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Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent deux fois par an et sont distribuées gratuitement sur abonnement. Il suffit d’adresser une demande écrite à l’adresse suivante : Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël 2, rue du Blochmont 68330 Huningue Chaque auteur est responsable de ses propres articles. Toute reproduction de texte doit faire l’objet d’une demande aux E.M.P.R. ème Dépôt légal : 3 trimestre 2002 Sommaire - L’articulation Anatomie et physiologie du point de vue anthroposophique Docteur Matthias Girke................................................. page 7 - L’homme dans ses articulations Observation anatomique et fonctionnelle différenciée des articulations, de la physiologie à la thérapeutique Docteur Claude Boudot ................................................ page 37 - Polarités Inflammation – Sclérose, Arthrite – Arthrose Docteur Joseph Hériard Dubreuil ................................. page 57 - Traitement de l’arthrose au cabinet médical Docteur Charles H. Cohen Docteur Jean Chazarenc.............................................. page 77 - Index des remèdes cités .............................................. page 91 ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 3 Editorial Chers lecteurs, Ce Numéro spécial des Correspondances Médicales rassemble la première moitié des conférences du Colloque de médecine anthroposophique, qui s’est tenu à Dornach (Suisse) en mars 2000, consacré à la rhumatologie. Les contributions des Docteurs Matthias Girke et Claude Boudot nous invitent à considérer l’articulation, au-delà de ses aspects mécaniques, avec un regard qui prend en compte les forces vitales, psychiques et spirituelles qui s’y manifestent. Une compréhension élargie des pathologies de l’appareil locomoteur vient alors éclairer et enrichir notre arsenal thérapeutique. Le Docteur Joseph Hériard Dubreuil applique cette démarche à la polarité existant entre l’arthrite et l’arthrose, les aspects thérapeutiques de cette dernière étant envisagés par le Docteur Charles Cohen. Les autres exposés de ce Colloque paraîtront dans le prochain numéro. Nous vous souhaitons une bonne lecture. Docteur Jean Chazarenc ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 5 L'articulation Anatomie et physiologie du point de vue anthroposophique Docteur Matthias Girke Traduction : Docteur Jean Chazarenc Chers Collègues, je voudrais exprimer ma joie et ma gratitude d'avoir été invité à ce Colloque organisé par Weleda France. Nous avons choisi un sujet qui, étape par étape, nous conduira aux maladies rhumatismales, à savoir une étude de l'organisation articulaire de l'être humain. Quand on considère les affections rhumatismales, on ressent à quel point l'atteinte articulaire ne représente qu'un aspect partiel de l'ensemble de ces maladies. En réalité, le rhumatisme est une maladie beaucoup plus complexe que l'atteinte d'une seule articulation ou même de plusieurs articulations. Si nous pensons aux pathologies tendineuses, aux ténosynovites qui accompagnent les maladies rhumatismales, si nous pensons aux modifications qui interviennent dans la musculature, aux manifestations pulmonaires ou oculaires qui peuvent accompagner une maladie rhumatismale, alors on se rend compte que ces affections, telle la polyarthrite rhumatoïde, touchent l'être humain dans sa globalité. Et, dans la rencontre avec l'homme malade, on peut ressentir nettement qu'en lui vit la question, formulée ou non formulée : « quelle perception as-tu de moi ? ». On ne peut saisir une pathologie aussi mystérieuse que la polyarthrite rhumatoïde qu'en considérant aussi les aspects du vivant et les aspects psychiques et spirituels, et non pas en ne s'intéressant qu'à telle ou telle articulation. Quand se pose ensuite la question du traitement, et c'est le sens de ces journées d'aller jusqu'à cette question, il faut pouvoir considérer ces différents niveaux dans chaque maladie, que ce soit la polyarthrite rhumatoïde ou l'arthrose, et la réponse qui en découle est aussi composée de plusieurs niveaux. Lorsqu'on travaille avant tout en milieu hospitalier, on est souvent confronté à des formes cliniques majeures et nous avons la possibilité, avec nos moyens thérapeutiques anthroposophiques, d'accompagner et d'influencer positivement certaines de ces pathologies. Mais il y a bien souvent des situations majeures où se pose la question d'un autre abord thérapeutique, où la maladie doit ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 7 être éventuellement contrecarrée ou refoulée pendant un certain temps, ce qui permet de créer une situation, « de mettre le pied dans la porte », pour élargir ensuite la thérapeutique. Quand on considère les possibilités thérapeutiques modernes, on s'aperçoit qu'elles suppriment toujours la maladie, qu'elles tendent à bloquer les manifestations symptomatiques, et il se pose à nous la question de savoir comment faire disparaître le processus pathologique qui conduit à la maladie, sans réprimer celle-ci, comment traiter ces processus pathologiques qui rongent les forces de vie du patient, avec d'autres médicaments. C'est une demande qui vient souvent du patient. Il faut trouver un équilibre entre les thérapeutiques qui répriment les symptômes et celles qui induisent un processus de guérison véritable. Dans la rencontre avec le patient, il apparaît aussi que ces maladies, notamment la polyarthrite rhumatoïde, comportent également une dimension psycho-spirituelle. Je me souviens très bien d'un patient qui souffrait d'une affection grave et qui est uniquement venu chez nous pour poser la question : « pourquoi suis-je atteint par cette maladie, quel est le sens de cette maladie ? ». Il voulait une réponse à cette question. Il s'agit donc de reconnaître la mission que révèle la maladie par rapport à la destinée, qu'il s'agisse de la polyarthrite rhumatoïde ou d'une affection articulaire dégénérative de nature arthrosique. Et l'on voit qu'il est nécessaire de formuler ce but thérapeutique, et bien sûr de l'atteindre, de façon très diversifiée. Ceci peut nécessiter des mesures médicamenteuses plutôt orientées vers le plan physique, ou bien la prescription de remèdes qui tentent de guider et de structurer le processus pathologique, ou encore d'une thérapeutique artistique et notamment l'eurythmie curative, permettant d'entrer dans la sphère du mouvement. Pour finir, se pose la question intérieure au Moi luimême : quelle est la mission inhérente à cette manifestation pathologique et quelles possibilités, quels éléments de lumière peuvent filtrer du destin de la maladie, en-dehors de son côté sombre ? ________________________________________________________________ 8 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Les quatre éléments constitutifs de l’être humain et l’appareil locomoteur Si nous voulons maintenant nous tourner vers l'articulation, il est nécessaire, au-delà des aspects anatomique et physiologique bien connus, de mettre en évidence les autres dimensions de l'être humain, à savoir sa vitalité, son psychisme et même sa dimension spirituelle. Et l'on peut d'abord se référer à une formulation d'un histologiste allemand concernant la définition du tissu osseux. Cet histologiste l'a exprimé de cette façon : deux qualités se rencontrent dans l'os. D'un côté un processus de durcissement qui conduit à la minéralisation, d'une certaine façon un processus de sclérose, et, de l'autre côté, s'oppose quelque chose d'autre à ce processus physique qui conduit à la densification et à la forme, qu'il nomme « plasticité biologique ». Les modifications de formes, le modelage artistique qui vit dans l'os tiennent véritablement du miracle. Même dans les fractures avec un déplacement important, les processus vitaux permettent au tissu osseux de retrouver sa forme archétypale. Nous pouvons nommer l'ensemble de ces processus : plasticité. Donc nous avons un premier principe que nous pouvons nommer physique, de nature physique, et qui est responsable de la densification, de la dureté, ensuite un second principe de nature biologique, vivante, responsable de la plasticité. Il s'agit là de tous les phénomènes vivants se produisant dans l'os. Et pour finir, chacun sait que le mouvement est essentiel pour la structuration et la construction de l'os. On sait, par exemple, que si une personne exerce des mouvements intenses, la synoviale en est d'autant plus vascularisée et développée et nous avons une relation directe entre le mouvement et la structure anatomique. La fonction construit notre corps. Et je crois que c'est là un point décisif dont nous devons toujours nous souvenir : un principe suprasensible, non matériel, qui se déroule dans le temps, une fonction, devient finalement « forme » dans notre système osseux. Et cette fonction, c'est la faculté humaine de mouvement. Qu'est-ce qui vit dans le mouvement de l'être humain ? Dans le mouvement de l'être humain vit tout ce qui se manifeste en tant que nature psychique. Quand deux personnes s'adressent l'une à l'autre et qu'elles utilisent la musculature de la mimique, elles expriment sur leur visage une image de leur état d'âme. Dans la façon de se déplacer, de gesticuler lorsqu'on parle, on peut ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 9 remarquer comment l'âme prend forme dans le mouvement. De sorte que l'on peut dire que nos mouvements sont un champ d'expression de l'âme. Mais ce n'est pas seulement notre âme, nous pouvons aussi pénétrer nos mouvements de notre Moi. Nous pouvons, à partir de notre conscience, conduire intentionnellement nos mouvements en fonction d'un but. Et nous voyons ainsi se manifester la quadruple constitution de l'être humain, si mystérieuse : le niveau physique dans la minéralisation, les manifestations de la vie dans les processus de croissance, de consolidation et de conservation de l'os, la dimension psychique dans le mouvement, et l'activité du Moi dans les mouvements intentionnels dirigés vers un but. Et si l'on réunit ces idées en un grand ensemble, alors apparaît déjà une première réponse à cette question embarrassante du rapport entre l'appareil ostéo-articulaire et l'intériorité de l'être humain. Car il faut bien avouer que nous avons tout d'abord affaire à quelque chose de très mécanique, si bien qu'on peut se demander si, dans ce domaine, un élargissement de l'art de guérir est vraiment possible. Et quand on tient compte des considérations précédentes, on s'aperçoit que le noyau le plus intime de l'être humain a une relation étroite avec ce tissu dur et ossifié, et l'on peut dire que justement des spécialités comme la rhumatologie ou l'orthopédie ont grand besoin de cet élargissement aux dimensions psychiques et spirituelles de l'être humain. Maintenant je souhaiterai expliciter et rendre plus concret ces différents niveaux de l'être humain, tels qu'ils se manifestent dans l'os et l'articulation. Tel qu'on le définit habituellement, le tissu osseux fait partie des tissus de soutien, et si l'on prend conscience de cette dénomination tissu de soutien, tissu qui soutient la forme, on constate que c'est d'abord un aspect très physique et mécanique qui vit dans une telle formulation. En fait, le tissu osseux dépasse cette simple fonction. Nous pouvons nous imaginer que les tissus qui sont apparentés à l'os et qui entrent en contact avec lui, sont en rapport avec la forme et la structure de l'être humain, avec la constitution du corps humain, et, plutôt que de parler de façon réductionniste et mécaniste de tissus de soutien, j'utiliserai plus volontiers l'expression « tissus de structuration » (Gestalt), pour désigner ce que nous connaissons comme étant l'os, le tissu conjonctif, les tendons, etc… Parmi l'ensemble des tissus de structuration, nous devons tout d'abord considérer un tissu tout à fait mystérieux, de nature ________________________________________________________________ 10 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial embryonnaire, le mésenchyme. A partir de ce tissu encore plein de vitalité, cette dernière va opérer une différenciation sous la forme du tissu conjonctif réticulé (présence de fibrocytes synthétisant des fibrilles de collagène, ndlr). Nous retrouvons ce tissu, par exemple, dans la région sous-muqueuse de l'intestin. C'est un tissu encore plein de vitalité mais qui n'est déjà plus capable d'organiser des structures nouvelles dans la région de l'intestin, par exemple, et si nous continuons maintenant vers les tissus conjonctifs fibreux, avec les fibres élastiques et les fibres de collagène, en allant vers le cartilage et jusqu'à l'os, alors la vitalité embryonnaire du début se transforme de plus en plus vers une forme durcie, minéralisée. Il s'agit alors vraiment des tissus de structuration de l'être humain, et du point de vue de ces tissus, nous avons au sein de l'organisme humain une grande polarité. Cette grande polarité est constituée d'un côté par les os sphériques qui abritent notre système nerveux, et, de l'autre côté, par l'os axial, l'os long, constituant de base des membres. J'aimerais maintenant, à l'aide de cette polarité, rendre visible l'action des différents éléments constitutifs de l'être humain. Nous avons d'abord l'aspect caractéristique de l'os sphérique (dessin au tableau) et il lui fait face l'os long des membres. On aurait tendance à dire, de prime abord, que l'os n'est autre chose que l'os, et ignorer ce langage des formes. Mais si nous prêtons attention à ces formes, il devient évident que la totalité de l'être humain se reflète et se retrouve dans cette polarité. L'os du crâne, en effet, se forme directement à partir du mésenchyme embryonnaire au cours de l'ossification membranaire. Si vous considérez une tête d'enfant et que vous voyez ces noyaux d'ossification, ces cinq formations étoilées vont fusionner en une formation osseuse, former un espace creux dans un geste formateur délicat. Nous avons d'un côté, dans l'ébauche de la tête, une ossification qui est directement issue de la vie embryonnaire. A l'opposé, il en va dans l'os long tout autrement, car il s'agit de l'ossification enchondrale, cela veut dire qu'il apparaît un modèle cartilagineux qui correspond aux premiers gestes de durcissement de l'embryon. Tout ce qui va devenir endosquelette apparaît tout d'abord sous forme cartilagineuse. Mais ce modèle cartilagineux n'a pas encore la forme définitive. La forme définitive, la finesse et la structuration interne apparaissent quand le stade cartilagineux est dépassé, avec l'ossification. Nous pouvons voir apparaître différents principes de structuration au sein de l'organisme humain. Nous retrouvons ici des principes que ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 11 Goethe a évoqués dans ses œuvres scientifiques : d'un côté ce qui correspond à la structure, ce qui est devenu forme et structure, et, en face de cela, nous trouvons les forces formatrices en devenir. Nous sommes maintenant dans un deuxième domaine qui concerne l'aspect vivant du système osseux. Car nous ne devons pas en rester à la forme physique, mais nous devons nous demander maintenant comment, dans cette polarité du cercle et de l'axe, de ce qui est sphérique et de ce qui est axial, les différents éléments constitutifs peuvent agir. On se rend compte que dans l'os qui forme le crâne, les forces de vie se sont précocement retirées. On peut en effet observer que les fractures du crâne ne consolident pas réellement, mais que la perte de substance est compensée par du tissu conjonctif : les forces de guérison se sont retirées de cette région de l'os sphérique. La vitalité dans l'homme du haut est comme effacée. Il en va tout autrement dans la région des membres où nous trouvons cette fois vraiment un processus de guérison : dans la formation du cal osseux s'exprime une activité intensive des forces de vie du système osseux. Nous pouvons donc dire que la vitalité est très forte dans le système squelettique axial, alors qu'elle diminue dans la région de l'os sphérique, même si elle était encore très importante chez l'embryon et chez le petit enfant (la croissance du squelette crânien s'achève vers l'âge de 7 ans). Ici les forces se sont imprégnées dans la forme. Si nous voulons avoir une autre idée de la façon dont les forces de vie se manifestent dans le squelette des membres, j'aimerais bien montrer la première figure (Cf. figure page 13). Vous voyez là l'os long d'un membre au niveau de la zone de croissance, et si nous voulons caractériser les différentes régions, nous pouvons dire que dans la zone ossifiée nous trouvons 70 à 80 % de substances minérales. Il s'est formé ici une organisation physique, de la substance physique. A l'opposé, la zone cartilagineuse est constituée d'eau dans la même proportion (70 %). C'est l'élément eau qui compose essentiellement le cartilage et il est ici présent en quantité équivalente aux sels de calcium dans l'os. Nous avons dans chaque structure cartilagineuse un petit souvenir de la sphère embryonnaire, pleine de vie, et quand un enfant grandit, une vitalité considérable se déploie dans ce tissu cartilagineux qui est comme de l'eau figée et non plus de l'eau liquide circulante ; c'est la vie qui se déroule à cet endroit. ________________________________________________________________ 12 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial La Vie L'organisation éthérique 1. zone du cartilage sérié (prolifération du cartilage) 2. zone du cartilage hypertrophique 3. zone de décompensation du cartilage et capillarisation 4. zone d'ossification La Forme Structure minérale L'organisation physique Donc, nous avons du côté du cartilage une grande vitalité qui chemine à travers la zone du cartilage sérié puis celle du cartilage hypertrophique et qui devient physique. Dans le langage anthroposophique nous nommons cela, d'un côté, le développement des forces de vie, éthériques, et, de l'autre côté, le passage vers le squelette osseux, physique, avec l'apparition de la forme. Forme et vie se font face ici dans cette phase du développement osseux. Considérons maintenant un nouveau domaine en nous posons la question : comment notre organisation psychique, notre âme, peutelle se relier à cet os physique ? Y a-t-il là également une polarité entre l'organisation supérieure avec son squelette sphérique et l'organisation inférieure avec son squelette axial ? Considérons tout d'abord la façon dont l'âme se développe dans un organisme humain vivant. Nous trouvons d'un côté, comme nous le disions précédemment, le développement de la motricité. Si, par exemple, on procure une grande joie à un enfant qui fête son troisième anniversaire lorsqu'il découvre tous les cadeaux, alors la joie met en ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 13 mouvement tous ses membres, et il sautille et se dirige vers les cadeaux. C'est le côté « mouvement » de l'âme. De l'autre côté, nous trouvons le contenu conscient qui vit dans l'âme. De sorte que nous avons la polarité entre le pôle de conscience dans l'homme du haut et le pôle du mouvement dans l'homme du bas. Notre vie psychique est donc insérée entre conscience et mouvement. Quand nous voyons comment dans l'homme du haut notre conscience prend appui sur l'organisation nerveuse et se développe sur la base de ce système nerveux, nous trouvons ce système nerveux au sein d'une enveloppe osseuse. L'os entoure notre système nerveux en tant qu'instrument de notre conscience et nous retrouvons cela au niveau de la colonne vertébrale, avec ses arcs vertébraux qui entourent la moelle épinière, de sorte que nous pouvons dire que lorsqu'un os aboutit à une formation sphérique fermée, il enveloppe à ce moment-là notre système nerveux. Il y a donc une relation entre l'os et ce qui est porteur de notre conscience, et ce rapport entre le système nerveux et l'os que nous trouvons tout d'abord au niveau anatomique entre le système nerveux et l'os, ce rapport a une correspondance interne. Rudolf Steiner en parle en disant que lorsque le système nerveux va au bout de son évolution, alors il devient tissu osseux, il devient l'os. La formation nerveuse poussée à sa fin aboutit à une ossification. J'aimerais bien montrer une deuxième figure qui illustre cela : Neuroblaste Neurone ________________________________________________________________ 14 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Vous avez en haut (Cf. figure page précédente) une cellule nerveuse, et la cellule nerveuse apparaît d'abord en tant que neuroblaste, par exemple dans la moelle épinière. Ici, la cellule nerveuse est encore vivante, elle est capable de mitoses. Elle ne porte pas de conscience, et plus le développement avance, plus on va vers une structuration croissante. Et nous avons la transition depuis la phase vivante du système nerveux pendant la vie embryonnaire, vers les cellules nerveuses mortes, porteuses de conscience, qui ont acquis une forme et une structure comme, par exemple, dans le cerveau ou la moelle épinière. Vaisseaux Ostéoblastes Ostéocytes Maintenant, vous pouvez comparer cette évolution depuis la cellule ronde, primitive, « blastique », jusqu'au neurone extrêmement différencié, avec ce qui se passe dans l'os. Ici vous avez une petite partie de l'os du crâne et nous voyons des cellules rondes, ce sont les jeunes ostéoblastes, les cellules qui forment donc la substance osseuse. Ces cellules forment de plus en plus de substance osseuse pour arriver à un réseau extrêmement structuré et différencié comme le tissu nerveux. Et on arrive à la conclusion étonnante que le nerf et l'os subissent la même métamorphose structurelle. Si l'on compare l'os et le nerf de façon analytique, on peut se demander ce qu'ils ont à faire l'un avec l'autre. Maintenant, si on les compare de façon goethéenne et typologique, nous voyons que la structuration de la cellule nerveuse est semblable à celle de la cellule osseuse. Et nous avons une transition du nerf à l'os qui nous permet de mieux comprendre cette indication de Rudolf Steiner concernant le tissu nerveux et le tissu osseux, au moins à l'aide du langage des formes. Nous voyons que l'os sphérique est en étroite relation avec ce qu'il renferme, à savoir le système ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 15 nerveux. Ici notre organisation de la conscience va jusque dans la formation de l'os. A l'inverse, nous pouvons dire que c'est plutôt la musculature qui se développe dans l'homme des membres, et que la musculature se saisit de l'os, de l'os axial. Le mouvement apparaît. Pendant qu'ici le mouvement impulse et mobilise les membres à travers la musculature, nous avons dans l'homme du haut le développement de la conscience, la qualité de repos. En haut, nous trouvons plus de développement de conscience de l'être humain, la musculature se retire. Dans l'homme du bas, nous avons en grande partie le déploiement du mouvement, la musculature saisit le squelette axial tout en le structurant, comme on l'a dit tout à l'heure. Nous voyons comment l'organisation psychique ou astrale se relie à l'os et le structure par le biais du mouvement. Nous avons donc dans l'homme du haut le pôle de conscience dans son rapport avec l'os sphérique et, dans l'homme du bas, l'homme du mouvement en rapport avec l'os axial, l'os long. Nous pouvons maintenant faire un pas de plus et nous demander quel est le rapport de notre Moi, ce que nous portons en nous de plus intime et de plus spirituel, avec le système osseux. Nous avons en rapport avec l'homme du haut ce que nous pouvons appeler la conscience éveillée, ou plus précisément l'éveil à la conscience de soi. Tout ce que nous portons de conscience en nous peut être d'un côté complètement vide, ce peut être la conscience vide de quelqu'un qui rêve, mais cette conscience peut s'éveiller à la conscience de soi et le noyau de la conscience dans l'homme du haut se développe dans ce que l'on peut appeler conscience du Moi. Si nous suivons l'activité du Moi au niveau des membres, nous voyons les mouvements dirigés par le Moi et le Moi agir dans les mouvements. Si nous déclenchons un réflexe, ce mouvement n'est pas le résultat de l'action du Moi, mais le résultat de l'action de notre organisation astrale, de sensibilité. Si nous exécutons maintenant le même geste à partir de notre intériorité, nous sommes avec notre Moi dans le mouvement et nous structurons l'homme-mouvement. Nous pouvons reprendre les termes que Novalis utilise dans ses Fragments, disant que l'être humain, à travers