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FORMATION> Révolution dans le foot français
(27-12-2010) - Soumis par Patrick BOUDREAULT pour La Dépêche du Midi - Dernière mise à jour : ()
La formation à la française ne fonctionnant plus, les instances
dirigeantes du foot ont décidé de s'inspirer de ce qui se fait au Barça.
Priorité au collectif et à l'état d'esprit.
Savez-vous qui sont les pays les plus gros fournisseurs de joueurs en
Ligue des champions ? Le Brésil, et la France. Cocorico ? Non.
La stat est trompeuse pour le football de France, né dans les années 70 avec Georges Boulogne, jamais actualisé
depuis. « Avec nos morphotypes, Xavi et Iniesta n'auraient jamais joué en France ! », s'est exclamé il y a peu Laurent
Blanc, au cours d'une réunion avec les entraîneurs de la Direction Technique Nationale.
« Laurent Blanc sait ce qu'il veut. Il veut pratiquer un jeu offensif, à base d'enchaînements, il nous a demandé de tout
miser sur les jeunes, et toutes nos équipes de France sont désormais tournées vers un jeu en mouvement. Le succès
de l'Espagne aujourd'hui, c'est celui de leur formation. Mais l'Espagne n'est devenue performante que quand elle a
accepté de prendre les fondamentaux du Barça, qu'elle s'est bâti autour de huit joueurs formés à Barcelone, enterrant sa
sacro-sainte guerre entre Madrilènes et Catalans », note Erick Mombaerts, sélectionneur des Espoirs français mais
également très impliqué dans le projet de jeu que porte depuis quelque temps François Blaquart, l'actuel DTN par
intérim… qui devrait le rester.
Le modèle espagnol
Jusqu'à il y a trois ans environ, le football français reposait sur des critères athlétiques (des joueurs grands qui vont vite),
une formation analytique, des séances d'entraînement dirigées, qui ne laissaient pas la moindre part à l'individu, à la
créativité. « On a choisi de se rapprocher du modèle espagnol, d'approfondir la culture tactique du joueur, mais surtout
de modifier son état d'esprit, son approche du jeu », poursuit l'ancien entraîneur du TFC.
Plus précisément, cette démarche n'est plus celle qui assurera une réussite sociale et individuelle mais une éducation
et un état d'esprit au service du jeu, et de son équipe. « C'est le principe du football de rues, et sa force, quand tu
prends du plaisir avec tes copains, à trois contre trois. Nous allons l'aménager, et on va travailler en opposition, dès les
12 ans. Parce qu'on ne veut plus de ceux qui veulent juste gagner de l'argent, ou qui ne respectent pas les autres. Ça
nous a pété au nez, c'est fini. Notre idée, c'est que le bon individu deviendra un bon joueur, et non l'inverse ! »,
poursuit Erick Mombaerts.
L'opération a déjà démarré. Au niveau des certificats de formateurs, des recyclages d'entraîneurs, des réunions avec
les éducateurs, où les vidéos subjuguent les intéressés.
Les petits gabarits ne sont plus dédaignés
Les clubs montrent le bout du nez. « Rennes travaille avec nous, Sochaux, Toulouse et Montpellier envoient beaucoup
de monde se former aux nouvelles méthodes. Sur le terrain, des équipes comme Lorient et Lille ont adopté une partie
de notre philosophie, la qualité des enchaînements à partir de la récupération. L'idéal, ce serait que cette qualité naisse à
la possession. Mais bon… »
Le mouvement, qui tient de la lame de fond, est en marche : les petits gabarits ne sont plus dédaignés par les clubs
pros, qui les laissaient jusqu'alors dans les centres fédéraux de préformation, comme celui de Castelmaurou. L'idée
force, c'est l'éducation, et l'état d'esprit. Autant de critères qui ont fait, jadis, la force d'un Nantes ou d'un Auxerre, « des
fleurons aujourd'hui disparus, où un Makelele a réussi, où un Eric Carrière a réussi, alors qu'ils ne correspondent pas
aux codes athlétiques », souligne encore Mombaerts.
