UNIVERSITE DE CRETEIL PARIS XII INSTITUT D`URBANISME DE
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UNIVERSITE DE CRETEIL PARIS XII INSTITUT D`URBANISME DE
UNIVERSITE DE CRETEIL PARIS XII INSTITUT D’URBANISME DE PARIS THESE POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT DE TRANSPORT DYSFONCTIONNEMENTS URBAINS ET MOBILITE DES PAUVRES A ABIDJAN Présentée et soutenue publiquement par Ouahilagnon ZORO FOFANA Le 22 mars 2007 Jury : Xavier GODARD, Directeur de recherche à l’INRETS (Directeur de thèse) Jean-Pierre ORFEUIL, Professeur IUP, Université de Paris XII (Co directeur de thèse) Jean LATERRASSE, Professeur à l’Université de marne la Vallée Didier PLAT, Enseignant-chercheur au LET UNIVERSITE DE CRETEIL PARIS XII INSTITUT D’URBANISME DE PARIS THESE POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT DE TRANSPORT DYSFONCTIONNEMENTS URBAINS ET MOBILITE DES PAUVRES A ABIDJAN Présentée et soutenue publiquement par Ouahilagnon ZORO FOFANA Le 22 mars 2007 Sous la direction de monsieur Xavier GODARD, Directeur de recherche à l’INRETS et de monsieur Jean-Pierre Orfeuil, professeur IUP, Correspondant pour l’Université Paris XII 3 REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent tout d’abord à mon directeur de thèse Xavier GODARD, qui m’a suivie avec rigueur et surtout beaucoup de patience dans la réalisation de ce travail qui au départ avait pris un retard. Je tiens à lui exprimer toute ma gratitude. Je remercie tout sincèrement Jean Pierre ORFEUIL son correspondant à Paris 12 qui m’a consacrée à chaque moment que je venais sur Paris beaucoup de son temps. Ce travail doit beaucoup à ses critiques minutieuses, et à ses conseils. Merci à Phillipe ATTEY, directeur général de la SOTRA, qui m’a accepter dans son entreprises et a tout mis en œuvre pour l’élaboration de ce travail. Son soutien financier, ses conseils et sa rigueur dans le travail m’ont été d’un grand apport. A toute l’équipe de la SOTRA, un grand merci pour sa collaboration. Je remercie particulièrement Assafoua AKA qui est un père pour moi et Mamessi MORIBA pour leur conseil et leurs épaules à tout moment que j’en avait besoin. Merci également à l’AGETU, au BNETD particulièrement à Charles TOA-Bi qui était disponible à tout moment que je frappais à sa porte, à DIABY de la cellule de lutte contre la pauvreté. Grand merci à mon frère Amakoé ADELEHOUME du SITRASS qui m’a beaucoup motivée et encouragée à aller jusqu’au bout de cette thèse. Merci à mes amis Emilie, Richard, et à tous ceux qui de près ou de loin m’ont apporté assistance dans l’élaboration de cette thèse. C’est avec émotion que je tiens à remercier mes parents. A mon époux je dédie cette thèse. 4 RESUME A Abidjan, les déficiences de la planification spatiale urbaine, au plan des politiques d’équipements des terrains à bâtir, de l’habitat et de l’accès au logement ont favorisé la formation et la multiplication de quartiers précaires sous-équipés où vivent des populations majoritairement démunies. Dans cet environnement de précarité, les conditions de vie de ces populations pauvres sont rendues plus difficiles à cause notamment d’un système de transport public défaillant qui, outre les difficultés économiques que ces populations éprouvent, limitent leurs accès aux emplois et à certains équipements et services publics urbains de base. En fait, du fait d’une politique urbaine sélective, les plus pauvres n’ont pas accès à la propriété foncière ni au logement. Les coûts d’aménagement et de vente des terrains sont prohibitifs et les opérations de construction immobilières demeurent encore inaccessibles aux populations économiquement faibles. Les efforts des pouvoirs publics à mettre en place une véritable politique de l’habitat social restent limités, du fait de budgets insuffisants face à une demande très forte. De façon spécifique et en réponse aux principales questions posées dans notre travail, nous pouvons noter les résultats ci-après. Par rapport à l’articulation dysfonctionnements urbains et pauvreté : les dysfonctionnements urbains renforcent les inégalités sociales, contraignent les comportements de mobilité des plus démunis et compliquent leur sortie de la pauvreté. Les insuffisances ou les limites de la politique de planification urbaine (habitat, logement, équipements et services de base) n’offrent pas de possibilités d’intégration ni de promotion aux populations à faible revenu qui n’ont pour alternative que de se retrouver à la marge de la ville, dans des quartiers pauvres sous-équipés, avec des difficultés plus accrues en matière de déplacements. Ces quartiers précaires souffrent de plusieurs insuffisances qui contraignent la mobilité de leur populations et ne favorisent pas leur sortie de la pauvreté. - au plan spatial, ils sont majoritairement situés à la périphérie de la ville ; 5 - au plan démographique, l’habitat précaire concentre environ 12% de la population d’Abidjan ; - s’agissant de l’accès à la propriété bâtie, 2% seulement des chefs de ménages dans les quartiers précaires sont propriétaires de leurs logements (contre 28,4% pour tout Abidjan) ; - les actifs de ces quartiers exercent essentiellement de petits métiers d’artisans, d’employés de maison, exercent dans le commerce de détail, offerts par le secteur informel, ou pratiquent l’agriculture urbaine ; - la plupart des actifs travaillent dans leur commune de résidence ; - en termes d’offres de transport, les quartiers précaires n’ont pas, dans leur grande majorité, d’accès direct au service public de transport (SOTRA notamment) ; des services informels de taxi collectifs appelés woro-woro et de minibus appelés gbaka sont ceux qui assurent, dans une certaines mesure, la desserte de ces quartiers ; - les pauvres des quartiers précaires vivent majoritairement dans des familles nombreuses (en 2002, on compte en moyenne 9,4 personnes par ménage extrême pauvre ; 7,7 personnes par ménage pauvre et 4,8 personnes par ménage non pauvre) ; - 8% environ des pauvres actifs habitant les quartiers précaires sont des mineurs de moins de 18 ans, ce qui est une spécificité de la pauvreté dans les quartiers précaires ; - le taux d’analphabétisme est plus élevé chez les pauvres des quartiers précaires : 37% des personnes adultes de +25 ans n’ont pas été à l’école (à Abidjan, le taux d’analphabétisme chez les 15 ans et + est (1998) est de 54% chez les pauvres et 34,5% chez les non pauvres ; Par rapport à l’articulation pauvreté et mobilité : la pauvreté contraint les conditions de vie économique et sociale et donc de déplacement des population. - la majorité (57%) des actifs exerce une activité principale dans leur quartier de résidence : les déplacements sont géographiquement restreints et peu diversifiés au plan des motifs (principale motif : domicile-travail) ; - dans les quartiers précaires, 98% des adultes (+18 ans) ont un revenu mensuel inférieur au SMIG ivoirien (36 607 FCFA) avec un revenu moyen de 21 375 FCFA par mois ; 6 - la marche à pied constitue le principal moyen de déplacement avec 75 % des déplacements ; 85% des déplacements sont effectués avec un seul mode et la majorité des personnes, soit 87 %, effectue deux déplacements par jour ; la majorité des déplacements (79%) comporte un seul trajet ; - les principaux modes de déplacements motorisés sont les transports publics, dont les taxi woro-woro (9%), les autobus de la SOTRA (6%) et les minibus gbaka (6%) ; On note une certaine hiérarchie dans l’utilisation des modes : la marche à pied pour les petits déplacements ou les déplacements de proximité, le taxi communal pour les déplacements intracommunaux, les minibus gbaka pour les déplacements intercommunaux et les autobus de la SOTRA pour les déplacements intercommunaux de longue distance, en général là où il n’existe pas de desserte par les gbaka. Au plan des tarifs et surtout de leur application, les quartiers pauvres ont des coûts de transport plus élevés. Du fait de la crise persistante, leurs populations ont tendance à substituer de plus en plus la marche à pied à l’usage des transports publics pour les petits déplacements de sorte que la part du budget transport des ménages pauvres qui était de 22% de leur revenu en 1998 est passé à moins de 9% en 2002 alors que cette part est restée quasi constante, entre 14 et 17% chez les ménages non pauvres. Les pauvres et surtout les plus pauvres, font de plus en plus appel au réseau de solidarité pour financer leurs déplacements motorisés (revenus transférés). En effet, 72% environ des déplacements dans les quartiers précaires sont financés à travers ce réseau. On observe par ailleurs une forte proportion de populations migrantes dans les quartiers précaires avec 30% des habitants mais les populations migrantes renferment plus d’actifs. La mobilité journalière individuelle moyenne est de 1,15 avec une mobilité non motorisée de 0,60 légèrement supérieure à la mobilité motorisée égale à 0,55. mais cette mobilité est plus ou moins sensible selon les niveaux de revenu individuel et donc selon que l’individu est actif ou non, selon le caractère migrant ou non, selon le genre et selon les spécificités spatiales ou géographiques (quartiers ou communes de résidence). 7 Au regard des problèmes spécifiques de mobilité des populations des quartiers précaires d’Abidjan, le système de transport public existant n’est pas tout à fait adapté. Il comporte des contraintes aussi bien au niveau du cadre institutionnel et réglementaire, de l’insuffisance des infrastructures et de l’offre, qu’en celui du fonctionnement du marché des services publics de transport. En effet, la plus grande part des déplacements motorisés est assurée par les services informels de taxis collectif woro-woro et de minibus gbaka qui apparaissent les plus adaptés à la desserte des quartiers précaires. mais la restriction des zones d’activité géographique de ces services ne rend pas toujours possible leur accès aux populations desdits quartiers. Quant aux services de la SOTRA, ils semblent bénéficier en priorité aux groupes subventionnés par l’Etat et qui sont constitués de fonctionnaires et agents des forces de défense et de sécurité, d’élèves et des étudiants qui rassemblent près de 80% de ses passagers transportés. La marche à pied constitue le principal mode de déplacements mais les infrastructures ne sont pas adaptées et la sécurité des piétons n’est pas garantie. La voirie par ailleurs insuffisante et en mauvais état est livrée à la compétition entre voitures privées et services publics de transport, ce qui limite par ailleurs l’efficacité des transports publics en plus d’un parc insuffisant et/ou vieillissant. Comme réponses à cette situation, et en vue d’améliorer significativement les conditions de déplacement des populations pauvres des quartiers précaires, nous proposons d’abord une meilleure maîtrise de la planification urbaine, pour prévenir ou contrôler la formation de quartiers spontanés ou précaires. Ensuite, concernant particulièrement la politique des transports urbains en faveur des plus démunis, nous proposons de valoriser le secteur des services de taxis et de minibus par la réorganisation du marché autour d’unités d’entreprises de type GIE plus viables économiquement, ce qui pourra amener l’Etat à aider ce secteur par exemple à travers des mesures fiscales incitatives afin de permettre le renouvellement des véhicules vétustes, polluants et peu sécurisants pour les usagers. Cependant, nous pensons que pour être durablement viable, la réorganisation du secteur des taxis et des minibus devrait se faire dans le cadre d’une restructuration globale des transports publics, dans une logique de complémentarité (intermodalité) des différents modes ou services de transport avec, comme 8 mesure d’accompagnement, la mise en place d’un mécanisme autonome de financement des transports urbains. 9 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................12 Chapitre 1 : CADRAGE CONCEPTUEL .............................................................37 Chapitre 2 : URBANISATION ET ESPACES DE PAUVRETE A ABIDJAN .......................................................................................................................65 Chapitre 3 : PRATIQUES DE DEPLACEMENTS ET MOBILITE DES POPULATIONS DES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN .......152 Chapitre 4 : POLITIQUE DE TRANSPORT URBAIN ET SERVICES DE TRANSPORTS PUBLICS A ABIDJAN .................................................263 CONCLUSION GENERALE ..........................................................................................369 ANNEXES ........................................................................................................................372 TABLES DES ANNEXES................................................................................................373 LISTE DES ILLUSTRATIONS ......................................................................................391 TABLE DES MATIERES................................................................................................417 10 TABLE DES PRINCIPALES ABREVIATIONS UTILISEES AGETU : Agence des Transports Urbains AUA : Agence d’Urbanisme d’Abidjan AGEF : Agence de Gestion Foncière AFD : Agence Française de Développement BNETD : Bureau National d’Etudes Technique et de Développement CEA : Commission Economique pour l’Afrique CETUD : Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar CODATU : Conférence sur les Transport Urbains dans les pays en développement CTU : Compte des Terrains Urbains CDMH : Compte de Mobilisation pour l’Habitat CERTU : Centre d’Etudes sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques DCGTx : Direction et Contrôle des Grands Travaux DTT : Direction des Transports Terrestres DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté ECVM : Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages ENV : Enquête Niveau de Vie ENPC : Ecole Nationale des Ponts et Chaussées FMI : Fonds Monétaire International INSEE : INS : Institut Nationale de la Statistique INRETS : Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité ODM : Objectifs de Développement pour le Millénaire ONG : Organisation Non Gouvernementale PACOM : Projet d’Appui à la Conduite d’Opération Municipale PAST : Programme d’Ajustement Sectoriel des Transports PIB : Produit Intérieur Brut PNB : Produit National Brut PTU : Périmètre des Transports Urbains PDU : Plan de Développement Urbain 11 PME – PMI : Petite et Moyenne Entreprise - Petite et Moyenne Industrie PEL : Plan d’Epargne Logement PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RCI : République de Côte d’Ivoire RGPH-98 :Recensement Général de la Population et de l’Habitat SSATP : Programme de Politique de Transport en Afrique Sub-Saharienne SETU : Société d’Equipement des Terrains Urbains SOGEFIHA : Société de Gestion Financière et de l’Habitat SICOGI : Société Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière SODECI : Société de Distribution d’Eau de Côte d’Ivoire SOTRA : Société des Transports Abidjanais SOTU : Société des Transports Urbain SITRASS : Solidarité Internationale sur les Transports et la Recherche en Afrique SubSaharienne SYSTRA : STC : Signalisation Trafic Contrôle TFE : Travail de Fin d’Etudes UA : Union Africaine UATP : Union Africaine des Transports Publics UITP : Union Internationale des Transports Publics UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l’enfance 12 INTRODUCTION GENERALE A. CONTEXTE ET OBJET DE LA THESE A.1 CONTEXTE ET OPPORTUNITE DE LA THESE Ces dernières années, l’on observe que la question du développement économique et social, à laquelle en particulier les pays d’Afrique sub-saharienne n’ont pu apporter une réponse satisfaisante, est désormais abordée principalement sous l’angle de la réduction de la pauvreté comme le recommandent le FMI et la Banque mondiale1. En effet, les stratégies classiques utilisées jusque-là, et fondées principalement sur les politiques d’ajustement structurel, ont montré leurs limites. L’adoption et l’application des Programmes d’Ajustement Structurel conçus à partir de politiques macroéconomiques souvent en décalage avec les réalités locales ont conduit à de nombreux effets pervers. Les populations censées bénéficier de leurs résultats en ont payé un prix social élevé, notamment du fait de l’augmentation du prix de certains aliments de base due aux réformes de la fiscalité interne, des réformes douanières, de la privatisation d’entreprises publiques avec son lot de mise en chômage de nombreux travailleurs, de l’ouverture des marchés nationaux, encore fragiles à la concurrence internationale et aux produits importés du Nord qui se sont substitués progressivement aux productions de l’agriculture ou des petites industries locales(textiles par exemple). Cette situation a conduit les partenaires du développement2 à revoir la stratégie de l’aide3 et surtout à réorienter les concours financiers correspondants de façon à ce que les principaux bénéfices profitent directement aux populations et en particulier à celles les plus défavorisées. ! # $$ " # % &&' (& % & ' ) * $ 13 S’agissant en particulier des transports urbains, la Banque mondiale (principal bailleur de fonds) a été amenée à réorienter sa politique des transports urbains. En effet, dans les années 1990, la stratégie de la banque mondiale était axée sur la « viabilité économique et financière »4. Elle réprouvait les subventions, encourageait la concurrence et une régulation minimale dans les transports urbains. Cette stratégie conditionnait ainsi les investissements qui nécessitaient des capitaux importants, à des critères ou exigences de rentabilité que ne pouvaient satisfaire les villes ou quartiers pauvres. Du fait des limites de cette stratégie, la Banque publie en 1996, un document de politique générale pour les transports, « Sustainable Transport »5 qui souligne « le caractère fondamentalement indissociable des dimensions économiques, sociales, et environnementales d’une politique de transport viable ». cette nouvelle stratégie est développée dans sa publication « Villes en transition » parue en 2000 qui met l’accent sur « la compétitivité économique, la viabilité financière, la bonne gestion et la bonne gouvernance » des villes. Dans sa stratégie actuelle, la Banque Mondiale « associe les stratégies urbaines et de transport dans le cadre de la lutte contre la pauvreté »6. Dans cette nouvelle stratégie, contrairement à celles antérieures où la rentabilité des capitaux déterminait le choix des investissements, la Banque mondiale se préoccupe plus particulièrement des problèmes des plus démunis, « pas uniquement en termes de revenus mais aussi sous l’angle plus large de l’exclusion sociale associée au manque d’accès à l’emploi, aux écoles, aux installations sanitaires et à l’interaction sociale »7. Elle considère que « les transports urbains peuvent contribuer à la lutte contre la pauvreté à la fois indirectement, par leurs retombées sur l’économie urbaine, et donc sur la croissance économique, et directement, par leur incidence sur les besoins quotidiens des pauvres »8. + ' ,-. / 0 . 1 1 2 1 1 - 1 ' ,,. 14 Ainsi, cette nouvelle stratégie mieux adaptée à l’environnement de pauvreté qui caractérise les villes d’Afrique sub Saharienne constitue désormais le cadre d’intervention financière des bailleurs de fonds dans des actions de politiques de réformes dans le secteur des transports en général et de la mobilité urbaine en particulier. Ce regain d’intérêt pour les transports urbains s’explique en partie à cause surtout de son rôle structurant dans la gestion urbaine. En effet, la dynamique urbaine repose pour une grande part sur la mobilité à laquelle les transports publics urbains apportent une réponse économique et sociale à la fois grâce à l’activité des entreprises de transport et par les facilités de déplacements qu’ils procurent aux populations. Dans ce nouveau contexte désormais marqué par la question du développement durable (Encadré 1), l’on est nécessairement amené à analyser et à comprendre les caractéristiques majeures de la plupart des villes « millionnaires » capitales des Etats sub-sahariens, en termes de planification spatiale, d’habitat, d’infrastructures, d’équipements socio-économique, socioculturels et socio-éducatifs, de démographie, et leurs conséquences pour les transports urbains, pour identifier les solutions les plus appropriées pouvant être apportées aux problèmes de mobilité des populations. Les nouvelles stratégies couramment mises en œuvre dans ce sens se heurtent aux principales difficultés suivantes qui caractérisent ces villes9 : • une urbanisation rapide mais incontrôlée (Encadré 2) ; • un surpeuplement des banlieues ou bidonvilles ; • une très forte ségrégation de l’habitat, avec une proportion importante de l’habitat spontané ou précaire ; • une proportion importante de populations pauvres, c’est-à-dire avec un faible niveau de ressources ; • une forte poussée du chômage urbain touchant principalement les jeunes ; • une insuffisance de l’offre de service public urbain et notamment des équipements et infrastructures socio-économiques ; • une quasi-prédominance des activités du secteur non structuré qui étouffe un secteur moderne émergent ; , 1 3 4 8 5 6 # 7 &5 1 $ 15 • un système de transport urbain caractérisé par l’importance de la marche à pieds, des transports collectifs, parfois des 2 roues, et la faiblesse relative de la voiture dans la répartition modale ; • et, de façon générale, un manque de coordination entre planification spatiale et transport. Encadré 1: Le concept de développement durable a été proposé par le rapport « Notre avenir à tous » de la Commission des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Rapport Brundtland) en 198710. Ce rapport Brundtland définit le développement durable comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. ». En 1991, la nouvelle stratégie de conservation de la nature publié par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le Fond Mondial pour la Nature (WWF) et le Programme des Nation Unies pour l’Environnement (PNUE) définit le développement durable comme « le fait d’améliorer les conditions d’existence des communautés humaines, tout en restant dans les limites de la capacité de charge des écosystèmes11 ». Les engagements pris par les Etats en 2002 lors du sommet de la terre , à Johannesburg, sont très explicites sur cette question du développement durable12 : Ainsi, le point 5 de la déclaration de Johannesburg stipule: « A ce titre, nous assumons notre responsabilité collective, qui est de faire progresser, aux niveaux local, national, régional et mondial, le développement économique, le développement social et la protection de l’environnement, piliers interdépendants et complémentaires du développement durable ». Le point 11 de cette déclaration est tout aussi explicite en ces termes : « Nous estimons que l’élimination de la pauvreté , l’adaptation des modes de consommation et de production, ainsi que la gestion viable du stock de ressources naturelles nécessaires au développement économique et social sont des objectifs primordiaux de développement durable, et en sont aussi les conditions préalables ». Par cette prise de conscience qui marque désormais un changement considérable des habitudes de production et de consommation dans le monde, il s’agit de faire avancer à la fois le progrès économique, le progrès social et l’amélioration de l’environnement. Le schéma ci dessous illustre par ailleurs cette définition : 5 # (5 $ 57 &7 = = = !& : ; ; > 0 ) ! 9* 7 6 ,-0 < # 4 0 ,, 16 Source : www.Pauvreté-politique.com Selon le rapport « développement durable : définition, conditions et objectifs 13», le développement durable vise trois objectifs qui sont l’intégrité écologique, l’équité entre les nations, les individus et les générations, et l’efficacité économique. Il renseigne que la mise en œuvre de ces trois objectifs s’appuie sur un certain nombre de mesure qui nous aide à mieux saisir l’ampleur du défi qu’ils représentent. Ces mesures sont : Maintenir l’intégrité de l’environnement, c’est-à-dire intégrer, dans l’ensemble des actions des communautés humaines, la préoccupation du maintien de la vitalité et de la diversité des gènes, des espèces et de l’ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce, notamment, par des mesures de protection de la qualité de l’environnement, par la restauration, l’aménagement et le maintien des habitats essentiels aux espèces ainsi que par une gestion durable de l’utilisation des populations animales et végétales exploitées. Améliorer l’équité sociale, c’est-à-dire permettre la satisfaction des besoins essentiels des communautés humaines présentes et futures et l’amélioration de la qualité de vie, et ce, notamment, par l’accès pour tous à l’emploi, à l’éducation, aux soins médicaux et aux services sociaux, à un logement de qualité, ainsi que par le respect des droits et des libertés de la personne, et par la participation, pour l’ensemble des groupes de la société, aux différents processus de prise de décision. Améliorer l’efficacité économique, c’est-à-dire favoriser une gestion optimale des ressources humaines, naturelles et financières, afin de permettre la satisfaction des besoins des communautés humaines, et ce, notamment, par la responsabilité des entreprise et des consommateurs au regard des biens et des services qu’ils produisent et utilisent ainsi que par l’adoption de politiques gouvernementales appropriées ( principe du pollueur / utilisateur-payeur, internalisation des coûts environnementaux et sociaux, éco-fiscalité, etc.). " ? ===! !< ! ! $ !? 17 Encadré 2: si l’on se réfère à la nouvelle publication de la Banque mondiale (Cities in a globalizing world) dans la plupart des pays africains, les villes s’accroissent (au plan démographique et spatial) beaucoup plus vite que la moyenne nationale et elles devraient concentrer plus de la moitié de la population de ces pays d’ici 10 à 15 ans. Aussi, d’après le même rapport, près de la moitié (48%) de la population mondiale vivait-elle dans les grandes villes en 2003, soit un taux d’accroissement de 33% par rapport à la population urbaine mondiale de 1990 et qui pourrait atteindre les 55% d’ici 2020, dont 94% se produira dans les pays en développement. Le même rapport souligne en outre que les villes seront amenées à se livrer concurrence en vue de pouvoir accéder aux « capitaux flottants » pour créer des emplois en réponse à une demande en main d’œuvre croissante, et assurer la sécurité et l’accès aux services et aux infrastructures urbaines. A ce égard, le rapport considère qu’un système de transport urbain performant est essentiel pour les activités quotidiennes des citadins aujourd’hui et demain, et bien sûr, pour la croissance économique. S’agissant de la ville d’Abidjan qui nous concerne ici, ces caractéristiques sont encore plus marquées avec comme principaux traits : une population estimée à environ 4 millions d’habitants en 2005 (Encadré 3), en croissance forte depuis 1998 (2,9 millions d’habitants) ; une urbanisation déséquilibrée, avec une spécialisation des espaces en deux (2) principales zones : une zone sud essentiellement d’emplois, et une zone nord essentiellement d’habitats, ce qui se traduit par un fort déséquilibre entre logements et emplois ; une offre de transport sous contraintes : en effet, du fait de la géographie du site et de la spécialisation de l’espace urbain, les principaux flux de déplacements s’effectuent suivant l’axe nord-sud, avec un important déséquilibre des trafics par sens ; la cohabitation au sein du secteur des transports urbains, de deux systèmes de transport: l’un organisé en des services conventionnés exploités en un réseau d’autobus, et l’autre constitué de services exploités par des artisans privés au moyen de minibus et de véhicules de faibles capacités. 18 Encadré 3: le dernier recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-98) effectué par l’INS date de 1998. Ce chiffre est une estimation minimaliste. On pense que la population actuelle d’Abidjan avoisine plutôt les 5 à 6 millions d’habitants du fait principalement de l’impact de la crise que la Côte d’Ivoire connaît depuis le 19 septembre 2002 qui a engendré le déplacement de nombreuses populations (les déplacés de guerre) des régions du nord et de l’ouest occupées par la rébellion sur Abidjan. Par exemple, tous les services de l’administration publique ou privée ont été fermés et certains transférés à Abidjan. Ce sont des ONG ou des organisations humanitaires (Croix Rouge, MSF,. etc.) ou des organismes internationaux (PAM, UNICEF) qui assistent les populations dans les régions occupées. En 1997, avec le concours financier de la Banque Mondiale et de l’Agence Française de Développement (AFD), le Gouvernement ivoirien a, à la faveur du Programme d’Ajustement du Secteur des Transports (CI –PAST), adopté une nouvelle politique des transports urbains (cf chapitre 4, paragraphe 4.1.1.2) avec de nouveaux objectifs plus concrets tels que celui de contribuer à la compétitivité des productions nationales sur les marchés intérieurs et extérieurs par une réduction des coûts et une amélioration de la qualité des prestations, celui d’accroître la mobilité des personnes et en particulier celui de contribuer à la réduction de la pauvreté (cf page suivante). Pour se donner les meilleures chances d’atteindre ces principaux objectifs, un nouveau cadre institutionnel et réglementaire des transports urbains a été mis en place depuis Février 2000, notamment avec la définition d’un périmètre des transports urbains (PTU) et d’une autorité organisatrice et régulatrice des transports urbains d’Abidjan et des communes avoisinantes. D’autres études sont par ailleurs envisagées pour compléter ce dispositif, mais leur mise en œuvre est suspendue au retour de la paix civile : • des coûts de dysfonctionnement du système des transports urbains d’Abidjan (STC et CERTU, janvier 2002) ; • du plan de circulation d’Abidjan (réalisation suspendue depuis septembre 2002) ; • du train urbain d’Abidjan (réalisation suspendue depuis septembre 2002) ; • du Plan de Développement Urbain ou PDU (projet suspendu depuis septembre 2002) ; 19 • des conditions de transport des populations urbaines les plus pauvres ( projet suspendu depuis septembre 2002) ; • du financement des transports urbains ( projet suspendu depuis septembre 2002). En Avril 2002, le Gouvernement ivoirien a en outre, par l’adoption du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), formulé et précisé sa stratégie de réduction de la pauvreté pour la période 2003-2007. Cette vision stratégique dont le partage a mobilisé l’ensemble de la communauté nationale et internationale représenté par l’Administration, les Elus, le Secteur Privé, la Société Civile et les Partenaires au Développement est fondée sur six principaux axes rappelés ci-après14 : • le premier axe vise un objectif de croissance économique forte, durable et de développement du secteur financier impliquant les pauvres ; • le second axe concerne le développement rural, le développement des infrastructures économiques et la promotion du secteur privé en vue de la création de richesses et des emplois ; • le troisième axe vise une amélioration de l’accessibilité, de la qualité des services publics offerts, la préservation de l’environnement et la promotion du genre et des groupes vulnérables ; • le quatrième axe concerne la décentralisation comme moyen de participation des populations au processus de développement et de réduction des disparités régionales ; • le cinquième axe vise quant à lui la bonne gouvernance et le renforcement des capacités dans le sens d' assurer une meilleure allocation et utilisation des ressources; • et enfin le sixième axe dont l’objectif est le renforcement de la Justice et de la Sécurité des personnes et des biens. Conformément à cette stratégie et en cohérence avec ses engagements visant à atteindre les Objectifs de Développement pour le Millénaire (ODM) (Encadré 4) tels qu’approuvés par l’Assemblée Générale des Nations Unies15, l’objectif principal à moyen terme visé par le Gouvernement ivoirien dans sa politique de lutte contre la pauvreté est de réduire le taux (ou + / 9 0 0 < & 0 (90 &* 5 20 ratio) de la pauvreté (cf chapitre 1), estimé à 33,6 % en 1998, à 30 % en 2005 et 28 % en 2007 dans la perspective d’atteindre 15 % en 201516. Ainsi donc, la question de la réduction de la pauvreté semble constituer l’une des préoccupations majeures qui fondent désormais les politiques de développement économique et social du gouvernement ivoirien en particulier tout comme celle des pays au sud du Sahara en général. C’est donc à juste titre qu’elle canalise l’essentiel des nouveaux concours financiers des Bailleurs de fonds17 et notre recherche donne l’occasion de reposer cette question de façon particulière s’agissant de la Côte d’Ivoire, sous l’angle de la relation entre les dysfonctionnements urbains et la mobilité des populations pauvres à Abidjan. L’opportunité de notre thèse apparaît ainsi dans un contexte marqué par la volonté du Gouvernement ivoirien, à travers son Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, de réduire la pauvreté en général et plus particulièrement de développer les transports publics urbains, pour répondre de façon satisfaisante et durable, aux besoins de mobilité des populations, et singulièrement de celles les plus démunies de l’agglomération d’Abidjan. Encadré 4: En septembre 2005, l’Assemblée générale des Nations Unies a passé en revue les progrès accomplis depuis la Déclaration du Millénaire de 2000, en particulier l’état d’avancement des huit objectifs du Millénaire pour le développement. Ces objectifs constituent des points de repère concrets pour la mesure du progrès dans huit domaines d’ici à 2015, date butoir pour la plupart d’ente eux : Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim. Réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et réduire de moitié la population souffrant de malnutrition. Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous. Garantir une scolarité primaire complète pour tous les enfants. Objectif 3 : Promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Eliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2005 si possible et en 2015 au plus tard. Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile. Réduire des deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. . 2 9 0 < &&' (& % & & ' ) *6 (90 &* 5@ 5 # < ,,- 21 Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle. Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle. Objectif 6 : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies. Stopper la propagation du VIH/Sida et d’autres maladies et commencer à inverser la tendance actuelle. Objectif 7 : Assurer un environnement durable. Réduire de moitié le pourcentage de la population privée d’un accès régulier à l’eau potable et à l’assainissement. Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Réformer l’aide au développement et le commerce avec un traitement préférentiel pour les pays les plus pauvres. Source : Rapport mondial sur le développement humain 2005, PNUD, résumé, page 13 A.2 OBJET DE LA THESE Notre champs d’analyse porte sur les quartiers précaires d’Abidjan. En effet, notre thèse s’intéresse à la mobilité des pauvres, or les quartiers précaires constituent à Abidjan, le lieu d’habitation par excellence des populations les plus pauvres. Le quartier précaire (ou quartier informel) est, au sens du schéma Directeur d’Abidjan, caractérisé par de l’habitat spontané constitué de logements construits au moyen de matériaux précaires, sans titre de propriété (cf paragraphe 2.2.3). L’étude sur ces quartiers faite par le BNETD en 1992 a montré que ces quartiers étaient repartis dans toutes les communes d’Abidjan à l’exception de celle du Plateau. Certains ont été restructurés, d’autres ont été supprimés et d’autres encore ont été recréés. L’espace urbain d’Abidjan étant relativement spécialisé au plan de l’habitat18, il y a une relation entre type d’habitat et statut social, de sorte que les quartiers précaires, qui sont soit enclavés en plein milieu urbain soit rejetés à la périphérie de la ville, sont habités majoritairement par les couches les plus démunies de la population urbaine. Il existe certainement des populations pauvres dans les autres quartiers de la ville, mais elles ne rencontrent pas les difficultés de même ampleur ni de même nature que celles des - 7 '9 0 ? # < A 8 ,,. 22 populations des quartiers précaires qui rencontrent des difficultés propres à leurs quartiers. Ces quartiers sous équipés, oubliés par la planification, sont l’une des aspérités urbaines les plus visibles des dysfonctionnements de la ville d’Abidjan qui ont favorisé la formation d’îlots de pauvreté où sont entassés une majorité de populations les plus démunies. Ce sont ces quartiers communément appelés précaires ou spontanés qui nous intéressent ici, et qui délimitent ainsi notre champ d’investigation. Pour pouvoir mieux poser notre problématique, il convient de préciser qui sera considéré comme « pauvre » dans notre travail. Aux fins de l’analyse, nous admettons le postulat selon lequel le champ de la « pauvreté » couvre celui des « populations habitant les quartiers précaires » à Abidjan. Cette simplification qui crée une équivalence entre « pauvreté » et « précarité » s’explique en particulier dans le cas d’Abidjan pour les raisons suivantes tirées des travaux ou études antérieurs19 menés par l’Institut National de la Statistique (INS), le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD), et/ou les structures de l’Administration chargées de l’habitat et de l’urbanisme : • la ville d’Abidjan se caractérise par une urbanisation fortement marquée par une spécialisation des espaces ; • les communes et plus particulièrement les quartiers sont, de ce fait, généralement habités par des populations de statut social relativement homogène ; • il existe en général une corrélation satisfaisante entre « classe de revenu » et « type d’habitat ». , 7 '9 0 ? # < A 8 ,,. 