la sphéricité de ses os et grâce au principe de formation axiale, construit son temple dans lequel un Moi peut habiter. Donc, la sphère représente le toit, comme le dit Novalis, la coupole du temple, et les membres sont les colonnes, les colonnes ________________________________________________________________ 16 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial du temple dans lequel habite le Moi. Dans le langage de Novalis, dans ses Fragments, il décrit le corps humain comme le temple le plus grandiose existant dans le monde. Dans ce temple, le langage des formes indique le rang élevé de son habitant, le Moi de l'être humain. Et il se révèle ainsi une différenciation, une multipartition du système osseux. L'os n'est plus considéré uniquement à partir de sa substance chimique, mais il nous montre le domaine du vivant, celui de l'âme et enfin l'organisation du Moi. Dans l'homme du haut, les éléments constitutifs servent la conscience, jusqu'à la conscience de soi, l'éveil de l'être humain. Dans l'homme du bas, la volonté guidée par le Moi saisit l'organisation des membres. Et si maintenant vous considérez la colonne vertébrale dans sa structuration rythmique, elle débute au niveau de la colonne cervicale avec le geste enveloppant de la sphère, l'anneau osseux du canal médullaire. Ici le système nerveux est enveloppé comme dans la boîte crânienne. Si nous allons maintenant en dessous de la deuxième vertèbre lombaire, la moelle épinière s'arrête et nous ne trouvons plus que la continuation des filets nerveux. Les corps vertébraux à ce niveau forment ce qui correspond à un squelette axial qui est mobilisé par la musculature. Et nous voyons comment la grande polarité de l'être humain, en haut avec la formation sphérique et en bas avec la formation des membres, est mise en relation par la colonne vertébrale d'une façon rythmique et différenciée, dans laquelle vit la force de verticalité de l'être humain. Nous pouvons observer l'action des différents éléments constitutifs de l'être humain à l'aide d'un autre exemple : enfant adulte vieillard ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 17 Vous avez ici l'évolution du crâne humain en fonction de la biographie. Voici d'abord un crâne d'enfant, ensuite le crâne d'un adulte et enfin le crâne d'un vieillard. Dans la région représentée en blanc ou en clair, nous avons l'os sphérique. Nous avons de l'autre côté, dans la partie du squelette colorée en sombre, l'os qui correspond aux membres. Dans la tête humaine, on retrouve l'ensemble de la tripartition. Donc, en haut le neurocrâne et en bas le viscérocrâne, où se forment les « membres de la tête » (les maxillaires, ndlr). Et maintenant, nous pouvons observer comment la métamorphose de ces formes se manifeste au cours de la biographie. Nous avons d'abord, considéré d'un point de vue spirituel, un enfant qui s'éveille dans ses sens, mais qui n'a pas encore développé véritablement ses membres. Le début de la vie est celui d'une grande organisation de la tête, et plus l'être humain devient actif dans sa vie, plus il saisit le monde grâce à ses membres, plus l'organisation des membres se développe. Et quand l'homme vieillit et se rapproche à nouveau du monde spirituel, « l'homme des membres » se retire. Nous pouvons donc dire que le rapport entre les « membres » au niveau du crâne et l'ensemble du squelette sphérique reflète le chemin d'incarnation de l'être humain. Chez l'enfant, l'élément psycho-spirituel intervient dans l'organisme humain à partir de l’organisation neurosensorielle, ce qui aboutit à une formation des membres relativement petits. Au moment où l'être humain élabore sa biographie au plus haut point, où à proprement parler il prend sa vie en mains, alors se forme au niveau de la tête une puissante organisation des membres et au fur et à mesure que le vieillard se met en retrait, il quitte le monde des membres et son crâne ressemble étrangement à celui de l'enfant. C'est une symétrie dans le langage structurel de notre tête pendant la durée de la vie. Si bien que nous pouvons dire que dans la forme de la tête se reflète ce qui se manifeste dans le lien entre l'essence psychospirituelle et l'organisme humain. Mais bon nombre de pathologies s'y reflète également. Quand, par exemple, l'être humain se retire prématurément de cette région du bas, quand son pôle volontaire s'efface prématurément de l'organisation des membres, nous voyons apparaître certaines maladies comme l'ostéoporose. Ici, le côté volontaire de l'être humain se retire et nous avons une maladie qui va toucher tout le squelette axial, alors que l'ostéoporose ne se développe pas dans le crâne. L'élément psycho-spirituel se retire et évolue dans la direction ________________________________________________________________ 18 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial de l'excarnation. De sorte que nous avons ici un langage des formes qui nous montre dans quelle mesure l'élément psycho-spirituel de l'être humain est relié à l'élément corporel. La polarité « tête-membre » Maintenant, après avoir considéré différents éléments du squelette dans son ensemble et de la réalité du système osseux, nous pouvons diriger notre regard dans une autre direction, pour s'approcher toujours plus de l'articulation. Car pour arriver à une esquisse de base qui nous décrit l'essence d'une articulation, nous devons partir d'une vision d'ensemble pour aller vers l'élément particulier qu'est l'articulation. Et maintenant, je voudrais vous demander d'observer un membre supérieur où l'on peut remarquer la différence entre, d'un côté, la main, où se trouvent la plupart des articulations, et, de l'autre côté, le bras, situé du côté du tronc, où nous trouvons essentiellement la musculature. Nous constatons aussi au niveau d'un membre la même différenciation que nous avons décrite précédemment. Regardons à présent le squelette du membre supérieur. Nous trouvons d'abord l'humérus, le radius et le cubitus, ensuite les os du poignet, de la main, et les phalanges. Plus nous nous plaçons en situation distale, plus nous trouvons des petites articulations (Cf figure page 20). L'articulation fait partie de la périphérie de l'être humain d'une part, mais elle fait aussi partie de son squelette axial. Nous avons des articulations dans la colonne vertébrale, nous avons aussi les grosses articulations de l'épaule et de la hanche, et nous avons de nombreuses petites articulations dans la main. Il existe des pathologies qui touchent essentiellement les articulations de la main, comme la polyarthrite rhumatoïde, et d'autres qui touchent presque exclusivement la colonne vertébrale, comme la spondylarthrite ankylosante. Nous remarquons donc que la maladie fait une différence entre ce qui est central, et ce qui est périphérique : la spondylarthrite ankylosante va toucher l'axe central de la colonne vertébrale, conduisant à ces épouvantables déformations et, à l'opposé, la polyarthrite rhumatoïde touche beaucoup plus les articulations périphériques. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 19 LE NIVEAU PHYSIQUE muscles ____________________ tendons _____________________ os LE NIVEAU FONCTIONNEL métabolisme perception sensorielle sensibilité épicritique fuseau neuro-musculaire LE SYSTEME METABOLIQUE ET LES MEMBRES LE SYSTEME NEURO-SENSORIEL ________________________________________________________________ 20 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Regardons maintenant ce qui se passe du point de vue de la musculature. Sur le plan physique, plus nous approchons du tronc, plus la musculature est importante, témoignant de la présence de l'organisation du mouvement. Si nous regardons vers la main et les doigts, ce sont alors les tendons qui prennent le dessus, la musculature s'efface. Pour finir, ces tendons qui peuvent être très longs, atteignent l'os. Nous avons donc des transitions entre les tissus qui sont au service du mouvement, tout d'abord le muscle, ensuite les tendons, et enfin l'os. C'est donc un durcissement progressif qui se manifeste. Considérons ceci non plus seulement du point de vue de l'anatomie mais de la physiologie, de la fonction. Nous voyons alors que plus nous approchons du tronc, plus la vie métabolique est importante. Ici, au niveau proximal, nous avons une vascularisation considérable, un métabolisme très important. Et ce métabolisme diminue de plus en plus, au fur et à mesure qu'on s'approche de l'extrémité distale. On a même observé que la vascularisation osseuse est nettement plus importante dans la région proximale que dans la région distale des membres. Nous pouvons donc dire que dans la région proximale, proche du tronc, nous avons l'organisation du métabolisme et du mouvement de l'être humain. Regardons maintenant ce qui se passe de l'autre côté : qu'est-ce qui accompagne cette diminution du métabolisme ? qu'est-ce qui apparaît à la place ? Nous remarquons que subitement la peau s'éveille : il apparaît une capacité de perception fine au niveau du toucher, les fuseaux neuromusculaires sont de plus en plus rapprochés. C'est donc tout l'aspect sensoriel, le système sensoriel, qui est de plus en plus présent au fur et à mesure que l'on atteint la main. La sensibilité épicritique nous permet de distinguer des points extrêmement fins, il règne là une très grande sensibilité, un grand éveil de notre organisation sensorielle. A l'inverse, au niveau du tronc et du ventre par exemple, la sensibilité est beaucoup plus sourde. Plus nous nous rapprochons de l'extrémité distale, plus notre perception de la position des articulations est fine, plus nous avons conscience des mouvements qu'exécutent nos articulations. Rudolf Steiner appelle cela le sens du mouvement propre. Nous pouvons dire en résumé que le système qui règne dans l'homme du bas, le système du métabolisme et du mouvement, se développe essentiellement, au niveau des membres, dans la région proximale. Le système où nous sommes éveillés grâce aux sens, avec lequel ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 21 nous apprenons à toucher et où nous ressentons les mouvements les plus fins, le système neurosensoriel, se développe ici au niveau des mains. Il existe un cycle de conférences que Rudolf Steiner a donné aux professeurs de l'école Waldorf, et il dessine les membres en disant que dans les mains nous avons un élément comparable à la tête et qu'à partir de cette « tête », les membres atteignent l'être humain. On a en quelque sorte deux êtres humains imbriqués l'un dans l'autre : le premier a sa tête à l'endroit normal et il développe ses membres, et l'autre, qui forme une « tête » aux extrémités des membres, pénètre l'organisation humaine de ses « membres ». Et l'on peut se demander (ceci nous occupera à la fin de cet exposé) : que se passe-t-il si ce dernier système agit trop fortement, que se passe-t-il quand ce système neurosensoriel agit trop intensément ? Que se passe-t-il lorsque cette tripartition que nous retrouvons dans la moindre partie de l'organisme, perd ses rapports harmonieux ? Les quatre éléments constitutifs de l’être humain et l’articulation Après avoir d'abord considéré le système osseux dans son ensemble, puis vu les différents éléments du membre supérieur, j'aimerais aborder maintenant l'articulation elle-même. Nous allons redécouvrir tout le langage des éléments constitutifs de l'être humain aussi à ce niveau, et c'est seulement à partir de là que l'on peut parvenir à une compréhension et à un traitement beaucoup plus global des maladies rhumatismales, si nous nous distançons du concept habituel de « charnière » attribué à l'articulation et si d'une façon toute différente nous la considérons comme un domaine où la dimension psycho-spirituelle de l'être humain se manifeste également. L'être humain n'est pas seulement doué d'âme au niveau du système nerveux mais aussi dans chaque fibre de son corps ; la dimension intime de l'être humain est liée à son corps jusque dans sa moindre fibre. Si nous considérons maintenant un os avec sa surface articulaire, nous avons dans la région où l'os s'est formé l'organisation physique, ce que l'on peut nommer le corps physique. Mais au niveau des épiphyses, nous avons le cartilage et nous pouvons considérer le cartilage comme de la vie « congelée » ; les cellules du cartilage sont encore bien arrondies, et dans le cartilage, l'eau qui, par ailleurs, circule librement dans l'organisme, est devenue une ________________________________________________________________ 22 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial forme figée. Nous avons dans le cartilage quelque chose qui était, à l'origine, à l'époque embryonnaire, le siège d’une vie considérable, un tissu qui était même fortement vascularisé et qui est devenu ce cartilage transparent, hyalin, perdant ses vaisseaux sanguins, qui ne porte plus en lui que le souvenir de cette vitalité. Et ce cartilage doit être nourri, il ne peut pas se nourrir lui-même. C'est là le rôle nécessaire de la membrane synoviale. La synoviale a pour fonction de donner les forces de vie au cartilage, maintenant ainsi sa vitalité. Au niveau de la synoviale peuvent se former des villosités et dans cette « peau » qui entoure l'articulation, se forme maintenant le liquide synovial, si bien que l'ensemble du revêtement cartilagineux de l'os se trouve dans un espace baigné de liquide. Cet espace liquidien a une signification considérable pour différentes raisons. Nous avons dit d'abord qu'il nourrit, qu'il soutient les processus vitaux anaboliques du cartilage, une fonction absolument nutritive et constructrice. Mais cet espace liquidien joue un autre rôle dans la mesure où il surmonte les forces de pesanteur et engendre de la légèreté. Imaginez-vous le poids qui pèse sur les surfaces articulaires, cela peut aller jusqu'à 70, 90 kg dans un genou. En principe cela devrait provoquer d'énormes dégâts et c'est grâce au liquide articulaire que ces forces de pesanteur sont transformées en forces de légèreté. Nous remarquons à quel point cette fonction nutritive du liquide articulaire est liée à cette transformation des forces de pesanteur. C'est en effet une qualité immanente de l'organisation éthérique de l'être humain que de pouvoir surmonter la pesanteur. Nous pouvons alors très bien nous imaginer comment des maladies peuvent apparaître si cette organisation n'est plus assez forte, lorsque l'être humain succombe à la pesanteur, les forces de légèreté de l'organisme liquidien faisant défaut. Mais il existe une deuxième couche faite de tissu conjonctif qui entoure toute l'articulation, la capsule articulaire, faite de tissu conjonctif fibreux. Cette capsule est entourée par quelque chose qui maintient l'ensemble de l'articulation, c'est la musculature. Nous retrouvons ainsi l'organisation du mouvement dans laquelle notre vie psychique vit et se déploie, et qui enveloppe l'articulation dans son ensemble. Nous pouvons donc distinguer : - l‘organisation physique de l'articulation, à savoir l’os souschondral ; ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 23 - l’organisation de vie, l’organisme liquidien de l'articulation, avec le cartilage et la synoviale ; - et maintenant l'homme du mouvement, la musculature qui enveloppe l'articulation. Et pour finir nous découvrons un dernier niveau, à savoir qu'ici et là nous avons une inconscience complète. Nous n'avons en effet pas de conscience de notre genou ni de notre tête du fémur. Nous n'avons pas de conscience, dans l'état de santé normal, de notre synoviale. Par contre, nous avons conscience du fait de fléchir ou d'étendre le genou. Nous voyons apparaître ici la sensibilité, la perception sensorielle dans la région de l'articulation. Le fait de pouvoir, tout en ayant les yeux fermés, placer une articulation dans telle ou telle position, montre que nous avons ici une perception sensorielle qui est, certes, sourde. Nous en avons déjà parlé, c'est le sens du mouvement propre. Il se développe autour de l'articulation et nous pouvons observer ses organes. Nous avons les fuseaux neuromusculaires situés dans le muscle, nous avons, dans les tendons, les récepteurs tendineux de Golgi. Nous trouvons ainsi une organisation sensorielle différenciée dans la musculature et dans les tendons, et plus nous nous dirigeons vers la peau, plus le domaine articulaire s'éveille à la sensibilité tactile de la peau. Si bien que nous pouvons dire qu'également dans notre articulation, nous retrouvons les quatre éléments constitutifs : organisation physique, organisation vitale, dans la musculature l'âme en mouvement, le corps astral qui met en mouvement et structure la musculature, et, pour finir, si nous nous tâtons fortement, nous prenons conscience que notre sens du toucher, notre perception sensorielle, parallèlement avec l'expérience du monde extérieur, nous donne ce message : nous sommes un Moi, nous nous éveillons à notre Moi. Donc, nous retrouvons dans cet élément qu'est l'articulation les quatre éléments constitutifs de l'être humain et si nous arrivons à nous représenter les caractéristiques de l'articulation de façon toujours plus imagée, artistique, mais aussi concentrée, laissant apparaître une image méditative, alors nous remarquons comment dans cette tête articulaire, comme on le nomme déjà, quelque chose est né qui est de nature sphérique, comme l'organisation de la tête avec ses organes sensoriels. Dans un passage, Rudolf Steiner parle des os qui, à l'instar de la rotule ou de l'omoplate, sont proches des grandes articulations, et il ________________________________________________________________ 24 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial dit avec cette pensée de métamorphose : ce qui a l'apparence d'une rotule, cela n'a-t-il pas un chemin de développement devant soi et cela n'est-il pas en relation avec la calotte crânienne ? N'avonsnous pas dans chaque articulation quelque chose où se forme une coquille, une rotule, un os sphérique, au sein duquel se développe un domaine de nature sensorielle, et qui permet de faire apparaître dans les membres une capacité de perception sensorielle ? La polarité inflammation-sclérose Si maintenant nous nous demandons dans quelle direction va une maladie dans ce domaine, de façon à considérer le fondement de ce qui nous occupera demain et après-demain, nous pouvons distinguer deux types de maladies dans les articulations. Un premier type de maladie consiste dans le fait que trop de conscience pénètre dans ce domaine nocturne des forces de vie. Il existe une belle image que nous a donnée Christian Kern, qui travaille avec Lars Gerlach et Ludger Simon à une étude sur la polyarthrite rhumatoïde, pour décrire le psychisme du patient atteint de rhumatisme. Imaginons que nous éprouvions une très forte peur, et bien nous avons tendance à nous raidir, à nous figer. Tout excès de conscience conduit aussi à une rigidité, au fait de se figer, à une tension, voire à de la douleur, et nous avons donc l'image du rhumatisme. Lorsque l'homme du haut, avec l'élément astral et l'organisation du Moi, agit trop fortement dans l'homme des membres, apparaît ce tableau clinique douloureux du rhumatisme. Et l'on retrouve cela dans une expression qui est, je crois, de Galien. Dans la médecine ancienne, il est dit que le rhumatisme est la maladie où l'humeur s'écoule depuis la tête jusque dans les membres. Et c'est une façon imaginative de dire que, quand l'homme du haut agit trop fortement avec sa force de conscience dans les membres, alors l'organisme doit réagir, il doit répondre avec un réchauffement, une inflammation, pour corriger cela et pour le guérir. Et l'on en arrive au paradoxe que ce qui nous pose problème, c'està-dire la douleur et l'inflammation, ainsi que les épanchements articulaires, et bien tout cela fait partie des forces de guérison. Et 0ces forces ont besoin d'être guidées et non pas d'être réprimées. Il faut que nous arrivions à les guider. Nous pouvons également prendre un autre exemple. Si vous considérez cette région liquidienne, cet espace liquidien de l'articulation dont nous avons dit ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 25 qu'il avait une fonction nutritive et constructrice, elle peut devenir la source d'une destruction catastrophique quand la maladie rhumatismale se manifeste dans l'articulation. En fait, le liquide articulaire a la possibilité, grâce à des antiprotéases, des enzymes particulières, de se défendre face aux substances catabolisantes, de les dissoudre. Et bien cette fonction protectrice du liquide articulaire s'écroule car une autre qualité fait son apparition dans l'articulation, et l'inflammation est la réponse qui correspond à une tentative de rectification de la part de l'organisme. Chaque inflammation dans l'organisme humain, qu'il s'agisse de la thyroïde, du pancréas dans le diabète de type I, du foie ou d'un autre organe, chaque inflammation est la tentative de corriger ce qui est étranger en nous, de rétablir une perte d'équilibre. Voici en quelque sorte une image du rhumatisme, et si nous tenons compte de cette belle formulation de Rudolf Steiner, qui dit que les soucis, les chagrins de la petite enfance, c'est-à-dire un élément de conscience, peuvent conduire plus tard au rhumatisme, il formule ici dans sa façon propre, dans ses mots propres, ce qu'est le rhumatisme. Nous pouvons maintenant nous demander ce que pourrait être une autre variante, où ce ne sont plus les forces de conscience qui agissent trop fortement. On peut imaginer que notre organisation du mouvement, notre volonté, agit trop peu dans les membres. Normalement, nous sommes actifs dans nos articulations lorsque nous travaillons avec nos mains. Nous pouvons nous imaginer que ce n'est pas l'homme du haut qui pénètre trop fortement les membres de ses processus de conscience, mais que l'homme du bas ne se saisit pas ou plus suffisamment des membres. Et dans cette situation, lorsque le côté volontaire de l'être humain ne se développe pas assez et ne peut plus intervenir suffisamment, nous avons alors devant nous l'image des maladies qui accompagnent le processus d'excarnation de l'être humain, quand l'être humain, physiologiquement, se retire de l'organisation des membres à la fin de sa vie et développe une maladie comme une arthrose multiple des mains. Il ne s'agit pas ici d'une surcharge mécanique, mais d'un tout autre processus. Si nous ne pénétrons plus nos membres de notre volonté, de cette qualité réchauffante de la volonté, mais que cette volonté se retire, en quelque sorte, apparaît une diminution de la mobilité, un durcissement, une qualité « tête », un enraidissement, une ankylose ossifiante dans les articulations périphériques. ________________________________________________________________ 26 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Nous voyons comment les deux principes que je vous ai présentés au début, d'un côté, dans l'orientation vers la conscience, et de l'autre, l'orientation vers la volonté, sont en rapport avec deux formes de maladie : d'une part, une activité de conscience trop forte avec la réponse inflammatoire des articulations, de l'autre côté, une activité trop faible de notre volonté avec le durcissement qui s'en suit nécessairement et conduit à une sclérose de l'os et des articulations. Les conséquences thérapeutiques Si l'on place à présent cette image devant son regard, alors apparaît un but thérapeutique : on peut alors formuler d'une toute autre façon ce que l'on veut atteindre avec le traitement, au-delà de la suppression des manifestations cliniques. On peut réfléchir, par exemple dans la polyarthrite, à la manière d'atténuer ce processus de conscience qui agit trop fortement. De l'autre côté, on pourra essayer de réintroduire dans une articulation arthrosique ankylosée des forces de volonté, ces qualités réchauffantes de notre vouloir. Et maintenant vous comprenez pourquoi Rudolf Steiner a indiqué des substances dans de nombreuses situations pathologiques de ce type, telles que le phosphore qui stimule le réchauffement de l'organisme. Le phosphore possède un rapport privilégié avec notre organisation volontaire. Lorsque nous appliquons sur une articulation, par exemple, Phosphorus in Oleo 0,1 % ou une pommade avec Apis, alors nous essayons de réintroduire ce côté volontaire du Moi, nous « demandons » aux différents éléments constitutifs de l'être humain de reprendre leur place. Et nous pouvons donc, pour chacune des actions souhaitées, développer une démarche thérapeutique. Nous venons de