D'ici trois à quatre ans, les premiers résultats seront visibles. Au niveau des équipes de France bien sûr, avec un Euro
2016 qui sert de phare. Au niveau des clubs aussi, puisque la formation sera leur seule possibilité de survivre. Il sera
peut-être temps, alors, de noter qu'on a réinventé l'amour immodéré et exclusif du maillot. Comme chez les très
grands d'Europe…
Le chiffre : 8
joueurs>Toulousains de naissance ou de clubs, détiennent (pour l'instant) un titre de champion d'Europe chez les
jeunes. Frédéric Christen, champion d'Europe juniors (-18 ans) en 1983. Formé au TAC, licencié à l'époque à Monaco.
Pascal Despeyroux, champion d'Europe espoirs en 1988, formé et licencié au TFC. Franck Passi, champion d'Europe
espoirs en 1988, licencié au TFC. Patrice Maurel, champion d'Europe des 18 ans en 1997, formé et licencié au TFC.
Philippe Mexès, champion d'Europe des 18 ans en 2000, formé au Toulouse-Mirail et licencié à Auxerre. Kevin Constant,
champion d'Europe des 17 ans en 2004, formé et licencié au TFC. Marc Vidal, champion d'Europe des 19 ans en 2010,
formé et licencié au TFC. Yannis Tafer, champion d'Europe des 19 ans en 2010, licencié au TFC.
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Le chiffre : 8
titres> La France 2e. Depuis la création des championnats d'Europe des jeunes en 1981, la France a conquis 8 titres (4
en moins de 18 ans, 1 en moins de 17, 2 en moins de 19 et 1 en Espoirs). Elle se classe deuxième, loin derrière
l'Espagne qui compte 15 titres dans toutes les catégories de jeunes.
« Avec nos morphotypes, Xavi et Iniesta n'auraient jamais joué en France ! » Laurent Blanc, sélectionneur de l'équipe
de France
Pourquoi le Barça a dix ans d'avance
Si on veut comprendre, au même titre qu'apprécier, pourquoi le FC Barcelone règne aujourd'hui de façon incontestée
sur la planète foot, il faut remonter aux années 70, et au «football total» alors prôné à l'Ajax d'Amsterdam par Rinus
Michels.
L'expression ne mérite pas d'être galvaudée, réduite à l'idée unique d'un jeu offensif et spectaculaire où les
défenseurs deviendraient, d'un coup, de redoutables buteurs.Dans le système de jeu mis en place par Michels, un 4-3-3
(tiens donc), la permutation des postes n'est qu'un des ingrédients.
On lui ajoute la circulation du ballon, le pressing haut, le replacement, la possession, la création et l'occupation des
espaces, la rapidité, le tout destiné à la pratique d'un jeu d'attaque, où la valeur technique et l'intelligence du joueur sont
essentielles. Autant de systèmes et de thèmes abordés dans le football d'aujourd'hui...
Rinus Michels va installer l'Ajax au sommet de l'Europe, et faire des Pays-Bas une équipe de rêve qui hante encore
nos nuits, quand on repense à son échec en finale du Mondial 1974 (RFA, 2-1).
Dans le même temps, il quitte les Pays-Bas en 1971 pour s'installer à Barcelone. Sa première préoccupation est de faire
venir Johan Cruyff, sa deuxième de ciseler le jeu développé par le club catalan, au creux de la vague. Rinus Michels
dirigera les «blaugranas» jusqu'en 1978, et Johan Cruyff, fils spirituel, en sera le digne successeur, développant dès
l'école de football un jeu basé sur l'état d'esprit des joueurs, définitivement au service du collectif.
Au Barça, depuis plus de trente ans et ce, dès l'âge de 12 ans, on joue pour les autres, on se met au service du
coéquipier, de l'équipe, du jeu. Et le ballon circule en permanence, jusqu'à ce que s'offre une ouverture...
L'exemple le plus stupéfiant n'est pas la réussite des Messi, Xavi, Iniesta, purs produits de l'école catalane, nés
ensemble à La Masia, l'école du club, ou les récents succès de l'Espagne, qui s'appuie désormais sur le savoir-faire des
Barcelonais plutôt que sur les éternelles rivalités Madrid-Barcelone, Real-Barça, etc.