23 B. PROBLEMATIQUE L’une des questions fondamentales à l’origine de cette thèse est la connaissance de la mobilité des pauvres des quartiers précaires d’Abidjan dans un contexte marqué par : • d’une part, une urbanisation incontrôlée ou une faiblesse de la planification spatiale urbaine ; • et d’autre part, une déficience du système des transports publics, avec une dualisation du secteur des transports urbains entre d’un côté, une composante qualifiée d’informel (au sens de non structuré) dominée par les services de minibus et de taxis collectifs dont l’essor et l’apparente prospérité ne semble tenir qu’à « la débrouille et au désordre, quoique inventif »20 des artisans transporteurs, et de l’autre, une composante exploitée par une compagnie d’autobus (dans le cadre d’une convention de service public liée à l’Etat) de moins en moins compétitive. Le secteur présente ainsi un tableau général caractérisé en particulier par: o un recul de l’offre de transport en commun formel au bénéfice des transports non structurés qui progressent fortement ; o une demande peu massifiée (éparpillée dans l’espace et dans le temps) ; o une faible solvabilité de la demande (une très grande proportion de populations pauvres ou à faibles revenus). L’on est parti d’un constat simple. En effet, Abidjan est une métropole qui croit rapidement au plan spatial et démographique21 et cette forte croissance, à l’évidence non maîtrisée, a pour principaux effets pervers un surpeuplement des banlieues et une multiplication des quartiers précaires dans des îlots qui sont soit enclavés en pleine zone urbaine, soit rejetés à la périphérie de l’agglomération. Ces quartiers sont sous équipés en infrastructures économiques, sociales, éducatives, culturelles et sportives de base. De plus, comme phénomène accompagnant cette mauvaise urbanisation, l’on note que les conditions de 3 4 B A$ 0 ? $ 7 '9 0 ? < A 8 ,,- 24 transport se dégradent22, et l’accès aux lieux de travail, aux marchés ou aux commerces, et plus généralement aux équipements et aux services publics urbains, devient de plus en plus difficile, en particulier pour les couches les plus pauvres de la population qui ont à parcourir des distances de déplacement de plus en plus longues. C’est par exemple le cas des populations habitant dans les quartiers précaires qui connaissent, de façon récurrente, le cycle déguerpissement/relocalisation comme si elles ne faisaient pas partie de la communauté urbaine, ignorées qu’elles sont dans les choix et prévisions éventuels opérés pour répondre à la demande sociale urbaine23. Pour la plupart, ces populations se sentent exclues de la ville car les principales fonctions de la cité semblent s’organiser pratiquement sans elles ou au mieux avec une prise en compte marginale de leurs préoccupations à divers niveaux et en particulier en matière de déplacements. A cet égard, il convient donc de s’interroger si en particulier la satisfaction des besoins de mobilité (motorisée ou non) des populations pauvres est une préoccupation des Pouvoirs publics dans la stratégie de développement aussi bien de la ville (politique d’urbanisation, politique d’habitat, politique d’offre de services et/ou d’équipements publics etc.) que des transports urbains d’Abidjan. Les réponses sont loin d’être évidentes si l’on tient compte du fait que la version actuelle du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de la Côte d’Ivoire n’a pas pris en compte, sinon suffisamment, la dimension transport et surtout, elle n’est pas parvenue à établir clairement l’existence d’une relation entre transport et réduction de la pauvreté. Un début d’explication à cette lacune du DSRP serait le fait que le champ d’investigation de cette question était resté peu exploité jusqu’à un passé récent24. Il a fallu que la Banque Mondiale, à 5 0'5 5 C % $ 7 '9 0 ? " + ' D 3 < 6 4 % ) $ A 8 #A 8 8 ,,E B 9 FD 9 & & & ? 25 travers le SSATP25, s’investisse à partir de la fin de l’année 2002, sur le sujet, élabore un guide méthodologique sous forme de « directives »26 pour amener certains gouvernements des pays au sud du Sahara à s’intéresser à la démarche et s’approprier le processus d’analyse. Pour la Côte d’Ivoire, alors que la dernière version disponible du DSRP date de septembre 2002, ce n’est qu’en août 2004 qu’elle a adhéré au processus d’analyse des stratégies transport et réduction de la pauvreté. Les principales insuffisances du DSRP ivoirien en matière de transport portent sur les aspects suivants : - le document ne traite essentiellement que la composante infrastructures des transports. Les services ou la fourniture des services de transport ne sont pas abordés ; - le lien entre transport et fourniture des services ou équipements socio économiques de base n’est pas abordé ; - la question de la mobilité au sens large n’est pas traitée ; - les coûts de transport et plus généralement l’impact de la fiscalité sur les transports ne sont pas abordés ; - la question de la vulnérabilité de certains groupes sociaux à mobilité réduite (handicapés, personnes âgées, etc.) ou celle du genre, n’est pas non plus traitée, en particulier la question de la mobilité des femmes qui jouent un rôle économique et social majeur dans les ménages à revenus modestes, à travers leurs activités domestiques ou commerciales pourtant essentielles dans nos régions ; - s’agissant de la gouvernance dans les transports, le document ne traite pas des problèmes de la persistance et de la prédominance de l’informel dans le secteur des transports, pas plus que de celui du non respect ou de l’inexistence de règles au sein du marché, ni celui du racket policier aux barrages routiers abusifs, etc. Si la contribution des transports au développement économique et social n’est pas contestable, il n’y a pas encore, d’un point de vue analytique ou macroéconomique, de réponses claires / 00A'& & . 00A'& 9 < A$ # % ? < 26 quant à la contribution effective des transports à la réduction de la pauvreté. Le fait est que sans croissance économique, il est difficile de réduire la pauvreté, sauf à mieux redistribuer les ressources existantes. Le chemin de la croissance économique serait donc un passage obligé pour réduire la pauvreté. Malgré tout, l’effet structurant des transports sur l’espace urbain est incontestable. C’est pourquoi le problème de la réduction de la pauvreté par les transports nous amène à considérer les questions sous-jacentes ci-après : Les politiques de planification urbaine, d’habitat, d’accès aux logements sociaux, d’accès à la propriété foncière bâtie, et plus généralement d’équipements des quartiers en infrastructures socio-économiques de base ont un impact majeur sur la structuration de la ville. Elles influencent les populations dans les choix de leurs logements, parfois de leurs lieux de travail et déterminent les pratiques de déplacements urbains. Dans le cas d’Abidjan qui nous concerne, il s’agira d’abord d’analyser en particulier si les politiques mises en œuvre à cet effet prennent en compte les populations les plus démunies notamment celles des quartiers les plus pauvres. Par rapport à ces questions, il est important de souligner que l’un des principaux problèmes de fond posés par la pauvreté urbaine est l’accès des populations concernées aux services ou infrastructures de base (eau potable, centre de santé, écoles, marchés, administration, commerces, etc.) car elles offrent une trop grande vulnérabilité devant les difficultés posées par les déficiences nées de politiques urbaines incohérentes ou tout simplement d’absence de politiques réelles de planification urbaine. Dans le cas de la ville d’Abidjan qui nous concerne, il existe un schéma directeur d’urbanisme mais qui n’est pas respecté27. Cette situation se traduit, dans le temps et dans l’espace, par une succession d’initiatives ou de projets exécutés de façon indépendante au gré des disponibilités budgétaires de l’Etat et des intérêts socio-politiques du moment, sans une cohérence d’ensemble (concentrations des services ou équipements par exemple), ce qui limite leur efficacité. Dans un tel schéma, les transports urbains ne peuvent pas jouer pleinement leur rôle. 2 7 '9 0 ? # < A 8 ,,- 27 En effet, les transports publics urbains peuvent constituer un levier essentiel dans la stratégie de lutte contre la pauvreté urbaine28, car les transports ont un fort potentiel d’intégration des espaces, des populations, de rapprochement et de lutte contre l’exclusion29. En fait, les difficultés de déplacement limitent l’accès à la ville et donc à ses différentes fonctions. Les quartiers pauvres souffrent généralement de plusieurs dysfonctionnements en matière de transport : faibles liaisons inter-quartiers, peu de dessertes internes aux quartiers, concentration aux heures de pointes des déplacements sur les dessertes de ces quartiers, faible accès à certains équipements collectifs, manque d’information sur le réseau, tarification inadaptée aux plus pauvres, faible sécurité, etc. Or, l’accessibilité de certains espaces publics centraux grâce au transport favorise l’intégration sociale et enrichit ou consolide le lien social. En revanche, la faible mobilité ou le manque d’accessibilité à certains espaces de vie urbaine du fait de la déficience des transports peut être vécu comme une exclusion. Il est établi qu’il existe une corrélation entre exclusion spatiale et exclusion sociale. La mobilité étant un besoin élémentaire à satisfaire, le niveau de desserte et la qualité des transports urbains conditionnent en partie l’accès des citoyens les plus pauvres aux différentes fonctions urbaines. L’importance des transports publics dans l’économie urbaine n’est plus à démontrer, du fait de leur impact majeur sur les conditions de vie et donc de déplacement des populations les plus défavorisées30. Dans la majorité des cas, ces populations qui habitent dans des zones défavorables de la ville ont ainsi de graves difficultés de déplacement. Les distances qu’elles ont à parcourir, souvent à pieds, sont parfois importantes et les bidonvilles ou quartiers précaires sous équipés où elles sont majoritairement entassées ne sont pas généralement desservis par les services de transport en commun classiques, s’ils ne sont pas tout simplement enclavés. " - A5 A B 8 $ A$ $ / , A5 A B 8 $ A$ $ / 5 ' E 5 ' ,,- 28 Nous pensons que le manque de disponibilité des services publics de transport (leur accessibilité) tout autant que leurs tarifs (par rapport à une demande peu solvable) portent préjudice à ces populations, indépendamment des autres difficultés qu’elles sont amenées à affronter beaucoup plus que les autres citadins du fait de l’absence ou de l’insuffisance des équipements socio-économiques de base de leurs quartiers d’habitation. Elles ont à cet égard, dans le meilleur des cas, à se déplacer sur de longs parcours, parfois à pieds pour accéder aux services ou équipements publics. Ces questions dont certaines ont déjà fait l’objet d’analyses dans des travaux antérieurs31, permettront de faire un retour sur l’importance du rôle ainsi joué par les transports publics dans l’économie urbaine, et de mesurer toute la pertinence de la problématique « dysfonctionnements urbains - mobilité des pauvres » en milieu urbain à travers le cadrage suivant : • Les aspects sociaux de la pauvreté ne semblent pas être pris en compte en tant que déterminants des politiques urbaines menées par les pouvoirs publics à Abidjan et sont généralement traités à la marge comme phénomènes non prévus par lesdites politiques32. Ainsi donc, au regard de cette lacune dont les conséquences sociales, économiques et environnementales sont coûteuses pour la ville, l’on est appelé à se demander pourquoi rien n’est fait si tant est que la prise en compte des spécificités des populations pauvres constitue véritablement un enjeu de développement urbain en général et celui des transports collectifs urbains en particulier, comme cela est spécifié dans le DSRP ? • Qu’en est-il de la politique de l’habitat et notamment de l’accès au logement pour les populations à faible revenu qui n’ont pas droit aux guichets de financements classiques des projets initiés a priori à cet effet ? Cette question mérite d’être creusée car les politiques de l’habitat social et plus particulièrement celle de l’accès à un logement décent, au mieux à la propriété, prônées jusqu’ici par le gouvernement " 0 ' A00 00A'& & 69 & 65 + " 7 '9 &A5D & 9 < # < #A 8 8 # + < G % 29 ivoirien, ne semblent pas avoir atteint les objectifs souhaités et les produits même subventionnés par l’Etat ne sont pas généralement accessibles aux revenus modestes qui regroupent encore l’immense majorité des populations. • Quel rôle joue la planification (ou la mauvaise planification) urbaine dans la formation des quartiers précaires où sont concentrées la plupart des populations urbaines les plus démunies et, de façon plus large, en quoi les dysfonctionnements urbains ou les déficiences observées dans les politiques urbaines contribuent-ils à aggraver les risques d’exclusion, de précarité ou de pauvreté ? A cet égard, l’on pourrait s’interroger sur l’efficience de la politique d’équipement des terrains urbains dont l’un des objectifs avoués était de faciliter et d’encourager l’accès à la propriété mais qui, du fait des coûts de vente prohibitifs des terrains et/ou des logements, ne bénéficie en réalité qu’aux personnes les moins pauvres. Cette politique n’a ainsi pas offert de possibilité d’intégration, ni de promotion aux populations disposant de revenus modestes. Celles-ci se retrouvent condamnées à squatter des îlots ou des parcelles publics dans la clandestinité et l’illégalité la plus totale. • De façon plus spécifique, dans quelle mesure , la pauvreté influence-t-elle les pratiques de déplacement motorisé ou non motorisé des populations urbaines pauvres vivant dans les quartiers précaires aussi bien dans le cadre de leurs activités professionnelles, sociales, culturelles ou coutumières, que dans celui de leurs accès aux services publics de transports (réseau de couverture, types, niveau de qualité et tarifs des services offerts). De façons spécifique, il nous semble que les conditions d’une amélioration significative de la mobilité motorisée ou non motorisée des populations les plus démunies de la ville, qui sont rendues plus difficiles en partie par les contraintes, sinon les lacunes des politiques urbaines en matière de planification spatiale et de transport, ne sont pas toujours réunies et prises en compte par les pouvoirs publics chargés de la planification et de l’aménagement urbains. L’une des questions de fond soulevée ici pourrait se formuler comme suit : les déficiences de la planification spatiale à Abidjan ont conduit à une urbanisation incontrôlée33 qui échappe à 30 la puissance publique. L’un des effets pervers est notamment la prolifération d’îlots de précarités où s’entassent les populations les plus pauvres. Ces quartiers, surpeuplés et sous équipés participent, malgré tout, à la dynamique urbaine, notamment à travers la mobilité de leurs population, au plan des activités, sociales, économiques, professionnelles, culturelles ou coutumières. Elles ont à cet égard, des besoins de mobilité à satisfaire. La mauvaise localisation de cette couche de population dans l’espace urbain, sa desserte insuffisante, notamment par les réseaux d’équipements publics, leurs difficultés d’accès à certains services de transport disponibles, l’équipement insuffisant ou inexistant de ces quartiers sont autant de facteurs qui limitent ou restreignent leur mobilité. Ces dysfonctionnements urbains qui affectent davantage les populations les plus vulnérables, dont celles des quartiers précaires ou pauvres, sont de plus en plus préoccupants non seulement en terme de coûts sociaux34, mais nous pensons qu’ils réduisent la mobilité et contribuent à la pauvreté. Quelle réponse la ville d’Abidjan apporte-t-elle aux préoccupations de ces populations en matière de déplacements, et plus particulièrement à la question de savoir si le système de transport public urbain est accessible à tous les citoyens de la ville ? Cette question est essentielle car l’un des débats, qui reste toujours ouvert en ce qui concerne Abidjan, c’ est de savoir si la politique dite sociale des transports publics de l’Etat (ou la politique dite du transport social) qui s’exprime essentiellement dans les soutiens financiers importants apportés par le trésor public à la SOTRA, notamment en termes de subvention du coût de transport de certains groupes sociaux, profitent à tous et en particulier aux populations abidjanaises les plus nécessiteuses. En effet, en plus d’une compensation pour insuffisance tarifaire éventuelle, l’Etat prend en charge tout ou partie du coût de transport de certains groupes sociaux transportés par cette société et qui ne sont pas les plus défavorisés, bien au contraire, car il s’agit des élèves et étudiants, des fonctionnaires et agents de l’Etat, et des agents des corps habillés (police, gendarmerie, douane, armée etc.). L’hypothèse que nous "+ 5 ' 0'5 5 C % $ % ) ' 6A 8 8 31 voulons vérifier est que la contribution publique à la SOTRA ne bénéficie finalement pas aux plus pauvres. Une autre question qui reste également posée porte sur l’utilité, principalement au regard de leur degré de nuisance, des services de transport non structurés qui ont supporté au cours de la décennie écoulée, sans apports financiers de l’Etat, la plus grande partie des déplacements urbains motorisés malgré des coûts externes importants : de moins de 10% dans les années 1980, leur part qui est passée à 37% en 1988 (SOTRA :47%) est devenue majoritaire en 1998 avec 57%(SOTRA :28%) des déplacements motorisés à Abidjan35. Cette part devrait malheureusement continuer de progresser si les conditions opérationnelles d’exploitation de la SOTRA (parc vieillissant, nombre d’autobus en régression, rentabilité des services en décroissance, etc.) ne sont pas rapidement améliorées. Nous voulons savoir comment cette tendance a-t-elle évolué depuis, notamment en terme de parts modales en rapport avec les déplacements des populations pauvres des quartiers précaires. S’il est vrai que les coûts externes de fonctionnement des services de minibus et de taxi collectifs sont importants (pollution de l’air urbain, encombrement, taux d’accident élevé, etc.)36 il est aussi vrai que c’est actuellement, dans beaucoup de cas, la seule alternative qui s’offre à une frange importante de la population d’Abidjan, dont celle vivant dans des quartiers précaires, pour satisfaire leurs besoins de mobilité motorisée en vacant ne serait-ce qu’à leurs activités traditionnelles. Nous voulons vérifier cette hypothèse à travers l’analyse de la mobilité de ces populations selon les différents modes utilisés (à pied, en taxi collectif woro-woro, en minibus gbaka, en autobus SOTRA etc.). Ces préoccupations ainsi soulevées sont autant de questions que notre recherche compte aborder plus en profondeur pour approcher le principal objectif visé qui est de mieux cerner et de connaître suffisamment les pratiques de déplacements dans les quartiers précaires "/ 5 ' 0'5 5 C % $ % ) ' 6A 8 8 ". 5 ' 0'5 5 C % $ % ) ' 6A 8 8 32 d’Abidjan en vue d’appréhender les conditions d’une amélioration significative de la mobilité (motorisée ou non) des populations les plus démunies de cette aire urbaine. Comme objectifs spécifiques, notre travail vise en particulier à : - connaître la mobilité et les conditions d’accès des populations pauvres des quartiers précaires aux services et équipements publics de base ; - appréhender le rôle du transport dans les difficultés d’accès ou de déplacement de ces populations ; - faire émerger quelques pistes de mesures ou d’actions en faveur de ces populations, visant à favoriser leur sortie de la pauvreté ou à améliorer leurs conditions de vie grâce notamment à une meilleure mobilité. C. METHODOLOGIE Pour éclairer notre démarche, il faut préciser d’abord les options méthodologiques avant d’arriver au cadrage conceptuel de la pauvreté, de la mobilité et des dysfonctionnements urbains. Au plan méthodologique, notre travail est essentiellement fondé sur des enquêtes et expériences empiriques de terrain. Les principales données de notre travail sont issues des principales sources suivantes : • une enquête individus-déplacements conduite et organisée par nous-mêmes en 2004, spécifiquement à partir d’ un échantillon de quartiers pauvres d’Abidjan, et dont les résultats sont présentés et analysés au chapitre 3 ; • une enquête d’opinions réalisée auprès des usagers des transports publics en 2004 par l’AGETU, avec notre participation, et dont certains résultats sont utilisés dans le chapitre 2, après traitement spécifique pour notre travail. A ces deux principales sources, il faut ajouter une enquête individus-déplacements que nous avons spécialement effectuée en 2003 sur les services de transport mixte de la SOTRA, auprès des femmes vendeuses ou commerçantes sur les marchés d’Abidjan. Pour justifier ou expliquer ces bases de travail que nous avons choisies, il faut dire que les données actuellement disponibles sur la mobilité des habitants des quartiers précaires datent 33 pour l’essentiel de 1988, et sont issues de l’enquête ménage effectuée par l’ex-DCGTx à Abidjan. Depuis lors, aucune enquête ménage ou de mobilité a été effectuée. Nous avons par ailleurs des données de l’Institut National de la Statistique (INS) sur les conditions de vie des ménages et sur les profils de pauvreté en Côte d’Ivoire. Au plan méthodologique, ces enquêtes de l’INS, orientées de type budgets consommations, n’abordent pas les questions de mobilité. De plus, ces enquêtes ont évolué dans le temps au plan méthodologique, ce qui fait que les données sont difficiles à comparer d’une année sur l’autre. Dans ces conditions, il nous était difficile de travailler exclusivement sur cette base de données de l’INS d’autant que nous n’avions pas accès aux données primaires issues de ces enquêtes de façon à en tirer éventuellement des éléments propres à notre travail après des traitements spécifiques. En outre, il est difficile de vérifier la cohérence des chiffres des tableaux issus de ces enquêtes. Pour toutes ces raisons, nous avons été amenée à procéder à une enquête individusdéplacements dans les quartiers précaires qui ne sont pas souvent pris en compte, de façon spécifique, dans les enquêtes générales de l’INS, sauf à l’aide de critères relatifs à l’habitat, au niveau d’équipement des ménages et/ou au revenu. La deuxième base de données récentes que nous avons utilisée est une enquête d’opinions organisée par l’AGETU, à laquelle nous avions participé, et qui présente l’avantage d’être plus récente, disponible et accessible à nous. De plus, cette enquête nous permettait d’avoir un regard critique des usagers sur les services de transport public qui leur sont actuellement offerts à Abidjan. C.1 ENQUETE INDIVIDUS-DEPLACEMENTS DANS LES QUARTIERS PRECAIRES En fait, notre travail devait initialement s’appuyer sur des données et/ou résultats de travaux qui étaient prévus pour être réalisés sur la période 2001-2004, dans le cadre du Programme d’Ajustement du Secteur des Transports et qui connaissent actuellement un gel au niveau de leur réalisation en raison de la crise que subit la Côte d’Ivoire depuis le 19 Septembre 2002. Au nombre de ces travaux, citons l’étude du PDU d’Abidjan qui comportait un volet important relatif aux enquêtes ménages, celle du train urbain ainsi que l’étude des conditions de déplacement des populations pauvres à Abidjan. Mais ces travaux ont été remis en cause ou suspendus, du fait du gel ou de la ré affectation à d’autres fins, des crédits qui leur étaient alloués par la Banque Mondiale ou l’Agence Française de développement. 34 L’une des solutions de rechange qui s’offrait à nous était de réaliser au moins une enquête déplacements, même à une échelle réduite en rapport avec notre budget, afin de pouvoir disposer de données actualisées sur les déplacements et donc sur la mobilité des populations de notre champ d’analyse. Pour sélectionner les zones d’enquête, nous sommes partie d’une typologie spatiale établie dans le schéma d’urbanisme d’Abidjan. La localisation des populations pauvres dans l’espace urbain, l’ancienneté du quartier (afin de savoir si c’est une extension nouvelle, un ancien noyau villageois etc.), la caractérisation du bâti, les infrastructures existantes dans ces zones ont été les éléments qui ont déterminé notre échantillonnage. De façon pratique, nous avons sélectionné un quartier précaire dans chacune des dix communes d’Abidjan à l’exception de la commune du Plateau (qui ne renferme pas de quartier précaire). Ce premier tri nous a donné neuf zones d’enquêtes. Cette sélection a tenu compte de la localisation géographique de ces quartiers dans l’espace urbain (zone centrale, zone périphérique etc.) de façon à constituer un échantillon suffisamment représentatif de la configuration spatiale et démographique desdits quartiers. Nous avons visé une taille d’échantillon de cent individus choisis de façon aléatoire par quartier précaire ainsi sélectionné, soit un objectif de 900 individus au total. L’offre et la demande de transport ont été approchées comme suit : L’Analyse de l’offre de transport dans les quartiers précaires : cette analyse s’est effectuée en s’appuyant, pour la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), sur les données récentes d’exploitation de cette Société, et pour les transports non structurés, sur les données ou les informations récentes disponibles à l’Agence des Transports Urbains (AGETU), dans les communes et/ou dans certaines structures intervenant dans leur gestion administrative ou technique. L’analyse de la demande (données des enquêtes individus) : nous avons procédé à l’analyse des déplacements et à l’évaluation de la mobilité et établi les principaux flux 35 de déplacement à partir de la matrice Origine-Destination, par motif, par moyen de transport et évalué les dépenses moyennes ou coûts de transport des individus concernés. C.2 ENQUETE D’OPINIONS REALISEE PAR L’AGETU Ces enquêtes qui se sont déroulées du 11 au 18 Août 2004 dans le cadre d’une étude de marché, avaient pour objectif entre autres de recueillir différentes opinions des usagers sur les services actuels de transport public, ainsi que leurs attentes ou leurs souhaits en termes d’améliorations à apporter en vue de satisfaire les demandes. Ces enquêtes se sont déroulées dans les dix communes d’Abidjan au niveau des principales zones de desserte actuelle, dans les gares, les arrêts d’autobus, de minibus gbaka et de taxis collectifs. Elles ont permis de prendre en compte un large éventail d’usagers suffisamment représentatifs de la configuration des déplacements motorisés utilisant les transports publics, en terme de catégorie socio-professionnelle, de revenu, de genre, de classe d’âge, et de motif de déplacement. Au total, 3338 usagers ont ainsi pu être interrogés pour lesquels les fiches ont été exploitées. Aussi, dans le cadre de notre travail, avons-nous jugé utile de faire ressortir l’opinion critique des usagers sur les services de transport public, de façon à pouvoir mieux expliquer certaines pratiques de déplacement ou comportements de mobilité à travers l’usage ou la fréquentation de ces services de transport. C.3 ENQUETES INDIVIDUS-DEPLACEMENTS DES FEMMES VENDEUSES SUR LES MARCHES Cette enquête s’est déroulée en octobre 2003. Elle consistait en une enquête individusdéplacements sur les services de transport mixte de la SOTRA, auprès des femmes vendeuses sur les marchés d’Abidjan. Elle avait pour objet de déterminer les lieux d’approvisionnements des femmes vendeuses, le mode de transport utilisé pour s’approvisionner et l’opinion de ces femmes sur les services de taxi-bagage de la SOTRA censés répondre à leurs besoins. 36 Elle s’est effectuée surtout le territoire de la ville d’Abidjan, en raison d’un marché par commune. Au sortir de cette enquête, nous avons obtenu 600 fiches exploitables. Ainsi, dans le cadre de notre travail, nous avons jugé utile d’analyser la mobilité de ces femmes à travers leur métier qui leur impose des déplacements particuliers. Les différentes analyses menées dans le cadre de la présente thèse procèdent pour l’essentiel de la démarche méthodologique ainsi présentée. Elles sont structurées autour de 4 chapitres. Dans un premier chapitre qui nous permet de faire un cadrage conceptuel, nous délimitons notre compréhension des concepts ou notion de la pauvreté, de la mobilité et des dysfonctionnements urbains, avec un accent sur les articulations entre pauvreté et mobilité urbaine d’une part et entre dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres d’autre part. Ces notions ou concepts étant ainsi circonscrits ou clarifiés par rapport à notre sujet, nous tentons, à travers un second chapitre, d’analyser la formation des quartiers précaires sous l’articulation entre urbanisation et espaces de pauvreté à Abidjan. Les questions de mobilité des populations des quartiers précaires sont traitées au chapitre 3 où nous tentons de répondre aux questions de fond posées dans la problématique, par rapport notamment aux relations pouvant exister entre pauvreté, mobilité et dysfonctionnements urbains. Enfin, au chapitre 4, nous abordons les questions de politique des transports urbains à Abidjan sous l’angle de la satisfaction ou non des besoins des populations pauvres des quartiers précaires. 37 Chapitre 1 : CADRAGE CONCEPTUEL Dans le cadre du présent chapitre, nous nous proposons de passer en revue quelques définitions ou approches des notions de la pauvreté, de la mobilité ainsi que des dysfonctionnements urbains, en vue de circonscrire le cadre de notre travail. A travers cette revue, il s’agira pour nous de préciser notre compréhension de ces différentes notions ainsi que le champ ou les limites de notre investigation. Ainsi, dans l’approche ou la définition de la pauvreté et de la mobilité, nous nous intéresserons à l’évolution de ces notions dans le temps en nous fondant non seulement sur des travaux de recherche réalisés par certains chercheurs sur le sujet mais aussi sur les documents d’organismes internationaux tels que la Banque mondiale, le PNUD etc. qui travaillent sur des stratégies de développement économique, social et environnemental dans le monde. 1.1 LA PAUVRETE 1.1.1 Approche et définition de la pauvreté Il existe plusieurs approches et définitions de la pauvreté. La Commission générale de terminologie et de néologie (Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, France), donne une définition officielle de la pauvreté37 : « Etat d’une personne, d’une famille ou d’un groupe qui dispose de faibles ressources. Toutefois elle n’est pas réductible au seul indicateur de type monétaire mais concerne également d’autres aspects du quotidien comme le logement, la santé, la formation, le travail, la vie familiale. La notion de pauvreté est relative et le seuil de pauvreté est apprécié de façon variable selon l’histoire, les cultures, le niveau de vie moyen du groupe. "2 B# % #A< & ? < ! ! ! $9 & 38 En France, les seuils de pauvreté et de grande pauvreté sont déterminés par l’INSEE. Il est fait également référence à une pauvreté absolue fondée sur des besoins minimaux et consommations incompressibles (consommation alimentaire, habillement…). Cette conception incite à concevoir un seuil de pauvreté universel, indépendant des conditions sociales, économiques, culturelles et politiques des personnes ». Pour Majid Rahnema38, « Non seulement ce mot n’a jamais eu le même sens pour tout le monde, mais le concept reste une construction sociale impossible à définir sur un plan universel. Il en résulte que ce qui est fait pour les pauvres n’a souvent rien à faire avec ceux qui le sont. Car, aucun pauvre ne ressemble à un autre. Et d’abord, pauvre de quoi ? en argent, en relations, en intelligence, en vaches, en enfants, en temps, en amour, en santé ? ». Il note que l’utilisation d’un terme unique pour désigner tous les pauvres du monde ne paraît à cet égard pas pertinent. Elle ne répondrait essentiellement aux besoins d’un des modes d’intervention arbitraires pour décider de leur sort. Majid Rahnema s’intéresse en outre à l’antinomie pauvre-riche qui, selon lui, est de date récente : « En Europe, jusqu’au Moyen Âge, et presque partout jusqu’à des dates bien plus proches, le pauper était plutôt le contraire de potens (puissant). Au IXème siècle, le pauper était considéré comme un homme libre dont la liberté était seulement menacée par ces puissants. Dans bien des pays, on entrait dans l’univers de la pauvreté ou de l’indigence, soit lorsqu’on tombait de la strate sociale à laquelle on avait appartenu, soit lorsqu’on perdait les instruments nécessaires à son travail ou à sa reconnaissance sociale (pour un clerc, la perte de ses livres, pour un noble, la perte de ses chevaux ou de ses armes), soit aussi lorsqu’on était exclu de sa communauté… ». Aussi, Majid Rahnema parle-t-il de « pauvretés conviviales » et de « pauvretés volontaires ». Pour lui, malgré l’indignation générale provoquée par la pauvreté, les campagnes visant à son éradication participent à leur façon aux processus de création de la misère, car il considère que « pendant des millénaires, la pauvreté incarnée par des modes de vie simple et frugale avait constitué pour les pauvres un bouclier puissant contre la misère ». Selon lui, « les "- B# % #A< & ? &? B#A< < ! ! - ! $9 " 6D $ & 5 : $ 39 processus mondialisés de création de misères socialement produites risquent aujourd’hui de chasser cette pauvreté régénératrice ». Par pauvreté régénératrice, Majid Rahnema entend « le mode de vie simple et frugale propre aux sociétés vernaculaires qui leur permettait d’assurer le maintien des équilibres humains, sociaux et environnementaux indispensable à leur survie ». Pour Majid Rahnema, « le sort des miséreux dans les sociétés économisées rappelle à bien des égards celui de ces personnages embarqués à bord de vieux bateaux surchargés qui font naufrage et à qui des organisations d’assistance lancent des bouées de sauvetage, et c’est ce genre d’opération qui est souvent qualifié d’aide aux pauvres ou de lutte contre la pauvreté ». Il souligne ainsi l’existence d’une distinction entre pauvreté et misère en s’appuyant sur la définition de Saint Thomas39 pour qui « la pauvreté représentait le manque du superflu, alors que la misère signifiait le manque du nécessaire ». Pour lui donc, « la pauvreté serait un mode de vie, une condition essentiellement fondée sur les principes de simplicité, de frugalité et de considération pour ses prochains ». Ce serait « un mode de vie imprégné des concepts de convivialité et de partage avec d’autres membres de sa communauté. Il représenterait une éthique et une volonté de vivre ensemble, selon des critères culturellement définis de justice, de solidarité et de cohésion sociale ». Pour Majid Rahnema, « la misère représenterait par contre une toute autre condition. Elle exprimerait la chute dans un monde sans repère où le sujet se sent soudain dépossédé de toutes ses forces vitales individuelles et sociales, ce qui rappelle le sort d’un noyé en danger de mort que seul une bouée de sauvetage lancée par d’autres peut éventuellement sauver. La misère économique est un empêchement sans faute à l’amélioration morale et mentale parce qu’elle est un instrument de servitude sans défaut. ». La confusion généralement faite entre la misère et la pauvreté proviendrait selon lui, de ce que « la misère et la pauvreté sont voisines, bien que situées de part et d’autre d’une limite, cette limite étant celle qui départage l’économie au regard de la morale […] Tout est misère en deçà de cette limite, la première zone au delà est celle de la pauvreté, puis s’étagent les zones ", B# % #A< & ? < ! ! ! $9 40 successives des richesses […] Ainsi, à l’égard de la consommation, la différence du pauvre et du miséreux est une différence de qualité, de mode ». Cette analyse de Majid Rahnema qui introduit dans le débat sur le développement, une distinction essentielle entre pauvreté et misère, considère la pauvreté comme « un détachement par rapport aux besoins artificiels… », et « cette pauvreté/détachement s’accompagne d’une intensification des relations sociales faites de solidarité et d’échanges »40. Ces analyses que nous partageons cadrent assez bien avec l’environnement ou les conditions de vie dans les quartiers précaires, notamment par des liens de solidarité, de convivialité et d’assistance mutuelle entre les populations qui y vivent difficilement. De ce point de vue, nous pensons que ces gens, qui sont certes pauvres au plan matériel, ne sont pas miséreux car ils cultivent et partagent d’autres valeurs plus humaines qui leur procurent un certain sentiment de bien être social et culturel qui fait leur « richesse ». Pour s’intéresser au cas spécifique de la pauvreté à Abidjan qui nous concerne ici, le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) de la République de Côte d’Ivoire (RCI), dans sa version de Septembre 200241, reprend que la pauvreté est un « concept multidimensionnel et complexe ». Sa définition revêt trois aspects principaux : au plan monétaire et financier, au plan de l’accessibilité et au plan psychosociologique. La pauvreté est vécue « aussi bien au plan individuel que collectif ». La pauvreté peut être également perçue comme « un sentiment d’insécurité, de précarité, d’exclusion, de vulnérabilité et d’impuissance ». Au plan monétaire et financier, la pauvreté est perçue par la population comme étant « l’état d’une personne ou d’une collectivité qui ne dispose pas des ressources suffisantes pour satisfaire ses besoins primaires et vitaux ». Le niveau de satisfaction de ces besoins varie en fonction des milieux, des modes de vie et des normes ou valeurs sociales admises. Par ce + 3 < + 9 4 & A$ # 0 ' A00 2 0 < & + (90 &* > ? % 41 critère le pauvre est défini comme un individu ou un ménage ayant un niveau de dépense inférieur à un seuil. Ce seuil correspond au coût du panier minimum de biens de consommation courante et de données alimentaires en fonction des apports énergétiques quotidiens nécessaires. Mais cette définition souffre de considérations arbitraires car de nombreux aspects du bien être ne sont pas sujets à transactions monétaires. Au niveau de l’accessibilité, la pauvreté est « une incapacité ou un manque d’accès de l’individu aux biens et services sociaux de base » (santé, éducation, emploi, eau potable, assainissement, électricité, pistes, etc.) . Au niveau psychosociologique, la pauvreté est « un état d’esprit, un sentiment d’exclusion, de frustration par rapport à la famille, au clan et à la communauté » (funérailles, mariage, contribution aux activités de développement du terroir, etc.). En outre au plan collectif, « une communauté peut se considérer comme pauvre parce que se sentant exclue » (enclavement, insuffisamment doté en ressources naturelles, et en infrastructures socio-économiques ou en projets de développement ou peu de ressortissants dans les emplois de la haute administration ou dans les grandes institutions). Par rapport à l’environnement socio culturel particulier d’Abidjan, il faut sans doute insister sur deux approches de la pauvreté que Xavier Godard42 retient comme faisant partie des plus dominantes des multiples définitions de la pauvreté et qui considèrent que : - la pauvreté ou la richesse s’exprime à travers les « relations sociales » qui existent avec les parents, les amis, les communautés ethniques ou religieuses, etc., à l’intérieur d’un « réseau de relations sociales » ; - « la participation citoyenne » aux choix ou aux activités de sa communauté peut être ressentie soit comme un sentiment de pauvreté si l’on en est exclu, soit un sentiment de richesse si cette participation s’exerce pleinement. + 3 # 4 D 9A 9 & A$ 0 ' A00 2 ? + 5 % < 42 Ces deux dimensions (capital social et participation citoyenne) de la pauvreté sont certainement celles que nos populations considérées comme pauvres ressentent le plus durement, à cause notamment de la rupture de la chaîne de solidarité traditionnelle qu’elles considèrent comme protectrices. De ce point de vue, il existerait un lien puissant entre pauvreté et exclusion dans nos sociétés caractérisées par la vie en famille et/ou en communauté. Mais il faut analyser les causes de la pauvreté pour pouvoir mieux éclairer ces différentes définitions ou approches de la pauvreté. Mais avant d’y arriver, il faut sans doute revenir sur certains travaux ou écrits sur le concept. Dans son rapport sur la développement dans le monde, 1990 : la pauvreté, la Banque mondiale (1990, p30) considère que « être pauvre, c’est ne pas pouvoir atteindre un niveau de vie minimum ». La question, redoutable à maints égards, est de savoir ce que recouvre exactement la notion de « niveau de vie minimum ». De quoi se compose-t-il et comment le mesurer au cas où cette mesure serait possible. Selon toujours la Banque mondiale (1990, p31), ce niveau de vie est généralement mesuré par les revenus des ménages et les dépenses par individu. Elle définit également le seuil de pauvreté qui comporte deux éléments : « d’une part, ce qu’il faut dépenser pour se procurer un minimum de nutrition et autres nécessités de la vie et d’autre part, ce qu’il faut dépenser (…) pour pouvoir participer à la vie quotidienne de la société ». Le premier élément, qui fixe le « seuil d’indigence » peut être évalué monétairement à l’aide d’enquêtes de consommation, à travers des besoins minimaux en calories. Quant au second qui comporte des dépenses en transport, en logement, en habillement, il est plus difficile à évaluer car il renferme des considérations d’ordre subjectif. Pour citer DIAZ Olvera Lourdes, PLAT Didier, POCHET Pascal43, reprenant les travaux de Salama et Valier (Salama et Valier, 1995) et de Satterhwaite (1995), cette notion pertinente +" 9 AH D B #A$ J,- " &BA' 9 ? &D 5I ' & !B < ( ,,-* D < < B ' 9 43 dans les pays du nord (développés), serait inopérante dans les pays du sud (en particulier sub sahariens) tant les conditions de vie des populations ne sont pas les mêmes. Ainsi donc, la définition du seuil de pauvreté dans les pays en développement souffrirait de plusieurs insuffisances car elle ne prend pas en compte notamment les problèmes d’accès au logement décent, au réseaux d’approvisionnement en eau potable, au réseau d’assainissement, aux services de santé, d’éducation de base qui ne se posent pas dans les pays du nord, et ne considère pas par ailleurs les revenus non monétaires ainsi que tout ce que procurent les réseaux de solidarité. Dans son rapport de 2000, la Banque mondiale considère que « la pauvreté n’est plus seulement le manque de biens (monétaires ou essentiels) mais aussi et surtout l’absence de capacité de choix », car elle considère la possibilité de choisir comme le facteur essentiel du bien-être. Cette approche s’appuie sur les notions de sécurité, d’insertion et d’opportunités. La notion de sécurité ouvre la question de la vulnérabilité des pauvres à l’égard des risques de maladies, de crises économiques, de catastrophes naturelles qui constituent des facteurs d’aggravation de la pauvreté. La notion d’insertion (ou de démarginalisation) pose le problème de la corruption des administrations censées être au service des citoyens et celui des détournements de deniers publics, qui sont autant de facteurs qui fragilisent davantage les populations pauvres, comme l’absence d’une participation active à la vie sociale qui peut révéler un sentiment de marginalisation sociale. La Banque mondiale considère là que l’insertion des pauvres, et donc leur sortie de la pauvreté, passe entre autre par une offre satisfaisante de service public aux pauvres et un développement de la participation citoyenne en particulier à l’échelon local. Ainsi donc, il ne serait pas pertinent, et en particulier dans les pays du sud du Sahara caractérisés par un environnement de pauvreté pour la majorité des populations, de s’arrêter aux seuls seuils (monétaires) pour cerner la pauvreté. Partant de ces insuffisances, DIAZ Olvera Lourdes, PLAT Didier, POCHET Pascal (1998, p 10), considèrent que « la prise en compte du caractère multidimensionnel de la pauvreté, et de critères sociaux en plus d’indicateurs strictement économiques ou monétaires, tend à élargir 44 de façon importante la part de la population classée comme pauvre. Elle permet aussi de s’appuyer sur des caractéristiques plus stables dans le temps que le simple revenu ». S’appuyant sur des considérations de même nature, les Nations Unies définissent un Indice de Pauvreté Humain (IPH) sur la base de critères non monétaires, avec dix nécessités de base insatisfaits (NBI) dont l’accès au logement, à l’eau potable, au système scolaire, à l’assainissement, à la jouissance d’un logement comportant un minimum de mètres carrés par personne. Ces insuffisances ou ces précautions, dans la définition ou l’approche de la pauvreté, nous interpellent sur les principales causes de ce fléau social. 