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ème
Dépôt légal : 3
trimestre 2002
Sommaire
-
L’articulation
Anatomie et physiologie du point de vue anthroposophique
Docteur Matthias Girke.................................................
page
7
- L’homme dans ses articulations
Observation anatomique et fonctionnelle différenciée des
articulations, de la physiologie à la thérapeutique
Docteur Claude Boudot ................................................
page 37
- Polarités Inflammation – Sclérose,
Arthrite – Arthrose
Docteur Joseph Hériard Dubreuil .................................
page 57
- Traitement de l’arthrose au cabinet médical
Docteur Charles H. Cohen
Docteur Jean Chazarenc..............................................
page 77
- Index des remèdes cités ..............................................
page 91
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E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 -
Numéro spécial
3
Editorial
Chers lecteurs,
Ce Numéro spécial des Correspondances Médicales rassemble la
première moitié des conférences du Colloque de médecine
anthroposophique, qui s’est tenu à Dornach (Suisse) en mars 2000,
consacré à la rhumatologie.
Les contributions des Docteurs Matthias Girke et Claude Boudot nous
invitent à considérer l’articulation, au-delà de ses aspects mécaniques,
avec un regard qui prend en compte les forces vitales, psychiques et
spirituelles qui s’y manifestent.
Une compréhension élargie des pathologies de l’appareil locomoteur
vient alors éclairer et enrichir notre arsenal thérapeutique. Le Docteur
Joseph Hériard Dubreuil applique cette démarche à la polarité existant
entre l’arthrite et l’arthrose, les aspects thérapeutiques de cette
dernière étant envisagés par le Docteur Charles Cohen.
Les autres exposés de ce Colloque paraîtront dans le prochain numéro.
Nous vous souhaitons une bonne lecture.
Docteur Jean Chazarenc
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Numéro spécial
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L'articulation
Anatomie et physiologie du point de vue anthroposophique
Docteur Matthias Girke
Traduction : Docteur Jean Chazarenc
Chers Collègues, je voudrais exprimer ma joie et ma gratitude
d'avoir été invité à ce Colloque organisé par Weleda France.
Nous avons choisi un sujet qui, étape par étape, nous conduira aux
maladies rhumatismales, à savoir une étude de l'organisation
articulaire de l'être humain. Quand on considère les affections
rhumatismales, on ressent à quel point l'atteinte articulaire ne
représente qu'un aspect partiel de l'ensemble de ces maladies. En
réalité, le rhumatisme est une maladie beaucoup plus complexe que
l'atteinte d'une seule articulation ou même de plusieurs articulations.
Si nous pensons aux pathologies tendineuses, aux ténosynovites
qui accompagnent les maladies rhumatismales, si nous pensons
aux modifications qui interviennent dans la musculature, aux
manifestations pulmonaires ou oculaires qui peuvent accompagner
une maladie rhumatismale, alors on se rend compte que ces
affections, telle la polyarthrite rhumatoïde, touchent l'être humain
dans sa globalité. Et, dans la rencontre avec l'homme malade, on
peut ressentir nettement qu'en lui vit la question, formulée ou non
formulée : « quelle perception as-tu de moi ? ». On ne peut saisir
une pathologie aussi mystérieuse que la polyarthrite rhumatoïde
qu'en considérant aussi les aspects du vivant et les aspects
psychiques et spirituels, et non pas en ne s'intéressant qu'à telle ou
telle articulation. Quand se pose ensuite la question du traitement,
et c'est le sens de ces journées d'aller jusqu'à cette question, il faut
pouvoir considérer ces différents niveaux dans chaque maladie, que
ce soit la polyarthrite rhumatoïde ou l'arthrose, et la réponse qui en
découle est aussi composée de plusieurs niveaux.
Lorsqu'on travaille avant tout en milieu hospitalier, on est souvent
confronté à des formes cliniques majeures et nous avons la
possibilité, avec nos moyens thérapeutiques anthroposophiques,
d'accompagner et d'influencer positivement certaines de ces
pathologies. Mais il y a bien souvent des situations majeures où se
pose la question d'un autre abord thérapeutique, où la maladie doit
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être éventuellement contrecarrée ou refoulée pendant un certain
temps, ce qui permet de créer une situation, « de mettre le pied dans
la porte », pour élargir ensuite la thérapeutique. Quand on considère
les possibilités thérapeutiques modernes, on s'aperçoit qu'elles
suppriment toujours la maladie, qu'elles tendent à bloquer les
manifestations symptomatiques, et il se pose à nous la question de
savoir comment faire disparaître le processus pathologique qui
conduit à la maladie, sans réprimer celle-ci, comment traiter ces
processus pathologiques qui rongent les forces de vie du patient,
avec d'autres médicaments. C'est une demande qui vient souvent du
patient. Il faut trouver un équilibre entre les thérapeutiques qui
répriment les symptômes et celles qui induisent un processus de
guérison véritable.
Dans la rencontre avec le patient, il apparaît aussi que ces
maladies, notamment la polyarthrite rhumatoïde, comportent
également une dimension psycho-spirituelle. Je me souviens très
bien d'un patient qui souffrait d'une affection grave et qui est
uniquement venu chez nous pour poser la question : « pourquoi suis-je
atteint par cette maladie, quel est le sens de cette maladie ? ». Il
voulait une réponse à cette question. Il s'agit donc de reconnaître la
mission que révèle la maladie par rapport à la destinée, qu'il
s'agisse de la polyarthrite rhumatoïde ou d'une affection articulaire
dégénérative de nature arthrosique. Et l'on voit qu'il est nécessaire
de formuler ce but thérapeutique, et bien sûr de l'atteindre, de façon
très diversifiée. Ceci peut nécessiter des mesures médicamenteuses plutôt orientées vers le plan physique, ou bien la
prescription de remèdes qui tentent de guider et de structurer le
processus pathologique, ou encore d'une thérapeutique artistique et
notamment l'eurythmie curative, permettant d'entrer dans la sphère
du mouvement. Pour finir, se pose la question intérieure au Moi luimême : quelle est la mission inhérente à cette manifestation
pathologique et quelles possibilités, quels éléments de lumière
peuvent filtrer du destin de la maladie, en-dehors de son côté
sombre ?
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Les quatre éléments constitutifs de l’être humain et l’appareil
locomoteur
Si nous voulons maintenant nous tourner vers l'articulation, il est
nécessaire, au-delà des aspects anatomique et physiologique bien
connus, de mettre en évidence les autres dimensions de l'être
humain, à savoir sa vitalité, son psychisme et même sa dimension
spirituelle. Et l'on peut d'abord se référer à une formulation d'un
histologiste allemand concernant la définition du tissu osseux. Cet
histologiste l'a exprimé de cette façon : deux qualités se rencontrent
dans l'os. D'un côté un processus de durcissement qui conduit à la
minéralisation, d'une certaine façon un processus de sclérose, et, de
l'autre côté, s'oppose quelque chose d'autre à ce processus physique
qui conduit à la densification et à la forme, qu'il nomme « plasticité
biologique ». Les modifications de formes, le modelage artistique qui
vit dans l'os tiennent véritablement du miracle. Même dans les
fractures avec un déplacement important, les processus vitaux
permettent au tissu osseux de retrouver sa forme archétypale. Nous
pouvons nommer l'ensemble de ces processus : plasticité. Donc
nous avons un premier principe que nous pouvons nommer
physique, de nature physique, et qui est responsable de la
densification, de la dureté, ensuite un second principe de nature
biologique, vivante, responsable de la plasticité. Il s'agit là de tous les
phénomènes vivants se produisant dans l'os. Et pour finir, chacun
sait que le mouvement est essentiel pour la structuration et la
construction de l'os. On sait, par exemple, que si une personne
exerce des mouvements intenses, la synoviale en est d'autant plus
vascularisée et développée et nous avons une relation directe entre
le mouvement et la structure anatomique. La fonction construit notre
corps. Et je crois que c'est là un point décisif dont nous devons
toujours nous souvenir : un principe suprasensible, non matériel, qui
se déroule dans le temps, une fonction, devient finalement « forme »
dans notre système osseux. Et cette fonction, c'est la faculté
humaine de mouvement.
Qu'est-ce qui vit dans le mouvement de l'être humain ?
Dans le mouvement de l'être humain vit tout ce qui se manifeste en
tant que nature psychique. Quand deux personnes s'adressent l'une
à l'autre et qu'elles utilisent la musculature de la mimique, elles
expriment sur leur visage une image de leur état d'âme. Dans la
façon de se déplacer, de gesticuler lorsqu'on parle, on peut
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remarquer comment l'âme prend forme dans le mouvement. De
sorte que l'on peut dire que nos mouvements sont un champ
d'expression de l'âme. Mais ce n'est pas seulement notre âme,
nous pouvons aussi pénétrer nos mouvements de notre Moi. Nous
pouvons, à partir de notre conscience, conduire intentionnellement
nos mouvements en fonction d'un but.
Et nous voyons ainsi se manifester la quadruple constitution de l'être
humain, si mystérieuse : le niveau physique dans la minéralisation,
les manifestations de la vie dans les processus de croissance, de
consolidation et de conservation de l'os, la dimension psychique
dans le mouvement, et l'activité du Moi dans les mouvements
intentionnels dirigés vers un but. Et si l'on réunit ces idées en un
grand ensemble, alors apparaît déjà une première réponse à cette
question embarrassante du rapport entre l'appareil ostéo-articulaire
et l'intériorité de l'être humain. Car il faut bien avouer que nous
avons tout d'abord affaire à quelque chose de très mécanique, si
bien qu'on peut se demander si, dans ce domaine, un élargissement
de l'art de guérir est vraiment possible. Et quand on tient compte
des considérations précédentes, on s'aperçoit que le noyau le plus
intime de l'être humain a une relation étroite avec ce tissu dur et
ossifié, et l'on peut dire que justement des spécialités comme la
rhumatologie ou l'orthopédie ont grand besoin de cet élargissement
aux dimensions psychiques et spirituelles de l'être humain.
Maintenant je souhaiterai expliciter et rendre plus concret ces
différents niveaux de l'être humain, tels qu'ils se manifestent dans
l'os et l'articulation. Tel qu'on le définit habituellement, le tissu
osseux fait partie des tissus de soutien, et si l'on prend conscience
de cette dénomination tissu de soutien, tissu qui soutient la forme,
on constate que c'est d'abord un aspect très physique et mécanique
qui vit dans une telle formulation. En fait, le tissu osseux dépasse
cette simple fonction. Nous pouvons nous imaginer que les tissus
qui sont apparentés à l'os et qui entrent en contact avec lui, sont en
rapport avec la forme et la structure de l'être humain, avec la
constitution du corps humain, et, plutôt que de parler de façon
réductionniste et mécaniste de tissus de soutien, j'utiliserai plus
volontiers l'expression « tissus de structuration » (Gestalt), pour
désigner ce que nous connaissons comme étant l'os, le tissu
conjonctif, les tendons, etc…
Parmi l'ensemble des tissus de structuration, nous devons tout
d'abord considérer un tissu tout à fait mystérieux, de nature
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embryonnaire, le mésenchyme. A partir de ce tissu encore plein de
vitalité, cette dernière va opérer une différenciation sous la forme du
tissu conjonctif réticulé (présence de fibrocytes synthétisant des
fibrilles de collagène, ndlr). Nous retrouvons ce tissu, par exemple,
dans la région sous-muqueuse de l'intestin. C'est un tissu encore
plein de vitalité mais qui n'est déjà plus capable d'organiser des
structures nouvelles dans la région de l'intestin, par exemple, et si
nous continuons maintenant vers les tissus conjonctifs fibreux, avec
les fibres élastiques et les fibres de collagène, en allant vers le
cartilage et jusqu'à l'os, alors la vitalité embryonnaire du début se
transforme de plus en plus vers une forme durcie, minéralisée. Il
s'agit alors vraiment des tissus de structuration de l'être humain, et
du point de vue de ces tissus, nous avons au sein de l'organisme
humain une grande polarité. Cette grande polarité est constituée
d'un côté par les os sphériques qui abritent notre système nerveux,
et, de l'autre côté, par l'os axial, l'os long, constituant de base des
membres.
J'aimerais maintenant, à l'aide de cette polarité, rendre visible
l'action des différents éléments constitutifs de l'être humain. Nous
avons d'abord l'aspect caractéristique de l'os sphérique (dessin au
tableau) et il lui fait face l'os long des membres. On aurait tendance
à dire, de prime abord, que l'os n'est autre chose que l'os, et ignorer
ce langage des formes. Mais si nous prêtons attention à ces
formes, il devient évident que la totalité de l'être humain se reflète et
se retrouve dans cette polarité. L'os du crâne, en effet, se forme
directement à partir du mésenchyme embryonnaire au cours de
l'ossification membranaire. Si vous considérez une tête d'enfant et
que vous voyez ces noyaux d'ossification, ces cinq formations
étoilées vont fusionner en une formation osseuse, former un espace
creux dans un geste formateur délicat. Nous avons d'un côté, dans
l'ébauche de la tête, une ossification qui est directement issue de la
vie embryonnaire. A l'opposé, il en va dans l'os long tout autrement,
car il s'agit de l'ossification enchondrale, cela veut dire qu'il apparaît
un modèle cartilagineux qui correspond aux premiers gestes de
durcissement de l'embryon. Tout ce qui va devenir endosquelette
apparaît tout d'abord sous forme cartilagineuse. Mais ce modèle
cartilagineux n'a pas encore la forme définitive. La forme définitive,
la finesse et la structuration interne apparaissent quand le stade
cartilagineux est dépassé, avec l'ossification.
Nous pouvons voir apparaître différents principes de structuration au
sein de l'organisme humain. Nous retrouvons ici des principes que
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Goethe a évoqués dans ses œuvres scientifiques : d'un côté ce qui
correspond à la structure, ce qui est devenu forme et structure, et,
en face de cela, nous trouvons les forces formatrices en devenir.
Nous sommes maintenant dans un deuxième domaine qui concerne
l'aspect vivant du système osseux. Car nous ne devons pas en
rester à la forme physique, mais nous devons nous demander
maintenant comment, dans cette polarité du cercle et de l'axe, de ce
qui est sphérique et de ce qui est axial, les différents éléments
constitutifs peuvent agir.
On se rend compte que dans l'os qui forme le crâne, les forces de
vie se sont précocement retirées. On peut en effet observer que les
fractures du crâne ne consolident pas réellement, mais que la perte
de substance est compensée par du tissu conjonctif : les forces de
guérison se sont retirées de cette région de l'os sphérique. La
vitalité dans l'homme du haut est comme effacée. Il en va tout
autrement dans la région des membres où nous trouvons cette fois
vraiment un processus de guérison : dans la formation du cal
osseux s'exprime une activité intensive des forces de vie du
système osseux. Nous pouvons donc dire que la vitalité est très
forte dans le système squelettique axial, alors qu'elle diminue dans
la région de l'os sphérique, même si elle était encore très importante
chez l'embryon et chez le petit enfant (la croissance du squelette
crânien s'achève vers l'âge de 7 ans). Ici les forces se sont
imprégnées dans la forme.
Si nous voulons avoir une autre idée de la façon dont les forces de
vie se manifestent dans le squelette des membres, j'aimerais bien
montrer la première figure (Cf. figure page 13).
Vous voyez là l'os long d'un membre au niveau de la zone de
croissance, et si nous voulons caractériser les différentes régions,
nous pouvons dire que dans la zone ossifiée nous trouvons 70 à
80 % de substances minérales. Il s'est formé ici une organisation
physique, de la substance physique. A l'opposé, la zone
cartilagineuse est constituée d'eau dans la même proportion (70 %).
C'est l'élément eau qui compose essentiellement le cartilage et il est
ici présent en quantité équivalente aux sels de calcium dans l'os.
Nous avons dans chaque structure cartilagineuse un petit souvenir
de la sphère embryonnaire, pleine de vie, et quand un enfant
grandit, une vitalité considérable se déploie dans ce tissu
cartilagineux qui est comme de l'eau figée et non plus de l'eau
liquide circulante ; c'est la vie qui se déroule à cet endroit.
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La Vie
L'organisation éthérique
1. zone du cartilage sérié
(prolifération du cartilage)
2. zone du cartilage
hypertrophique
3. zone de décompensation du
cartilage et capillarisation
4. zone d'ossification
La Forme
Structure minérale
L'organisation physique
Donc, nous avons du côté du cartilage une grande vitalité qui
chemine à travers la zone du cartilage sérié puis celle du cartilage
hypertrophique et qui devient physique. Dans le langage anthroposophique nous nommons cela, d'un côté, le développement des
forces de vie, éthériques, et, de l'autre côté, le passage vers le
squelette osseux, physique, avec l'apparition de la forme. Forme et
vie se font face ici dans cette phase du développement osseux.
Considérons maintenant un nouveau domaine en nous posons la
question : comment notre organisation psychique, notre âme, peutelle se relier à cet os physique ? Y a-t-il là également une polarité
entre l'organisation supérieure avec son squelette sphérique et
l'organisation inférieure avec son squelette axial ? Considérons tout
d'abord la façon dont l'âme se développe dans un organisme
humain vivant. Nous trouvons d'un côté, comme nous le disions
précédemment, le développement de la motricité. Si, par exemple,
on procure une grande joie à un enfant qui fête son troisième
anniversaire lorsqu'il découvre tous les cadeaux, alors la joie met en
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mouvement tous ses membres, et il sautille et se dirige vers les
cadeaux. C'est le côté « mouvement » de l'âme. De l'autre côté,
nous trouvons le contenu conscient qui vit dans l'âme. De sorte que
nous avons la polarité entre le pôle de conscience dans l'homme du
haut et le pôle du mouvement dans l'homme du bas. Notre vie
psychique est donc insérée entre conscience et mouvement. Quand
nous voyons comment dans l'homme du haut notre conscience
prend appui sur l'organisation nerveuse et se développe sur la base
de ce système nerveux, nous trouvons ce système nerveux au sein
d'une enveloppe osseuse. L'os entoure notre système nerveux en
tant qu'instrument de notre conscience et nous retrouvons cela au
niveau de la colonne vertébrale, avec ses arcs vertébraux qui
entourent la moelle épinière, de sorte que nous pouvons dire que
lorsqu'un os aboutit à une formation sphérique fermée, il enveloppe
à ce moment-là notre système nerveux. Il y a donc une relation
entre l'os et ce qui est porteur de notre conscience, et ce rapport
entre le système nerveux et l'os que nous trouvons tout d'abord au
niveau anatomique entre le système nerveux et l'os, ce rapport a
une correspondance interne. Rudolf Steiner en parle en disant que
lorsque le système nerveux va au bout de son évolution, alors il
devient tissu osseux, il devient l'os.
La formation nerveuse poussée à sa fin aboutit à une ossification.
J'aimerais bien montrer une deuxième figure qui illustre cela :
Neuroblaste
Neurone
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Vous avez en haut (Cf. figure page précédente) une cellule nerveuse,
et la cellule nerveuse apparaît d'abord en tant que neuroblaste, par
exemple dans la moelle épinière. Ici, la cellule nerveuse est encore
vivante, elle est capable de mitoses. Elle ne porte pas de
conscience, et plus le développement avance, plus on va vers une
structuration croissante. Et nous avons la transition depuis la phase
vivante du système nerveux pendant la vie embryonnaire, vers les
cellules nerveuses mortes, porteuses de conscience, qui ont acquis
une forme et une structure comme, par exemple, dans le cerveau ou
la moelle épinière.
Vaisseaux
Ostéoblastes
Ostéocytes
Maintenant, vous pouvez comparer cette évolution depuis la cellule
ronde, primitive, « blastique », jusqu'au neurone extrêmement
différencié, avec ce qui se passe dans l'os. Ici vous avez une petite
partie de l'os du crâne et nous voyons des cellules rondes, ce sont
les jeunes ostéoblastes, les cellules qui forment donc la substance
osseuse. Ces cellules forment de plus en plus de substance
osseuse pour arriver à un réseau extrêmement structuré et
différencié comme le tissu nerveux. Et on arrive à la conclusion
étonnante que le nerf et l'os subissent la même métamorphose
structurelle. Si l'on compare l'os et le nerf de façon analytique, on
peut se demander ce qu'ils ont à faire l'un avec l'autre. Maintenant,
si on les compare de façon goethéenne et typologique, nous voyons
que la structuration de la cellule nerveuse est semblable à celle de
la cellule osseuse. Et nous avons une transition du nerf à l'os qui
nous permet de mieux comprendre cette indication de Rudolf
Steiner concernant le tissu nerveux et le tissu osseux, au moins à
l'aide du langage des formes. Nous voyons que l'os sphérique est
en étroite relation avec ce qu'il renferme, à savoir le système
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nerveux. Ici notre organisation de la conscience va jusque dans la
formation de l'os.
A l'inverse, nous pouvons dire que c'est plutôt la musculature qui se
développe dans l'homme des membres, et que la musculature se
saisit de l'os, de l'os axial. Le mouvement apparaît. Pendant qu'ici le
mouvement impulse et mobilise les membres à travers la
musculature, nous avons dans l'homme du haut le développement
de la conscience, la qualité de repos.
En haut, nous trouvons plus de développement de conscience de
l'être humain, la musculature se retire. Dans l'homme du bas, nous
avons en grande partie le déploiement du mouvement, la
musculature saisit le squelette axial tout en le structurant, comme on
l'a dit tout à l'heure. Nous voyons comment l'organisation psychique
ou astrale se relie à l'os et le structure par le biais du mouvement.
Nous avons donc dans l'homme du haut le pôle de conscience dans
son rapport avec l'os sphérique et, dans l'homme du bas, l'homme
du mouvement en rapport avec l'os axial, l'os long.
Nous pouvons maintenant faire un pas de plus et nous demander
quel est le rapport de notre Moi, ce que nous portons en nous de
plus intime et de plus spirituel, avec le système osseux. Nous avons
en rapport avec l'homme du haut ce que nous pouvons appeler la
conscience éveillée, ou plus précisément l'éveil à la conscience de
soi. Tout ce que nous portons de conscience en nous peut être d'un
côté complètement vide, ce peut être la conscience vide de
quelqu'un qui rêve, mais cette conscience peut s'éveiller à la
conscience de soi et le noyau de la conscience dans l'homme du
haut se développe dans ce que l'on peut appeler conscience du Moi.
Si nous suivons l'activité du Moi au niveau des membres, nous
voyons les mouvements dirigés par le Moi et le Moi agir dans les
mouvements. Si nous déclenchons un réflexe, ce mouvement n'est
pas le résultat de l'action du Moi, mais le résultat de l'action de notre
organisation astrale, de sensibilité.