Il y a moins de trois semaines, le FC Barcelone dispute la dernière journée des matches de poule, en Ligue des
champions. Déjà qualifié, il reçoit l'équipe russe du Rubin Kazan. Pep Guardiola, enfant né au Barça, décide de faire
tourner son équipe. Il met, peu ou prou, sa «réserve» sur le terrain. Or, on ne voit aucune différence. Le jeu s'écoule,
fluide, vif, joyeux, les buts arrivent, le Rubin, ci-devant bête noire des Catalans, et pourtant pourvu en talents, s'incline.
Devant les rois du jeu, pour la plupart inconnus...
Erick Mombaerts, sélectionneur des Espoirs français : "le foot de rues, mais aménagé"
Erick, où en est la formation à la française ?
« Nous avons été, avec les Hollandais, les deux grands pays initiateurs de la formation. Ce que nous avons
particulièrement réussi, ce sont nos structures et nos centres. Elles nous ont permis, avec les contrats d'aspirants et la
protection des joueurs formés, d'être leaders. Jusqu'à l'apogée de 1998 et 2000, quand Aimé Jacquet a dit que c'était
la victoire de la formation.
Mais depuis, nous sommes dépassés par d'autres, les Espagnols et les Allemands notamment, nous sommes au creux
de la vague, nous avons perdu le goût de former. Or, nous avons besoin que le maillage se refasse. À la DTN, nous
sommes convaincus qu'il faut redonner cet élan, avec une autre méthode, pour des joueurs différents et plus complets
».
La démarche a débuté ?
« Depuis trois ans, nous nous sommes rendus compte que même si notre formation demeure de qualité, nous
manquons de culture tactique, d'état d'esprit positif au service du collectif, de culture du jeu sans ballon. Et nous
évoluons désormais vers ces critères ».
Quelle est donc cette méthode ?
« Les Espagnols, qui ont choisi le modèle hollandais, mais à la sauce catalane. Leur démarche est à l'opposé de la nôtre.
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Ils sont très globaux, nous sommes très analytiques : au Barça, tu ne fais pas de la technique, sauf au travers de jeux
aménagés. C'est le principe du football de rues, comme au Brésil ou en Afrique, mais aménagé. La base, c'est le jeu
réduit, la conservation du ballon, la maîtrise collective. Et tu travailles tout le temps en opposition, même à douze ans ».
C'est ce qui fait la force du Barça, donc ?
« Eux commencent avec leurs 12 ans, à la sortie de l'école de football. Pendant six ans, ils ne travaillent que le collectif,
ce n'est donc pas étonnant qu'ils peuvent jouer les yeux fermés ! Ils forment le joueur à travers le jeu collectif. Tu joues
d'abord pour le collectif, puis tu apprends à jouer contre un adversaire, puis tu joues avec tes partenaires, et enfin tu joues
pour tes partenaires. C'est un peu ce que faisait le Nantes de Suaudeau, à l'époque ! »
Avez-vous des retours positifs ?
« Nos éducateurs sont subjugués ! Tous ceux qui viennent au certificat de formateur, depuis trois ans, reçoivent une
pédagogie différente, active, pas directive. Il faut des compétences particulières, mais on forme des joueurs intelligents,
tout en revalorisant le jeu. Dans les modules de recyclage des entraîneurs, obligatoires, dans toutes les réunions des
amicales d'éducateurs, et aussi auprès des joueurs, nous faisons passer le message. En trois ans, nos centres
fédéraux de préformation, comme Castelmaurou, sont passés de 30 à 50 % de signatures de contrats pros. Toutes les
équipes de France de jeunes travaillent désormais dans le même sens, avec le même objectif, et des clubs
commencent à nous emboîter le pas, Rennes, Sochaux, Toulouse, Montpellier, comme par hasard ceux qui utilisent le
plus leur formation ».
Que sont devenus nos 19 ans ?
Championne d'Europe le 30 juillet dernier à Caen, en battant en finale l'Espagne 2-1 (prenant ainsi leur revanche de
l'Euro 2008 des 17 ans où l'Espagne s'était imposée 4-0 en finale), l'équipe de France des 19 ans n'a visiblement pas
convaincu les entraîneurs qui accueillent ses joueurs...