1.1.2 Causes de la pauvreté Les causes de la pauvreté sont multiples et diverses. Elles affectent les populations différemment selon les régions et se situent à plusieurs niveaux : économique, institutionnel, démographique, culturel et social etc. Causes économiques : Les causes économiques de la pauvreté sont multiples. Elles peuvent provenir en particulier des politiques publiques inadaptées, de la faiblesse du processus de planification, de budgétisation, de suivi et de l’évaluation, des difficultés financières de l’Etat, de l’inefficacité de la dépense publique, etc. Au niveau du monde rural, la réduction drastique ou la suppression de certains crédits budgétaires a entraîné une baisse de l’encadrement, de la distribution des semences et des engrais ainsi qu’un relâchement des investissements sociaux provoquant ainsi une chute de la productivité agricole et une paupérisation paysanne44. La dégradation des infrastructures de ++ 9 0 < & (90 &* 45 base a accentué l’enclavement des régions et les disparités locales et augmenté le coût d’accès aux services sociaux de base. En matière de crédit, le DSRP de la Côte d’Ivoire analyse que la politique reste inadaptée aux besoins de l’économie, car seulement 3 % des crédits sont affectés au secteur agricole qui emploie les trois quarts de la main d’œuvre et contribue à environ 25 % du PIB. Par ailleurs, les difficultés d’accès aux terres, la destruction du capital forestier, les feux de brousse et les méthodes culturales extensives appauvrissant les sols, la transhumance occasionnant les conflits entre éleveurs et paysans, le vieillissement de la population agricole, l’exode rural, l’insuffisance de l’organisation du monde paysan, des circuits de commercialisation et de distribution sont des facteurs qui entravent le développement de l’agriculture. On peut ajouter des causes naturelles qui agissent sur l’économie, telles que les inondations, la sécheresse, les perturbations climatiques, etc. De façon particulière, la chute brutale des cours mondiaux des produits de rente que sont le coton, le café et le cacao, la fluctuation des cours du dollar et du pétrole, le poids de la dette extérieure et la contrainte qu’elle représente pour les finances publiques, fragilisent l’économie ivoirienne. La baisse de l’activité économique a entraîné les fermetures d’entreprises, l’augmentation du chômage et le sous-emploi de la population active. Le niveau d’investissements qui n’excède pas 15 % du PIB45 ne permet pas une croissance forte et durable capable de créer suffisamment de richesses et de réduire sensiblement la pauvreté. Les difficultés de trésorerie de l’Etat, la diminution des marchés publics et la mauvaise gestion des fonds sociaux ont conduit à la disparition de nombreuses PME-PMI. Le développement et la promotion du secteur privé se heurtent aux coûts élevés des facteurs de production dont l’eau, l’électricité , les carburants et les télécommunications. +/ 9 0 < & (90 &* 46 La diminution de l’aide publique au développement (0,22 % du PNB contre un objectif de 0,7 %)46, l’insuffisance des investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique et le problème d’accès des produits africains aux marchés mondiaux face aux subventions agricoles des pays du nord sont des facteurs qui limitent l’accès aux ressources extérieures et à la promotion des exportations des pays en développement. La faible capacité technologique des industries locales qui ne permet pas de transformer les matières premières pour leur conférer une valeur ajoutée plus élevée, constitue une contrainte pour la productivité de l’économie et notamment pour les entreprises. Causes institutionnelles et gouvernance : Les populations sont confrontées à des difficultés d’accès aux institutions juridiques et au manque de transparence dans l’appareil judiciaire. Elles dénoncent l’impunité, le non-respect des lois et règlements. La faible implication de la société civile dans la mise en œuvre des réformes économiques et politiques, la mauvaise gouvernance économique, la corruption, la fraude et l’insécurité grandissante constituent des freins aux investissements qui sont facteurs de production ou de création de richesse. Causes démographiques et socio-culturelles : o Causes démographiques La forte croissance démographique exerce une pression sur les ressources. En effet, le fort taux de croissance démographique (3,3 %) supérieur au taux de croissance économique (1,6 % en 1999 ; -2,1% en 2000 ; 0,2% en 2001 ; -1,5% +. 47 en 2002 ; -1,1% en 2003 et -1,6% en 2004)47, le niveau élevé de la fécondité exprimée par un ISF (Indice Synthétique de Fécondité) de 5,2 ; une morbidité et une mortalité accentuées par une dégradation de l’état sanitaire de la population avec le retour de maladies telles la fièvre jaune, la fièvre typhoïde, le choléra, la forte prévalence du VIH/SIDA ont contribué à aggraver la pauvreté des populations. Ainsi l’espérance de vie a enregistré une baisse, passant de 56 ans en 1988 à 51 ans en 199848, et l’on pense raisonnablement que la situation s’est davantage détériorée depuis la crise de septembre 2002 que vit le pays et qui a pratiquement détruit les infrastructures sanitaires. Les migrations internes et externes mal maîtrisées exercent une pression sur la demande des infrastructures sociales de base, sur les terres et accentuent la précarité en milieu urbain et rural. o Causes sociales et culturelles Le poids de la famille élargie, la pression du clan, du village, voire de la région, le taux élevé de dépendance, les traditions défavorables à la scolarisation des filles (mariage et fécondité précoces, travaux de ménage), l’exclusion des femmes dans les droits de succession, certaines pratiques coutumières, les dépenses ostentatoires (funérailles, mariages, etc.) conduisent à un parasitisme social, une absence d’initiative individuelle voire collective et constituent un frein à l’épanouissement individuel et communautaire. La dégradation des mœurs et la perturbation de l’ordre au sein des familles, la dislocation du tissu social et familial et le phénomène dit « des enfants de la rue ou dans la rue » sont des éléments aggravant la pauvreté sociale. 47 ) ' 5@ # " &7 + ? +- 70 4 &I > ,,- E J" // K. 8 . 9 48 1.1.3 Etat et profil de la pauvreté En Côte d’Ivoire, les premières réflexions sur le phénomène de la pauvreté remontent à 1985 avec l’Enquête Permanente Auprès des Ménages (EPAM-85), réalisée par l’Institut national de la Statistique, qui a permis de définir un seuil de pauvreté à soixante quinze mille (75 000) FCFA par an et par tête d’habitant (Encadré 5). Depuis 1985, l’INS a réalisé plusieurs enquêtes auprès des ménages de type budgetconsommation, puis niveau de vie pour apprécier l’état de pauvreté des populations. Ces études ont mis l’accent sur trois critères : (i) le revenu et le pouvoir d’achat à travers l’évolution de la consommation des ménages ; (ii) les indicateurs du bien-être social ; et (iii) la perception du bien-être. Dans l' approche méthodologique de la pauvreté au plan quantitatif, deux méthodes sont généralement utilisées par l’INS pour définir le seuil, à savoir : • un seuil de pauvreté absolu correspondant à un minimum de besoins nutritionnels à satisfaire, calculé sur la base des dépenses alimentaires minima auxquelles on peut ajouter un panier de biens considéré comme un minimum essentiel ; • un seuil de pauvreté relatif déterminé par la distribution des dépenses. Ce seuil de pauvreté est alors une proportion "arbitraire et présélectionnée" de la population ayant effectué ces dépenses. Il est nécessaire de rappeler que, compte tenu des réticences des ménages à fournir des informations relativement fiables sur le revenu, l’on préfère se servir des dépenses dans l’étude de la pauvreté. L' analyse de pauvreté en Côte d' Ivoire est faite à partir d' un seuil de pauvreté relatif. Mais il convient de noter que ces seuils ne manquent pas de critiques : on peut reprocher au seuil absolu d’être sous-estimé par rapport au coût réel de la vie, et même souvent éloigné du niveau de vie moyen du citoyen. C’est cette principale critique du seuil absolu qui a conduit à déterminer un seuil de pauvreté relatif calculé lui en fonction du niveau de vie moyen dans 49 une société donnée. Par exemple, pour l’Union Européenne, ce seuil relatif correspond à la moitié du revenu moyen dans le pays membre concerné (en France, on retient habituellement 50% du niveau de vie médian). Ainsi, ceux qui disposent de revenus inférieurs à ce seuil relatif sont alors considérés comme pauvres. Ce mode de définition a l’avantage de mettre l’accent sur les inégalités sociales. 50 Encadré 5 : Les seuils de pauvreté de la Cote d’Ivoire Concernant plus spécifiquement les études techniques sur la pauvreté en Côte d’Ivoire, elles reposent généralement sur les critères de consommation en 1985. ces travaux retiennent la méthode des quantiles pour définir le seuil de pauvreté. Cette méthode consiste à fixer la ligne de pauvreté au niveau de revenu d’un quantile donné de la population, généralement, le premier décile pour l’extrême pauvreté et le troisième décile pour la pauvreté simple. Sur cette base, Glewwe (1987) a établi pour 1985, à 95 681 FCFA de dépenses annuelles le seuil de l’extrême pauvreté relative, et à 170 766 FCFA, le seuil de la pauvreté simple. En utilisant la méthode du ratio alimentaire, il a fixé un seuil de pauvreté qualifié d’absolu à 90 000 FCFA de dépenses alimentaires annuelles. Les travaux sur le profil de pauvreté, menés au sein de l’INS, ont définitivement fixé le seuil d’extrême pauvreté relative à 75 000 FCFA de dépenses annuelles et le seuil de pauvreté simple à 128 000 FCFA en 1985. Par la suite, ces seuils ont été régulièrement réévalués, en fonction de la variation du coût de la vie. Ainsi, la ligne de pauvreté se situe en 1995 à 86 760 FCFA pour l’extrême pauvreté et à 144 800 FCFA pour la pauvreté simple. Les autres chiffres sont dans le tableau ci dessous. Le ratio de pauvreté est égal au nombre d’individus pauvres rapporté au nombre total d’individus. Sources : PNUD, Rapport sur le développement humain en Côte d’Ivoire, Pauvreté et gouvernance, 2002 INS, Profil de pauvreté en Côte d’Ivoire, 2002, Rapport provisoires Avec la crise économique et sociale des dernières années, la pauvreté s’est accentuée en Côte d’Ivoire puisque le Produit Intérieur Brut (PIB) par tête d’habitant a diminué de 5,7 % entre 1999 et 2000, et davantage entre 2000 et 2005 (Encadré 6) si l’on tient compte des effets de la crise socio politique qui perdure depuis septembre 2002. Par rapport au revenu, les analyses de l’INS se fondent sur deux seuils relatifs de pauvreté : • le seuil supérieur de pauvreté relative correspondant à 75 000 FCFA en 1985 par an et par tête, à 101 340 FCFA en 1993, à 144 800 FCFA en 1995, à 162 800 FCFA en 1998 et à 183 450 FCFA ( soit 0,90 $ US par jour) en 2002; • le seuil inférieur ou le seuil d’extrême pauvreté correspondant à 63 375 FCFA par personne et par an en 1993, à 86 760 FCFA en 1995, à 95 700 FCFA en1998 et à 94 280 FCFA (soit 0,50 $ US par jour) en 2002. Le taux d’extrême pauvreté est constant (10%) car par définition, les extrêmes pauvres au sens de l’INS sont les 10% les plus pauvres parmi les pauvres. 51 Tableau 1 : Evolution des seuils et taux de pauvreté 1985 1993 1995 1998 2002 Extrême Seuil 75 000 63 375 86 760 95 700 94 280 pauvreté Taux 10,00% 10,00% 10,00% 10,00% 10,00% Pauvreté Seuil 75 000 101 340 144 800 162 800 183 450 ordinaire Taux 11,00% 31,30% 36,80% 33,60% 38,40% Source : INS (2002), profil de pauvreté en Côte d’Ivoire Du point de vue des indicateurs du bien-être social, il ressort qu’être en bonne santé, avoir accès aux soins de santé quand on en a besoin, et pouvoir assurer l’éducation de ses enfants sont des indicateurs pertinents du bien-être d’un ménage mais aussi de son aptitude à échapper à la pauvreté à long terme. Les perceptions qualitatives du bien-être montrent que les populations ne considèrent pas la pauvreté en des termes uniquement monétaires ou économiques. En effet, la possession de biens, la possibilité pour un ménage d’envoyer ses enfants à l’école, de se nourrir convenablement ou de bénéficier de soins médicaux modernes influent sur l’idée que se font les ménages et les individus de la richesse et de la pauvreté. Par ailleurs l’incertitude du lendemain, la précarité des conditions d’existence, l’exclusion et la vulnérabilité sociales sont également perçues comme des dimensions du bien-être et de la pauvreté. Citons à cet égard la réponse d’un habitant des quartiers précaires nous définissant la pauvreté : « ici, nous sommes pauvres car nous n’avons pas de dispensaire, nos femmes accouchent à la maison, il n’y a pas d’eau propre à boire, de courant, de téléphone et nos enfants ne vont pas à l’école ». 52 Encadré 6: La chute des activités économiques, observée depuis 1999, s’est poursuivie en 2003 où le taux de croissance du PIB est de –1,1%. En effet, après une croissance du PIB (à prix constant) de 1,6% en 1999, l’activité économique s’est considérablement ralentie en 2000 (-2,1%) et a stagné en 2001 (0,2%). En 2002, le taux de croissance du PIB a enregistré une baisse de –1,6% contre 0,2% en 2001. la croissance du PIB a été en 2003 de –1,7%, et en 2004 de 1,6%. Les estimations de 2005 donnaient une croissance de 1%. Sources : Ministère du plan et du développement, Tableau de bord social, Côte d’Ivoire 2003, PNUD, septembre 2004 Marchés tropicaux et méditerranéens, n°3155 –60eme année, vendredi 2 juin 2006 En Côte d’Ivoire, la pauvreté est inégalement repartie du point de vue spatial. Son ampleur est plus marquée dans les milieux ruraux mais le phénomène tend à se développer rapidement en milieu urbain et surtout à Abidjan où le ratio de pauvreté49 est passé de 0,7 % en 1985 à 5,1 % en 1993, puis à 20,2 % en 1995. Il était tombé à 11,1 % en 1998 avant de remonter à 14,9 % en 2002 et l’on est fondé à penser que la pauvreté a gagné en ampleur depuis la crise du 19 septembre 2002. La pauvreté a connu une forte évolution dans la décennie 1985-1995 pour avoir été multipliée par 2,23 entre 1985 et 1993. Suite aux événements socio-politiques de Décembre 1999, la situation économique qui avait entamé une lente dégringolade dès 1997 s’est fortement détériorée: le taux d’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB) est passé de 6,7 % en 1998 à 1,6 % en1999 et à -2,1 % en 2000. Le taux de croissance de la population étant de 3,3 % en moyenne, l’évolution négative du PIB traduit une situation économique très difficile pour tous et particulièrement pour les populations les plus pauvres. L’étude sur les profils de pauvreté en Côte d’Ivoire réalisée en 2002 par l’INS montre qu’à Abidjan, le ratio de pauvreté ne varie pas significativement en fonction du genre du chef de ménage ; il est de 14,6 % quand le chef de ménage est un homme et de 14,5 % quand c’est une femme. +, 70 & $ 5@ # 53 Par rapport à la nationalité cette même étude montre que, pour la ville d’Abidjan, le ratio de pauvreté est de 13,7 % pour les ménages dont le chef est ivoirien et 19,2 % quand c’est un étranger. De ce point de vue, la pauvreté toucherait beaucoup plus les populations étrangères vivant à Abidjan. A Abidjan, outre sa dimension individuelle, la pauvreté est manifeste dans sa dimension collective et géographique, à travers la prolifération de quartiers spontanés ou précaires. Du fait de l’existence d’une relation étroite entre « classe de revenu » et « type d’habitat » à Abidjan, nous admettrons dans le cadre de ce travail, que les habitants des quartiers précaires (ou spontanés) sont pauvres dans leur plus grande majorité. De façon générale, les quartiers d’Abidjan sont habités par des populations de statut social relativement homogène. En effet, l’observation de la façon dont les quartiers d’Abidjan sont structurés et habités montre que dans beaucoup de cas, les couches les plus pauvres de la population vivent dans des zones d’implantation anarchiques constituées de quartiers précaires. Du fait des contraintes d’urbanisation, les populations les plus démunies sont le plus souvent obligées d’aller là où les terrains sont moins chers. Elles sont de ce fait résignées à vivre dans les quartiers sous-équipés et insalubres à la périphérie de la ville ou tout simplement enclavés au flanc des vallées, des talwegs ou dans les bas-fonds. Ainsi, à Abidjan, si les populations considérées comme pauvres n’habitent pas toutes dans les quartiers précaires, elles y résident en majorité. En outre, si les quartiers précaires ne sont pas habités que par les populations les plus démunies, ils concentrent une majorité de pauvres. 54 1.2 LA MOBILITE 1.2.1 Approche et définition du concept de mobilité Le concept de mobilité, qui renferme plusieurs acceptions comme la mobilité spatiale, la mobilité résidentielle, la mobilité sociale, la mobilité professionnelle, la mobilité du travail, a dû évoluer dans le temps avec l’histoire des sociétés et l’évolution industrielle et technologique. Le Robert (1996 p.937) définit la mobilité comme le « caractère de ce qui peut se mouvoir, changer de place, de position (s’oppose à immobilité) ». Selon les premiers travaux réalisés sur le sujet, la mobilité peut être considérée comme « type d’insertion sociale dans l’espace urbain, le déplacement correspondant à sa mise en œuvre, le transport à son outil » (Cologan 1985, p.125). J.P.Orfeuil (Orfeuil, 2000) considère que « traditionnellement, du point de vue des professions du transport et de l’aménagement, le terme de mobilité renvoie aux pratiques de déplacements observées dans les enquêtes… Le terme renvoyait même à un seul indicateur, le nombre de déplacements par personne et par jour… ». Depuis, le concept a évolué avec le développement et pour J.P.Orfeuil50 « la mobilité, au sens très général du terme (capacité de s’adapter en permanence à de nouvelles situations professionnelles, affectives, etc.) est une valeur essentielle de la modernité… ». Pour lui, dans certaines situations de la vie quotidienne par rapport à la proximité ou à l’éloignement du lieu d’emploi, du lieu de commerce, etc. par rapport au domicile, « l’accessibilité s’est substituée à la proximité, la mobilité n’est plus tout à fait un choix individuel, il est aussi le résultat d’une prescription de la société… ». / L & D $ % ?) B# !5 7 '0 J"2 % 55 La mobilité doit être considérée comme une demande dérivée de la réalisation d’un programme d’activités ( Orfeuil , novembre 2000). Ainsi, pour J.P.Orfeuil, « le terme de mobilité même restreint au mouvement des hommes sur le territoire, reste polysémique et ambiguë ». Il parle alors de « société mobile », et s’interroge en ces termes : « qu’entend-on par mobilité ? la fréquence des déplacements ? leur diversité ? la facilité à parcourir de longues distances ? ». Pour répondre à ces questions, il propose « de sortir des propos trop généraux en commençant par définir des cadres, de construire des indicateurs, pour mesurer, comprendre, … la mobilité ». Il souligne par ailleurs que « les conditions générales de la mobilité sont au cœur des transformation urbaines ». Parlant d’accessibilité, J.P.Orfeuil51 met en relief le fait que « l’amélioration d’un système de transport n’améliore l’accessibilité que lorsque l’espace n’évolue pas. Dans le cas contraire, le résultat peut être neutre ou négatif ». Le concept de mobilité a subit en Europe beaucoup de transformations et aujourd’hui on tient compte de plusieurs indicateurs pour la quantifier : budget temps de transport, budget distance, budget énergie qui ne représente que la somme des durées respectivement des distances, des consommations d’énergie liés aux déplacement d’une personne, d’un ménage sur une période donnée. Mais cette conception ou cette perception « occidentale » de la mobilité est abstraire dans un environnement de pauvreté en particulier pour les pays d’Afrique sub saharienne où il est peut être plus pertinent de lui substituer le concept d’accessibilité. / ?% L!&!D $ B (5 % 7 &5 < 3 * % + M< 6 56 C’est pourquoi dans le contexte qui nous concerne, on ne peut parler de mobilité sans parler de l’accessibilité à l’emploi, aux marchés, aux loisirs, et plus généralement aux infrastructures et équipements publics, en fonction de sa localisation résidentielle. Selon Xavier Godard52, « l’accessibilité résulte de l’articulation de la mobilité et de l’implantation spatiale des lieux d’activité ». Il pense que pour améliorer l’accès aux services urbains avec pour objectif de réduire la pauvreté par les transports, « l’action se situe toujours à un double niveau : - action de transport pour diminuer le temps et/ou le coût de déplacement, à localisation constante ; - action de localisation des équipements et services de base à proximité des quartiers d’habitation ». Aussi, Xavier Godard pense-t-il que l’accessibilité n’est pas que physique, elle est multidimensionnelle (temps de transport, coût de transport, connaissance des dessertes par les illettrés, acceptation ou non des bagages ou marchandises des commerçants voyageurs, etc). Selon toujours Xavier Godard, l’accès aux services urbains de base (centres de santé, écoles, etc.) dépend aussi de la façon dont ces services sont organisés ou fonctionnent, par exemple selon qu’il s’agit d’un service de proximité payant ou d’un service éloigné mais gratuit pour lequel le coût de transport peut constituer un obstacle. Dans le cas de notre travail, nous nous intéresserons à la mobilité géographique liée à l’espace et englobant la mobilité quotidienne (déplacements motorisés ou non), en somme la mobilité urbaine (ensembles des déplacements dont l’origine et la destination appartiennent au périmètre urbain concerné). Ici, cette mobilité se définit par le nombre de déplacements journaliers effectués par personne, avec une distinction entre les déplacement motorisés et les déplacement incluant la marche à pied (Xavier Godard et Pierre Teunier, 1992). / 3 < 4 # & A$ ! 0 ' A00 2 ? + !5 % 57 De ce point de vue, l’analyse de la mobilité quotidienne donne de bons indicateurs du fonctionnement de l’agglomération et synthétise les déplacements dans leur diversité. Ainsi, l’étude de la structure des déplacements dans l’agglomération, de son évolution dans le temps, de son positionnement par rapport à d’autres agglomérations est essentielle pour comprendre la réalité des déplacements urbains. On peut calculer cette mobilité par localité, par mode de transport, par motif de déplacement, par genre (homme, femme) etc. Ce sont des indicateurs qui permettent de mieux cerner les déplacements. La mobilité des populations à Abidjan et surtout celle des habitants des quartiers précaires s’inscrit dans un contexte d’urbanisation marqué par une spécialisation des espaces avec une zone sud essentiellement d’emploi et une zone nord principalement de résidence. Les contraintes comme la pauvreté et l’accès difficile des quartiers pauvres sont des freins importants pour réaliser l’ensemble des déplacements. C’est pourquoi des choix et des stratégies sont opérés en fonction des opportunités qui s’offrent aux populations concernées pour contourner ces contraintes de plusieurs ordres. C’est ainsi que la mobilité, si elle n’est pas obligatoire comme dans le cadre du travail ou de l’école, n’est que le résultat de ces choix stratégiques découlant des comportements socio culturels ou économiques. Pour déterminer la mobilité quotidienne des populations, on est amené à faire généralement des enquêtes ménages ou des enquêtes de déplacement des individus. Mais il est important de noter que la population n’arrive pas toujours à cerner ce concept et le plus souvent, les enquêteurs et les enquêtés sont confrontés à des difficultés de compréhension (ce qui pose des problèmes au niveau de la fiabilité des données). Le nombre de déplacements est aussi un concept significatif, car les déplacements pour aller au travail ou à la boutique d’à côté ou du quartier sont aussi difficiles à prendre en compte. A quel moment le déplacement à pied doit être considéré comme un déplacement ? Ces difficultés conceptuelles limitent la pertinence de la méthodologie classique des enquêtes53, ce dont il faut tenir compte dans l’analyse des déplacements, et notre cas n’échappe pas à cette règle. /" D 0 ' A00 6 < < ? < 6 $$ # N < 58 1.2.2 Articulation entre pauvreté et mobilité urbaine La question de l’articulation entre pauvreté et mobilité renvoie aux paramètres les plus déterminants de la mobilité : paramètre psychologiques de la personne elle-même, paramètres socio-économiques (commune ou quartier d’habitation, morphologie urbaine, offre de transports urbains, etc.). Nous pensons qu’il existe une certaine spécificité des pratiques de déplacement des individus pauvres car les besoins de déplacement et les freins à la mobilité peuvent s’expliquer par (ou font intervenir) les principales variables suivantes : - l’activité professionnelle ou assimilée (le fait d’être un actif occupé ou non) ; - l’accès à l’emploi ; - la motorisation ; - le fait de posséder ou non le permis de conduire ; - le capital économique (le revenu) ; - le capital relationnel ; - le capital santé ; - le vécu de la pauvreté (l’envie d’en sortir, le renoncement, etc.) ; - le genre. La fonction du quartier d’habitation ou sa perception peut également influencer les déplacements dans la mesure ou le quartier peut remplir une fonction unique (l’habitation par exemple) ou plusieurs (habitat, commerces, etc.) dans la mesure où le type d’habitat ou de quartier de résidence renvoie généralement aux catégories socio-professionnelles ou socioéconomiques des individus qui y vivent et donc à leur état de pauvreté ou non. L’articulation entre pauvreté et mobilité urbaine pose ainsi plusieurs questions dont en particulier celles de la mobilité professionnelle, de l’accès aux emplois ou de la mobilité résidentielle. Dans ses comportements de mobilité, l’individu est amené à faire appel à son capital économique et/ou social, selon son budget temps, distance, énergie ou son potentiel relationnel. 59 Dans le cas des quartiers précaires qui nous concernent ici, nous pensons qu’en dehors du revenu individuel, des paramètres tels que le fait d’être un actif occupé ou non , le capital relationnel, le vécu de la pauvreté sont aussi déterminants dans les comportements de mobilité, ce que nous essayerons d’analyser par la suite au chapitre 3. 60 1.3 LES DYSFONCTIONNEMENTS DE L’ESPACE URBAIN 1.3.1 Essai de définition Selon le Petit Larousse, édition 2002 page 352, les dysfonctionnements sont définis comme étant les troubles du fonctionnement d’un organe ou d’un système. Ici, il s’agit des troubles ou effets pervers imputables au mauvais fonctionnement du système urbain. En effet nous pensons que la façon dont l’espace urbain d’Abidjan est structuré et organisé a une influence significative sur les conditions de vie des populations et plus particulièrement sur celles des plus vulnérables. Les principales causes des dysfonctionnements que nous examinerons proviennent en particuliers des faiblesse ou des insuffisances des politiques en matière : • de planification spatiale ; • d’habitat et de logement ; • d’équipements ou d’infrastructures socio-économique de base; • de service de transport. Les insuffisances dans la planification urbaine qui résultent de mauvaises prévisions (soit optimistes, soit pessimistes) de la croissance spatiale et démographique de la ville ont des conséquences négatives sur le fonctionnement des infrastructures socio économiques, des réseaux d’assainissement, d’eau potable, et plus généralement sur les services et équipement publics urbains, y compris les services de transport. 61 1.3.2 Articulation entre dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres L’une des questions fondamentales soulevées par notre thèse est la relation qui existerait entre les dysfonctionnements de l’espace urbain et la mobilité des pauvres. L’une des conséquences majeures des dysfonctionnements urbains est la marginalisation sinon l’exclusion de certaines populations des activités urbaines du fait qu’elles vivent dans des quartiers éloignés, sous équipés, enclavés ou d’accès difficile. Cette situation n’offre pas à ces populations des quartiers pauvres, toutes les opportunités urbaines comparativement à celles des quartiers plus favorisés. Par opportunités, nous nous intéressons ici au capital relationnel de l’individu (lien avec le reste de la société) en partant du fait que la dégradation de ce capital peut entraîner la rupture du lien avec sa communauté ou le reste de la société, de sorte que l’individu concerné n’ait plus accès aux différentes opportunités qui pourraient se présenter à lui, perde tout espoir et se sente marginalisé ou exclu de la société (Majid Rahnema parle de « société vernaculaire »). En accord avec les analyses de Majid Rahnema, la pauvreté est de ce point de vue perçue par ailleurs comme un phénomène d’exclusion, le pauvre étant alors considéré comme un individu qui ne peut pas participer aux activités de sa communauté, du fait non seulement d’un manque de moyens financiers, mais aussi du fait d’un bas niveau d’éducation, du faible accès à l’information, ou tout simplement de l’incapacité à nouer des relations sociales. Les chances d’un tel individu sont amoindries pour avoir du travail, accéder aux services publics ou participer aux activités citoyennes dans sa communauté, à cause en partie des déficiences induites par une mauvaise planification et une organisation discriminante de l’espace urbain. Du fait de ces dysfonctionnements urbains, nous pensons que les pratiques de déplacement et les comportement de mobilité des populations des quartiers pauvres peuvent être contraints. En effet, le faible équipement de ces quartiers (école, dispensaire, services publics socioéconomiques…), leur éloignement (isolement ou enclavement), leur desserte insuffisante en services publics de transport sont des facteurs qui astreignent les populations concernées à 62 certaines habitudes ou comportements spécifiques de mobilité. Les populations de ces quartiers soufrent non seulement de l’exclusion socio-économique, mais elles sont exposées à l’exclusion spatiale à cause de ces dysfonctionnements, ce qui limite ou contraint leurs possibilités de déplacements en comparaison des quartiers centraux mieux équipés et qui disposent d’une bonne desserte en réseau de service public de transport alors que les quartiers pauvres dont les populations sont par ailleurs captifs des services publics de transport en commun, sont insuffisamment desservis. Pour ces populations des quartiers pauvres, les pratiques de déplacement sont sensibles entre autres aux dysfonctionnements suivants du système des transports publics urbains : - de longs temps de parcours, et de longs délais d’attente aux arrêts (fréquences irrégulières) ; - manque de dessertes internes viables aux quartiers ; - tarification inadaptée aux petits déplacements et aux populations généralement insolvables. Ainsi donc, nous sommes d’avis que les disparités spatiales (ou dysfonctionnement) renforcent les inégalités sociales. En effet, la ségrégation résidentielle très prononcée à Abidjan fait que les populations pauvres sont majoritairement entassées dans les banlieues populeuses à la périphérie de la ville ou dans des îlots précaires enclavés et sont captives des transports publics comme alternative à la marche à pied sur de longs parcours. Les quartiers pauvres ont pour la plupart, à l’inverse des quartiers riches, un plus grand éloignement, un équipement et une desserte insuffisante, une motorisation marginale ou quasi nulle et donc beaucoup plus de difficultés à accéder aux services de base Dans cette articulation entre dysfonctionnement urbain et mobilité des pauvres, nous pensons que le risque d’exclusion socio-économique dû à la pauvreté est plus grand et même plus ressenti que celui de l’exclusion spatiale liée à l’absence ou à la défaillance des transports urbains. 63 CONCLUSION DU CHAPITRE 1 Le chapitre 1 nous a permis de donner notre compréhension des principales notions ou des concepts abordés dans notre travail, en nous appuyant notamment sur des analyses ou des travaux de chercheurs ou d’auteurs que nous partageons plus ou moins et qui ont travaillé sur ces notions ou concepts. Ainsi donc, s’agissant de la pauvreté, outre sa dimension monétaire ou matérielle certainement la plus visible (ou voyante), nous pensons que ses dimensions capital social (relations sociales) et participation citoyenne (accessibilité, exclusion) sont celles là-mêmes qui caractérisent le mieux les modes de vie dans les quartiers pauvres, objet de notre travail. En fait, la définition du concept a heureusement évolué depuis les premiers travaux ou écrits sur la question et la pauvreté n’est plus seulement considérée comme le manque de biens monétaires ou essentiels, mais elle fait intervenir désormais des critères sociaux en plus d’indicateurs strictement économiques ou monétaires moins stables dans le temps. Notre travail traite également de la mobilité qui est aussi un concept dont la définition ou l’approche a évolué depuis, notamment avec les travaux de J.P. Orfeuil qui distinguent différentes formes de mobilité dont les mobilités professionnelles, les perceptions de l’espace, les mobilité quotidiennes etc. Cependant, dans l’environnement des quartiers précaires qui nous concernent ici, le concept d’accessibilité nous paraît le mieux indiqué pour traduire ou expliquer la mobilité des populations pauvres qui sont plus exposés aux problèmes d’accessibilité à l’emploi, aux marchés, aux loisirs et plus généralement aux infrastructures, équipements et services publics de base. Quant aux dysfonctionnements urbains, il s’agit dans le contexte qui nous concerne ici, de l’ensemble des inégalités ou disparités spatiales urbaines que nous considérons comme étant l’une des conséquences des insuffisances en matière de planification spatiale. 64 Mais c’est surtout l’articulation entre ces trois notions ou concepts qui situe toute la pertinence de notre travail à travers un certain nombre de questionnements : - l’articulation pauvreté/mobilité peut être appréhendée non seulement sous l’angle des critères monétaires ou matériels (revenu), mais aussi et surtout sous l’angle du capital social (relationnel) et de l’exclusion ou de l’accessibilité. - l’articulation entre dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres est ici appréhendée notamment à travers le fait que les disparités spatiales (ségrégation géographique, résidentielle, accès aux emplois, équipements et services sociaux de base etc.) favorisent ou renforcent les inégalités sociales (écart entre pauvres et riches), ce qui contraint la mobilité des plus défavorisés qui n’ont pas accès aux services publics dans les mêmes conditions que les populations plus aisées qui vivent dans des zones plus équipées et mieux desservies en services publics de transport. 