voir que pour stimuler les forces du Moi et de la volonté, nous utiliserons l'action du phosphore. Si nous voulons susciter l'activité astrale dont le lien pathologique, trop étroit, avec l'articulation peut se manifester par des douleurs ou des phénomènes inflammatoires, nous pouvons faire appel à toute une série de remèdes végétaux, on peut penser à Colchicum par exemple, qui influence directement ce domaine de l'astralité et de ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 27 l'articulation, mais aussi à Mandragora, ou Arnica et Equisetum, spécialement dans des pathologies anciennes. Maintenant, si nous voulons stimuler l'action réchauffante, nous trouvons le gui, le Viscum album, qui joue ici un rôle extrêmement important. Cette plante a d'ailleurs un aspect phosphorique. Et si nous voulons stimuler la vitalité d'une articulation, si nous voulons reconstituer les forces de vie, les forces éthériques, il existe alors tout un ensemble de remèdes issus du monde animal, à savoir l'organothérapie, qui connaît actuellement des difficultés dans certains pays. Mais nous pouvons dire que du point de vue anthroposophique, un médicament issu du monde animal agit sur l'organisation éthérique et peut stimuler les forces de régénération. Cet aspect de reconstruction est aussi un domaine de l'étain, Stannum metallicum, qui est aussi tout à fait capable de soutenir la régénération. Et pour finir, on peut dire que plus une articulation succombe au plan physique, plus la substance a quitté le domaine vivant pour former des dépôts ou de la sclérose, plus nous devrons faire appel à la fourmi, à Formica. Cet animal tente de réintégrer dans le domaine du vivant ce qui a tendance à en sortir en se durcissant. Tout spécialement, par exemple dans le tableau clinique de la périarthrite scapulo-humérale, avec cet enraidissement douloureux de l'épaule, on peut utiliser par exemple un mélange associant l'action réchauffante d'Apis, avec Levisticum et Formica en D8, cela peut avoir une action très convaincante. Et spécialement dans les atteintes anciennes, résistantes au traitement, on obtient des résultats remarquables en ajoutant le Viscum album. Maintenant j'aimerais bien parler d'une étude qui a été décrite dans le Merkurstab et qui concerne le traitement de l'arthrose, où les principes exposés plus haut ont été appliqués. Il s'agit d'une étude qui s'est déroulée sur un temps extrêmement long dans un service d'orthopédie et qui portait sur plus de 300 patients. La question était de savoir comment l'on peut traiter l'arthrose, et sa démarche thérapeutique était presque schématique : utiliser l'action réchauffante du gui et des médicaments issus du monde animal. Il serait souhaitable que l'on traduise cette étude en français, car c'est une chose extrêmement réjouissante de constater tout ce que l'on peut faire sur la base d'un tel compte-rendu d'expériences, car il n'y a pas beaucoup d'études qui montrent dans un laps de temps aussi ________________________________________________________________ 28 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Une fourmilière… long tout ce que l'on peut obtenir grâce aux remèdes d'orientation anthroposophique, aussi dans l'arthrose. Pour résumé, nous avons dessiné une grande arche en partant de considérations générales sur le squelette, en passant par la partition du membre supérieur, jusqu'à la façon dont l'articulation est organisée par rapport aux éléments constitutifs. Ce qui est essentiel à mes yeux, c'est que sous un tel éclairage, les différentes maladies se présentent sous une image vivante toujours renouvelée. Car, et c'est mon expérience, il faut toujours essayer de se lier à une maladie de façon individuelle. Une maladie est, d'un côté, toujours quelque chose d'individuel et, de l'autre, elle comporte des aspects typologiques. Dans l'ouvrage « Données de base pour un élargissement de guérir » (Rudolf Steiner et Dr Ita Wegman, Editions Triades, 1992), il existe un chapitre consacré aux remèdes pour maladies typiques. Il n'y est pas question de la migraine de Mme Müller ou de Mr Untel. Il existe quelque chose de typologique, une sorte d'essence de la maladie avec laquelle un Moi humain doit s'expliquer dans sa vie, dans sa destinée. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 29 Du point de vue de la médecine anthroposophique, nous devons toujours considérer ces deux aspects : quelle est la tâche individuelle, quelle est la typologie d'une maladie. Et à partir de là, l'image du remède peut être formulée. J'ai l'impression qu'on peut très bien donner Stannum metallicum et par exemple l'injecter en D10, mais ce remède nécessite un renforcement intérieur, il s'agit de l'accompagner avec notre être intérieur. Dans la 1ère Lettre Circulaire de la Section Médicale que Rudolf Steiner et Ita Wegman ont envoyée aux médecins, on trouve une formule quelque peu lapidaire : « … et n'oubliez pas de donner une âme aux médicaments ». Voyez-vous, quand il s'agit de soigner beaucoup de patients, on peut se demander ce qui vit dans les médicaments en tant que force intérieure. Est-ce que c'est simplement une poudre blanche qui repose dans l'armoire à médicaments, ou bien le prescripteur s'implique-t-il intérieurement dans l'administration du remède, se reliant ainsi avec lui. J'ai le sentiment qu'il existe une galénique extérieure que nous avons tous apprise au cours de nos études, qui permet de savoir comment on prépare un médicament pour que ses principes actifs soient disponibles. Mais ce que la médecine anthroposophique nous apprend de nouveau, c'est qu'il existe également une galénique intérieure, à savoir : comment « habiller » un médicament de l'intérieur pour le donner ensuite à un patient. Et, en tout cas pour ce qui me concerne, ce chemin a été le suivant : comment parvient-on d'une compréhension de la maladie dans tous ses niveaux, dans tous ses aspects, au but thérapeutique qui alors accompagne d'une « âme intérieure » le médicament qui sera ensuite administré et pourra aider l'être humain à mettre en jeu ces forces qui sont toujours en lui pour vaincre la maladie. Questions – Réponses 1ère question : Injectez-vous le Viscum album localement, faites-vous une ou plusieurs injections ? Réponse Dr Girke : J'essaie toujours de pratiquer les injections près des articulations. Dans le cas d'une coxarthrose par exemple, j'injecte dans la cuisse. Concernant le type de gui utilisé, j'ai souvent utilisé le gui du saule ________________________________________________________________ 30 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Viscum album L. (gui) ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 31 pour les affections inflammatoires, ou les guis de feuillus qui peuvent avoir cette qualité réchauffante. On peut classer le gui en 3 grands groupes. Nous avons d'un côté le gui de conifères avec par exemple le gui du pin (Viscum album Pini), de l'autre côté l'on trouve le gui de feuillus ; et du point de vue botanique, le gui de sapin occupe une place centrale. On peut dire que les guis de conifères vont dans la direction de la structuration. Quand nous observons un pin, nous voyons cet aspect clairsemé, peu vivant, un arbre qui pousse sur un sol riche en silice, avec peu de racines profondes. Nous avons ici une variété de gui qui serait plutôt en rapport avec le système neurosensoriel. Le gui de feuillus pousse sur des arbres ayant développé fortement le système feuille, où le système métabolique se déploie dans les feuilles, où il peut se développer une très forte activité métabolique, des qualités inflammatoires, des qualités d'hyperthermie que l'on trouve, en particulier dans le gui du frêne. Dans l'étude de Gaertner sur l'arthrose, c'est le gui du pommier qui a été utilisé. Mais, il ne faut pas prendre cela comme une règle, on a eu simplement de bons résultats avec ce remède. Il faut savoir aussi que la concentration ne doit pas être trop faible, mais être capable d'entraîner une rougeur ou une augmentation de la température locale que la patient doit accompagner. L'important n'est pas la quantité de produit injecté mais la réaction. On sait qu'il y a des patients qui sont sensibles à de toutes petites quantités, alors que d'autres ne réagissent qu'à de grandes quantités. 2ème question : Il y a des patients qui se plaignent surtout le matin de gonflement articulaire, cela varie aussi en fonction des facteurs climatiques. Comment peut-on comprendre cela et le traiter ? Réponse Dr Girke : Les gonflements articulaires peuvent être de nature très différente. Il y a des patients qui disent que le matin les articulations sont enflées, ils n'arrivent pas à passer une bague, mais souvent il s'agit plutôt de la peau qui est enflée, et non pas de l'articulation ellemême. J'avais une patiente qui présentait des gonflements articulaires uniquement le matin avec une certaine raideur et, sur le plan rhumatologique, il n'y avait rien de pathologique. Par contre elle avait une hypothyroïdie consécutive à une maladie d'Hashimoto et c'est un phénomène plus fréquent qu'on ne le pense. Ce tableau ________________________________________________________________ 32 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial clinique correspond au fait que le corps astral se retire des membres, si bien que l'aspect structurant se retire aussi et donc le gonflement articulaire apparaît. Il y a aussi ces patients, et je pense que c'est ce dont il s'agit dans la question, qui ont des gonflements articulaires matinaux non seulement au niveau articulaire, mais aussi au niveau du visage, qui s'améliorent avec l'éveil progressif de la personne. Et là, je me suis rendu compte que le contenu en eau de notre corps, notamment l'œdème des parties molles, dépend de nos forces de conscience. Si nous nous réveillons le matin et nous regardons tout de suite dans un miroir, nous avons un visage quelque peu déformé. Plus nous nous éveillons, plus la forme est présente. Nous avons un rapport très étroit entre la conscience éveillée et les forces formatrices actives, et cela jusque dans l'organisme liquidien. Nous avons souvent des patients comme cela qui ont un gonflement du visage, alors on leur prescrit un drainage lymphatique et puis ces gonflements reviennent tout de suite après. Il faut se demander chez ces patients s'ils sont vraiment réveillés. Alors on peut penser à certains remèdes, Levico par exemple ou Arsenicum, tous ce qui favorise les forces d'éveil, l'éveil de l'être humain. Et la stimulation du corps astral va par ailleurs augmenter l'élimination : plus l'être humain habite son organisme de vie au moyen de son corps astral, plus la peau est libérée de cette eau. Et celle-ci est alors éliminée. On peut aider cela avec des remèdes. Le rapport avec la pression atmosphérique peut être dû au fait que certaines personnes réagissent différemment du point de vue de leur conscience, de leur degré d'éveil. Elles se sentent intérieurement différentes sous l'influence d'une dépression ou sous celle d'un anticyclone. Je verrais ici plutôt une ouverture de l'âme à l'environnement, qui entraîne différentes configurations de conscience, lesquelles provoquent des états de gonflement, notamment dans les régions liées au système neurosensoriel. 3ème question : Pouvez-vous donner des exemples en organothérapie ? Réponse Dr Girke : Ce que l'on peut souhaiter à une articulation, c'est de pouvoir reconstituer son cartilage. Vous savez que d'un point de vue physiopathologique, il peut se développer ce que l'on appelle un pannus dans l'articulation, et ce pannus est considéré comme quelque chose de pathogène qui détruit le cartilage et même l'os ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 33 sous-chondral. Mais ce pannus peut receler aussi un processus de guérison. Il est en effet capable de métaplasie chondroïde et l'on voit ainsi que ce tissu opère un geste de guérison. On peut se demander comment soutenir cela. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une reconstitution du cartilage mais d'une tendance à fabriquer du cartilage. On peut donner alors Cartilago ou, par exemple, Cartilago comp. de chez Wala (correspond en France à Allium cepa D15 / Aurum metallicum D10 / Betula alba, folium D5 / Cartilago D8 / Formica rufa D15 / Stannum metallicum D8 aa). Quand on a affaire à une rupture tendineuse - il faut préciser au passage que le rhumatisme n'est pas seulement une maladie des articulations mais aussi des parties molles et notamment des tendons - on peut obtenir de bons résultats avec Tendo, utile également en cas de ténosynovite. 4ème question : Pouvez-vous donner des précisions sur l'étude concernant l'arthrose ? Réponse Dr Girke : Il s'agit d'une étude de Christian Gaertner parue dans le Merkurstab, (52ème année, cahier n° 1 de janvier/février 1999), concernant environ 350 patients atteints d'arthrose qu'il a traités de façon très systématique avec du gui et de l'organothérapie. Il a regardé quels étaient les patients qui réagissaient et ceux qui ne réagissaient pas (responder et non responder). C'est un peu l'œuvre de sa vie. Une grande partie des patients a réagi, je crois entre 60 et 70 %. Dans cette maladie, il ne faut pas se laisser effrayer par une image radiologique catastrophique, avec nos remèdes nous pouvons arriver à quelque chose. Il existe une série de comptes-rendus de cas cliniques isolés qui montrent que ces remèdes peuvent améliorer des situations avec des images radiologiques, des lésions radiologiques très avancées. Il y a notamment une publication de Markus Sommer à ce sujet, aussi dans le Merkustab (50ème année, cahier n°4, juillet/août 1997). 5ème question : Quel type de gui faut-il utiliser et à quelle concentration dans la polyarthrite rhumatoïde ou dans l'arthrose ? Réponse Dr Girke : Si l'on prend l'opposition entre les processus inflammatoires aigus et l'arthrose, alors je dirai que dans l'arthrose il faut utiliser du gui à des ________________________________________________________________ 34 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial concentrations beaucoup plus fortes, alors que dans un tableau inflammatoire de polyarthrite rhumatoïde, il faut des doses beaucoup plus faibles. Dans l'arthrose, on utilise souvent les guis de feuillus, par exemple le gui de pommier (Viscum album Mali). Dans la polyarthrite rhumatoïde, c'est un peu devenu une habitude d'utiliser le gui du saule, mais j'utilise tout aussi bien le gui du pin. Au bout d'un certain temps, on peut aussi voir s'il n'est pas intéressant d'injecter à de plus grands intervalles. Il y a certaines phases où la maladie se stabilise et où l'on peut induire un rythme circaseptidien en injectant, par exemple, chaque dimanche. On peut aussi s'appuyer sur la réaction thermique du patient ou du moins en tenir compte. Il existe un très bon travail de Weckenmann qui a comparé l'effet d'injections pluri-hebdomadaires et d'injections hebdomadaires. Quand on a affaire à un patient dont la température moyenne est plutôt basse, on améliorera plutôt avec plusieurs injections répétées dans la semaine, alors que le patient qui a une faible amplitude, c'est-à-dire dont la température ne s'élève pas vers 17 h 00, bénéficiera d'une injection unique par semaine. Ce sont les résultats d'une étude menée par Weckenmann (Merkurstab, 52ème année, cahier 3, mai/juin 1999) sur une longue durée. 6ème question : Quelle importance donnez-vous à la contraction musculaire permanente dans la déformation et la souffrance des articulations, en particulier au niveau des maladies chroniques dégénératives comme l'arthrose ? Réponse Dr Girke : Nous voyons dans cette contraction, ce durcissement des muscles, exactement le même phénomène que celui qui se produit dans l'articulation. En fait, c'est le même processus qui se produit dans les tendons, dans les muscles et aussi dans l'articulation, et qui conduit à l'ankylose. Dans une situation où la musculature n'est pas encore atrophiée mais très enraidie, très dure, nous pouvons dire que le corps astral se lie au muscle comme il ne devrait le faire normalement qu'avec l'organisation de la tête. Cela déclenche donc la myogélose avec douleurs, tension et enraidissement musculaires. Il faut trouver un médicament qui remette en mouvement le corps astral dans le muscle, figé dans cette situation « tête ». ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 35 Il existe plusieurs possibilités, ce que j'utilise volontiers c'est Rhus toxicodendron, qui est une plante extrêmement ignée. Quand ses fleurs rouges fleurissent subitement, c'est comme une inflammation qui fait irruption dans cette plante. C'est une plante dont il faut se méfier : je me souviens d'avoir vu dans un jardin botanique une personne développer une urticaire géante à plusieurs mètres de distance de cette plante ! D'ailleurs depuis, on a supprimé cette plante du jardin botanique. C'est donc une plante qui conduit vers le mouvement et vers la chaleur tout ce qui a tendance à durcir. On peut dire de façon raccourcie que c'est une abeille végétale. Magnesium phosphoricum est aussi indiqué. Il y a plusieurs possibilités.◆ ________________________________________________________________ 36 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial L’homme dans ses articulations Observation anatomique et fonctionnelle différenciée des articulations, de la psychophysiologie à la thérapeutique Docteur Claude Boudot Le but de cette présentation est d'essayer de parvenir à établir un chemin, une dynamique, qui puisse nous conduire du concept de l'articulation en général à une vision différenciée des multiples articulations de l'organisme humain. Je n'aurai certainement pas le temps de traiter toutes les articulations, mais ce qui importe là est surtout la démarche. Elle pourra être étendue aussi aux articulations qui n'auront pas été traitées. Cet exposé fait suite au travail que vous a présenté le Dr Mathias Girke. Il a montré d'abord comment l'articulation s'intègre dans tout l'organisme ; elle fait partie de l'organisme et en même temps elle est un reflet de l'organisme, et sa pathologie est aussi un reflet des processus pathologiques qui ont lieu dans l'organisme. Il nous a montré comment dans sa structure même, on pouvait lire la signature des différents niveaux d'organisation de la nature humaine. Par ailleurs, de même que chaque articulation appartient à l'univers articulaire, de même elle possède une individualité propre. L'articulation du coude ne ressemble pas à l'articulation intervertébrale ou à l'articulation du genou. Ce que je voudrais vous proposer, c'est un chemin possible pour essayer d'affiner une approche différenciée de l'homme articulaire. Essayer de percevoir comment dans chaque articulation, l'homme vit de manière différenciée. Quelles conséquences peut-on en tirer pour la compréhension de la physiopathologie, ceci, dans la perspective d'une démarche thérapeutique. Voilà l'objectif. Comment y parvenir si ce n'est par l'observation ! Si nous essayons de vivifier, de différencier, quand nous avons un patient devant nous, toute la somme de perceptions qui viennent de lui-même et de sa maladie, nous avons un univers qui afflue à nous. Comment pouvons-nous l'organiser de telle manière que ces perceptions puissent servir à notre démarche, comment apprendre à observer l'homme en mouvement, comment les différentes parties du corps humain s'articulent entre elles ! Nous essayerons de progresser à partir de la topographie articulaire, puis de l'anatomie. L'observation systématique, exacte, que nous ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 37 donne l'anatomie du monde articulaire et de son environnement immédiat avec les insertions musculaires et les insertions des tendons donne une géographie qui en elle-même comporte déjà une qualité. Qu'exprime cette qualité ? Comment peut-elle nous guider ? C'est ce que nous essayerons de suivre. La topographie, l'anatomie puis l'étude de la fonction de l'articulation. Dans la fonction, nous entrons déjà dans le mouvement. L'articulation est un lieu qui s'est construit à partir du mouvement, mouvement qui a lieu dans une certaine direction, qui va quelque part. Il existe encore une autre dimension, celle qui peut être approchée à partir du vécu proprioceptif d'une articulation. On passe là du domaine physique, architectural, structurel au domaine du vécu du monde articulaire. Et ces notions orientent vers des qualités qui sont des qualités de pesanteur ou des qualités de libération de la pesanteur. L'observation montre que certaines articulations sont plus engrainées dans la pesanteur et que d'autres sont beaucoup plus libérées de la pesanteur. Cette approche, peut-être pouvons-nous la saisir à partir d'un concept. Il est important de se former un concept car ce pourquoi il n'y a pas le concept, ne peut pas être observé. Il reste informulé. Nous pouvons dire que R. Steiner nous a donné beaucoup de concepts. Comment donner vie à ces concepts ? L'un de ces concepts fondamentaux nous a été donné dans le « Cours aux médecins » dans une conférence du 16 janvier 1924, dans le cycle traduit en français aux Editions Anthroposophiques Romandes sous le titre « L'art de guérir ». Dans le cours appelé « Cours de Noël », il nous donna une approche méditative de la structure humaine qui peut être vue à partir des forces de pesanteur et des forces de lumière : ________________________________________________________________ 38 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial « Regarde en ton âme Sa force de lumière Ressens en ton corps La puissance de pesanteur Dans la force de lumière Rayonne le Je-Esprit Dans la puissance de pesanteur Prend force l'Esprit de Dieu Mais il n'est pas permis Que force de lumière Se saisisse De puissance de pesanteur Ni que Puissance de pesanteur Pénètre La force de lumière Car, si la force de lumière saisit La puissance de pesanteur Et si la puissance de pesanteur Pénètre la force de lumière, Se lient alors en universelle folie Ame et corps Dans la corruption » Vous pouvez croire au premier abord qu'un texte comme celui-là a peut de choses à voir avec notre pratique quotidienne. Jusqu'au moment où il devient possible de donner vie à un tel texte. Et à partir de quoi nous éveille-t-il, si ce n'est à partir de perceptions ? Un texte comme celui-là nous aide à formuler et à être attentifs à des perceptions que nous avons de toutes façons, tous. Ainsi lorsque nous voyons un corps humain, une articulation, nous pouvons nous demander de quelle manière cette articulation est assujettie à la puissance de pesanteur ou comment elle se manifeste dans la force de lumière. Vous voyez par exemple dans les quatre premières phrases : « Regarde dans ton âme, sa force de lumière. Ressens en ton corps, la puissance de pesanteur ». Voyez « regarde force de lumière », on est à l'extérieur, on regarde et on assiste à quelque chose. « Ressens en ton corps », là il est fait appel à une expérience, une expérience intime, une expérience qui nous traverse. C'est ce que nous faisons tous en nous mettant debout. