Le Moyen Âge de Venise - Académie des Inscriptions et Belles

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Le Moyen Âge de Venise - Académie des Inscriptions et Belles
Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
« J’ai l’honneur de déposer sur le bureau de
l’Académie de la part de son auteur madame
Élisabeth Crouzet-Pavan, professeur d’histoire du
Moyen Âge à la Sorbonne (université de Paris IV)
l’ouvrage intitulé Le Moyen Âge de Venise, Paris,
20151. Il ne me paraît pas exagéré de dire que
l’ouvrage de plus de 1100 pages de Mme CrouzetPavan constitue la plus remarquable synthèse dont
on dispose aujourd’hui sur la naissance et le
développement de Venise au Moyen Âge. Au risque
d’user de l’expression aujourd’hui quelque peu
galvaudée “d’histoire totale”, c’est pourtant bien de
cela qu’il s’agit ici.
Une première partie est consacrée aux siècles
obscurs du haut Moyen Âge et à la lente émergence
de la ville hors du milieu lagunaire. Histoire d’une
conquête urbaine singulière, certes, mais aussi
histoire non moins unique et affirmée de la création
d’un espace public. L’auteur met ainsi en valeur l’organisation très complexe d’un réseau
de communication aquatique et terrestre et la mise en place d’un système institutionnel
subtil où des magistratures sans équivalent ailleurs gèrent les priorités particulières. Ce
sont celles d’un espace bâti et d’un écosystème en lutte permanente contre les périls
naturels. C’est aussi l’affirmation politique du “corpo di Venezia” étendu aux dimensions
d’un empire méditerranéen à partir des XIIe-XIIIe siècles.
L’accent est mis dans une seconde partie sur l’organisation du tissu urbain sur sa
distribution en quartiers ou “contrade” aux structures sociales différenciées, aux espaces
propres de convivialité civique et religieuse.
Avec beaucoup de souci à l’égard des étapes chronologiques, l’auteur consacre
une très riche troisième partie à l’analyse des domaines où s’imposent, à partir du XIIIe
siècle et jusqu’aux Grandes Découvertes, les formes et les raisons d’être de ce qu’elle
appelle justement “la ville triomphante”. Entendons par là une étude pénétrante de
l’organisation du centre monumental, de sa capacité à organiser un espace périphérique
aux fonctions économiques variées : industrie et, en particulier bien sûr, verrerie, mais
aussi construction navale, métallurgie, etc. Toutes ces activités à risque supposent une
politique de prévention des risques et de gestion des crises qu’explique aisément la
place primordiale qu’occupe le modèle vénitien en matière de maîtrise de l’eau et du feu
dans le quotidien des villes médiévales. L’ouvrage fait un sort particulier à l’étude fine
de l’image de Venise, à la capacité de la ville à construire cette image et à la diversité de
sa perception. Des pages tout à fait neuves sont consacrées à ce que Mme Crouzet-Pazan
définit comme captations de cette image et stratégies d’appropriation dans la politique
d’autres puissances contemporaines au premier rang desquelles, bien sûr, Gênes, Milan,
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Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Moyen Âge de Venise. Des eaux salées aux miracles des
pierres, Paris, Albin Michel, 2015, 1 volume in-8°, 1113 pages, 18 cartes, 14 planches h.-t.,
32 €.
www.aibl.fr
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Sélection d’ouvrages présentés en hommage
lors des séances 2016 de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Florence ou Barcelone. Dans l’œuvre de Mme Crouzet-Pavan, riche et de grande qualité,
consacrée pour une bonne part à l’histoire urbaine comparée de l’Italie de Dante et
Giotto jusqu’à la Renaissance, ce beau livre occupe décidément une place de première
importance. »
Pierre TOUBERT
Le 19 février 2016
Le Moyen Âge de Venise
Albin Michel
www.aibl.fr
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