65 Chapitre 2 : URBANISATION ET ESPACES DE PAUVRETE A ABIDJAN La planification urbaine est la maîtrise de la croissance urbaine dans l’espace et dans le temps. Nous tenterons d’analyser dans ce chapitre, la politique de planification urbaine et de l’habitat à Abidjan. L’analyse portera sur les principales caractéristiques de l’espace urbain, au plan de son organisation géographique (communes, quartiers) et fonctionnelle (habitat, logements, activités et emplois). L’analyse de ces principales caractéristiques permettra de montrer dans quelle mesure les faiblesses de la planification urbaine et certaines déficiences des politiques de l’habitat et du logement dans la ville d’Abidjan rendent beaucoup plus difficiles les conditions de vie des populations les plus défavorisées et plus singulièrement de leurs conditions de déplacement. En effet, nous sommes d’avis que la politique de l’habitat est un levier sur lequel les autorités gouvernementales devraient agir dans le cadre de leur stratégie de lutte contre la pauvreté urbaine qui est aussi la conséquence de la redistribution inégale des ressources et des richesses produites. En fait, nous pensons que les quartiers précaires, qui se forment et qui disparaissent spontanément au gré des opportunités foncières urbaines, sont l’une des manifestions les plus visibles de l’échec (ou du résultat mitigé) des politiques de planification urbaine menées à Abidjan. La faible ou non intégration de ces quartiers, leur sous équipement et la précarité du régime d’occupation des terrains rendent la question de la lutte contre la pauvreté encore plus difficile. Ici, nous tentons d’approcher cette relation entre dysfonctionnement et précarité ou pauvreté à travers la structuration spatiale et démographique de l’aire urbaine d’Abidjan, dans la planification urbaine et la politique de l’habitat ou du logement (financement et accès à la propriété foncière ou bâtie), la répartition géographique des activités et des emplois, l’équipement des quartiers et la qualité des services publics de transport. 66 2.1 STRUCTURATION SPATIALE ET DÉMOGRAPHIQUE 2.1.1 Découpage communal Le découpage spatial de l’aire urbaine en communes est illustré par la carte de la page suivante. 66 Carte 1 : Découpage spatial en communes Echelle : 1/265 000 67 Principal pôle économique et démographique du pays, l’agglomération d’Abidjan est découpée en dix communes : - Abobo et Yopougon : situées dans la partie nord de l’agglomération, ce sont des communes à vocation essentiellement résidentielle qui se sont développées à partir des années 1980, avec la mise en œuvre de la politique de l’habitat économique (ou social) du Gouvernement ; - Cocody : commune résidentielle de standing, elle est située du côté Est et tend à se développer vers le nord-est et vers Bingerville ; - Adjamé : principal nœud des transports, elle est située au centre et est une commune mixte avec une dominante d’activités commerçantes ; - Plateau : commune moderne située dans l’hyper centre, c’est le centre administratif et des affaires ; - Treichville, située au sud des deux ponts qui assurent le franchissement de la lagune Ebrié, elle abrite la zone portuaire et constitue de ce fait le principal bassin d’emplois de la ville ; à l’instar d’Adjamé, cette commune renferme des activités de commerce de gros et de détails ; - Attécoubé : située à l’ouest, c’est une commune essentiellement d’habitat ; - Koumassi : au sud qui renferme quelques activités industrielles et de commerce ; - Port-Bouët : au sud-est, qui est une commune essentiellement d’habitat ; - Marcory : située au sud du pont Général De Gaule, c’est une commune essentiellement résidentielle avec quelques activités industrielles et commerciales. Tirant profit des faiblesses d’une politique de planification urbaine qui n’a pas su intégrer suffisamment les couches les plus défavorisées de la population urbaine, des espaces de précarité se sont spontanément constitués de façon anarchique à Abidjan et concentrent majoritairement les populations les plus démunies. Tolérés par les autorités communales auxquels ils finissent par s’imposer, car celles-ci sont impuissantes face à la pression sociale, ces quartiers précaires ont poussé un peu partout dans la ville d’Abidjan, sauf dans la commune du Plateau qui est le centre administratif et des affaires. 68 Les enquêtes effectuées par les services de l’ex-DCGTx (actuel BNETD) font état de soixante douze quartiers précaires recensés en 199054. Leur situation géographique est illustrée par la carte 3 au chapitre 3. Cette localisation géographique de la majorité des quartiers précaires dans les communes situées à la périphérie de la ville s’explique par une plus grande facilité d’implantation dans les communes périphériques qui offrent à cet égard de fortes opportunités de site ou de disponibilités foncières régulièrement aménagées ou non. 2.1.2 Situation démographique Selon les résultats du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH-98) réalisé par l’Institut Nationale de la Statistique (INS) la population d’Abidjan était de 2 953 018 habitants en 1998 et les estimations pour 2005 font état de 3,7 millions d’habitants. En 1998, les communes les plus peuplées étaient les deux banlieues nord (Abobo) et Nordouest (Yopougon) qui regroupaient en 1998 46% du total des dix communes d’Abidjan. /+ 9) , < 69 Tableau 2 : Population d’Abidjan par commune en 1998 et en 2005 Population en 1998 Population en 2005 Communes Effectif Poids(%) Abobo 654 375 22,16 823 063 22,17 Adjamé 260 507 8,82 327 930 8,83 Attécoubé 214 638 7,27 267 701 7,21 Cocody 260 159 8,81 324 642 8,75 Koumassi 325 044 11,01 409 524 11,03 Marcory 180 192 6,10 229 222 6,17 Plateau 10 141 0,34 13 367 0,36 Port-Bouët 216 287 7,32 272 952 7,35 Treichville 123 520 4,18 155 429 4,19 Yopougon 708 155 23,98 887 540 23,91 Abidjan 2 953 018 100,00 3 711 370 100,00 Sources : Population en 1998 : RGPH-98 .(INS) Effectif Poids (%) Population en 2005 : Estimation (INS) Les estimations de la populations pour 2005 faites par l’INS pourraient comporter des incertitudes qui proviendraient des populations déplacées appelées « déplacées de guerre » depuis la crise du 19 septembre 2002 que vit le pays, et des populations migrantes qui sont difficilement intégrables dans les statistiques officielles tirées des recensements généraux. En effet, depuis cette crise, de nombreuses populations ont émigré de la zone nord sous contrôle des « rebelles » vers la zone sud et particulièrement à Abidjan sou contrôle gouvernemental. Les chiffres couramment avancés font état de 1,7 million de populations déplacées dans la zone sud, et du fait de cette crise, il n’y a pas de services administratifs de l’Etat dans les zones occupées. 70 2.2 PLANIFICATION URBAINE ET POLITIQUE DE L’HABITAT 2.2.1 La tache urbaine : évolution et principales caractéristiques 2.2.1.1 Evolution de la tache urbaine Abidjan est une ville dont la croissance géographique consomme beaucoup d’espace. En effet, si l’on se réfère aux chiffres de l’étude du schéma directeur du Grand Abidjan ,cette croissance de la tache urbaine qui couvre aujourd’hui 16 000 ha sur un rayon de 18km, est marquée principalement par les points suivants: • de 3 700 hectares en 1965, la surface urbanisée est passé à 16 000 hectares en 1993, avec une vitesse d’étalement de 800 hectares par an jusqu’en 1970, qui s’est heureusement ralentie par la suite, au niveau de 400 hectares ces dernières années; • une plus grande densification des zones occupées, qui atteint aujourd’hui 210 habitants par hectare contre 190 par le passé. Ces évolutions de la tache urbaine d’Abidjan et de sa densification laisseraient penser à une plus grande maîtrise de la croissance urbaine si elles n’étaient pas en contradiction avec les prévisions du schéma directeur de la ville qui prévoyaient dès 197955 une surface urbanisée de 27 000 hectares inscrite dans un rayon de 18 km aux horizons 2 000. Par rapport à ces prévisions, Abidjan atteint aujourd’hui les limites de 18 km, mais la surface urbanisée n’est que de seulement 16 000 hectares, soit 59% de l’objectif. La ville s’étale donc plus vite qu’elle se densifie du fait notamment des installations anarchiques à la périphérie où les terrains sont plus accessibles en particulier aux populations à faible revenu. Cet étalement urbain ou cette faible densification est également due à la politique d’équipement des terrains qui privilégie de nouveaux lotissements au lieu de viabiliser les anciens. Selon les prévisions du Ministère chargé de la construction et de l’urbanisme, si des mesures correctives ne sont pas prises immédiatement pour inverser cette tendance, le rythme actuel d’étalement de la ville pousserait les limites de la surface urbanisée dans un rayon de 25 km aux horizons 2025. // ) & 5@ # ,2, 71 Si la tendance actuelle se poursuit, elle aura pour conséquences d’engendrer des problèmes d’infrastructures, de réseaux d’assainissement, d’équipements publics et en particulier de transport auxquels les pouvoirs publics ne seront pas prêts de faire face. L’évolution urbaine d’Abidjan à moyen et long termes est illustrée par la carte de la page suivante. 2.2.1.2 Principales caractéristiques de l’espace urbain d’Abidjan La ville d’Abidjan a un site formé de presqu’îles délimitées par des baies et des lagunes. L’urbanisation de la ville s’est développée sur la base d’un schéma structuré autour de trois fonctions principales : • administrative ; • industrielle et commerciale ; • résidentielle. Du fait de la saturation des zones centrales (Plateau, Adjamé, Treichville), l’extension urbaine s’effectue en direction d’Abobo, de Yopougon et de Bingerville. Désormais, la tâche urbaine se développe donc dans des zones d’extension qui sont à faible densité de population et éloignées du centre ville. L’espace urbain étant fortement hiérarchisé, les quartiers offrent une forte ségrégation de l’habitat et sont occupés par des populations de statut social relativement homogène, ce qui nous a conduit à assimiler les populations des quartiers précaires à des populations pauvres. 72 Carte 2 : Schéma directeur du grand Abidjan Source : BNETD 73 Les grandes tendances de l’urbanisation d’Abidjan présentent les principales caractéristiques décrites ci-après : o un découpage physique urbain imposé par la géographie du site naturellement structuré par la lagune Ebrié, le plateau du Banco et les massifs boisés ; o une mono fonctionnalité des principales zones, source du déséquilibre habitat/emploi : • le Plateau renferme essentiellement les fonctions administratives, commerciales et les services (affaires) ; • Treichville qui se déploie le long de la zone portuaire et Adjamé, principal nœud de communication, regroupe beaucoup plus des zones commerçantes exploitées en grande partie par le secteur informel avec une forte composante d’activités de marchés où les femmes sont très présentes; • des pôles secondaires essentiellement d’habitats populaires se sont constitués en banlieue nord à Abobo et Yopougon, et au sud à Koumassi et Port-Bouët, en même temps que le quartier résidentiel de Cocody, de standing plus élevé, s’est développé du coté nord-est vers les 2 Plateaux et la Djibi, et à l’est vers la Riviera et Bingerville ; • le poids important et persistant de la zone portuaire qui se positionne comme le principal bassin d’emploi, malgré des tentatives restées timides de création de nouvelles zones industrielles au nord de la ville, surtout à Yopougon, qui n’ont pas encore véritablement confirmé leur rôle de contrepoids ; o une forte hiérarchisation de l’habitat, conséquence des choix d’urbanisme opérés à travers les différents plans d’urbanisation mis en œuvre ; o une plus grande densification le long de l’axe nord-sud comparativement à l’axe est-ouest, du fait des contraintes d’urbanisme imposées par le site (franchissement de la lagune côté Est) et les choix d’urbanisme opérés ; o d’importantes disparités au niveau des équipements d’intérêt local ou de proximité : dans les quartiers populaires, 1,7 classes primaires pour 1.000 74 habitants contre 3 en moyenne urbaine ; 2,5 dispensaires et 2 maternités pour 1.000 habitants contre respectivement 7 et 5 en moyenne urbaine ; o de nombreux quartiers spontanés nés des spéculations foncières ou comme effets pervers de l’urbanisation incontrôlée, avec des conditions d’hygiène, d’environnement et de vie sociale relativement précaires. 2.2.2 Bref regard sur la politique de l’habitat et du logement à Abidjan La politique sectorielle de l’habitat est marquée par deux principales phases. Une première, qui couvre la période allant de 1970 à 1997, pendant laquelle l’Etat était l’acteur principal aussi bien pour produire et équiper les terrains à bâtir que pour la construction de logements. Durant cette phase, l’Etat allait créer en 1970, la Société d’Equipement des Terrains Urbains (SETU) dont la mission était de produire, d’équiper et de commercialiser des terrains à bâtir sur l’ensemble du territoire national. En plus de la SETU, l’Etat avait créé deux sociétés parapubliques de construction immobilière, la SOGEFIHA en 1963 et la SICOGI en 1965, dont les missions étaient de construire des logements et de les vendre sur le marché, aussi bien en location simple, en location vente et /ou vente directe. Ces deux sociétés ont contribué à la création, de nouveaux quartiers, dans presque toutes les communes de la ville. Mais la SETU a par la suite été dissoute en 1987, et la production et l’équipement des terrains à bâtir ont été confiés à la l’ex-DCGTx (actuel BNETD). Dans le même temps, l’Etat a mis en place deux outils de financement : - le Compte des Terrains Urbains (CTU), pour le financement de la production par l’Etat des terrains à bâtir et leur commercialisation ; - le Compte de Mobilisation pour l’Habitat (CDMH), pour le financement des logements économiques dont la construction était la principale mission de la SOGEFIHA dissoute en 1986. 75 Mais ces outils ont vite montré leurs limites dès 1996, d’abord le CTU, car l’Etat ne pouvait plus continuer à répondre à la demande du marché, faute de ressources suffisantes. Ensuite, le CDMH qui n’a bien fonctionné que sur 10 ans, allait se montrer inadapté au marché, car beaucoup de demandeurs ne pouvaient pas satisfaire à ses critères d’accès particulièrement contraignants (cf. financement CDMH). Cette première phase était ainsi marquée par une intervention de la puissance publique qui avait le monopole de la production et de l’équipement des terrains à bâtir ainsi que leur commercialisation. L’Etat intervenait également en aval, dans la construction de logements dit économiques, notamment à travers la société d’Etat SOGEFIHA. Mais cette politique va marquer le pas dès 1996 et subir une réforme profonde à compter de 1997 avec la création d’un nouveau cadre institutionnel et juridique consacré par la loi 97-524 du 4 septembre 1997 portant concession d’aménagement foncier. En effet, l’Etat va se désengager du financement de la production des terrains urbains à bâtir en le concédant désormais au secteur privé. Il crée une structure, l’Agence de Gestion Foncière (AGEF), pour assurer, en tant que Maître d’ouvrage délégué, le contrôle régalien de la production, de l’équipement et de la commercialisation des terrains à bâtir. L’environnement juridique et fiscal ainsi offert par le nouveau cadre garantit aux promoteurs privés, des avantages financiers car ceux ci ont alors: - la liberté de fixer le prix des terrains aménagés dans les limites conventionnelles ; - la responsabilité de commercialiser les terrains équipés ; - le bénéfice d’un certain nombre d’exonérations fiscales (ce qui justifie par ailleurs le fait que les prix de vente sur le marché soient plafonnés à un niveau convenu avec l’Etat). Concrètement, à la différence de la première phase où l’Etat était pratiquement le seul principal acteur, la nouvelle politique fait une plus grande ouverture aux promoteurs privés, l’Etat se contentant dorénavant de restreindre son rôle aux choix stratégiques d’aménagement foncier. Toute la production des terrains à bâtir de même que la construction de logements 76 (pour laquelle le secteur privé était déjà très actif) sont ainsi désormais essentiellement le fait du secteur privé. Mais toute cette politique reste essentiellement tirée vers les besoins des populations plus aisées, c’est à dire justifiant d’un niveau de revenu leur permettant d’accéder au sol et au logement. Les pauvres n’ont ainsi pas accès ni à la propriété foncière, ni au logement, ce qui les condamne à vivre dans la précarité car la sécurité foncière de leur habitat n’est pas garantie. On peut citer à cet égard, comme exemple de politique de lutte contre l’exclusion et la pauvreté urbaine, le cas de l’Inde qui a bâti la stratégie de sa politique de l’habitat concernant les quartiers informels, en mettant l’accent sur trois principes56 : - garantir la sécurité de l’occupation aux habitants des quartiers irréguliers ; - promouvoir la régularisation in situ des quartiers irréguliers ; - et fournir aux populations de ces quartiers les services urbains de base considérés comme un moyen essentiel de lutte contre la pauvreté. A cet égard, le document d’orientation Politique de 1999 du Gouvernement indien relatif aux quartiers informels (National Slum Policy, 1999) rappelle que « les pauvres représentent une part importante de la force de travail urbaine et contribuent d’une manière substantielle à la productivité de l’économie urbaine. Il est vital que les collectivités locales reconnaissent la contribution des pauvres à la prospérité des villes et prennent les dispositions nécessaires pour qu’ils aient accès au sol, au logement et aux services…Les quartiers informels (Slums) ne doivent pas être considérés comme des zones à problèmes nécessitant des mesures punitives ». Dans les slums qui se sont développés sur des terrains publics, la législation (Patta Act) autorise une cession à bail (pour 15, 20, 30 ans ou plus) des terrains de moins de 50 mètres carrés. Le bail n’est pas transférable mais ce dispositif permet de donner aux occupants pauvres des quartiers irréguliers, la sécurité minimale pour pouvoir y investir et les aider à sortir du cycle de la pauvreté. /. 1 J/" 77 2.2.3 Types d’habitat et de logements à Abidjan 2.2.3.1 L’habitat à Abidjan : du précaire au résidentiel, un contraste saisissant La notion d’habitat, au sens large, fait référence aussi bien au logement, qu’au cadre de vie qui l’abrite et qui englobe les services urbains de base et les équipements collectifs de proximité. Au plan de la typologie, les premières études sur le Schéma Directeur d’Abidjan réalisées en 1989 par l’ex-DCGTx (actuel BNETD) avaient retenu quatre types d’habitat : (a) le résidentiel, (b) l’évolutif, (c) l’économique et (d) le spontané (ou le précaire). Ainsi, l’habitat résidentiel se définit comme les logements individuels ou collectifs de standing construit par des promoteurs privés ou par l’Etat. L’habitat évolutif ou l’habitat sur cour se définit comme un ensemble de constructions édifiées autour d’une cour commune (on l’appelle aussi l’habitat de type villageois). L’habitat économique se caractérise principalement par le fait qu’il est construit en matériaux modernes, par des promoteurs immobiliers et est constitué de maisons en bande ou d’appartements réalisés sur des espaces réduits. Enfin quant à l’habitat spontané ou précaire, il se définit comme un ensemble de logements construits au moyen de matériaux précaires, sans titre de propriété, avec ou sans trame urbaine. Ces quatre types se distinguent chacun par une caractéristique majeure : le résidentiel par son standing, c’est-à-dire la qualité du bâti et de l’environnement, l’évolutif par le mode d’organisation spatiale (agencement autour d’une cour), l’économique par le statut du promoteur et enfin le spontané par le statut du sol. Cette classification ayant montré ses limites du fait de sa trop grande agrégation, une nouvelle typologie basée sur la stratégie des acteurs et le comportement sociologique des ménages a été retenue dans le cadre de l’actualisation du Schéma Directeur d’Abidjan réalisé en 1996 par l’ex-DCGTx. Cette nouvelle classification distingue huit types d’habitat. 78 Un tableau de correspondance peut être réalisé entre les deux typologies. Tableau 3 : Correspondance entre l’ancienne et la nouvelle typologie de l’habitat Ancienne typologie Nouvelle typologie Habitat spontané Habitat précaire Habitat évolutif Habitat sur cour commune Habitat collectif économique Habitat économique Habitat collectif moyen standing Habitat collectif bon standing Habitat individuel économique Habitat individuel moyen standing Habitat résidentiel Habitat individuel bon standing Source : Actualisation du schéma directeur d’Abidjan - BNETD, Juillet 1996 L’habitat précaire : correspond à l’habitat spontané. Il est défini comme un ensemble de logements édifiés sans titre de propriété, avec des matériaux précaires. L’habitat sur cour : correspond à l’habitat évolutif. C’est un ensemble de constructions édifiées autour d’une cour commune (s’apparente surtout au type villageois). L’habitat collectif économique : correspond aussi à l’habitat évolutif. Ce sont des constructions en bandes sur des espaces réduits, réalisés le plus souvent par des sociétés immobilières. L’habitat collectif moyen standing : fait partie des 4 types d’habitat qui correspondent à l’habitat économique. Ce sont des constructions en bandes ou en hauteur réalisées par l’Etat ou par des particuliers. 79 L’habitat collectif bon standing : correspond aussi à l’habitat économique. Ce sont des résidences de bon standing. L’habitat individuel économique : c’est l’ensemble des logements individuels de standing économique construits par l’état ou par des particuliers. Cet habitat correspond aussi à l’habitat économique. L’habitat individuel moyen standing : c’est le 4eme habitat qui correspond à l’habitat économique. Ce sont des constructions individuelles sur de petites et moyennes parcelles au standing moyen. L’habitat individuel bon standing : correspond à l’habitat résidentiel. Ce sont des logements individuels sur de grandes parcelles au standing élevé. Cet habitat est accessible seulement à la couche sociale la plus aisée. Les données complètes à ce jour sur l’habitat sont celles issues des enquêtes réalisées par l’Atelier d’Urbanisme d’Abidjan (A.U.A) en 1993 sur l’habitat et le logement et qui ont permis d’identifier pour la ville d’Abidjan 346 803 logements. Depuis la liquidation de cette structure en 1995, il n’y a pas eu de continuité de ce type d’enquêtes. Les enquêtes de type RGPH ne sont spécifiquement ciblées sur l’habitat et le logement. Les données de population aux fins d’élections sont celles qui en déterminent le budget généralement insuffisant. La répartition par type du parc de logements en 1993 est présentée au tableau suivant : 80 Tableau 4 : Répartition du parc de logements par type en 1993 Type de logement Part de logement Populations concernées en pourcentage (%) en pourcentage (%) Résidentiel 5 4 Economique 20 24 Evolutif 58 58 Spontané 17 14 Ensemble 100 100 Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 Ce tableau montre que l’habitat à Abidjan est constitué à 75 % de logements de type évolutif ou spontané, abritant 72 % de la population de la ville. Ces types de logement se rencontrent principalement dans les banlieues d’Abobo au nord et de Yopougon au nord-ouest, du sud (Port-Bouët) et dans les communes peu développées (Attécoubé). Les quartiers spontanés ou précaires, qui regroupent en fait une majorité des ménages pauvres et qui sont diversement implantés dans la ville au gré des opportunités de site, avaient un parc estimé à 61 311 logements en 1993. De même que le lieu d’habitation (la commune ou le quartier) détermine le statut social des habitants à Abidjan, le type de logement est caractéristique du statut social des habitants. Ainsi, les quartiers précaires sont habités en majorité par les populations pauvres, ce qui explique notre choix pour ce champ d’étude. L’analyse des surfaces urbanisées par type d’habitat montre que la surface totale d’habitat à Abidjan était de 5 578,44 ha en 1993. Cette superficie est inégalement repartie entre les dix communes. 81 Les communes de Yopougon (1 166,64 ha, soit 20,91 %), de Cocody (1 157,97 ha, soit 20,76 %) et d’Abobo (1 010,56 ha, soit 18,12 %) se repartissent les plus grandes superficies d’habitat à Abidjan. Ces trois communes s’étendaient sur 3 335,17 ha, soit plus de la moitié (59,79 %) des surfaces totales d’habitat à Abidjan. Les communes de Port-Bouët, de Marcory, d’Attécoubé, de Koumassi et d’Adjamé enregistrent des surfaces d’habitat qui s’étendent de 100 à 600 ha. Ces surfaces d’habitat sont reparties de la manière suivante : Port-Bouët : 587,73 ha, soit 11 % ; Marcory : 483,77 ha, soit 9 % ; Attécoubé : 343,92 ha, soit 6 % ; Adjamé : 308,58 ha, soit 6 % ; Treichville : 137,54 ha, soit 2 %. La commune du Plateau avec 58 ha, soit 1 % des surfaces d’habitat, reste la plus petite commune. La répartition des surfaces par type d’habitat à Abidjan présenté au tableau et illustré au graphe suivants fait apparaître une prédominance de deux types d’habitat : l’habitat sur cour commune (40,64 %) et l’habitat individuel tous standing confondus (40,29 %). Les autres types d’habitat à savoir l’habitat précaire et l’habitat collectif totalisent moins de 20 % (19,09 %) des surfaces d’habitat d’Abidjan. Tableau 5 : Surfaces d’habitat par type à Abidjan en 1993 (en hectares) Sur cour Collectif Individuel Précaire Total Surface(hectares) 2.266,99 351,55 2.247,74 712,16 5.578,44 Pourcentage (%) 40,64 6,30 40,29 12,77 100,00 Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 82 Graphe 1 : Surface d’habitat par type à Abidjan en 1993 Précaire 13% Individuel 40% Sur cour 41% Sur cour Collectif Individuel Précaire Collectif 6% Le tableau suivant donne en détail les surfaces d’habitat par type et par commune, permettant ainsi de dégager certaines spécificités des communes selon l’habitat le plus dominant. 83 Tableau 6 : Surfaces d’habitat par type et par commune à Abidjan en 1993 (en hectares) Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Treichville Yopougon Abidjan Sur cour Collectif Individuel Précaire Total 909,43 23,48 48,52 29,13 1.010,55 40,12% 6,68% 2,16% 4,09% 17,95% 171,08 49,49 64,11 23,90 308,59 7,55% 14,08% 2,85% 3,36% 5,48% 251,02 5,27 49,82 37,81 343,93 11,07% 1,50% 2,22% 5,31% 7,00% 94,43 143,78 846,93 72,83 1.157,97 4,17% 40,90% 37,67% 10,23% 20,57% 130,42 12,52 100,90 79,89 323,73 5,75% 3,56% 4,49% 11,22% 5,75% 87,85 27,57 357,01 11,34 483,76 3,88% 7,83% 15,88% 1,59% 8,59% 1,85 16,37 39,78 0,00 58,00 0,08% 4,65% 1,77% 0,00% 1,03% 28,14 20,70 153,58 385,31 587,73 1,24% 5,88% 6,83% 54,10% 10,44% 65,83 23,11 45,64 2,96 137,53 2,90% 6,57% 2,03 0,42% 2,44% 526,94 29,26 541,45 68,99 1.166,64 23,24% 8,31% 24,09% 9,69% 20,73% 2.266,99 351,55 2.247,74 712,16 5.578,44 100% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 L’analyse des différents types d’habitat selon la superficie et le nombre de logements permet le commentaire suivant : L’habitat précaire : se retrouve dans toutes les communes d’Abidjan, à l’exception de celle du Plateau. Port-Bouët a la plus grande concentration des surfaces d’habitat précaire soit 54,10 % avec 71 % du parc des logements de la commune. Les trois 84 communes centrales : Adjamé (3,36 %), Treichville (0,42 %) et Marcory (1,59 %) concentrent environ 5 % du total des surfaces du précaire à Abidjan. Graphe 2 : Répartition des surfaces d’habitat précaire par commune 0% 10% 4% 3% 5% 10% 11% 55% 2% 0% Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouet Treichville Yopougon L’habitat sur cour : se retrouve concentré à Abobo où il représente 33 % du ‘‘parc’’ des logements de la commune pour une superficie de 40,12 %. La commune de Yopougon arrive en deuxième position avec 23,2 % des surfaces d’habitat sur cour et environ 12 % des logements de ce type d’habitat. Abobo et Yopougon sont les communes les plus peuplées d’Abidjan. Elles totalisent 63,36 % des surfaces d’habitat sur cour commune à Abidjan. Leur parc de logements est d’environ 45 % du total de ce type d’habitat à Abidjan. 85 Graphe 3 : Répartition des surfaces d’habitat sur cour par commune 23% 40% 3% 1% 0% 4% 6% 4% 11% 8% Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouet Treichville Yopougon L’habitat individuel tous standings confondus : est concentré en terme de superficie en grande partie à Cocody (846,93 ha, soit 37,67 %) et à Yopougon (541,45 ha, soit 24,09 %). 8.607 et 24.336 logements sont implantés respectivement sur les surfaces d’habitat individuel de Cocody et de Yopougon. La commune de Cocody, la plus résidentielle des communes d’Abidjan a un parc de logement individuel bon standing de 3.781 contre seulement 374 logements à Yopougon dans ce type d’habitat. Marcory, la deuxième commune résidentielle d’Abidjan n’enregistre que 690 logements dans ce type d’habitat. Il faut noter que l’habitat individuel est pratiquement inexistant au Plateau (39,78 ha, soit 1,77%) et très réduit dans les zones de Treichville (45,64 ha, soit 2,03%), d’Abobo (48,52 ha, soit 2,16 %), d’Attécoubé (49,82 ha, soit 2,22%) et d’Adjamé (64,11 ha, soit 2,85 %). 86 Graphe 4 : Répartition des surfaces d’habitat individuel par commune 2% 3% 2% 24% 2% 7% 2% 38% 16% 4% Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouet Treichville Yopougon L’habitat collectif tous standing confondus : est concentré à Cocody où il représente 40,85 % de la surface totale de ce type d’habitat à Abidjan. La commune d’Adjamé vient en seconde position avec 14,06 %. Ce type d’habitat se retrouve pratiquement dans toutes les communes d’Abidjan avec des superficies qui varient entre 5 et 30 hectares 87 Graphe 5 : Répartition des surfaces d’habitat collectif par commune 7% 8% 7% 14% 6% 5% 1% 8% 4% 40% Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouet Treichville Yopougon On peut donc de ce point de vue caractériser les communes par un type dominant d’habitat : l’habitat sur cour caractérise les communes d’Abobo, de Yopougon et à un degré moindre celle d’Attécoubé et d’Adjamé. L’habitat individuel est caractéristique des communes de Cocody, mais aussi de Marcory et de Yopougon (qui ont un quartier résidentiel). L’habitat précaire est surtout caractéristique de la commune de Port- Bouët. Il faut aussi noter l’apparition d’une nouvelle catégorie d’habitat non répertoriée dans les différents tableaux : ‘‘la cour moderne’’ qui consiste à privatiser les équipements de la maison (toilettes, cuisine) et à subdiviser les lots individuels en plusieurs logements individuels, ce qui correspond à une amélioration du niveau d’équipement sans densification. ‘‘la cour moderne’’ est réalisée par des promoteurs privés. Par ailleurs, la lecture du tableau ci-dessous sur la répartition de la population d’Abidjan par type d’habitat et par commune apporte d’autres informations sur la distribution de la population par type d’habitat. 88 Tableau 7 :Répartition de la population par type d’habitat et par commune en 1993 Abobo Précaire Collectif Atté- Cocody coubé Koumassi Marcory Plateau Port- Treich- Yopou- Bouët ville gon % 323.066 16,56 11.675 10.118 23.603 25.361 75.883 6.401 0 114.130 4.043 140.729 137.286 14.187 108.358 82.168 929 10.787 74.077 E 10.039 20.941 1.992 18.404 30.957 27.211 0 23.533 6.006 156.547 M 1.831 144 343 5.805 79 8.792 0 1.452 873 2.764 22.081 1,13 B 362 430 422 18.961 84 3.621 0 1.406 418 2.487 28.191 1,44 E 13.554 17.367 5.043 20.931 3.850 1.939 2.336 8.578 9.134 17.298 100.029 5,13 M 1.679 18.331 0 14.508 4.788 7.377 4.909 308 14.225 0 66.125 3,39 B 0 1.515 0 6.882 0 9.696 9.088 0 1.069 0 28.250 1,45 403.558 209.574 168.688 125.040 223.999 147.205 17.262 160.193 109.846 Total E : ‘‘économique’’ ‘M : ‘‘moyen standing’’ 51.852 Total 364.419 Cour commune Individuel Adjamé 154.245 1.087.186 55,74 295.631 15,16 385.193 1.950.558 100,0 B : ‘‘bon standing’’ Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 L’habitat sur cour commune est le type d’habitat qui regroupe une importante proportion de la population d’Abidjan. En effet, ce type d’habitat regroupe 1 087 186 habitants, soit 55,74 %. Les deux plus grandes communes d’Abidjan (Abobo et Yopougon), concentrent à elles seules 518 664 habitants soit près de la moitié (47,71 %) de la population totale des cours communes. L’habitat précaire avec une population de 323 066 habitants soit 16,56 % de la population d’Abidjan demeure le second type d’habitat qui regroupe le maximum de personnes. La seule commune de Port-Bouët accueille sur son territoire 114 130 habitants soit 35,33 % de la population totale du précaire à Abidjan. Elle est suivie de la commune de Koumassi, (75.883 habitants, soit 23,49 %) et de Yopougon (51 852 habitants, soit 16,05 %). L’habitat individuel économique est le troisième type d’habitat de la ville d’Abidjan qui réunit une proportion importante de la population avec 295 631 habitants soit 15,16 % de la population totale d’Abidjan. Cette population est aussi inégalement repartie entre les communes. La commune de Yopougon regroupe 156 547 habitants soit plus de la moitié (52,95 %) des habitants de ce type d’habitat. Cette commune se positionne comme celle de l’habitat individuel économique par excellence. Sur la base des données de 1993, près de 88% de la population totale d’Abidjan sont regroupés dans les habitats suivants : habitat sur cour commune, habitat précaire et habitat individuel économique ce qui est illustré par le graphique ci-après. 89 Graphe 6 : Répartition de la population par type d’habitat 10% 17% 18% Précaire cour commune individuel collectif 55% 2.2.3.2 Caractéristiques et statuts d’occupation des logements à Abidjan Le phénomène locatif est important à Abidjan. Il s’agit de location d’habitations appartenant à des particuliers car il n’y a pas de logement sociaux de type HLM appartenant à l’Etat ou à des collectivités publiques, en dehors des camps militaires, des casernes de gendarmerie ou de police et des cités universitaires. En effet, 73,92 % des chefs de ménages sont locataires comme indiqué au tableau suivant : 90 Tableau 8 : Statut d’occupation des logements à Abidjan en 1993 Statut Nombre de ménages Propriétaire chef de ménage % 68.089 18,18 Locataire chef de ménage 276.860 73,92 Logement de fonction 11.0230 2,95 Hébergé gratuitement 18.577 4,95 374.546 100,00 Total Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 Sur un total de 374 546 ménages recensés en 1993 à Abidjan, pour 68.089 ménages (soit 18,18 %), les chefs de ménages sont propriétaires contre 276 860 ménages (soit 73,92 %)pour lesquels les chefs sont de simples locataires de leurs logements. Ce fort taux de chefs de ménages locataires montre le succès mitigé des politiques mises en œuvre depuis 1970 dans le cadre du développement urbain d’Abidjan en initiant des opérations immobilières et de nouveaux lotissements pour l’accession à la propriété bâtie des populations à faible revenu. En effet, l’accès à la propriété était faible à Abidjan en 1993 où seulement 18,18 % des ménages étaient propriétaires de leurs logements, ce qui est illustré par le graphique suivant : 91 Graphe 7 : Statut d’occupation des logements à Abidjan en 1993 3% 5% Propriétaire chef de ménage Locataire chef de ménage Logement de fonction 18% Hébergé gratuitement 74% S’agissant en particulier des quartiers précaires à Abidjan, seulement 2%57 environ des ménages sont propriétaires de leur habitation. Le tableau et le graphique ci-dessous révèlent qu’en 1993, 55% des ménages vivaient dans des cours communes et 18 % dans le précaire. Au total, 73 % des ménages de la ville d’Abidjan résidaient soit dans l’habitat précaire soit dans la cour commune. Tableau 9 : Nombre de ménages par type d’habitat en 1993 Cour Individuel Précaire commune Nombre de 66.237 205.582 17,68 54,89 E M Collectif B E 54.036 4.442 5.868 19.343 ménages Pourcentage 14,43 1,18 1,57 5,16 M B 13.128 5.910 374.546 3,51 1,58 (%) Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 /2 7 '9 &A5D & 9 < # < #A 8 L # + Total < 100,00 92 Graphe 8 : Répartition des ménages par types d’habitat 10% 18% 17% Précaire cour commune individuel collectif 55% Le rapprochement du nombre de ménages (374 547) avec le parc de logements (346 803) donne 1,1 ménage par logement en 1993. Sur les dix (10) communes d’Abidjan, la répartition du parc de logements en 1993 est la suivante : 93 Tableau 10 : Répartition des logements à Abidjan en 1993 par commune Communes Nombre de logements % Abobo 69 197 19,95 Adjamé 35 231 10,16 Attécoubé 31 440 9,07 Cocody 24 931 7,19 Koumassi 44 661 12,88 Marcory 28 045 8,09 Plateau 3 442 0,99 Port-bouët 32 700 9,43 Treichville 19 219 5,54 Yopougon 57 937 16,70 TOTAL ABIDJAN 346 803 100,00 Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 Ce tableau suscite les principaux commentaires suivants : - Abobo et Yopougon, les deux communes les plus peuplées d’Abidjan concentrent 127.134 logements soit 36,66 % du parc des logements de la ville. La première commune citée possède 69.197 logements, soit environ 20 % contre 57.937 logements soit 17 % pour la deuxième. - Quatre (4) communes ont un parc compris entre 30.000 et 45.000 logements. Il s’agit d’Attécoubé (31.440 logements soit 9,07 %), de Port-Bouët (32.700 logements soit 9,43 %), d’Adjamé (35.231 logements soit 10,16 %) et de Koumassi (44.661 logements soit 12,88 %). - Les communes de Cocody et de Treichville avec respectivement 24.931 logements soit 7,19 % et 19.219 logements soit 5,54 % ont un ‘‘parc’’ moins important. 94 - Avec 3.442 logements soit moins de 1 % du nombre de logements d’Abidjan, la commune du Plateau a le parc le plus faible de la ville. L’analyse de la répartition des logements suivant les types d’habitat, permet de renseigner et de confirmer les différences fondamentales entre les divers types d’habitat, comme donné au tableau et illustré par le graphique ci après. Tableau 11 : Nombre de logements par type d’habitat en 1993 Cour Précaire commune Nombre de 61 311 190 367 17,68 54,89 Individuel E M Collectif B E 50 040 4 115 5 434 17 910 logement M B 12 153 5 473 346 803 Pourcentage (%) 14,43 1,19 1,57 5,16 Total 3,50 1,58 100,00 Source : Schéma Directeur du Grand Abidjan, rapport de synthèse, BNETD, octobre 1998 Graphe 9 : Distribution des logements par type d’habitat 10% 18% 17% Précaire cour commune individuel collectif 55% Les données de ce tableau montre que la cour commune, l’habitat précaire et l’habitat individuel économique enregistrent 301 718 logements sur un total de 346 803, soit environ 90 % des logements à Abidjan. La cour commune est l’habitat qui regroupe en 1993 le plus 95 grand nombre de logements à Abidjan avec un parc de 190 367 soit 55 % de l’ensemble des logements. Ce constat peut s’expliquer par le fait que la cour commune est le type d’habitat qui enregistre le plus grand nombre de locataires et auquel peuvent prétendre les populations à faibles ou moyens revenus. L’habitat précaire se positionne au second rang des types d’habitat où sont concentrés un nombre important de logements, avec un effectif de 61 311 logements soit 17,68 % du parc d’Abidjan en 1993. Enfin, l’habitat individuel économique est le troisième type d’habitat qui enregistre 50.040 logements soit 14,43 % du parc. Les cinq autres types d’habitat regroupent des nombres de logements assez comparables allant de 4 115 logements à 17 910 logements. Il s’agit par ordre décroissant de : • l’habitat collectif économique avec 17 910 logements, soit 5,16 % ; • l’habitat collectif moyen standing avec 12 153 logements, soit 3,50 % ; • l’habitat collectif bon standing avec 5 473 logements, soit 1,58 % ; • l’habitat individuel bon standing avec 5 434 logements, soit 1,57 % ; • l’habitat individuel moyen standing avec 4 115 logements, soit 1,19 %. 