Si nous exécutons maintenant le même geste à partir de notre
intériorité, nous sommes avec notre Moi dans le mouvement et nous
structurons l'homme-mouvement. Nous pouvons reprendre les
termes que Novalis utilise dans ses Fragments, disant que l'être
humain, à travers la sphéricité de ses os et grâce au principe de
formation axiale, construit son temple dans lequel un Moi peut
habiter. Donc, la sphère représente le toit, comme le dit Novalis, la
coupole du temple, et les membres sont les colonnes, les colonnes
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du temple dans lequel habite le Moi. Dans le langage de Novalis,
dans ses Fragments, il décrit le corps humain comme le temple le
plus grandiose existant dans le monde. Dans ce temple, le langage
des formes indique le rang élevé de son habitant, le Moi de l'être
humain. Et il se révèle ainsi une différenciation, une multipartition du
système osseux. L'os n'est plus considéré uniquement à partir de sa
substance chimique, mais il nous montre le domaine du vivant, celui
de l'âme et enfin l'organisation du Moi.
Dans l'homme du haut, les éléments constitutifs servent la
conscience, jusqu'à la conscience de soi, l'éveil de l'être humain.
Dans l'homme du bas, la volonté guidée par le Moi saisit
l'organisation des membres. Et si maintenant vous considérez la
colonne vertébrale dans sa structuration rythmique, elle débute au
niveau de la colonne cervicale avec le geste enveloppant de la
sphère, l'anneau osseux du canal médullaire. Ici le système nerveux
est enveloppé comme dans la boîte crânienne. Si nous allons
maintenant en dessous de la deuxième vertèbre lombaire, la moelle
épinière s'arrête et nous ne trouvons plus que la continuation des
filets nerveux. Les corps vertébraux à ce niveau forment ce qui
correspond à un squelette axial qui est mobilisé par la musculature.
Et nous voyons comment la grande polarité de l'être humain, en
haut avec la formation sphérique et en bas avec la formation des
membres, est mise en relation par la colonne vertébrale d'une façon
rythmique et différenciée, dans laquelle vit la force de verticalité de
l'être humain.
Nous pouvons observer l'action des différents éléments constitutifs
de l'être humain à l'aide d'un autre exemple :
enfant
adulte
vieillard
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Vous avez ici l'évolution du crâne humain en fonction de la
biographie. Voici d'abord un crâne d'enfant, ensuite le crâne d'un
adulte et enfin le crâne d'un vieillard. Dans la région représentée en
blanc ou en clair, nous avons l'os sphérique. Nous avons de l'autre
côté, dans la partie du squelette colorée en sombre, l'os qui
correspond aux membres. Dans la tête humaine, on retrouve
l'ensemble de la tripartition. Donc, en haut le neurocrâne et en bas
le viscérocrâne, où se forment les « membres de la tête » (les
maxillaires, ndlr). Et maintenant, nous pouvons observer comment
la métamorphose de ces formes se manifeste au cours de la
biographie. Nous avons d'abord, considéré d'un point de vue
spirituel, un enfant qui s'éveille dans ses sens, mais qui n'a pas
encore développé véritablement ses membres. Le début de la vie
est celui d'une grande organisation de la tête, et plus l'être humain
devient actif dans sa vie, plus il saisit le monde grâce à ses
membres, plus l'organisation des membres se développe. Et quand
l'homme vieillit et se rapproche à nouveau du monde spirituel,
« l'homme des membres » se retire. Nous pouvons donc dire que le
rapport entre les « membres » au niveau du crâne et l'ensemble du
squelette sphérique reflète le chemin d'incarnation de l'être humain.
Chez l'enfant, l'élément psycho-spirituel intervient dans l'organisme
humain à partir de l’organisation neurosensorielle, ce qui aboutit à
une formation des membres relativement petits. Au moment où l'être
humain élabore sa biographie au plus haut point, où à proprement
parler il prend sa vie en mains, alors se forme au niveau de la tête
une puissante organisation des membres et au fur et à mesure que
le vieillard se met en retrait, il quitte le monde des membres et son
crâne ressemble étrangement à celui de l'enfant. C'est une symétrie
dans le langage structurel de notre tête pendant la durée de la vie.
Si bien que nous pouvons dire que dans la forme de la tête se
reflète ce qui se manifeste dans le lien entre l'essence psychospirituelle et l'organisme humain.
Mais bon nombre de pathologies s'y reflète également. Quand, par
exemple, l'être humain se retire prématurément de cette région du
bas, quand son pôle volontaire s'efface prématurément de
l'organisation des membres, nous voyons apparaître certaines
maladies comme l'ostéoporose. Ici, le côté volontaire de l'être
humain se retire et nous avons une maladie qui va toucher tout le
squelette axial, alors que l'ostéoporose ne se développe pas dans le
crâne. L'élément psycho-spirituel se retire et évolue dans la direction
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de l'excarnation. De sorte que nous avons ici un langage des formes
qui nous montre dans quelle mesure l'élément psycho-spirituel de
l'être humain est relié à l'élément corporel.
La polarité « tête-membre »
Maintenant, après avoir considéré différents éléments du squelette
dans son ensemble et de la réalité du système osseux, nous
pouvons diriger notre regard dans une autre direction, pour
s'approcher toujours plus de l'articulation. Car pour arriver à une
esquisse de base qui nous décrit l'essence d'une articulation, nous
devons partir d'une vision d'ensemble pour aller vers l'élément
particulier qu'est l'articulation.
Et maintenant, je voudrais vous demander d'observer un membre
supérieur où l'on peut remarquer la différence entre, d'un côté, la
main, où se trouvent la plupart des articulations, et, de l'autre côté,
le bras, situé du côté du tronc, où nous trouvons essentiellement la
musculature. Nous constatons aussi au niveau d'un membre la
même différenciation que nous avons décrite précédemment.
Regardons à présent le squelette du membre supérieur. Nous
trouvons d'abord l'humérus, le radius et le cubitus, ensuite les os du
poignet, de la main, et les phalanges. Plus nous nous plaçons en
situation distale, plus nous trouvons des petites articulations (Cf
figure page 20).
L'articulation fait partie de la périphérie de l'être humain d'une part,
mais elle fait aussi partie de son squelette axial. Nous avons des
articulations dans la colonne vertébrale, nous avons aussi les
grosses articulations de l'épaule et de la hanche, et nous avons de
nombreuses petites articulations dans la main. Il existe des
pathologies qui touchent essentiellement les articulations de la
main, comme la polyarthrite rhumatoïde, et d'autres qui touchent
presque exclusivement la colonne vertébrale, comme la
spondylarthrite ankylosante. Nous remarquons donc que la maladie
fait une différence entre ce qui est central, et ce qui est
périphérique : la spondylarthrite ankylosante va toucher l'axe central
de la colonne vertébrale, conduisant à ces épouvantables
déformations et, à l'opposé, la polyarthrite rhumatoïde touche
beaucoup plus les articulations périphériques.
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LE NIVEAU PHYSIQUE
muscles
____________________
tendons
_____________________
os
LE NIVEAU FONCTIONNEL
métabolisme
perception sensorielle
sensibilité épicritique
fuseau neuro-musculaire
LE SYSTEME METABOLIQUE
ET LES MEMBRES
LE SYSTEME
NEURO-SENSORIEL
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E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 -
Numéro spécial
Regardons maintenant ce qui se passe du point de vue de la
musculature. Sur le plan physique, plus nous approchons du tronc,
plus la musculature est importante, témoignant de la présence de
l'organisation du mouvement. Si nous regardons vers la main et les
doigts, ce sont alors les tendons qui prennent le dessus, la
musculature s'efface. Pour finir, ces tendons qui peuvent être très
longs, atteignent l'os.
Nous avons donc des transitions entre les tissus qui sont au service
du mouvement, tout d'abord le muscle, ensuite les tendons, et enfin
l'os. C'est donc un durcissement progressif qui se manifeste.
Considérons ceci non plus seulement du point de vue de l'anatomie
mais de la physiologie, de la fonction. Nous voyons alors que plus
nous approchons du tronc, plus la vie métabolique est importante.
Ici, au niveau proximal, nous avons une vascularisation
considérable, un métabolisme très important. Et ce métabolisme
diminue de plus en plus, au fur et à mesure qu'on s'approche de
l'extrémité distale. On a même observé que la vascularisation
osseuse est nettement plus importante dans la région proximale
que dans la région distale des membres. Nous pouvons donc dire
que dans la région proximale, proche du tronc, nous avons
l'organisation du métabolisme et du mouvement de l'être humain.
Regardons maintenant ce qui se passe de l'autre côté : qu'est-ce
qui accompagne cette diminution du métabolisme ? qu'est-ce qui
apparaît à la place ? Nous remarquons que subitement la peau
s'éveille : il apparaît une capacité de perception fine au niveau du
toucher, les fuseaux neuromusculaires sont de plus en plus
rapprochés. C'est donc tout l'aspect sensoriel, le système sensoriel,
qui est de plus en plus présent au fur et à mesure que l'on atteint la
main. La sensibilité épicritique nous permet de distinguer des points
extrêmement fins, il règne là une très grande sensibilité, un grand
éveil de notre organisation sensorielle. A l'inverse, au niveau du
tronc et du ventre par exemple, la sensibilité est beaucoup plus
sourde.
Plus nous nous rapprochons de l'extrémité distale, plus notre
perception de la position des articulations est fine, plus nous avons
conscience des mouvements qu'exécutent nos articulations. Rudolf
Steiner appelle cela le sens du mouvement propre. Nous pouvons
dire en résumé que le système qui règne dans l'homme du bas, le
système du métabolisme et du mouvement, se développe
essentiellement, au niveau des membres, dans la région proximale.
Le système où nous sommes éveillés grâce aux sens, avec lequel
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nous apprenons à toucher et où nous ressentons les mouvements
les plus fins, le système neurosensoriel, se développe ici au niveau
des mains.
Il existe un cycle de conférences que Rudolf Steiner a donné aux
professeurs de l'école Waldorf, et il dessine les membres en disant
que dans les mains nous avons un élément comparable à la tête et
qu'à partir de cette « tête », les membres atteignent l'être humain.
On a en quelque sorte deux êtres humains imbriqués l'un dans
l'autre : le premier a sa tête à l'endroit normal et il développe ses
membres, et l'autre, qui forme une « tête » aux extrémités des
membres, pénètre l'organisation humaine de ses « membres ». Et
l'on peut se demander (ceci nous occupera à la fin de cet exposé) :
que se passe-t-il si ce dernier système agit trop fortement, que se
passe-t-il quand ce système neurosensoriel agit trop intensément ?
Que se passe-t-il lorsque cette tripartition que nous retrouvons dans
la moindre partie de l'organisme, perd ses rapports harmonieux ?
Les quatre éléments constitutifs de l’être humain et l’articulation
Après avoir d'abord considéré le système osseux dans son
ensemble, puis vu les différents éléments du membre supérieur,
j'aimerais aborder maintenant l'articulation elle-même. Nous allons
redécouvrir tout le langage des éléments constitutifs de l'être
humain aussi à ce niveau, et c'est seulement à partir de là que l'on
peut parvenir à une compréhension et à un traitement beaucoup
plus global des maladies rhumatismales, si nous nous distançons du
concept habituel de « charnière » attribué à l'articulation et si d'une
façon toute différente nous la considérons comme un domaine où la
dimension psycho-spirituelle de l'être humain se manifeste
également. L'être humain n'est pas seulement doué d'âme au
niveau du système nerveux mais aussi dans chaque fibre de son
corps ; la dimension intime de l'être humain est liée à son corps
jusque dans sa moindre fibre.
Si nous considérons maintenant un os avec sa surface articulaire,
nous avons dans la région où l'os s'est formé l'organisation
physique, ce que l'on peut nommer le corps physique. Mais au
niveau des épiphyses, nous avons le cartilage et nous pouvons
considérer le cartilage comme de la vie « congelée » ; les cellules
du cartilage sont encore bien arrondies, et dans le cartilage, l'eau
qui, par ailleurs, circule librement dans l'organisme, est devenue une
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forme figée. Nous avons dans le cartilage quelque chose qui était, à
l'origine, à l'époque embryonnaire, le siège d’une vie considérable, un
tissu qui était même fortement vascularisé et qui est devenu ce
cartilage transparent, hyalin, perdant ses vaisseaux sanguins, qui ne
porte plus en lui que le souvenir de cette vitalité. Et ce cartilage doit
être nourri, il ne peut pas se nourrir lui-même. C'est là le rôle
nécessaire de la membrane synoviale. La synoviale a pour fonction
de donner les forces de vie au cartilage, maintenant ainsi sa vitalité.
Au niveau de la synoviale peuvent se former des villosités et dans
cette « peau » qui entoure l'articulation, se forme maintenant le
liquide synovial, si bien que l'ensemble du revêtement cartilagineux
de l'os se trouve dans un espace baigné de liquide. Cet espace
liquidien a une signification considérable pour différentes raisons.
Nous avons dit d'abord qu'il nourrit, qu'il soutient les processus
vitaux anaboliques du cartilage, une fonction absolument nutritive et
constructrice. Mais cet espace liquidien joue un autre rôle dans la
mesure où il surmonte les forces de pesanteur et engendre de la
légèreté. Imaginez-vous le poids qui pèse sur les surfaces
articulaires, cela peut aller jusqu'à 70, 90 kg dans un genou. En
principe cela devrait provoquer d'énormes dégâts et c'est grâce au
liquide articulaire que ces forces de pesanteur sont transformées en
forces de légèreté. Nous remarquons à quel point cette fonction
nutritive du liquide articulaire est liée à cette transformation des
forces de pesanteur. C'est en effet une qualité immanente de
l'organisation éthérique de l'être humain que de pouvoir surmonter
la pesanteur. Nous pouvons alors très bien nous imaginer comment
des maladies peuvent apparaître si cette organisation n'est plus
assez forte, lorsque l'être humain succombe à la pesanteur, les
forces de légèreté de l'organisme liquidien faisant défaut. Mais il
existe une deuxième couche faite de tissu conjonctif qui entoure
toute l'articulation, la capsule articulaire, faite de tissu conjonctif
fibreux. Cette capsule est entourée par quelque chose qui maintient
l'ensemble de l'articulation, c'est la musculature.
Nous retrouvons ainsi l'organisation du mouvement dans laquelle
notre vie psychique vit et se déploie, et qui enveloppe l'articulation
dans son ensemble.
Nous pouvons donc distinguer :
- l‘organisation physique de l'articulation, à savoir l’os souschondral ;
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- l’organisation de vie, l’organisme liquidien de l'articulation,
avec le cartilage et la synoviale ;
- et maintenant l'homme du mouvement, la musculature qui
enveloppe l'articulation.
Et pour finir nous découvrons un dernier niveau, à savoir qu'ici et là
nous avons une inconscience complète. Nous n'avons en effet pas
de conscience de notre genou ni de notre tête du fémur. Nous
n'avons pas de conscience, dans l'état de santé normal, de notre
synoviale. Par contre, nous avons conscience du fait de fléchir ou
d'étendre le genou. Nous voyons apparaître ici la sensibilité, la
perception sensorielle dans la région de l'articulation. Le fait de
pouvoir, tout en ayant les yeux fermés, placer une articulation dans
telle ou telle position, montre que nous avons ici une perception
sensorielle qui est, certes, sourde. Nous en avons déjà parlé, c'est
le sens du mouvement propre.
Il se développe autour de l'articulation et nous pouvons observer
ses organes. Nous avons les fuseaux neuromusculaires situés dans
le muscle, nous avons, dans les tendons, les récepteurs tendineux
de Golgi. Nous trouvons ainsi une organisation sensorielle
différenciée dans la musculature et dans les tendons, et plus nous
nous dirigeons vers la peau, plus le domaine articulaire s'éveille à la
sensibilité tactile de la peau. Si bien que nous pouvons dire
qu'également dans notre articulation, nous retrouvons les quatre
éléments constitutifs : organisation physique, organisation vitale,
dans la musculature l'âme en mouvement, le corps astral qui met en
mouvement et structure la musculature, et, pour finir, si nous nous
tâtons fortement, nous prenons conscience que notre sens du
toucher, notre perception sensorielle, parallèlement avec
l'expérience du monde extérieur, nous donne ce message : nous
sommes un Moi, nous nous éveillons à notre Moi. Donc, nous
retrouvons dans cet élément qu'est l'articulation les quatre éléments
constitutifs de l'être humain et si nous arrivons à nous représenter
les caractéristiques de l'articulation de façon toujours plus imagée,
artistique, mais aussi concentrée, laissant apparaître une image
méditative, alors nous remarquons comment dans cette tête
articulaire, comme on le nomme déjà, quelque chose est né qui est
de nature sphérique, comme l'organisation de la tête avec ses
organes sensoriels.
Dans un passage, Rudolf Steiner parle des os qui, à l'instar de la
rotule ou de l'omoplate, sont proches des grandes articulations, et il
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dit avec cette pensée de métamorphose : ce qui a l'apparence d'une
rotule, cela n'a-t-il pas un chemin de développement devant soi et
cela n'est-il pas en relation avec la calotte crânienne ? N'avonsnous pas dans chaque articulation quelque chose où se forme une
coquille, une rotule, un os sphérique, au sein duquel se développe
un domaine de nature sensorielle, et qui permet de faire apparaître
dans les membres une capacité de perception sensorielle ?
La polarité inflammation-sclérose
Si maintenant nous nous demandons dans quelle direction va une
maladie dans ce domaine, de façon à considérer le fondement de
ce qui nous occupera demain et après-demain, nous pouvons
distinguer deux types de maladies dans les articulations.
Un premier type de maladie consiste dans le fait que trop de
conscience pénètre dans ce domaine nocturne des forces de vie. Il
existe une belle image que nous a donnée Christian Kern, qui
travaille avec Lars Gerlach et Ludger Simon à une étude sur la
polyarthrite rhumatoïde, pour décrire le psychisme du patient atteint
de rhumatisme. Imaginons que nous éprouvions une très forte peur,
et bien nous avons tendance à nous raidir, à nous figer. Tout excès
de conscience conduit aussi à une rigidité, au fait de se figer, à une
tension, voire à de la douleur, et nous avons donc l'image du
rhumatisme. Lorsque l'homme du haut, avec l'élément astral et
l'organisation du Moi, agit trop fortement dans l'homme des
membres, apparaît ce tableau clinique douloureux du rhumatisme.
Et l'on retrouve cela dans une expression qui est, je crois, de
Galien. Dans la médecine ancienne, il est dit que le rhumatisme est
la maladie où l'humeur s'écoule depuis la tête jusque dans les
membres. Et c'est une façon imaginative de dire que, quand
l'homme du haut agit trop fortement avec sa force de conscience
dans les membres, alors l'organisme doit réagir, il doit répondre
avec un réchauffement, une inflammation, pour corriger cela et pour
le guérir.
Et l'on en arrive au paradoxe que ce qui nous pose problème, c'està-dire la douleur et l'inflammation, ainsi que les épanchements
articulaires, et bien tout cela fait partie des forces de guérison. Et
0ces forces ont besoin d'être guidées et non pas d'être réprimées. Il
faut que nous arrivions à les guider. Nous pouvons également
prendre un autre exemple. Si vous considérez cette région
liquidienne, cet espace liquidien de l'articulation dont nous avons dit
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qu'il avait une fonction nutritive et constructrice, elle peut devenir la
source d'une destruction catastrophique quand la maladie
rhumatismale se manifeste dans l'articulation. En fait, le liquide
articulaire a la possibilité, grâce à des antiprotéases, des enzymes
particulières, de se défendre face aux substances catabolisantes, de
les dissoudre. Et bien cette fonction protectrice du liquide articulaire
s'écroule car une autre qualité fait son apparition dans l'articulation,
et l'inflammation est la réponse qui correspond à une tentative de
rectification de la part de l'organisme.
Chaque inflammation dans l'organisme humain, qu'il s'agisse de la
thyroïde, du pancréas dans le diabète de type I, du foie ou d'un
autre organe, chaque inflammation est la tentative de corriger ce qui
est étranger en nous, de rétablir une perte d'équilibre. Voici en
quelque sorte une image du rhumatisme, et si nous tenons compte
de cette belle formulation de Rudolf Steiner, qui dit que les soucis,
les chagrins de la petite enfance, c'est-à-dire un élément de
conscience, peuvent conduire plus tard au rhumatisme, il formule ici
dans sa façon propre, dans ses mots propres, ce qu'est le
rhumatisme.
Nous pouvons maintenant nous demander ce que pourrait être une
autre variante, où ce ne sont plus les forces de conscience qui
agissent trop fortement. On peut imaginer que notre organisation du
mouvement, notre volonté, agit trop peu dans les membres.
Normalement, nous sommes actifs dans nos articulations lorsque
nous travaillons avec nos mains. Nous pouvons nous imaginer que
ce n'est pas l'homme du haut qui pénètre trop fortement les
membres de ses processus de conscience, mais que l'homme du
bas ne se saisit pas ou plus suffisamment des membres. Et dans
cette situation, lorsque le côté volontaire de l'être humain ne se
développe pas assez et ne peut plus intervenir suffisamment, nous
avons alors devant nous l'image des maladies qui accompagnent le
processus d'excarnation de l'être humain, quand l'être humain,
physiologiquement, se retire de l'organisation des membres à la fin
de sa vie et développe une maladie comme une arthrose multiple
des mains. Il ne s'agit pas ici d'une surcharge mécanique, mais d'un
tout autre processus. Si nous ne pénétrons plus nos membres de
notre volonté, de cette qualité réchauffante de la volonté, mais que
cette volonté se retire, en quelque sorte, apparaît une diminution de
la mobilité, un durcissement, une qualité « tête », un enraidissement,
une ankylose ossifiante dans les articulations périphériques.
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Nous voyons comment les deux principes que je vous ai présentés
au début, d'un côté, dans l'orientation vers la conscience, et de
l'autre, l'orientation vers la volonté, sont en rapport avec deux
formes de maladie :
d'une part, une activité de conscience trop forte avec la
réponse inflammatoire des articulations,
de l'autre côté, une activité trop faible de notre volonté avec le
durcissement qui s'en suit nécessairement et conduit à une
sclérose de l'os et des articulations.
Les conséquences thérapeutiques
Si l'on place à présent cette image devant son regard, alors
apparaît un but thérapeutique : on peut alors formuler d'une toute
autre façon ce que l'on veut atteindre avec le traitement, au-delà de
la suppression des manifestations cliniques. On peut réfléchir, par
exemple dans la polyarthrite, à la manière d'atténuer ce processus
de conscience qui agit trop fortement. De l'autre côté, on pourra
essayer de réintroduire dans une articulation arthrosique ankylosée
des forces de volonté, ces qualités réchauffantes de notre vouloir.
Et maintenant vous comprenez pourquoi Rudolf Steiner a indiqué
des substances dans de nombreuses situations pathologiques de
ce type, telles que le phosphore qui stimule le réchauffement de
l'organisme. Le phosphore possède un rapport privilégié avec notre
organisation volontaire. Lorsque nous appliquons sur une
articulation, par exemple, Phosphorus in Oleo 0,1 % ou une
pommade avec Apis, alors nous essayons de réintroduire ce côté
volontaire du Moi, nous « demandons » aux différents éléments
constitutifs de l'être humain de reprendre leur place. Et nous
pouvons donc, pour chacune des actions souhaitées, développer
une démarche thérapeutique.