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 39 Quand nous essayons de développer ainsi notre sensibilité, quelque chose apparaît comme du dedans. Ceci n'est pas réservé à une élite particulièrement clairvoyante, c'est vraiment un exercice qui est donné à tout le monde, à ceux qui s'occupent de médecine ; alors, la perception d'une articulation, à partir des concepts topographiques, anatomiques et fonctionnels, s'enrichit d'autres qualités. Cette présentation résulte d'un travail entre médecin et artistes thérapeutes. Elle est aussi le résultat des contacts que nous avons eu avec des chirurgiens dans des soirées de FMC et de la vision dynamique qu'ils ont su développer. Je voudrais encore citer un article « Tierkreis und Gelenke » qui a paru dans le Merkurstab (50ème année, cahier n°4, juillet/août 1997) de Hermfried Kunze sur l'homme articulaire et le zodiaque. Pour commencer, je propose que nous fassions ensemble un exercice à partir de l'observation d'une diapositive projetée. Il s'agit d'une œuvre qui marque un tournant décisif dans l'évolution de la conscience occidentale. Nous allons voir le « David » de MichelAnge, que j'ai eu la chance de contempler il y a quelque mois à Florence, que nous avons étudié et que nous avons dessiné. Cette œuvre surgit dans l'évolution de l'humanité après le rêve des anges de la fin de la période du Moyen Age. Après Giotto et Fra Angelico, tout à coup nous voyons devant nous un être qui se saisit totalement. Dans sa représentation de David, Michel-Ange a complètement rompu avec la tradition : au lieu de représenter un David vainqueur, qui saisit la tête de Goliath écrasée et décapitée, il nous le montre dans l'instant où l'on ne sait pas encore ce qui va se passer. On ne sait pas encore, on ne connaît pas encore l'issue du combat et c'est cet instant précis où l'être doit se saisir dans sa totalité corporelle que Michel-Ange a eu le génie de sculpter. Il a sculpté en fait un instant, un impondérable. L'issue du combat est encore incertaine, à cet instant, ce qui compte c'est la présence avec laquelle l'être se saisit ! Nous allons regarder cette image et nous allons essayer de reconnaître : où est-ce solide ? où y a-t-il puissance de cohésion ? et où y a-t-il des endroits qui se libèrent de cette force de cohésion. Ensuite, muni de ce début d'observation, nous allons essayer de travailler les trois grandes articulations : la hanche, le genou, l'épaule. ________________________________________________________________ 40 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Tribune du David de Michel-Ange - Firenze Premier cliché Vous voyez que l'œuvre est placée dans un lieu particulier, c'est un endroit qui a été créé exprès pour abriter le « David » de MichelAnge. Il était d'abord exposé sur la place du Palais Veccio, et, s'étant rendu compte que les intempéries le détruisaient, on a construit une salle pour lui. Il y a une copie dans l'endroit où il était exposé sur la place. Je peux dire qu'il accède à toute sa dimension sous cette coupole. Comme si la grande coupole du ciel était audessus de lui et répondait à ce que Matthias Girke a appelé tout à l'heure la « Gestalt », c'est-à-dire sa stature. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 41 On a réellement l'impression qu'il est encore plus grand à cet endroit-là et qu'il prend toute sa signification et sa sensibilité sous cette coupole. Ceci est déjà une observation qui nous montre qu'une statue dans un endroit donne autre chose que dans un autre. Si maintenant on traduit cela dans la vie intérieure, cela veut dire que la coupole intérieure que nous créons quand nous regardons une œuvre n'est pas indifférente à la qualité de ce que nous observons. C'est-à-dire que plus nous développons en nous des concepts riches et différenciés dans l'observation, plus l'objet que nous observons paraît enrichi et signifiant. Et je pense que c'est un des grands cadeaux que peut nous donner la démarche anthroposophique : en vivifiant l'observation et en vivifiant la perception, de nous ouvrir à un monde qui était auparavant endormi. Deuxième cliché Je vous laisse regarder 2, 3 minutes et puis vous allez me dire où vous sentez le plus de poids. Auditoire : dans la main droite, la hanche droite. C'est très curieux, le maximum de pesanteur ne se ressent pas dans le pied. Vous les trouvez comment les pieds ? Auditoire : à peine posés, légers, prêts à bouger, le gauche est moins fixé que le droit, il est posé au sol et il n'y a pas de pesanteur, la cheville monte, on perçoit à gauche l'intention de lever le pied, le genou droit est comme verrouillé, comme s'il tenait quelque chose. D'un côté, c'est la pesanteur, de l'autre, c'est la libération dans les jambes, là il est bien appuyé et l'autre jambe est souple et comme dégagée. On voit déjà là que les mêmes membres n'ont pas, à cet instant-là, la même signification. Auditoire : dans le buste au contraire, le côté droit est comme posé sur la hanche, alors que le côté gauche tient, comme s'il y avait une inversion. J'ai du mal à voir l'intention, le sentiment que cela exprime parce qu'au niveau de la hanche, semble-t-il dans un état de relaxation, comme s'il était un peu en dehors du temps, en dehors de lui-même, il est déhanché puisqu'il est décontracté. Il vous paraît décontracté. Auditoire : le plus lourd semble être la main droite. Tout à l'heure on a parlé également de la hanche droite ; est-ce que la main droite et la hanche droite vous paraissent lourdes de la même manière ? Arriveriez-vous à dire où est la différence ? ________________________________________________________________ 42 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Statue du David de Michel-Ange Firenze ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 43 Auditoire : la main droite se fait pesante alors qu'elle n'a pas de charge particulière, puisque le poignet est fléchi alors que la hanche droite manifeste bien l'appui, puisqu'il y a une angulation entre la partie basse du corps et la jambe qui forme un angle au niveau de la hanche et qui est verrouillé au niveau de la hanche, ce qui permet de libérer la hanche gauche. La main droite n'est pas verrouillée. Cela est tout à fait étonnant. Comment un artiste peut-il avoir une telle intuition, même s'il a un modèle, il ne peut pas observer cela. C'est extraordinaire. Auditoire : on a l'impression que la main droite et la main gauche n'appartiennent pas à la même personne. On peut avoir des vécus complètement différents et cela nous permet de comprendre qu'une articulation est sans cesse traversée d'un vécu proprioceptif différent. Là, on s'est surtout attaché à décrire où nous ressentions la pesanteur, on peut encore l'observer pendant plus d'une heure. On peut observer, ré-observer. Auditoire : à part le regard, le reste est assez désinvolte. Le genou droit exprime plutôt de la volonté, comme l'épaule gauche d'ailleurs, et la désinvolture est plutôt dans…. Quand on parle de désinvolture, on parle de conscience, l'état de conscience. On va essayer, après la pesanteur, d'investiguer la désinvolture. Où trouvez-vous de la conscience ? Où ne trouvez-vous pas de conscience ? Où la conscience apparaît-elle comme un point ? La conscience apparaît-elle, ici, toujours comme un point ? Où la conscience est-elle vécue ? Où est-elle réfléchie ? On peut voir tout cela. On perçoit assez vite où sont les points de conscience, de présence. Auditoire : au front, c'est comme s'il y avait un paradoxe entre le front et cette hanche qui me semble détendue. Où voit-on de la conscience encore ? Auditoire : dans le genou droit. Ici nous retrouvons une conscience ponctuelle. La conscience est décrite comme un phénomène apparenté à la lumière. Nous parlons de conscience « claire » et « lumineuse ». Cette activité lumineuse peut être comprise comme traversant la stature humaine, pénétrant jusque dans le squelette. Il y a donc une forme de conscience ponctuelle. Mais il y a d'autres qualités de conscience. Si par exemple, nous regardons le torse, nous voyons comme si là, cette conscience cherchait à évaluer intérieurement l'espace qu'elle avait autour d'elle et pressentir ce qui allait se passer. Mais elle n'est pas ________________________________________________________________ 44 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial disposée de manière ponctuelle, mais de façon plus diffuse. Il y a là une présence très grande et vous voyez que la lumière de la conscience n'est pas comme un point, mais comme une surface. Puis regardons le front, la conscience du front est comme si elle réfléchissait, elle est active, mais elle est active non pas en tant qu'elle-même, mais en tant que réflexion. Maintenant, muni de ces (débuts) d'expériences - ce sont des expériences fondamentales – nous allons poursuivre ce chemin, pour sentir s'animer la perception. Nous avons tout de suite remarqué comment les choses deviennent vivantes, combien la perception s'anime en nous quand nous observons de la sorte. Ceci, il faut essayer maintenant de le saisir dans notre vision médicale pour d'abord établir un diagnostic d'articulation et peut-être aussi aller vers un chemin thérapeutique. Car comme vous l'avez vu, la hanche et le genou manifestent des qualités fondamentales différentes. L’articulation de la hanche Nous allons commencer par la hanche, parce qu'elle est la première articulation à avoir été nommée. Ce n'est pas par hasard. La hanche a été nommée parce qu'elle nous est apparue dans cette œuvre comme étant le point de cohésion, le point qui tient toute la statue, comme si, à ce niveau-là, il y avait l'architecture fondamentale qui semblait donner l'appui de ce qu'il y a au-dessus, on aimerait dire qui descend, et de ce qu'il y a au-dessous, il a été dit « ce qui monte ». Et cela est déjà un mystère en soi que le corps humain n'est pas construit comme une œuvre seulement architecturale. S'il avait été construit comme une œuvre architecturale, on aurait mis ce qui est le plus pesant en bas. On aurait mis ce qui tient en bas. Le corps humain n'est pas construit ainsi ! Quant on regarde la hanche, qu'est-ce que l'on voit d'abord ? L'articulation ici ne se devine pas, alors qu'au niveau du genou le galbe est marqué. Les os sont tout de suite en dessous. Nous avons là une articulation qui est profondément entourée d'un vêtement musculaire important. C'est une articulation qui semble enchâssée dans la vie du muscle, à l'intérieur de la vie du muscle, de la chaleur du muscle. L'articulation de la hanche, comme vous le savez tous, est formée de la tête fémorale qui est une sphère presque parfaite ou 2/3 de sphère presque parfaite fixée sur le col fémoral, qui lui-même est ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 45 attaché à la diaphyse, et au-dessus de l'articulation de la hanche, nous avons le toit du cotyle qui vient la recouvrir largement et nous avons là une articulation profonde. Nous avons une tête qui vient s'enchâsser très profondément dans l'os iliaque. C'est une articulation qui, de ce point de vue là, a un contact, une sorte d'affrontement avec les forces de pesanteur. Dans le « David », nous avons senti que c'était l'endroit de la pesanteur. Cette articulation a une mobilité, mais une mobilité par rapport à d'autres qui peut être considérée comme réduite. Mais elle se meut comme un cône dirigé vers le bas, dans toutes les directions. En fait, son mouvement est déterminé par sa rondeur. En résumé, c'est une articulation qui se situe au milieu du corps, qui entre profondément dans l'os, qui fait l'expérience de l'affrontement osseux entre la tête du fémur et le bassin et qui est entourée de muscles importants et épais. Essayons de se représenter maintenant ce vécu articulaire, le vécu proprioceptif, subconscient, de ce qui est vécu dans cette articulation. C'est dans l'articulation de la hanche que « David » semble s'amasser à son propre corps, comme si cet endroit-là lui offrait l'appui de toute la corporéité. Plus il prend des forces dans la hanche, plus en haut, il accède à la légèreté. Cette articulation est aussi soumise au rythme, au rythme de la marche. Cette expérience nous lie à une expérience continue de la pesanteur et en même temps à une expérience d'allégement. Pesanteur – allégement, pesanteur – allégement. Nous pouvons essayer par-là de nous rendre compte combien la sensation que nous procure cette hanche est fondamentale dans notre manière de nous ressentir en tant qu'être unique, présent dans un corps, ressentant les forces de pesanteur dans un corps, lesté par les forces de pesanteur, et en même temps pouvant s'en alléger. La pathologie nous disait-elle autre chose que ce qui vient d'être dit, sauf d'une manière plus extrême ? Qu'elles sont les pathologies de la hanche ? Chez l'enfant ou chez l'adolescent, c'est la nécrose aseptique, comme s'il y avait un refus, un dérobement à la pesanteur. Chez la personne âgée, c'est la coxarthrose qui est une usure et un dépôt. Les forces de cohésion ont succombé à la pesanteur. ________________________________________________________________ 46 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial L'environnement périarticulaire détermine dans une large mesure le vécu articulaire. Quand le tissu musculaire autour de l'articulation et quand la faculté de mouvement dont fait preuve l'homme se trouvent atrophiés, l'os entre dans la pesanteur. La pesanteur n'est plus vécue comme une expérience qui est à l'instant même surmontée, s'intégrant dans des formes de cohésion, mais elle devient une force d'écrasement : il y a d'abord une dégénérescence du cartilage et puis une déformation éventuelle de la tête articulaire. Si nous voulons traduire cela, maintenant, en termes thérapeutiques, que dirions-nous ? Cet affrontement rythmique avec la pesanteur, ce vécu physiologique de cohésion, de densité et de lévité, cela ne faitil pas résonner en nous un remède, une image de substance ? Cette image, c'est Aurum, c'est l'or, qui est un des métaux les plus lourds. C'est le métal qui crée, dans l'incarnation, dans l'organisme, cette relation avec la corporéité et, en même temps, le fait de pouvoir s'en dégager ; cela est l'essence du rythme ! Vous savez que c'est le métal de la circulation, le métal du cœur. Dans la hanche nous pouvons suivre comment l'atmosphère de l'or touche la pesanteur, la saisit dans le rythme, l'intègre, en donnant un vécu articulaire, fondamental dans la façon dont nous nous ressentons. Quelle géographie, quelle géologie, cet élément or rencontre-t-il dans la hanche ? Les intenses pressions qui y règnent, exerçant sur la substance une densification puissante, nous indiquent le domaine du calcaire. Intégrant tous ces jeux de force et de contact avec la matière, il y a la forme qui permet l'organisation, la disposition, et finalement l'architecture de ces éléments. L'Etre qui prend cette force de cohésion, l'intégrant dans le monde du calcaire en lui donnant forme, c'est l'étain, Stannum. Aussi apparaît maintenant sous forme de substances le thème de la hanche ! Il existe une préparation qui est faite de ces 3 substances : Apatite D6 / Aurum D15 / Stannum D10 aa, trituration. Elle me semble traduire la réalité de cette articulation. Nous avons là l'image fondamentale. Il faut saisir maintenant le chemin de la maladie. Si c'est un processus dégénératif comme une arthrose où l'os est complètement tombé dans la dénaturation, où l'articulation a complètement sombré dans la calcification, nous aurons envie d'y remettre de la vie, d'y remettre de la chaleur. Cette articulation vit ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 47 dans une atmosphère de chaleur et un moyen de redonner cette chaleur, c'est Sulfur, donné en basse dilution. La hanche est relativement peu soumise à des phénomènes d'épanchement, alors que d'autres articulations y sont très exposées. S'il y a un état inflammatoire il faudra d'abord réduire, peut-être avec Antimonium. Ensuite, il faudra revitaliser le cartilage, cette substance encore si vivante. Il est indiqué alors de se servir de l'organothérapie : Cartilago, par exemple. Ce sont des traitements longs mais qui doivent être menés avec une stratégie différenciée. Il faut d'abord réduire l'inflammation, ensuite soigner l’articulation en même temps que la douleur. Autre caractéristique, ce sont les douleurs de la hanche. Les douleurs de la hanche sont vraiment continues, usantes, térébrantes et elles finissent par atteindre vraiment jusqu'à la sensation intime d'être. Celui-ci se sent affaissé en lui-même par ces douleurs continues. C'est une douleur rongeante. C'est une douleur qui atteint vraiment l'essence du vécu. Les deux hanches avec le détroit supérieur forment une voûte. Nous pouvons ressentir une impression analogue devant un monument roman, où la voûte installée sur ses deux colonnes, semble être l'imagination architecturale, artistique, de ce que le squelette humain vit dans sa profondeur. Peut-être est-ce pour cela que l'art roman nous touche tant ? L’articulation du genou Revoyons le « David » (Cf. illustration page 43) et observons maintenant le genou. Que diriez-vous du genou ? Topographie, anatomie, environnement musculaire, puis le vécu proprioceptif du genou. Comment sont les qualités de lumière, les qualités de pesanteur. Nous constaterons qu'elles sont très différentes de celles de la hanche. Auditoire : comme vous l'avez dit tout à l'heure, le genou est très extérieur, on voit l'articulation diversement sous la peau, c'est la plus flagrante. Ce que vous voulez dire par-là je pense, exprime le fait que le genou, contrairement à la hanche, est une articulation dans laquelle on peut sentir partout la présence osseuse, sauf peut-être à la face postérieure. L'os est partout présent dans le genou. C'est lui qui lui donne son galbe, il y a là quelque chose de très plastique, mais d'une manière tout à fait différente de la hanche. ________________________________________________________________ 48 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Auditoire : le genou fait penser au cheval, alors que l'on voit très peu le genou du cheval, c'est l'indication qui exprime le caractère du cheval, le caractère actif, tendineux, sensible, ce n'est pas quelque chose de lourd mais quelque chose de ferme qui est assez proche du tendon. Ferme, tendineux, actif, sensitif. Ce sont des caractéristiques qui me paraissent essentielles pour décrire le genou. C'est un endroit délicat : autant la hanche est massive, autant le genou offre quelque chose de délicat avec des interférences de surface de concavité et de convexité qui montrent cette sensitivité. Mais cette sensitivité est reliée aussi à toute la stature du « David ». Il y a là un point de conscience. Est-ce un point de conscience qui projette ou est-ce un point de conscience qui accueille ? Auditoire : on pense aux yeux. N'est-ce pas extraordinaire ? C'est comme s'il y avait une sorte d'œil. Dans la conscience du front, il y a quelque chose de très concentré qui est projeté. Il y a ici quelque chose qui perçoit et qui est en même temps très réceptif. Mais c'est seulement la moitié de ce qui est perceptible dans le genou. La présence de la conscience dans le front est déterminée par ce qui se passe à cet endroit-là. Que les genoux soient solides ou pas, cela va déterminer très fortement la manière dont l'être va se sentir présent et actif derrière son front. Quand les genoux sont mous ou lâches, nous nous dissolvons. Par ses surfaces extérieures le genou absorbe la conscience de l'espace qui est autour de lui, percevant son jeu sans cesse réajusté avec la pesanteur. Cette expérience du genou a quelque chose de fondamental pour le devenir de l'humanité. Si l’on contemple l’histoire de la sculpture, on constate comment l'homme descend de son stade divin. A un certain moment, il n'est plus tenu par derrière. A partir de ce moment-là il commence à fléchir le genou. Quelles différences entre la statue égyptienne et la statue grecque ! Tout d'un coup le genou commence à jouer et l'homme commence à appartenir à sa propre expérience. Auditoire : une chose qui fait suite à ce que l'on vient de dire et qui m'a apparu à cet instant-là, c'est que le genou est à mi-hauteur du membre inférieur et que la hanche est à mi-hauteur de l'individu. Alors au niveau de la hanche on a Aurum, c'est-à-dire le milieu du corps, c'est pour cela que cet Aurum peut apparaître aussi comme étant le milieu. Et quand les gens nous disent j'ai mal à la hanche, souvent ils parlent du bas du dos, mais ils savent bien qu'il y a de la ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 49 force à ce niveau-là et qu'ils peuvent chercher les forces en profondeur. Donc on voit que dans le genou il y a des qualités sensitives tout à fait autres que celles de la hanche. Sur le plan anatomique, vous savez que le genou possède deux condyles qui viennent dans deux cavités, glénoïdiennes et au milieu de ceci surgissent les deux épines tibiales. L'articulation n'est pas du tout aussi enfoncée dans la matière qu'au niveau de la hanche. C'est comme si tout ce qui a été dit à propos de la surface se retrouvait à cet endroit-là. Les reliefs articulaires sont à peine marqués. Et entre les deux cavités glénoïdiennes, se dressent justement les deux épines tibiales qui sont séparées par un sillon. Nous passons sans cesse de cavité, de concavité en convexité. Et puis, le genou n'est pas entouré de muscles. Le genou est un organe de tendons. On a le tenseur du fascia lata qui vient de l'extérieur participer aux ligaments latéraux externes et à la capsule articulaire du genou ; il y a, devant, le quadriceps antérieur qui vient mêler ses tendons au droit antérieur pour former le tendon rotulien supérieur et puis il y a ce muscle extraordinaire qui part de l'épine iliaque antéro-supérieure et vient croiser toute la cuisse, ce muscle extraordinaire, qui est le muscle couturier. Celui-ci vient finalement s'insérer, participer à la formation des ligaments latéraux internes du genou. Et puis au milieu de ces deux articulations, nous trouvons ces deux cupules pleines et concaves de chaque côté que forment les ménisques. Les ménisques qui sont en fait le prolongement de la nature fibreuse vers l'intérieur, installés ainsi, différenciés en tant qu'organes, prenant appui et s'insérant au niveau des tendons, comme décrit tout à l'heure, et qui viennent compléter, harmoniser sans cesse les effets de la pesanteur qui se vit entre ces deux os. Le genou se manifeste aussi comme un organe rythmique mais si différemment de la hanche ! Le rythme qui est vécu là est beaucoup plus en relation avec l'environnement. Cette qualité sensorielle est liée à cette enveloppe tendineuse. Le tendon est beaucoup plus sensitif que le muscle. Il a été dit que le tendon se rapproche presque du nerf. C'est pourquoi la pathologie du genou va naître de manière différente de celle de la hanche. Dans la hanche, elle naît du fléchissement de la chaleur du métabolisme et du fait que l'affrontement de la pesanteur est directement accusé. Ici, la pathologie du genou va apparaître à partir de tout ce qu'il y a autour, ________________________________________________________________ 50 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial à partir du tendon. Dans le genou, ce sont les tendons qui forment la cohérence et la solidité du genou, alors que dans la hanche c'est l'impaction de l'os à l'intérieur de l'os. La hanche, c'est la solidité, elle est de nature architecturale, alors que ce qui donne la solidité dans le genou est de nature plus sensitive. Ce sont comme des haubans qui sont tirés par l'énergie des tensions même qu'ils génèrent, c'est la tension entre les haubans qui va créer la solidité du genou. Lorsque cette expérience tendineuse, sensitive, n'est plus parcourue par toute cette richesse sensorielle que nous avons vécue et que nous avons essayé de décrire entre le haut et le bas et entre ces deux types de consciences, cette expérience devenue incomplète est ramenée vers le vécu articulaire osseux et les instruments de pesanteur, au lieu d'être réparti entre ces muscles qui se concentrent à la périphérie du genou, vont attaquer différemment l'os. Ainsi pour soigner le genou, il faut tout d'abord réactiver la sphère sensorielle. Alors que pour l'os nous allons agir directement sur lui, dans la matière, dans le genou nous allons d'abord réactiver la capacité sensorielle. On ne commencera plus par l'or, mais par ce qui a à voir avec la silice, avec Equisetum, ou avec la silice ramenée sur le plan colloïdal, comme par exemple dans Solutio Siliceae, en basse dilution en D3 ou D6. Puis, quand est réanimée cette capacité sensorielle du genou, les traitements des lésions arthrosiques seront beaucoup plus efficaces. Nous aurons ainsi créé un relais qui pourra saisir et métaboliser les substances données au genou. A ce moment-là l'or a aussi sa raison d'être, parce qu'il y a aussi un affrontement avec la pesanteur. Mais d'abord nous aurons dû passer par la silice. Dans le genou, l'action des onguents, des pommades va être primordiale, parce qu'elle va permettre de réanimer cette sensorialité du genou. A partir de Symphytum, Equisetum, Arnica et puis Stannum. Nous pouvons donner par exemple Symphytum le matin et Stannum le soir. Il faut ré-amener la perceptivité du genou à un état actif. Dans le genou, nous pouvons penser également à un autre métal, le cuivre : par exemple appliquer la pommade Cuprum, à alterner avec Equisetum. Et puis, le genou possède une qualité grandement plastique mais ressentie comme différente de la hanche. C'est Hermfried Kunze qui indique l'aluminium, Alumen. L'aluminium n'a pas la plastique unitaire de l'étain, dans une forme unique, mais la plasticité vivante de l'argile ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 51 qui vit sous les doigts et qui prend naissance. Alumen romanum n'existe pas en tant que tel, mais lié à Aesculus cortex dans une préparation