2.3 LE FINANCEMENT DE L’HABITAT OU LES LIMITES D’UNE POLITIQUE SELECTIVE D’ACCES AU LOGEMENT 2.3.1 Le difficile accès au logement En se fondant sur les chiffres du recensement général de la population et de l’habitat de 1998, la proportion de la population abidjanaise propriétaire de son logement reste encore faible, de 28,4% seulement contre 71,6% de locataires même si cette proportion a augmenté considérablement par rapport à 1993 où ce ratio était de 18,18%. 96 L’Etat a fait beaucoup d’efforts en intervenant directement dans la production de logements à Abidjan (à travers la SOGEFIHA et la SICOGI) mais la situation de l’offre de logements reste encore critique du fait d’une demande de plus en plus forte. En effet, les estimations actuelles, sur la base des demandes nettes recensées par l’INS et les services du Ministère chargé de la construction font état d’un besoin de 12 000 logements au moins par an pour satisfaire les populations abidjanaises ce qui demande un investissement de l’ordre de 100 milliards de F CFA58. Le nombre moyen de personnes par pièce est de 1,3 dans les quartiers de standing, et de 2,82 dans les quartiers précaires, soit plus du double voire davantage si l’on tient compte du rapport des superficies moyennes par pièce qui est du même ordre et dans le même sens. Le nombre de ménages recensés à Abidjan en 1998 par l’INS était de 576 779 et sa répartition par type de logement est donnée au tableau suivant : Tableau 12 : Répartition des ménages abidjanais en 1998, par type de logement Types de logement Nombre de ménages % Villas moderne 26 937 4,67 Maison simple 93 171 16,15 Logement en bandes 133 601 23,16 Appartement en immeuble 46 293 8,03 Concession sur cour 204 017 35,37 Case traditionnelle 4 724 0,82 Baraque 68 036 11,80 TOTAL 576 779 100,00 Sur la base des données de 1998, près de 12% des ménages habitaient dans le précaire constitué de baraques (contre 18% en 1993) et l’habitat sur cour regroupait 35% des ménages (contre 55% en 1993), ce qui traduirait une évolution importante sur cette période si l’on /- 7 '9 0 $ #? L / 97 considère que les statistiques de 1993 et de 1998 sont comparables. L’on ne dispose pas de chiffres plus récents mais il est vraisemblable, du fait de la détérioration de la situation économique et socio politique du pays depuis 1999, que cette tendance évolutive positive s’est inversée ou arrêtée. En raison de la crise que connaît le pays depuis septembre 2002, nous avons des raisons de penser qu’une bonne partie (les plus vulnérables) des populations déplacées de guerre des zones assiégées (nord et ouest du pays) s’est majoritairement installée dans les quartiers précaires d’Abidjan où elle a émigré. En effet, la solidarité est plus présente en milieu pauvre où les liens familiaux ou culturels jouent davantage. On note un développement relatif des autres types d’habitat (individuel et collectif tous standings confondus) dont le poids a pratiquement doublé en passant de 27% en 1993 à 53% en 1998, du fait vraisemblablement des opérations immobilières réalisées sur la période et qui ont permis à beaucoup de ménages disposant d’un revenu suffisant d’acquérir un logement en propriété ou en location dans l’habitat de type individuel ou collectif économique ou de moyen ou bon standing. Cependant, les effectifs de ménages dans l’habitat précaire et dans l’habitat sur cour commune sont demeurés pratiquement au même niveau : respectivement 66 237 et 205 582 en 1993, contre respectivement 68 036 et 204 017 en 1998. 2.3.2 Politique sociale du logement ou politique du logement social : les ambiguïtés d’une politique d’accès au logement et à la propriété bâtie La politique sociale du logement visait à apporter, à travers un ensemble de mécanismes, des aides spécifiques aux ménages en fonction de leurs revenus, pour faciliter leur accès à un logement décent. Cette politique a pour cible, notamment les populations d’un certain niveau de revenu. Quant à la politique du logement social, elle viserait à permettre aux populations jugées « économiquement faibles » du point de vue de leur revenu ou de leur appartenance sociale, de pouvoir avoir accès au logement en propriété. 98 Les outils et les mécanismes de financement mis en place par l’Etat et qui ont montré leur limites, se sont avérés inadaptés car dans la réalité, ils n’ont pas permis d’atteindre les objectifs sociaux de l’une ou l’autre des deux politiques censées avoir été initiées très tôt pour répondre aux besoins des populations. Le nouveau cadre mis en place par l’Etat depuis 1997 permet deux systèmes de financement : le système qui fait appel au financement privé à travers le réseau bancaire local sans aide de l’Etat, et celui avec l’aide de l’Etat par le biais du Fond de Soutien de l’Habitat (FSH), du Compte de Mobilisation de l’Habitat (CDMH) et/ou du Compte des Terrains Urbains (CTU). Mais le CDMH, le CTU et le FSH sont encore loin de répondre de façon satisfaisante à la demande de financement de l’habitat qui est estimée à hauteur de 100 milliards de franc CFA par an. Les raisons sont dues aux exigences du système bancaire, aux lourdeurs administratives dans la gestion et la mobilisation des financements, au coût de revient élevé des logements etc. En fait l’accès à ces fonds présente un caractère trop sélectif pour atteindre une large partie de la population. 2.3.2.1 Le financement privé des banques Ce type de financement, interne au réseau bancaire local, est particulièrement exigeant car il repose entièrement sur la capacité de remboursement des clients. Ne sont éligibles au titre des financements de ce genre que ceux des clients des banques qui disposent d’un revenu jugé suffisant selon des critères propres aux banques. Le premier obstacle à ces guichets de financement c’est d’être d’abord client d’une banque, ce qui nécessite de justifier au moins d’un revenu régulier dont la moyenne est de 150 000 à 200 000 FCFA par mois , si l’on tient compte du minimum exigé pour ouvrir un compte courant à la banque en Côte d’Ivoire. Dans ce cas, le financement peut intervenir sous la forme d’un prêt immobilier sur une période pouvant atteindre 10 ans, après un effort d’épargne sur 2 à 3 ans par un plan d’épargne logement (PEL). 99 Malheureusement, compte tenu des critères très sélectifs imposés aux clients par les banques à l’ouverture d’un compte courant, l’INS estime actuellement à 30% la frange de la population abidjanaise pouvant bénéficier d’un compte bancaire. Dans le meilleur des cas donc, le système de financement par les banques ne peut atteindre qu’au maximum 30% de la population. 2.3.2.2 Les mécanismes de financement de l’Etat Le CDMH Il a pour objet de faciliter, en les assouplissant, les conditions de crédit pour l’acquisition de logement économique en propriété et de refinancer les crédits acquéreurs ainsi consentis par les banques. Le fonctionnement du CDMH souffre d’une insuffisance de ressources pour satisfaire une demande élevée. Les ménages éligibles au financement du CDMH doivent justifier d’un revenu mensuel inférieur à 700 000 F CFA, et ce plafond semble élevé car les statistiques sur les crédits octroyés révèlent que les bénéficiaires ont un revenu moyen de 280 000 F CFA, soit 40% en dessous du plafond autorisé. Toutefois, les crédits du CDMH ne couvrent qu’à peine 10% de la demande du marché national évalué à 192 milliards de FCFA par an59. Le CDMH finance les logements neufs dit de type « économique ». Mais les conditions d’accès à ce guichet excluent des populations aux revenus non salariaux ou non réguliers tels que par exemple les artisans qui n’ont pas accès au système bancaire classique, et qui sont pourtant éligibles aux crédits du fonds étant donné qu’ils satisfont à la conditionnalité du revenu plafond. Cette situation laisserait penser que le CDMH ne bénéficie qu’aux fonctionnaires ou à certaines catégories sociales du haut de la hiérarchie professionnelle. /, 7 '9 0 $ #? L / 100 De ce point de vue, le CDMH ne profite pas en priorité aux ménages considérés comme économiquement faibles. Le FSH Le FSH est un fonds destiné à apporter une aide au financement de l’habitat social et économique. Comme le CDMH, la capacité financière du FSH est largement tributaire du trésor public, ce qui l’handicape puisque ses dotations fluctuent avec le budget de l’Etat qui a été soumis à de sévères restriction au cours des dernières années. Par exemple, de 70 milliards en 1997, la dotation du fonds a chuté à 0,5 milliards en 2003 et ce même montant a été reconduit en 200460. L’objet du fonds qui recouvre un caractère social est louable en soi mais les incertitudes qui pèsent sur ses dotations financières ne lui permettent pas de remplir convenablement la mission pour laquelle il a été créé. Le CTU Le CTU est un fonds créé par l’Etat en vue de financer la production par l’Etat et la commercialisation de terrains à bâtir, ainsi que de faciliter les conditions d’accès à la propriété foncière. Comme pour les autres fonds, le CTU souffre des mêmes problèmes de trésorerie puisqu’il repose essentiellement sur le budget de l’Etat. De façon générale, les trois outils de financement de l’habitat mis en place par l’Etat, l’un en amont pour les opérations de production foncière (le CTU) et les deux autres (le CDMH et le FSH) en aval pour l’aide à l’accession à la propriété bâtie ont certes un caractère social mais . 7 '9 0 $ #? L / 101 leurs modalités d’accès ou de financement, ajoutées aux incertitudes qui pèsent sur leurs capacités réelles d’intervention, ne leur permettent pas d’atteindre les objectifs qui leur sont assignés. En effet, le principal objectif sinon la finalité de ces fonds est d’assurer, selon les pouvoirs publics, un toit à chaque ivoirien. Mais cela reste encore malheureusement un slogan sans pour autant ignorer les efforts consentis par l’Etat à cet égard à en juger par la trop grande proportion des populations non propriétaires fonciers ou de leur logement et/ou par le poids important de l’habitat précaire dans le paysage urbain d’Abidjan. 2.4 LES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN 2.4.1 Les types de quartiers précaires En général les quartiers correspondent à deux types d’entités : - des unités physiquement délimitées ; - des unités socialement organisées. L’habitat précaire quant à lui se différencie des autres par l’absence de statut légal de l’occupation du sol. Au cours de la période de 1994 à 1998, certains ont fait l’objet d’études de restructuration et depuis la crise du 19 septembre que vit le pays, certains ont été rasés purement et simplement par les pouvoirs publics sans que les populations déguerpies ne soient recasées en un autre lieu aménagé à cet effet. Elles font en fait partie des « victimes » de cette crise. Dans l’ensemble, ces quartiers présentent des caractéristiques diverses. Nous présentons ciaprès, celles qui nous semblent essentielles. Il y a trois types contrastés de quartiers. Ces types sont déterminés en fonction des caractéristiques physiques des secteurs. Il s’agit : • de la structure des secteurs (réseau de voirie, îlots et lots) : ce premier critère détermine l’appartenance d’un quartier à l’un des trois types ; 102 • de la qualité des bâtiments : ce critère complète le premier en indiquant le degré d’homogénéité qui existe à l’intérieur de chaque type. Les types de quartiers précaires sont les suivants : TYPE I : Les quartiers qui ne se distinguent des zones « légales » d’habitat que par leur situation foncière Dans ces quartiers, le réseau de voirie est en quasi-totalité maillé, les voies sont carrossables et ont une largeur de 8 à 10 mètres. Cependant, cette largeur peut être inférieure lorsque les voies correspondantes n’assurent qu’une partie de la desserte des îlots. Les constructions sont en totalité ou en quasi-totalité implantées selon un ordonnancement significatif d’une délimitation claire des lots. Photo 1 : M’Ponon Avocatier TYPE II : Les quartiers de type lotissement à trames irrégulières 103 Dans ces quartiers, le réseau de voirie est maillé dans sa majorité, les voies sont partiellement carrossables, leur largeur répondant aux mêmes critères que dans le type précédent. Une partie d’entre elles peut n’être matérialisée que par les emprises qui semblent leur être réservées. Les constructions sont en totalité ou en majorité implantées selon un ordonnancement significatif d’une délimitation claire des lots. Photo 2 : PK 18 TYPE III : Les quartiers de type faiblement ou non structuré Dans ces quartiers, la voirie n’est pas maillée ou est minoritairement maillée. Les voies n’ont pas une largeur de 8 à 10 mètres. Les constructions sont en majorité implantées sans ordonnancement significatif d’une délimitation claire des lots. Photo 3 : Sico bois Yaocéi 104 105 2.4.2 Présentation et caractéristiques des quartiers précaires d’Abidjan 2.4.2.1 Situation géographique et démographique Les données complètes les plus actuelles sont celles datant de 1990, réunies dans le cadre d’une étude de l’ex-DCGTx élaborée en 199261. Mais concernant la situation actuelle de ces quartiers, leurs populations et leurs équipements, nos enquêtes nous ont permis d’avoir une configuration générale plus actuelle. La situation géographique des quartiers en 1990 est illustrée par la carte de la page suivante. . 954 'E : #? 6A 8 ,, 106 Carte 3 : Situation géographique des quartiers précaire en 1990 107 La réparation des quartiers par commune est donnée au tableau ci après. Tableau 13 : Répartition des quartiers précaires par commune en 1990 Communes Quartiers Précaires Nombre PK 18, PK 18 Campement, PK 18 Route d’Anyama, Anonkoua Abobo Kouté, Sagbé SICF, M’Ponon Avocatier, 9 Sonitra, La Paix, Cimetière, Dialogue, Haoussabougou, Voie Est- 8 Route d’Abobo, Abobo Baoulé, Banco. Adjamé Ouest, Kennedy, Croix bleue. Mossikro, Loukoukro Ecare, Djené, Nematoulaye, Attécoubé 3, Attécoubé 11 Petit Banco, Gbebouto Nord, Gbebouto Sud, Bolibana, Coté cimetière (Bolib), Cité Fairmont. Cocody Danga Nord, Blingué 1, Blingué 2, Anono, PK 9 Kouamekro, 8 Gobélé, Talweg d’Agban, Wachington. Koumassi Akromiabla, Grand Campement, Yapokro, Haute Tension, Zoé 6 Bruno, Divo. Marcory Alliodan Est, Alliodan Ouest, Anoumabo Front Canal. 3 Pointe aux Fumeurs, Vridi Canal, Vridi SIR, Vridi Plage, Toviato Port-Bouët (Bidet), Cimetière, Village Alladjan, Adjouffou Derrière Wharf, Adjouffou 2, Jean Folly, Gonzagueville Dieudonné, Anani, Route 13 de l’Aéroport. Treichville Zone industrielle. 1 Ayakro, Gesco Manutention, Gesco Ananeraie, Bonikro, Prison Yopougon Civile, Château d’Eau, Zone Industrielle, Andokoi Uniwax, 13 Chaumière Banco, Port-Bouët 2, Scierie Kouté, Chapouli, Sicobois Yaocéi. Total Abidjan Sources : Quartiers précaires d’habitat à Abidjan, AUA (DCGTx), Octobre 1992 72 108 Les soixante douze quartiers précaires regroupaient en 1990 une population estimée à environ 377 000 habitants, soit 18 % de l’ensemble des dix communes d’Abidjan qui comptaient 2,1 millions d’habitants. Les mêmes enquêtes font état de la concentration de la majorité de cette population, soit 59%, dans les trois communes périphériques d’Abobo (20%), de Yopougon (11 %) et de Port-Bouët (28 %). Les 30 % de cette même population sont localisés en zone intermédiaire (Koumassi, Cocody et Marcory) tandis que 11 % sont en zone centrale (Adjamé et Attécoubé). Si l’on rencontre des populations non ivoiriennes à peu près dans la plupart de ces quartiers, l’on observe une concentration géographique des populations autochtones en fonction de leur provenance : en effet, les populations originaires des régions nord et ouest du pays se retrouvent majoritairement dans les quartiers précaires situés au nord et à l’ouest d’Abidjan (Abobo et Yopougon) et celles venues des régions sud se retrouvent dans les quartiers précaires du sud à Port-Bouet, à Marcory ou à Koumassi. En 1998, pour se référer aux données du tableau ci-après, l’INS a estimé cette population à 771 500 habitants et les chiffres avancés pour 2005 seraient de 969 636 habitants. Sur la base de ces chiffres, la population des quartiers précaires aurait été multipliée par 2,6 en l’espace de 15 ans contre environ 1,7 pour toute la ville d’Abidjan. Il faut cependant noter que pour l’année 2005, les estimations souffrent des mêmes incertitudes que pour le chiffre de la population totale d’Abidjan établi par l’INS du fait des difficultés à pouvoir prendre en compte les population déplacées de guerre qui ont immigré à Abidjan depuis septembre 2002 et dont le nombre total se chiffrerait à 2 millions de personnes. En plus des incertitudes liées à ce phénomène, il faut souligner le fait que des quartiers précaires situés à Cocody ont dû être rasés pour des raisons de sécurité, dont 3 ont pu bénéficier d’un programme d’assistance avec l’appui financier de la Banque mondiale. Il s’agit de Allakro situé entre le lycée technique et les II plateaux, de Blingué situé entre l’université de Cocody et le boulevard de France, et de SOCOCE coincé entre le quartier SIDECI des II plateaux et le camp de gendarmerie d’Agban. 109 Sans faire abstraction de ces incertitudes qui pèsent aussi bien sur le nombre de quartiers qui existent actuellement que sur l’effectif des populations concernées, la question principale qui nous intéresse ici est que l’habitat précaire fait entièrement partie du paysage urbain à Abidjan avec toutes les interactions avec la pauvreté. La taille moyenne des ménages pauvres était en 1993 de 7,5 personnes contre 4,8 personnes pour l’ensemble de l’agglomération. Les données de l’Institut National de Statistiques (INS) pour l’année 1998 indiquent que la taille moyenne des ménages pauvres est passée à 9,3 contre 5,1 pour l’ensemble de l’agglomération. La taille des ménages pauvres en 2002 a par contre baissé à 7,3 personnes malgré une aggravation de la pauvreté. Tableau 14 : Population des quartiers précaires par commune Communes Populations 1990 Populations 1998 Population 2005 Abobo 75 400 154 400 194 192 Adjamé 10 600 21 700 27 311 Attécoubé 52 800 108 100 134 767 Cocody 22 000 45 050 56 201 Koumassi 65 200 133 500 168 134 Marcory 5 200 10 650 13 541 Port-Bouët 103 200 211 300 266 658 Treichville 2 900 5 950 7 489 Yopougon 39 500 80 850 101 343 TOTAL Quartiers 376 800 771 500 969 636 Sources : 1990 : « Quartiers précaires d’habitat à Abidjan » : AUA (DCGTx) - Octobre 1992 - 1998 : Calculées à partir des données de l’INS - 2005 : Calculées à partir des données de l’INS 2.4.2.2 Equipements et infrastructures des quartiers précaires Dans ces quartiers, il existe deux catégories de bâtiments, des bâtiments en dur et des bâtiments en matériaux précaires. Concernant la voirie, elle est non bitumée et inadaptée entre 110 autres à l’enlèvement des ordures ménagères. S’agissant de l’assainissement, l’absence de réseau de drainage crée des conditions d’insalubrité. L’électricité et l’eau y sont distribuées par des revendeurs à des prix nettement plus élevés. Les réseaux d’électricité et d’eau potable s’ils existent, sont installés de façon irrégulière au moyen d’une multitudes de sous branchements parallèles. Certains de ces quartiers disposent d’un minimum d’équipements sociaux (écoles primaires, centres de santé etc.) mais au delà de cette exception, la règle générale est que ces quartiers ne disposent pas d’équipements de base et les dessertes routières internes sont près quasi inexistantes. Photo 4 : Revendeurs d’eau 111 Photo 5 : Ecole Primaire privée 112 Photo 6 : Branchement anarchique Photo 7 : Infrastructures routières 113 114 115 2.5 ACTIVITES ET EMPLOIS L’emploi se définit généralement comme une catégorie d’activité humaine qui donne lieu à rémunération. Elle est exercée à un moment donné, que cette activité soit permanente ou temporaire, à plein temps ou à temps partiel. Ainsi précisé, le concept a été l’objet de nombreuses classifications, mais les typologies les plus utilisées permettent de différencier les notions d’emploi ‘‘moderne’’ et ‘‘non moderne’’ ou d’emploi ‘‘formel’’ et ‘‘informel’’ avec, en ce qui concerne la situation de nos pays sub-sahariens, une bonne correspondance entre emploi ‘‘moderne’’ et emploi ‘‘formel’’ et entre emploi ‘‘non moderne’’ et emploi ‘‘informel’’. Pour ne s’intéresser qu’au cas de l’aire urbaine d’Abidjan qui nous concerne, les emplois peuvent être regroupés en trois grands secteurs d’activités tels qu’il ressort des enquêtes de l’INS réalisées en 1993 : 1. Le secteur primaire regroupe l’agriculture et les ressources naturelles. Il offrait 22 000 emplois à l’agglomération abidjanaise en 1993, soit 3 % du total des emplois ; 2. Le secteur secondaire est représenté par la production des biens intermédiaires ou finals (bâtiment et travaux publics, industrie moderne, production traditionnelle). Ce secteur comptait 134 000 emplois, soit 19 % des emplois à Abidjan. La répartition des emplois dans ce secteur était la suivante : • 15 000 emplois pour le BTP (bâtiment et travaux publics) ; • 56 000 emplois pour l’industrie moderne ; • 63 500 emplois pour la production traditionnelle (au sens de non moderne). Cette répartition montre que la production traditionnelle regroupait près de la moitié (soit 47,4 %) des emplois du secteur contre 41,8 % à l’industrie moderne et 11,2 % pour le BTP. 3. Le secteur tertiaire est le domaine des services publics, du commerce et des services modernes, du commerce semi-moderne et traditionnel, des services domestiques et les 116 transports. Ce secteur comptait 544 300 emplois en 1993. Le secteur tertiaire apparaît à cet égard largement majoritaire car il générait près de 78 % des emplois totaux à Abidjan en 1993. Dans les quartiers précaires qui nous intéressent ici, les emplois offerts sont essentiellement du secteur ‘‘non moderne’’ ou ‘‘non structuré’’, ou ‘‘informel’’ pour utiliser le vocabulaire courant, même si la frontière entre ‘‘informel’’ et ‘‘formel’’ est difficile à établir dans l’environnement de nos économies africaines. En fait, les difficultés liées à la définition du secteur informel ont conduit l’Organisation Internationale du Travail à qualifier ce concept par des critères tels que : • facilité d’entrée ; • utilisation des ressources locales ; • propriété familiale des entreprises ; • activités de petites échelles ; • technologie adaptée et intensive en main d’œuvre ; • marchés compétitifs et non réglementés. De façon générale, ce secteur est celui qui tend à absorber l’excédent structurel de la main d’œuvre à Abidjan. Une enquête emploi relative aux petits commerçants et artisans (dont le chiffre d’affaires est inférieur à 2 millions de francs CFA) effectuée par le BNETD en 1998 a montré que les principaux emplois du secteur informel sont générés dans les communes d’Abobo, de Yopougon, d’Adjamé, de Treichville et de Koumassi, c’est-à-dire dans les communes qui concentrent la plupart des quartiers précaires ou pauvres. Ainsi donc, deux catégories de la population active cohabitent à Abidjan : - celles qui occupent un emploi dans le secteur moderne ; - celles qui occupent un emploi dans l’informel et qui, pour la plupart, habitent dans les quartiers précaires ou pauvres. 117 L’analyse géographique permet de distinguer deux principales zones par rapport à l’emploi et à l’habitat : - une zone sud comprenant le Plateau, que l’on peut caractériser comme étant la zone de travail car elle concentre 60 % des emplois totaux (mais 85 % des emplois industriels et seulement 19 % des emplois traditionnels) et abrite près du tiers de la population totale de l’agglomération ; - une zone nord qui peut être présentée comme zone essentiellement dortoir, qui abrite les 2/3 de la population totale de l’agglomération et concerne 40 % des emplois totaux (mais seulement 15 % des emplois industriels et 81 % des emplois traditionnels générés par le secteur informel). La situation de l’emploi dans les quartiers précaires était la suivante en 1992, selon une étude de l’ex-DCGTx (actuel BNETD) : - dans les quartiers précaires de Cocody, l’on dénombrait 30 % à 70 % d’employés comme domestiques, du fait essentiellement du caractère résidentiel de cette commune ; - dans les quartiers précaires de Port-Bouët, 60 % des actifs recensés sont des pêcheurs. Ce qui s’explique par la présence d’une importante population d’allogènes qui vivent de cette activité ; - à Treichville, 40 % des actifs recensés du quartier précaire sont des manœuvres, à cause de la présence de la zone portuaire et industrielle ; - à Yopougon et Abobo, les actifs recensés dans les quartiers précaires sont constitués de 35 % à 85 % d’agriculteurs, compte tenu principalement du fait que les quartiers précaires, dans ces communes, sont implantés à côté des espaces cultivés. Sur la base de ces résultats, il ressort que la majorité des actifs des quartiers précaires travaille dans leur commune de résidence, ce qui est présenté dans le tableau suivant. L’on note ainsi que dans les quartiers précaires, la majorité des actifs exerce dans des activités de proximité ou de voisinage, et ceux qui sont installés pour compte propre, en majorité des artisans, exercent essentiellement des petits métiers du secteur non structuré. 118 Tableau 15 : Lieux d’activités selon les communes de résidence (valeurs en % des actifs des quartiers précaires) LIEUX D’ACTIVITES Communes de Total Abobo Adjamé Attécoubé Cocody Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Abobo 71 11 0 2 2 1 3 1 6 2 1 100 Adjamé 1 70 0 11 0 3 5 7 1 2 0 100 Attécoubé 1 25 28 4 1 3 9 2 9 18 0 100 Cocody 1 8 0 80 0 2 5 1 3 0 0 100 Koumassi 0 0 0 1 69 13 2 3 10 0 0 100 Marcory 1 1 0 1 2 79 2 2 11 0 1 100 Port-Bouët 0 1 0 1 2 5 2 73 16 0 1 100 Treichville 0 0 0 0 0 5 3 2 90 0 0 100 Yopougon 1 2 0 2 1 1 4 1 3 85 0 100 Treichville Yopougon Hors-Abidjan Résidence Source : « Quartiers précaires d’habitat à Abidjan » , AUA (DCGTx), Octobre 1992 119 Concernant particulièrement le service public de transport, il serait intéressant pour l’étude de la mobilité, d’analyser les opinions des usagers sur la qualité desdits services. 2.6 REGARD CRITIQUE DES USAGERS SUR LE SERVICE PUBLIC DE TRANSPORT URBAIN A ABIDJAN Il s’agit ici essentiellement de renseigner et d’analyser les opinions de la population abidjanaise sur son système de transport, à partir des résultats d’une série d’enquêtes déplacements, de trafics ainsi que d’opinions, réalisée du 11 au 18 août 2004 par l’AGETU dans les 10 communes d’Abidjan et auxquelles nous avons participé. Nous avons pu ressortir de l’échantillon concerné, au plan qualitatif, des éléments de jugement que les usagers portent aux services publics de transport existant actuellement à Abidjan, notamment la SOTRA et les services non structurés de minibus gbaka et de taxis collectifs woro-woro. Les enquêtes ont permis de recueillir principalement différentes opinions des usagers sur la qualité (en termes de tarif, de confort, de fréquence, de régularité, et de sécurité) des services publics de transport existant actuellement à Abidjan. Nous pensons que ces différentes opinions aideront à apporter un éclairage pour mieux comprendre les pratiques de déplacement des populations des quartiers pauvres d’Abidjan. 2.6.1 Les Caractéristiques socio-économiques des usagers enquêtés Au titre des caractéristiques socio-économiques des usagers interrogés, nous retiendrons le genre, l’âge, les revenus, et les catégories socioprofessionnelles auxquelles ils appartiennent. 120 La répartition des usagers enquêtés selon le genre et l’âge est renseignée dans le tableau cidessous : Tableau 16 : Répartition des usagers selon le genre et l’âge Genre Non adultes(Moins de 18 ans) Adultes (18 ans et +) Total Effectif % Effectif % Effectif % Masculin 298 64,6% 1830 63,6% 2128 63,8% Féminin 163 35,4% 1047 36,4% 1210 36,2% Total 461 100,0% 2877 100,0% 3338 100% (13,8%) - (86,2%) - (100,0%) - (%) Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les effectifs des usagers interrogés se composent de 64 % de sexe masculin contre 36 % pour le sexe féminin. Au niveau de l’âge, il ressort que les personnes adultes (âge supérieure ou égale à 18 ans), constituent 86 % des usagers interrogés contre 14% d’usagers jeunes (moins de 18 ans d’âge). La répartition des usagers selon les catégories socioprofessionnelles(CSP) est donnée au tableau suivant : 121 Tableau 17 : Répartition des usagers selon les CSP CSP Effectif % Cadres 217 6,5 Agent de Maîtrise 340 10,2 Ouvrier 588 17,6 Etudiants 833 25,0 Elèves & Ecoliers 366 11,0 Force de sécurité 130 3,9 Commerçants 462 13,8 Employés de maison 97 2,9 Sans emploi 286 8,5 Non précisée 19 0,6 Total 3 338 100,0 Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Cette distribution donne une bonne configuration de l’ensemble du corps social des usagers des transports publics. On note une forte présence des élèves et étudiants qui constituent plus de 36 % de l’échantillon. Viennent ensuite les agents de maîtrises et les ouvriers avec 28% des usagers puis les personnes exerçant de petits emplois (commerçants et employés de maison) avec 17% et les sans emplois avec 8,5% des usagers interrogés. Plus généralement, les usagers interrogés se composent à 44,5% d’inactifs (dont 36% d’élèves et étudiants) et à 54,5% d’actifs appartenant majoritairement aux couches sociales moyennes ou faibles, ce qu’indique la répartition des usagers selon le revenu, donnée au tableau ci-après. 122 Tableau 18 : Répartition des usagers par CSP, selon les revenus (milliers FCFA) 101CSP 0- 35 Cadres 1 Agents de Maîtrise 4 Ouvriers 36- 50 51-100 150 151- 201- 301- Non 200 300 500 > 500 précisé TOTAL 10 27 46 79 43 7 3 217 6 53 92 121 53 9 1 1 340 48 175 264 73 19 4 1 4 588 Etudiants 823 5 5 2 833 Elèves & Ecoliers 364 1 0 1 366 Force de sécurité 0 24 41 27 28 9 1 Commerçants 42 150 176 65 13 10 3 81 12 1 1 Employés de maison 1 Sans emploi 283 Non précisée 3 2 7 Total 1570 443 566 Ratios 47,0% 13,3% 17,1% 8,5% 285 3 130 2 462 1 97 3 286 2 19 20 3338 3 2 231 156 56 11 7,0% 4,7% 1,7% 0,3% 0,6% 100,0% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Sur la base des données de ce tableau, la majorité des usagers des transports publics sont des personnes à faibles revenus. En effet, la clientèle est constituée à 47% d’usagers ayant un revenu inférieur au SMIG, fortement influencés par les élèves, les étudiants et les sans emplois. Quant aux autres usagers, ceux ayant un revenu supérieur au SMIG, 30% ont un revenu se situant entre 35.000 et 100.000 FCFA, 15,5% ont un revenu compris entre 100.000 et 200.000 FCFA et moins de 7% revendiquent un revenu supérieur à 200.000 FCFA. 123 2.6.2 Fréquences d’utilisation des services existants La fréquence d’utilisation des services existants, renseignée par les 3338 usagers interrogés est présentée au tableau ci-après. Tableau 19: Nombre d’usagers selon la fréquence d'utilisation des services existants Type de service régulièrement occasionnel. - rarement jamais Total Autobus SOTRA 1414 679 739 506 3338 - Gbaka 1281 1162 539 356 3338 - Woro-woro 1674 1058 449 157 3338 SOTRA 42,4% 20,3% 22,1% 15,2% 100,0% - Gbaka 38,4% 34,8% 16,1% 10,7% 100,0% - Woro-woro 50,1% 31,7% 13,5% 4,7% 100,0% Ratios - Autobus Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les données de ce tableau montrent en particulier que beaucoup d’usagers se déplacent alternativement en autobus SOTRA et par les transports informels (gbaka ou woro-woro). Cependant, si l’on considère les données du tableau ci-après, un peu plus de deux usagers sur les trois qui utilisent régulièrement les transports publics déclarent emprunter les services des transports informels contre moins de un qui déclare utiliser les autobus de la SOTRA. Même si cette tendance reflète à peu près les parts respectives actuelles du marché, en raison d’environ 1/3 pour la SOTRA contre 2/3 pour les transports informels, elle traduit par ailleurs les limites de la SOTRA du fait qu’elle bénéficie d’une clientèle captive constituée des groupes dont le transport par la SOTRA est subventionné par l’Etat. 124 Tableau 20 : Nombre d’usagers selon les fréquences d’utilisation exclusive des services Fréquence d’utilisation des services SOTRA seul Gbaka seul. régulièrement 471 (32,3%) 427 (29,3%) 558 (38,3%) 1456 (100%) occasionnellement 226 (23,4%) 387 (40,1%) 353 (36,5%) 966 (100%) Jamais ou rarement 415(45,3%) 202 (22,1%) 916 (100%) 299 (32,6%) Woro-woro seul. Total Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU De façon générale, 43,6% des usagers ont déclaré utiliser régulièrement les transports publics contre 28,9% qui les empruntent occasionnellement et 27,5% qui les utilisent rarement ou jamais. 2.6.2.1 Les fréquences d’utilisation des autobus de la SOTRA Les tableaux ci-dessous présentent les données relatives à la fréquentation des autobus selon les catégories socioprofessionnelles des usagers interrogés. 125 Tableau 21: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Autobus SOTRA CSP régulièrement occasionnellement. rarement Jamais Total Cadres 37 60 60 60 217 Agent de Maîtrise 138 85 75 42 340 Ouvriers 144 134 172 138 588 Etudiants 615 91 78 49 833 Elèves & Ecoliers 192 62 69 43 366 Force de sécurité 66 35 21 8 130 Commerçants 89 110 168 95 462 Employés de maison 22 23 31 21 97 Sans emploi 105 77 62 42 286 Non précisé 6 2 3 8 19 Total 1414 679 739 506 3338 Ratios 42% 20% 22% 15% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 126 Tableau 22: Proportion (%) d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Autobus SOTRA CSP régulièrement occasionnellement rarement Jamais Total Cadres 17,1% 27,6% 27,6% 27,6% 100,0% Agents de Maîtrise 40,6% 25,0% 22,1% 12,4% 100,0% Ouvriers 24,5% 22,8% 29,3% 23,5% 100,0% Etudiants 73,8% 10,9% 9,4% 5,9% 100,0% Elèves & Ecoliers 52,5% 16,9% 18,9% 11,7% 100,0% Force de sécurité 50,8% 26,9% 16,2% 6,2% 100,0% Commerçants 19,3% 23,8% 36,4% 20,6% 100,0% Employés de maison 22,7% 23,7% 32,0% 21,6% 100,0% Sans emploi 36,7% 26,9% 21,7% 14,7% 100,0% Non précisé 31,6% 10,5% 15,8% 42,1% 100,0% Total 42,4% 20,3% 22,1% 15,2% 100,0% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les résultats de cette distribution appellent les remarques suivantes : • Les cadres fréquentent très peu les autobus de la SOTRA. Seuls 17 % d’entre eux, en majorité des fonctionnaires, affirment emprunter régulièrement les autobus. A contrario 83 % empruntent occasionnellement, rarement ou jamais les autobus. • Les agents de maîtrise observent une bonne fréquentation des autobus pour près de 41 %, mais il existe une forte hésitation au sein de ce groupe car 47 % d’entre eux empruntent occasionnellement ou rarement ce moyen de transport quand 12 % s’y refusent. • Les ouvriers ont un faible taux de fréquentation régulière des autobus avec seulement 24,5 % des personnes interrogées. Par contre, ils apparaissent les plus réfractaires aux services de la SOTRA avec une forte proportion (23,5 %) d’entre eux qui n’ont jamais emprunté ce moyen de transport. • Les étudiants, élèves et écoliers sont les usagers les plus réguliers de la SOTRA. En effet, près de 74 % des étudiants interrogés affirment emprunter régulièrement les 127 autobus de la SOTRA ; ce taux tombe à 50% pour les élèves et écoliers. Ce score particulièrement élevé met en exergue les effets de la subvention de l’Etat sur les titres de transport de cette catégorie des usagers. Malgré cette disposition, certains élèves et étudiants n’empruntent jamais les autobus dans des proportions respectives de 6 et 12 %. • Les forces de sécurité qui bénéficient de la gratuité du transport avec la SOTRA tirent profit d’une telle situation puisque près de 51 % des usagers de ce groupe affirment emprunter régulièrement les autobus. Seuls 6 % d’entre eux, n’ont jamais emprunté l’autobus. • Les petits commerçants et les employés de maison ont des réactions voisines vis à vis des services de la SOTRA. C’est dans des proportions respectives de 19 et 22 % que les usagers des ces deux groupes ont emprunté régulièrement les autobus. Quant à ceux qui ne l’ont jamais fait, ils représentent 20 et 21 %. 2.6.2.2 Les fréquences d’utilisation des minibus gbaka Les tableaux ci-dessous présentent les données relatives à la fréquentation des gbaka selon les catégories socioprofessionnelles des usagers interrogés. Tableau 23: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Gbaka régulièrement occasionnellement rarement jamais Cadre 68 76 40 33 Agent de Maîtrise 116 109 77 38 Ouvrier 297 131 65 95 Etudiants 176 418 196 43 Elèves & Ecoliers 124 137 62 43 Force de sécurité 52 40 19 19 Commerçants 280 105 38 39 Employés de maison 42 30 16 9 Sans emploi 121 108 25 32 Non précisée 5 8 1 5 Total 1281 1162 539 356 Ratios 38% 35% 16% 11% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU CSP Total 217 340 588 833 366 130 462 97 286 19 3338 100% 128 Tableau 24: Proportion (%) des usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Gbaka CSP régulièrement Occasionnellement rarement jamais Total Cadre 31,3% 35,0% 18,4% 15,2% 100,0% Agent de Maîtrise 34,1% 32,1% 22,6% 11,2% 100,0% Ouvrier 50,5% 22,3% 11,1% 16,2% 100,0% Etudiants 21,1% 50,2% 23,5% 5,2% 100,0% Elèves & Ecoliers 33,9% 37,4% 16,9% 11,7% 100,0% Force de sécurité 40,0% 30,8% 14,6% 14,6% 100,0% Commerçants 60,6% 22,7% 8,2% 8,4% 100,0% Employés de maison 43,3% 30,9% 16,5% 9,3% 100,0% Sans emploi 42,3% 37,8% 8,7% 11,2% 100,0% Non précisée 26,3% 42,1% 5,3% 26,3% 100,0% Total 38,4% 34,8% 16,1% 10,7% 100,0% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les résultats de cette distribution appellent les remarques suivantes : • Les cadres, les cadres empruntent les gbaka comme moyen principal des transports collectifs en raison de l’absence de la SOTRA dans les nouveaux quartiers qui se développent sur l’axe Cocody-Bingerville. En effet, les cadres qui empruntent les gbaka régulièrement ou occasionnellement représentent une part cumulée de 66 % contre une faible fraction de 15 % qui n’ont jamais utilisé ce moyen de transport. • Les agents de maîtrise empruntent les gbaka régulièrement dans une proportion de 34 % des usagers de ce groupe. Ceux qui font appel à ce service occasionnellement ou rarement constituent une frange d’usagers potentiels qui représentent 55 % des agents de maîtrise. Une faible proportion de ceux-ci (11,2 %) n’a jamais emprunté les gbaka • Les ouvriers constituent une forte clientèle des gbaka car 50,5 % de cette catégorie d’usagers empruntent régulièrement ce moyen de transport, mais 11 % des ouvriers n’a jamais emprunté le gbaka. • Les étudiants, élèves et écoliers : le gbaka n’est pas fréquemment utilisé par les étudiants dont 21 % affirment utiliser régulièrement les services de gbaka alors que 74 129 % l’utilisent occasionnellement ou rarement. Seule une faible proportion d’étudiants (5 %) n’ont jamais emprunté le gbaka. Quant aux élèves et écoliers leur assiduité pour les gbaka est très marquée car 34 % d’entre eux empruntent régulièrement les gbaka. • Les forces de sécurité : les forces de sécurité sont très nombreuses à emprunter les gbaka en raison de la localisation des différentes structures (Ecole de gendarmerie, Ecole de Police, les camps d’Akouedo et l’EMPT de Bingerville) sur l’axe Cocody Bingerville très exploité par les Gbaka. Ainsi, près de 70 % des forces de sécurité empruntent régulièrement ou occasionnellement les gbaka contre une faible proportion estimée à 14,6 % qui ne l ’a jamais utilisé. • Les petits commerçants, les employés de maison et les sans emploi : sont les plus assidus des services de gbaka. La fréquence d’utilisation de ces différents groupes oscille entre 43 et 60 % des usagers respectifs de chaque catégorie. 