Nous venons de voir que pour stimuler les forces du Moi et de la
volonté, nous utiliserons l'action du phosphore. Si nous voulons
susciter l'activité astrale dont le lien pathologique, trop étroit, avec
l'articulation peut se manifester par des douleurs ou des
phénomènes inflammatoires, nous pouvons faire appel à toute une
série de remèdes végétaux, on peut penser à Colchicum par
exemple, qui influence directement ce domaine de l'astralité et de
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l'articulation, mais aussi à Mandragora, ou Arnica et Equisetum,
spécialement dans des pathologies anciennes.
Maintenant, si nous voulons stimuler l'action réchauffante, nous
trouvons le gui, le Viscum album, qui joue ici un rôle extrêmement
important. Cette plante a d'ailleurs un aspect phosphorique. Et si
nous voulons stimuler la vitalité d'une articulation, si nous voulons
reconstituer les forces de vie, les forces éthériques, il existe alors
tout un ensemble de remèdes issus du monde animal, à savoir
l'organothérapie, qui connaît actuellement des difficultés dans
certains pays. Mais nous pouvons dire que du point de vue
anthroposophique, un médicament issu du monde animal agit sur
l'organisation éthérique et peut stimuler les forces de régénération.
Cet aspect de reconstruction est aussi un domaine de l'étain,
Stannum metallicum, qui est aussi tout à fait capable de soutenir la
régénération.
Et pour finir, on peut dire que plus une articulation succombe au
plan physique, plus la substance a quitté le domaine vivant pour
former des dépôts ou de la sclérose, plus nous devrons faire appel
à la fourmi, à Formica. Cet animal tente de réintégrer dans le
domaine du vivant ce qui a tendance à en sortir en se durcissant.
Tout spécialement, par exemple dans le tableau clinique de la
périarthrite scapulo-humérale, avec cet enraidissement douloureux
de l'épaule, on peut utiliser par exemple un mélange associant
l'action réchauffante d'Apis, avec Levisticum et Formica en D8,
cela peut avoir une action très convaincante. Et spécialement dans
les atteintes anciennes, résistantes au traitement, on obtient des
résultats remarquables en ajoutant le Viscum album.
Maintenant j'aimerais bien parler d'une étude qui a été décrite dans
le Merkurstab et qui concerne le traitement de l'arthrose, où les
principes exposés plus haut ont été appliqués. Il s'agit d'une étude
qui s'est déroulée sur un temps extrêmement long dans un service
d'orthopédie et qui portait sur plus de 300 patients. La question était
de savoir comment l'on peut traiter l'arthrose, et sa démarche
thérapeutique était presque schématique : utiliser l'action
réchauffante du gui et des médicaments issus du monde animal. Il
serait souhaitable que l'on traduise cette étude en français, car c'est
une chose extrêmement réjouissante de constater tout ce que l'on
peut faire sur la base d'un tel compte-rendu d'expériences, car il n'y
a pas beaucoup d'études qui montrent dans un laps de temps aussi
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Numéro spécial
Une fourmilière…
long tout ce que l'on peut obtenir grâce aux remèdes d'orientation
anthroposophique, aussi dans l'arthrose.
Pour résumé, nous avons dessiné une grande arche en partant de
considérations générales sur le squelette, en passant par la
partition du membre supérieur, jusqu'à la façon dont l'articulation est
organisée par rapport aux éléments constitutifs. Ce qui est essentiel
à mes yeux, c'est que sous un tel éclairage, les différentes maladies
se présentent sous une image vivante toujours renouvelée. Car, et
c'est mon expérience, il faut toujours essayer de se lier à une
maladie de façon individuelle. Une maladie est, d'un côté, toujours
quelque chose d'individuel et, de l'autre, elle comporte des aspects
typologiques.
Dans l'ouvrage « Données de base pour un élargissement de
guérir » (Rudolf Steiner et Dr Ita Wegman, Editions Triades, 1992),
il existe un chapitre consacré aux remèdes pour maladies typiques.
Il n'y est pas question de la migraine de Mme Müller ou de Mr Untel.
Il existe quelque chose de typologique, une sorte d'essence de la
maladie avec laquelle un Moi humain doit s'expliquer dans sa vie,
dans sa destinée.
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Du point de vue de la médecine anthroposophique, nous devons
toujours considérer ces deux aspects : quelle est la tâche
individuelle, quelle est la typologie d'une maladie. Et à partir de là,
l'image du remède peut être formulée. J'ai l'impression qu'on peut
très bien donner Stannum metallicum et par exemple l'injecter en
D10, mais ce remède nécessite un renforcement intérieur, il s'agit
de l'accompagner avec notre être intérieur. Dans la 1ère Lettre
Circulaire de la Section Médicale que Rudolf Steiner et Ita Wegman
ont envoyée aux médecins, on trouve une formule quelque peu
lapidaire : « … et n'oubliez pas de donner une âme aux
médicaments ».
Voyez-vous, quand il s'agit de soigner beaucoup de patients, on
peut se demander ce qui vit dans les médicaments en tant que
force intérieure. Est-ce que c'est simplement une poudre blanche
qui repose dans l'armoire à médicaments, ou bien le prescripteur
s'implique-t-il intérieurement dans l'administration du remède, se
reliant ainsi avec lui. J'ai le sentiment qu'il existe une galénique
extérieure que nous avons tous apprise au cours de nos études, qui
permet de savoir comment on prépare un médicament pour que ses
principes actifs soient disponibles. Mais ce que la médecine
anthroposophique nous apprend de nouveau, c'est qu'il existe
également une galénique intérieure, à savoir : comment « habiller »
un médicament de l'intérieur pour le donner ensuite à un patient. Et,
en tout cas pour ce qui me concerne, ce chemin a été le suivant :
comment parvient-on d'une compréhension de la maladie dans tous
ses niveaux, dans tous ses aspects, au but thérapeutique qui alors
accompagne d'une « âme intérieure » le médicament qui sera
ensuite administré et pourra aider l'être humain à mettre en jeu ces
forces qui sont toujours en lui pour vaincre la maladie.
Questions – Réponses
1ère question :
Injectez-vous le Viscum album localement, faites-vous une ou
plusieurs injections ?
Réponse Dr Girke :
J'essaie toujours de pratiquer les injections près des articulations.
Dans le cas d'une coxarthrose par exemple, j'injecte dans la cuisse.
Concernant le type de gui utilisé, j'ai souvent utilisé le gui du saule
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Viscum album L. (gui)
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Numéro spécial
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pour les affections inflammatoires, ou les guis de feuillus qui peuvent
avoir cette qualité réchauffante.
On peut classer le gui en 3 grands groupes. Nous avons d'un côté
le gui de conifères avec par exemple le gui du pin (Viscum album
Pini), de l'autre côté l'on trouve le gui de feuillus ; et du point de vue
botanique, le gui de sapin occupe une place centrale. On peut dire
que les guis de conifères vont dans la direction de la structuration.
Quand nous observons un pin, nous voyons cet aspect clairsemé,
peu vivant, un arbre qui pousse sur un sol riche en silice, avec peu
de racines profondes. Nous avons ici une variété de gui qui serait
plutôt en rapport avec le système neurosensoriel. Le gui de feuillus
pousse sur des arbres ayant développé fortement le système feuille,
où le système métabolique se déploie dans les feuilles, où il peut se
développer une très forte activité métabolique, des qualités
inflammatoires, des qualités d'hyperthermie que l'on trouve, en
particulier dans le gui du frêne. Dans l'étude de Gaertner sur
l'arthrose, c'est le gui du pommier qui a été utilisé. Mais, il ne faut
pas prendre cela comme une règle, on a eu simplement de bons
résultats avec ce remède. Il faut savoir aussi que la concentration
ne doit pas être trop faible, mais être capable d'entraîner une
rougeur ou une augmentation de la température locale que la
patient doit accompagner. L'important n'est pas la quantité de
produit injecté mais la réaction. On sait qu'il y a des patients qui
sont sensibles à de toutes petites quantités, alors que d'autres ne
réagissent qu'à de grandes quantités.
2ème question :
Il y a des patients qui se plaignent surtout le matin de gonflement
articulaire, cela varie aussi en fonction des facteurs climatiques.
Comment peut-on comprendre cela et le traiter ?
Réponse Dr Girke :
Les gonflements articulaires peuvent être de nature très différente.
Il y a des patients qui disent que le matin les articulations sont
enflées, ils n'arrivent pas à passer une bague, mais souvent il s'agit
plutôt de la peau qui est enflée, et non pas de l'articulation ellemême.
J'avais une patiente qui présentait des gonflements articulaires
uniquement le matin avec une certaine raideur et, sur le plan
rhumatologique, il n'y avait rien de pathologique. Par contre elle
avait une hypothyroïdie consécutive à une maladie d'Hashimoto et
c'est un phénomène plus fréquent qu'on ne le pense. Ce tableau
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Numéro spécial
clinique correspond au fait que le corps astral se retire des
membres, si bien que l'aspect structurant se retire aussi et donc le
gonflement articulaire apparaît.
Il y a aussi ces patients, et je pense que c'est ce dont il s'agit dans
la question, qui ont des gonflements articulaires matinaux non
seulement au niveau articulaire, mais aussi au niveau du visage, qui
s'améliorent avec l'éveil progressif de la personne. Et là, je me suis
rendu compte que le contenu en eau de notre corps, notamment
l'œdème des parties molles, dépend de nos forces de conscience.
Si nous nous réveillons le matin et nous regardons tout de suite
dans un miroir, nous avons un visage quelque peu déformé. Plus
nous nous éveillons, plus la forme est présente. Nous avons un
rapport très étroit entre la conscience éveillée et les forces
formatrices actives, et cela jusque dans l'organisme liquidien. Nous
avons souvent des patients comme cela qui ont un gonflement du
visage, alors on leur prescrit un drainage lymphatique et puis ces
gonflements reviennent tout de suite après. Il faut se demander
chez ces patients s'ils sont vraiment réveillés. Alors on peut penser
à certains remèdes, Levico par exemple ou Arsenicum, tous ce qui
favorise les forces d'éveil, l'éveil de l'être humain. Et la stimulation
du corps astral va par ailleurs augmenter l'élimination : plus l'être
humain habite son organisme de vie au moyen de son corps astral,
plus la peau est libérée de cette eau. Et celle-ci est alors éliminée.
On peut aider cela avec des remèdes. Le rapport avec la pression
atmosphérique peut être dû au fait que certaines personnes
réagissent différemment du point de vue de leur conscience, de leur
degré d'éveil. Elles se sentent intérieurement différentes sous
l'influence d'une dépression ou sous celle d'un anticyclone. Je
verrais ici plutôt une ouverture de l'âme à l'environnement, qui
entraîne différentes configurations de conscience, lesquelles
provoquent des états de gonflement, notamment dans les régions
liées au système neurosensoriel.
3ème question :
Pouvez-vous donner des exemples en organothérapie ?
Réponse Dr Girke :
Ce que l'on peut souhaiter à une articulation, c'est de pouvoir
reconstituer son cartilage. Vous savez que d'un point de vue
physiopathologique, il peut se développer ce que l'on appelle un
pannus dans l'articulation, et ce pannus est considéré comme
quelque chose de pathogène qui détruit le cartilage et même l'os
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sous-chondral. Mais ce pannus peut receler aussi un processus de
guérison. Il est en effet capable de métaplasie chondroïde et l'on
voit ainsi que ce tissu opère un geste de guérison. On peut se
demander comment soutenir cela. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une
reconstitution du cartilage mais d'une tendance à fabriquer du
cartilage. On peut donner alors Cartilago ou, par exemple,
Cartilago comp. de chez Wala (correspond en France à Allium
cepa D15 / Aurum metallicum D10 / Betula alba, folium D5 /
Cartilago D8 / Formica rufa D15 / Stannum metallicum D8 aa).
Quand on a affaire à une rupture tendineuse - il faut préciser au
passage que le rhumatisme n'est pas seulement une maladie des
articulations mais aussi des parties molles et notamment des
tendons - on peut obtenir de bons résultats avec Tendo, utile
également en cas de ténosynovite.
4ème question :
Pouvez-vous donner des précisions sur l'étude concernant l'arthrose ?
Réponse Dr Girke :
Il s'agit d'une étude de Christian Gaertner parue dans le
Merkurstab, (52ème année, cahier n° 1 de janvier/février 1999),
concernant environ 350 patients atteints d'arthrose qu'il a traités de
façon très systématique avec du gui et de l'organothérapie. Il a
regardé quels étaient les patients qui réagissaient et ceux qui ne
réagissaient pas (responder et non responder). C'est un peu
l'œuvre de sa vie. Une grande partie des patients a réagi, je crois
entre 60 et 70 %. Dans cette maladie, il ne faut pas se laisser
effrayer par une image radiologique catastrophique, avec nos
remèdes nous pouvons arriver à quelque chose.
Il existe une série de comptes-rendus de cas cliniques isolés qui
montrent que ces remèdes peuvent améliorer des situations avec
des images radiologiques, des lésions radiologiques très avancées.
Il y a notamment une publication de Markus Sommer à ce sujet,
aussi dans le Merkustab (50ème année, cahier n°4, juillet/août 1997).
5ème question :
Quel type de gui faut-il utiliser et à quelle concentration dans la
polyarthrite rhumatoïde ou dans l'arthrose ?
Réponse Dr Girke :
Si l'on prend l'opposition entre les processus inflammatoires aigus et
l'arthrose, alors je dirai que dans l'arthrose il faut utiliser du gui à des
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concentrations beaucoup plus fortes, alors que dans un tableau
inflammatoire de polyarthrite rhumatoïde, il faut des doses
beaucoup plus faibles. Dans l'arthrose, on utilise souvent les guis de
feuillus, par exemple le gui de pommier (Viscum album Mali). Dans
la polyarthrite rhumatoïde, c'est un peu devenu une habitude
d'utiliser le gui du saule, mais j'utilise tout aussi bien le gui du pin.
Au bout d'un certain temps, on peut aussi voir s'il n'est pas
intéressant d'injecter à de plus grands intervalles. Il y a certaines
phases où la maladie se stabilise et où l'on peut induire un rythme
circaseptidien en injectant, par exemple, chaque dimanche. On peut
aussi s'appuyer sur la réaction thermique du patient ou du moins en
tenir compte.
Il existe un très bon travail de Weckenmann qui a comparé l'effet
d'injections pluri-hebdomadaires et d'injections hebdomadaires.
Quand on a affaire à un patient dont la température moyenne est
plutôt basse, on améliorera plutôt avec plusieurs injections répétées
dans la semaine, alors que le patient qui a une faible amplitude,
c'est-à-dire dont la température ne s'élève pas vers 17 h 00,
bénéficiera d'une injection unique par semaine. Ce sont les résultats
d'une étude menée par Weckenmann (Merkurstab, 52ème année,
cahier 3, mai/juin 1999) sur une longue durée.
6ème question :
Quelle importance donnez-vous à la contraction musculaire
permanente dans la déformation et la souffrance des articulations,
en particulier au niveau des maladies chroniques dégénératives
comme l'arthrose ?
Réponse Dr Girke :
Nous voyons dans cette contraction, ce durcissement des muscles,
exactement le même phénomène que celui qui se produit dans
l'articulation. En fait, c'est le même processus qui se produit dans
les tendons, dans les muscles et aussi dans l'articulation, et qui
conduit à l'ankylose. Dans une situation où la musculature n'est pas
encore atrophiée mais très enraidie, très dure, nous pouvons dire
que le corps astral se lie au muscle comme il ne devrait le faire
normalement qu'avec l'organisation de la tête. Cela déclenche donc
la myogélose avec douleurs, tension et enraidissement musculaires.
Il faut trouver un médicament qui remette en mouvement le corps
astral dans le muscle, figé dans cette situation « tête ».
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Numéro spécial
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Il existe plusieurs possibilités, ce que j'utilise volontiers c'est Rhus
toxicodendron, qui est une plante extrêmement ignée. Quand ses
fleurs rouges fleurissent subitement, c'est comme une inflammation
qui fait irruption dans cette plante. C'est une plante dont il faut se
méfier : je me souviens d'avoir vu dans un jardin botanique une
personne développer une urticaire géante à plusieurs mètres de
distance de cette plante ! D'ailleurs depuis, on a supprimé cette
plante du jardin botanique. C'est donc une plante qui conduit vers le
mouvement et vers la chaleur tout ce qui a tendance à durcir. On
peut dire de façon raccourcie que c'est une abeille végétale.
Magnesium phosphoricum est aussi indiqué. Il y a plusieurs
possibilités.◆
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L’homme dans ses articulations
Observation anatomique et fonctionnelle différenciée des
articulations, de la psychophysiologie à la thérapeutique
Docteur Claude Boudot
Le but de cette présentation est d'essayer de parvenir à établir un
chemin, une dynamique, qui puisse nous conduire du concept de
l'articulation en général à une vision différenciée des multiples
articulations de l'organisme humain. Je n'aurai certainement pas le
temps de traiter toutes les articulations, mais ce qui importe là est
surtout la démarche. Elle pourra être étendue aussi aux articulations
qui n'auront pas été traitées.
Cet exposé fait suite au travail que vous a présenté le Dr Mathias
Girke. Il a montré d'abord comment l'articulation s'intègre dans tout
l'organisme ; elle fait partie de l'organisme et en même temps elle est
un reflet de l'organisme, et sa pathologie est aussi un reflet des
processus pathologiques qui ont lieu dans l'organisme. Il nous a
montré comment dans sa structure même, on pouvait lire la signature
des différents niveaux d'organisation de la nature humaine.
Par ailleurs, de même que chaque articulation appartient à l'univers
articulaire, de même elle possède une individualité propre.
L'articulation du coude ne ressemble pas à l'articulation intervertébrale
ou à l'articulation du genou. Ce que je voudrais vous proposer, c'est
un chemin possible pour essayer d'affiner une approche différenciée
de l'homme articulaire. Essayer de percevoir comment dans chaque
articulation, l'homme vit de manière différenciée. Quelles conséquences peut-on en tirer pour la compréhension de la physiopathologie,
ceci, dans la perspective d'une démarche thérapeutique.
Voilà l'objectif. Comment y parvenir si ce n'est par l'observation ! Si
nous essayons de vivifier, de différencier, quand nous avons un
patient devant nous, toute la somme de perceptions qui viennent de
lui-même et de sa maladie, nous avons un univers qui afflue à nous.
Comment pouvons-nous l'organiser de telle manière que ces
perceptions puissent servir à notre démarche, comment apprendre
à observer l'homme en mouvement, comment les différentes parties
du corps humain s'articulent entre elles !
Nous essayerons de progresser à partir de la topographie articulaire,
puis de l'anatomie. L'observation systématique, exacte, que nous
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donne l'anatomie du monde articulaire et de son environnement
immédiat avec les insertions musculaires et les insertions des
tendons donne une géographie qui en elle-même comporte déjà une
qualité. Qu'exprime cette qualité ? Comment peut-elle nous guider ?
C'est ce que nous essayerons de suivre.
La topographie, l'anatomie puis l'étude de la fonction de
l'articulation. Dans la fonction, nous entrons déjà dans le
mouvement. L'articulation est un lieu qui s'est construit à partir du
mouvement, mouvement qui a lieu dans une certaine direction, qui
va quelque part. Il existe encore une autre dimension, celle qui peut
être approchée à partir du vécu proprioceptif d'une articulation. On
passe là du domaine physique, architectural, structurel au domaine
du vécu du monde articulaire. Et ces notions orientent vers des
qualités qui sont des qualités de pesanteur ou des qualités de
libération de la pesanteur. L'observation montre que certaines
articulations sont plus engrainées dans la pesanteur et que d'autres
sont beaucoup plus libérées de la pesanteur.
Cette approche, peut-être pouvons-nous la saisir à partir d'un
concept. Il est important de se former un concept car ce pourquoi il
n'y a pas le concept, ne peut pas être observé. Il reste informulé.
Nous pouvons dire que R. Steiner nous a donné beaucoup de
concepts. Comment donner vie à ces concepts ?
L'un de ces concepts fondamentaux nous a été donné dans le
« Cours aux médecins » dans une conférence du 16 janvier 1924,
dans le cycle traduit en français aux Editions Anthroposophiques
Romandes sous le titre « L'art de guérir ». Dans le cours appelé
« Cours de Noël », il nous donna une approche méditative de la
structure humaine qui peut être vue à partir des forces de pesanteur
et des forces de lumière :
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« Regarde en ton âme
Sa force de lumière
Ressens en ton corps
La puissance de pesanteur
Dans la force de lumière
Rayonne le Je-Esprit
Dans la puissance de pesanteur
Prend force l'Esprit de Dieu
Mais il n'est pas permis
Que force de lumière
Se saisisse
De puissance de pesanteur
Ni que
Puissance de pesanteur
Pénètre
La force de lumière
Car, si la force de lumière saisit
La puissance de pesanteur
Et si la puissance de pesanteur
Pénètre la force de lumière,
Se lient alors en universelle folie
Ame et corps
Dans la corruption »
Vous pouvez croire au premier abord qu'un texte comme celui-là a
peut de choses à voir avec notre pratique quotidienne. Jusqu'au
moment où il devient possible de donner vie à un tel texte. Et à
partir de quoi nous éveille-t-il, si ce n'est à partir de perceptions ? Un
texte comme celui-là nous aide à formuler et à être attentifs à des
perceptions que nous avons de toutes façons, tous.
Ainsi lorsque nous voyons un corps humain, une articulation, nous
pouvons nous demander de quelle manière cette articulation est
assujettie à la puissance de pesanteur ou comment elle se
manifeste dans la force de lumière.
Vous voyez par exemple dans les quatre premières phrases :
« Regarde dans ton âme, sa force de lumière. Ressens en ton
corps, la puissance de pesanteur ». Voyez « regarde force de
lumière », on est à l'extérieur, on regarde et on assiste à quelque
chose. « Ressens en ton corps », là il est fait appel à une
expérience, une expérience intime, une expérience qui nous
traverse. C'est ce que nous faisons tous en nous mettant debout.
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Quand nous essayons de développer ainsi notre sensibilité, quelque
chose apparaît comme du dedans. Ceci n'est pas réservé à une
élite particulièrement clairvoyante, c'est vraiment un exercice qui est
donné à tout le monde, à ceux qui s'occupent de médecine ; alors,
la perception d'une articulation, à partir des concepts topographiques,
anatomiques et fonctionnels, s'enrichit d'autres qualités.
Cette présentation résulte d'un travail entre médecin et artistes
thérapeutes. Elle est aussi le résultat des contacts que nous avons
eu avec des chirurgiens dans des soirées de FMC et de la vision
dynamique qu'ils ont su développer. Je voudrais encore citer un
article « Tierkreis und Gelenke » qui a paru dans le Merkurstab
(50ème année, cahier n°4, juillet/août 1997) de Hermfried Kunze sur
l'homme articulaire et le zodiaque.