Weleda. Là aussi il faudra ensuite réanimer le cartilage avec Cartilago, avec Mésenchyme (en France T.R.E.). Avec ces remèdes joindre le soufre, le cuivre. Avez-vous lu récemment dans la presse une étude qui montrait que dans l'arthrose du genou, les Granions de cuivre® ont démontré leur efficacité, Granions de cuivre® 1 à 3 fois par jour. N'est-ce pas extraordinaire de lire cette indication quand nous avons compris la sensibilité du genou ! Contrairement à la hanche, le genou vit dans un grand mode réactionnel, inflammatoire, avec des épanchements. Donc avant de traiter le genou, il faut d'abord réduire l'épanchement, l'inflammation, à l'aide de Bryonia ou Apis, en moyenne dilution. D'abord il faut assécher, puis seulement réactiver la sensitivité autour du genou, parce que si la sensitivité est réactivée sur une inflammation, celle-ci va s'aggraver. Ensuite nous redonnons vie à la sensitivité du genou puis nous traitons l'arthrose. Comment analysez-vous la dualité du genou avec ses deux condyles ? C'est une articulation unique qui porte déjà quelque chose de double, c'est seulement un état d'ébauche. Nous ne sommes plus dans l'unité comme dans la hanche, mais dans quelque chose de plus différencié. Le fait d'avoir quitté cette unité primordiale laisse au genou la capacité de perceptivité extérieure. Le genou ne peut se mouvoir seulement que dans une direction, il a une grande mobilité mais seulement dans le plan sagittal. L’articulation de l’épaule L'épaule possède une articulation complètement différente. L'épaule est à l'extrémité du tronc, elle n'est pas incluse dans un schéma d'architecture, de pesanteur, comme chez l'animal. Quand nous avons parlé de l'épaule, nous avons discerné un sentiment de grande potentialité. Nous ne lisons pas directement la fonction corporelle où le soutien de l'épaule et du bras, alors que chez l'animal, le squelette exprime immédiatement la fonction que va délivrer l'animal. Chez l'homme, il n'en est pas ainsi. Justement par le bras, par le membre supérieur, la nature et la stature humaines se ________________________________________________________________ 52 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial délivrent du déterminisme de la pesanteur. Ce qui fait que l'activité s'exprimant à travers l'épaule va se définir ou s'animer directement de tout ce que nous voyons vivre dans le thorax. Et ce qui va faire bouger l'épaule, c'est beaucoup moins de type réflexe, de stature ou de posture, mais une activité beaucoup plus consciente et beaucoup plus finalisée. Ainsi, à travers l'épaule, la corporéité humaine se donne la capacité de pénétrer le mouvement d'âme, de vécu intérieur, qui est élaboré ici dans le thorax. Ce dernier est bombé sous la puissance de la force du sentiment qui va pouvoir s'écouler dans l'épaule et s'effectuer à travers le geste. Et même sur le plan anatomique, l'épaule est construite ainsi. La hanche était solidement implantée dans l'os iliaque. L'épaule, elle, est implantée dans l'articulation gléno-humérale et donc l'omoplate, et vous savez que l'omoplate est un os qui est suspendu par les muscles. Un os de surface entraîné par le mouvement des muscles, qui ne tient aux autres os que par les ligaments acromioclaviculaires et n'est pas enchâssé dans la structure de pesanteur. Encore un pas et cela pourrait devenir des ailes. Nous nous sentons léger dans les omoplates, la tâche de l'épaule est de délivrer de la pesanteur, puis de pénétrer le mouvement vécu du bras qui s'anime, s'exprime à partir du thorax. Alors que voyons-nous ? Le grand muscle pectoral, qui prend ses insertions au niveau de tout le gril costal et qui va se résumer dans un tendon, lequel va s'attacher sur la face externe et supérieure de l'humérus ! Et puis, à l'arrière, le grand dorsal qui prend ses insertions jusque sur la crête iliaque, puis sur le thorax, et qui va s'insérer ensuite sur la face interne de l'humérus ! En fait, nous observons comment l'épaule est entourée, protégée et que son activité procède de tout ce qui se passe dans le thorax. Ensuite, il faut décrire les muscles propres de l'épaule qui sont les muscles de la coiffe des rotateurs, le sous-scapulaire qui prend naissance sur la face antérieure de l'omoplate et va s'insérer sur la face antérieure de l'humérus. Et puis, à l'arrière, le sous-épineux et le rhomboïde qui, à partir de l'omoplate, vont s'insérer sur la partie inférieure et postérieure de la tête de l'humérus. En haut, le tendon du sus-épineux, vous savez que c'est le tendon essentiel, c'est celui qui peut se rompre. Dans les symptomatologies de l'épaule douloureuse, les tendons de la coiffe des rotateurs, au cours de l'âge, ont tendance à s'atrophier. C'est une évolution physiologique, ces tendons dégénèrent chez l'homme âgé pour arriver à ne ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 53 presque plus exister. De ce fait, le vieillissement de l'épaule se manifeste par une ascension de la tête humérale. La tête humérale se décentre, ce qui va entraîner un frottement du tendon du susépineux contre l'acromion. Le tendon va se râper et menacer de se rompre. C'est ce qui constitue les lésions du sus-épineux que nous avons tous recherché par des manœuvres que vous connaissez ou par un arthroscanner ou une IRM. C'est l'élément décisif de la pathologie de l'épaule. En disant cela, je manifeste le fait que la pathologie de l'épaule est une pathologie des muscles. C'est une pathologie des muscles, de l'endroit ou le muscle devient tendon. Le vécu proprioceptif de l'épaule est extrêmement riche, beaucoup plus étendu que celui du genou, et qu'il ne suffit pas que l'épaule soit remise en place pour que se réanime le vécu proprioceptif. Un des chirurgiens, avec qui nous avons fait une FMC sur l'épaule, nous disait qu'il avait été amené à opérer quelqu'un qui faisait beaucoup d'escalade et avait une pathologie de l'épaule. Anatomiquement, tout a été remis en place, mais lorsqu'il revint à la consultation il dit : « apparemment je peux bouger partout, mais je n'ai pas retrouvé mes sensations de l'épaule ». Il a été amputé d'une partie de lui-même bien que l'anatomie soit intacte ! S'il n'avait pas retrouvé ses sensations, c'est que le mouvement était amputé et que l'épaule n'avait pas réhabilité totalement sa fonction. Donc, l'articulation est un organe à travers lequel s'écoule la vie de l'âme. Quand nous avons à soigner l'épaule, nous devons considérer tout d'abord la vie de l'âme, la vie du psychisme qui interpénètre complètement le mouvement. Avant de traiter une épaule, il faut examiner comment, dans son épaule, le patient intègre cette vie de l'âme, comment est disposée la qualité de chaleur dans cette épaule ? Peut-elle faire passer la vie de l'âme dans l'épaule ? Vous avez par exemple ces patients, souvent des hommes, qui ont une masse musculaire au niveau du cou énorme, et une épaule qui est engoncée dans le muscle, donnant l'impression que l'épaisseur du muscle empêche la chaleur de s'exprimer. Ils apparaissent en quelque sorte emprisonnés dans leur propre chaleur. Il faudra les délivrer de leur chaleur. Après, vous avez la petite boulangère qui vient vous voir à la fin de la semaine, qui a frotté ses vitres et qui a une épaule complètement pétrifiée. La capacité de chaleur de cette épaule-là est inexistante et il faut surtout ne pas la traiter comme la première épaule. On a l'impression d'avoir affaire à une épaule ________________________________________________________________ 54 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial vitrifiée, à une épaule de verre, une épaule qui n'est plus que sensorielle. C'est cette vie de l'âme qui se déverse dans l'épaule, elle se déverse par la chaleur que nous pouvons y mettre. Nous habitons un muscle, dans la chaleur, et nous sentons le mouvement de l'extérieur, l'amplitude du mouvement possible, l'intuition du mouvement par la qualité proprioceptive de l'organe de l'articulation de l'épaule. Il faut toujours examiner le patient avant de le traiter, percevoir comment vit la chaleur, comment vit cette sensorialité. Et puis, troisièmement, il faut examiner comment est la capacité générale du sujet à régénérer la chaleur, à régénérer cette sensorialité. Si vous avez derrière cette épaule, un être qui est complètement affaissé dans sa vitalité, c'est d'abord par là qu'il faut commencer, même s'il a une épaule extrêmement douloureuse qui le réveille la nuit. S'il est complètement asthénique, dévitalisé, vous risquez d'aggraver la pathologie douloureuse de l'épaule en donnant des remèdes sur un substrat hypersensible. Donc, nous observons l'épaule, à travers les muscles et nous essayons de travailler avec la chaleur et l'activité sensorielle. Il faut savoir utiliser la chaleur, et surtout l'utiliser en rapport avec la sensorialité. Il existe différents remèdes de chaleur. Il y a Apis, qui est la chaleur inflammatoire et qui est la chaleur presque dégagée terrestre, la chaleur du soleil qui vit dans l'atmosphère, qui se traduit par une aggravation presque immédiate. Si vous avez le malheur de donner Apis en D8 à la petite boulangère qui a son épaule bloquée, vitrifiée, lorsque vous la reverrez le lendemain, elle ne va pas être contente ! Vous avez affaire là à un être impatient, mais qui n'a pas les capacités physiologiques de métaboliser la chaleur. Donc il faudra d'abord lui donner cette capacité de métaboliser la chaleur en revitalisant tout ce qui est autour. C'est un type de chaleur différent, plus accrochée au terrestre : Formica. Puis il y a la chaleur qui vit dans le métabolisme. Cette chaleur que présentait ce premier patient, c'est la chaleur Sulfur, la chaleur qui est enfouie dans le métabolisme, qui gonfle sur la surface articulaire et qui ne peut pas s'éclater, se libérer dans le mouvement qui est limité. Ceci est le troisième type de chaleur. Il y a encore un autre type de chaleur, c'est celle de Plumbum, celle du plomb, la chaleur infuse, cette chaleur primordiale. Le plomb est ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 55 aussi un remède de la métamorphose de la chaleur. Ce métal qui fond le plus rapidement, qui est le plus accessible à la chaleur, est utile dans les pathologies de l'épaule de la ménopause, qui sont très fréquentes, où justement l'enjeu est la transformation de la chaleur. Il est utile dans la calcification périarticulaire, dans la périarthrite calcifiante. Il ne faut pas forcément avoir peur d'une grosse calcification. Une calcification, quand elle fait mal, c'est qu'elle a rompu la gaine dans laquelle elle était. Une calcification qui est complètement incluse dans sa gaine ne fait pas mal, elle fait mal à partir du moment où une réaction inflammatoire cherche à la dissoudre du fait de son irruption dans les tissus. Et, bien souvent, ces calcifications ont tendances à se dissoudre elles-mêmes. Cela s'observe sur les radios par des stries, et là vous dites au patient : « vous avez mal, mais vous êtes en train de guérir de votre épaule ». Il faut simplement savoir avec quelle chaleur on va travailler là, en fonction du patient, en fonction de la manière dont est née la pathologie de l'épaule. Et puis, un autre grand remède de l'épaule, c'est l'équivalent d'Aurum que nous avons vu un peu dans le genou et dans la hanche. Mais là, nous avons une articulation qui n'est pas soumise à la pesanteur. Le rythme, comment allons-nous le guérir ? Le problème de l'épaule, c'est de faire passer les facultés de l'âme dans le mouvement. C'est faire passer l'âme dans les muscles. C'est comme une image du fer, le fer qui transporte les facultés d'âme jusque sur le plan métabolique, donnant ainsi le fondement au mouvement. Par Ferrum, nous faisons ressurgir la géographie sensorielle traversée par le fer et non par l'or. Nous pouvons essayer de percevoir comment l'épaule est tombée malade. Est-ce qu'elle est tombée malade par l'arrière ou par l'avant ? A l'avant, on a dans cette lumière du thorax l'expression de la vie consciente. Au contraire, par l'arrière, on a la pulsion, l'impression de la force, le courage qui naît dans le monde de l'arrière. Avoir du courage, c'est avoir quelque chose qui tient à l'arrière. L'épaule peut tomber malade, soit parce que le devant est surmené et que la vie du sentiment s'épuise dans une activité rythmique que l'organe ne peut plus retenir et qui devient mécanique, soit par ce que l'arrière ne tient plus ou qu'il étouffe. Ce sont à chaque fois des situations différentes.◆ ________________________________________________________________ 56 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Polarités Inflammation – Sclérose, Arthrite - Arthrose Dr Joseph Hériard Dubreuil Le sujet choisi est donc la polarité inflammation et sclérose, puis arthrite et arthrose. Ce qui laisse entendre qu'il y a une opposition entre les deux termes, entre inflammation et sclérose et entre l'arthrite et l'arthrose. Et vous allez voir que le sujet n'est pas si simple. Partons de l'inflammation. L'inflammation nous la connaissons bien et c'est un sujet bien connu de ceux qui exercent la médecine. Ici nous avons à faire à l'inflammation en ce qui concerne l'articulation et l'intitulé qui a été donné est à peu près juste, l'inflammation de l'articulation s'appelle une arthrite. Il y a cependant une petite nuance. Lorsque R. Steiner parle de l'inflammation, il donne comme exemple l'inflammation qui devient abcès. L'inflammation est une tendance de l'organisme à s'enflammer et cela évolue naturellement vers l'abcès. Or si nous appliquons ceci à l'inflammation de l'articulation, nous n'avons pas cette notion-là. Il y a bien l'ostéomyélite, mais c'est une infection de l'os lui-même et pas directement de l'articulation. Dans la mesure où l'ostéomyélite gagne l'articulation, alors l'articulation elle-même est touchée. Mais vous voyez qu'au départ c'est une inflammation qui touche l'os. Ce n'est donc pas du tout la même chose. Nous avons donc cette remarque à faire qui est importante. Dans l'inflammation, nous avons un processus qui aboutit à l'infection et dans l'arthrite nous avons une inflammation qui en général ne va pas donner d'infection par la suite. Ceci se traduit dans la thérapeutique avec le médicament clé de l'inflammation que nous connaissons tous et que nous utilisons abondamment : c’est la conjonction Apis/Belladonna. Lorsque les basses dilutions étaient encore autorisées on donnait Apis D2 / Belladonna D2. Maintenant il faut recourir à des dilutions un peu plus hautes, on donnera Apis D8 / Belladonna D3 aa. S'il y a une inflammation pure, on donnera également ce médicament, et si cela évolue vers l'infection, vers la formation de pus alors on va ajouter un deuxième médicament qui ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 57 est Carbo D1 / Sulfur D2 aa qu'on donnera en alternance. Voilà le traitement de base de la plupart des inflammations. Dans le cas d'une arthrite assez simple, il n'est pas question de donner Carbo/Sulfur, cela n'est pas justifié car il n'y a pas cette deuxième partie de l'inflammation évoluant vers l'infection. Et puis, il y a une autre nuance, ce n'est pas Belladonna que nous allons donner pour l'inflammation de l'articulation, c'est Bryonia, plus précisément la composition Apis/Bryonia (en France, associer Apis D8 et Bryonia D3). C'est cela qui est véritablement le médicament le plus efficace de l'arthrite, de l'inflammation isolée de l'articulation. Ceci nous introduit dans cette distinction qu'il y a à faire et vous allez voir que cela se complique lorsqu'il y a des distinctions à faire entre l'inflammation en général et l'inflammation articulaire. Un mot sur ce qu'est véritablement le processus inflammatoire. Parce que l'on ne peut pas parler de cela sans évoquer tout ce que R. Steiner a dit à ce sujet. C'est, dit-il une tendance très profonde de l'être humain. Cette tendance inflammatoire c'est quelque chose avec laquelle nous devons compter. C'est quelque chose qui a sa raison d'être. Lorsqu'il y a un processus inflammatoire au sens propre à l'homme, alors nous avons à faire à quelque chose qui est une exagération de ce processus qui normalement est partout présent, qui est une sorte d'inflammation retenue présente dans l'ensemble de l'organisme. Lorsque R. Steiner évoque cela, il évoque en particulier le phénomène qui a donné naissance à l'œil. Il faut voir, dit-il, dans la genèse de l'œil, quelque chose comme un processus inflammatoire vécu non pas comme un processus inflammatoire mais raisonné, il faudrait dire « embrigadé », tenu en laisse, et que l'organisme laisse évoluer d'une manière saine. Et cela ne dépasse pas ses limites. La première fois qu'on entend ces mots-là, on a du mal à comprendre. Il faut beaucoup réfléchir pour se rendre compte qu'il y a là une perception très fine de ce qui est véritablement à l'œuvre dans l'organisme de l'homme, et en particulier au moment de l'embryogenèse. Il y a donc un processus normal pour l'œil que nous appellerons processus inflammatoire, mais maintenu dans les limites, et puis, dans tout le reste de l'organisme, nous avons aussi ce processus inflammatoire, mais qui lui-même doit être maintenu dans les limites, c'est ce qui donne la vitalité en général. On peut ________________________________________________________________ 58 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial presque identifier ce processus inflammatoire non pathogène, non pathologique, avec l'ensemble de l'activité que R. Steiner désigne sous le nom d'éthérique ou corps éthérique. Si vous voulez avoir une petite idée, une idée un peu pratique, concrète, de ce que R. Steiner entend par ce qui se manifeste dans le corps éthérique, il faut penser à un phénomène inflammatoire qui sera maintenu dans des limites justes. Et donc, lorsque nous avons une inflammation au sens propre, un processus inflammatoire qui devient pathologique, alors nous avons tout simplement à un endroit de l'organisme ce processus qui ne prend pas toute la place, mais une place beaucoup plus importante qu'il ne devrait pas. Et ceci se fait forcément au détriment de l'ensemble de l'équilibre de la totalité de l'organisme. Et les médicaments que nous avons cités ont pour effet de restaurer ce processus et d'équilibrer l'ensemble. Voilà comment nous devons le concevoir. Vous voyez que ce n'est pas du tout ce que la Faculté nous enseigne aujourd'hui, où l'on considère que dès qu'il y a inflammation, il faut donner des anti-inflammatoires. Et là ce n'est pas du tout le cas, on considère que c'est un processus qui a débordé de son domaine mais qui en réalité est juste. Donc les médicaments qui sont préconisés pour l'inflammation n'ont pas pour but d'arrêter l'inflammation, mais de la rééquilibrer. Nous allons prendre un exemple simple, celui de l'arthrite. Prenons une arthrite très simple, parce que souvent nous avons des phénomènes beaucoup plus compliqués dans l'arthrite ; peut-être que l'exemple le plus simple, c'est celui qui est connu sous le nom de rhume de hanche. Vous connaissez cela. En général, un enfant de 7-8 ans, 11-12 ans. Cette vieille expression de rhume de hanche est très intéressante parce qu'elle nous éclaire sur le phénomène qui se passe dans cette mono-arthrite. En effet, cette mono-arthrite typique, comme vous le savez, se résout en quelques jours. Souvent d'ailleurs en ne faisant rien, il suffit de rassurer les parents. Si l'on veut donner un traitement, on donnera de préférence Apis/Bryonia (en France, associer Apis D8 et Bryonia D3) qui est celui qui marche le mieux per os. Ce n'est pas nécessaire de donner plus de médicaments, éventuellement on donnera Apis D8 / Bryonia D3 / Rhus toxicodendron D4 aa. Pour des raisons dans lesquelles nous n'allons pas entrer maintenant, il y a donc cette inflammation qui naît dans une articulation et qui engendre une douleur, une certaine chaleur et en particulier une ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 59 douleur, puis une enflure de la hanche. En général, ceci rentre dans l'ordre très facilement. Penchons-nous maintenant sur ce qu'est cette mono-arthrite très simple et la raison d'être de cette inflammation. Eh bien, nous devrons dire que la raison générale, c'est quelque chose qui ne devrait pas pénétrer dans cette articulation. C'est probablement cela et bien entendu cela nous échappe. Ce qu'il y a aussi d'intéressant dans cet exemple de l'arthrite de hanche simple, c'est cette expression de rhume de hanche, très vieille expression qui est a l'origine du mot que nous employons couramment, le mot : rhumatologie. La rhumatologie, ce n'est pas quelque chose qui a à voir avec le rhume du nez, mais précisément avec le rhume de l'articulation. Que signifie cette expression : que l'articulation attrape un rhume ? Eh bien, c'est en liaison avec l'écoulement. Cet écoulement n'apparaît pas, il reste interne, mais les anciens médecins qui nous ont précédés avaient certainement cette notion que lorsqu'il y a inflammation articulaire, il y a quelque chose qui s'écoule et qui reste à l'intérieur ; mais il y a quand même quelque chose qui coule d'où l'expression de rhume et de rhumatisme en général. Cet exemple très simple est à l'origine au fond de tout phénomène rhumatologique quel qu'il soit, et c'est pourquoi on emploie le mot de rhumatologie. Mais si nous voulons bien comprendre de quoi il s'agit, il faut tout de même aller plus loin et prendre un exemple légèrement plus compliqué. Nous allons prendre celui de la goutte. Dans la goutte, nous avons aussi une arthrite, en général une mono-arthrite beaucoup plus inflammatoire que l'exemple précédemment cité. Nous avons là un phénomène inflammatoire où tout y est, en particulier une douleur beaucoup plus grande, une douleur massive, empêchant le sommeil complet pendant une ou plusieurs nuits. Et nous avons tous les signes de l'inflammation, y compris la rougeur, la douleur brûlante et c'est un phénomène d'inflammation que l'on pourrait dire le plus typique qui soit et cette fois à côté d'une articulation. Vous voyez bien la différence avec ce que nous avons dit tout à l'heure sur l'abcès. Nous avons bien dans la crise de goutte l'aspect inflammatoire, mais l'aspect inflammatoire pur. En général, il n'y a pas de raison pour que cela évolue vers la formation de pus. Vous voyez bien la différence entre l'inflammation appliquée aux ________________________________________________________________ 60 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial articulations et l'inflammation appliquée en général à toute autre partie du corps, où il y a formation de pus. Quel est en réalité le phénomène qui est à l'origine de la goutte ? C'est comme vous le savez le dépôt d'acide urique dans cette articulation, à un endroit où il n'a rien à faire. Pourquoi cet acide urique se dépose-t-il ? Parce qu'il est en excès. Et pourquoi y en at-il en excès ? Parce que l'on a trop mangé de certaines nourritures. Cela tous les goutteux le savent et s'ils ne le savent pas, il faut le leur apprendre. Mais cela n'est pas suffisant. Il ne suffit pas d'avoir fait une suite de bons repas bien arrosés pour faire une crise de goutte. Il faut encore qu'il y ait une prédisposition, et cette prédisposition, si nous voulons la comprendre, elle est dans cette incapacité de l'organisme de poursuivre jusqu'à son terme le phénomène digestif. C'est principalement de la digestion des protéines dont il s'agit. Au fond, si nous avons à faire à un gros mangeur qui digère bien, alors il peut continuer à être gros mangeur, il aura peut-être de l'obésité, mais il n'a pas de raison d'avoir une crise de goutte. Alors que nous aurons des crises de goutte même chez des sujets maigres. Donc, ce n'est pas uniquement en rapport avec la prise de nourriture, mais le véritable phénomène qui est à l'origine, c'est cette incapacité de digérer jusqu'au bout. Ceci pour ceux qui sont familiers avec l'enseignement de la médecine anthroposophique, doit nous rappeler quelque chose que l'on voit en particulier dans le diabète, qui est l'incapacité de digérer le sucre jusqu'au bout et donc le sucre non totalement digéré s'accumule et puis s'accumulant, il est évacué par les reins. Ce n'est pas du tout la fonction du rein d'évacuer le sucre, et finalement, il en résulte une pathologie du rein. Encore un autre exemple, la digestion insuffisante des protéines provoque une élimination, là encore rénale, des protéines, la protéinurie. La cause doit être cherchée dans une insuffisance de la fonction pancréatique. La véritable cause de la protéinurie, c'est une insuffisance pancréatique, l'effet sur le rein est secondaire parce que, là encore comme dans le diabète, le rein est obligé d'éliminer de l'albumine alors que ce n'est pas son rôle. C'est cette élimination qui abîme le rein, qui peut aller jusqu'à la destruction totale du rein. Le remède est donc un remède tiré de pancreine. En général, c'est Ferrum sidereum D10 / Pancreine D8 aa, de manière à susciter cette digestion complète des produits de l'alimentation. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 61 Nous avons dans l'origine de la crise de goutte quelque chose qui est du même ordre, mais qui ne fait pas exactement le même effet, c'est cette accumulation d'urates à l'intérieur de l'organisme, l’accumulation d'urates dont l'élimination ne se fait pas. Lorsque l'on lit l'ouvrage de R. Steiner où ce phénomène est parfaitement expliqué, on a l'explication suivante : c'est que la digestion, comme vous le savez, doit être opérée par le Moi, c'est le Moi qui jusqu'au bout, jusqu'à l'extrémité, doit faire disparaître tout caractère étranger à ce que nous avalons par la nourriture. Lorsque cette insuffisance du Moi se manifeste dans le domaine de la digestion des composés, des urates, alors le moi étant incapable de faire ce travail s'en reporte, comme le dit R. Steiner, au corps astral qui va essayer, mais qui ne va pas y arriver, de faire cette digestion totale, cette fin de digestion qui n'a pas été faite de tous ces composés d'urates. Et comme ce n'est pas son rôle et qu'il n'est pas outillé pour le faire, le corps astral fait le travail à moitié et il en résulte une excrétion qui se fait, mais qui se fait à des endroits où l'élimination n'est pas possible. Et ce sont les interstices articulaires. C'est cela qui est à l'origine de ce dépôt d’acide urique dans les articulations que nous connaissons, principalement celles du gros orteil, mais il peut y en avoir d'autres. Voilà le phénomène qui est à l'origine de l'accumulation de l'acide urique et donc de la crise de goutte. La crise de goutte elle-même est une réaction inflammatoire type, avec tous les éléments de l'inflammation, beaucoup plus que dans le premier exemple cité. Nous avons cette réaction inflammatoire massive du Moi qui est à l'œuvre cette fois-ci, qui essaie de chasser comme il peut, mais il n'y arrive pas, cette concrétion d'acide urique qui s'est faite à cet endroit du corps, alors que ce n'est pas sa place. Comme vous le savez, ceci n'aboutira jamais à la formation de pus en général, ceci va se résoudre plus ou moins et on va donner un certain nombre de médicaments pour cela. Les médicaments pour la crise de goutte sont principalement : Bryonia, Arnica. En général, on donnera en alternance les compositions suivantes : Aconium napellus D3 10 % / Arnica D1 10 % / Bryonia D2 10 % / Excipient q.s.p. 100 % et Colchicum autumnale D2 10 % / Sabina D3 10 % / Excipient q.s.p. 100 %. Là nous reconnaissons quelque chose qui est parfaitement connu, c'est l'action de Colchicum dans la crise de goutte. Mais en médecine anthroposophique, on ne donne pas seulement la colchicine - on ________________________________________________________________ 62 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial donne Colchicum et non pas colchicine - mais on alterne avec l'autre composition comprenant Bryonia. Et puis, si l'on a affaire à une crise de goutte aiguë, on ne se privera pas d'utiliser Apis/Bryonia (en France, associer Apis D8 et Bryonia D3) et principalement en injectable. On peut résoudre une crise de goutte très aiguë en faisant des injections d'Apis/Bryonia proches de l'articulation enflammée, plusieurs fois dans la journée. L'exemple de la crise de goutte est un bon exemple de ce qu'est ce processus inflammatoire articulaire, qui comme vous le voyez ne s'identifie pas du tout, bien qu'il en soit proche, au processus inflammatoire en général. Il a quelques caractéristiques très particulières. Voilà ce que l'on peut dire sur ce processus inflammatoire appliqué aux articulations. Maintenant que peut-on dire de l'opposé de ce processus inflammatoire ? C'est ainsi que l'on peut poser le problème. Comme vous le savez, c'est une des constantes de la médecine anthroposophique, du raisonnement de R. Steiner, on cherche le phénomène qui se trouve en polarité avec le premier phénomène que l'on a décrit. On a donc pour ce premier phénomène, inflammation. Qu'elle est donc le phénomène qui est en polarité avec l'inflammation articulaire ? Une première idée pourrait se présenter à l'esprit, c'est de dire que la polarité de l'arthrite c'est l'arthrose. Tel qu'est rédigé le thème de la conférence, on pourrait croire que c'est cela. Vous allez voir qu'il n'en est rien et c'est beaucoup plus compliqué. Rien ne nous permet de dire en effet que l'arthrose est le pendant de l'arthrite, qu'elle est polairement opposée à l'arthrite. On dit couramment dans la médecine que nous avons apprise à la Faculté, que l'arthrite fait le lit de l'arthrose, ce qui est juste, disons une longue vie d'arthrites successives va finalement engendrer de l'arthrose. C'est vrai, mais ce n'est pas la seule raison, loin de là. Et puis, nous avons des arthroses qui surgissent dans des articulations qui n'ont jamais été le lieu d'inflammation, d'arthrite. En réalité, l'arthrose est un phénomène beaucoup plus subtil et beaucoup plus compliqué à percevoir que la simple polarité avec l'arthrite. Essayons de faire le point sur ce sujet. Revenons sur ce que disait Rudolf Steiner sur l'inflammation et que nous avons rappelé tout à l'heure avec le processus formatif de l'œil. Dans cette conférence où il explique que nous avons le processus inflammatoire à l'état sain, ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 63 dans le processus formatif de l'œil, c'est là qu'il ajoute quel est le processus qui est en polarité avec le premier, avec le processus inflammatoire, eh bien dit-il, c'est le processus tumoral. Nous avons donc comme véritable opposition au processus inflammatoire le processus tumoral. Et de même qu'il a donné comme exemple d'un processus inflammatoire juste, maintenu dans des limites normales, un processus inflammatoire sain, la formation de l'œil, nous avons comme polarité à ce processus inflammatoire sain un processus tumoral sain, c'est-à-dire à sa place, non pathogène : c'est le processus de formation de l'oreille. Nous avons avec le processus de formation de l'œil et le processus de formation de l'oreille, deux exemples de processus qui dans toute autre partie du corps sont pathologiques, donnant soit l'inflammation, soit la tumeur, et qui à cette partie-là et à cette période de la vie tout à fait embryonnaire, sont à considérer comme des processus sains. J'invite les médecins que nous sommes à prolonger leurs réflexions et leurs méditations intérieures sur les patients qui viennent nous voir. Regardez bien, dit R. Steiner, comment se fait chez eux le processus de vision et vous aurez une idée sur ce qui est présent dans leur corps éthérique. Et il ajoute, regardez bien comment ils entendent, regardez bien comme se fait le processus auditif chez eux et vous aurez aussi une idée de ce qui se passe dans leur corps astral. Vous voyez, la polarité se poursuit. Nous avons ce phénomène sain, physiologique, la formation de l'oreille qui est comme une sorte de formation d'une tumeur, mais maintenue dans des justes limites et qui ne donne pas une tumeur, mais un organe de perception des sons. Et puis, nous avons ce processus à une autre période de la vie, c'est-à-dire pas dans la période embryonnaire, mais plus tard et ailleurs dans l'organisme, et qui donne des formations de tumeur et en particulier des cancers. Le cancer, dit-il, c'est cette capacité qu’a l'organisme de fabriquer une espèce d'oreille qui n'est pas du tout à sa place pour percevoir quelque chose du monde extérieur, mais à un endroit qui n'en a absolument pas la vocation. C'est donc un processus sain au départ mais déformé, pas à sa place, et donnant finalement cette induration que l'on voit dans les cancers. Il n'y a pas de formation de tumeur sans induration et, dit-il, la polarité entre l'inflammation et la tumeur s'aperçoit encore plus du ________________________________________________________________ 64 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial fait que, dans beaucoup d'inflammations, on a une petite inflammation donnant une sorte de petit ulcère. Vous avez très souvent avec cette ulcération, une sorte d'induration qui se forme, si bien que, peut-être si vous voyez la lésion après un certain temps et qu'elle a évolué, vous aurez encore un doute. S'agit-il d'une lésion ulcérée mais non inflammatoire, ou s'agit-il déjà d'une tumeur ? On peut se tromper. Le processus passe de l'un à l'autre. Il y a une certaine ressemblance entre une petite tumeur cutanée à un certain stade, et un pur processus inflammatoire. On peut s'y tromper. Nous avons donc en relation avec un processus inflammatoire, le processus de la formation de la tumeur, c'est quelque chose qui est durci. Essayons maintenant de chercher quel est le pendant du processus inflammatoire dans le phénomène de l'articulation. Et la première idée qui vient, c'est ce que l'on appelle la calcification. Il faut avoir reçu des patients avec des calcifications tendineuses de l'épaule par exemple, empêchant tout mouvement, pour comprendre un peu de quoi il s'agit. Là nous avons véritablement quelque chose qui nous donne cette polarité que nous recherchions avec l'inflammation articulaire ou arthrite. Nous avons le vrai pendant de l'inflammation de l'articulation dans la calcification, dans la mesure où elle est proche de l'articulation et où, effectivement, elle empêche celle-ci de jouer, entraînant la paralysie. Nous avons là le véritable phénomène qui est en polarité avec l'inflammation de l'articulation. Et ceci va se traiter en particulier avec un certain nombre de médicaments que nous avons déjà cités, avec en particulier Bryonia qui revient toujours, et puis aussi Stannum qui est un des médicaments les plus indiqués dans ce cas, et également Equisetum. Tous ces médicaments seront décrits dans la thérapeutique de la polyarthrite en particulier, car ces phénomènes sont assez voisins. Quand nous recherchons la polarité du phénomène inflammatoire de l'articulation, nous l'avons donc plutôt dans la calcification que dans l'arthrose. Nous n'avons toujours pas réussi à placer l'arthrose dans cette perspective. Nous devons maintenant réfléchir sur ce qu'est l'arthrose. Comment se fait-il que nous ne parvenions pas à avoir l'élément qui nous manque, la polarité exacte qui nous manque avec le phénomène inflammatoire appliqué à l'articulation. Il faut réfléchir maintenant sur la notion de sclérose. On oppose souvent l'inflammation et la sclérose et il y a une certaine polarité ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 65 entre les deux, mais la polarité n'est pas complète. La véritable polarité ainsi que nous l'avons dit, elle est entre inflammation et formation tumorale. Et où se situe la sclérose ? Elle se situe un peu dans la direction de la formation tumorale, mais pas tout à fait au bout. C'est une sorte de phénomène qui ne va pas jusqu'à la formation tumorale. La sclérose est un phénomène qui, si on le pousse à bout, va donner la formation tumorale. Et la sclérose est un phénomène qui s'apparente beaucoup plus à l'ossification, et là nous retrouvons ce que nous avons dit avec la formation de la calcification tendineuse en particulier, mais ce n'est pas exactement la même chose. Il y a donc un phénomène que nous devons envisager maintenant qui est le phénomène de la sclérose. Quelle est la véritable nature de la sclérose ? La sclérose est un phénomène de durcissement. Ce phénomène est parfaitement à sa place et justifié dans l'ostéogenèse. C'est même là qu'il est le plus à sa place. C'est-àdire dans toute la partie non seulement embryonnaire, mais une longue partie qui faite suite dans la petite enfance, dans la fabrication du squelette, et puis, éventuellement en cas de fracture, dans la reformation osseuse qui fait suite à cette fracture. Et puis, nous pouvons le dire, dans un phénomène qui se poursuit tout au long de notre vie, c'est-à-dire que l'os n'est pas constitué une fois pour toute, mais qu'il y a une certaine vie un peu au ralenti de la fabrication osseuse. Il y a une relative destruction osseuse tout au long de la vie et une reconstruction osseuse qui la remplace. Nous renouvelons nos os peu à peu tout au long de notre vie. Donc ce phénomène là, physiologique, est tout à fait à sa place. Il est tout à fait à sa place dans l'ossification, là il est sain et il est juste. Lorsque nous parlons de sclérose, c'est bien du même phénomène que nous parlons, mais à ce moment-là, d’un phénomène qui n'est pas à sa place. Et ce que nous avons en vue, c'est bien entendu la sclérose des vaisseaux, c'est le plus parlant. Alors on a cette curiosité que l'on rencontre tous les jours avec les personnes âgées, qu'il y a une sorte d'inversion des phénomènes. Il y a chez les personnes âgées, nous ne dirons pas une ossification mais une sclérose des vaisseaux qui peut aller jusqu'à une certaine calcification des vaisseaux, on le voit lors de radios et en même temps on a chez ces mêmes personnes, et souvent les deux vont de pair, le début d'une ostéoporose. On a donc un phénomène qui se défait, qui s'inverse, qui n'est pas à sa place. On pourrait dire que la santé, c'est d'avoir ________________________________________________________________ 66 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial des os qui sont durs et des vaisseaux qui sont souples. Eh bien, précisément à partir d'un certain âge, c'est l'inverse. Les vaisseaux durcissent et les os se ramollissent. Voilà le véritable phénomène de la sclérose. Mais si nous voulons véritablement le comprendre, alors nous devons introduire une notion qui apparemment est très difficile à faire cadrer avec ce que nous venons de dire, et cependant il est indispensable de le faire. Parce que R. Steiner lorsqu'il aborde ces sujets, le fait. Ce phénomène de sclérose que nous venons de décrire dans le domaine des vaisseaux, on peut le décrire aussi dans le domaine musculaire, il y a une certaine rigidité musculaire qui s'installe. On pourrait dire chez le vieillard en général, une espèce de rigidité qui s'installe dans l'ensemble de l'organisme, mais les articulations sont beaucoup moins souples et ce phénomène on le découvre dans la sclérose du vieillard. Ce phénomène qui, nous l'avons vu, est juste dans l'ossification, ne l'est pas dans cette sclérose due à l'âge. Mais nous n'avons pas épuisé le véritable phénomène qu'est la sclérose en décrivant seulement ce qui se passe pour les os, pour les vaisseaux ou pour l'ensemble du système métabolique et moteur. Si nous voulons comprendre véritablement quelle est la nature réelle de la sclérose, disons du phénomène ou processus de sclérose, alors dit-il, nous devons envisager ce qui se passe dans le cerveau et en particulier dans la fonction cérébrale. Si on approfondit cette notion, alors on découvre un des secrets de la médecine anthroposophique, secret qui n'en est pas un pour celui qui veut bien comprendre ce que R. Steiner explique abondamment, mais cela reste un secret pour beaucoup, car la première fois on a du mal à le comprendre. Et puis la deuxième et la troisième également… Il existe dans la partie supérieure du corps, donc dans cette partie que nous appelons céphalique, neurosensorielle, disons la tête, il existe un phénomène qui est l'équivalent du phénomène de la sclérose, et là ce phénomène est poursuivi beaucoup plus loin que ne l'est la sclérose et il aboutit réellement à quelque chose qui ne se voit que chez l'homme. Et c'est un processus de cette nature que R. Steiner décrit lorsqu'il parle de cette capacité que nous avons, faisant suite à la perception par les sens, par la vue, par l'ouïe et par les autres sens, qui va jusqu'à ce que nous formions des pensées à ce sujet. Nous semblons quitter le domaine de la médecine, mais ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 67 nous n'en sortons pas réellement, parce que la médecine s'intéresse à la totalité de l'homme, la totalité des processus en l'homme. R. Steiner décrit ce qui se passe lorsque nous prenons le premier exemple très simple qui est la perception visuelle, facile à comprendre. Nous avons devant nous un paysage que nous regardons, nous le voyons, nous formons une image à l'intérieur de nous, et puis nous détournons les yeux de ce paysage et nous continuons d'être capable d'en parler. Nous allons parler de ce paysage et des différents objets que nous y avons vus et, lorsque nous en parlons, nous pouvons en disserter pendant une heure à l'intérieur d'une salle fermée, sans voir l'extérieur. Nous pouvons tout de même parler du paysage, bien que le paysage ne soit absolument pas visible. Eh bien nous ne parlons pas du paysage que nous avons vu, nous ne le voyons plus, nous ne sommes plus en état de le voir. Nous parlons grâce à un processus qui nous a permis de transformer cette image perçue en une image que nous créons maintenant nous-même à l'aide de notre cerveau, à l'intérieur de notre pensée. Avec le langage philosophique qui est celui de R. Steiner, cela donne ceci : nous avons la possibilité de transformer la perception en représentation. C'est un mot qui nous paraît un peu abstrait, disons le mot pensée qui est peut-être moins précis, peut-être plus parlant pour nous. Nous avons transformé le paysage vu en un paysage pensé, une image regardée nous l'avons transformée en une image construite, imaginée dans notre appareil de pensée, dans notre cerveau. Vous voyez que ce n'est plus le même phénomène que la perception. Il est vrai que la médecine étudie abondamment les organes de perception, mais elle ne va pas jusqu'à étudier ce qui est de l'ordre de la pensée, sinon d'une manière un peu dérisoire lorsque les déficits sont très visibles. Souvent chez les personnes âgées ou dans les cas de démence, lorsque l'on pose quelques questions simples, on s'aperçoit que la personne a perdu toutes références, elle ne trouve plus les mots pour désigner les choses. Alors on dit : déficits des fonctions supérieures. On va s'arrêter là parce qu'on n'a pas grand chose de plus à en dire, ce n'est pas très précis. Donc, cette possibilité de ne plus former des pensées, elle existe, cela s'appelle la démence. Mais cette possibilité de former des pensées est donc un phénomène que nous ne pouvons absolument ________________________________________________________________ 68 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial pas sortir abstraitement du champ de la médecine en disant que la médecine ne s'intéresse qu’aux troubles corporels. A partir de là, on part dans la philosophie, ce n'est plus de la médecine. Pas du tout. Il s'agit bien d'un phénomène qui est dans le champ de la médecine, puisque ces fonctions-là font partie de l'homme et qu'aucune fonction de l'homme n'est étrangère à la médecine. Revenons à notre sujet. Quel est le processus par lequel nous élaborons des pensées à partir des perceptions ? C’est un processus comme vous le voyez qui nous permet de nous abstraire de ce relatif subjectivisme qui fait que nous ne pourrions pas parler d'un paysage si nous ne l'avons pas sous les yeux, qui nous permet en toute objectivité d'en parler même lorsque nous ne l'avons plus sous les yeux. Ce processus qui se réalise là, lorsque nous formons des pensées à partir de perceptions, c'est un processus d'une extrême importance. R. Steiner le décrit comme étant un processus qui, dans l'univers qui est le nôtre, l'univers terrestre, ne se réalise qu'à un seul endroit : chez l'homme. Ce processus n'existe pas, même chez les vertébrés les plus évolués, les primates supérieurs autres que l'homme. Cela ne va pas jusqu'à ce phénomène-là. C'est donc un processus qui ne se réalise que chez l'homme. Quelle est l'origine véritable de ce processus ? R. Steiner dit que c'est un processus en réalité que nous ne pouvons comprendre que si nous remontons en deçà de la naissance et de la conception, et au-delà dans le cosmos qui nous entoure, jusqu'aux plus lointaines limites de ce cosmos visible. Voilà où nous trouverons dans le monde extérieur le processus qui correspond chez l'homme à cette possibilité de passer de la perception à la représentation, de la perception à la pensée. Donc, si nous décrivons maintenant ce processus, nous ne pouvons le décrire que comme un processus qui trouve son origine dans les confins du cosmos. C'est là qu'est d'abord ce processus et puis, appliqué à l'homme, nous le retrouvons dans cette capacité de former des pensées. La médecine de R. Steiner n'est pas simple. On ne peut pas la concevoir en se bornant à ce que l'on a sous le microscope, ni même dans ce que nous disent les patients au cabinet. Cette médecine ne se comprend que si nous l'élargissons au-delà dans le temps, c'est-à-dire remontant bien avant la naissance et même la conception du patient, et au-delà dans l'espace allant jusqu'aux extrémités du cosmos. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 69 Vous savez que cette médecine cherche en principe l'origine de ses substances thérapeutiques dans le monde qui nous entoure en disant : quel est le processus qui dans la nature se trouve présent chez l'homme ? Lorsque j'aurai trouvé les deux, lorsque j'aurai fait le rapport entre le processus présent dans la nature extérieure et un processus présent en l'homme, eh bien j'aurai trouvé l'origine de la thérapeutique. J'aurai une notion scientifique, rationnelle et parfaitement intelligible d'une thérapeutique, si je fais le lien entre un processus présent dans la nature et un processus présent en l'homme. Mais celui que nous avons décrit depuis un certain temps, ce processus-là, la possibilité d'élaborer des pensées en l'homme à la suite des perceptions, nous devons le rattacher à un processus que nous allons maintenant essayer de décrire dans le monde extérieur, là où il trouve son origine. C'est un processus, dit-il, d'extrême division et de dispersion totale, comme si la matière était pulvérisée dans un état le plus fin possible qui soit. Voilà quel est le processus dans le cosmos, dans les grands lointains du cosmos tel qu'il se présente. C'est ce processus-là qui est à l'œuvre. C'est un peu l'inverse de ce que l'on appellerait un processus de durcissement. Vous voyez donc que c'est cela le durcissement, c'est donc l'inverse de ce processus de sclérose dont nous parlons. Vous voyez comment on peut faire un lien, un lien pas facile, il faut aller le chercher dans le cosmos pour le rencontrer. Mais il s'agit bien de ce processus-là. Nous avons donc ce processus dans la sclérose, mais à l'envers. Nous avons un processus de durcissement, de condensation, et nous avons à l'opposé un processus de division extrême, de dispersion au moins dans le cosmos, là où il trouve son origine. Ce processus porte un nom dans la médecine anthroposophique, mais avant de dire le nom, n'oublions pas ce que nous venons de dire sur le processus lui-même, autrement nous allons nous polariser sur le nom, qui va induire dans notre esprit tout autre chose, parce que ce nom existe et qu'il représente dans notre esprit habituel tout autre chose qui est lié à ce que nous croyons savoir du mot qui va être prononcé. Nous n’allons pas faire attendre plus longtemps et nous allons prononcer ce mot : il s’agit du plomb, du processus-plomb. Mais bien sûr l’image que ce mot évoque, avec la lourdeur de ce métal, ne correspond pas du tout à ce que nous venons de décrire. ________________________________________________________________ 70 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial L’image du plomb terrestre qui tombe dans de l’eau en faisant un « plouf » est presque l’opposé de ce que nous sommes en train de décrire. C’est pourquoi il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas justement du plomb terrestre, mais, on pourrait dire, de ce plomb finement divisé, raréfié, ayant perdu totalement sa cohésion, comme on peut l’imaginer dans les lointains du cosmos, dans un état encore plus dispersé que l’état de vapeur, de gaz. Ou bien pour nous qui sommes habitués aux dynamisations homéopathiques, l’image est celle d’une haute dynamisation, là où le corps pesant a complètement perdu son caractère terrestre. Dans ce processus, mais dans un état très particulier de ce processus, on pourrait dire l'état inverse de celui que nous venons de décrire comme processus d'extrême division, nous avons au contraire une extrême condensation dans le plomb métallique tel que nous le connaissons. Mais le plomb métallique n'est qu'une partie de la nature, une partie tout à fait terrestre de la nature. La véritable nature ne s'arrête pas à la terre. Si nous voulons avoir une véritable connaissance de la nature dans son état total, nous devons élargir notre regard jusqu'à ces confins du monde. Alors, nous rencontrerons ce même processus appelé ici sur terre, plomb, mais donnant toute autre chose, donnant en réalité l'inverse. Et nous avons donc à identifier ce que nous avons évoqué toute à l'heure comme capacité de passer de la perception à la représentation. Nous avons à l'identifier avec ce processus d'extrême division dans la nature, dans le cosmos. Revenons maintenant à la médecine, c'est le phénomène que nous décrivons en général dans la sclérose. Voilà pourquoi le médicament que R. Steiner donne en général pour la sclérose, c'est un médicament préparé à partir du plomb. Ce n'est certainement pas du plomb à l'état métallique, c'est au contraire un plomb préparé avec toute une élaboration, et en particulier un plomb dans lequel on ajoute d'autres processus tirés du miel et du sucre. Donc, c'est un médicament connu sous le nom de Plumbum mellitum D12 ou « Scléron » (sclérose) et c'est véritablement un médicament qui s'utilise pour cette tendance à durcir dans la mesure où elle n'est pas juste, comme elle l'est dans l'os, et lorsqu'elle se manifeste à un certain âge de la vie, dans la sclérose. Revenons maintenant à l'arthrose et nous sommes obligés de dire que l'arthrose n'est pas un phénomène de sclérose. Cela y ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 71 ressemble, mais ce n'est pas cela. Et la meilleure preuve, c’est que ce n'est pas du plomb que l'on donnera principalement dans l'arthrose. Le plomb occupe une place pratiquement inexistante dans l'arthrose. Ce qui signifie bien que ce n'est pas le même phénomène, comme nous l'avons dit tout à l'heure. Quelle est maintenant l'explication que nous devons donner de ce processus d'arthrose ? Nous venons de dire que ce n'est pas exactement, pas véritablement de la sclérose. C'est de la même famille mais ce n'est pas cela. Et en particulier, nous le trouverons dans la thérapeutique, ce n'est pas le plomb qui est le médicament de base, c'est l'étain. C'est-à-dire que nous allons un peu moins loin dans la perception du cosmos, nous ne devons pas aller jusqu'aux extrémités, nous devons aller un peu moins loin, là où règnent les forces de l'étain et non pas celles du plomb. Ceci est à mettre en rapport avec un phénomène que nous connaissons, mais que nous ne rencontrons guère, c'est celui de l'hydrocéphalie dans la petite enfance. Dans la petite enfance, il y a une tendance - et cette tendance est justifiée, elle n'est pas pathologique, elle est physiologique - il y a une certaine tendance liquide dans la formation du cerveau. A partir d'un certain âge, cette tendance doit s'arrêter et il y a un certain durcissement qui se fait. Mais il ne faut pas que ce durcissement se fasse trop tôt. Il faut respecter cette hydrocéphalie physiologique de la petite enfance, dans la mesure où elle n'est pas pathologique, dans la mesure où en mesurant le périmètre crânien, nous restons dans les normes. Si le périmètre crânien est légèrement supérieur à la normale, nous avons déjà un excès de ce phénomène allant dans le sens de l'hydrocéphalie. Et à ce moment là, il faut le tempérer et le contrer. Mais, il ne faudrait pas faire l'inverse et on fait très souvent l'inverse, et c'est ce que l'on fait couramment en donnant de la vitamine D dès la naissance. Lorsque l'on donne de la vitamine D dès la naissance, alors on freine ce processus liquide à l'intérieur du cerveau, on le freine trop tôt, on l'empêche d'agir, alors qu'il doit encore agir. Il ne doit s'arrêter qu'un peu plus tard, et ce faisant, on va induire un phénomène qui va se répercuter beaucoup plus tard, à un âge avancé de la vie. Et, dit R. Steiner, l'une des raisons de l'arthrose, de l'arthrose qui survient vers la quarantaine, c'est cette précipitation qu'on a voulu faire, disons dans l'interruption de ce processus liquide de formation du cerveau à l'origine, on l'a fermé trop tôt, on l'a empêché trop tôt, et donc on a comme conséquence, conséquence très lointaine, une ________________________________________________________________ 72 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial arthrose qui va s'installer vers la quarantaine. Vous voyez comment ces choses se tiennent, ces choses-là ne sont pas simples, parce que si nous voulons chercher la cause de l'arthrose, nous ne la trouverons pas dans ce qui s'est passé la veille ou l'avant veille. Ce n'est pas possible. En général, elle est beaucoup plus lointaine. Il faut aller la chercher dans la petite enfance et, très souvent, il faut aller la chercher là et c'est l'une des raisons pour laquelle nous voyons si abondamment des patients porteurs d'arthrose. L'arthrose est une maladie qui gagne et qui est de plus en plus répandue, si nous en voyons tant, c'est à cause de cet usage qui s'est introduit il y a des dizaines d'années, et qui consiste, pour simplifier les choses, à fermer les fontanelles trop tôt. On a ossifié trop tôt la boîte crânienne, on a empêché ce phénomène qui était physiologique de se poursuivre, on n'a pas voulu de ce phénomène qui était normal et on a ainsi introduit quelque chose qui va ne se manifester que beaucoup plus tard, environ vers la quarantaine. Et nous avons à ce moment-là le retour de bâton de ce que l'on a fait alors. Vous voyez comment peut s'expliquer l'origine, peut-être pas de toutes les arthroses, mais d'un grand nombre de pathologies de l'arthrose. Donc vous voyez qu'il est très difficile de trouver la cause, parce qu'en général, la cause est très ancienne. Et lorsque le mal est fait, on ne peut guère empêcher ceci. On essaiera tout de même de guérir l'arthrose avec les moyens dont on dispose. Voilà le phénomène qui est à l'origine de cette cause profonde de l'arthrose, c'est l'un des phénomènes. Il y a encore autre chose à dire sur l'arthrose pour essayer d'en comprendre la nature. Ce qui domine dans l'arthrose, c'est la douleur. Le sujet se plaint et il a mal. On a coutume de dire que c'est l'érosion du cartilage articulaire qui est à l'origine de cette douleur, mais personne n'a jamais pu prouver cela, d'autant que l'innervation du cartilage n'est pas quelque chose d'extrêmement répandu. Il est donc difficile de maintenir totalement cette idée que c'est cette érosion du cartilage lui-même qui entraîne cette douleur. En disant cela, je me réfère aux travaux du Dr Furter, que certains d'entre vous connaissent peut-être, qui a mis au point une méthode un peu originale, en particulier dans le domaine de la rhumatologie, dont il donne l'explication d'une manière très ingénieuse et sur laquelle je vous invite à réfléchir maintenant. Pour exposer en quelques mots sa théorie de l'arthrose, qui est vous allez le voir très astucieuse, le Dr Furter remarque que dans les douleurs dites ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 73 d'arthrose, si on palpe au voisinage de l'articulation douloureuse, il y a certains endroits qui font mal, très mal, beaucoup plus mal que d'autres. Et là on peut percevoir, dit-il, une contracture musculaire extrêmement forte et en général très ancienne. Alors il l'explique de la manière suivante : le sujet a contracté ses muscles à certains endroits depuis des années et des années et il ne les relâche jamais, et il les contracte tellement qu'au bout d'un certain temps, il arrive véritablement à rétracter l'articulation avec ses muscles qui sont extrêmement tendus. Et c'est ce qui fait que petit à petit l'espace articulaire se trouve réduit et donc c'est le muscle qui a créé l'arthrose et c'est pourquoi la douleur est dans le muscle et non pas dans l'articulation. C'est une théorie très ingénieuse et qui comporte, je pense, une grande part de vérité et nous allons voir que ce que dit R. Steiner est très proche de cela, quoiqu'il ne le dise pas dans les mêmes termes. La démonstration de Furter est très intéressante en ce sens que nous allons tout de suite comprendre. C'est la gonarthrose. Nous avons les signes radiologiques de la gonarthrose, le signe débutant, comme dans toute arthrose, c'est une diminution de l'espace interarticulaire. Or, précisément dans la gonarthrose, si elle est très évoluée, nous avons une arthrose complète, les deux compartiments sont touchés. On parle de compartiment fémorotibial, deux compartiments interne et externe. Nous avons des arthroses complètes où les deux compartiments sont touchés et même un troisième, le compartiment fémoro-patellaire. Ne prenez pas d'abord cet exemple, qui est une arthrose très ancienne et très accomplie. Mais prenons une arthrose débutante, où il y a un seul des deux compartiments atteint. On a donc un espace interarticulaire, on le voit très bien sur les radios, qui est par exemple rétréci dans le compartiment interne, et normal au compartiment externe, ou l'inverse. On a donc une arthrose d'un seul des deux compartiments. Or, et c'est l'expérience constante du Dr Furter, il a toujours vu la correspondance avec la douleur musculaire du côté précisément où se trouve le rétrécissement interarticulaire, ce qui est une confirmation de sa thèse. C'est souvent le quadriceps qui est en cause. Si vous avez une arthrose qui débute avec le compartiment interne, tâtez les muscles du côté interne. C'est là qu’est la douleur. Et si le rétrécissement est de l’autre côté, tâtez les muscles de l’autre et c’est effectivement le côté qui correspond. Et puis, dans le ________________________________________________________________ 74 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial cas où vous auriez une arthrose des deux compartiments, alors vous avez des douleurs partout, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Cette remarque est très intéressante, très intelligente et je pense qu’elle se fonde sur une observation réelle, une observation qu’il a, lui, vérifiée un bon nombre de fois. Cette observation prouve donc que ce qui est le primum movens dans l’arthrose dont nous parlons, c’est la tension musculaire, qui si elle est longtemps répétée, a provoqué ce pincement articulaire. Et tous les sujets vous le diront, la douleur est musculaire, elle n’est pas à l’intérieur de l’articulation. Ce n’est pas à l’intérieur de l’articulation que l’on a mal, c’est dans les muscles. En général, les médicaments que nous donnons ont pour objet de calmer cette myalgie, car c’est à une myalgie que nous avons affaire en réalité dans l’arthrose. Ceci illustre d’une manière un peu détournée ce que R. Steiner explique de ce qu’est le phénomène de la douleur rhumatismale en général. Vous trouverez ceci au deuxième chapitre de l’ouvrage « Données de base pour un élargissement de l’art de guérir », sous le titre : Comment l’homme tombe-t-il malade ? On peut dire que c’est la première leçon de médecine anthroposophique de cet ouvrage écrit par R. Steiner et I. Wegman*). Comment l’homme tombe-t-il malade ? Il dit ceci : c’est un processus humain, c’est-à-dire un processus véritablement humain que l’on ne trouve que chez l’homme dans le processus de conscience, et un processus émanant du Moi de l’homme, donc de sa vitalité du jour, de ce qui l’anime et de ce qu’il fait dans son existence ; c’est cela qui est à l’origine de la douleur, toute douleur, quelle qu’elle soit. L’homme agit avec son esprit et son âme, et bien entendu cette répercussion de son activité se fait sur le corps, sur le corps qu’il appelle corps physique, le corps éthérique étant le porteur de la santé. Et c’est parce qu’il agit avec son âme et avec sa volonté, avec sa passion et avec tout ce qu’il a dans la tête du matin au soir, qu’il abîme ainsi son corps et qu’il provoque de la douleur, et lorsque la nuit vient et que les constituants supérieurs quittent le corps, alors on laisse le corps se reposer si l’on peut dire, se reposer de cette influence nocive des constituants supérieurs qui abîment le corps. *) Ouvrage disponible auprès des Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 75 Considérez, dit-il, ce qui se passe dans le mouvement, dans le mouvement d’un membre. Vous avez un membre qui agit simplement, sans douleur, et puis vous avez le membre qui a du mal à agir, parce que la douleur lui tombe dessus. Alors vous avez un excès de ce processus des parties supérieures de l’homme, qui agit sur le membre et qui provoque la douleur et finalement la maladie. Vous avez la paralysie qui s’installe. Vous avez, dit-il, à concevoir le mouvement en général, qui est quelque chose qui ressemble à la paralysie, mais une paralysie débutante et qui est en réalité interrompue. Vous avez ainsi une définition de l’état de santé, c’est l’état dans lequel principalement le Moi, mais aussi le corps astral, utilise le corps. Il l’utilise légèrement et il meut les membres comme il l’entend, avec cette légèreté de quelqu’un qui meut les membres de l’extérieur. Et puis vous avez cette lourdeur, c’est celle qui apparaît précisément dans l’arthrose. Les constituants supérieurs ont perdu cette légèreté, ils ont maintenant beaucoup plus pénétré à l’intérieur du corps, et alors les mouvements sont difficiles, le corps a perdu son agilité comme nous le voyons chez le vieillard, et ainsi s’installe cet état pathologique. Vous voyez la parenté entre la mobilité et cet état dont nous parlons. Ainsi s’explique probablement et plus profondément le phénomène qui est à l’origine de l’arthrose. Vous voyez que ce phénomène de l’arthrose n’est pas directement en relation avec l’arthrite, ceci demande une réflexion beaucoup plus nuancée.◆ ________________________________________________________________ 76 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Traitement de l’arthrose au cabinet médical Dr Charles H. Cohen Dr Jean Chazarenc On dénombre 3,4 millions de sujets consultants pour une affection arthrosique chaque année en France (3 400 000). On dit aussi qu’un sujet sur trois ne consulte pas, ce qui rajuste le nombre entre 9 et 10 millions. On peut concevoir les arthroses selon les 4 organes cardinaux. Les arthroses En effet une pathologie d’organe peut retentir sur une pathologie rhumatismale. Le rein et le foie tiennent la première place. Le premier par l’intermédiaire des spasmes et contractures ainsi que par le rayonnement rénal plus ou moins intense, donc une astralité plus ou moins intense, le deuxième, c’est-à-dire le foie, par un mécanisme complexe intéressant une mauvaise élimination de toxines, un métabolisme du glycogène insuffisant (le glycogène est un aliment du muscle et du système tendineux), par une action sur l’organisme eau entraînant une variation pathologique de la souplesse et de la flexibilité des cartilages, tendons, ligaments et muscles. Dans l’élément air et eau, la mobilité est plus liée à l’élément air et la souplesse davantage à l’élément eau. Le poumon est un organe à surveiller de près dans les phénomènes de durcissement et d’arthrose, dans les cas de tempérament mélancolique et tuberculinique. Le cœur est également impliqué dans les phénomènes d’arthrose accompagnés de perturbations de l’équilibre froid/chaleur ainsi que dans les atteintes de la zone rythmique. Nous retrouvons ici les attitudes de précipitation des personnes atteintes de troubles rhumatismaux. Enfin, les suites de choc sont une des grandes causes d’atteinte pouvant aller jusqu’à la révélation d’une maladie rhumatismale grave. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 77 Les remèdes Plusieurs cas peuvent se présenter à nous en consultation pour de l’arthrose. Le premier cas, ce sont les atteintes aiguës, donc les poussées inflammatoires aiguës. Nous sommes dans les cas de débordement du métabolisme. Le patient est souvent pressé -à juste titre- car la consultation est motivée par des douleurs ou des impotences fonctionnelles. Il demande un traitement rapidement actif. Dans des cas extrêmes, il faudra avoir un effet anti-inflammatoire, en commençant le plus souvent possible par des remèdes d'inflammation. Apis mellifica D8 en sous-cutanée tous les jours, le cas échéant, doublé dans la même seringue d'Argentum metallicum D20 ou mieux encore d'Argentite D20, combinaison d’argent et de soufre portant l’action sur le pôle métabolique. Bryonia D10 à D30 est un remède qui présente, d’une part, les deux composantes inflammatoires et congestives et, d’autre part, la note hépatique liée à l’élément eau que l’on retrouve en abondance dans la racine de la plante. La formule Argentum D8 / Arnica D15 / Betula cortex D2 / Betula folium D2 / Formica D8 / Sulfur D6 aa est à utiliser en sous-cutanée 1 à 3 fois par jour, puis à espacer. En cas de phénomène inflammatoire excessif où il arrive que la douleur et l’impotence fonctionnelle soient extrêmes, il ne faut pas hésiter à prescrire une série de remèdes phytothérapiques ou même allopathiques. Les anti-inflammatoires phytothérapiques Ribes nigrum D1, à prescrire en grande quantité si l’on veut avoir un effet efficace, soit 1 à 2 cuillerées à café 3 fois par jour que l’on pourra associer à Extranase® (extrait de l’ananas) 3 comprimés 3 fois par jour ainsi qu'à l’Harpagophytum en gélules à 500 mg, à raison de 6 gélules ou encore Harpaselen®, qui est une association avec le Sélénium ou encore en teinture-mère. La Reine des près est aussi indiquée dans ce cas. Spirea ulmaria nous introduit dans les anti-inflammatoires allopathiques. L’aspirine ou ses dérivés peuvent être utilisé momentanément (Aspégic® ou Solupsan®) ou encore une association d’aspirine et de paracétamol qui est une molécule nouvelle et beaucoup moins toxique pour le tube digestif. ________________________________________________________________ 78 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Parfois, nous nous résoudrons à utiliser momentanément un antiinflammatoire non stéroïdien, ceci dans le but de couper l’inflammation qui, si elle est un processus d’auto-guérison au début, devient un accès irrémédiable vers une aggravation de la maladie et la sclérose plus tard, pouvant aller jusqu’à la destruction articulaire. Il existe un anti-inflammatoire non stéroïdien à dose unique, journalière, moins toxique que les premiers sortis de cette famille thérapeutique. A nous ensuite de convaincre le malade de n’utiliser ces produits qu’avec un traitement de fond, jusqu’à ce que ceci soient efficaces. Les atteintes chroniques Il existe dans nos répertoires une série impressionnante de remèdes. Nous allons tout d’abord dire deux mots de la diététique. L’alimentation atoxique est le premier conseil pour tous les cas d’arthrose. Nous aidons à cette détoxication avec le Jus de bouleau. Les métaux L’étain tient la première place, il est le plus indiqué dans les traitements de fond. C’est un métal particulier ayant une relation avec l’élément liquide et l’élément solide tout à la fois, par sa malléabilité et sa réaction aux variations de température, différente des autres métaux : il montre une mise en poudre à la congélation et un durcissement à l’échauffement. Nous voyons donc une image de cette sclérose liée à l’arthrose, tout au moins à ce durcissement des tissus, mais aussi ce lien avec l’élément chaleur. Nous nous servirons volontiers de l’étain lié à l’oxygène, la Cassitérite, qui est un oxyde d’étain. Il sera utilisé en D6 en trituration, 3 mesures par jour. On peut faire précéder un traitement par le métal pur ou par le métal végétabilisé, donc Taraxacum stanno cultum, qui est du pissenlit cultivé avec de l’étain, à 0,1 %, et on peut aussi utiliser Stannum metallicum D8, donc le métal pur en dilution ou en trituration. Mercurius vivus ou Bryophyllum mercurio cultum 0,1 % pourra être utilisé dans les phénomènes arthrosiques liés à une situation de durcissement sur un terrain « poumon ». Et comme dernier unitaire, nous citerons un organothérapique : Disques vertébraux D8, un appoint surtout dans le traitement de l’arthrose rachidienne. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 79 Les formules complexes Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Stannum met. D6 aa (ampoules, dilution, suppositoires) Cette première formule fait partie de l’ensemble des formules à base de bambou et aussi de disques intervertébraux. Elle contient le bambou, image d’une colonne vertébrale, surtout lorsqu’on observe la radiographie d’un rachis arthrosique que l’on appelle d’ailleurs une « colonne bambou » avec ses ostéophytes qui relient les différents corps vertébraux entre eux, et qui créent cette rigidité de l’arthrose vertébrale. Elle contient aussi des extraits de disques vertébraux et de la prêle, Equisetum arvense, qui est ici en D15 et qui ne peut donc convenir totalement à des personnes présentant une déminéralisation. Enfin le métal étain est présent pour compléter cette formule. Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica rufa D8 / Gelsemium sempervirens D6 / Gnaphallium leontopodium D4 / Rhus tox D6 aa (ampoules, dilution) Cette formule contient Arnica avec son effet sur la circulation, les microtraumatismes (physiques et psychiques) et la cicatrisation des tissus meurtris, le bambou, les disques vertébraux et Formica. Formica est un des produits conseillés dans les cas de rhumatismes, car il est un draineur des phénomènes toxiques, à l’image de ce que dit R. Steiner sur le «travail» de l’acide formique dans la forêt, empêchant la putréfaction. Formica est également indiqué lorsqu’il y a une hypersécrétion bronchique, touchant ainsi l’organe poumon. Ne trouvons-nous pas ces phénomènes d’épanchement dans certaines articulations et dans la composition spongieuse des cartilages ? Formica a une action sur les cartilages. Il agit également dans les troubles dus à l’hyperuricémie. Nous trouvons Gelsemium, œuvrant sur l’élément psychique lié à l’émotion, au rein (avec Gelsemium on voit certains de ses symptômes améliorés par l’émission d’urines) et au corps astral. Gnaphallium leontopodium est l’Edelweiss. R. Steiner l’a indiqué dans ces cas. Une précision d’un confrère de la région des Alpes évoque un aspect intéressant de cette plante. Il s’agit d’une plante d’altitude et de froid, qui pousse dans des courants d’airs chauds, un point déjà utile dans une affection si sensible aux conditions atmosphériques. En médecine chinoise, le rein est sensible au froid ________________________________________________________________ 80 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Forêt de bambou asiatique Pousses de bambou fraîches ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 81 et donc la résistance au froid est liée à un contact entre rein et poumon, dont nous avons vu les relations, jusqu’au terrain tuberculinique des homéopathes. Pour donner une touche poétique à propos de l’Edelweiss, les montagnards demandent de la respecter car elle serait le point d’ancrage des esprits de la montagne et «maintiendrait l’esprit dans la montagne»…. Rhus toxicodendron est l’un des remèdes connus en homéopathie pour ses effets sur les rhumatismes et toute la dynamique astrale, puisqu’il correspond à une amélioration par le mouvement ; ce qui se rapporte au mouvement est lié à l’astralité. Pour mémoire, les planètes sont en mouvement perpétuel, les étoiles sont dites fixes. C’est un remède utilisé également dans les cas de hernie discale ou de radiculite aiguë, toujours avec cette composante englobant le nerf, donc le corps astral. Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum D6 / Formica D8 aa (dilution) Formule où se rajoute l’Aesculus en haute dynamisation, considéré par R. Steiner comme le remède de la carie dentaire, on peut ici par extension dire de la déminéralisation. On l’utilise aussi pour ses effets sur la circulation veineuse, souvent impliquée dans les phénomènes de mauvaise oxygénation par circulation artérielle défectueuse. On parle alors de faiblesse de l’ensemble du rachis. Pour les acupuncteurs, le méridien « Vessie » en baisse d’énergie est aidé par ce remède. En homéopathie, Equisetum est aussi un grand remède utilisé dans les problèmes de rein et de vessie. Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D 20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica D8 aa (ampoules, dilution, pommade, suppositoires) Même remède que le précédant mais sans Equisetum. Donné dans les arthroses chroniques et les stases veineuses de la région rachidienne. Les deux formules suivantes contiennent du Viscum album Mali, gui du pommier. Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D6 aa (ampoules, dilution, suppositoires) ________________________________________________________________ 82 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial En homéopathie classique, Viscum album Mali est utilisé en basses dilutions dans les hypertensions artérielles avec nervosité, «désir d’entreprendre», congestion céphalique, palpitations, congestion portale, sensation de chaleur et amélioration à l’air frais, tendance à la diarrhée. Autant de symptômes qui orientent vers le type métabolique ou hystérique. Nous sommes ici dans une action orientée pour les typologies répondant aux variations métaboliques, et nous pouvons rajouter que le remède est en relation avec l’élément eau, par l’étain tout d’abord, avec son action sur le foie et l’éthérique. Il s’agit ici d’un éthérique débordant le métabolisme comme chez l’enfant. Dans la conception botanique anthroposophique, on considère que le Gui est une plante venue d’une époque lointaine de l’évolution de la Terre, ayant un rapport avec l’ancienne Lune. Nous sommes donc bien dans une dynamique de circulation de liquide, par la Lune interposée, ce qui peut faire dire que ce remède est indiqué dans des cas plus inflammatoires, plus «jeunes», d’arthrose ou aussi dans une arthrose chronique et refroidie, pour apporter cet élément de vitalité avec le Gui. Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D4 / Formica D8 / Pulsatilla D4 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D3 / Vivianite D6 aa (ampoules*, dilution, pommade, suppositoires) (*Stannum D8, Vivianite D8) Ce remède est indiqué dans les dégénérescences discales, ostéochondrites de la ménopause et les stases veineuses dans la région du bassin. Nous pouvons reprendre ce que nous venons de décrire pour le précédent et ajouter l’apport de deux substances ayant chacune une richesse thérapeutique. Pulsatilla tout d’abord, avec ses douleurs rhumatismales subaiguës erratiques avec rougeurs, améliorées par la fraîcheur, et des stases veineuses. Dans les cas chroniques, les symptômes sont aggravés par la disparition des règles et améliorés par celles-ci. C’est un des remèdes de terrain tuberculinique les plus employés. Pulsatilla va voir son effet soutenu par Vivianite, phosphate de fer naturel – minéral qui renforce le végétal Pulsatilla – indiqué dans les cas d’inflammations articulaires erratiques avec rougeur et chaleur. Il serait un complémentaire heureux des tuberculines, et en particulier de Tuberculinum Residuum, remède majeur d’arthrose chronique, de raideur et de durcissement articulaire. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 83 Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Hypophysine D8 / Stannum metallicum D10 / Tabacum D10 aa (ampoules, dilution, pommade, suppositoires) Indiqué classiquement dans les cas de cyphoses, lordoses, scolioses et troubles de la formation du rachis, essayons de comprendre ce remède. La puberté va voir se développer la «naissance» du corps astral (autour de 14 ans), une mise en marche des hormones, des heurts avec l’autorité, préfigurant un éveil de l’individualité se mettant ellemême en place autour de 21ans, âge de la naissance du Moi. Bref, une vie mouvementée pour la personne qui le vit…. et ses parents ou éducateurs ! Le corps va sortir de cette «harmonie grecque» des 10-12 ans et se déguingander en s’allongeant. Toutes les forces du corps éthérique sont en place, et comme ce corps constituant régit les glandes, il est prêt à ouvrir la porte au corps astral et à la puberté. Mais la naissance du corps astral se fait avec ses caractères à lui, c’est-à-dire des douleurs physiques et psychiques, un certain désordre, une grande richesse aussi et une maturité physique arrivant rapidement, alors que la maturité psychique en est encore aux couches culottes. La douleur apparaissant dans l’évolution avec le règne animal (première apparition du corps astral dans l’évolution), il est intéressant en étudiant l’arthrose et les rhumatismes d’y voir une intervention toujours présente du psychisme et donc du corps astral. D’où la présence répétée de remèdes de rein (lié au corps astral) présents un peu partout dans les remèdes de médecine anthroposophique de l’arthrose. Ici, en cherchant le sens de ce remède, nous voyons apparaître l’hypophyse, chef d’orchestre des glandes endocrines, selon l’expression consacrée, donc ayant toute sa place ici au sein de ce remède de pathologies de l’adolescence, et de Tabacum, grand remède d’asthme dans notre médecine par son action sur le rein et le corps astral. Rheumadoron® Spécialité composée d’Aconitum planta tota D3 10 g / Arnica montana, planta tota TM 25 g / Betula folium D1 12 g / Mandragora radix D1 3 g ________________________________________________________________ 84 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Ce médicament est un remède-type des atteintes articulaires. Ses indications classiques sont les manifestations articulaires douloureuses mineures. Les actions réchauffantes de l’Arnica et d’Aconit sont complétées par les actions détoxicantes du Bouleau et l’effet anti-rhumatismal de la racine tortueuse contenant un principe sulfurique de la Mandragore. L’Aconit contient un alcaloïde lié à une dégradation des albumines lui conférant son action anti-inflammatoire et anti-spasmodique. Pour l’Arnica, tous les éléments de la fleur sont intégrés jusque dans la racine, lui conférant ainsi un effet nutritif et circulatoire. C’est un excellent remède de rhumatismes musculaires. Cartilago D8 / Mandragora D6 aa (dilution) La Mandragore voit son effet orienté vers les cartilages. Ce remède est bien indiqué dans les arthroses des genoux ou des grosses articulations, avec la formule Argentum metallicum D8 / Arnica montana, planta tota D15 / Betula alba, cortex D2 / Betula alba, folium D2 / Formica rufa D8 / Sulfur D6 aa. Cartilago D8 / Stannum metallicum D8 aa (dilution) Ici, nous orientons le métal étain dont il a déjà été question, vers le cartilage. C’est un excellent remède de fond. Arnica montana, planta tota D3 / Hypericum D15 / Levisticum off., radix D3 aa (ampoules, dilution) L’association de ces trois substances donne un nouveau remède très précieux dans les cas de névralgies, qu’elles soient du haut ou du bas de l’organisme. En injection, 2 ou 3 fois par jour, près des zones douloureuses. Aconitum napellus D4 / Gelsemium sempervirens D3 / Gnaphalium leontopodium D4 / Mandragora D4 / Rhus toxicodendron D4 / Uraninite D10 aa (ampoules, dilution) C’est un éminent remède de névralgies (trijumeau, sciatique, occipitale ou névralgie d’Arnold, cervico-brachiale, intercostale) qui peut être associé ou non avec le précédent et est aussi utile en dilution pour le traitement de fond de personnes ayant souvent des névralgies ; à donner sur plusieurs mois. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 85 Arnica montana L. ________________________________________________________________ 86 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Les remèdes de soins externes La médecine anthroposophique utilise beaucoup la pénétration cutanée des remèdes et l’action par la peau, car c’est une voie qui se rapproche du système nerveux de par ses origines embryologiques. Tout ce que nous avons évoqué sur le corps astral et le système nerveux doit donc nous faire utiliser cette voie chaque fois que c’est possible dans l’arthrose. Il est souvent employé des huiles essentielles dans les préparations, huiles qui sont de la matière sublimée par la plante, une quintessence de la matière qui devient ainsi chaleur. Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. aeth. Rosmarini 1 % / Excipient q.s.p. 100 % (pommade) Citée en premier car elle reprend la formule du Rheumadoron® avec du Romarin en plus. Son action est rayonnante et elle doit être appliquée en fine couche. (On peut recommander au patient qui applique lui-même ces produits, d’appliquer ensuite une compresse, pendant peut-être ½ heure, pour garder la chaleur ; surtout lorsqu’il s’agit d’une huile, cela se refroidit très vite, on peut voir un effet contraire. Après la friction, il est important d’avoir un enveloppement, une compresse, une bande, afin d’avoir un effet calorique plus important.) Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. Aeth. Rosmarini 1 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 % (pommade) (Il faut préciser qu’à l’origine, nous avions à la place d’Urtica urens, Apis 1 %, qui a dû être supprimé et remplacé par Urtica urens.) Cette formule est utilisée plutôt dans les cas aigus, cas inflammatoires (on ne mettra pas de compresse car il y a déjà trop de chaleur). Huile pour massage à l’Arnica C’est un remède qui devrait être reconnu d’utilité publique et admis au remboursement. Son but est de stimuler l’enveloppe de chaleur de l’organisme. Constitué d’huiles d’Olive et d’Arachide, d’Arnica, une composée avec une action cicatrisante, le Bouleau (les feuilles de printemps à l’effet détoxiquant) et deux labiées, le Romarin ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 87 (stimule la circulation périphérique) et la Lavande pour ses effets apaisants. L’Arnica a une dynamique silice, en relation avec le pôle neurosensoriel, par son besoin de lumière, son capitule plus en relation avec le métabolisme. Nous avons vu dans certains remèdes complexes la relation avec cette polarité entre la silice et le calcaire. C’est un moyen de préparer avant l’effort et de réparer après l’effort. Je conseille depuis plus de 15 ans ce remède à mes patients sportifs y compris aux professionnels du sport et aux étudiants en sport. Passée avant et après les entraînements ou les épreuves sportives, il s’est avéré devenir la coqueluche des milieux sportifs qui ont eu la chance de le connaître, et l’avis général va jusqu’à indiquer que les performances sportives et la récupération sont meilleures après ce simple geste de quelques minutes. Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis 1 % / Cuprum metallicum 0,001 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Excipient q.s.p. 100 % (huile) Il s’agit de la même formule que l’Huile pour massage à l’Arnica, mais avec du cuivre et du Calendula (préparation magistrale). Le cuivre est un métal réchauffant pour les sportifs ayant tendance aux spasmes, donc aux crampes et contractures (utilisée aussi pour les jambes lourdes et les vergetures). Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis 1 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 % (huile) Elle est indiquée dans les névrites rhumatismales et comme réchauffant. Les bains La balnéothérapie stimule les fonctions rénales, intestinales, pulmonaires. Elle harmonise l’action de l’organisation du Moi par une fonction mercurielle d’harmonisation sur la peau (fonction mercurielle de l’eau). Dans les bains chauds, la substance s’efface, l’effet thermique compte, sauf lorsqu’il y a présence d’huiles essentielles. R. Steiner nous indique que par l’huile essentielle, notre corps astral va rencontrer l’éthérique de la plante, donc son effet guérissant. ________________________________________________________________ 88 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial La voie cutanée a une action directe vers le système nerveux central. Bain aux essences de Romarin Toujours recherché pour son action circulatoire et réchauffante. Bain aux essences de Lavande Apaisant, décontractant, il a un effet sur la perception. Bain aux extraits de Marron d’Inde Excellent complément pour les muscles et la circulation de retour. Il faudrait aussi rajouter parmi les soins externes praticables à domicile les emplâtres avec la pommade Stannum metallicum 5 % qui peuvent être gardés toute la nuit. La personne étale la pommade sur une compresse en couche fine (1 à 2 mm) l’applique sur le genou, fixe l’enveloppement avec une bande et le garde toute la nuit, c’est un excellent remède de fond de l’arthrose. Conclusion L’arthrose est un motif de consultation extrêmement fréquent ; nos traitements sont d’une efficacité remarquable, mais il est nécessaire d’avertir le patient que ce sera une entreprise de longue haleine et que la thérapie va durer au moins une ou deux années consécutives, avec ensuite des rappels réguliers de traitement, particulièrement aux changements de saisons. ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 89 Index des préparations citées A Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. aeth. Rosmarini 1 % / Excipient q.s.p. 100 % ......................................................................................................... 87 Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. Aeth. Rosmarini 1 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 % ............................................................................... 87 Aconitum napellus D4 / Gelsemium sempervirens D3 / Gnaphalium leontopodium D4 / Mandragora D4 / Rhus toxicodendron D4 / Uraninite D10 aa .......................................................................................................................... 85 Aconium napellus D3 10 % / Arnica D1 10 % / Bryonia D2 10 % / Excipient q.s.p. 100 %......................................................................................... 62 Aesculus cortex .................................................................................................. 52 Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D 20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica D8 aa ........................................................................... 82 Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum D6 / Formica D8 aa ................................................ 82 Allium cepa D15 / Aurum metallicum D10 / Betula alba, folium D5 / Cartilago D8 / Formica rufa D15 / Stannum metallicum D8 aa ......................................... 34 Alumen romanum................................................................................................ 52 Antimonium ......................................................................................................... 48 Apatite D6 / Aurum D15 / Stannum D10 aa........................................................ 47 Apis .....................................................................................................27, 28, 52, 55 Apis D8................................................................................................55, 58, 59, 63 Apis D8 / Belladonna D3 aa ................................................................................ 57 Apis D8 / Bryonia D3 / Rhus toxicodendron D4 aa .............................................. 59 Apis mellifica D8 ................................................................................................. 78 Argentite D20....................................................................................................... 78 Argentum D8 / Arnica D15 / Betula cortex D2 / Betula folium D2 / Formica D8 / Sulfur D6 aa................................................................................... 78 Argentum metallicum D20 .................................................................................. 78 Argentum metallicum D8 / Arnica montana, planta tota D15 / Betula alba, cortex D2 / Betula alba, folium D2 / Formica rufa D8 / Sulfur D6 aa................ 85 Arnica..................................................................................................28, 51, 62, 80 ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 91 Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica rufa D8 / Gelsemium sempervirens D6 / Gnaphallium leontopodium D4 / Rhus tox D6 aa...............................................................................................................80 Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis 1 % / Cuprum metallicum 0,001 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Excipient q.s.p. 100 % ..................................................................................88 Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis 1 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 % .........................................................................................88 Arnica montana, planta tota D3 / Hypericum D15 / Levisticum off., radix D3 aa............................................................................................................85 Arsenicum ............................................................................................................33 Aurum .......................................................................................................47, 49, 56 B Bain aux essences de Lavande ..........................................................................89 Bain aux essences de Romarin ..........................................................................89 Bain aux extraits de Marron d’Inde.....................................................................89 Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Hypophysine D8 / Stannum metallicum D10 / Tabacum D10 aa.......................84 Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Stannum met. D6 aa.............................................................................................80 Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D6 aa .........................................82 Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D4 / Formica D8 / Pulsatilla D4 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D3 / Vivianite D6 aa...........................................................................................................................83 Belladonna ...........................................................................................................58 Bryonia .....................................................................................................52, 62, 65 Bryonia D10 à D30 ...............................................................................................78 Bryonia D3 ................................................................................................58, 59, 63 Bryophyllum mercurio cultum 0,1 % ..................................................................79 C Carbo D1 / Sulfur D2 aa .......................................................................................58 Cartilago ...................................................................................................34, 48, 52 Cartilago D8 / Mandragora D6 aa ........................................................................85 Cartilago D8 / Stannum metallicum D8 aa .........................................................85 Cassitérite D6 .......................................................................................................79 ________________________________________________________________ 92 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Colchicum................................................................................................ 27, 62, 63 Colchicum autumnale D2 10 % / Sabina D3 10 % / Excipient q.s.p. 100 %......................................................................................... 62 Cuprum ................................................................................................................ 51 D Disques vertébraux D8 ....................................................................................... 79 E Equisetum................................................................................................ 28, 51, 65 Equisetum arvense D15...................................................................................... 80 F Ferrum.................................................................................................................. 56 Ferrum sidereum D10 / Pancreine D8 aa ........................................................... 61 Formica .................................................................................................... 28, 55, 80 Formica D8........................................................................................................... 28 G Gelsemium........................................................................................................... 80 Gnaphallium leontopodium................................................................................ 80 H Huile pour massage à l’Arnica ........................................................................... 87 J Jus de bouleau .................................................................................................... 79 L Levico................................................................................................................... 33 Levisticum ........................................................................................................... 28 M Magnesium phosphoricum................................................................................. 36 Mandragora.......................................................................................................... 28 Mercurius vivus 0,1%.......................................................................................... 79 Mésenchyme (en France T.R.E.) ........................................................................ 52 ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 93 P Phosphorus in Oleo 0,1 %...................................................................................27 Plumbum ..............................................................................................................55 Plumbum mellitum D12 .......................................................................................71 Pulsatilla ...............................................................................................................83 R Rheumadoron® .....................................................................................................84 Rhus toxicodendron ......................................................................................35, 82 S Solutio Siliceae D3 ou D6 ....................................................................................51 Spirea ulmaria........................................................................................................78 Stannum ...................................................................................................47, 51, 65 Stannum metallicum............................................................................................28 Stannum metallicum 5 %.....................................................................................89 Stannum metallicum D10 ....................................................................................30 Stannum metallicum D8 ......................................................................................79 Sulfur ..............................................................................................................48, 55 Symphytum ..........................................................................................................51 T Tabacum ...............................................................................................................84 Taraxacum stanno cultum 0,1 % ........................................................................79 V Viscum album.................................................................................................28, 30 Viscum album Mali...............................................................................................35 Viscum album Pini ...............................................................................................32 Vivianite ................................................................................................................83 ________________________________________________________________ 94 E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial Notes ________________________________________________________________ E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 - Numéro spécial 95 Directeur de publication : Dr Jean Chazarenc Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël 2 rue du Blochmont 68330 HUNINGUE Imprimerie P. 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