2.6.2.3 Les fréquences d’utilisation des taxis collectifs woro-woro Les tableaux ci-dessous présentent les données relatives à la fréquentation des taxis collectifs woro-woro selon les catégories socioprofessionnelles des usagers interrogés. 130 Tableau 25: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des woro-woro occasionnell CSP régulièrement ement. rarement jamais Total Cadres 134 52 18 13 217 Agents de Maîtrise 219 91 23 7 340 Ouvriers 344 143 63 38 588 Etudiants 286 370 154 23 833 Elèves & Ecoliers 144 120 79 23 366 Force de sécurité 63 46 15 6 130 Commerçants 286 102 52 22 462 Employés de maison 47 33 10 7 97 Sans emploi 141 96 35 14 286 Non précisée 10 5 4 19 Total 1674 1058 449 157 3338 Ratios 50% 32% 13% 5% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 131 Tableau 26: Proportion (%) des usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des woro-woro régulièreme occasionnel CSP nt lement. rarement jamais Total Cadres 61,8% 24,0% 8,3% 6,0% 100,0% Agents de Maîtrise 64,4% 26,8% 6,8% 2,1% 100,0% Ouvriers 58,5% 24,3% 10,7% 6,5% 100,0% Etudiants 34,3% 44,4% 18,5% 2,8% 100,0% Elèves & Ecoliers 39,3% 32,8% 21,6% 6,3% 100,0% Force de sécurité 48,5% 35,4% 11,5% 4,6% 100,0% Commerçants 61,9% 22,1% 11,3% 4,8% 100,0% Employés de maison 48,5% 34,0% 10,3% 7,2% 100,0% Sans emploi 49,3% 33,6% 12,2% 4,9% 100,0% Non précisée 52,6% 26,3% 0,0% 21,1% 100,0% Total 50,1% 31,7% 13,5% 4,7% 100,0% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les résultats de cette distribution inspirent les observations suivantes : • Les cadres satisfont leurs besoins de déplacement essentiellement au moyen des woroworo dans une proportion de 62 % des usagers qui empruntent régulièrement ce type de véhicule, le taux cumulé passe à 85 % si l’on intègre ceux des cadres qui l’empruntent occasionnellement. Seule une faible proportion de 6% ne l’a jamais utilisé. • Les agents de maîtrise ont le taux d’utilisation régulière le plus élevé avec plus de 64 % des usagers de ce groupe, seuls 2 % d’entre eux n’ont jamais emprunté les woroworo. • Les ouvriers ont une bonne fréquentation des woro-woro puisque près de 59 % de ce groupe emprunte régulièrement les woro-woro contre une fraction relativement importante de 6,5 % d’usagers qui ne l’ont jamais fait. 132 • Les étudiants, élèves et écoliers constituent les groupes qui empruntent moins régulièrement les woro-woro que les autres catégories socioprofessionnelles au regard des différents taux de fréquentation régulière. En effet, dans ces deux groupes, les taux de fréquentation régulière sont compris entre 34 et 39 %. Si l’on prend en compte ceux qui l’empruntent occasionnellement ou rarement, c’est quasiment l’ensemble des élèves et étudiants avec des taux respectifs de 97 et 94 %. Il existe une faible frange (3 % pour les étudiants et 6 % pour les élèves) qui n’emprunte jamais les woro-woro. • Les forces de sécurité fréquentent les woro-woro dans une proportion cumulée de 94 % des usagers de ce groupe. Seuls 4 % d’entre eux restent réfractaires aux woroworo. • Les petits commerçants qui sont sensibles aux gains de temps ont une fréquentation régulière très marquée car près de 62 % des usagers de ce groupe empruntent régulièrement les woro-woro alors que près de 5 % ne l’utilisent jamais. • Les employés de maison et les sans emploi suivent le mouvement général avec un taux de fréquentation régulière voisine de 45 % mais certains employés de maison dans une proportion de 7 % n’empruntent pas les woro-woro ; ce nombre tombe à 4 % pour les sans emploi. De tout ce qui précède, il ressort qu’aucun des systèmes n’est très marqué socialement. Les populations utilisent les services qui leurs sont les plus faciles d’accès. 2.6.3 Appréciation de la qualité des services existants L’appréciation qualitative des usagers reflète l’opinion qu’ils se font des moyens de transport empruntés. Ainsi, l’enquête effectuée par l’AGETU a permis à 3338 usagers interrogés (ayant donné des réponses exploitables) d’exprimer leurs sentiments sur les services existants. Le tableau ci-dessous synthétise les résultats. 133 Tableau 27: Appréciation de la qualité des services existants Non Type de service Très bon Bon Moyen Médiocre précisé Total - Autobus SOTRA 225 848 1185 811 269 3338 - Gbaka 106 965 1182 850 235 3338 - Woro-woro 269 1445 1105 398 121 3338 - Autobus SOTRA 6,7% 25,4% 35,5% 24,3% 8,1% 100,0% - Gbaka 3,2% 28,9% 35,4% 25,5% 7,0% 100,0% - Woro-woro 8,1% 43,3% 33,1% 11,9% 3,6% 100,0% Ratios Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU De manière générale, les services existants ne satisfont pas les usagers. En effet, une faible fraction d’usagers représentant 3 à 8 % trouve les services existants « très bon », alors que la tendance juge cette qualité de moyenne. Par ailleurs une forte proportion d’usagers n’apprécie pas du tout les services de la SOTRA et des Gbaka qu’elle trouve « médiocre » dans des proportions respectives de 24,3 et 25,5 % alors que ce taux tombe à 12 % pour les woro-woro relativement mieux acceptés. 2.6.3.1 Qualité de service des autobus de la SOTRA L’appréciation de la qualité de service des usagers des autobus par catégorie socioprofessionnelle est résumée comme suit : 134 Tableau 28: Appréciation de la qualité de service des autobus de la SOTRA (nombre de voyageurs) Non Très bon Bon Cadres 14 39 65 77 22 217 Agents de Maîtrise 17 81 135 90 17 340 Ouvriers 50 169 172 99 98 588 Etudiants 32 138 388 256 19 833 Elèves & Ecoliers 34 127 118 68 19 366 Force de sécurité 11 36 52 28 3 130 Commerçants 27 142 125 117 51 462 Employés de maison 12 34 29 16 6 97 Sans emploi 28 78 95 59 26 286 4 6 1 8 19 CSP Non précisée Moyen Médiocre précisée Total Total 225 848 1185 811 269 3338 Ratios 7% 25% 36% 24% 8% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 135 Tableau 29: Appréciation de la qualité des autobus de la SOTRA en % Non Très bon Bon Cadres 6% 18% 30% 35% 10% 100% Agents de Maîtrise 5% 24% 40% 26% 5% 100% Ouvriers 9% 29% 29% 17% 17% 100% Etudiants 4% 17% 47% 31% 2% 100% Elèves & Ecoliers 9% 35% 32% 19% 5% 100% Force de sécurité 8% 28% 40% 22% 2% 100% Commerçants 6% 31% 27% 25% 11% 100% Employés de maison 12% 35% 30% 16% 6% 100% Sans emploi 10% 27% 33% 21% 9% 100% Non précisée 0% 21% 32% 5% 42% 100% Total 7% 25% 36% 24% 8% 100% CSP Moyen Médiocre précisée Total Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU L’ensemble des usagers, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, juge les services de bus de la SOTRA « très bon » dans une très faible proportion variant de 4 % (étudiants) à 12 % (employés de maison). Ces chiffres révèlent l’homogénéité de l’opinion que les usagers se font de ce service dont l’impact sur la vie sociale à Abidjan est indéniable. Cette non satisfaction est plus marquée chez les cadres et, plus étonnant, chez les étudiants qui trouvent le service de la SOTRA médiocre dans des proportions respectives de 35 % et 31 % des usagers de ces deux catégories. Les autres catégories l’expriment également mais dans des proportions qui oscillent entre 16 et 26 % des usagers. 2.6.3.2 Qualité de service des minibus gbaka Les appréciations portées par les usagers sur la qualité de service des gbaka se présentent comme suit : 136 Tableau 30 : Appréciation de la qualité des Gbaka par CSP (nombre de voyageurs) Non Très bon Bon Cadres 2 43 73 75 24 217 Agents de Maîtrise 6 80 132 100 22 340 Ouvriers 30 205 185 86 82 588 Etudiants 8 178 340 280 27 833 Elèves & Ecoliers 9 110 130 96 21 366 Force de sécurité 3 33 45 42 7 130 Commerçants 27 176 138 98 23 462 Employés de maison 8 33 36 18 2 97 Sans emploi 13 101 96 54 22 286 6 7 1 5 19 CSP Non précisée Moyen Médiocre précisée Total Total 106 965 1182 850 235 3338 Ratios 3% 29% 35% 25% 7% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 137 Tableau 31: Appréciation de la qualité des Gbaka par CSP en % Non Très bon Bon Cadres 1% 20% 34% 35% 11% 100% Agents de Maîtrise 2% 24% 39% 29% 6% 100% Ouvriers 5% 35% 31% 15% 14% 100% Etudiants 1% 21% 41% 34% 3% 100% Elèves & Ecoliers 2% 30% 36% 26% 6% 100% Force de sécurité 2% 25% 35% 32% 5% 100% Commerçants 6% 38% 30% 21% 5% 100% Employés de maison 8% 34% 37% 19% 2% 100% Sans emploi 5% 35% 34% 19% 8% 100% Non précisée 0% 32% 37% 5% 26% 100% Total 3% 29% 35% 25% 7% 100% CSP Moyen Médiocre précisée Total Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les cadres, les étudiants, les élèves et les forces de sécurité ont une aversion certaine pour les gbaka car très peu de ces usagers jugent « très bon » ces services dans des proportions comprises entre 1 et 2 %. Les employés de maison (8 %), une frange réduite de commerçants et de sans emplois comprise entre 5 et 6% des usagers de ces deux catégories apprécient très bien les services de gbaka. En fait, l’opinion générale des usagers est très défavorable à ce service car seulement 3 % de l’ensemble des usagers interrogés considèrent le service comme étant « très bon ». Cette mauvaise opinion est reflétée en outre dans le jugement des cadres, des étudiants, des forces de sécurité et des élèves qui trouvent les services des gbaka « médiocre » dans de fortes proportions, comprises entre 29 et 35 %. 138 2.6.3.3 Qualité de service des taxis collectifs woro-woro L’appréciation de la qualité de service des woro-woro par catégorie socioprofessionnelle est présentée au tableau ci-dessous. Tableau 32: Appréciation de la qualité des woro-woro par CSP (nombre de voyageurs) Non CSP Très bon Bon Moyen Médiocre précisée Cadre 24 69 76 40 8 217 Agent de Maîtrise 19 156 121 38 6 340 Ouvrier 70 253 166 67 32 588 Etudiants 42 320 346 111 14 833 Elèves & Ecoliers 18 177 110 45 16 366 Force de sécurité 8 46 50 22 4 130 Commerçants 49 224 125 42 22 462 Employés de maison 11 52 26 3 5 97 Sans emploi 26 141 80 29 10 286 Non précisée 2 7 5 1 4 19 Total 269 1445 1105 398 121 3338 Ratios 8% 43% 33% 12% 4% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Total 139 Tableau 33: Appréciation de la qualité des woro-woro par CSP en % Non Très bon Bon Cadres 11% 32% 35% 18% 4% 100% Agents de Maîtrise 6% 46% 36% 11% 2% 100% Ouvriers 12% 43% 28% 11% 5% 100% Etudiants 5% 38% 42% 13% 2% 100% Elèves & Ecoliers 5% 48% 30% 12% 4% 100% Force de sécurité 6% 35% 38% 17% 3% 100% Commerçants 11% 48% 27% 9% 5% 100% Employés de maison 11% 54% 27% 3% 5% 100% Sans emploi 9% 49% 28% 10% 3% 100% Non précisée 11% 37% 26% 5% 21% 100% Total 8% 43% 33% 12% 4% 100% CSP Moyen Médiocre précisée Total Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Contrairement aux autobus et aux gbaka, les woro-woro bénéficient d’une opinion relativement positive des cadres, des ouvriers, des commerçants et des employés qui les trouvent « très bon » dans une proportion moyenne non négligeable de 11 %, de loin supérieure aux scores de la SOTRA et des gbaka. Les forces de sécurité, les élèves et étudiants ainsi que les agents de maîtrise ont une opinion un peu plus réservée car seuls 5 à 6 % des usagers de ces groupes jugent favorablement le service des woro-woro, ce qui ramène le score général à un taux de 8 % d’avis très favorable à ce service. La majorité des usagers, dans de fortes proportions comprises entre 81 et 63 % des usagers, considèrent que les services de woro-woro sont bons ou moyens. 140 2.6.4 Les reproches des usagers à l’encontre des services existants La performance des services de transport collectif réside en partie dans leur capacité à satisfaire la demande au plan de la qualité du service offert. C’est pourquoi il est nécessaire de se renseigner régulièrement sur les reproches formulés par les usagers, afin de corriger les insuffisances mises en lumière par la clientèle. Dans l’environnement des transports publics d’Abidjan, les usagers font des analyses comparatives entre les différents moyens de transport pour établir leur échelle de priorité. Ainsi, lors dès enquêtes dont il est question, chaque voyageur interrogé avait émis autant d’avis que possible sur les reproches éventuels à l’encontre des transports collectifs soumis à leur verdict. De ce fait, cet exercice qui tient compte de la pluralité des avis ne ressort pas nécessairement le nombre des enquêtés qui est de 3338 usagers. Ces avis peuvent l’excéder ou pas comme le montre les résultas repris au tableau ci-dessous. Tableau 34: Reproches des usagers à l’encontre des services existants Type de service Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité Avis cumulés - Autobus SOTRA 2034 1867 969 875 5 745 - Gbaka 60 64 903 2448 3 475 - Woro-woro 31 83 1084 875 2 073 - Autobus SOTRA 35% 32% 17% 15% 100% - Gbaka 2% 2% 26% 70% 100% - Woro-woro 1% 4% 52% 42% 100% Ratios Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Les notions d’irrégularité et de retard traduisent la même réalité d’attente trop longue pour l’accès au moyen de transport. Sous ce regard, la SOTRA est particulièrement visée puisque 67 % des avis formulés montrent que les services de la SOTRA sont irréguliers ou en retard. Cette perception du retard des autobus est encore plus forte aux heures de pointe où les gbaka et les woro-woro, du fait de leur petite taille, ont des rotations plus rapides en plus de leur souplesse d’adaptation à la demande de transport. Les usagers ne leur reprochent le retard ou 141 l’irrégularité des fréquences que dans une très faible proportion (4 % pour les gbaka et 5 % pour les woro-woro). Les reproches relatifs à l’état des véhicules traduisent la sensibilité des usagers vis à vis du confort des moyens de transport collectif. Sous ce rapport, la SOTRA est moins reprochée car seuls 17 % de ses usagers ne sont pas satisfaits de l’état du parc. Cette réaction est plus forte s’agissant des gbaka et surtout des woro-woro dont l’état technique généralement mauvais est une source réelle de reproches des usagers dans des proportions respectives de 26 et 52 %. Le point relatif à la sécurité est très sensible au regard de l’implication des transports collectifs dans les accidents de la circulation à Abidjan. Il est de notoriété publique que les woro-woro et les gbaka sont impliqués dans de nombreux accidents. Cette option est largement reflétée par les usagers dont une faible proportion de 15 % font des reproches à la SOTRA en matière de sécurité. Ce taux s’accroît de manière significative avec les gbaka pour lesquels la sécurité représente 70 % des reproches des usagers. Ce taux reste également fort pour les woro-woro avec un niveau de 42 %. Au regard de cette analyse, on peut dire que de façon schématique, la SOTRA offre des services sûrs mais reste très affaiblie par le retard et l’irrégularité de ses véhicules. Quant aux gbaka et woro-woro du secteur informel, ils demeurent très présents par une ponctualité et une régularité appréciées des usagers mais ils offrent des véhicules en mauvais état qui ne présentent pas des garanties suffisantes de sécurité pour les usagers. 2.6.4.1 Les reproches à l’encontre des autobus de la SOTRA Les reproches formulés par les usagers à l’encontre des services de la SOTRA se présentent comme suit : 142 Tableau 35: Reproches des usagers à l’encontre des autobus SOTRA (nombre de voyageurs) Avis CSP Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité cumulé Cadres 133 142 72 61 408 Agents de Maîtrise 205 212 123 85 625 Ouvriers 287 211 132 147 777 Etudiants 579 598 284 201 1 662 Elèves & Ecoliers 231 204 113 125 673 Force de sécurité 80 87 36 33 236 Commerçants 284 209 110 127 730 Employés de maison 60 47 21 34 162 Sans emploi 167 148 75 59 449 Non précisée 8 9 3 3 23 Total 2034 1867 969 875 5 745 Ratios 35% 32% 17% 15% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 143 Tableau 36: Reproches des usagers à l’encontre des autobus SOTRA en % Avis CSP Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité cumulé Cadres 33% 35% 18% 15% 100% Agents de Maîtrise 33% 34% 20% 14% 100% Ouvriers 37% 27% 17% 19% 100% Etudiants 35% 36% 17% 12% 100% Elèves & Ecoliers 34% 30% 17% 19% 100% Force de sécurité 34% 37% 15% 14% 100% Commerçants 39% 29% 15% 17% 100% Employés de maison 37% 29% 13% 21% 100% Sans emploi 37% 33% 17% 13% 100% Non précisée 35% 39% 13% 13% 100% Total 35% 32% 17% 15% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU A la lecture de ce tableau, il se dégage une convergence d’opinion des usagers des différentes catégories socioprofessionnelles par rapport aux reproches formulés à l’encontre des services de la SOTRA. Ainsi dans des proportions comprises entre 34 et 39 %, ils jugent que la SOTRA est souvent en retard. La prise en compte de l’irrégularité porte ce taux à des niveaux très élevés qui oscillent entre 71% et 64 % avec une position plus marquée des forces de sécurité, des étudiants et des cadres. Au total, les usagers trouvent que les autobus de la SOTRA sont irréguliers et accusent des retards. Ce qui a pour conséquence d’allonger les temps d’attente aux différentes stations et d’entraîner de nombreux retards sur les lieux de travail ou à l’école, surtout aux heures de pointe. Dans la hiérarchie des reproches, l’état du parc est signalé assez fortement chez les cadres, les agents de maîtrise, les élèves et étudiants qui déplorent la dégradation du service des autobus de la SOTRA, dans des proportions comprises entre 17 et 20 %. Le plus faible taux provient des employés de maison. 144 En ce qui concerne la question de sécurité, une proportion relativement faible des reproches a été formulée, et oscille généralement entre 13% et 19%. Ce qui signifie que malgré les nombreuses irrégularités des autobus les usagers jugent la sécurité acceptable à l’exception des employés de maison qui se détachent avec un taux de 21 %. 2.6.4.2 Les reproches à l’encontre des minibus Gbaka Les reproches formulés par les usagers à l’encontre des gbaka se présentent comme suit : Tableau 37: Reproches des usagers à l’encontre des Gbaka (nombre de voyageurs) Etat du CSP Retard Irrégulier parc Sécurité Total Cadres 2 5 64 169 240 Agents de Maîtrise 2 2 80 288 372 Ouvriers 12 21 151 348 532 Etudiants 9 13 226 702 950 Elèves & Ecoliers 8 7 103 260 378 Force de sécurité 3 1 44 102 150 Commerçants 13 5 129 307 454 Employés de maison 3 2 31 64 100 Sans emploi 8 8 73 199 288 2 9 11 Non précisée Total 60 64 903 2 448 3 475 2% 2% 26% 70% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU 145 Tableau 38: Reproches des usagers à l’encontre des Gbaka en % Avis CSP Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité cumulé Cadres 1% 2% 27% 70% 100% Agents de Maîtrise 1% 1% 22% 77% 100% Ouvriers 2% 4% 28% 65% 100% Etudiants 1% 1% 24% 74% 100% Elèves & Ecoliers 2% 2% 27% 69% 100% Force de sécurité 2% 1% 29% 68% 100% Commerçants 3% 1% 28% 68% 100% Employés de maison 3% 2% 31% 64% 100% Sans emploi 3% 3% 25% 69% 100% Non précisée 0% 0% 18% 82% 100% Total 2% 2% 26% 70% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU Le manque de sécurité apparaît comme le reproche essentiel que les usagers font aux services des gbaka. Ce reproche est partagé par l’ensemble des usagers, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, dans des proportions comprises entre 64 et 77 % des personnes interrogées. Tous les usagers sont sensibles vis à vis de la question de la sécurité. L’état du parc des gbaka est également une inquiétude qui est vivement ressentie par l’ensemble des usagers dans une proportion de 22 à 31 %. L’état du parc ayant un impact certain sur la sécurité, il va sans dire que ces deux reproches représentent les critiques les plus récurrentes vis à vis des gbaka, puisque la quasi-totalité des personnes interrogées, et ce quelle que soit leur appartenance socioprofessionnelle, dénonce ces deux aspects dans des proportions comprises entre 94 et 98 % des usagers interrogés. Une proportion négligeable d’usagers reproche les retards et l’irrégularité des gbaka, dans une fourchette comprise entre 2 et 6 % des usagers. 146 Les observations des usagers relatives à l’insécurité des gbaka sont corroborées par les résultats d’enquêtes antérieures, notamment celle menée dans le cadre de l’étude réalisée par le SITRASS sur les gbaka en 200062. Il ressort de cette étude qu’avec une part de 2% du parc total en circulation à Abidjan, les gbaka sont impliqués en moyenne dans 6% des accidents à Abidjan et pour environ 15% et 13% respectivement, dans les accidents mortels ou avec blessés. 2.6.4.3 Les reproches à l’encontre des Woro-woro Les reproches formulés par les usagers à l’encontre des woro-woro se présentent comme suit : Tableau 39: Reproches des usagers à l’encontre des woro-woro (nombre de voyageurs) CSP Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité Cadres 3 10 75 133 221 Agents de Maîtrise 1 7 95 204 307 Ouvriers 12 24 177 278 491 Etudiants 2 12 288 480 782 Elèves & Ecoliers 4 11 119 167 301 Force de sécurité 2 3 48 77 130 Commerçants 4 6 151 209 370 2 40 41 83 7 87 150 247 1 4 4 9 Employés de maison Sans emploi 3 Non précisée Total 31 83 1084 1743 2 941 Ratios 1% 3% 37% 59% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU . 0 ' A00 < # < A$ $ > ? > 0 < G 6 A 8 147 148 Tableau 40 : Reproches des usagers à l’encontre des woro-woro en % Avis CSP Retard Irrégulier Etat du parc Sécurité cumulé Cadres 1% 5% 34% 60% 100% Agents de Maîtrise 0% 2% 31% 66% 100% Ouvriers 2% 5% 36% 57% 100% Etudiants 0% 2% 37% 61% 100% Elèves & Ecoliers 1% 4% 40% 55% 100% Force de sécurité 2% 2% 37% 59% 100% Commerçants 1% 2% 41% 56% 100% Employés de maison 0% 2% 48% 49% 100% Sans emploi 1% 3% 35% 61% 100% Non précisée 0% 11% 44% 44% 100% Total 1% 3% 37% 59% 100% Source : Doctorante d’après l’enquête réalisée par l’AGETU A l’analyse des avis formulés par les usagers, il ressort que les cadres, les étudiants et les agents de maîtrise, dans leur large majorité (60 à 67 %), dénoncent de manière claire le manque de sécurité des services de woro-woro. Les taux les plus faibles sont observés chez les employés de maison mais le niveau reste cependant relativement élevé par rapport à la moyenne avec une part de 49%. L’état du parc est fortement décrié dans une proportion plus large que celle enregistrée pour les gbaka. Les groupes les plus sensibles composés d’ouvriers, d’étudiants, d’écoliers et de forces de sécurité l’expriment dans des proportions fortes comprises entre 48 % pour les employés de maison et 36 % pour les ouvriers. Les cadres et les agents de maîtrises partagent également ce souci mais dans une proportion légèrement moindre, comprise entre 31 et 34 %. De façon générale, et pour conclure sur cette analyse de l’opinion des usagers, l’on peut retenir principalement que : 149 - la majorité des usagers des services publics de transport urbain sont des populations à faibles revenus ; - le principal motif de déplacement concerne les flux domicile-travail ; - les cadres utilisent rarement les autobus, seulement dans une proportion de 17% quand bien même les autobus de la SOTRA sont plus sécurisants, alors qu’ils fréquentent régulièrement les services informels de woro-woro (à 62%) pourtant moins sécurisants ; - les principaux griefs formulés par les usagers aux services de la SOTRA sont les retards ou l’irrégularité des fréquences des autobus, mais ils leurs accordent le crédit de la sécurité ; - les principaux griefs formulés par les usagers aux services informels de gbaka et de woro-woro sont le mauvais état technique du véhicule et le manque sécurité, mais ils leur accordent le crédit de la régularité et de la rapidité. Malgré leur mauvais état technique et l’insécurité qui les caractérisent, les services informels de gbaka et de woro-woro sont préférés par les cadres à cause de leur rapidité et de leur régularité, au détriment des services de la SOTRA qui sont jugés plus sécurisants, mais dont l’inconvénient majeur est d’être en retard et d’offrir des fréquences irrégulières. De ce point de vue des usagers, il ressort de cette analyse que les cadres sont moins sensibles à la sécurité qu’au temps. C’est certainement l’une des explications de leur désaffection des services de la SOTRA au profit des services informels. L’une des principales leçons à retenir également est que les services de minibus gbaka et de taxis collectifs woro-woro se sont substitués aux services de la SOTRA sur certains segments du marché des transports en lui détournant une partie de sa clientèle la plus solvable constituée de cadres moyens et de cadres intermédiaires ou agents de maîtrise. La remise en exploitation depuis 2001 du service d’autobus express, ciblé sur les cadres, est peut être un début de réponse de la SOTRA à cette demande spécifique des cadres pour reconquérir le trafic perdu mais ceci est loin d’être acquis comme nous le verrons au chapitre suivant. 150 CONCLUSION DU CHAPITRE 2 La ville d’Abidjan est passée de 362 600 habitants en 1965 à 949.000 habitants en 1975 pour atteindre environ 2.500.000 habitants en 1995 puis près de 3 millions en 1998. Cet accroissement qui est passé de 11 % dans les années 80 à 4 % dans les années 90 est dû à la conjugaison de trois principaux facteurs : apport migratoire considérable, taux d’accroissement naturel et d’immigration élevés. Il faut cependant noter que cette croissance démographique a connu une baisse depuis ces dernières années, du fait de la crise qui a affecté à la baisse l’apport migratoire extérieur provenant de pays du voisinage. L’évolution de l’occupation du sol montre une croissance forte de la tâche urbaine, dont la surface a quintuplé en moins de 30 ans, passant de 3.700 hectares en 1965 à près de 16.000 hectares en 1993. Mais on note ces dernières années, une densification progressive des zones d’habitat qui est passée de 190 habitants/ha dans les années 70 à 210 habitants/ha. Au plan immobilier, on note une prédominance de l’habitat sur cour (42 % des surfaces pour 60 % de la population) ; une forte présence de l’habitat précaire qui se retrouve dans toutes les communes à l’exception du Plateau (13 % des surfaces d’habitat pour 18 % de la population) ; une prédominance du locatif (75 %), dans l’habitat sur cour et dans le précaire. Dans l’ensemble, on note un niveau d’équipement acceptable, avec 76 % des logements raccordées à l’eau potable, 60 % à l’électricité et 66 % à l’assainissement individuel, mais les quartiers informels ou précaires restent sous-équipés et il n’y a pas une véritable politique pour y remédier, en particulier celle qui viserait la sécurité des occupations publiques par les populations démunies pour les aider à sortir de la précarité et de la pauvreté. Géographiquement, les emplois se repartissent de manière déséquilibrée à Abidjan : 48,5 % des emplois sont au sud de la ville pour 35 % de la population. Quant au nord, il regroupe 48,4 % des emplois pour 65 % de la population. 151 Le contexte urbain est ainsi caractérisé principalement par une ségrégation de l’habitat selon les quartiers, avec une forte présence de l’habitat précaire où s’entassent la plupart des populations les plus démunies. Les emplois sont concentrés sur l’île de petit Bassam au centre et dans la zone portuaire , et sont fortement dominés par le secteur informel qui est la principale source de création d’emplois. De façon générale, l’offre de transport est déficiente. S’agissant en particulier des services de transport existants, si l’on se fonde sur les opinions des usagers, aucun de ces services ne serait socialement très marqué. Ils sont de qualité médiocre et leur fréquentation dépend en premier lieu des conditions de leur accessibilité qui sont moins le tarif que l’existence ou non d’une desserte appropriée. Cependant, on observe que les services informels (gbaka et woro-woro), malgré leur handicap (insécurité, pollution,etc.) sont relativement mieux appréciés et donc plus fréquemment utilisés que ceux de la SOTRA. Dans un tel espace urbain caractérisé par d’importantes disparités avec des dysfonctionnements majeurs que nous pensons être à la base de l’exclusion ou de la marginalisation de certaines populations urbaines, la question des déplacements, notamment des populations des quartiers précaires sous équipés, s’avère problématique. C’est cette question que nous tentons de creuser à travers le chapitre 3 qui suit. 152 Chapitre 3 : PRATIQUES DE DEPLACEMENTS ET MOBILITE DES POPULATIONS DES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN Dans le cadre du présent chapitre, nous abordons les questions de mobilité des populations des quartiers précaires à partir des résultats de notre enquête individus-déplacements. En fait, il s’agira pour nous de tenter de répondre aux principales questions soulevées dans notre problématique et portant sur les relations qui pourraient exister entre pauvreté, mobilité et dysfonctionnements urbains. 3.1 L’ENQUETE INDIVIDUS DEPLACEMENTS ET SES PRINCIPAUX RESULTATS 3.1.1 Objectif de l’enquête et échantillonnage L’enquête individus-déplacements que nous avons effectuée avait pour but de cerner les déplacements des populations pauvres habitant les quartiers précaires. Il s’agissait principalement d’approcher : - les caractéristiques des déplacements par mode, motif, fréquence, catégorie socioprofessionnelle ; - les principaux flux de déplacements par Origine/Destination ; - les coûts des déplacements ; - les mobilités motorisées et non motorisées. Pour l’échantillonnage, nous avons procédé de la manière suivante : - dans un premier temps, nous avons choisi de façon aléatoire un quartier précaire par commune, excepté la commune du Plateau où il n’y a pas de quartier précaire, ce qui a conduit à retenir neuf quartiers précaires ; 153 dans un second temps, nous avons retenu d’interroger au moins cent (100) - personnes tirées de manière aléatoire dans chacun des neuf quartiers précaires avec l’objectif d’atteindre un effectif total de mille (1 000) personnes enquêtées. L’enquête s’est déroulée dans les neuf quartiers précaires retenus qui sont présentés au tableau suivant : Tableau 41 : Echantillon de quartiers précaires enquêtés Communes Population des quartiers précaires Quartiers Précaires En 1990 En 1998 En 2005 Abobo Abobo Baoulé 678 1 388 1 746 Adjamé Sonitra 733 1 501 1 889 Attécoubé Mossikro 12 400 25 392 31 656 Cocody Gobélé 6 850 14 027 17 4999 Koumassi Divo 1 900 3 891 4 900 Treichville Zone industrielle 2 900 5 938 6 249 Marcory Alliodan 2 400 4 915 10 724 Port-Bouët Village Alladjan 4 150 8 498 7 473 Yopougon Andokoi Uniwax 4 800 9 829 12 320 36 811 75 379 94 458 Total Sources :1990 : « Quartiers précaires d’habitat à Abidjan » : AUA (DCGTx) - Octobre 1992 1998 : Calculées à partir des données de l’INS 2005 : Calculées à partir des données de l’INS Conformément aux objectifs visés, le questionnaire d’enquête présenté en annexe s’est essentiellement centré sur les déplacements des individus et leurs caractéristiques. Les enquêtes ont porté sur une période de neuf jours, du lundi 25 octobre 2004 au 02 novembre 2004. Pendant cette période, nous avons travaillé de 7 heures du matin à 19 heures le soir. L’équipe d’enquêtes était composée de quatre étudiants et moi-même. 154 L’unité de sondage est un individu de plus de huit (8) ans d’âge. Au total, nous avons obtenu comme fiches exploitables : - 86 fiches (ou 86 personnes) à Abobo ; - 110 fiches (ou 110 personnes) à Adjamé ; - 102 fiches (ou 102 personnes) à Attécoubé ; - 107 fiches (ou 107 personnes) à Cocody ; - 105 fiches (ou 105 personnes) à Koumassi ; - 108 fiches (ou 108 personnes) à Marcory ; - 109 fiches (ou 109 personnes) à Port-Bouët ; - 105 fiches (ou 105 personnes) à Treichville ; - 143 fiches (ou 143 personnes) à Yopougon. Ainsi donc, nous avons obtenu un total de 975 personnes enquêtées pour lesquelles les résultats ont été jugés corrects. Il faut cependant noter la réticence de certains habitants vis-àvis du questionnaire d’enquête ce qui a constitué par moment quelques difficultés auxquelles nous avons dû faire face pour mener à bien les enquêtes et pouvoir atteindre l’effectif des 975 personnes par rapport à l’objectif initial qui était de 1 000 individus. Le descriptif de la fiche d’enquête et les difficultés rencontrées sont présentés en annexe. La saisie et le traitement des données d’enquêtes ont été effectués en utilisant le tableur Excel. 155 3.1.2 Présentation et analyse des résultats d’enquêtes Notre enquête s’est voulue plutôt qualitative que quantitative63. Cependant, du fait de la relative homogénéité de notre échantillon, tous les quartiers précaires présentant les mêmes caractéristiques au regard des principales questions soulevées par notre problématique, les risques de biais à cet égard (représentativité et consistance) sont amoindris. De fait, les principaux résultats observés ou obtenus à l’issue de l’analyse des données recueillies peuvent être considérés comme reflétant pour l’essentiel, la configuration de l’ensemble des quartiers précaires d’Abidjan. 3.1.2.1 Caractéristiques démographiques de l’échantillon Nous examinerons successivement ci-après la consistance de l’échantillon selon la commune de résidence, le genre, la nationalité, l’âge, la position dans le ménage et l’ancienneté au lieu de résidence des individus. ." 7 < #N 5# ? E $ ! E? ( ? N < < *! N 156 Tableau 42 : Distribution de l’échantillon selon la commune de résidence et le genre des individus Hommes Femmes Non précisé Total Abobo 63 22 1 86 Adjamé 51 59 Attécoubé 80 21 1 102 Cocody 41 65 1 107 Koumassi 63 38 4 105 Treichville 70 36 2 108 Marcory 44 64 1 109 Port-Bouët 63 42 105 Yopougon 95 48 143 570 395 Communes Total 110 10 975 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Le nombre d’individus enquêtés par commune varie de 86 (Abobo) à 143 (Yopougon), ce qui correspond à peu de chose près à l’objectif visé de 100 individus par quartier. L’échantillon est constitué à 59 % d’hommes et à 41 % de femmes, ce qui correspond à peu près à la répartition de la population totale des quartiers précaires en 1998 selon le genre, soit 61,5% d’hommes et 38,5% de femmes. Il faut toutefois noter que certaines données plus localisées64 font état d’une population plus majoritairement masculine avec 75% à 85% d’hommes et 25% à 15% de femmes. Ce caractère masculin très prononcé de la population des quartiers précaires s’explique en partie par le fait que, culturellement parlant, dans le processus d’exode rural ou d’émigration .+ 7 '9 &A5D 9 & < #A # < 8 8 # + < 157 vers Abidjan notamment, ce sont les hommes qui tentent d’abord l’aventure tout seul avant de faire venir éventuellement leurs épouses et leurs enfants. La distribution de l’échantillon selon la nationalité donnée au tableau suivant, renseigne sur la provenance des habitants de ces quartiers. Tableau 43 : Distribution de l’échantillon selon la nationalité Nationalité Effectif % Ivoirienne 667 68,4 CEDEAO 282 28,9 Autre Afrique 6 0,6 Non précisé 20 2,1 Total 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Environ 70 % sont des nationaux ivoiriens contre 30 % de non nationaux qui proviennent essentiellement de la CEDEAO. Les quartiers précaires sont de ce point de vue habités majoritairement par des nationaux ivoiriens et cette situation signifierait que la précarité, partant la pauvreté, touche aussi bien les nationaux que les non nationaux. Mais cette réalité moyenne masque certaines spécificités car il existe des quartiers précaires pour lesquels la proportion de nationaux ou de non nationaux est prépondérante : il s’agit par exemple des quartiers précaires de Cocody avec 75% de non nationaux, et ceux de Yopougon qui regroupent 80% de nationaux en moyenne. En fait, ces deux réalités contradictoires traduisent les deux principaux critères de choix du lieu de fixation des populations précaires : - Les non nationaux choisissent là où ils trouvent du travail ; puisqu’ils exercent en majorité des petits métiers en tant que domestiques, gardiens des résidences, jardiniers etc., on les retrouve plus dans les quartiers précaires de Cocody car cette commune dispose d’une offre relativement nombreuse pour ces types d’emplois. C’est le cas également des quartiers précaires situés en bordure de la lagune, peuplés de pêcheurs allogènes. 158 - Les nationaux cherchent en priorité à s’installer chez un parent avant de pouvoir éventuellement se prendre en charge par la suite. On ne les retrouve pas en général sur les mêmes segments de petits boulots exercés par les non nationaux. C’est pourquoi on les rencontre en particulier beaucoup plus dans les quartiers précaires à Yopougon, à Abobo et à Port-Bouët où il s’est constitué depuis plusieurs années, de véritables villages de communautés nationales d’immigrés. Il s’est même constitué à Yopougon un quartier au nom évocateur de « mon mari m’a laissé » où des femmes divorcées et/ou veuves rattrapées par la pauvreté tentent de se prendre en charge. Sur la base de notre enquête qualitative (interviews dans les quartiers), par ailleurs corroborée par l’étude du PACOM65, les raisons pour lesquelles ces populations habitent dans les quartiers précaires sont de deux types : - économiques, pour environ 80% des personnes qui disent habiter ces quartiers parce qu’elles sont pauvres ; - familiales, pour environ 20% des personnes qui vivent chez leurs parents, et qui sont donc prises en charge de ce fait. L’analyse de la distribution de l’échantillon par classe d’âge présentée au tableau suivant montre que la population est relativement jeune, comme c’est d’ailleurs le cas pour toute la ville si l’on se fonde sur la structure démographique issue du RGPH 9866. ./ 7 '9 &A5D 9 .. 70 & < #A < # < 8 8 # < + #? ,,- 159 Tableau 44 : Distribution de l’échantillon selon la classe d’âge Classe d’âge(années) Effectif % 6-10 1 0,1 11-15 64 6,6 16-20 219 22,5 21-25 245 25,1 26-30 188 19,3 31-35 121 12,4 36-40 59 6,1 41-45 40 4,1 46-50 22 2,3 51-55 6 0,6 56-60 4 0,4 61-65 5 0,5 66-70 0 0 71-75 1 0,1 Total 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 98 % de l’échantillon a un âge se situant entre 11 et 50 ans. L’âge moyen de l’échantillon est de 26 ans contre 28 ans pour l’ensemble des quartiers précaires d’Abidjan en 1998. On note une prédominance de la population jeune (35 ans au plus) qui regroupe 86 % de l’échantillon et l’amplitude d’âges varie de 10 ans à 72 ans. La distribution de l’échantillon en fonction de la position dans le ménage est donnée au tableau suivant. 160 Tableau 45 : Distribution de l’échantillon en fonction de la position dans le ménage Position Effectif % Chef de ménage 290 29,7 Conjoint 195 20,0 Enfant 340 34,9 Parent 61 6,3 Autres 59 6,1 Non précisé 30 3,1 Total 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements L’échantillon est constitué à près de 85% d’individus qui ont un statut d’époux ou d’enfants contre 12% de personnes hébergés qui sont soit des parents des occupants soit des amis ou autres. Ce tableau montre qu’il y a 29,7% de chef de ménage, mais il ne permet pas d’estimer la taille moyenne des ménages car il s’agit d’une enquête individus déplacements et les personnes interrogées ne font pas obligatoirement partie du même ménage. Cependant, le RGPH 98 a montré que la taille moyenne des ménages habitant les quartiers précaires d’Abidjan (ou ménages pauvres) était de 9,3 personnes en 1998. Cette taille a baissé à 7,7 personnes en 2002, ce qui reste élevé en comparaison de la taille moyenne des ménages non pauvres en 2002 qui était de 4,8 personnes, et la moyenne urbaine tous ménages confondus était de 5,1 à Abidjan. Les pauvres vivent donc majoritairement dans des familles nombreuses. De ce pont de vue, il existe une relation entre pauvreté et taille du ménage, si l’on tient compte en outre du fait que la taille moyenne des ménages extrêmes pauvres était de 9,4 en 2002. Si l’on s’intéresse à la distribution de l’échantillon selon l’ancienneté au lieu de résidence actuelle, le tableau suivant nous donne une synthèse. 