Pour commencer, je propose que nous fassions ensemble un
exercice à partir de l'observation d'une diapositive projetée. Il s'agit
d'une œuvre qui marque un tournant décisif dans l'évolution de la
conscience occidentale. Nous allons voir le « David » de MichelAnge, que j'ai eu la chance de contempler il y a quelque mois à
Florence, que nous avons étudié et que nous avons dessiné. Cette
œuvre surgit dans l'évolution de l'humanité après le rêve des anges
de la fin de la période du Moyen Age. Après Giotto et Fra Angelico,
tout à coup nous voyons devant nous un être qui se saisit
totalement. Dans sa représentation de David, Michel-Ange a
complètement rompu avec la tradition : au lieu de représenter un
David vainqueur, qui saisit la tête de Goliath écrasée et décapitée, il
nous le montre dans l'instant où l'on ne sait pas encore ce qui va se
passer. On ne sait pas encore, on ne connaît pas encore l'issue du
combat et c'est cet instant précis où l'être doit se saisir dans sa
totalité corporelle que Michel-Ange a eu le génie de sculpter. Il a
sculpté en fait un instant, un impondérable. L'issue du combat est
encore incertaine, à cet instant, ce qui compte c'est la présence
avec laquelle l'être se saisit !
Nous allons regarder cette image et nous allons essayer de
reconnaître : où est-ce solide ? où y a-t-il puissance de cohésion ?
et où y a-t-il des endroits qui se libèrent de cette force de cohésion.
Ensuite, muni de ce début d'observation, nous allons essayer de
travailler les trois grandes articulations : la hanche, le genou,
l'épaule.
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Numéro spécial
Tribune du David de Michel-Ange - Firenze
Premier cliché
Vous voyez que l'œuvre est placée dans un lieu particulier, c'est un
endroit qui a été créé exprès pour abriter le « David » de MichelAnge. Il était d'abord exposé sur la place du Palais Veccio, et,
s'étant rendu compte que les intempéries le détruisaient, on a
construit une salle pour lui. Il y a une copie dans l'endroit où il était
exposé sur la place. Je peux dire qu'il accède à toute sa dimension
sous cette coupole. Comme si la grande coupole du ciel était audessus de lui et répondait à ce que Matthias Girke a appelé tout à
l'heure la « Gestalt », c'est-à-dire sa stature.
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On a réellement l'impression qu'il est encore plus grand à cet
endroit-là et qu'il prend toute sa signification et sa sensibilité sous
cette coupole. Ceci est déjà une observation qui nous montre qu'une
statue dans un endroit donne autre chose que dans un autre. Si
maintenant on traduit cela dans la vie intérieure, cela veut dire que
la coupole intérieure que nous créons quand nous regardons une
œuvre n'est pas indifférente à la qualité de ce que nous observons.
C'est-à-dire que plus nous développons en nous des concepts riches
et différenciés dans l'observation, plus l'objet que nous observons
paraît enrichi et signifiant. Et je pense que c'est un des grands
cadeaux que peut nous donner la démarche anthroposophique : en
vivifiant l'observation et en vivifiant la perception, de nous ouvrir à un
monde qui était auparavant endormi.
Deuxième cliché
Je vous laisse regarder 2, 3 minutes et puis vous allez me dire où
vous sentez le plus de poids.
Auditoire : dans la main droite, la hanche droite.
C'est très curieux, le maximum de pesanteur ne se ressent pas dans
le pied. Vous les trouvez comment les pieds ?
Auditoire : à peine posés, légers, prêts à bouger, le gauche est
moins fixé que le droit, il est posé au sol et il n'y a pas de pesanteur,
la cheville monte, on perçoit à gauche l'intention de lever le pied, le
genou droit est comme verrouillé, comme s'il tenait quelque chose.
D'un côté, c'est la pesanteur, de l'autre, c'est la libération dans les
jambes, là il est bien appuyé et l'autre jambe est souple et comme
dégagée.
On voit déjà là que les mêmes membres n'ont pas, à cet instant-là,
la même signification.
Auditoire : dans le buste au contraire, le côté droit est comme posé
sur la hanche, alors que le côté gauche tient, comme s'il y avait une
inversion. J'ai du mal à voir l'intention, le sentiment que cela exprime
parce qu'au niveau de la hanche, semble-t-il dans un état de
relaxation, comme s'il était un peu en dehors du temps, en dehors
de lui-même, il est déhanché puisqu'il est décontracté.
Il vous paraît décontracté.
Auditoire : le plus lourd semble être la main droite.
Tout à l'heure on a parlé également de la hanche droite ; est-ce que
la main droite et la hanche droite vous paraissent lourdes de la
même manière ? Arriveriez-vous à dire où est la différence ?
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Statue du David de Michel-Ange
Firenze
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Numéro spécial
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Auditoire : la main droite se fait pesante alors qu'elle n'a pas de
charge particulière, puisque le poignet est fléchi alors que la hanche
droite manifeste bien l'appui, puisqu'il y a une angulation entre la
partie basse du corps et la jambe qui forme un angle au niveau de la
hanche et qui est verrouillé au niveau de la hanche, ce qui permet
de libérer la hanche gauche. La main droite n'est pas verrouillée.
Cela est tout à fait étonnant. Comment un artiste peut-il avoir une
telle intuition, même s'il a un modèle, il ne peut pas observer cela.
C'est extraordinaire.
Auditoire : on a l'impression que la main droite et la main gauche
n'appartiennent pas à la même personne.
On peut avoir des vécus complètement différents et cela nous
permet de comprendre qu'une articulation est sans cesse traversée
d'un vécu proprioceptif différent.
Là, on s'est surtout attaché à décrire où nous ressentions la
pesanteur, on peut encore l'observer pendant plus d'une heure. On
peut observer, ré-observer.
Auditoire : à part le regard, le reste est assez désinvolte. Le genou
droit exprime plutôt de la volonté, comme l'épaule gauche d'ailleurs,
et la désinvolture est plutôt dans….
Quand on parle de désinvolture, on parle de conscience, l'état de
conscience.
On va essayer, après la pesanteur, d'investiguer la désinvolture. Où
trouvez-vous de la conscience ? Où ne trouvez-vous pas de
conscience ? Où la conscience apparaît-elle comme un point ? La
conscience apparaît-elle, ici, toujours comme un point ? Où la
conscience est-elle vécue ? Où est-elle réfléchie ? On peut voir tout
cela. On perçoit assez vite où sont les points de conscience, de
présence.
Auditoire : au front, c'est comme s'il y avait un paradoxe entre le
front et cette hanche qui me semble détendue.
Où voit-on de la conscience encore ?
Auditoire : dans le genou droit.
Ici nous retrouvons une conscience ponctuelle. La conscience est
décrite comme un phénomène apparenté à la lumière. Nous parlons
de conscience « claire » et « lumineuse ». Cette activité lumineuse
peut être comprise comme traversant la stature humaine, pénétrant
jusque dans le squelette. Il y a donc une forme de conscience
ponctuelle. Mais il y a d'autres qualités de conscience. Si par
exemple, nous regardons le torse, nous voyons comme si là, cette
conscience cherchait à évaluer intérieurement l'espace qu'elle avait
autour d'elle et pressentir ce qui allait se passer. Mais elle n'est pas
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Numéro spécial
disposée de manière ponctuelle, mais de façon plus diffuse. Il y a là
une présence très grande et vous voyez que la lumière de la
conscience n'est pas comme un point, mais comme une surface.
Puis regardons le front, la conscience du front est comme si elle
réfléchissait, elle est active, mais elle est active non pas en tant
qu'elle-même, mais en tant que réflexion.
Maintenant, muni de ces (débuts) d'expériences - ce sont des
expériences fondamentales – nous allons poursuivre ce chemin,
pour sentir s'animer la perception. Nous avons tout de suite
remarqué comment les choses deviennent vivantes, combien la
perception s'anime en nous quand nous observons de la sorte. Ceci,
il faut essayer maintenant de le saisir dans notre vision médicale
pour d'abord établir un diagnostic d'articulation et peut-être aussi
aller vers un chemin thérapeutique. Car comme vous l'avez vu, la
hanche et le genou manifestent des qualités fondamentales
différentes.
L’articulation de la hanche
Nous allons commencer par la hanche, parce qu'elle est la première
articulation à avoir été nommée. Ce n'est pas par hasard. La hanche
a été nommée parce qu'elle nous est apparue dans cette œuvre
comme étant le point de cohésion, le point qui tient toute la statue,
comme si, à ce niveau-là, il y avait l'architecture fondamentale qui
semblait donner l'appui de ce qu'il y a au-dessus, on aimerait dire
qui descend, et de ce qu'il y a au-dessous, il a été dit « ce qui
monte ». Et cela est déjà un mystère en soi que le corps humain
n'est pas construit comme une œuvre seulement architecturale. S'il
avait été construit comme une œuvre architecturale, on aurait mis
ce qui est le plus pesant en bas. On aurait mis ce qui tient en bas.
Le corps humain n'est pas construit ainsi ! Quant on regarde la
hanche, qu'est-ce que l'on voit d'abord ? L'articulation ici ne se
devine pas, alors qu'au niveau du genou le galbe est marqué. Les
os sont tout de suite en dessous. Nous avons là une articulation qui
est profondément entourée d'un vêtement musculaire important.
C'est une articulation qui semble enchâssée dans la vie du muscle,
à l'intérieur de la vie du muscle, de la chaleur du muscle.
L'articulation de la hanche, comme vous le savez tous, est formée
de la tête fémorale qui est une sphère presque parfaite ou 2/3 de
sphère presque parfaite fixée sur le col fémoral, qui lui-même est
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attaché à la diaphyse, et au-dessus de l'articulation de la hanche,
nous avons le toit du cotyle qui vient la recouvrir largement et nous
avons là une articulation profonde. Nous avons une tête qui vient
s'enchâsser très profondément dans l'os iliaque. C'est une
articulation qui, de ce point de vue là, a un contact, une sorte
d'affrontement avec les forces de pesanteur. Dans le « David », nous
avons senti que c'était l'endroit de la pesanteur. Cette articulation a
une mobilité, mais une mobilité par rapport à d'autres qui peut être
considérée comme réduite. Mais elle se meut comme un cône dirigé
vers le bas, dans toutes les directions. En fait, son mouvement est
déterminé par sa rondeur. En résumé, c'est une articulation qui se
situe au milieu du corps, qui entre profondément dans l'os, qui fait
l'expérience de l'affrontement osseux entre la tête du fémur et le
bassin et qui est entourée de muscles importants et épais.
Essayons de se représenter maintenant ce vécu articulaire, le vécu
proprioceptif, subconscient, de ce qui est vécu dans cette
articulation.
C'est dans l'articulation de la hanche que « David » semble
s'amasser à son propre corps, comme si cet endroit-là lui offrait
l'appui de toute la corporéité. Plus il prend des forces dans la
hanche, plus en haut, il accède à la légèreté.
Cette articulation est aussi soumise au rythme, au rythme de la
marche. Cette expérience nous lie à une expérience continue de la
pesanteur et en même temps à une expérience d'allégement.
Pesanteur – allégement, pesanteur – allégement. Nous pouvons
essayer par-là de nous rendre compte combien la sensation que
nous procure cette hanche est fondamentale dans notre manière de
nous ressentir en tant qu'être unique, présent dans un corps,
ressentant les forces de pesanteur dans un corps, lesté par les
forces de pesanteur, et en même temps pouvant s'en alléger.
La pathologie nous disait-elle autre chose que ce qui vient d'être dit,
sauf d'une manière plus extrême ? Qu'elles sont les pathologies de
la hanche ? Chez l'enfant ou chez l'adolescent, c'est la nécrose
aseptique, comme s'il y avait un refus, un dérobement à la
pesanteur. Chez la personne âgée, c'est la coxarthrose qui est une
usure et un dépôt. Les forces de cohésion ont succombé à la
pesanteur.
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L'environnement périarticulaire détermine dans une large mesure le
vécu articulaire. Quand le tissu musculaire autour de l'articulation et
quand la faculté de mouvement dont fait preuve l'homme se trouvent
atrophiés, l'os entre dans la pesanteur. La pesanteur n'est plus
vécue comme une expérience qui est à l'instant même surmontée,
s'intégrant dans des formes de cohésion, mais elle devient une force
d'écrasement : il y a d'abord une dégénérescence du cartilage et
puis une déformation éventuelle de la tête articulaire.
Si nous voulons traduire cela, maintenant, en termes thérapeutiques,
que dirions-nous ? Cet affrontement rythmique avec la pesanteur, ce
vécu physiologique de cohésion, de densité et de lévité, cela ne faitil pas résonner en nous un remède, une image de substance ?
Cette image, c'est Aurum, c'est l'or, qui est un des métaux les plus
lourds. C'est le métal qui crée, dans l'incarnation, dans l'organisme,
cette relation avec la corporéité et, en même temps, le fait de
pouvoir s'en dégager ; cela est l'essence du rythme ! Vous savez
que c'est le métal de la circulation, le métal du cœur. Dans la
hanche nous pouvons suivre comment l'atmosphère de l'or touche
la pesanteur, la saisit dans le rythme, l'intègre, en donnant un vécu
articulaire, fondamental dans la façon dont nous nous ressentons.
Quelle géographie, quelle géologie, cet élément or rencontre-t-il
dans la hanche ?
Les intenses pressions qui y règnent, exerçant sur la substance une
densification puissante, nous indiquent le domaine du calcaire.
Intégrant tous ces jeux de force et de contact avec la matière, il y a
la forme qui permet l'organisation, la disposition, et finalement
l'architecture de ces éléments. L'Etre qui prend cette force de
cohésion, l'intégrant dans le monde du calcaire en lui donnant
forme, c'est l'étain, Stannum.
Aussi apparaît maintenant sous forme de substances le thème de la
hanche ! Il existe une préparation qui est faite de ces 3 substances :
Apatite D6 / Aurum D15 / Stannum D10 aa, trituration. Elle me
semble traduire la réalité de cette articulation. Nous avons là l'image
fondamentale. Il faut saisir maintenant le chemin de la maladie. Si
c'est un processus dégénératif comme une arthrose où l'os est
complètement tombé dans la dénaturation, où l'articulation a
complètement sombré dans la calcification, nous aurons envie d'y
remettre de la vie, d'y remettre de la chaleur. Cette articulation vit
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dans une atmosphère de chaleur et un moyen de redonner cette
chaleur, c'est Sulfur, donné en basse dilution.
La hanche est relativement peu soumise à des phénomènes
d'épanchement, alors que d'autres articulations y sont très
exposées. S'il y a un état inflammatoire il faudra d'abord réduire,
peut-être avec Antimonium. Ensuite, il faudra revitaliser le
cartilage, cette substance encore si vivante. Il est indiqué alors de
se servir de l'organothérapie : Cartilago, par exemple. Ce sont des
traitements longs mais qui doivent être menés avec une stratégie
différenciée. Il faut d'abord réduire l'inflammation, ensuite soigner
l’articulation en même temps que la douleur. Autre caractéristique,
ce sont les douleurs de la hanche. Les douleurs de la hanche sont
vraiment continues, usantes, térébrantes et elles finissent par
atteindre vraiment jusqu'à la sensation intime d'être. Celui-ci se sent
affaissé en lui-même par ces douleurs continues. C'est une douleur
rongeante. C'est une douleur qui atteint vraiment l'essence du vécu.
Les deux hanches avec le détroit supérieur forment une voûte. Nous
pouvons ressentir une impression analogue devant un monument
roman, où la voûte installée sur ses deux colonnes, semble être
l'imagination architecturale, artistique, de ce que le squelette humain
vit dans sa profondeur. Peut-être est-ce pour cela que l'art roman
nous touche tant ?
L’articulation du genou
Revoyons le « David » (Cf. illustration page 43) et observons maintenant
le genou. Que diriez-vous du genou ? Topographie, anatomie,
environnement musculaire, puis le vécu proprioceptif du genou.
Comment sont les qualités de lumière, les qualités de pesanteur. Nous
constaterons qu'elles sont très différentes de celles de la hanche.
Auditoire : comme vous l'avez dit tout à l'heure, le genou est très
extérieur, on voit l'articulation diversement sous la peau, c'est la plus
flagrante.
Ce que vous voulez dire par-là je pense, exprime le fait que le
genou, contrairement à la hanche, est une articulation dans laquelle
on peut sentir partout la présence osseuse, sauf peut-être à la face
postérieure. L'os est partout présent dans le genou. C'est lui qui lui
donne son galbe, il y a là quelque chose de très plastique, mais
d'une manière tout à fait différente de la hanche.
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Numéro spécial
Auditoire : le genou fait penser au cheval, alors que l'on voit très
peu le genou du cheval, c'est l'indication qui exprime le caractère du
cheval, le caractère actif, tendineux, sensible, ce n'est pas quelque
chose de lourd mais quelque chose de ferme qui est assez proche
du tendon.
Ferme, tendineux, actif, sensitif. Ce sont des caractéristiques qui me
paraissent essentielles pour décrire le genou.
C'est un endroit délicat : autant la hanche est massive, autant le
genou offre quelque chose de délicat avec des interférences de
surface de concavité et de convexité qui montrent cette sensitivité.
Mais cette sensitivité est reliée aussi à toute la stature du « David ».
Il y a là un point de conscience. Est-ce un point de conscience qui
projette ou est-ce un point de conscience qui accueille ?
Auditoire : on pense aux yeux.
N'est-ce pas extraordinaire ? C'est comme s'il y avait une sorte
d'œil. Dans la conscience du front, il y a quelque chose de très
concentré qui est projeté. Il y a ici quelque chose qui perçoit et qui
est en même temps très réceptif. Mais c'est seulement la moitié de
ce qui est perceptible dans le genou. La présence de la conscience
dans le front est déterminée par ce qui se passe à cet endroit-là.
Que les genoux soient solides ou pas, cela va déterminer très
fortement la manière dont l'être va se sentir présent et actif derrière
son front. Quand les genoux sont mous ou lâches, nous nous
dissolvons. Par ses surfaces extérieures le genou absorbe la
conscience de l'espace qui est autour de lui, percevant son jeu sans
cesse réajusté avec la pesanteur.
Cette expérience du genou a quelque chose de fondamental pour le
devenir de l'humanité. Si l’on contemple l’histoire de la sculpture, on
constate comment l'homme descend de son stade divin. A un
certain moment, il n'est plus tenu par derrière. A partir de ce
moment-là il commence à fléchir le genou. Quelles différences entre
la statue égyptienne et la statue grecque ! Tout d'un coup le genou
commence à jouer et l'homme commence à appartenir à sa propre
expérience.
Auditoire : une chose qui fait suite à ce que l'on vient de dire et qui
m'a apparu à cet instant-là, c'est que le genou est à mi-hauteur du
membre inférieur et que la hanche est à mi-hauteur de l'individu.
Alors au niveau de la hanche on a Aurum, c'est-à-dire le milieu du
corps, c'est pour cela que cet Aurum peut apparaître aussi comme
étant le milieu. Et quand les gens nous disent j'ai mal à la hanche,
souvent ils parlent du bas du dos, mais ils savent bien qu'il y a de la
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Numéro spécial
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force à ce niveau-là et qu'ils peuvent chercher les forces en
profondeur.
Donc on voit que dans le genou il y a des qualités sensitives tout à
fait autres que celles de la hanche.
Sur le plan anatomique, vous savez que le genou possède deux
condyles qui viennent dans deux cavités, glénoïdiennes et au milieu
de ceci surgissent les deux épines tibiales. L'articulation n'est pas
du tout aussi enfoncée dans la matière qu'au niveau de la hanche.
C'est comme si tout ce qui a été dit à propos de la surface se
retrouvait à cet endroit-là. Les reliefs articulaires sont à peine
marqués. Et entre les deux cavités glénoïdiennes, se dressent
justement les deux épines tibiales qui sont séparées par un sillon.
Nous passons sans cesse de cavité, de concavité en convexité. Et
puis, le genou n'est pas entouré de muscles. Le genou est un
organe de tendons. On a le tenseur du fascia lata qui vient de
l'extérieur participer aux ligaments latéraux externes et à la capsule
articulaire du genou ; il y a, devant, le quadriceps antérieur qui vient
mêler ses tendons au droit antérieur pour former le tendon rotulien
supérieur et puis il y a ce muscle extraordinaire qui part de l'épine
iliaque antéro-supérieure et vient croiser toute la cuisse, ce muscle
extraordinaire, qui est le muscle couturier. Celui-ci vient finalement
s'insérer, participer à la formation des ligaments latéraux internes
du genou. Et puis au milieu de ces deux articulations, nous trouvons
ces deux cupules pleines et concaves de chaque côté que forment
les ménisques. Les ménisques qui sont en fait le prolongement de
la nature fibreuse vers l'intérieur, installés ainsi, différenciés en tant
qu'organes, prenant appui et s'insérant au niveau des tendons,
comme décrit tout à l'heure, et qui viennent compléter, harmoniser
sans cesse les effets de la pesanteur qui se vit entre ces deux os.
Le genou se manifeste aussi comme un organe rythmique mais si
différemment de la hanche ! Le rythme qui est vécu là est beaucoup
plus en relation avec l'environnement. Cette qualité sensorielle est
liée à cette enveloppe tendineuse. Le tendon est beaucoup plus
sensitif que le muscle. Il a été dit que le tendon se rapproche
presque du nerf. C'est pourquoi la pathologie du genou va naître de
manière différente de celle de la hanche. Dans la hanche, elle naît
du fléchissement de la chaleur du métabolisme et du fait que
l'affrontement de la pesanteur est directement accusé. Ici, la
pathologie du genou va apparaître à partir de tout ce qu'il y a autour,
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à partir du tendon. Dans le genou, ce sont les tendons qui forment la
cohérence et la solidité du genou, alors que dans la hanche c'est
l'impaction de l'os à l'intérieur de l'os. La hanche, c'est la solidité,
elle est de nature architecturale, alors que ce qui donne la solidité
dans le genou est de nature plus sensitive. Ce sont comme des
haubans qui sont tirés par l'énergie des tensions même qu'ils
génèrent, c'est la tension entre les haubans qui va créer la solidité
du genou.
Lorsque cette expérience tendineuse, sensitive, n'est plus parcourue
par toute cette richesse sensorielle que nous avons vécue et que
nous avons essayé de décrire entre le haut et le bas et entre ces
deux types de consciences, cette expérience devenue incomplète
est ramenée vers le vécu articulaire osseux et les instruments de
pesanteur, au lieu d'être réparti entre ces muscles qui se
concentrent à la périphérie du genou, vont attaquer différemment
l'os. Ainsi pour soigner le genou, il faut tout d'abord réactiver la
sphère sensorielle. Alors que pour l'os nous allons agir directement
sur lui, dans la matière, dans le genou nous allons d'abord réactiver
la capacité sensorielle. On ne commencera plus par l'or, mais par ce
qui a à voir avec la silice, avec Equisetum, ou avec la silice
ramenée sur le plan colloïdal, comme par exemple dans Solutio
Siliceae, en basse dilution en D3 ou D6. Puis, quand est réanimée
cette capacité sensorielle du genou, les traitements des lésions
arthrosiques seront beaucoup plus efficaces. Nous aurons ainsi créé
un relais qui pourra saisir et métaboliser les substances données au
genou. A ce moment-là l'or a aussi sa raison d'être, parce qu'il y a
aussi un affrontement avec la pesanteur. Mais d'abord nous aurons
dû passer par la silice.
