique qui permet à M. Löw de suivre « l'état d'usure » de ses joueurs à la manière de celui d'un pneu de formule 1 (l'entreprise allemande développe un logiciel similaire pour l'écurie McLaren), tout en lançant des alertes quand le marquage des défenseurs devient défaillant. De la stratégie à la nutrition, de la préparation physique à la récupération : les sportifs version 2014 ne peuvent plus échapper à Big Brother. Toutes leurs données sont connues en direct. Ils seront d'autant plus cernés qu'aux GPS et systèmes de tracking viendront (très) bientôt s'ajouter les « e-textiles », des tee-shirts à puce capables de calculer les taux de lactate, de glucose ou d'oxygène par analyse spectrographique du sang - un faisceau de lumière transcutané trahissant sa coloration et donc sa composition. NOUNOU INFORMATIQUE L'eldorado technologique est là. Mais la France n'est pas particulièrement précurseur en la matière. Longtemps, dans un mélange très français d'appétit romanesque et de doute cartésien, le sport hexagonal n'a pas voulu démordre du « talent créatif » et de la « glorieuse incertitude du sport ». « On passait pour des Martiens », se rappelle Antoine David, patron d'Amisco, l'un des leaders du tracking optique, qui, bien qu'installé en France, a surtout prospéré outre-Manche, où il fournit tous les clubs de Premier League. En cet automne 2014, le « big data » est ainsi cantonné aux sports mieux lotis, aux sélections nationales et aux clubs les plus puissants (PSG et Lyon en foot, Clermont, Racing Metro et Stade toulousain en rugby). Cela dit, le vent tourne. Dix ans après l'Angleterre, les clubs de foot et de rugby voient débouler une génération de jeunes sport scientists bardés de diplômes et convaincus de l'apport potentiel de ces nouveaux outils. « Contrairement à leurs aînés, pour qui c'est une révolution, eux ont grandi sur PlayStation », se réjouit Didier Mamma, le porte-parole de SAP. Par ailleurs, même si les technologies sont chères (3 000 euros par joueur pour un GPS, 8 000 euros pour l'analyse d'un match par Amisco), l'explosion du coût des top-players ne peut qu'inciter les clubs à rentabiliser leur stock de joueurs moyens (et donc plus accessibles) en leur collant une nounou informatique. L'évolution la plus palpable se constate sur les terrains d'entraînement. Prenons une journée de stage du XV de France. Impossible pour les joueurs de faire durer les pauses, pas moyen d'échapper à la surdose de protéines à la cantine... Leur programme ne laisse rien au hasard. Il démarre avec le simulateur de mêlée développé par Thales pour reproduire le plus finement possible la poussée des adversaires. Il se poursuit par des entraînements « monitorés » par GPS, suivis d'un débriefing croisant données objectives et ressenti du joueur. Et se conclut par l'élaboration de menus à la carte prenant en compte l'ensemble des données produites. Soit neuf menus pour neuf combinaisons associant poids, état de forme et charge de travail programmée. Surcharger la bête sans trop l'user, c'est toute la problématique du sport de haut niveau. Et pour atteindre cet équilibre instable, le mouchard électronique est l'outil parfait. Jadis, l'entraînement était dissocié en exercices techniques pour travailler les réflexes et joggings un peu stériles pour développer le physique. Aujourd'hui, c'est la formule deux en un. L'entraîneur organise des séances en les calquant sur le rythme intense et saccadé des matchs, et l'analyste numérique, derrière son ordinateur, vérifie que chaque joueur a fourni son lot d'efforts, données GPS à l'appui. Ce suivi individualisé permet de lisser, voire de réduire la charge de travail en fonction de la physiologie, de l'âge et de l'état de fatigue des joueurs, fait-on remarquer à la Fédération française de Rugby (FFR). Avec toutefois quelques limites. Lorsque les enjeux sportifs s'imposent, les capteurs peuvent devenir autant gardes-chiourme que garde-fous. Julien I.R.T.S de La Réunion - Sélections d’entrée en formation ASS/ES/EJE - Jeudi 22 Janvier 2015 - Page 5/6 Deloire, le préparateur physique des Bleus, le reconnaît à demi-mot : « Les GPS permettent de s'étalonner sur les performances physiques de l'adversaire. En l'occurrence, avant la Coupe du Monde, j'aurai deux mois pour faire passer les joueurs d'un point A à un point B, quitte à flirter avec la zone de blessure.» Qu'on se rassure donc : l'important reste de gagner. LA PÉNALITÉ DE LA GAGNE L'étape suivante consistera à aider les coachs à décider pendant les matchs. Une étape déjà franchie par les rugbymen. Philippe Saint-André, le sélectionneur des Bleus, reconnaît avoir tenté l'expérience lors du dernier tournoi des Six Nations. Il en garde toutefois un souvenir mitigé. « Avant France-Irlande, on m'avait prévenu que notre buteur Maxime Machenaud ne tiendrait pas au-delà de la 60è minute. Je l'ai sorti. Trois minutes plus tard, on avait la pénalité de la gagne, et, hélas, il n'était plus là pour la taper. » Foutue humanité ! Des maths, Zlatan et une start-up Les maths mènent à tout. Après avoir fait fortune à moins de 30 ans en appliquant sa thèse de Polytechnique aux « modèles prédictifs de vente de haricots verts » de la grande distribution, Pierre-Arnaud Coquelin s'est mis en tête (« pour s'amuser ») de créer Mac-Lloyd, une start-up vouée à la performance sportive. Le jeune patron a plus d'une équation dans sa sacoche pour résoudre les problèmes les plus complexes. Zlatan Ibrahimovic refuse de porter un cardiofréquencemètre autour de la taille, parce que c'est Zlatan et parce que cela le gêne. MacLloyd invente un système relié par électrodes au petit GPS fixé entre ses omoplates. Le GPS ne fonctionne pas dans les stades semi-couverts et manque de fiabilité sur les courtes distances. Il y ajoute une technologie indépendante des satellites. « Le défi consistait à miniaturiser des horloges précises à la picoseconde ; on a réussi. » Ce saut en avant ouvre de multiples opportunités. Il offre des indicateurs de fatigue (le temps moyen de contact avec le sol), des données précieuses pour les techniciens sur la synchronisation des joueurs (entrée en mêlée, lancer de touche), et permet d'affiner les systèmes de tracking optique qui peinent à distinguer les joueurs trop rapprochés, ou dans la boue, les jours de pluie. Génial, M.Coquelin ? Thierry Braillard n'est pas loin de le penser. Le secrétaire d'Etat aux Sports s'est entiché du jeune patron, incitant les fédérations olympiques à le contacter. Les budgets de la « mission d'optimisation de la performance » seront mis à contribution. En contrepartie, notre entrepreneur a promis de réserver ses solutions au coq français jusqu'aux JO de Rio en 2016. Et en plus, il est cocardier... L’OBS/N°2611 - 20/11/2014 Grands Formats / Sport I.R.T.S de La Réunion - Sélections d’entrée en formation ASS/ES/EJE - Jeudi 22 Janvier 2015 - Page 6/6