161 Tableau 46 : Distribution de l’échantillon selon l’ancienneté au lieu de résidence actuelle Ancienneté au lieu de résidence actuelle Effectif % [0-3[ mois 26 2,7 [3-6[ mois 25 2,6 [6-12[ mois 77 7,9 [1-2[ ans 143 14,7 [2-5[ ans 229 23,5 [5-10[ ans 448 45,9 [10 ans et + 27 2,8 Total 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 51 % des personnes enquêtées vivent dans les quartiers depuis moins de 5 ans et 49% y résident depuis plus de 5 ans. La durée moyenne de résidence dans le quartier est de 4,6 ans, ce qui est relativement faible mais qui s’explique par la précarité de la situation des populations concernées, obligées de changer le plus souvent de lieu de résidence soit volontairement soit par la contrainte (déguerpissement ou destruction du quartier ou de l’habitation par les autorités). Sur près de 4 000 ménages recensés dans les quartiers précaires de Cocody rasés en 2002 et proposés pour bénéficier du programme d’urgence d’assistance67, 46% vivaient dans les quartiers depuis 10 ans et plus, 26% entre 5 et 10 ans et 28% depuis moins de 5 ans. Cette situation comparée à celle de notre enquête montre que, malgré tout, la tendance observée est à une fixation des populations des quartiers précaires dans la durée. S’il est vrai que ces quartiers naissent spontanément, généralement à partir d’une baraque qui devient un quartier, leur maintient dans la durée et leur expansion à Abidjan suscitent au moins deux commentaires : .2 7 '9 &A5D 9 & < #A # < 8 8 # + < 162 - ils interpellent les pouvoirs publics vis-à-vis d’une demande urbaine sociale de l’habitat (ou de l’habitat social) qui n’est pas satisfaite dans le cadre des politiques menées jusqu’ici ; - la croissance de la pauvreté urbaine à Abidjan, si l’on prend le pont qui relie la précarité à la pauvreté, puisque le facteur économique intervient pour une large part dans le choix du lieu d’habitation des populations concernées. 3.1.2.2 Caractéristiques de l’échantillon selon que les individus enquêtés exercent une activité ou non La distribution de l’échantillon selon que les personnes enquêtées exercent une activité ou non est donnée ci-après. Tableau 47 : Distribution de l’échantillon selon que les personnes enquêtées (10 ans et +) exercent une activité ou non 18 ans et plus Moins de 18 ans Total Effectif % Effectif % Effectif % Oui 614 73,8% 51 35,7% 665 68,2% Non 194 23,3% 90 62,9% 284 29,1% Non précisé 24 2,9% 2 1,4% 26 2,7% Total 832 100% 143 100% 975 100% Exerce une activité Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 70 % des personnes ayant précisé leurs réponses disent exercer une activité contre 30 % d’inactifs. Parmi les actifs, 98 % exercent une activité permanente pour seulement 2 % qui n’ont pas une activité permanente. Parmi les personnes actives, 97 % exercent une activité unique et 80 % sont salariés contre 20 % installés pour compte propre (artisans). Parmi les personnes actives, environ 8% sont des mineurs de moins de 18 ans. C’est un trait caractéristique des populations pauvres où les enfants sont précocement amenés à travailler 163 pour les besoins de la famille nombreuse, contrairement à ce qui se passe en milieu non pauvre où à cet âge, les enfants sont majoritairement scolarisés. Le statut des personnes non actives est donné au tableau suivant : Tableau 48 : Statut des personnes non actives selon qu’elles soient adultes ou non (18 ans et plus ou moins de 18 ans) Statut 18 ans et plus Moins de 18 ans Total Effectif % Effectif % Effectif % Chômeur 29 13,3% 1 1,1% 30 9,7% Retraité 8 3,7% 0 0,0% 8 2,6% Etudiant ou scolaire 84 38,5% 62 67,4% 146 47,1% Ménagère 39 17,9% 4 4,3% 43 13,9% Autre inactif 17 7,8% 7 7,6% 24 7,7% Non précisé 41 18,8% 18 19,6% 59 19,0% Total 218 100% 92 100% 310 100% Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements On note une forte proportion d’étudiants ou de scolaires qui vivent dans un environnement de précarité, ce qui peut s’expliquer par la situation économique générale difficile du pays. En effet, des parents, de plus en plus nombreux, ne parviennent plus à faire face correctement aux besoins de scolarisation de leurs enfants en particulier pour des étudiants non boursiers qui ne peuvent payer le loyer d’un studio. La distribution de l’échantillon selon le niveau d’instruction est donnée au tableau suivant. 164 Tableau 49 : Distribution de l’échantillon (+ de 25 ans d’âge) selon le niveau d’instruction Niveau d’instruction Effectif % Sans étude 165 37 Primaire 137 31 Collège 61 14 Lycée 39 9 Supérieur 39 9 Non précisé 5 1 446 100 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 37 % des personnes interrogées de plus de 25 ans n’ont pas été à l’école, mais près de 9 % ont déclaré avoir fait des études supérieures (après le BAC). Si on considère les 15 ans d’âges et plus, 32% des individus de l’échantillon sont analphabètes. Ce taux est légèrement inférieur au taux d’analphabétisme à Abidjan qui était en 1998 de 36,6%68 pour l’ensemble de la population d’Abidjan en considérant les individus de 15 ans et plus, dont 53,9% chez les pauvres et 34,5% chez les non pauvres. Le taux d’analphabétisme est donc plus élevé chez les populations pauvres. La distribution des actifs occupés selon le genre et le secteur d’activité est retracée dans le tableau suivant : .- &7 9 ? 5@ # & < 165 Tableau 50 : Distribution des actifs occupés selon le secteur d’activité et le genre Agriculture Construction Elevage BTP Industrie ou parapublic Service Homme 14 42 29 13 21 Femme 2 1 2 2 18 Genre Non précisé Secteur public 1 1 Total 16 44 31 16 39 Pourcentage 2% 7% 5% 2% 6% Commerce Commerce Autres Transports de détail de gros artisans Non précisé Total 50 65 4 155 15 408 146 3 61 15 250 7 1 2 2 51 213 7 218 30 665 8% 32% 1% 33% 5% 100% Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 62 % des actifs occupés sont des hommes contre 38% de femmes (la moyenne à Abidjan est de 69 % pour les hommes et de 31 % pour les femmes). Il faut noter une forte proportion d’actifs (32 %), exerçant dans le commerce de détail qui est l’une des activités principales dans les quartiers précaires, et exercée par les femmes en général. Ces résultats sont conformes à ceux établis par ailleurs dans les travaux effectués par le BNETD69 sur les quartiers sous-équipés et qui montrent qu’une moyenne de 50% de la ., 7 '9 &A5D 9 & < #A # < 8 8 # + < 166 population de ces quartiers ont une activité dans le secteur informel, notamment sur le segment des petits commerces (commerce de détail) et des petits services (cabine téléphonique, coiffure, couture, etc.). La distribution de l’échantillon selon les classes de revenu est donnée au tableau suivant. Dans notre enquête, les individus ont donné soit leur revenu pour les salariés, soit un revenu transféré, c’est à dire ceux qui reçoivent un revenu régulier de quelqu’un d’autre (cf descriptif de l’enquête en annexe). Il s’agit principalement ici du revenu de l’individu enquêté et non du ménage auquel il appartient, puisque nous avons effectué une enquête individu déplacement et non une enquête ménage. Tableau 51 : Distribution de l’échantillon selon les classes de revenu pour les adultes de plus de 18 ans Classe de revenu en FCFA Actifs Non actifs Total Effectif % Effectif % Effectif % Moins de 10.000 68 11 207 95 275 33 10.000 à moins de 15.000 38 6 0 1 38 5 15.000 à moins de 25.000 72 12 2 4 74 9 25.000 à moins de 35.000 417 68 9 0 426 51 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 0 0 0 0 100.000 et plus 19 3 0 0 19 2 Total 614 100 218 100 832 100 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Sur la base de cet échantillon, l’on observe que la majorité des habitants adultes (+18ans) des quartiers précaires (soit 98% environ) a un revenu mensuel (revenu de la personne enquêtée et non du ménage) inférieur à 35.000 FCFA. Le revenu mensuel moyen des adultes des quartiers précaires se situe à hauteur de 21 375 FCFA, ce qui est largement inférieur au SMIG (salaire moyen interprofessionnel garanti) dont le montant actuel est de 36 607 FCFA. 167 Ces résultats rejoignent ceux observés dans l’étude BNETD/PACOM70 qui indique que plus de 50% des population des quartiers sous-équipés vivent en dessous du SMIG , avec un revenu compris entre 0 et 35 000 F CFA par mois. 68% des actifs de plus de 18 ans ont un revenu mensuel individuel compris entre 25 000 et 35 000 FCFA, qui reste en dessous du SMIG, et 95% des non actifs ont un revenu mensuel (revenu transféré) inférieur à 10 000 FCFA, ce qui est largement inférieur au prix de la carte mensuelle de bus qui coûte 15 000 FCFA. 3.1.2.3 Caractéristiques de l’échantillon selon les modes de transport utilisés et les types de déplacements effectués La distribution de l’échantillon selon le lieu d’activité principale est donnée au tableau ciaprès : Tableau 52 : Distribution des actifs de l’échantillon selon le lieu d’activité principale Lieu d’activité principale Effectif % Domicile 60 9 Fixe dans le quartier 264 39,7 Fixe ailleurs 192 28,9 Ambulant, dans le quartier 13 1,9 Ambulant, ailleurs 57 8,6 Autres 9 1,4 Non précisé 70 10,5 Total 665 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements En ne tenant pas compte des 70 personnes actives qui n’ont pas précisé leurs réponses, une grande majorité des personnes enquêtées (77 %) exerce une activité fixe soit dans le quartier, soit ailleurs. 2 168 Sur la même base, 57 % des actifs de l’échantillon exercent une activité principale dans leur quartier de résidence ce qui explique en partie le fait qu’une part importante des déplacements s’effectue localement dans la commune ou dans le quartier d’habitation. Ces résultats sont cohérents avec ceux de l’étude BNETD/PACOM selon lesquels les populations des quartiers précaires travaillent dans la commune de localisation du quartier, ce qui s’explique car l’une des raisons principales du choix de leur lieu de résidence est sa proximité par rapport à leur lieu de travail. L’analyse de la façon dont ces population se déplacent nous amène à regarder de près la répartition de notre échantillon selon le moyen de transport possédé, donnée au tableau suivant : Tableau 53 : Distribution de l’échantillon selon le moyen de transport possédé Moyen de transport possédé Effectif % Bicyclette (ou vélo) 27 2,8 Mobylette 2 0,2 Voiture 5 0,5 Aucun 941 96,5 Total 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements A peine 3% des personnes enquêtées possèdent une bicyclette. En fait, 3,5 % de l’échantillon disposent d’un moyen de transport contre 96,5 % qui n’en disposent pas, ce qui situe l’utilité des transports publics pour ces populations captives de ce type de service. Le cas de la bicyclette est significatif à plus d’un titre : indépendamment de la situation générale de la Côte d’Ivoire par rapport à ses voisins du Burkina ou du Mali, où les deux roues et surtout la bicyclette sont très présents dans le paysage des transports, il faut noter que le prix d’achat de ce moyen de transport individuel est relativement élevé au regard du revenu 169 des populations des quartiers pauvres (une bicyclette neuve coûte environ 65 000FCFA, soit près de 2 fois le SMIG). Parmi les personnes enquêtées, seules 9,2 % ont déclaré posséder un permis de conduire automobile. Le taux de motorisation et la proportion des individus possédant le permis de conduire sont très faibles chez ces populations pauvres, ce qui a une influence sur leur mobilité. La distribution des actifs occupés de l’échantillon selon le nombre de modes de transport utilisés pour se rendre au travail est donnée au tableau suivant : Tableau 54 : Distribution des actifs occupés de l’échantillon selon le nombre de modes de transport utilisés pour se rendre au travail Nombre de modes utilisés Effectif % 1 527 85,4 2 84 13,6 3 6 1,0 617 100,0 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements La majorité (85,4 %) des actifs occupés n’utilise qu’un seul mode (mécanisé ou non) pour se rendre au travail, contre 13,6 % qui utilisent deux modes et seulement 1 % qui utilise trois modes. Ce résultat est tout à fait conforme aux habitudes de déplacement de ces populations liées à leur mode de vie. Cela rejoint le fait qu’elles choisissent généralement d’habiter le plus proche possible de leur lieu de travail. Les personnes utilisant un seul mode se déplacent majoritairement à pieds (75 %), comme indiqué au tableau suivant, ce qui s’explique pour les mêmes raisons que celles évoquées ciavant. 170 Tableau 55 : Distribution par mode de transport des actifs occupés de l’échantillon utilisant un seul mode de transport en déplacement Mode Effectif des individus % A pied 395 75,1 Bicyclette 13 2,4 Pinasse 2 0,4 Taxi-collectif (woro-woro) 49 9,3 Taxi-compteur 3 0,6 Autobus/bateau-bus 33 6,3 Car ramassage employeur 1 0,2 Minibus gbaka 30 5,7 Total 526 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les actifs occupés utilisant deux modes pour se rendre au travail se déplacent : • à pied et en taxi collectif woro-woro pour 33,3 % d’entre eux ; • à pied et en autobus SOTRA pour 28,5 % d’entre eux. Pour se rendre au travail, la marche à pied constitue ainsi le principal mode de déplacement dans les quartiers précaires, suivi en cela par le taxi collectif woro-woro loin derrière avec seulement 9%, la SOTRA se situant à hauteur des gbaka (6,3% contre 5,7%). Les habitudes de déplacement de ces populations sont également caractérisées par le nombre de déplacements effectués par jour. La distribution de l’échantillon selon le nombre de déplacements effectués par jour est donnée au tableau suivant : 171 Tableau 56 : Distribution de l’échantillon selon le nombre de déplacements effectués par jour Nombre de déplacements par jour Effectif des individus % 449 46,05 1 12 1,23 2 460 47,18 3 11 1,13 4 34 3,49 5 4 0,41 Non précisé 5 0,51 975 100,0 0 71 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements La majorité de ceux qui se déplacent, soit 87%, effectue deux déplacements par jour, ce que recoupe d’une certaine manière, le nombre de trajets effectués indiqués au tableau intitulé la distribution de l’échantillon selon le nombre de trajets effectués par déplacement. Concernant les 449 individus qui ne se sont pas déplacés la veille72 et qui constituent 46% de l’échantillon, les motifs de leur non déplacement sont présentés au tableau ci-après. 2 5 #E $ N N N 6 < 8 ! $$ < $ ? F !5 2 B % 6 $E (09 *! 8 N ? ? $$ 8 O ! 8 172 Tableau 57 : Distribution des individus de l’échantillon n’ayant pas effectué de déplacement la veille, par motif Motif du non déplacement Actif Non Actif Non préciser Total >=18 ans <18 ans >=18 ans <18 ans >=18 ans <18 ans Malade /handicapé 48 15 2 77 Religieux ou coutumier 3 1 4 Pas de raison de se déplacer 114 10 96 30 8 7 265 Autre 73 5 16 7 1 1 103 Total 238 22 127 42 12 8 449 7 5 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Ce tableau montre que parmi ceux qui ne se sont pas déplacés la veille, 59% n’avait pas de raison de se déplacer, et parmi ces 59 %, nous avons 46,7% d’actifs ce qui montrerait que tous les actifs de notre échantillon ne travaillent pas tous les jours de la semaine. Ce fort taux d’immobilité dans les quartiers précaires s’explique difficilement (la plupart de ceux qui ne se sont pas déplacés disent n’avoir pas eu de raison de se déplacer) dans la mesure où il concerne en majorité des actifs qui forment 53 % de ceux qui ne se sont pas déplacés. Cette situation pourrait s’expliquer, sans ignorer les besoins courants de déplacement pour des motifs autres que le travail, par le fait qu’une catégorie d’actifs des quartiers précaires ne travaille pas tous les jours ouvrables de la semaine ou travaille tout simplement à domicile, le travail étant le principal motif de déplacement de ces populations. 173 Tableau 58 : Répartition des déplacements selon le nombre de trajets effectués par déplacement Nombre de trajets Nombre de déplacements % 1 883 78,8 2 186 16,6 3 34 3,0 4 2 0,2 Non précisé 16 1,4 1121 100,0 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements La majorité des déplacements effectués (79 %) comporte un seul trajet contre seulement 21 % des déplacements qui se font sur plus d’un trajet. En moyenne, un déplacement comporte 1,2 trajet. Ce résultat est à rapprocher du nombre de modes utilisés par déplacement qui est de un seul pour 85,4% des actifs de l’échantillon enquêté. La répartition des déplacements selon leurs durées moyennes donnée au tableau suivant, pour les personnes qui se sont déplacées, nous renseigne par ailleurs sur d’autres particularités concernant les comportements de mobilité de ces populations. Tableau 59 : Répartition des déplacements selon leurs durées Durée du déplacement Nombre de déplacements % [0-5 mn[ 82 7,3 [5-15 mn[ 328 29,3 [15-30 mn[ 382 34,1 [30-60 mn[ 218 19,4 [1-2 heures[ 76 6,8 [2-3 heures[ 17 1,5 Non précisé 18 1,6 1121 100,0 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 174 L’essentiel des déplacements, soit 83 %, s’effectue dans une fourchette de 5 à moins de 60 minutes, avec une durée moyenne de déplacement qui est de 32 mn, dans un contexte urbain marqué par le caractère principalement localisé et essentiellement uni modal des déplacements. Il faut en outre noter que 36,6% des déplacements ont duré en moyenne un temps n’excédant pas les 15 mn. Par durée de déplacement, il faut entendre ici les temps mis à bord du ou des modes utilisés (différence entre heure d’arrivée et heure de départ). Les durées moyenne de déplacement par mode sont les suivantes : - à pied: 25 mn; - en woro-woro: 31 mn; - en gbaka: 36 mn; - en autobus: 57 mn. Les déplacements en gbaka et surtout en autobus qui concernent la majorité des flux intercommunaux (flux externes), pour des relations généralement de type Domicile-Travail, ont une durée relativement longue avec en moyenne 36 mn en gbaka et près d’une heure en autobus, qui s’explique par l’éloignement par rapport aux zones d’emploi des quartiers pauvres situés majoritairement à la périphérie. On note une certaine hiérarchisation dans l’utilisation des modes de déplacement, et cette hiérarchie correspond à la zone ou au périmètre de déplacement : - déplacement de proximité : à pied ; - déplacement localisé dans le quartier ou intracommunal : en woro-woro ; - déplacement intercommunal (de moyenne ou longue distance) : en gbaka là où ce service est autorisé et exploité ; - déplacement intercommunal (de moyenne ou longue distance) : en autobus SOTRA si la desserte est assurée par une ligne d’autobus. Les coûts moyens des déplacements par mode sont indiqués au tableau suivant. L’analyse de ces coûts vient corroborer les résultats précédents relatifs au nombre de modes de transport utilisés (un seul pour la majorité) et au nombre de trajets effectués par déplacement (1,2 en moyenne). 175 Tableau 60 : Coûts moyens des déplacements en FCFA 1er déplacement 2ème déplacement Moyenne Taxi woro-woro 194 199 196 Taxi compteur 813 694 754 Bus SOTRA 191 186 189 Minibus gbaka 184 182 183 225 237 231 Mode Tous modes Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les coûts moyens de déplacement sont de 225 FCFA (1er déplacement) et de 237 FCFA (2ème déplacement). Dans l’ensemble, il s’agit d’un aller pour le premier déplacement et du retour pour le second. L’observation par mode de transport permet de constater que ce coût correspond au tarif d’un voyage aller ou retour effectué en utilisant le mode concerné, ce qui est en concordance avec le fait que dans les quartiers précaires, les individus réalisent généralement deux voyages en mode motorisé (un aller et un retour), le voyage aller commençant généralement à pied et le retour se terminant également à pied en général. Si l’on tient compte du fait que 92% des personnes interrogées ont un revenu au plus égal à 35 000 F CFA par mois, soit 1 400 F CFA par jour moyen travaillé (25 jours ouvrés par mois), les coûts moyens de transport supportés par cette frange de la population, à majorité pauvre, représenteraient en moyenne 32% du revenu, pour seulement un aller-retour journalier afin de se rendre au travail et retourner à domicile. Indépendamment du taxi compteur qui est un mode individuel (même si de plus en plus ce mode tend à être utilisé à plusieurs pour la même destination en partageant le coût de la course), l’on observe que le coût du déplacement en minibus gbaka est le moins cher (183 FCFA) suivi de l’autobus SOTRA (189 FCFA) et du taxi collectif woro-woro (196 FCFA). Les déplacements motorisés de proximité reviennent plus cher du fait principalement que : - ce sont les petits véhicules, type taxi woro-woro de faible capacité, qui sont les plus utilisés sur ces segments ; 176 - les minibus gbaka et surtout les autobus SOTRA, qui ont un tarif relativement plus bas que les taxi collectifs woro-woro ont un réseau de service qui n’est pas adapté aux déplacements de courte distance. Par exemple, les gbaka décomposent le plus souvent les parcours en plusieurs tronçons en gardant les mêmes tarifs ou presque, lorsque la demande est forte, ce qui constitue en fait un accroissement des tarifs sur le même parcours en situation normale. De même, la tarification de la SOTRA qui se fait au forfait (200FCFA) quelle que soit la zone desservie, là où les woro-woro ou même les gbaka peuvent offrir des tarifs inférieurs (jusqu’à 100FCFA sur certains parcours équivalents) n’est pas compétitive pour des petits déplacements motorisés. En outre, 86% des personnes qui se déplacent en autobus de la SOTRA paient le ticket au trajet (ce qui revient plus cher car le ticket n’est pas subventionné), contre 14% qui disposent d’une carte de transport plus ou moins subventionnée. Ainsi, il semble que les quartiers pauvres mal desservis en transport en commun (SOTRA notamment) ont de ce point de vue un coût de transport relativement élevé au regard des faibles revenus des populations concernées. On peut mieux analyser cette question en s’intéressant aux données des enquêtes niveau de vie des ménages effectuées par l’INS en 1998 et en 2002, qui ont donné les résultats présentés au tableau suivant, s’agissant du budget transport des ménages à Abidjan. 177 Tableau 61 : Budget transport des ménages à Abidjan par tranche de revenus Tranche de revenus mensuels ENV – 1998 Transport en Part transport ENV - 2002 Transport en Part transport Franc CFA en % Franc CFA en % Moins de 50 000 F 8 544 22,20 3 794 8,60 50 000 à moins de 120 000 F 12 278 14,20 8 421 9,40 120 000 à moins de 240 000 F 23 424 13,60 19 965 11,40 240 000 F et + 62 876 17,40 99 232 16,50 Ensemble des revenus 28 821 15,80 41 541 14,70 Source : Enquêtes Niveau de Vie des Ménages (ENV –1998 et ENV- 2002), INS De 1998 en 2002, la part du budget transport dans le revenu des ménages abidjanais reste pratiquement constant dans l’ensemble (15,80% en 1998 contre 14,70% en 2002). L’on observe cette même tendance selon les classes de revenu, sauf pour les plus faibles (-50 000 FCFA), mais le budget transport est dans l’ensemble multiplié par 1,44 (28 821 F CFA en 1998 contre 41 541 en 2002). L’on note que le budget transport est en baisse, sauf dans la tranche des plus hauts revenus (240 000 et plus) où il est en croissance (+58%). C’est surtout dans les classes de revenus faibles que cette part a fortement chuté : de 22,2% en 1998 pour un budget transport de 8 544 FCFA par mois, elle est passée à 8,60% en 2002 avec 3 794 FCFA par mois. Nous pensons que la crise de septembre 2002 a beaucoup plus affecté les populations à faibles revenus (en particulier les moins de 50 000 FCFA) qui ont réduit leurs déplacements motorisés pratiquement de moitié, au profit certainement de la marche à pied. 178 Cette forte chute (de 22,20% à 8,60%) en seulement quatre ans, indépendamment de probables biais méthodologiques qui pourraient exister entre les méthodes utilisées par l’INS sur les deux enquêtes, est difficile à expliquer car il est généralement admis et même établi que la part du budget transport dans le revenu est plus élevée pour les populations à faible revenu (les résultats de ENV-1998 sont conformes à cette tendance). Au plan méthodologique, les enquêtes ENV-1998 et ENV-2002 ont pour l’essentiel été effectuées de la même façon, en dehors de la taille des échantillons respectifs (860 ménages en 1998 contre 1980 ménages en 2002), s’agissant d’Abidjan. Pour ces deux enquêtes, les ménages ont été tirés de façon aléatoire, dans les mêmes strates de populations choisies de façon systématique à l’intérieur des îlots du RGPH 98. En dehors d’un recours plus systématique à la marche à pied, pour des petits déplacements là où un mode motorisé était utilisé, on pourrait expliquer cette chute par les raisons suivantes qui ont beaucoup plus affecté les comportements de mobilité des populations les plus pauvres : - une plus faible mobilité motorisée de ces populations, accentuée par les conditions économiques rendues plus difficiles avec la crise socio-politique que connaît le pays depuis septembre 2002 ; - une restriction des déplacements motorisés aux motifs les plus essentiels (par exemple Domicile-travail ou recherche du travail, etc.) ; - une allocation des revenus du ménage aux besoins les plus essentiels (nourriture par exemple) ; - un recours plus systématique à d’autres personnes en dehors du ménage, par l’exploitation de réseaux de solidarité ou d’assistance (amis, famille africaine, etc.) pour financer leurs déplacements motorisés, mais ceci n’apparaît pas dans les statistiques. Les ménages disposant de hauts revenus (240 000 FCFA et +) ont, quant à eux, multiplié leur budget transport par 1,58 en 2002 avec la même part relativement au revenu (16,50% contre 17,40%) ce qui peut s’expliquer en partie par l’accroissement des revenus dans cette classe qui a par ailleurs dû améliorer son taux de motorisation suite à la libéralisation de l’importation des véhicules d’occasion intervenue en 1996. 179 A la lumière de ces résultats et de façon générale, on peut dire que le poids du coût des déplacements sur le revenu des populations des quartiers précaires est particulièrement élevé, comparé à la moyenne observée à Abidjan, ce qui confère une importance capitale aux transports publics en commun dont les tarifs paraissent plus abordables. C’est pourquoi nous nous sommes intéressée à la fréquentation des transports publics par ces populations en vue de savoir si les populations pauvres des quartiers précaires utilisent véritablement ces services publics. La distribution des personnes enquêtées selon l’utilisation ou non des transports publics est donnée au tableau ci-après. Tableau 62 : Distribution de l’échantillon selon l’utilisation ou non des transports publics (SOTRA, Gbaka ou Woro-woro) Utilisation des transports publics Effectif % Oui, tous les jours ou presque 262 26,9 Oui, de temps en temps 587 60,2 Non, jamais 75 7,7 Non précisé 51 5,2 975 100,0 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les transports publics (SOTRA ou Gbaka ou woro-woro) apparaissent comme étant le mode motorisé le plus utilisé. Il faut noter qu’une proportion (8 %), même faible, dit ne jamais utiliser ce mode de transport parce qu’elle n’a pas les moyens d’en payer le tarif, c’est tout dire ! Le croisement avec les revenus montre à cet égard que les individus appartenant à cette frange de la population ont un revenu mensuel inférieur à 15 000 FCFA. Nous avons en outre cherché à savoir quels étaient les moyens de transports les plus appréciés par ces populations et pour quelles raisons, s’agissant des minibus gbaka, des taxis collectifs woro-woro et des autobus de la SOTRA. Les résultats sont indiqués au tableau suivant : 180 Tableau 63 : Distribution de l’échantillon selon les critères d’appréciation 1er 2ème 3ème Choix Choix Choix Tarif abordable Woro-woro Bus SOTRA Gbaka Fréquence/régularité Woro-woro Gbaka Bus SOTRA Rapidité Woro-woro Bus SOTRA Gbaka Couverture du réseau Woro-woro Bus SOTRA Gbaka Critères d’appréciation Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Pour tous les quatre principaux critères d’appréciation retenus et figurant dans le tableau ci dessus, les taxis collectifs woro-woro sont classés en tête des choix des personnes enquêtées. Nous pensons que c’est en partie dû au fait que c’est le moyen de transport motorisé qui leur est accessible surtout au plan du réseau de desserte. En réalité, le caractère abordable des tarifs des woro-woro et des gbaka est beaucoup plus le fait du système de tarification appliqué par segment de parcours et qui convient le mieux à leurs types de déplacements sur de courtes distances, à l’intérieur des quartiers ou des communes. Ainsi, les populations ont l’impression que les tarifs des Woro-woro ou même des Gbaka sont plus économiques parce que tout simplement ces tarifs sont décomposés selon leurs parcours, ce qui n’est pas le cas de la SOTRA qui applique un tarif uniforme sur toute la longueur de la ligne, comparativement plus bas par rapport à la distance parcourue, mais non décomposable. Du fait de la segmentation des parcours, le système de tarification des Woro-woro et des Gbaka induit des coûts de transport plus élevés en fin de compte. 3.1.3 Pratiques des déplacements dans les quartiers précaires d’Abidjan Les tableaux suivants présentent les matrices Origine/Destination des enquêtés, en terme de nombre de déplacements effectués, tous modes confondus, en autobus SOTRA, en taxis collectifs woro-woro, en minibus gbaka, et pour l’ensemble des 3 modes motorisés. 180 Tableau 64 : Matrice Origine Destination (O/D), tous motifs confondus, tous modes confondus D O Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL Abobo 36 19 1 10 Adjamé 19 114 11 17 1 8 51 3 Attécoubé 1 1 1 78 4 7 8 183 1 2 19 88 2 1 2 1 2 1 1 1 Cocody 10 Dabou 1 17 3 105 1 1 1 2 2 2 Koumassi 1 1 1 Marcory 2 Plateau 2 3 2 Port-Bouët 2 4 1 Songon 1 Treichville 3 6 2 Yopougon 1 9 18 79 181 90 1 1 1 1 1 2 140 2 1 Jacqueville TOTAL 2 2 Grand-Bassam 2 75 16 1 5 5 3 109 17 70 1 6 4 2 105 1 1 1 2 1 3 17 5 5 3 79 23 1 125 1 2 1 140 2 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Taux interne= 731/1121= 65,2% 2 3 5 1 7 81 1 109 3 2 4 2 1 119 161 108 104 18 110 126 159 1.121 1 181 Tableau 65 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus, en autobus SOTRA D O Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL Abobo 4 3 1 Adjamé 2 2 2 Attécoubé 1 2 1 1 1 12 1 4 1 4 16 2 4 Grand-Bassam Cocody 1 1 7 2 2 1 1 1 4 2 1 2 7 1 1 1 2 Dabou Jacqueville Koumassi 1 Marcory Plateau 2 Port-Bouët 2 1 1 1 1 2 5 2 16 4 3 14 4 14 1 11 Songon Treichville 1 Yopougon TOTAL 11 5 1 2 2 5 1 1 16 10 9 12 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Taux interne= 36/133= 27,1% 5 16 1 24 9 4 1 11 11 22 2 16 15 133 182 Tableau 66 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus, en taxis collectifs woro-woro D O Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL Abobo 20 5 2 Adjamé 1 10 4 Attécoubé 9 1 1 1 28 2 18 1 13 24 Grand-Bassam Cocody 2 2 25 21 Dabou Jacqueville Koumassi Marcory 1 1 35 10 4 2 1 52 8 15 1 1 1 28 Plateau 1 1 Port-Bouët 1 1 10 3 15 1 5 11 Songon Treichville 2 1 Yopougon TOTAL 1 1 12 26 18 22 1 27 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Taux interne= 147/237= 62,0% 46 27 17 1 22 35 16 37 237 183 Tableau 67 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus en gbaka D O Abobo Adjamé Attécoubé Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL 10 1 1 15 35 9 7 1 9 4 1 3 1 1 7 1 1 17 64 16 9 1 1 1 14 2 68 1 17 1 5 4 16 9 120 Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL 2 1 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Taux interne= 43/120= 35,8% 2 1 1 184 Tableau 68 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus en autobus SOTRA+ woro-woro+ gbaka D O Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL Abobo 24 18 1 3 Adjamé 18 47 9 13 1 1 9 13 2 1 3 6 3 23 1 1 1 39 12 1 4 10 22 1 2 1 2 Attécoubé 1 1 2 1 1 2 1 1 1 54 6 6 102 2 16 45 1 37 4 3 66 5 1 44 4 15 1 26 Grand-Bassam Cocody Dabou Jacqueville Koumassi 1 Marcory 1 Plateau 2 Port-Bouët 1 2 1 1 1 1 1 1 1 3 6 15 6 1 1 14 4 1 1 28 67 11 28 39 61 490 Songon Treichville 3 6 1 Yopougon 1 9 18 2 54 98 48 45 TOTAL 3 1 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Taux interne= 226/490= 46,1% 60 43 1 35 185 Tous modes et tous motifs confondus, (tableau 64), 65 % des déplacements concernent les flux internes. Ces flux internes sont les plus importants dans tous les quartiers précaires. Les populations de ces quartiers travaillent majoritairement dans leur commune de résidence car elles exercent pour la plupart des petits métiers dans les secteurs non structurés. Les populations concernées s’installent en général dans les zones où elles peuvent exercer leur emploi : (exemple: celles de la commune de Cocody sont majoritairement des employés de maison, des jardiniers, des gardiens etc.), les pêcheurs sont dans la zone de Port-Bouët. Pour les déplacements en autobus SOTRA, on dénombre seulement 27% (tableau 65) de flux internes contre 73% de flux externes, ce qui s’explique par son mode d’exploitation qui ne favorise pas les petits déplacements. Les déplacements en woro-woro (tableau 66) comportent une majorité de flux internes 62% car les services de taxi collectif sont ceux-là même qui assurent la desserte intra communale. Les minibus gbaka sont moins utilisés pour les déplacements internes avec 36% de flux internes contre 64% de flux externes, ce qui s’explique puisqu’ils assurent des dessertes intercommunales ou péri-urbaines. Si l’on considère l’ensemble des 3 modes motorisés réunis, ils assurent 46% des déplacements intra communaux contre 54% de flux intercommunaux. Nous verrons dans la suite, au paragraphe 3.1.4 qu’il existe une certaine hiérarchie entre nature du déplacement et mode utilisé. Les motifs des déplacements sont très peu diversifiés (cf tableau ci-dessous). En effet, si l’on fait abstraction du retour au domicile, environ deux tiers des déplacements (soit 67 %) sont liés au motif professionnel (domicile-travail). 186 Tableau 69 : Nombre de déplacements selon les principaux motifs Retour Travail Etude Achat Visite domicile Autres Total de déplacements 406 50 39 70 514 42 1.121 % 36,2 4,5 3,5 6,2 45,9 3,7 100,0 Nombre Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements En se basant sur les flux domicile-travail présentés dans le matrice Origine-Destination ciaprès, et qui sont généralement les plus importants, nous pouvons dire qu’il y a une restriction spatiale de la majorité des déplacements (71 % des flux sont internes) liée d’une part à la localisation géographique des zones de précarité, et d’autre part à la restriction des activités des habitants, principalement à des petits boulots du secteur informel. Les déplacements pour les autres motifs sauf les visites, sont marginaux. C’est le cas pour la santé et les loisirs. Cette situation pourrait s’expliquer en partie par le fait que ces populations ont recours à la médecine traditionnelle locale pour leurs soins et consacrent très peu de temps aux loisirs. De ce point de vue, ces populations se déplacent pour des motifs principalement utilitaires. L’état de pauvreté dans lequel elles vivent leur laisse très peu de temps, pour ne pas dire aucun, à consacrer aux loisirs par exemple. Les déplacements dans les quartiers précaires sont majoritairement restreints dans l’espace (quartier, commune) et peu diversifiés au plan des motifs, contrairement à ce qui se passe dans les quartiers considérés plus riches, par exemple dans la commune de Cocody. En effet, si l’on se fonde sur les résultats des enquêtes individus-déplacements effectuées dans la commune de Cocody en 2004 par l’AGETU sur les usagers des transports publics (SOTRA, Gbaka et taxis), 40% des déplacements sont internes à cette commune (avec une grande proportion de Domiciles-Ecoles) contre 60% de flux externes ou intercommunaux 187 dont une forte part d’échanges avec les communes du Plateau (centre administratif et des affaires), de Treichville (zone industrielle et portuaire) et d’Adjamé (zone commerçante et principale gare routière). Les résultats de ces enquêtes dans la commune de Cocody montrent par ailleurs une diversification des motifs avec 39% des déplacements pour les motifs liés au travail, 21% pour les courses administratives, 17% pour les visites ou loisirs, 11% pour l’école ou l’université, 8% pour les achats au marché et 4% pour les courses de santé. 188 Tableau 70 : Matrice Origine Destination (O/D) des déplacements pour le motif Domicile-Travail (nombre de déplacements) D O Abobo Adjamé Attécoubé Grand-Bassam Abobo 5 2 Adjamé 4 46 3 1 21 Attécoubé Cocody Dabou Jacqueville Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Songon Treichville Yopougon TOTAL 5 1 4 1 2 2 15 2 62 2 4 Grand-Bassam Cocody 0 3 10 1 39 1 1 Dabou 2 Koumassi 1 Marcory 1 Plateau 28 4 3 23 1 1 3 2 3 2 3 38 1 1 1 2 1 29 28 1 2 3 44 Songon Treichville 0 1 Yopougon TOTAL 55 0 Jacqueville Port-Bouët 28 14 3 1 5 6 72 31 48 1 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 2 4 1 1 2 36 31 6 Taux interne= 270/378= 71,4% 39 43 52 1 36 52 57 41 378 189 Si les déplacements des populations des quartiers pauvres sont majoritairement localisés ou restreints dans les limites des périmètres communaux, il est bon de savoir quels sont les modes utilisés à cet effet. L’usage des modes de transport (part modale) est renseigné au tableau suivant, en terme de nombre de déplacements quotidiens par mode. Tableau 71 : Nombre de déplacements journaliers par mode de transport utilisé Nombre Part modale de déplacements % A pied 553 49,3 Bicyclette 29 2,4 Pinasse 6 0,5 Mobylette 4 0,3 VP Conducteur 9 0,8 VP Passager 6 0,5 woro-woro 237 21,2 Taxi-compteur 16 1,4 Autobus SOTRA 133 11,9 Bateau bus SOTRA 0 0 Car employeur 2 0,2 Gbaka 120 10,7 Autres 6 0,5 1.121 100 Mode Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les déplacements s’effectuent majoritairement à pied (49%). Parmi les modes motorisés, les woro-woro viennent, en terme de part modale, largement en tête (21,2%) suivi des autobus SOTRA (11,9%) et des gbaka (10,7%). Les autres modes (voiture et deux roues) sont marginalement utilisés. 190 En fait, les déplacements de ces populations commencent généralement à pied et/ou se terminent à pied. Leurs lieux d’habitation pour la plupart sont peu ou ne sont pas desservis par le réseau des transports en commun de la SOTRA, en comparaison des populations des quartiers mieux équipés qui ont une plus grande densité de réseau SOTRA (cf chapitre 4). De ce point de vue, il est difficile d’affirmer que la SOTRA est un transport accessible aux populations défavorisées car les services d’autobus de la SOTRA n’assurent qu’à peine 12 déplacements sur 100 qui émanent des quartiers pauvres, contre près du double qui est assuré par les woro-woro. Si nous considérons l’ensemble des services publics de transport informel (woro-woro et gbaka), ce sont près de 32 déplacements sur 100 qu’ils assurent contre moins de 12 pour la SOTRA. Cette part est plus importante si l’on ne considère que les déplacements motorisés : 66,2% (ou les deux tiers) contre 24,7% (ou seulement le quart) à la SOTRA. Afin de mieux comprendre ces résultats, nous nous intéressons ci-après aux périmètre ou zones de déplacement de ces populations. 