Dans le genou, l'action des onguents, des pommades va être
primordiale, parce qu'elle va permettre de réanimer cette
sensorialité du genou. A partir de Symphytum, Equisetum, Arnica
et puis Stannum. Nous pouvons donner par exemple Symphytum
le matin et Stannum le soir. Il faut ré-amener la perceptivité du
genou à un état actif. Dans le genou, nous pouvons penser
également à un autre métal, le cuivre : par exemple appliquer la
pommade Cuprum, à alterner avec Equisetum. Et puis, le genou
possède une qualité grandement plastique mais ressentie comme
différente de la hanche. C'est Hermfried Kunze qui indique
l'aluminium, Alumen. L'aluminium n'a pas la plastique unitaire de
l'étain, dans une forme unique, mais la plasticité vivante de l'argile
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qui vit sous les doigts et qui prend naissance. Alumen romanum
n'existe pas en tant que tel, mais lié à Aesculus cortex dans une
préparation Weleda. Là aussi il faudra ensuite réanimer le cartilage
avec Cartilago, avec Mésenchyme (en France T.R.E.). Avec ces
remèdes joindre le soufre, le cuivre.
Avez-vous lu récemment dans la presse une étude qui montrait que
dans l'arthrose du genou, les Granions de cuivre® ont démontré leur
efficacité, Granions de cuivre® 1 à 3 fois par jour. N'est-ce pas
extraordinaire de lire cette indication quand nous avons compris la
sensibilité du genou !
Contrairement à la hanche, le genou vit dans un grand mode
réactionnel, inflammatoire, avec des épanchements. Donc avant de
traiter le genou, il faut d'abord réduire l'épanchement, l'inflammation,
à l'aide de Bryonia ou Apis, en moyenne dilution. D'abord il faut
assécher, puis seulement réactiver la sensitivité autour du genou,
parce que si la sensitivité est réactivée sur une inflammation, celle-ci
va s'aggraver. Ensuite nous redonnons vie à la sensitivité du genou
puis nous traitons l'arthrose.
Comment analysez-vous la dualité du genou avec ses deux
condyles ? C'est une articulation unique qui porte déjà quelque
chose de double, c'est seulement un état d'ébauche. Nous ne
sommes plus dans l'unité comme dans la hanche, mais dans
quelque chose de plus différencié. Le fait d'avoir quitté cette unité
primordiale laisse au genou la capacité de perceptivité extérieure.
Le genou ne peut se mouvoir seulement que dans une direction, il a
une grande mobilité mais seulement dans le plan sagittal.
L’articulation de l’épaule
L'épaule possède une articulation complètement différente. L'épaule
est à l'extrémité du tronc, elle n'est pas incluse dans un schéma
d'architecture, de pesanteur, comme chez l'animal. Quand nous
avons parlé de l'épaule, nous avons discerné un sentiment de
grande potentialité. Nous ne lisons pas directement la fonction
corporelle où le soutien de l'épaule et du bras, alors que chez
l'animal, le squelette exprime immédiatement la fonction que va
délivrer l'animal. Chez l'homme, il n'en est pas ainsi. Justement par
le bras, par le membre supérieur, la nature et la stature humaines se
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délivrent du déterminisme de la pesanteur. Ce qui fait que l'activité
s'exprimant à travers l'épaule va se définir ou s'animer directement
de tout ce que nous voyons vivre dans le thorax. Et ce qui va faire
bouger l'épaule, c'est beaucoup moins de type réflexe, de stature ou
de posture, mais une activité beaucoup plus consciente et beaucoup
plus finalisée. Ainsi, à travers l'épaule, la corporéité humaine se
donne la capacité de pénétrer le mouvement d'âme, de vécu
intérieur, qui est élaboré ici dans le thorax. Ce dernier est bombé
sous la puissance de la force du sentiment qui va pouvoir s'écouler
dans l'épaule et s'effectuer à travers le geste.
Et même sur le plan anatomique, l'épaule est construite ainsi. La
hanche était solidement implantée dans l'os iliaque. L'épaule, elle,
est implantée dans l'articulation gléno-humérale et donc l'omoplate,
et vous savez que l'omoplate est un os qui est suspendu par les
muscles. Un os de surface entraîné par le mouvement des muscles,
qui ne tient aux autres os que par les ligaments acromioclaviculaires et n'est pas enchâssé dans la structure de pesanteur.
Encore un pas et cela pourrait devenir des ailes. Nous nous sentons
léger dans les omoplates, la tâche de l'épaule est de délivrer de la
pesanteur, puis de pénétrer le mouvement vécu du bras qui s'anime,
s'exprime à partir du thorax. Alors que voyons-nous ? Le grand
muscle pectoral, qui prend ses insertions au niveau de tout le gril
costal et qui va se résumer dans un tendon, lequel va s'attacher sur
la face externe et supérieure de l'humérus ! Et puis, à l'arrière, le
grand dorsal qui prend ses insertions jusque sur la crête iliaque,
puis sur le thorax, et qui va s'insérer ensuite sur la face interne de
l'humérus ! En fait, nous observons comment l'épaule est entourée,
protégée et que son activité procède de tout ce qui se passe dans le
thorax.
Ensuite, il faut décrire les muscles propres de l'épaule qui sont les
muscles de la coiffe des rotateurs, le sous-scapulaire qui prend
naissance sur la face antérieure de l'omoplate et va s'insérer sur la
face antérieure de l'humérus. Et puis, à l'arrière, le sous-épineux et
le rhomboïde qui, à partir de l'omoplate, vont s'insérer sur la partie
inférieure et postérieure de la tête de l'humérus. En haut, le tendon
du sus-épineux, vous savez que c'est le tendon essentiel, c'est celui
qui peut se rompre. Dans les symptomatologies de l'épaule
douloureuse, les tendons de la coiffe des rotateurs, au cours de
l'âge, ont tendance à s'atrophier. C'est une évolution physiologique,
ces tendons dégénèrent chez l'homme âgé pour arriver à ne
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presque plus exister. De ce fait, le vieillissement de l'épaule se
manifeste par une ascension de la tête humérale. La tête humérale
se décentre, ce qui va entraîner un frottement du tendon du susépineux contre l'acromion. Le tendon va se râper et menacer de se
rompre. C'est ce qui constitue les lésions du sus-épineux que nous
avons tous recherché par des manœuvres que vous connaissez ou
par un arthroscanner ou une IRM. C'est l'élément décisif de la
pathologie de l'épaule.
En disant cela, je manifeste le fait que la pathologie de l'épaule est
une pathologie des muscles. C'est une pathologie des muscles, de
l'endroit ou le muscle devient tendon. Le vécu proprioceptif de
l'épaule est extrêmement riche, beaucoup plus étendu que celui du
genou, et qu'il ne suffit pas que l'épaule soit remise en place pour
que se réanime le vécu proprioceptif. Un des chirurgiens, avec qui
nous avons fait une FMC sur l'épaule, nous disait qu'il avait été
amené à opérer quelqu'un qui faisait beaucoup d'escalade et avait
une pathologie de l'épaule. Anatomiquement, tout a été remis en
place, mais lorsqu'il revint à la consultation il dit : « apparemment je
peux bouger partout, mais je n'ai pas retrouvé mes sensations de
l'épaule ». Il a été amputé d'une partie de lui-même bien que
l'anatomie soit intacte ! S'il n'avait pas retrouvé ses sensations, c'est
que le mouvement était amputé et que l'épaule n'avait pas réhabilité
totalement sa fonction.
Donc, l'articulation est un organe à travers lequel s'écoule la vie de
l'âme. Quand nous avons à soigner l'épaule, nous devons
considérer tout d'abord la vie de l'âme, la vie du psychisme qui interpénètre complètement le mouvement. Avant de traiter une épaule, il
faut examiner comment, dans son épaule, le patient intègre cette vie
de l'âme, comment est disposée la qualité de chaleur dans cette
épaule ? Peut-elle faire passer la vie de l'âme dans l'épaule ? Vous
avez par exemple ces patients, souvent des hommes, qui ont une
masse musculaire au niveau du cou énorme, et une épaule qui est
engoncée dans le muscle, donnant l'impression que l'épaisseur du
muscle empêche la chaleur de s'exprimer. Ils apparaissent en
quelque sorte emprisonnés dans leur propre chaleur. Il faudra les
délivrer de leur chaleur. Après, vous avez la petite boulangère qui
vient vous voir à la fin de la semaine, qui a frotté ses vitres et qui a
une épaule complètement pétrifiée. La capacité de chaleur de cette
épaule-là est inexistante et il faut surtout ne pas la traiter comme la
première épaule. On a l'impression d'avoir affaire à une épaule
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E.M.P.R. - Correspondances Médicales Eté 2002 / n° 14 -
Numéro spécial
vitrifiée, à une épaule de verre, une épaule qui n'est plus que
sensorielle.
C'est cette vie de l'âme qui se déverse dans l'épaule, elle se
déverse par la chaleur que nous pouvons y mettre. Nous habitons
un muscle, dans la chaleur, et nous sentons le mouvement de
l'extérieur, l'amplitude du mouvement possible, l'intuition du
mouvement par la qualité proprioceptive de l'organe de l'articulation
de l'épaule. Il faut toujours examiner le patient avant de le traiter,
percevoir comment vit la chaleur, comment vit cette sensorialité.
Et puis, troisièmement, il faut examiner comment est la capacité
générale du sujet à régénérer la chaleur, à régénérer cette
sensorialité. Si vous avez derrière cette épaule, un être qui est
complètement affaissé dans sa vitalité, c'est d'abord par là qu'il faut
commencer, même s'il a une épaule extrêmement douloureuse qui le
réveille la nuit. S'il est complètement asthénique, dévitalisé, vous
risquez d'aggraver la pathologie douloureuse de l'épaule en donnant
des remèdes sur un substrat hypersensible.
Donc, nous observons l'épaule, à travers les muscles et nous
essayons de travailler avec la chaleur et l'activité sensorielle. Il faut
savoir utiliser la chaleur, et surtout l'utiliser en rapport avec la
sensorialité. Il existe différents remèdes de chaleur. Il y a Apis, qui
est la chaleur inflammatoire et qui est la chaleur presque dégagée
terrestre, la chaleur du soleil qui vit dans l'atmosphère, qui se traduit
par une aggravation presque immédiate. Si vous avez le malheur de
donner Apis en D8 à la petite boulangère qui a son épaule bloquée,
vitrifiée, lorsque vous la reverrez le lendemain, elle ne va pas être
contente ! Vous avez affaire là à un être impatient, mais qui n'a pas
les capacités physiologiques de métaboliser la chaleur. Donc il
faudra d'abord lui donner cette capacité de métaboliser la chaleur en
revitalisant tout ce qui est autour. C'est un type de chaleur différent,
plus accrochée au terrestre : Formica. Puis il y a la chaleur qui vit
dans le métabolisme. Cette chaleur que présentait ce premier
patient, c'est la chaleur Sulfur, la chaleur qui est enfouie dans le
métabolisme, qui gonfle sur la surface articulaire et qui ne peut pas
s'éclater, se libérer dans le mouvement qui est limité. Ceci est le
troisième type de chaleur.
Il y a encore un autre type de chaleur, c'est celle de Plumbum, celle
du plomb, la chaleur infuse, cette chaleur primordiale. Le plomb est
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aussi un remède de la métamorphose de la chaleur. Ce métal qui
fond le plus rapidement, qui est le plus accessible à la chaleur, est
utile dans les pathologies de l'épaule de la ménopause, qui sont très
fréquentes, où justement l'enjeu est la transformation de la chaleur. Il
est utile dans la calcification périarticulaire, dans la périarthrite
calcifiante. Il ne faut pas forcément avoir peur d'une grosse
calcification. Une calcification, quand elle fait mal, c'est qu'elle a
rompu la gaine dans laquelle elle était. Une calcification qui est
complètement incluse dans sa gaine ne fait pas mal, elle fait mal à
partir du moment où une réaction inflammatoire cherche à la
dissoudre du fait de son irruption dans les tissus. Et, bien souvent,
ces calcifications ont tendances à se dissoudre elles-mêmes. Cela
s'observe sur les radios par des stries, et là vous dites au patient :
« vous avez mal, mais vous êtes en train de guérir de votre épaule ».
Il faut simplement savoir avec quelle chaleur on va travailler là, en
fonction du patient, en fonction de la manière dont est née la
pathologie de l'épaule.
Et puis, un autre grand remède de l'épaule, c'est l'équivalent
d'Aurum que nous avons vu un peu dans le genou et dans la
hanche. Mais là, nous avons une articulation qui n'est pas soumise
à la pesanteur. Le rythme, comment allons-nous le guérir ? Le
problème de l'épaule, c'est de faire passer les facultés de l'âme
dans le mouvement. C'est faire passer l'âme dans les muscles.
C'est comme une image du fer, le fer qui transporte les facultés
d'âme jusque sur le plan métabolique, donnant ainsi le fondement
au mouvement. Par Ferrum, nous faisons ressurgir la géographie
sensorielle traversée par le fer et non par l'or.
Nous pouvons essayer de percevoir comment l'épaule est tombée
malade. Est-ce qu'elle est tombée malade par l'arrière ou par
l'avant ? A l'avant, on a dans cette lumière du thorax l'expression de
la vie consciente. Au contraire, par l'arrière, on a la pulsion,
l'impression de la force, le courage qui naît dans le monde de
l'arrière. Avoir du courage, c'est avoir quelque chose qui tient à
l'arrière. L'épaule peut tomber malade, soit parce que le devant est
surmené et que la vie du sentiment s'épuise dans une activité
rythmique que l'organe ne peut plus retenir et qui devient
mécanique, soit par ce que l'arrière ne tient plus ou qu'il étouffe. Ce
sont à chaque fois des situations différentes.◆
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Numéro spécial
Polarités Inflammation – Sclérose,
Arthrite - Arthrose
Dr Joseph Hériard Dubreuil
Le sujet choisi est donc la polarité inflammation et sclérose, puis
arthrite et arthrose. Ce qui laisse entendre qu'il y a une opposition
entre les deux termes, entre inflammation et sclérose et entre
l'arthrite et l'arthrose. Et vous allez voir que le sujet n'est pas si
simple.
Partons de l'inflammation. L'inflammation nous la connaissons bien
et c'est un sujet bien connu de ceux qui exercent la médecine. Ici
nous avons à faire à l'inflammation en ce qui concerne l'articulation
et l'intitulé qui a été donné est à peu près juste, l'inflammation de
l'articulation s'appelle une arthrite. Il y a cependant une petite
nuance. Lorsque R. Steiner parle de l'inflammation, il donne comme
exemple l'inflammation qui devient abcès. L'inflammation est une
tendance de l'organisme à s'enflammer et cela évolue naturellement
vers l'abcès. Or si nous appliquons ceci à l'inflammation de
l'articulation, nous n'avons pas cette notion-là. Il y a bien
l'ostéomyélite, mais c'est une infection de l'os lui-même et pas
directement de l'articulation. Dans la mesure où l'ostéomyélite
gagne l'articulation, alors l'articulation elle-même est touchée. Mais
vous voyez qu'au départ c'est une inflammation qui touche l'os. Ce
n'est donc pas du tout la même chose.
Nous avons donc cette remarque à faire qui est importante. Dans
l'inflammation, nous avons un processus qui aboutit à l'infection et
dans l'arthrite nous avons une inflammation qui en général ne va
pas donner d'infection par la suite. Ceci se traduit dans la
thérapeutique avec le médicament clé de l'inflammation que nous
connaissons tous et que nous utilisons abondamment : c’est la
conjonction Apis/Belladonna. Lorsque les basses dilutions étaient
encore autorisées on donnait Apis D2 / Belladonna D2. Maintenant
il faut recourir à des dilutions un peu plus hautes, on donnera Apis
D8 / Belladonna D3 aa. S'il y a une inflammation pure, on donnera
également ce médicament, et si cela évolue vers l'infection, vers la
formation de pus alors on va ajouter un deuxième médicament qui
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Numéro spécial
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est Carbo D1 / Sulfur D2 aa qu'on donnera en alternance. Voilà le
traitement de base de la plupart des inflammations.
Dans le cas d'une arthrite assez simple, il n'est pas question de
donner Carbo/Sulfur, cela n'est pas justifié car il n'y a pas cette
deuxième partie de l'inflammation évoluant vers l'infection. Et puis, il
y a une autre nuance, ce n'est pas Belladonna que nous allons
donner pour l'inflammation de l'articulation, c'est Bryonia, plus
précisément la composition Apis/Bryonia (en France, associer
Apis D8 et Bryonia D3). C'est cela qui est véritablement le
médicament le plus efficace de l'arthrite, de l'inflammation isolée de
l'articulation.
Ceci nous introduit dans cette distinction qu'il y a à faire et vous
allez voir que cela se complique lorsqu'il y a des distinctions à faire
entre l'inflammation en général et l'inflammation articulaire.
Un mot sur ce qu'est véritablement le processus inflammatoire.
Parce que l'on ne peut pas parler de cela sans évoquer tout ce que
R. Steiner a dit à ce sujet. C'est, dit-il une tendance très profonde
de l'être humain. Cette tendance inflammatoire c'est quelque chose
avec laquelle nous devons compter. C'est quelque chose qui a sa
raison d'être. Lorsqu'il y a un processus inflammatoire au sens
propre à l'homme, alors nous avons à faire à quelque chose qui est
une exagération de ce processus qui normalement est partout
présent, qui est une sorte d'inflammation retenue présente dans
l'ensemble de l'organisme. Lorsque R. Steiner évoque cela, il
évoque en particulier le phénomène qui a donné naissance à l'œil. Il
faut voir, dit-il, dans la genèse de l'œil, quelque chose comme un
processus inflammatoire vécu non pas comme un processus
inflammatoire mais raisonné, il faudrait dire « embrigadé », tenu en
laisse, et que l'organisme laisse évoluer d'une manière saine. Et
cela ne dépasse pas ses limites.
La première fois qu'on entend ces mots-là, on a du mal à
comprendre. Il faut beaucoup réfléchir pour se rendre compte qu'il y
a là une perception très fine de ce qui est véritablement à l'œuvre
dans l'organisme de l'homme, et en particulier au moment de
l'embryogenèse. Il y a donc un processus normal pour l'œil que
nous appellerons processus inflammatoire, mais maintenu dans les
limites, et puis, dans tout le reste de l'organisme, nous avons aussi
ce processus inflammatoire, mais qui lui-même doit être maintenu
dans les limites, c'est ce qui donne la vitalité en général. On peut
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Numéro spécial
presque identifier ce processus inflammatoire non pathogène, non
pathologique, avec l'ensemble de l'activité que R. Steiner désigne
sous le nom d'éthérique ou corps éthérique.
Si vous voulez avoir une petite idée, une idée un peu pratique,
concrète, de ce que R. Steiner entend par ce qui se manifeste dans
le corps éthérique, il faut penser à un phénomène inflammatoire qui
sera maintenu dans des limites justes. Et donc, lorsque nous avons
une inflammation au sens propre, un processus inflammatoire qui
devient pathologique, alors nous avons tout simplement à un endroit
de l'organisme ce processus qui ne prend pas toute la place, mais
une place beaucoup plus importante qu'il ne devrait pas. Et ceci se
fait forcément au détriment de l'ensemble de l'équilibre de la totalité
de l'organisme. Et les médicaments que nous avons cités ont pour
effet de restaurer ce processus et d'équilibrer l'ensemble. Voilà
comment nous devons le concevoir. Vous voyez que ce n'est pas du
tout ce que la Faculté nous enseigne aujourd'hui, où l'on considère
que dès qu'il y a inflammation, il faut donner des anti-inflammatoires.
Et là ce n'est pas du tout le cas, on considère que c'est un
processus qui a débordé de son domaine mais qui en réalité est
juste. Donc les médicaments qui sont préconisés pour l'inflammation
n'ont pas pour but d'arrêter l'inflammation, mais de la rééquilibrer.
Nous allons prendre un exemple simple, celui de l'arthrite. Prenons
une arthrite très simple, parce que souvent nous avons des
phénomènes beaucoup plus compliqués dans l'arthrite ; peut-être
que l'exemple le plus simple, c'est celui qui est connu sous le nom
de rhume de hanche. Vous connaissez cela. En général, un enfant
de 7-8 ans, 11-12 ans. Cette vieille expression de rhume de hanche
est très intéressante parce qu'elle nous éclaire sur le phénomène
qui se passe dans cette mono-arthrite. En effet, cette mono-arthrite
typique, comme vous le savez, se résout en quelques jours.
Souvent d'ailleurs en ne faisant rien, il suffit de rassurer les parents.
Si l'on veut donner un traitement, on donnera de préférence
Apis/Bryonia (en France, associer Apis D8 et Bryonia D3) qui est
celui qui marche le mieux per os. Ce n'est pas nécessaire de donner
plus de médicaments, éventuellement on donnera Apis D8 / Bryonia
D3 / Rhus toxicodendron D4 aa.
Pour des raisons dans lesquelles nous n'allons pas entrer maintenant,
il y a donc cette inflammation qui naît dans une articulation et qui
engendre une douleur, une certaine chaleur et en particulier une
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douleur, puis une enflure de la hanche. En général, ceci rentre dans
l'ordre très facilement.
Penchons-nous maintenant sur ce qu'est cette mono-arthrite très
simple et la raison d'être de cette inflammation. Eh bien, nous
devrons dire que la raison générale, c'est quelque chose qui ne
devrait pas pénétrer dans cette articulation. C'est probablement cela
et bien entendu cela nous échappe. Ce qu'il y a aussi d'intéressant
dans cet exemple de l'arthrite de hanche simple, c'est cette
expression de rhume de hanche, très vieille expression qui est a
l'origine du mot que nous employons couramment, le mot :
rhumatologie. La rhumatologie, ce n'est pas quelque chose qui a à
voir avec le rhume du nez, mais précisément avec le rhume de
l'articulation. Que signifie cette expression : que l'articulation attrape
un rhume ? Eh bien, c'est en liaison avec l'écoulement. Cet
écoulement n'apparaît pas, il reste interne, mais les anciens
médecins qui nous ont précédés avaient certainement cette notion
que lorsqu'il y a inflammation articulaire, il y a quelque chose qui
s'écoule et qui reste à l'intérieur ; mais il y a quand même quelque
chose qui coule d'où l'expression de rhume et de rhumatisme en
général. Cet exemple très simple est à l'origine au fond de tout
phénomène rhumatologique quel qu'il soit, et c'est pourquoi on
emploie le mot de rhumatologie.
Mais si nous voulons bien comprendre de quoi il s'agit, il faut tout de
même aller plus loin et prendre un exemple légèrement plus
compliqué. Nous allons prendre celui de la goutte. Dans la goutte,
nous avons aussi une arthrite, en général une mono-arthrite
beaucoup plus inflammatoire que l'exemple précédemment cité.
Nous avons là un phénomène inflammatoire où tout y est, en
particulier une douleur beaucoup plus grande, une douleur massive,
empêchant le sommeil complet pendant une ou plusieurs nuits. Et
nous avons tous les signes de l'inflammation, y compris la rougeur,
la douleur brûlante et c'est un phénomène d'inflammation que l'on
pourrait dire le plus typique qui soit et cette fois à côté d'une
articulation.
