La monnaie algérienne très en retrait des devises

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La monnaie algérienne très en retrait des devises
La monnaie algérienne très en retrait des devises étrangères : Pourquoi la valeur du dinar est si
insignifiante
Publié par Saida le Décembre 27 2010 14:26:34
Selon la voix officielle, une réévaluation de la monnaie algérienne générerait inévitablement une
tension inflationniste tirée par une évolution de la consommation.
Pourquoi la valeur du dinar algérien est-elle si insignifiante, en comparaison, par exemple, avec le
dinar tunisien qui se rapproche de l euro (1 euro-1,9042 dinar tunisien), ou encore avec la
monnaie marocaine, dont le change est de 1 euro pour 11,1476 dirhams ? Le dinar algérien, lui,
est très loin de la valeur du dinar tunisien ou du dirham marocain, comparés à la monnaie unique.
L euro (1 euro) est échangé officiellement contre 98,54 dinars algériens, alors que le taux de
change sur le marché parallèle dépasse les 130 DA pour 1 euro.
Disons-le tout net : cette valeur n est-elle pas si médiocre, loin de toute polémique sur les
paramètres usités afin de parvenir à ce taux de change ? Il est vrai que pour les importateurs et
les consommateurs, un dinar moins faible arrangerait bien leurs affaires. Les rarissimes
exportateurs qui tentent de placer le «made in Algeria» sur les étals européens préfèrent, de toute
évidence, voir le dinar se maintenir aux paliers inférieurs de la pyramide. En fait, ce sont les
administrateurs de la Banque d Algérie qui usent de leurs calculettes afin d aboutir à ce taux de
change officiel de 1 euro contre 98 DA. Selon toute vraisemblance, le convertisseur officiel
sanctionne bien le consommateur qui voit son pouvoir d achat déprécié et l industriel, dont la
trésorerie s avère souvent impuissante face au coût des intrants en matières premières. Mais il
semble que l Etat a ses raisons que le consommateur ne connaît pas. Le calcul du taux de
change se fait sur la base de paramètres en relation avec la macroéconomie et les équilibres
économiques, voire sociaux. Selon la voix officielle, une réévaluation de la monnaie algérienne
générerait inévitablement une tension inflationniste tirée par une évolution de consommation. Mais
il s agit, faut-il le dire, d un facteur d équilibre propre à l Algérie, un pays importateur par
excellence.
En d autres termes, une réévaluation du dinar entraînerait la hausse des importations par la
consommation interne, propulsée, elle aussi, par l amélioration du pouvoir d achat. Cependant,
dans une économie qui fonctionne normalement, la hausse de la consommation est une bonne
nouvelle pour l économie. Seul l investissement productif est en mesure de tirer le
gouvernement de ce cercle vicieux. Mais le gouvernement a-t-il cette détermination ? Toute la
question est là. Car, en l absence d investissements productifs, générateurs de richesses et
d emplois, voire même d excédents à l importation, le gouvernement cessera sans doute de
jouer avec les calculettes pour faire ressortir un taux de change non préjudiciable. Le
consommateur se livre à d autres calculs, simples mais non anodins. Pourquoi dispose-t-on
d assez importantes réserves en devises, alors que le pouvoir d achat est en décroissance
continue ? Historiquement, le régime de change du dinar a connu plusieurs étapes.
Créé en 1964, le dinar algérien était émis à parité égale avec le franc jusqu en 1973, soit 1 dinar
pour 1 franc, alors que sa valeur par rapport au billet vert était si appréciable (1 dinar pour près de
5 dollars). Depuis 1974, date de l effondrement du régime de Bretton Woods, la valeur du dinar
est fixée suivant l évolution d un panier de 14 monnaies. Mais le contrôle de change n était pas
aussi drastique que ce qu il est actuellement. De 1986 à 1990, période suivant le fameux
contrechoc pétrolier de 1996, le dinar a connu une forte dépréciation, passant de 4,82 à 12,191
(cours USD/DZD), soit une dévaluation de plus de 150%. La seconde dépréciation, de l ordre de
22%, est intervenue en 1991 sous le contrôle du Fonds monétaire international (FMI). Trois ans
plus tard, une nouvelle dévaluation, cette fois-ci de plus de 40% par rapport au dollar américain,
est opérée par la plus haute autorité monétaire du pays, acquiescée directement par l institution
de Bretton Woods, le gendarme de la finance mondiale.
L année 1995 marque, elle, les premiers pas vers une convertibilité commerciale de la monnaie
algérienne. Quant à sa convertibilité totale, certains experts de la place financière algérienne
estiment que le moment n est pas encore venu pour cette importante métamorphose monétaire,
car l économie reste lamentablement tributaire de la manne pétrolière. La convertibilité totale du
dinar suppose aussi la levée de tous les garde-fous, conditionnée par la garantie d une parfaite
confiance en la monnaie algérienne. La convertibilité d une monnaie est conditionnée aussi par
l ouverture du compte capital. Mais dans le cas de l économie algérienne, l ouverture du
compte capital relève d une opération à haut risque, à l heure où l économie du pays est
accrochée au seul fil des hydrocarbures. Mais que pensent donc les experts et les opérateurs ? Le
débat mérite d être relancé, à l heure où la guerre des monnaies est sérieusement déclarée en
Occident.
El Watan
Saida, Algerie :