Ateliers ecriture

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Ateliers ecriture
Ateliers d’écriture, avec Thierry Poré
- unité de pédopsychiatrie-
Dans le cadre de la convention triennale de Développement culturel de la ville de
Rouen, le réseau des bibliothèques de la ville intervient auprès des publics éloignés de
la culture. Depuis 2008, des ateliers d’écriture sont animés tous les jeudis matins en
pédopsychiatrie par Thierry Poré, médiateur culturel. Il y a deux ans, un petit groupe
d’écriture s’est formé pour rédiger collectivement une nouvelle qui a remporté le premier prix du
concours organisé par le Festival du Livre Jeunesse à Rouen. Leur écrit a pu être publié dans un recueil
édité à l’occasion du festival. Les jeunes patients ont pu sortir de l’hôpital pour obtenir leur prix et
renouer de façon positive avec l’extérieur.
« Je ne connais pas les pathologies de chaque adolescent. Ça ne me sert à rien de toute façon.
Et puis ça me permet d’avoir une écoute plus neutre. Moi je considère que ce sont des ados
comme les autres, et voilà. C’est une forme de reconnaissance de voir leur nouvelle publiée
dans un petit recueil. Pour tout le monde. Ça leur permet à eux-aussi d’avoir une ouverture sur
l’extérieur, de changer de cadre de vie. C’est important pour eux. ». Thierry Poré.
De leur côté, les familles ont pu percevoir au-delà de la maladie, les qualités grandissantes de leur
enfant et leur capacité à réussir par eux-mêmes.
« Ils parlent d’eux à travers les écrits. Il y a une part d’eux-mêmes à travers les écrits
notamment avec les ateliers de Thierry Poré. Ils se rendent compte que le monde interagit,
qu’il vit et qu’il est fait de relations ».
Violaine Brochereau, ergothérapeute en unité de pédopsychiatrie
Un atelier vu par un regard extérieur
Huit adolescents, encore endormis, s’emparent timidement de leur stylo. Chacun hésite, griffonne puis rédige en
silence le premier texte du jour. Au de-là du silence, on peut rapidement percevoir les esprits s’éveiller, les pages se
noircir. Accepté, connu et reconnu, Thierry Poré est maintenant un visage familier, symbole d’une parenthèse
poétique et littéraire au cours d’une hospitalisation longue et difficile, parfois même incomprise.
Au cours de l’atelier, Thiery Poré détourne l’exercice de l’écrit pour le rendre plus ludique. Les textes naissent du
hasard, de mots choisis, imposés, d’une image distribuée, d’une émotion. Les thèmes retenus tournent autour de
l’humain, de la relation aux autres, du monde, de la vie en générale.
Vient ensuite l’heure de partager, de lire à voix haute, sans gêne et sans règle, ce que l’on a produit. Une
étonnante richesse littéraire se dégage alors des textes, tour à tour décalés, métaphoriques, humoristiques,
théâtrales, poétiques ou cruellement réalistes. Autour de la table, un soignant se prête au jeu et accompagne les
jeunes patients au fil de l’écriture. Sa présence, indispensable, permet de saisir ce qui d’ordinaire relève de l’indicible,
de capter au vol le message qui parfois se cache derrière la fiction.
Finalement, la magie de l’écrit opère : pas besoin de prononcer d’emblée les mots qui parfois font mal, pas
besoin de s’adresser à l’autre si l’on ne sait pas comment faire. A travers la fiction, chacun écrit de façon plus ou
moins flagrante pour soi, pour l’autre. Pour celui que l’on qualifie d’étrange, de perturbé, de malade, de malaimé, de
trop maigre, trop gros, trop en colère, trop triste, finalement trop différent. Ensemble, les jeunes gens se
rassemblent autour de leur différence et constatent finalement que derrière chaque corps fragilisé, amaigri, mutilé,
abîmé, se cache une force, une parole porteuse de sens et de vérité.

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