Vous voyez bien la différence avec ce que nous avons dit tout à
l'heure sur l'abcès. Nous avons bien dans la crise de goutte l'aspect
inflammatoire, mais l'aspect inflammatoire pur. En général, il n'y a
pas de raison pour que cela évolue vers la formation de pus. Vous
voyez bien la différence entre l'inflammation appliquée aux
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articulations et l'inflammation appliquée en général à toute autre
partie du corps, où il y a formation de pus.
Quel est en réalité le phénomène qui est à l'origine de la goutte ?
C'est comme vous le savez le dépôt d'acide urique dans cette
articulation, à un endroit où il n'a rien à faire. Pourquoi cet acide
urique se dépose-t-il ? Parce qu'il est en excès. Et pourquoi y en at-il en excès ? Parce que l'on a trop mangé de certaines nourritures.
Cela tous les goutteux le savent et s'ils ne le savent pas, il faut le
leur apprendre. Mais cela n'est pas suffisant. Il ne suffit pas d'avoir
fait une suite de bons repas bien arrosés pour faire une crise de
goutte. Il faut encore qu'il y ait une prédisposition, et cette
prédisposition, si nous voulons la comprendre, elle est dans cette
incapacité de l'organisme de poursuivre jusqu'à son terme le
phénomène digestif. C'est principalement de la digestion des
protéines dont il s'agit.
Au fond, si nous avons à faire à un gros mangeur qui digère bien,
alors il peut continuer à être gros mangeur, il aura peut-être de
l'obésité, mais il n'a pas de raison d'avoir une crise de goutte. Alors
que nous aurons des crises de goutte même chez des sujets
maigres. Donc, ce n'est pas uniquement en rapport avec la prise de
nourriture, mais le véritable phénomène qui est à l'origine, c'est
cette incapacité de digérer jusqu'au bout. Ceci pour ceux qui sont
familiers avec l'enseignement de la médecine anthroposophique,
doit nous rappeler quelque chose que l'on voit en particulier dans le
diabète, qui est l'incapacité de digérer le sucre jusqu'au bout et donc
le sucre non totalement digéré s'accumule et puis s'accumulant, il est
évacué par les reins. Ce n'est pas du tout la fonction du rein
d'évacuer le sucre, et finalement, il en résulte une pathologie du
rein.
Encore un autre exemple, la digestion insuffisante des protéines
provoque une élimination, là encore rénale, des protéines, la
protéinurie. La cause doit être cherchée dans une insuffisance de la
fonction pancréatique. La véritable cause de la protéinurie, c'est une
insuffisance pancréatique, l'effet sur le rein est secondaire parce
que, là encore comme dans le diabète, le rein est obligé d'éliminer
de l'albumine alors que ce n'est pas son rôle. C'est cette élimination
qui abîme le rein, qui peut aller jusqu'à la destruction totale du rein.
Le remède est donc un remède tiré de pancreine. En général, c'est
Ferrum sidereum D10 / Pancreine D8 aa, de manière à susciter
cette digestion complète des produits de l'alimentation.
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Nous avons dans l'origine de la crise de goutte quelque chose qui
est du même ordre, mais qui ne fait pas exactement le même effet,
c'est cette accumulation d'urates à l'intérieur de l'organisme,
l’accumulation d'urates dont l'élimination ne se fait pas. Lorsque l'on
lit l'ouvrage de R. Steiner où ce phénomène est parfaitement
expliqué, on a l'explication suivante : c'est que la digestion, comme
vous le savez, doit être opérée par le Moi, c'est le Moi qui jusqu'au
bout, jusqu'à l'extrémité, doit faire disparaître tout caractère étranger
à ce que nous avalons par la nourriture. Lorsque cette insuffisance
du Moi se manifeste dans le domaine de la digestion des composés,
des urates, alors le moi étant incapable de faire ce travail s'en
reporte, comme le dit R. Steiner, au corps astral qui va essayer,
mais qui ne va pas y arriver, de faire cette digestion totale, cette fin
de digestion qui n'a pas été faite de tous ces composés d'urates. Et
comme ce n'est pas son rôle et qu'il n'est pas outillé pour le faire, le
corps astral fait le travail à moitié et il en résulte une excrétion qui se
fait, mais qui se fait à des endroits où l'élimination n'est pas
possible. Et ce sont les interstices articulaires. C'est cela qui est à
l'origine de ce dépôt d’acide urique dans les articulations que nous
connaissons, principalement celles du gros orteil, mais il peut y en
avoir d'autres.
Voilà le phénomène qui est à l'origine de l'accumulation de l'acide
urique et donc de la crise de goutte. La crise de goutte elle-même
est une réaction inflammatoire type, avec tous les éléments de
l'inflammation, beaucoup plus que dans le premier exemple cité.
Nous avons cette réaction inflammatoire massive du Moi qui est à
l'œuvre cette fois-ci, qui essaie de chasser comme il peut, mais il n'y
arrive pas, cette concrétion d'acide urique qui s'est faite à cet endroit
du corps, alors que ce n'est pas sa place.
Comme vous le savez, ceci n'aboutira jamais à la formation de pus
en général, ceci va se résoudre plus ou moins et on va donner un
certain nombre de médicaments pour cela. Les médicaments pour
la crise de goutte sont principalement : Bryonia, Arnica. En
général, on donnera en alternance les compositions suivantes :
Aconium napellus D3 10 % / Arnica D1 10 % / Bryonia D2 10 % /
Excipient q.s.p. 100 % et Colchicum autumnale D2 10 % /
Sabina D3 10 % / Excipient q.s.p. 100 %. Là nous reconnaissons
quelque chose qui est parfaitement connu, c'est l'action de
Colchicum dans la crise de goutte. Mais en médecine
anthroposophique, on ne donne pas seulement la colchicine - on
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donne Colchicum et non pas colchicine - mais on alterne avec
l'autre composition comprenant Bryonia. Et puis, si l'on a affaire à
une crise de goutte aiguë, on ne se privera pas d'utiliser
Apis/Bryonia (en France, associer Apis D8 et Bryonia D3) et
principalement en injectable. On peut résoudre une crise de goutte
très aiguë en faisant des injections d'Apis/Bryonia proches de
l'articulation enflammée, plusieurs fois dans la journée.
L'exemple de la crise de goutte est un bon exemple de ce qu'est ce
processus inflammatoire articulaire, qui comme vous le voyez ne
s'identifie pas du tout, bien qu'il en soit proche, au processus
inflammatoire en général. Il a quelques caractéristiques très
particulières. Voilà ce que l'on peut dire sur ce processus
inflammatoire appliqué aux articulations.
Maintenant que peut-on dire de l'opposé de ce processus
inflammatoire ? C'est ainsi que l'on peut poser le problème. Comme
vous le savez, c'est une des constantes de la médecine
anthroposophique, du raisonnement de R. Steiner, on cherche le
phénomène qui se trouve en polarité avec le premier phénomène
que l'on a décrit. On a donc pour ce premier phénomène,
inflammation. Qu'elle est donc le phénomène qui est en polarité
avec l'inflammation articulaire ? Une première idée pourrait se
présenter à l'esprit, c'est de dire que la polarité de l'arthrite c'est
l'arthrose. Tel qu'est rédigé le thème de la conférence, on pourrait
croire que c'est cela. Vous allez voir qu'il n'en est rien et c'est
beaucoup plus compliqué. Rien ne nous permet de dire en effet que
l'arthrose est le pendant de l'arthrite, qu'elle est polairement
opposée à l'arthrite. On dit couramment dans la médecine que nous
avons apprise à la Faculté, que l'arthrite fait le lit de l'arthrose, ce
qui est juste, disons une longue vie d'arthrites successives va
finalement engendrer de l'arthrose. C'est vrai, mais ce n'est pas la
seule raison, loin de là. Et puis, nous avons des arthroses qui
surgissent dans des articulations qui n'ont jamais été le lieu
d'inflammation, d'arthrite. En réalité, l'arthrose est un phénomène
beaucoup plus subtil et beaucoup plus compliqué à percevoir que la
simple polarité avec l'arthrite.
Essayons de faire le point sur ce sujet. Revenons sur ce que disait
Rudolf Steiner sur l'inflammation et que nous avons rappelé tout à
l'heure avec le processus formatif de l'œil. Dans cette conférence où
il explique que nous avons le processus inflammatoire à l'état sain,
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dans le processus formatif de l'œil, c'est là qu'il ajoute quel est le
processus qui est en polarité avec le premier, avec le processus
inflammatoire, eh bien dit-il, c'est le processus tumoral.
Nous avons donc comme véritable opposition au processus
inflammatoire le processus tumoral. Et de même qu'il a donné
comme exemple d'un processus inflammatoire juste, maintenu dans
des limites normales, un processus inflammatoire sain, la formation
de l'œil, nous avons comme polarité à ce processus inflammatoire
sain un processus tumoral sain, c'est-à-dire à sa place, non
pathogène : c'est le processus de formation de l'oreille. Nous avons
avec le processus de formation de l'œil et le processus de formation
de l'oreille, deux exemples de processus qui dans toute autre partie
du corps sont pathologiques, donnant soit l'inflammation, soit la
tumeur, et qui à cette partie-là et à cette période de la vie tout à fait
embryonnaire, sont à considérer comme des processus sains.
J'invite les médecins que nous sommes à prolonger leurs réflexions
et leurs méditations intérieures sur les patients qui viennent nous
voir. Regardez bien, dit R. Steiner, comment se fait chez eux le
processus de vision et vous aurez une idée sur ce qui est présent
dans leur corps éthérique. Et il ajoute, regardez bien comment ils
entendent, regardez bien comme se fait le processus auditif chez
eux et vous aurez aussi une idée de ce qui se passe dans leur corps
astral. Vous voyez, la polarité se poursuit.
Nous avons ce phénomène sain, physiologique, la formation de
l'oreille qui est comme une sorte de formation d'une tumeur, mais
maintenue dans des justes limites et qui ne donne pas une tumeur,
mais un organe de perception des sons. Et puis, nous avons ce
processus à une autre période de la vie, c'est-à-dire pas dans la
période embryonnaire, mais plus tard et ailleurs dans l'organisme,
et qui donne des formations de tumeur et en particulier des cancers.
Le cancer, dit-il, c'est cette capacité qu’a l'organisme de fabriquer
une espèce d'oreille qui n'est pas du tout à sa place pour percevoir
quelque chose du monde extérieur, mais à un endroit qui n'en a
absolument pas la vocation.
C'est donc un processus sain au départ mais déformé, pas à sa
place, et donnant finalement cette induration que l'on voit dans les
cancers. Il n'y a pas de formation de tumeur sans induration et, dit-il,
la polarité entre l'inflammation et la tumeur s'aperçoit encore plus du
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fait que, dans beaucoup d'inflammations, on a une petite
inflammation donnant une sorte de petit ulcère. Vous avez très
souvent avec cette ulcération, une sorte d'induration qui se forme, si
bien que, peut-être si vous voyez la lésion après un certain temps et
qu'elle a évolué, vous aurez encore un doute. S'agit-il d'une lésion
ulcérée mais non inflammatoire, ou s'agit-il déjà d'une tumeur ? On
peut se tromper. Le processus passe de l'un à l'autre. Il y a une
certaine ressemblance entre une petite tumeur cutanée à un certain
stade, et un pur processus inflammatoire. On peut s'y tromper.
Nous avons donc en relation avec un processus inflammatoire, le
processus de la formation de la tumeur, c'est quelque chose qui est
durci. Essayons maintenant de chercher quel est le pendant du
processus inflammatoire dans le phénomène de l'articulation. Et la
première idée qui vient, c'est ce que l'on appelle la calcification. Il
faut avoir reçu des patients avec des calcifications tendineuses de
l'épaule par exemple, empêchant tout mouvement, pour comprendre
un peu de quoi il s'agit. Là nous avons véritablement quelque chose
qui nous donne cette polarité que nous recherchions avec
l'inflammation articulaire ou arthrite. Nous avons le vrai pendant de
l'inflammation de l'articulation dans la calcification, dans la mesure
où elle est proche de l'articulation et où, effectivement, elle empêche
celle-ci de jouer, entraînant la paralysie. Nous avons là le véritable
phénomène qui est en polarité avec l'inflammation de l'articulation.
Et ceci va se traiter en particulier avec un certain nombre de
médicaments que nous avons déjà cités, avec en particulier
Bryonia qui revient toujours, et puis aussi Stannum qui est un des
médicaments les plus indiqués dans ce cas, et également
Equisetum. Tous ces médicaments seront décrits dans la
thérapeutique de la polyarthrite en particulier, car ces phénomènes
sont assez voisins.
Quand nous recherchons la polarité du phénomène inflammatoire
de l'articulation, nous l'avons donc plutôt dans la calcification que
dans l'arthrose. Nous n'avons toujours pas réussi à placer l'arthrose
dans cette perspective. Nous devons maintenant réfléchir sur ce
qu'est l'arthrose. Comment se fait-il que nous ne parvenions pas à
avoir l'élément qui nous manque, la polarité exacte qui nous
manque avec le phénomène inflammatoire appliqué à l'articulation.
Il faut réfléchir maintenant sur la notion de sclérose. On oppose
souvent l'inflammation et la sclérose et il y a une certaine polarité
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entre les deux, mais la polarité n'est pas complète. La véritable
polarité ainsi que nous l'avons dit, elle est entre inflammation et
formation tumorale. Et où se situe la sclérose ? Elle se situe un peu
dans la direction de la formation tumorale, mais pas tout à fait au
bout. C'est une sorte de phénomène qui ne va pas jusqu'à la
formation tumorale. La sclérose est un phénomène qui, si on le
pousse à bout, va donner la formation tumorale. Et la sclérose est
un phénomène qui s'apparente beaucoup plus à l'ossification, et là
nous retrouvons ce que nous avons dit avec la formation de la
calcification tendineuse en particulier, mais ce n'est pas exactement
la même chose.
Il y a donc un phénomène que nous devons envisager maintenant
qui est le phénomène de la sclérose. Quelle est la véritable nature
de la sclérose ? La sclérose est un phénomène de durcissement.
Ce phénomène est parfaitement à sa place et justifié dans
l'ostéogenèse. C'est même là qu'il est le plus à sa place. C'est-àdire dans toute la partie non seulement embryonnaire, mais une
longue partie qui faite suite dans la petite enfance, dans la
fabrication du squelette, et puis, éventuellement en cas de fracture,
dans la reformation osseuse qui fait suite à cette fracture. Et puis,
nous pouvons le dire, dans un phénomène qui se poursuit tout au
long de notre vie, c'est-à-dire que l'os n'est pas constitué une fois
pour toute, mais qu'il y a une certaine vie un peu au ralenti de la
fabrication osseuse. Il y a une relative destruction osseuse tout au
long de la vie et une reconstruction osseuse qui la remplace. Nous
renouvelons nos os peu à peu tout au long de notre vie.
Donc ce phénomène là, physiologique, est tout à fait à sa place. Il est
tout à fait à sa place dans l'ossification, là il est sain et il est juste.
Lorsque nous parlons de sclérose, c'est bien du même phénomène
que nous parlons, mais à ce moment-là, d’un phénomène qui n'est
pas à sa place. Et ce que nous avons en vue, c'est bien entendu la
sclérose des vaisseaux, c'est le plus parlant. Alors on a cette curiosité
que l'on rencontre tous les jours avec les personnes âgées, qu'il y a
une sorte d'inversion des phénomènes. Il y a chez les personnes
âgées, nous ne dirons pas une ossification mais une sclérose des
vaisseaux qui peut aller jusqu'à une certaine calcification des
vaisseaux, on le voit lors de radios et en même temps on a chez ces
mêmes personnes, et souvent les deux vont de pair, le début d'une
ostéoporose. On a donc un phénomène qui se défait, qui s'inverse,
qui n'est pas à sa place. On pourrait dire que la santé, c'est d'avoir
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des os qui sont durs et des vaisseaux qui sont souples. Eh bien,
précisément à partir d'un certain âge, c'est l'inverse. Les vaisseaux
durcissent et les os se ramollissent. Voilà le véritable phénomène de
la sclérose.
Mais si nous voulons véritablement le comprendre, alors nous
devons introduire une notion qui apparemment est très difficile à
faire cadrer avec ce que nous venons de dire, et cependant il est
indispensable de le faire. Parce que R. Steiner lorsqu'il aborde ces
sujets, le fait. Ce phénomène de sclérose que nous venons de
décrire dans le domaine des vaisseaux, on peut le décrire aussi
dans le domaine musculaire, il y a une certaine rigidité musculaire
qui s'installe. On pourrait dire chez le vieillard en général, une
espèce de rigidité qui s'installe dans l'ensemble de l'organisme,
mais les articulations sont beaucoup moins souples et ce
phénomène on le découvre dans la sclérose du vieillard. Ce
phénomène qui, nous l'avons vu, est juste dans l'ossification, ne l'est
pas dans cette sclérose due à l'âge.
Mais nous n'avons pas épuisé le véritable phénomène qu'est la
sclérose en décrivant seulement ce qui se passe pour les os, pour
les vaisseaux ou pour l'ensemble du système métabolique et
moteur. Si nous voulons comprendre véritablement quelle est la
nature réelle de la sclérose, disons du phénomène ou processus de
sclérose, alors dit-il, nous devons envisager ce qui se passe dans le
cerveau et en particulier dans la fonction cérébrale. Si on
approfondit cette notion, alors on découvre un des secrets de la
médecine anthroposophique, secret qui n'en est pas un pour celui
qui veut bien comprendre ce que R. Steiner explique abondamment,
mais cela reste un secret pour beaucoup, car la première fois on a
du mal à le comprendre. Et puis la deuxième et la troisième
également…
Il existe dans la partie supérieure du corps, donc dans cette partie
que nous appelons céphalique, neurosensorielle, disons la tête, il
existe un phénomène qui est l'équivalent du phénomène de la
sclérose, et là ce phénomène est poursuivi beaucoup plus loin que
ne l'est la sclérose et il aboutit réellement à quelque chose qui ne se
voit que chez l'homme. Et c'est un processus de cette nature que R.
Steiner décrit lorsqu'il parle de cette capacité que nous avons,
faisant suite à la perception par les sens, par la vue, par l'ouïe et par
les autres sens, qui va jusqu'à ce que nous formions des pensées à
ce sujet. Nous semblons quitter le domaine de la médecine, mais
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nous n'en sortons pas réellement, parce que la médecine
s'intéresse à la totalité de l'homme, la totalité des processus en
l'homme.
R. Steiner décrit ce qui se passe lorsque nous prenons le premier
exemple très simple qui est la perception visuelle, facile à
comprendre. Nous avons devant nous un paysage que nous
regardons, nous le voyons, nous formons une image à l'intérieur de
nous, et puis nous détournons les yeux de ce paysage et nous
continuons d'être capable d'en parler. Nous allons parler de ce
paysage et des différents objets que nous y avons vus et, lorsque
nous en parlons, nous pouvons en disserter pendant une heure à
l'intérieur d'une salle fermée, sans voir l'extérieur. Nous pouvons
tout de même parler du paysage, bien que le paysage ne soit
absolument pas visible. Eh bien nous ne parlons pas du paysage
que nous avons vu, nous ne le voyons plus, nous ne sommes plus
en état de le voir. Nous parlons grâce à un processus qui nous a
permis de transformer cette image perçue en une image que nous
créons maintenant nous-même à l'aide de notre cerveau, à
l'intérieur de notre pensée. Avec le langage philosophique qui est
celui de R. Steiner, cela donne ceci : nous avons la possibilité de
transformer la perception en représentation. C'est un mot qui nous
paraît un peu abstrait, disons le mot pensée qui est peut-être moins
précis, peut-être plus parlant pour nous. Nous avons transformé le
paysage vu en un paysage pensé, une image regardée nous l'avons
transformée en une image construite, imaginée dans notre appareil
de pensée, dans notre cerveau. Vous voyez que ce n'est plus le
même phénomène que la perception.
Il est vrai que la médecine étudie abondamment les organes de
perception, mais elle ne va pas jusqu'à étudier ce qui est de l'ordre
de la pensée, sinon d'une manière un peu dérisoire lorsque les
déficits sont très visibles. Souvent chez les personnes âgées ou
dans les cas de démence, lorsque l'on pose quelques questions
simples, on s'aperçoit que la personne a perdu toutes références,
elle ne trouve plus les mots pour désigner les choses. Alors on dit :
déficits des fonctions supérieures. On va s'arrêter là parce qu'on n'a
pas grand chose de plus à en dire, ce n'est pas très précis.
Donc, cette possibilité de ne plus former des pensées, elle existe,
cela s'appelle la démence. Mais cette possibilité de former des
pensées est donc un phénomène que nous ne pouvons absolument
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pas sortir abstraitement du champ de la médecine en disant que la
médecine ne s'intéresse qu’aux troubles corporels. A partir de là, on
part dans la philosophie, ce n'est plus de la médecine. Pas du tout. Il
s'agit bien d'un phénomène qui est dans le champ de la médecine,
puisque ces fonctions-là font partie de l'homme et qu'aucune
fonction de l'homme n'est étrangère à la médecine.
Revenons à notre sujet. Quel est le processus par lequel nous
élaborons des pensées à partir des perceptions ? C’est un
processus comme vous le voyez qui nous permet de nous abstraire
de ce relatif subjectivisme qui fait que nous ne pourrions pas parler
d'un paysage si nous ne l'avons pas sous les yeux, qui nous permet
en toute objectivité d'en parler même lorsque nous ne l'avons plus
sous les yeux. Ce processus qui se réalise là, lorsque nous formons
des pensées à partir de perceptions, c'est un processus d'une
extrême importance. R. Steiner le décrit comme étant un processus
qui, dans l'univers qui est le nôtre, l'univers terrestre, ne se réalise
qu'à un seul endroit : chez l'homme. Ce processus n'existe pas,
même chez les vertébrés les plus évolués, les primates supérieurs
autres que l'homme. Cela ne va pas jusqu'à ce phénomène-là. C'est
donc un processus qui ne se réalise que chez l'homme.
Quelle est l'origine véritable de ce processus ? R. Steiner dit que
c'est un processus en réalité que nous ne pouvons comprendre que
si nous remontons en deçà de la naissance et de la conception, et
au-delà dans le cosmos qui nous entoure, jusqu'aux plus lointaines
limites de ce cosmos visible. Voilà où nous trouverons dans le
monde extérieur le processus qui correspond chez l'homme à cette
possibilité de passer de la perception à la représentation, de la
perception à la pensée. Donc, si nous décrivons maintenant ce
processus, nous ne pouvons le décrire que comme un processus
qui trouve son origine dans les confins du cosmos. C'est là qu'est
d'abord ce processus et puis, appliqué à l'homme, nous le
retrouvons dans cette capacité de former des pensées.