A l'exception d'Antoine Griezmann, repéré par la Real Sociedad au tournoi de Paris alors qu'il n'a que 14 ans et qui a
fait ses classes au Pays basque, aucun joueur n'a trouvé grâce auprès de son entraîneur en Ligue 1, à l'exception de
Coquelin, qui joue un peu à Lorient, et de Tafer, dont Alain Casanova attend beaucoup plus à Toulouse.
Le capitaine des Bleuets, Gueida Fofana, est très présent avec Le Havre, mais en Ligue 2, où il est plus souvent appelé
que Nego (Nantes) ou Bussmann (Metz). De la colonie lyonnaise sacrée cet été, seuls Lacazette et Kolodziejczak ont
eu quelques miettes avec l'OL en L1, mais Faure, Grenier et Reale se contentent du CFA. Ce n'est guère mieux chez les
« expatriés »: Mavinga n'a rien fait avec Liverpool, Kakuta (qu'on a remarqué contre l'OM en Ligue des champions)
totalise neuf bouts de matches avec Chelsea, Arsenal a prêté Sunu à Reading et Coquelin à Lorient, où ils ont gratté un
peu de temps de jeu.
Griezmann a quitté la France à 14 ans
L'exception, c'est Griezmann, donc. Le Bourguignon a choisi San Sebastian, où la Real Sociedad l'a accueilli à 14 ans. Le
club basque est remonté cette saison en première division où ce jeune milieu offensif gaucher compte déjà 16 matches
et 3 buts sur un total de 53 matches et 10 buts depuis ses débuts en pro la saison dernière en deuxième division!
« En France, il n'y a pas assez de jeunes qui jouent alors que ce sera bientôt la seule solution avec la réduction attendue
des budgets. C'est à se demander si les entraîneurs doutent de la formation française, mais nous sommes le pays qui fait le
moins jouer ses jeunes en pro. Même en Premier League, ils jouent plus que nous! », regrette Erick Mombaerts. « Mais,
si Griezmann joue en Espagne, c'est parce que la Real Sociedad l'a détecté à 14 ans, qu'elle l'a inclus dans sa formation
et qu'il s'est naturellement intégré dans le collectif basque. Parce que, attention, la méthode du Barça est copiée par
tous les clubs de la Liga, et que ceux-ci n'hésitent pas à lancer leurs jeunes. Il y a un autre exemple, c'est l'Allemagne.
Tous les Espoirs, champions d'Europe il y a trois ans, sont titulaires et forment déjà l'ossature de l'équipe A. Dortmund,
qui caracole en tête de la Bundesliga, joue avec des 19 ans. Mais les Allemands ont changé leur fusil d'épaule depuis
dix ans maintenant alors que nous, nous sommes en retard... ».
Palmarès : L'Espagne devant la France
Créés en 1978 avec les Espoirs, les championnats d'Europe des jeunes se jouent dans les catégories 16 et 18 ans de
1981 à 2001, en 17 et 19 ans depuis.
L'Espagne et l'Allemagne sont les seuls pays d'Europe à compter au moins un titre dans chaque catégorie, mais
l'Espagne est largement en tête du classement avec 15 titres (6 en 16 ans, 1 en 18, 2 en 17, 4 en 19 et 2 en Espoirs-21
ans).
Suivent la France (8 titres, 4 en 18, 1 en 17, 2 en 19, 1 en Espoirs), le Portugal et l'Italie (7), l'Allemagne et l'ex-URSS
(6), l'Angleterre (4), la Turquie (3), les Pays-Bas, l'Irlande, la Pologne et la République tchèque (2), la Serbie (sous le
nom de Yougoslavie), l'Ukraine, l'ex-RDA, la Hongrie, l'Ecosse et la Suisse (1).
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A ces titres continentaux, s'ajoutent les couronnes mondiales des moins de 20 ans espagnols en 1999, portugais en
1991 et 1989, Yougoslaves en 1987, allemands (RFA) en 1981 et soviétiques (URSS) en 1977, mais aussi les titres des
moins de 17 ans russes (1987), français (2001) et suisses (2009).
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