La médecine de R. Steiner n'est pas simple. On ne peut pas la
concevoir en se bornant à ce que l'on a sous le microscope, ni
même dans ce que nous disent les patients au cabinet. Cette
médecine ne se comprend que si nous l'élargissons au-delà dans le
temps, c'est-à-dire remontant bien avant la naissance et même la
conception du patient, et au-delà dans l'espace allant jusqu'aux
extrémités du cosmos.
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Vous savez que cette médecine cherche en principe l'origine de ses
substances thérapeutiques dans le monde qui nous entoure en
disant : quel est le processus qui dans la nature se trouve présent
chez l'homme ? Lorsque j'aurai trouvé les deux, lorsque j'aurai fait le
rapport entre le processus présent dans la nature extérieure et un
processus présent en l'homme, eh bien j'aurai trouvé l'origine de la
thérapeutique. J'aurai une notion scientifique, rationnelle et
parfaitement intelligible d'une thérapeutique, si je fais le lien entre
un processus présent dans la nature et un processus présent en
l'homme. Mais celui que nous avons décrit depuis un certain temps,
ce processus-là, la possibilité d'élaborer des pensées en l'homme à
la suite des perceptions, nous devons le rattacher à un processus
que nous allons maintenant essayer de décrire dans le monde
extérieur, là où il trouve son origine. C'est un processus, dit-il,
d'extrême division et de dispersion totale, comme si la matière était
pulvérisée dans un état le plus fin possible qui soit. Voilà quel est le
processus dans le cosmos, dans les grands lointains du cosmos tel
qu'il se présente. C'est ce processus-là qui est à l'œuvre. C'est un
peu l'inverse de ce que l'on appellerait un processus de
durcissement. Vous voyez donc que c'est cela le durcissement, c'est
donc l'inverse de ce processus de sclérose dont nous parlons. Vous
voyez comment on peut faire un lien, un lien pas facile, il faut aller le
chercher dans le cosmos pour le rencontrer. Mais il s'agit bien de ce
processus-là.
Nous avons donc ce processus dans la sclérose, mais à l'envers.
Nous avons un processus de durcissement, de condensation, et
nous avons à l'opposé un processus de division extrême, de
dispersion au moins dans le cosmos, là où il trouve son origine. Ce
processus porte un nom dans la médecine anthroposophique, mais
avant de dire le nom, n'oublions pas ce que nous venons de dire sur
le processus lui-même, autrement nous allons nous polariser sur le
nom, qui va induire dans notre esprit tout autre chose, parce que ce
nom existe et qu'il représente dans notre esprit habituel tout autre
chose qui est lié à ce que nous croyons savoir du mot qui va être
prononcé.
Nous n’allons pas faire attendre plus longtemps et nous allons
prononcer ce mot : il s’agit du plomb, du processus-plomb. Mais
bien sûr l’image que ce mot évoque, avec la lourdeur de ce métal,
ne correspond pas du tout à ce que nous venons de décrire.
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Numéro spécial
L’image du plomb terrestre qui tombe dans de l’eau en faisant un
« plouf » est presque l’opposé de ce que nous sommes en train de
décrire. C’est pourquoi il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas
justement du plomb terrestre, mais, on pourrait dire, de ce plomb
finement divisé, raréfié, ayant perdu totalement sa cohésion,
comme on peut l’imaginer dans les lointains du cosmos, dans un
état encore plus dispersé que l’état de vapeur, de gaz. Ou bien pour
nous qui sommes habitués aux dynamisations homéopathiques,
l’image est celle d’une haute dynamisation, là où le corps pesant a
complètement perdu son caractère terrestre.
Dans ce processus, mais dans un état très particulier de ce
processus, on pourrait dire l'état inverse de celui que nous venons
de décrire comme processus d'extrême division, nous avons au
contraire une extrême condensation dans le plomb métallique tel
que nous le connaissons. Mais le plomb métallique n'est qu'une
partie de la nature, une partie tout à fait terrestre de la nature. La
véritable nature ne s'arrête pas à la terre. Si nous voulons avoir une
véritable connaissance de la nature dans son état total, nous
devons élargir notre regard jusqu'à ces confins du monde. Alors,
nous rencontrerons ce même processus appelé ici sur terre, plomb,
mais donnant toute autre chose, donnant en réalité l'inverse. Et
nous avons donc à identifier ce que nous avons évoqué toute à
l'heure comme capacité de passer de la perception à la
représentation. Nous avons à l'identifier avec ce processus
d'extrême division dans la nature, dans le cosmos.
Revenons maintenant à la médecine, c'est le phénomène que nous
décrivons en général dans la sclérose. Voilà pourquoi le
médicament que R. Steiner donne en général pour la sclérose, c'est
un médicament préparé à partir du plomb. Ce n'est certainement
pas du plomb à l'état métallique, c'est au contraire un plomb préparé
avec toute une élaboration, et en particulier un plomb dans lequel on
ajoute d'autres processus tirés du miel et du sucre. Donc, c'est un
médicament connu sous le nom de Plumbum mellitum D12 ou
« Scléron » (sclérose) et c'est véritablement un médicament qui
s'utilise pour cette tendance à durcir dans la mesure où elle n'est pas
juste, comme elle l'est dans l'os, et lorsqu'elle se manifeste à un
certain âge de la vie, dans la sclérose.
Revenons maintenant à l'arthrose et nous sommes obligés de dire
que l'arthrose n'est pas un phénomène de sclérose. Cela y
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Numéro spécial
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ressemble, mais ce n'est pas cela. Et la meilleure preuve, c’est que
ce n'est pas du plomb que l'on donnera principalement dans
l'arthrose. Le plomb occupe une place pratiquement inexistante
dans l'arthrose. Ce qui signifie bien que ce n'est pas le même
phénomène, comme nous l'avons dit tout à l'heure.
Quelle est maintenant l'explication que nous devons donner de ce
processus d'arthrose ? Nous venons de dire que ce n'est pas
exactement, pas véritablement de la sclérose. C'est de la même
famille mais ce n'est pas cela. Et en particulier, nous le trouverons
dans la thérapeutique, ce n'est pas le plomb qui est le médicament
de base, c'est l'étain. C'est-à-dire que nous allons un peu moins loin
dans la perception du cosmos, nous ne devons pas aller jusqu'aux
extrémités, nous devons aller un peu moins loin, là où règnent les
forces de l'étain et non pas celles du plomb. Ceci est à mettre en
rapport avec un phénomène que nous connaissons, mais que nous
ne rencontrons guère, c'est celui de l'hydrocéphalie dans la petite
enfance. Dans la petite enfance, il y a une tendance - et cette
tendance est justifiée, elle n'est pas pathologique, elle est
physiologique - il y a une certaine tendance liquide dans la formation
du cerveau. A partir d'un certain âge, cette tendance doit s'arrêter et
il y a un certain durcissement qui se fait. Mais il ne faut pas que ce
durcissement se fasse trop tôt. Il faut respecter cette hydrocéphalie
physiologique de la petite enfance, dans la mesure où elle n'est pas
pathologique, dans la mesure où en mesurant le périmètre crânien,
nous restons dans les normes. Si le périmètre crânien est
légèrement supérieur à la normale, nous avons déjà un excès de ce
phénomène allant dans le sens de l'hydrocéphalie. Et à ce moment
là, il faut le tempérer et le contrer. Mais, il ne faudrait pas faire
l'inverse et on fait très souvent l'inverse, et c'est ce que l'on fait
couramment en donnant de la vitamine D dès la naissance. Lorsque
l'on donne de la vitamine D dès la naissance, alors on freine ce
processus liquide à l'intérieur du cerveau, on le freine trop tôt, on
l'empêche d'agir, alors qu'il doit encore agir. Il ne doit s'arrêter qu'un
peu plus tard, et ce faisant, on va induire un phénomène qui va se
répercuter beaucoup plus tard, à un âge avancé de la vie.
Et, dit R. Steiner, l'une des raisons de l'arthrose, de l'arthrose qui
survient vers la quarantaine, c'est cette précipitation qu'on a voulu
faire, disons dans l'interruption de ce processus liquide de formation
du cerveau à l'origine, on l'a fermé trop tôt, on l'a empêché trop tôt,
et donc on a comme conséquence, conséquence très lointaine, une
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arthrose qui va s'installer vers la quarantaine. Vous voyez comment
ces choses se tiennent, ces choses-là ne sont pas simples, parce
que si nous voulons chercher la cause de l'arthrose, nous ne la
trouverons pas dans ce qui s'est passé la veille ou l'avant veille. Ce
n'est pas possible. En général, elle est beaucoup plus lointaine. Il
faut aller la chercher dans la petite enfance et, très souvent, il faut
aller la chercher là et c'est l'une des raisons pour laquelle nous
voyons si abondamment des patients porteurs d'arthrose. L'arthrose
est une maladie qui gagne et qui est de plus en plus répandue, si
nous en voyons tant, c'est à cause de cet usage qui s'est introduit il
y a des dizaines d'années, et qui consiste, pour simplifier les
choses, à fermer les fontanelles trop tôt. On a ossifié trop tôt la boîte
crânienne, on a empêché ce phénomène qui était physiologique de
se poursuivre, on n'a pas voulu de ce phénomène qui était normal et
on a ainsi introduit quelque chose qui va ne se manifester que
beaucoup plus tard, environ vers la quarantaine. Et nous avons à ce
moment-là le retour de bâton de ce que l'on a fait alors. Vous voyez
comment peut s'expliquer l'origine, peut-être pas de toutes les
arthroses, mais d'un grand nombre de pathologies de l'arthrose.
Donc vous voyez qu'il est très difficile de trouver la cause, parce
qu'en général, la cause est très ancienne.
Et lorsque le mal est fait, on ne peut guère empêcher ceci. On
essaiera tout de même de guérir l'arthrose avec les moyens dont on
dispose. Voilà le phénomène qui est à l'origine de cette cause
profonde de l'arthrose, c'est l'un des phénomènes. Il y a encore
autre chose à dire sur l'arthrose pour essayer d'en comprendre la
nature. Ce qui domine dans l'arthrose, c'est la douleur. Le sujet se
plaint et il a mal. On a coutume de dire que c'est l'érosion du
cartilage articulaire qui est à l'origine de cette douleur, mais
personne n'a jamais pu prouver cela, d'autant que l'innervation du
cartilage n'est pas quelque chose d'extrêmement répandu. Il est
donc difficile de maintenir totalement cette idée que c'est cette
érosion du cartilage lui-même qui entraîne cette douleur.
En disant cela, je me réfère aux travaux du Dr Furter, que certains
d'entre vous connaissent peut-être, qui a mis au point une méthode
un peu originale, en particulier dans le domaine de la rhumatologie,
dont il donne l'explication d'une manière très ingénieuse et sur
laquelle je vous invite à réfléchir maintenant. Pour exposer en
quelques mots sa théorie de l'arthrose, qui est vous allez le voir très
astucieuse, le Dr Furter remarque que dans les douleurs dites
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d'arthrose, si on palpe au voisinage de l'articulation douloureuse, il y
a certains endroits qui font mal, très mal, beaucoup plus mal que
d'autres. Et là on peut percevoir, dit-il, une contracture musculaire
extrêmement forte et en général très ancienne. Alors il l'explique de
la manière suivante : le sujet a contracté ses muscles à certains
endroits depuis des années et des années et il ne les relâche
jamais, et il les contracte tellement qu'au bout d'un certain temps, il
arrive véritablement à rétracter l'articulation avec ses muscles qui
sont extrêmement tendus. Et c'est ce qui fait que petit à petit
l'espace articulaire se trouve réduit et donc c'est le muscle qui a
créé l'arthrose et c'est pourquoi la douleur est dans le muscle et non
pas dans l'articulation. C'est une théorie très ingénieuse et qui
comporte, je pense, une grande part de vérité et nous allons voir
que ce que dit R. Steiner est très proche de cela, quoiqu'il ne le dise
pas dans les mêmes termes.
La démonstration de Furter est très intéressante en ce sens que
nous allons tout de suite comprendre. C'est la gonarthrose. Nous
avons les signes radiologiques de la gonarthrose, le signe débutant,
comme dans toute arthrose, c'est une diminution de l'espace
interarticulaire. Or, précisément dans la gonarthrose, si elle est très
évoluée, nous avons une arthrose complète, les deux
compartiments sont touchés. On parle de compartiment fémorotibial, deux compartiments interne et externe. Nous avons des
arthroses complètes où les deux compartiments sont touchés et
même un troisième, le compartiment fémoro-patellaire. Ne prenez
pas d'abord cet exemple, qui est une arthrose très ancienne et très
accomplie. Mais prenons une arthrose débutante, où il y a un seul
des deux compartiments atteint. On a donc un espace
interarticulaire, on le voit très bien sur les radios, qui est par
exemple rétréci dans le compartiment interne, et normal au
compartiment externe, ou l'inverse. On a donc une arthrose d'un
seul des deux compartiments. Or, et c'est l'expérience constante du
Dr Furter, il a toujours vu la correspondance avec la douleur
musculaire du côté précisément où se trouve le rétrécissement
interarticulaire, ce qui est une confirmation de sa thèse. C'est
souvent le quadriceps qui est en cause. Si vous avez une arthrose
qui débute avec le compartiment interne, tâtez les muscles du côté
interne. C'est là qu’est la douleur.
Et si le rétrécissement est de l’autre côté, tâtez les muscles de
l’autre et c’est effectivement le côté qui correspond. Et puis, dans le
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cas où vous auriez une arthrose des deux compartiments, alors
vous avez des douleurs partout, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur.
Cette remarque est très intéressante, très intelligente et je pense
qu’elle se fonde sur une observation réelle, une observation qu’il a,
lui, vérifiée un bon nombre de fois. Cette observation prouve donc
que ce qui est le primum movens dans l’arthrose dont nous parlons,
c’est la tension musculaire, qui si elle est longtemps répétée, a
provoqué ce pincement articulaire. Et tous les sujets vous le diront,
la douleur est musculaire, elle n’est pas à l’intérieur de l’articulation.
Ce n’est pas à l’intérieur de l’articulation que l’on a mal, c’est dans
les muscles. En général, les médicaments que nous donnons ont
pour objet de calmer cette myalgie, car c’est à une myalgie que
nous avons affaire en réalité dans l’arthrose.
Ceci illustre d’une manière un peu détournée ce que R. Steiner
explique de ce qu’est le phénomène de la douleur rhumatismale en
général. Vous trouverez ceci au deuxième chapitre de l’ouvrage
« Données de base pour un élargissement de l’art de guérir », sous
le titre : Comment l’homme tombe-t-il malade ? On peut dire que
c’est la première leçon de médecine anthroposophique de cet
ouvrage écrit par R. Steiner et I. Wegman*).
Comment l’homme tombe-t-il malade ? Il dit ceci : c’est un
processus humain, c’est-à-dire un processus véritablement humain
que l’on ne trouve que chez l’homme dans le processus de
conscience, et un processus émanant du Moi de l’homme, donc de
sa vitalité du jour, de ce qui l’anime et de ce qu’il fait dans son
existence ; c’est cela qui est à l’origine de la douleur, toute douleur,
quelle qu’elle soit. L’homme agit avec son esprit et son âme, et bien
entendu cette répercussion de son activité se fait sur le corps, sur le
corps qu’il appelle corps physique, le corps éthérique étant le
porteur de la santé. Et c’est parce qu’il agit avec son âme et avec
sa volonté, avec sa passion et avec tout ce qu’il a dans la tête du
matin au soir, qu’il abîme ainsi son corps et qu’il provoque de la
douleur, et lorsque la nuit vient et que les constituants supérieurs
quittent le corps, alors on laisse le corps se reposer si l’on peut dire,
se reposer de cette influence nocive des constituants supérieurs qui
abîment le corps.
*)
Ouvrage disponible auprès des Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël
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Considérez, dit-il, ce qui se passe dans le mouvement, dans le
mouvement d’un membre. Vous avez un membre qui agit
simplement, sans douleur, et puis vous avez le membre qui a du
mal à agir, parce que la douleur lui tombe dessus. Alors vous avez
un excès de ce processus des parties supérieures de l’homme, qui
agit sur le membre et qui provoque la douleur et finalement la
maladie. Vous avez la paralysie qui s’installe. Vous avez, dit-il, à
concevoir le mouvement en général, qui est quelque chose qui
ressemble à la paralysie, mais une paralysie débutante et qui est en
réalité interrompue. Vous avez ainsi une définition de l’état de santé,
c’est l’état dans lequel principalement le Moi, mais aussi le corps
astral, utilise le corps. Il l’utilise légèrement et il meut les membres
comme il l’entend, avec cette légèreté de quelqu’un qui meut les
membres de l’extérieur. Et puis vous avez cette lourdeur, c’est celle
qui apparaît précisément dans l’arthrose. Les constituants
supérieurs ont perdu cette légèreté, ils ont maintenant beaucoup
plus pénétré à l’intérieur du corps, et alors les mouvements sont
difficiles, le corps a perdu son agilité comme nous le voyons chez le
vieillard, et ainsi s’installe cet état pathologique. Vous voyez la
parenté entre la mobilité et cet état dont nous parlons. Ainsi
s’explique probablement et plus profondément le phénomène qui est
à l’origine de l’arthrose. Vous voyez que ce phénomène de
l’arthrose n’est pas directement en relation avec l’arthrite, ceci
demande une réflexion beaucoup plus nuancée.◆
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Numéro spécial
Traitement de l’arthrose au cabinet médical
Dr Charles H. Cohen
Dr Jean Chazarenc
On dénombre 3,4 millions de sujets consultants pour une affection
arthrosique chaque année en France (3 400 000). On dit aussi qu’un
sujet sur trois ne consulte pas, ce qui rajuste le nombre entre 9 et 10
millions.
On peut concevoir les arthroses selon les 4 organes cardinaux.
Les arthroses
En effet une pathologie d’organe peut retentir sur une pathologie
rhumatismale. Le rein et le foie tiennent la première place. Le
premier par l’intermédiaire des spasmes et contractures ainsi que
par le rayonnement rénal plus ou moins intense, donc une astralité
plus ou moins intense, le deuxième, c’est-à-dire le foie, par un
mécanisme complexe intéressant une mauvaise élimination de
toxines, un métabolisme du glycogène insuffisant (le glycogène est
un aliment du muscle et du système tendineux), par une action sur
l’organisme eau entraînant une variation pathologique de la
souplesse et de la flexibilité des cartilages, tendons, ligaments et
muscles. Dans l’élément air et eau, la mobilité est plus liée à
l’élément air et la souplesse davantage à l’élément eau. Le poumon
est un organe à surveiller de près dans les phénomènes de
durcissement et d’arthrose, dans les cas de tempérament
mélancolique et tuberculinique. Le cœur est également impliqué
dans les phénomènes d’arthrose accompagnés de perturbations de
l’équilibre froid/chaleur ainsi que dans les atteintes de la zone
rythmique. Nous retrouvons ici les attitudes de précipitation des
personnes atteintes de troubles rhumatismaux. Enfin, les suites de
choc sont une des grandes causes d’atteinte pouvant aller jusqu’à la
révélation d’une maladie rhumatismale grave.
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Les remèdes
Plusieurs cas peuvent se présenter à nous en consultation pour de
l’arthrose.
Le premier cas, ce sont les atteintes aiguës, donc les poussées
inflammatoires aiguës. Nous sommes dans les cas de débordement
du métabolisme. Le patient est souvent pressé -à juste titre- car la
consultation est motivée par des douleurs ou des impotences
fonctionnelles. Il demande un traitement rapidement actif. Dans des
cas extrêmes, il faudra avoir un effet anti-inflammatoire, en
commençant le plus souvent possible par des remèdes
d'inflammation. Apis mellifica D8 en sous-cutanée tous les jours, le
cas échéant, doublé dans la même seringue d'Argentum
metallicum D20 ou mieux encore d'Argentite D20, combinaison
d’argent et de soufre portant l’action sur le pôle métabolique.
Bryonia D10 à D30 est un remède qui présente, d’une part, les
deux composantes inflammatoires et congestives et, d’autre part, la
note hépatique liée à l’élément eau que l’on retrouve en abondance
dans la racine de la plante. La formule Argentum D8 / Arnica D15 /
Betula cortex D2 / Betula folium D2 / Formica D8 / Sulfur D6 aa
est à utiliser en sous-cutanée 1 à 3 fois par jour, puis à espacer.
En cas de phénomène inflammatoire excessif où il arrive que la
douleur et l’impotence fonctionnelle soient extrêmes, il ne faut pas
hésiter à prescrire une série de remèdes phytothérapiques ou même
allopathiques.
Les anti-inflammatoires phytothérapiques
Ribes nigrum D1, à prescrire en grande quantité si l’on veut avoir un
effet efficace, soit 1 à 2 cuillerées à café 3 fois par jour que l’on
pourra associer à Extranase® (extrait de l’ananas) 3 comprimés 3
fois par jour ainsi qu'à l’Harpagophytum en gélules à 500 mg, à
raison de 6 gélules ou encore Harpaselen®, qui est une association
avec le Sélénium ou encore en teinture-mère. La Reine des près est
aussi indiquée dans ce cas.
Spirea ulmaria nous introduit dans les anti-inflammatoires
allopathiques. L’aspirine ou ses dérivés peuvent être utilisé
momentanément (Aspégic® ou Solupsan®) ou encore une
association d’aspirine et de paracétamol qui est une molécule
nouvelle et beaucoup moins toxique pour le tube digestif.
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Numéro spécial
Parfois, nous nous résoudrons à utiliser momentanément un antiinflammatoire non stéroïdien, ceci dans le but de couper
l’inflammation qui, si elle est un processus d’auto-guérison au début,
devient un accès irrémédiable vers une aggravation de la maladie et
la sclérose plus tard, pouvant aller jusqu’à la destruction articulaire. Il
existe un anti-inflammatoire non stéroïdien à dose unique,
journalière, moins toxique que les premiers sortis de cette famille
thérapeutique. A nous ensuite de convaincre le malade de n’utiliser
ces produits qu’avec un traitement de fond, jusqu’à ce que ceci
soient efficaces.
Les atteintes chroniques
Il existe dans nos répertoires une série impressionnante de remèdes.
Nous allons tout d’abord dire deux mots de la diététique.
L’alimentation atoxique est le premier conseil pour tous les cas
d’arthrose. Nous aidons à cette détoxication avec le Jus de
bouleau.
Les métaux
L’étain tient la première place, il est le plus indiqué dans les
traitements de fond. C’est un métal particulier ayant une relation
avec l’élément liquide et l’élément solide tout à la fois, par sa
malléabilité et sa réaction aux variations de température, différente
des autres métaux : il montre une mise en poudre à la congélation
et un durcissement à l’échauffement. Nous voyons donc une image
de cette sclérose liée à l’arthrose, tout au moins à ce durcissement
des tissus, mais aussi ce lien avec l’élément chaleur. Nous nous
servirons volontiers de l’étain lié à l’oxygène, la Cassitérite, qui est
un oxyde d’étain. Il sera utilisé en D6 en trituration, 3 mesures par
jour.
On peut faire précéder un traitement par le métal pur ou par le métal
végétabilisé, donc Taraxacum stanno cultum, qui est du pissenlit
cultivé avec de l’étain, à 0,1 %, et on peut aussi utiliser Stannum
metallicum D8, donc le métal pur en dilution ou en trituration.
Mercurius vivus ou Bryophyllum mercurio cultum 0,1 % pourra
être utilisé dans les phénomènes arthrosiques liés à une situation
de durcissement sur un terrain « poumon ».
Et comme dernier unitaire, nous citerons un organothérapique :
Disques vertébraux D8, un appoint surtout dans le traitement de
l’arthrose rachidienne.
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Les formules complexes
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense
D15 / Formica D8 / Stannum met. D6 aa
(ampoules, dilution, suppositoires)
Cette première formule fait partie de l’ensemble des formules à
base de bambou et aussi de disques intervertébraux. Elle contient
le bambou, image d’une colonne vertébrale, surtout lorsqu’on
observe la radiographie d’un rachis arthrosique que l’on appelle
d’ailleurs une « colonne bambou » avec ses ostéophytes qui relient
les différents corps vertébraux entre eux, et qui créent cette rigidité
de l’arthrose vertébrale. Elle contient aussi des extraits de disques
vertébraux et de la prêle, Equisetum arvense, qui est ici en D15 et
qui ne peut donc convenir totalement à des personnes présentant
une déminéralisation.
Enfin le métal étain est présent pour compléter cette formule.
Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 /
Formica rufa D8 / Gelsemium sempervirens D6 / Gnaphallium
leontopodium D4 / Rhus tox D6 aa
(ampoules, dilution)
Cette formule contient Arnica avec son effet sur la circulation, les
microtraumatismes (physiques et psychiques) et la cicatrisation des
tissus meurtris, le bambou, les disques vertébraux et Formica.
Formica est un des produits conseillés dans les cas de
rhumatismes, car il est un draineur des phénomènes toxiques, à
l’image de ce que dit R. Steiner sur le «travail» de l’acide formique
dans la forêt, empêchant la putréfaction. Formica est également
indiqué lorsqu’il y a une hypersécrétion bronchique, touchant ainsi
l’organe poumon. Ne trouvons-nous pas ces phénomènes
d’épanchement dans certaines articulations et dans la composition
spongieuse des cartilages ? Formica a une action sur les
cartilages. Il agit également dans les troubles dus à l’hyperuricémie.
Nous trouvons Gelsemium, œuvrant sur l’élément psychique lié à
l’émotion, au rein (avec Gelsemium on voit certains de ses
symptômes améliorés par l’émission d’urines) et au corps astral.
Gnaphallium leontopodium est l’Edelweiss. R. Steiner l’a indiqué
dans ces cas. Une précision d’un confrère de la région des Alpes
évoque un aspect intéressant de cette plante. Il s’agit d’une plante
d’altitude et de froid, qui pousse dans des courants d’airs chauds,
un point déjà utile dans une affection si sensible aux conditions
atmosphériques. En médecine chinoise, le rein est sensible au froid
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Forêt de bambou asiatique
Pousses de bambou fraîches
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et donc la résistance au froid est liée à un contact entre rein et
poumon, dont nous avons vu les relations, jusqu’au terrain
tuberculinique des homéopathes. Pour donner une touche poétique
à propos de l’Edelweiss, les montagnards demandent de la
respecter car elle serait le point d’ancrage des esprits de la
montagne et «maintiendrait l’esprit dans la montagne»….
Rhus toxicodendron est l’un des remèdes connus en homéopathie
pour ses effets sur les rhumatismes et toute la dynamique astrale,
puisqu’il correspond à une amélioration par le mouvement ; ce qui
se rapporte au mouvement est lié à l’astralité. Pour mémoire, les
planètes sont en mouvement perpétuel, les étoiles sont dites fixes.
C’est un remède utilisé également dans les cas de hernie discale ou
de radiculite aiguë, toujours avec cette composante englobant le
nerf, donc le corps astral.
Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D20 / Bambusa
D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum D6 / Formica D8 aa
(dilution)
Formule où se rajoute l’Aesculus en haute dynamisation, considéré
par R. Steiner comme le remède de la carie dentaire, on peut ici par
extension dire de la déminéralisation. On l’utilise aussi pour ses
effets sur la circulation veineuse, souvent impliquée dans les
phénomènes de mauvaise oxygénation par circulation artérielle
défectueuse. On parle alors de faiblesse de l’ensemble du rachis.
Pour les acupuncteurs, le méridien « Vessie » en baisse d’énergie
est aidé par ce remède. En homéopathie, Equisetum est aussi un
grand remède utilisé dans les problèmes de rein et de vessie.
Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D 20 /
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica D8 aa
(ampoules, dilution, pommade, suppositoires)
Même remède que le précédant mais sans Equisetum. Donné dans
les arthroses chroniques et les stases veineuses de la région
rachidienne.
Les deux formules suivantes contiennent du Viscum album Mali,
gui du pommier.
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 /
Formica D8 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D6 aa
(ampoules, dilution, suppositoires)
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En homéopathie classique, Viscum album Mali est utilisé en
basses dilutions dans les hypertensions artérielles avec nervosité,
«désir d’entreprendre», congestion céphalique, palpitations,
congestion portale, sensation de chaleur et amélioration à l’air frais,
tendance à la diarrhée. Autant de symptômes qui orientent vers le
type métabolique ou hystérique. Nous sommes ici dans une action
orientée pour les typologies répondant aux variations métaboliques,
et nous pouvons rajouter que le remède est en relation avec
l’élément eau, par l’étain tout d’abord, avec son action sur le foie et
l’éthérique. Il s’agit ici d’un éthérique débordant le métabolisme
comme
chez
l’enfant.
Dans
la
conception
botanique
anthroposophique, on considère que le Gui est une plante venue
d’une époque lointaine de l’évolution de la Terre, ayant un rapport
avec l’ancienne Lune. Nous sommes donc bien dans une
dynamique de circulation de liquide, par la Lune interposée, ce qui
peut faire dire que ce remède est indiqué dans des cas plus
inflammatoires, plus «jeunes», d’arthrose ou aussi dans une
arthrose chronique et refroidie, pour apporter cet élément de vitalité
avec le Gui.
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D4 /
Formica D8 / Pulsatilla D4 / Stannum metallicum D6 / Viscum
album Mali D3 / Vivianite D6 aa
(ampoules*, dilution, pommade, suppositoires) (*Stannum D8,
Vivianite D8)
Ce remède est indiqué dans les dégénérescences discales,
ostéochondrites de la ménopause et les stases veineuses dans la
région du bassin. Nous pouvons reprendre ce que nous venons de
décrire pour le précédent et ajouter l’apport de deux substances
ayant chacune une richesse thérapeutique. Pulsatilla tout d’abord,
avec ses douleurs rhumatismales subaiguës erratiques avec
rougeurs, améliorées par la fraîcheur, et des stases veineuses.
Dans les cas chroniques, les symptômes sont aggravés par la
disparition des règles et améliorés par celles-ci. C’est un des
remèdes de terrain tuberculinique les plus employés. Pulsatilla va
voir son effet soutenu par Vivianite, phosphate de fer naturel –
minéral qui renforce le végétal Pulsatilla – indiqué dans les cas
d’inflammations articulaires erratiques avec rougeur et chaleur. Il serait
un complémentaire heureux des tuberculines, et en particulier de
Tuberculinum Residuum, remède majeur d’arthrose chronique, de
raideur et de durcissement articulaire.
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Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense
D15 / Formica D8 / Hypophysine D8 / Stannum metallicum D10 /
Tabacum D10 aa
(ampoules, dilution, pommade, suppositoires)
Indiqué classiquement dans les cas de cyphoses, lordoses,
scolioses et troubles de la formation du rachis, essayons de
comprendre ce remède.
La puberté va voir se développer la «naissance» du corps astral
(autour de 14 ans), une mise en marche des hormones, des heurts
avec l’autorité, préfigurant un éveil de l’individualité se mettant ellemême en place autour de 21ans, âge de la naissance du Moi. Bref,
une vie mouvementée pour la personne qui le vit…. et ses parents
ou éducateurs !
Le corps va sortir de cette «harmonie grecque» des 10-12 ans et se
déguingander en s’allongeant. Toutes les forces du corps éthérique
sont en place, et comme ce corps constituant régit les glandes, il est
prêt à ouvrir la porte au corps astral et à la puberté.
Mais la naissance du corps astral se fait avec ses caractères à lui,
c’est-à-dire des douleurs physiques et psychiques, un certain
désordre, une grande richesse aussi et une maturité physique
arrivant rapidement, alors que la maturité psychique en est encore
aux couches culottes.
La douleur apparaissant dans l’évolution avec le règne animal
(première apparition du corps astral dans l’évolution), il est
intéressant en étudiant l’arthrose et les rhumatismes d’y voir une
intervention toujours présente du psychisme et donc du corps
astral. D’où la présence répétée de remèdes de rein (lié au corps
astral) présents un peu partout dans les remèdes de médecine
anthroposophique de l’arthrose.
Ici, en cherchant le sens de ce remède, nous voyons apparaître
l’hypophyse, chef d’orchestre des glandes endocrines, selon
l’expression consacrée, donc ayant toute sa place ici au sein de ce
remède de pathologies de l’adolescence, et de Tabacum, grand
remède d’asthme dans notre médecine par son action sur le rein et
le corps astral.
Rheumadoron®
Spécialité composée d’Aconitum planta tota D3 10 g / Arnica
montana, planta tota TM 25 g / Betula folium D1 12 g /
Mandragora radix D1 3 g
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Ce médicament est un remède-type des atteintes articulaires.
Ses indications classiques sont les manifestations articulaires
douloureuses mineures.
Les actions réchauffantes de l’Arnica et d’Aconit sont complétées par
les actions détoxicantes du Bouleau et l’effet anti-rhumatismal de la
racine tortueuse contenant un principe sulfurique de la Mandragore.
L’Aconit contient un alcaloïde lié à une dégradation des albumines lui
conférant son action anti-inflammatoire et anti-spasmodique.
Pour l’Arnica, tous les éléments de la fleur sont intégrés jusque dans la
racine, lui conférant ainsi un effet nutritif et circulatoire.
C’est un excellent remède de rhumatismes musculaires.
Cartilago D8 / Mandragora D6 aa
(dilution)
La Mandragore voit son effet orienté vers les cartilages. Ce remède
est bien indiqué dans les arthroses des genoux ou des grosses
articulations, avec la formule Argentum metallicum D8 / Arnica
montana, planta tota D15 / Betula alba, cortex D2 / Betula alba,
folium D2 / Formica rufa D8 / Sulfur D6 aa.
Cartilago D8 / Stannum metallicum D8 aa
(dilution)
Ici, nous orientons le métal étain dont il a déjà été question, vers le
cartilage. C’est un excellent remède de fond.
Arnica montana, planta tota D3 / Hypericum D15 / Levisticum
off., radix D3 aa
(ampoules, dilution)
L’association de ces trois substances donne un nouveau remède
très précieux dans les cas de névralgies, qu’elles soient du haut ou
du bas de l’organisme. En injection, 2 ou 3 fois par jour, près des
zones douloureuses.
Aconitum napellus D4 / Gelsemium sempervirens D3 /
Gnaphalium leontopodium D4 / Mandragora D4 / Rhus
toxicodendron D4 / Uraninite D10 aa
(ampoules, dilution)
C’est un éminent remède de névralgies (trijumeau, sciatique,
occipitale ou névralgie d’Arnold, cervico-brachiale, intercostale) qui
peut être associé ou non avec le précédent et est aussi utile en
dilution pour le traitement de fond de personnes ayant souvent des
névralgies ; à donner sur plusieurs mois.
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Arnica montana L.
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Les remèdes de soins externes
La médecine anthroposophique utilise beaucoup la pénétration
cutanée des remèdes et l’action par la peau, car c’est une voie qui
se rapproche du système nerveux de par ses origines
embryologiques. Tout ce que nous avons évoqué sur le corps astral
et le système nerveux doit donc nous faire utiliser cette voie chaque
fois que c’est possible dans l’arthrose.
Il est souvent employé des huiles essentielles dans les préparations,
huiles qui sont de la matière sublimée par la plante, une
quintessence de la matière qui devient ainsi chaleur.
Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % /
Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. aeth.
Rosmarini 1 % / Excipient q.s.p. 100 %
(pommade)
Citée en premier car elle reprend la formule du Rheumadoron® avec
du Romarin en plus.
Son action est rayonnante et elle doit être appliquée en fine couche.
(On peut recommander au patient qui applique lui-même ces
produits, d’appliquer ensuite une compresse, pendant peut-être ½
heure, pour garder la chaleur ; surtout lorsqu’il s’agit d’une huile,
cela se refroidit très vite, on peut voir un effet contraire. Après la
friction, il est important d’avoir un enveloppement, une compresse,
une bande, afin d’avoir un effet calorique plus important.)
Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % /
Betula alba, folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. Aeth.
Rosmarini 1 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 %
(pommade)
(Il faut préciser qu’à l’origine, nous avions à la place d’Urtica urens,
Apis 1 %, qui a dû être supprimé et remplacé par Urtica urens.)
Cette formule est utilisée plutôt dans les cas aigus, cas
inflammatoires (on ne mettra pas de compresse car il y a déjà trop
de chaleur).
Huile pour massage à l’Arnica
C’est un remède qui devrait être reconnu d’utilité publique et admis
au remboursement. Son but est de stimuler l’enveloppe de chaleur
de l’organisme. Constitué d’huiles d’Olive et d’Arachide, d’Arnica,
une composée avec une action cicatrisante, le Bouleau (les feuilles
de printemps à l’effet détoxiquant) et deux labiées, le Romarin
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(stimule la circulation périphérique) et la Lavande pour ses effets
apaisants. L’Arnica a une dynamique silice, en relation avec le pôle
neurosensoriel, par son besoin de lumière, son capitule plus en
relation avec le métabolisme. Nous avons vu dans certains remèdes
complexes la relation avec cette polarité entre la silice et le calcaire.
C’est un moyen de préparer avant l’effort et de réparer après l’effort.
Je conseille depuis plus de 15 ans ce remède à mes patients
sportifs y compris aux professionnels du sport et aux étudiants en
sport. Passée avant et après les entraînements ou les épreuves
sportives, il s’est avéré devenir la coqueluche des milieux sportifs
qui ont eu la chance de le connaître, et l’avis général va jusqu’à
indiquer que les performances sportives et la récupération sont
meilleures après ce simple geste de quelques minutes.
Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula
officinalis 1 % / Cuprum metallicum 0,001 % / Ol. aeth.
Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Excipient q.s.p. 100 %
(huile)
Il s’agit de la même formule que l’Huile pour massage à l’Arnica,
mais avec du cuivre et du Calendula (préparation magistrale). Le
cuivre est un métal réchauffant pour les sportifs ayant tendance aux
spasmes, donc aux crampes et contractures (utilisée aussi pour les
jambes lourdes et les vergetures).
Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula
officinalis 1 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini
2 % / Urtica urens 1 % / Excipient q.s.p. 100 %
(huile)
Elle est indiquée dans les névrites rhumatismales et comme
réchauffant.
Les bains
La balnéothérapie stimule les fonctions rénales, intestinales,
pulmonaires. Elle harmonise l’action de l’organisation du Moi par
une fonction mercurielle d’harmonisation sur la peau (fonction
mercurielle de l’eau). Dans les bains chauds, la substance s’efface,
l’effet thermique compte, sauf lorsqu’il y a présence d’huiles
essentielles. R. Steiner nous indique que par l’huile essentielle,
notre corps astral va rencontrer l’éthérique de la plante, donc son
effet guérissant.
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La voie cutanée a une action directe vers le système nerveux central.
Bain aux essences de Romarin
Toujours recherché pour son action circulatoire et réchauffante.
Bain aux essences de Lavande
Apaisant, décontractant, il a un effet sur la perception.
Bain aux extraits de Marron d’Inde
Excellent complément pour les muscles et la circulation de retour.
Il faudrait aussi rajouter parmi les soins externes praticables à
domicile les emplâtres avec la pommade Stannum metallicum 5 %
qui peuvent être gardés toute la nuit. La personne étale la pommade
sur une compresse en couche fine (1 à 2 mm) l’applique sur le
genou, fixe l’enveloppement avec une bande et le garde toute la
nuit, c’est un excellent remède de fond de l’arthrose.
Conclusion
L’arthrose est un motif de consultation extrêmement fréquent ; nos
traitements sont d’une efficacité remarquable, mais il est nécessaire
d’avertir le patient que ce sera une entreprise de longue haleine et
que la thérapie va durer au moins une ou deux années
consécutives, avec ensuite des rappels réguliers de traitement,
particulièrement aux changements de saisons.
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Index des préparations citées
A
Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba,
folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. aeth. Rosmarini 1 % / Excipient
q.s.p. 100 % ......................................................................................................... 87
Aconitum napellus 1 % / Arnica montana, planta tota 3,5 % / Betula alba,
folium 0,4 % / Mandragora 0,3 % / Ol. Aeth. Rosmarini 1 % / Urtica urens
1 % / Excipient q.s.p. 100 % ............................................................................... 87
Aconitum napellus D4 / Gelsemium sempervirens D3 / Gnaphalium
leontopodium D4 / Mandragora D4 / Rhus toxicodendron D4 / Uraninite D10
aa .......................................................................................................................... 85
Aconium napellus D3 10 % / Arnica D1 10 % / Bryonia D2 10 % /
Excipient q.s.p. 100 %......................................................................................... 62
Aesculus cortex .................................................................................................. 52
Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D 20 / Bambusa D6 / Disques
vertébraux D8 / Formica D8 aa ........................................................................... 82
Aesculus hippocastanum D50 / Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques
vertébraux D8 / Equisetum D6 / Formica D8 aa ................................................ 82
Allium cepa D15 / Aurum metallicum D10 / Betula alba, folium D5 / Cartilago
D8 / Formica rufa D15 / Stannum metallicum D8 aa ......................................... 34
Alumen romanum................................................................................................ 52
Antimonium ......................................................................................................... 48
Apatite D6 / Aurum D15 / Stannum D10 aa........................................................ 47
Apis .....................................................................................................27, 28, 52, 55
Apis D8................................................................................................55, 58, 59, 63
Apis D8 / Belladonna D3 aa ................................................................................ 57
Apis D8 / Bryonia D3 / Rhus toxicodendron D4 aa .............................................. 59
Apis mellifica D8 ................................................................................................. 78
Argentite D20....................................................................................................... 78
Argentum D8 / Arnica D15 / Betula cortex D2 / Betula folium D2 /
Formica D8 / Sulfur D6 aa................................................................................... 78
Argentum metallicum D20 .................................................................................. 78
Argentum metallicum D8 / Arnica montana, planta tota D15 / Betula alba,
cortex D2 / Betula alba, folium D2 / Formica rufa D8 / Sulfur D6 aa................ 85
Arnica..................................................................................................28, 51, 62, 80
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Arnica montana D20 / Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Formica
rufa D8 / Gelsemium sempervirens D6 / Gnaphallium leontopodium D4 / Rhus
tox D6 aa...............................................................................................................80
Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis
1 % / Cuprum metallicum 0,001 % / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini
2 % / Excipient q.s.p. 100 % ..................................................................................88
Arnica montana, flos 2,5 % / Betula alba, folium 3 % / Calendula officinalis 1
% / Ol. aeth. Lavandulae 3 % / Ol. aeth. Rosmarini 2 % / Urtica urens 1 % /
Excipient q.s.p. 100 % .........................................................................................88
Arnica montana, planta tota D3 / Hypericum D15 / Levisticum off.,
radix D3 aa............................................................................................................85
Arsenicum ............................................................................................................33
Aurum .......................................................................................................47, 49, 56
B
Bain aux essences de Lavande ..........................................................................89
Bain aux essences de Romarin ..........................................................................89
Bain aux extraits de Marron d’Inde.....................................................................89
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 /
Hypophysine D8 / Stannum metallicum D10 / Tabacum D10 aa.......................84
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 /
Stannum met. D6 aa.............................................................................................80
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D15 / Formica D8 /
Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D6 aa .........................................82
Bambusa D6 / Disques vertébraux D8 / Equisetum arvense D4 / Formica D8 /
Pulsatilla D4 / Stannum metallicum D6 / Viscum album Mali D3 / Vivianite D6
aa...........................................................................................................................83
Belladonna ...........................................................................................................58
Bryonia .....................................................................................................52, 62, 65
Bryonia D10 à D30 ...............................................................................................78
Bryonia D3 ................................................................................................58, 59, 63
Bryophyllum mercurio cultum 0,1 % ..................................................................79
C
Carbo D1 / Sulfur D2 aa .......................................................................................58
Cartilago ...................................................................................................34, 48, 52
Cartilago D8 / Mandragora D6 aa ........................................................................85
Cartilago D8 / Stannum metallicum D8 aa .........................................................85
Cassitérite D6 .......................................................................................................79
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Colchicum................................................................................................ 27, 62, 63
Colchicum autumnale D2 10 % / Sabina D3 10 % /
Excipient q.s.p. 100 %......................................................................................... 62
Cuprum ................................................................................................................ 51
D
Disques vertébraux D8 ....................................................................................... 79
E
Equisetum................................................................................................ 28, 51, 65
Equisetum arvense D15...................................................................................... 80
F
Ferrum.................................................................................................................. 56
Ferrum sidereum D10 / Pancreine D8 aa ........................................................... 61
Formica .................................................................................................... 28, 55, 80
Formica D8........................................................................................................... 28
G
Gelsemium........................................................................................................... 80
Gnaphallium leontopodium................................................................................ 80
H
Huile pour massage à l’Arnica ........................................................................... 87
J
Jus de bouleau .................................................................................................... 79
L
Levico................................................................................................................... 33
Levisticum ........................................................................................................... 28
M
Magnesium phosphoricum................................................................................. 36
Mandragora.......................................................................................................... 28
Mercurius vivus 0,1%.......................................................................................... 79
Mésenchyme (en France T.R.E.) ........................................................................ 52
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P
Phosphorus in Oleo 0,1 %...................................................................................27
Plumbum ..............................................................................................................55
Plumbum mellitum D12 .......................................................................................71
Pulsatilla ...............................................................................................................83
R
Rheumadoron® .....................................................................................................84
Rhus toxicodendron ......................................................................................35, 82
S
Solutio Siliceae D3 ou D6 ....................................................................................51
Spirea ulmaria........................................................................................................78
Stannum ...................................................................................................47, 51, 65
Stannum metallicum............................................................................................28
Stannum metallicum 5 %.....................................................................................89
Stannum metallicum D10 ....................................................................................30
Stannum metallicum D8 ......................................................................................79
Sulfur ..............................................................................................................48, 55
Symphytum ..........................................................................................................51
T
Tabacum ...............................................................................................................84
Taraxacum stanno cultum 0,1 % ........................................................................79
V
Viscum album.................................................................................................28, 30
Viscum album Mali...............................................................................................35
Viscum album Pini ...............................................................................................32
Vivianite ................................................................................................................83
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Notes
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Directeur de publication : Dr Jean Chazarenc
Editions Médico-Pharmaceutiques Raphaël
2 rue du Blochmont 68330 HUNINGUE
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