3.1.4 Périmètres de déplacement des actifs des quartiers précaires L’analyse précédente des déplacements des populations des quartiers précaires nous a montré que les flux O/D sont majoritairement internes aux quartiers ou aux communes de résidence. Mais, si l’on considère la population active des individus de18 ans et plus, il existe des déplacements inter communaux (extérieurs à la commune de résidence) pour lesquels la distance de parcours et surtout l’accessibilité (moyen et prix de transport) sont des difficultés supplémentaires qu’elle doit surmonter. En effet, si au niveau des flux internes, les déplacements sont assurés en priorité à pied, ou en taxi communal woro-woro, ou en gbaka, les flux externes sont eux assurés en grande partie par les autobus de la SOTRA et par des minibus gbaka sur certaines destinations seulement, car au plan institutionnel, les woro-woro et les gbaka ne sont pas autorisés à desservir 191 certaines zones (l’île de petit bassam par exemple qui regroupe la zone portuaire et industrielle et qui est la principale zone d’emploi de la ville). Nous avons localisé géographiquement sur la carte de la ville, les principaux flux de déplacements origine destination, ce qui nous permet d’avoir une idée des périmètres de déplacement des populations concernées à pied, en woro-woro, en gbaka ou en autobus SOTRA. En fait, à cause de la fixation de la plupart de ces quartiers majoritairement dans les communes situées à la périphérie de la ville (Abobo, Yopougon, Port bouët), leurs populations ont de plus longues distances à parcourir pour se rendre aux mêmes lieux de travail, que la moyenne des populations des autres quartiers, et davantage que celle des quartiers ou communes supposés plus riches (Cocody, Plateau, Marcory…) qui sont par ailleurs mieux desservis en réseau d’autobus et en équipements ou infrastructures socioéconomiques. En fait le rayon considéré n’est pas la distance de déplacement. Il nous donne une indication sur le périmètre ou la zone de déplacement. Pour le calculer nous avons utilisé un logiciel « Adobe Illustrator ». A partir des différents flux Origine-Destination, nous avons configuré sur un fond de carte d’Abidjan, les points de départ ou origine du déplacement et d’arrivée ou destination du déplacement et ensuite tracé les flux. Nous avons mesuré la distance à vol d’oiseau et ramené cette mesure à l’échelle réelle, pour estimer donc les rayons de déplacement. Les flux internes à la commune (déplacements intra communaux) sont indiqués en noir. Les flux externes ou inter communaux sont indiqués dans les autres couleurs. 3.1.4.1 Pour les déplacements à pied L’observation de la carte ci-après, qui donne une localisation géographique des flux origine destination des déplacements à pied, montre que la marche à pied est utilisée aussi bien pour des déplacements intra communaux que pour des déplacements intercommunaux sur de plus longues distances. Mais certains quartiers se distinguent ou montrent leur intérêt pour la marche à pied soit par leur centralité (Adjamé principalement) soit leur relative équilibrage en terme d’habitat et 192 d’emplois (Marcory en particulier) avec beaucoup de déplacements à pied sur de courtes distances. Les déplacements intra communaux à pied s’effectuent dans un rayon de 0,4 à 4 km et ceux intercommunaux, dans un rayon de 1 à 15 km comme indiqué dans le tableau ci-après, avec un rayon moyen variant de 1,4 km à Marcory à 6,6 km à Abobo, ce qui montre que parmi ces populations, certains individus effectuent de longues distances à pied sur des parcours où il existe pourtant des services de transport en commun (autobus SOTRA), mais ils ne peuvent pas payer le prix de ces services. On peut lier la chute ou la diminution du budget transport des populations concernées, constatée chez les ménages Abidjanais ayant un revenu inférieur à 50 000 FCFA/mois (tableau 61, page 167) à ces pratiques ou comportement de mobilité. Tableau 72: Rayons de déplacement des actifs à pied (en km) Communes Rayon intra communal Rayon moyen73 Rayon inter communal Minimum Maximum Minimum Maximum Abobo 3,04 3,48 2,61 14,79 6,64 Adjamé 0,43 4,35 6,26 7,83 4,31 Attécoubé 1,74 3,3 3,39 12,78 3,56 Cocody 2,17 3,31 3,31 6,96 5,15 Koumassi 1,74 2,17 3,56 3,56 2,52 Marcory 0,87 2,95 1,3 1,3 1,43 Port bouet 0,43 4,35 3,04 9,57 4,93 Treichville 2,78 2,78 1,3 7,13 4,52 Yopougon 1,74 3,48 3,65 6,96 4,90 Plateau Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 2" % % $ ' P $ E D 9 (* 9 P < D 9 (* P (Σ' Q9 * Σ' 193 Carte 4 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus à pied 194 3.1.4.2 Pour les déplacements en taxi communal woro-woro Les principaux flux sont schématisés sur la carte ci-après. En principe, les taxis collectifs woro-woro ne sont pas autorisés à desservir deux communes. Ils ont une autorisation circonscrite à l’intérieur du périmètre de la commun où ils sont autorisés à exercer. L’existence de flux intercommunaux de woro-woro traduit au moins deux choses : - la réglementation n’est pas respectée ; - la réglementation n’est pas adaptée aux besoins de déplacement d’une partie des populations qui a des difficultés à prendre l’autobus de la SOTRA. Le tableau ci-après présente les rayons de déplacement en woro-woro. Tableau 73: Rayons de déplacement des actifs en woro-woro (en km) Communes Rayon intra communal Rayon inter communal Rayon moyen Minimum Maximum Minimum Maximum 0,52 4,87 5,04 13,65 4,91 Adjamé 3,04 16,53 6,33 Attécoubé 1,74 4,35 2,75 Abobo Cocody 1,56 3,91 5,39 5,65 6,96 Koumassi 1,47 2,43 2,78 15,48 3,22 Marcory 2,95 4,17 2,78 13,92 4,84 6,52 10 5,99 Plateau Port bouet Treichville 3,04 3,04 4,35 16,18 6,60 Yopougon 3,65 10,17 0,87 5,2 6,37 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 195 L’analyse de ces données montre que les déplacements de ces populations en woro-woro s’effectuent dans un rayon qui se situe entre 500 mètres et 10 km pour les flux internes (déplacement intra communal) et entre 1 et 16,5 km pour les flux externes (déplacement intercommunal), avec un rayon moyen variant de 2,8 km (Attécoubé) à 7 km (Cocody) ; mais ces déplacements intercommunaux sont essentiellement ciblés sur quelques liaisons, surtout pour les motifs domicile-travail /ou école pour lesquels la demande à l’heure de pointe est forte. Sinon les woro-woro ne sont autorisés à n’exercer que sur les segments de desserte intracommunale. 196 Carte 5 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en woro-woro 197 3.1.4.3 Pour les déplacement en minibus gbaka La carte ci-après donne une représentation géographique des principaux flux origine destination des déplacements en gbaka. Ces minibus gbaka qui desservent certains quartiers précaires d’Abidjan ne sont autorisés que sur certaines lignes périurbaines, au départ de la gare routière centrale d’Adjamé. En particulier, les gbaka ne sont pas autorisés à desservir la commune du Plateau, ou à franchir les deux ponts qui relient le reste de la ville au sud et notamment à l’île de petit Bassam qui est la principale zone d’emplois (zone portuaire et industrielle). Cette contrainte institutionnelle pèserait donc sur les conditions de déplacement, en particulier des habitants des quartiers pauvres, puisque l’un de leurs principaux moyens de déplacement motorisé n’est pas autorisé à desservir le principal bassin d’emplois de la ville. Les déplacements en gbaka vers la zone portuaire ou industrielle, nécessiteraient donc pour ces populations pauvres des quartiers précaires, au moins une correspondance avec les autobus ou les bateaux bus de la SOTRA, ce qui est un facteur de renchérissement du prix de leur transport que n’ont pas obligatoirement les populations des autres quartiers mieux équipés. Les déplacements des populations des quartiers précaires sont de ce fait plus contraints. Les minibus gbaka assurent ainsi donc principalement des déplacements intercommunaux et/ou périurbains de moyenne ou longues distances. Le tableau ci-après présente les différents rayons de déplacement de ces populations en gbaka. 198 Tableau 74: Rayons de déplacement des actifs en gbaka (en km) Communes Rayon intra communal Minimum Maximum Rayon inter communal Rayon moyen Minimum Maximum 8,7 13,05 9,52 3,91 10,87 4,47 Attécoubé 1,3 9,57 6,45 Cocody 4,52 9,22 6,37 3,4 10,87 5,81 Abobo Adjamé 3,91 5,22 Koumassi Marcory Plateau Port bouet Treichville Yopougon 4,17 4,17 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Ce tableau montre que les populations des quartiers pauvres se déplacent en gbaka sur un périmètre interne de 4 à 5 km de rayon, exclusivement limité aux communes d’Adjamé (lieu de départ des lignes de gbaka), et de Yopougon (l’une des grande banlieues desservies) et externe de 1 à 13 km de rayon, soit un périmètre plus réduit que pour les déplacements en taxi collectif woro-woro qui sont pourtant des véhicules moins adaptés sur de longues distances. Ceci tient principalement au fait que le réseau gbaka est un réseau beaucoup plus stable (au plan physique) que celui des woro-woro dont la souplesse d’adaptation (selon la demande) amène les transporteurs à modifier couramment les parcours et les points de desserte, surtout là où ne vont pas les autres services (gbaka et autobus SOTRA). Le rayon moyen des déplacements en gbaka varie dans les limites de 4,5 km (Adjamé) à 9,5 km (Abobo). 199 Il faut noter par ailleurs que les gbaka ne sont pas autorisés à desservir toutes les communes d’Abidjan, ils sont restreints aux dessertes des banlieues populaires (Abobo et Yopougon) et accessoirement la traversée de Cocody vers Bingerville, au départ de la gare d’Adjamé, c’est ce qui explique l’absence de flux vers les autres communes. 200 Carte 6 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en gbaka 201 3.1.4.4 Pour les déplacements en autobus SOTRA Nous observons qu’il y a très peu de déplacement intracommunal en autobus et cela tient au mode d’exploitation de la SOTRA qui ne favorise pas les petits déplacements à l’intérieur des quartiers ou des communes. En fait les autobus sont moins utilisés ou presque pas pour les petits déplacements, là ou il existe une forte desserte des taxis collectifs ou des gbaka. Ce sont plutôt les taxis communaux woro-woro qui sont les plus présents sur les segments de desserte intra communale, en dehors de la marche à pied. Les autobus SOTRA sont utilisés par contre par les populations des quartiers pauvres dans leurs déplacements intercommunaux, dans un rayon de 3,5 à 17 km, avec une moyenne se situant entre 5 km (Cocody) et 14 km (Abobo) comme indiqué dans le tableau ci-après. Tableau 75: Rayons de déplacement des actifs en autobus SOTRA (en km) Communes Rayon intra communal Minimum Rayon inter communal Maximum Minimum Rayon moyen Maximum Abobo 13,92 13,92 13,92 Adjamé 10,87 15,22 13,05 4,78 4,78 4,78 6,17 16,09 9,20 5,22 7,39 6,09 Attécoubé Cocody Koumassi 1,74 1,74 Marcory Plateau 0,87 0,87 3,48 6,96 5,22 Port bouet 3,48 3,48 5,22 16,96 8,14 Treichville 2,61 2,61 4,35 14,79 5,50 Yopougon 5,22 5,22 3,91 14,79 8,63 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 202 Carte 7 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en bus 203 Pour conclure cette analyse des lieux géographiques ou périmètres de déplacement des populations des quartiers pauvres, nous retenons que les contraintes institutionnelles qui restreignent les périmètres d’activité des services de transport informel (woro-woro et gbaka) qui paraissent les mieux indiqués pour ces populations, ainsi que le caractère inadapté du mode d’exploitation de la SOTRA pour des courtes distances, constituent une entrave supplémentaire qui rend encore plus difficiles les conditions de déplacement des populations des quartiers pauvres. De façon générale, l’on peut dire qu’il y a une hiérarchisation dans l’utilisation des modes de transport par ces populations, en fonction de la nature ou du type de déplacement, déplacement de proximité ou non, (ce qui est par ailleurs illustré à la carte ci-après, s’agissant des déplacements motorisés) : - la marche à pied, pour les déplacements de proximité ou de courte distance ; - les taxis collectifs woro-woro, pour les déplacements intracommunaux ; - les minibus gbaka, pour les déplacements intercommunaux ou périurbains, là où ces services existent ; - les autobus de la SOTRA pour les déplacements intercommunaux quand les services sont assurés (existence d’une ligne d’autobus). Cette hiérarchie dans l’utilisation des modes est favorisée ou induite par les conditions d’exploitation des services de transport existant actuellement à Abidjan et que nous analyserons par la suite au chapitre 4. Mais nous pouvons à ce stade de l’analyse souligner que : - les taxis collectifs woro-woro ont une desserte localisée, pratiquement de porte à porte, adaptée aux déplacements sur de courtes distances ; - les autobus de la SOTRA ne sont pas adaptés aux déplacements de courte distance, s’agissant en particulier de leur tarification au forfait qui ne tient pas compte des zones desservies ; - les minibus gbaka sont adaptés aux déplacements périurbains de moyenne ou de longue distance, mais la restriction de leur champ d’activité est un handicap pour les populations pauvres. 204 Carte 8 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en woro-woro, gbaka et bus 205 L’analyse de la mobilité des populations des quartiers précaires que l’on aborde ci-après, nous permettra de montrer par ailleurs l’importance relative de ces modes de transport, et en particulier des services de transport informel, pour aider ces populations à sortir éventuellement de la pauvreté grâce à la mobilité. 3.1.5 Mobilité des populations des quartiers précaires d’Abidjan 3.1.5.1 Mobilité selon le mode de transport Les taux de mobilité par mode de transport74 sont donnés au tableau suivant. Pour ceux qui se sont déplacés, ce taux est calculé à titre indicatif par rapport aux 526 individus qui se sont effectivement déplacés. Mais dans l’analyse, les taux pris en compte sont ceux déterminés par rapport à l’échantillonnage total, c’est à dire pour l’effectif total des 975 individus enquêtés. Tableau 76 : Mobilité et répartition modale selon le mode de transport Mode Mobilité Répartition Ceux qui se sont déplacé Echantillonnage total modale % A pied 1,05 0,57 49,3 Autre TNM (bicyclette) 0,05 0,03 2,4 Woro-woro 0,45 0,24 21,2 Autobus SOTRA 0,25 0,14 11,9 Gbaka 0,23 0,12 10,7 Autre TM 0,10 0,05 4,5 2,13 1,15 100,00 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements… 2+ B E $ ! % 206 En considérant l’ensemble de l’échantillon, la mobilité journalière individuelle est de 1,15 en moyenne pour les habitants des quartiers précaires lesquels se déplacent majoritairement à pied (mobilité à pied de 0,57) et en taxi collectif woro-woro (mobilité de 0,24). La mobilité en autobus SOTRA n’est que de 0,14, largement inférieure à celle en taxi collectif woro-woro, mais presque du même ordre que celle en gbaka (0,12). La mobilité non motorisée (à pied ou en transport non motorisé) est de 0,60, légèrement supérieure à la mobilité motorisée qui est de 0,55 (0,24 en taxi collectif woro-woro, 0,12 en minibus gbaka, 0,14 en autobus SOTRA, et 0,05 pour les autres transports motorisés dont voiture et moto). Les résultats de l’étude sur les coûts de dysfonctionnements du système des transports urbains d’Abidjan75 donnent, sur l’ensemble d’Abidjan pour l’année 1998, un taux moyen de mobilité motorisée de 1, double de la mobilité non motorisée estimée à 0,5 (soit une mobilité globale de 1,5). Ces données nous permettent de déduire qu’à l’inverse des populations pauvres qui ont une mobilité non motorisée (0,60) légèrement supérieure à leur mobilité motorisée (0,55), les populations non pauvres ont une mobilité motorisée supérieure à leur mobilité non motorisée, ce qu’on pourrait expliquer entre autres, en plus du revenu, par un taux de motorisation76 nettement supérieur chez ces dernières. La mobilité motorisée des populations pauvres en voiture est pratiquement nulle (moins de 0,06). Dans les transports publics, les taxi collectifs woro-woro se présentent à cet égard comme le mode le plus utilisé par les populations pauvres. Dans la suite de cette analyse de la mobilité, nous cherchons à savoir, dans un environnement de pauvreté, si des facteurs tels que le revenu individuel, le genre, le caractère migrant ou non des individus le statut ou la position de l’individu dans le ménage, certaines spécificités ou 2/ 5 ' 0'5 5 C 2. B 4 &I >,- % $ 2R % ) A 8 #A 8 ,,-! 207 caractéristiques socio-économiques (centralité du quartier, mixité, présence de zone industrielle ou pas, de zone commerçante ou pas etc.) déterminent ou influencent leur mobilité et dans quel sens. 3.1.5.2 Pauvreté et mobilité : un regard à travers le revenu individuel Dans le cadre de cette analyse, nous cherchons à savoir si le revenu individuel influence les mobilités en milieu de pauvreté. La répartition modale et les taux de mobilité selon le revenu sont présentés au tableau suivant : Tableau 78: Répartition modale et mobilité selon les classes de revenu (nombre de déplacements, %) Classes de revenu en FCFA Répartition modale A pied Autre TM Effectif re 389(40%) 0,98 0,55 43(4%) 1,16 0,33 80(8%) 1,17 0,55 444(46%) 1,27 0,55 0 0 0 0 0 0 0 0 20 30 19(2%) 1,58 1,05 (33,3%) (0%) (66,7%) (100%) 553 29 539 1 121 1,15 0,55 160 6 213 382 (41,9%) (1,6%) (56,5%) (100%) 36 0 14 50 (72%) (0%) (28%) (100%) 50 0 44 94 (53,2%) (0%) (46,8%) (100%) 297 23 245 565 (52,5%) (4,0%) (43,5%) (100%) 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 100.000 et plus 10 10.000 à moins de 15.000 15.000 à moins de 25.000 25.000 à moins de 35.000 Total TM/ journaliè Personne Total TNM Moins de 10.000 Mobilité 975( Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 208 La répartition modale renseignée dans ce tableau appelle les principaux commentaires suivants : - dans l’ensemble, les populations des quartiers précaires se déplacent dans des proportions comparables à pied (49% des déplacements) qu’en mode motorisé (48% des déplacements) ; - pour les populations dont les revenus individuels mensuels sont compris entre 25 000 et 35 000 FCFA (soit à peu près le niveau du SMIG en Côte d’Ivoire) et dont les déplacements constituent 46% du total de l’échantillon, la part des déplacements à pied est plus importante avec 52,5% contre 43,5% pour les déplacements motorisés. En tenant compte des autres modes non motorisés (bicyclette), la part des déplacements non motorisés est de 56,5% ; - pour les populations dont les revenus individuels mensuels sont les plus bas, moins de 10 000FCFA par mois (soit inférieur au quart environ du SMIG), et dont les déplacements constituent 40% du total de l’échantillon, la part des déplacements motorisés est par contre plus élevée, avec 56,5% contre 43,5% (dont 42% à pied) de déplacements non motorisés, ce qui semble paradoxal puisque la mobilité motorisée évolue en principe dans le même sens que le revenu, mais ce résultat peut s’expliquer car ces personnes ne supportent pas le plus souvent la totalité des coûts de leurs déplacements motorisés comme nous le verrons ci-après. L’observation des taux de mobilité journalière montre une certaine tendance d’évolution dans le sens du revenu : de 0,98 pour les plus faibles revenus à 1,58 pour les plus élevés. De même, le taux de déplacements en mode motorisé varie dans le sens du revenu, ce qui est normal : 0,5 pour les plus faibles revenus à 1 pour les plus élevés. Mais, il y a lieu d’interpréter ces résultats avec une certaine prudence statistique car en milieu de pauvreté, les revenus individuels ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de la mobilité. Nous pensons que les comportements des individus pauvres dans leur vie quotidienne sont aussi des facteurs, parfois les plus déterminants. En effet, dans bien des cas, ce n’est pas par leur revenu individuel (y compris les revenus transférés) que ces populations financent leurs déplacements motorisés car elles font souvent appel aux réseaux familiaux ou sociaux qui 209 jouent un rôle important en Afrique Sub saharienne en général et dans les milieux ou quartiers pauvres en particulier. L’absence de revenu n’est de ce fait pas un facteur absolu d’immobilité. Le tableau ci-après nous renseigne sur la façon dont les déplacements de ces populations sont financés, ce qui nous permettrait par ailleurs d’apporter un autre éclairage par rapport à la relation entre mobilité et revenu (ou pauvreté). Il s’agit ici des déplacements faits en transport public (taxi collectif woro-woro, minibus gbaka, autobus SOTRA, taxi compteur). Tableau 79 : Mode de financement des déplacements par classe de revenu (nombre de déplacements, %) Classes de revenu en Vous-mêmes Quelqu’un Employeur Autre Total d’autre du FCFA ménage Moins de 10.000 107(49,1%) 69(31,7%) 0(0%) 42(19,2%) 218(100%) 10.000 à moins de 15.000 13(81,3%) 0(0%) 2(12,5%) 1(6,3%) 16(100%) 15.000 à moins de 25.000 36(81,8%) 0(0%) 2(4,5%) 6(13,6%) 44(100%) 25.000 à moins de 35.000 214(88,8%) 4(1,7%) 0(0%) 23(0,8%) 241(100%) 35.000 à moins de 50.000 0(0%) 0(0%) 0(0%) 0(0%) 0(0%) 50.000 à moins de 100.000 0(0%) 0(0%) 0(0%) 0(0%) 0(0%) 18(100%) 0(0%) 0(0%) 0(0%) 18(100%) 100.000 et plus Total 388 73 4 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements 72 537 210 Les données de ce tableau indiquent que pour l’ensemble des déplacements en transport public effectués par les populations de l’échantillon enquêté, les 72% environ des déplacements sont financés par les individus qui se sont déplacés, contre 28% de déplacements dont les coûts ne sont pas supportés par ceux là mêmes qui se sont déplacés. Cette part d’autofinancement est encore plus faible et même minoritaire chez les individus dont le revenu est très faible (moins de 15 000FCFA), avec seulement 49% des déplacements financés sur leur revenu propre, contre 51% qui sont financés par d’autres personnes. Ces résultats montrent qu’une part importante des déplacements des individus des quartiers pauvres est financée par quelqu’un d’autre et cette proportion est d’autant plus importante que le revenu est plus faible. En d’autres termes, la part des déplacements financés par ceux là mêmes qui se déplacent augmente avec le revenu, ce qui est normal. Les pratiques de déplacement et les comportements de mobilité de ces populations pauvres sont à cet égard influencés par d’autres paramètres (environnementaux, culturels, sociaux) en plus de ceux exclusivement liés aux revenus monétaires individuels, c’est ce qui peut expliquer en partie le fait que les extrêmes pauvres (revenu inférieur à 10 000 FCFA) ont une mobilité motorisée relativement plus élevée que leur mobilité à pied. Si l’on regarde de près le mode de financement des déplacements motorisés par catégorie de transport, on remarque qu’il existe une grande différence entre les transports informels (woroworo et gbaka) et la SOTRA, comme nous le renseigne le tableau suivant. 211 Tableau 80 : Mode de financement des déplacements par catégorie de transport (nombre de déplacements, %) Mode de financement Woro-woro Gbaka Autobus SOTRA Total Vous-mêmes 190 (80%) 97 (81%) 70 (53%) 35777 (73%) Autre 47 (20%) 23 (19%) 63 (47%) 13378 (27%) Total 237 (100%) 120 (100%) 133 (100%) 49079 (100%) Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Alors que la part des déplacements financés soi-même est de 80% pour les déplacements en transport informel (woro-woro et gbaka), elle n’est que de 53 % pour les déplacements en autobus de la SOTRA pour lesquels une proportion importante (47%) est financée par autrui. Ce résultat peut s’expliquer par le système de cartes hebdomadaires ou mensuelles de transport pratiqué par la SOTRA et qui n’existe pas sur les autres types de transport. Chez la majorité des populations pauvres, les cartes sont souvent payées par un parent ou un ami. La relation entre pauvreté et mobilité, observée de façon classique, par la variation de la mobilité motorisée dans le même sens que le revenu, peut être biaisée dans certaines circonstances. En effet, nous observons ici, dans le cas des quartiers précaires d’Abidjan, que les populations pauvres qui y vivent ont une mobilité motorisée qui semble relativement élevée, mais ceci s’explique entre autres par le fait qu’elles ont d’autres alternatives pour avoir de la mobilité, malgré le manque ou à la faiblesse des revenus : - le recours plus systématique à la marche à pieds, parfois sur de longues distances ; - le recours à des réseaux sociaux pour financer des déplacements motorisés. 22 B# ? $$ C ! 22, $ E 212 Il semble que c’est beaucoup plus la façon dont la pauvreté est vécue, et en particulier de la volonté plus ou moins forte d’en sortir, qui détermine les comportements de mobilité en milieu pauvre. Nous avons dans ce sens cherché à savoir si le fait d’être un actif ou pas, l’un des facteurs qui influencent la mobilité, est déterminant pour le financement des déplacements en milieu pauvre. Les tableaux suivants nous renseignent sur les résultats. Tableau 81 : Financement des déplacements par classe de revenu pour les actifs (nombre de déplacements, %) Classes de revenu en Vous-mêmes Quelqu’un Employeur Autre Total d’autre du FCFA ménage Moins de 10.000 35 4 0 5 44 10.000 à moins de 15.000 13 2 0 1 16 15.000 à moins de 25.000 34 6 4 0 44 25.000 à moins de 35.000 211 4 0 22 237 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 0 0 0 100.000 et plus 18 0 0 0 18 Total 311 16 4 28 359 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Nous observons que les 87% environ des déplacements des actifs sont financés par euxmêmes sur leurs revenus propres, contre 13% qui le sont par d’autres sources. 213 Tableau 82 : Financement des déplacements par classe de revenu pour les inactifs (nombre de déplacements, %) Classes de revenu en Vous-mêmes Quelqu’un Employeur Autre Total d’autre du FCFA ménage Moins de 10.000 77 57 0 40 174 10.000 à moins de 15.000 0 0 0 0 0 15.000 à moins de 25.000 0 0 0 0 0 25.000 à moins de 35.000 0 0 0 4 4 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 0 0 0 100.000 et plus 0 0 0 0 0 Total 77 57 0 44 178 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Chez les inactifs, nous observons que seulement 43% de leurs déplacements sont financés sur leurs propres revenus individuels contre 57% (soit la majorité) qui le sont sur d’autres sources. L’analyse des données des deux tableaux ci-avant montre principalement que le recours des pauvres au réseau social pour financer une bonne part de leurs déplacements motorisés est moins systématique chez les actifs qui ont une mobilité moyenne de 1,29 que chez les inactifs dont la mobilité moyenne n’est que de 0,93, ce qui paraît normal. 214 Si nous regardons la façon dont les déplacements sont financés, selon les motifs de déplacement, il ressort que : - dans 75% des cas, les déplacements financés par ceux-là mêmes des individus qui se sont déplacés concernent les motifs liés au travail ; - les déplacements financés par des personnes autres que les individus qui se sont déplacés concernent, pour 38% d’entre eux, les motifs liés au travail et pour 62%, des motifs divers (visites, courses, santé, écoles, etc.). Il semble donc que les revenus individuels sont plus systématiquement utilisés par les populations pauvres pour financer leurs déplacements dont les motifs sont liés au travail. Dans les quartiers précaires, une bonne part de la population est constituée de non nationaux ou populations migrantes. Il serait pertinent de savoir s’il y a une différence significative entre les nationaux ivoiriens et les non nationaux (ou migrants) du point de vue de la pauvreté (revenu) et donc de leur mobilité. 3.1.5.3 Migration et mobilité : un regard à travers la pauvreté L’observation de la pauvreté par le critère du revenu, entre les populations nationales et celles migrantes (non ivoiriennes) pourrait donner par ailleurs un profil pertinent en ce sens qu’elle nous permettrait de savoir si les migrants sont plus ou moins pauvres ou plus ou moins mobiles que les nationaux ivoiriens. Au plan du revenu individuel, le tableau ci-après nous renseigne à cette fin sur la distribution de l’échantillon des individus enquêtés par classe de revenu et par nationalité. 215 Tableau 83 : Distribution de l’échantillon par nationalité et classe de revenu Nationaux Non nationaux ou Classes de revenu en FCFA Total Migrants Effectif % Effectif % Effectif % Moins de 10.000 315 47,2 74 24,0 389 40,0 10.000 à moins de 15.000 22 3,3 21 6,8 43 4,4 15.000 à moins de 25.000 42 6,3 38 12,3 80 8,2 25.000 à moins de 35.000 275 41,2 169 54,9 444 45,5 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 0 0 0 0 100.000 et plus 13 2,0 6 2,0 19 1,9 Total 667 100,0 308 100,0 975 100,0 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Dans les quartiers précaires, environ 30% des habitants sont des migrants non nationaux contre 70% de nationaux. L’observation des profils de pauvreté par nationalité sur la base du critère du revenu, montre principalement que (toutes choses étant égales par ailleurs) : - une majorité de nationaux, soit près de 57%, a un revenu mensuel inférieur à 25 000FCFA, tandis que cette proportion est de 43% chez les populations migrantes ; - la proportion des extrêmes pauvres (revenu mensuel inférieur à 10 000 FCFA) des nationaux qui est d’un peu plus de 47% est près du double de celle des migrants (24%). De ce point de vue, dans les quartiers précaires ou pauvres, les populations migrantes ne sont pas plus pauvres que les nationaux. 216 Si dans l’ensemble, un habitant des quartiers précaires a un revenu mensuel moyen de l’ordre de 19 740 FCFA, soit à peu près 658 FCFA (équivalent de 1 Euro) par jour, cette moyenne est plus élevée chez les populations migrantes avec 22 680 FCFA (équivalent de 1,15 Euro par jour), contre 18 392 FCFA (équivalent de 90 centimes d’Euros par jour) chez les nationaux. Nous pensons que ce écart de revenu, toutes autres choses étant égales par ailleurs, pourrait s’expliquer par le fait que les populations migrantes cherchent toujours à exercer une activité là où beaucoup de nationaux pauvres, au lieu de chercher à être actifs, ont tendance à compter plus souvent sur des réseaux familiaux ou d’amis. La distribution des actifs et non actifs de l’échantillon par nationalité, renseignée dans le tableau ci-après, nous conforte dans cette explication, car elle montre que la proportion d’individus inactifs de l’échantillon est de 2,4 fois plus importante chez les nationaux ivoiriens (36%) que chez les populations migrantes ou non nationaux (15%). Le rapport est encore plus important en ne considérant que les hommes qui constituent généralement la majorité des migrants : 36% d’inactifs chez les nationaux homme contre seulement 5% d’inactifs hommes chez les migrants. 217 Tableau 84 : Distribution de l’échantillon par nationalité, selon que les individus sont actifs ou non (nombre d’individus) Nationalité et genre Actifs Non actifs Non précisé Total 406 238 23 667 Hommes 230 137 15 382 Femmes 171 98 8 277 5 3 0 8 259 46 3 308 Hommes 178 9 1 188 Femmes 79 37 2 118 Non précisé 2 0 0 2 665 284 26 975 Hommes 408 146 16 570 Femmes 250 135 10 395 7 3 0 10 Nationaux ivoiriens Non précisé Non nationaux ou migrants Total Non précisé Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements A travers l’analyse ci-après, nous cherchons à savoir si les populations migrantes qui sont majoritairement plus actives sont plus ou moins mobiles que les nationaux. Les données comparatives sur les mobilités de ces deux catégories de populations sont renseignées au tableau suivant : 218 Tableau 85: Mobilité selon la nationalité Nationaux Non nationaux Ensemble ou migrants échantillon Nombre de déplacements journaliers 747 374 1121 Effectifs 667 308 975 Mobilité 1,12 1,21 1,15 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Sur la base des résultats de ce tableau, l’on peut dire que les non nationaux ou populations migrantes sont plus mobiles que les nationaux, avec une mobilité journalière moyenne de 1,21 contre 1,12. Ce résultat peut s’expliquer en particulier par les raisons suivantes : - les populations migrantes pauvres ont une plus forte proportion d’actifs et ont un revenu moyen relativement plus élevé que les populations nationales pauvres ; - elles ont un fort besoin d’intégration, ce qui favorise ou crée de la mobilité. Dans l’analyse qui suit, nous cherchons à savoir si le genre influence éventuellement le revenu des pauvres ainsi que leur mobilité. 3.1.5.4 Genre et mobilité : un regard à travers la pauvreté Généralement, il est établi qu’il existe une relation entre pauvreté et genre, du fait d’une plus grande vulnérabilité de la femme, relativement à l’homme, devant les mêmes opportunités économiques ou sociales. Nous pensons qu’en milieu précaire ou pauvre (les quartiers qui sont concernés ici) cette relation peut être testée sur la base des revenus, ce que renseigne le tableau suivant. 219 Tableau 86: Distribution des individus de l’échantillon selon le genre, par classe de revenu Classes de revenu en FCFA Homme Femme Non précisé Total 200 (35,0%) 185 (46,8%) 4 389 10.000 à moins de 15.000 20 (3,5%) 22 (5,6%) 1 43 15.000 à moins de 25.000 34 (6,0%) 46 (11,6%) 0 80 25.000 à moins de 35.000 302 (53,0%) 137 (34,7%) 5 444 35.000 à moins de 50.000 0 0 0 0 50.000 à moins de 100.000 0 0 0 0 14 (2,5%) 5 (1,3%) 0 (0%) 19 570 (100,0%) 395 (100,0%) 10 975 Moins de 10.000 100.000 et plus Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements L’analyse de la pauvreté selon le genre, sur la base du critère de revenu permet de faire les observations suivantes tirées des chiffres du tableau ci-dessus : - une majorité de femmes, soit 64%, a un revenu mensuel inférieur à 25 000FCFA par mois (soit moins de 1,27 Euro par jour) ; cette proportion est de 44,5% chez les hommes ; - la part des femmes extrêmes pauvres (revenu inférieur à 10 000FCFA par mois soit moins de 50 centimes d’Euro par jour) est plus importante que celle des hommes extrêmes pauvres (47% contre 35%) ; - le revenu moyen mensuel de la femme pauvre des quartiers précaires est de 17070 FCFA contre 21 787 FCFA chez l’homme pauvre. Partant de ces résultats et toutes choses étant égales par ailleurs, nous pouvons déduire que dans les quartiers précaires d’Abidjan, la pauvreté toucherait, en terme relatif, une plus grande proportion de femmes que d’hommes. 220 Si donc dans les quartiers précaires les femmes sont relativement plus pauvres que les hommes, qu’en est il de leur mobilité par rapport à celle des hommes ? En considérant la population totale enquêtée, les mobilités selon le genre sont indiquées dans le tableau suivant : Tableau 87 : Mobilité selon le genre Genre à pied woro- autobus gbaka Autres woro Homme Femme Ensemble Autres TNM TM Total Nbre de déplacements 342 154 94 79 26 37 732 Mobilité 0,60 0,27 0,16 0,14 0,05 0,06 1,28 Nbre de déplacements 211 83 39 41 3 12 389 Mobilité 0,53 0,21 0,10 0,10 0,01 0,03 0,98 Nbre de déplacements 553 237 133 120 29 49 1121 Mobilité 0,57 0,24 0,14 0,12 0,03 0,05 1,15 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les résultats de ce tableau montrent que dans l’ensemble, les hommes sont plus mobiles que les femmes (mobilité moyenne de 1,28 contre 0,98). Cette tendance est observée quel que soit le mode de transport, mais l’écart est plus important si la mobilité est liée au travail et plus généralement pour les déplacements en semaine (mobilité de 1,16 chez l’homme contre 0,74 chez la femme). Nous pensons que ce résultat est probablement du au fait qu’en général, la mobilité motorisée varie dans le même sens que le revenu et que, comme nous l’avons vérifié dans le cas qui nous concerne ici sur la base des revenus individuels, la pauvreté touche beaucoup plus la femme que l’homme. Pour les déplacements de week-end ou principalement pour les motifs liés à la vie sociale (visite, culte, cérémonies, etc.) les femmes sont plus mobiles que les hommes avec des taux moyens respectifs de mobilité de 0,18 contre 0,12, et ceci s’explique, car dans l’environnement des quartiers pauvres, les femmes tiennent un rôle majeur à travers des 221 activités socioculturelles de quartier (visite, baptême, culte, cérémonies de mariage, etc.) qui se déroulent généralement en fin de semaine. On peut de ce point de vue dire que, de façon générale, les femmes étant relativement plus pauvres que les hommes, elles ont une plus faible mobilité comparée à celle des hommes. Toutefois, pour certaines activités spécifiques, les femmes sont plus mobiles et le fait d’être relativement plus pauvres n’est pas un frein à cette mobilité relative supérieure. Dans le paragraphe qui suit, nous nous intéressons à la mobilité des individus selon leur position dans le ménage. 3.1.5.5 Position dans le ménage et mobilité : un regard à travers la pauvreté Dans cette analyse, nous cherchons à savoir si la position de l’individu dans le ménage a une influence significative sur sa mobilité. Les données sont renseignées dans le tableau suivant. Tableau 88 : Revenus moyens et mobilité selon la position des individus dans le ménage (ensemble des 975 individus de l’échantillon) Position dans le Nombre ménage déplacements de Effectifs individus des Mobilité Revenu moyen journalière FCFA/mois Chef de ménage 365 290 1,26 27 781 Conjoint 177 195 0,91 21 345 Enfant 374 340 1,10 11 890 Autre parent 83 61 1,36 17 990 Autre 80 59 1,36 23 262 Non précisé 42 30 - - 1 121 975 1,15 19 740 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Le chef de ménage étant généralement un homme et le conjoint une femme, nous retrouvons ici, pratiquement une équivalence entre les niveaux de mobilité : 1,26 pour l’individu chef de 222 ménage (homme :1,28) et 0,91 pour l’individu conjoint (femme : 0,98) avec des revenus moyens respectifs de 27 781 FCFA et de 21 345 FCFA. Nous observons toutefois que les individus constitués d’autres parents ou divers autres (amis, etc.) sont relativement plus mobiles (mobilité moyenne de 1,36) du fait probablement qu’ils sont beaucoup plus amenés à se déplacer car ils sont constitués pour la majorité d’entre eux (67%) d’élèves ou d’actifs. Nous notons par ailleurs que la mobilité des enfants est relativement élevés (1,10) en comparaisons de celle du conjoint ou de la femme, avec un revenu moyen pratiquement de moitié, et cela serait du au fait que les enfants sont le plus souvent chargés de faire des commissions ou des courses de leurs parents. Ainsi donc, la position de l’individu pauvre dans le ménage semble influencer la mobilité dans le sens où la responsabilité implique plus de déplacements, mais c’est beaucoup plus l’occupation ou non de l’individu qui agit le plus sur sa mobilité. 3.1.5.6 Caractéristiques ou singularités des quartiers et mobilité : un regard à travers la pauvreté A travers cette analyse, nous cherchons à savoir si certaines spécificités des communes qui abritent ces quartiers ont une influence significative sur la mobilité des individus qui y vivent. Les tableaux ci-après nous renseignent sur les données comparatives correspondantes issues du traitement de nos enquêtes. 223 Tableau 89 : Répartition modale (nombre de déplacements) par commune Communes A pied Woro- Autobus de woro SOTRA Gbaka Autres Autres Total TNM TM déplacements résidence Abobo 21(22,6% 32(34,4% 19(20,4% 14(15%) Adjamé ) ) ) Attécoubé 80(47,3% 22(13,0% 3(1,8%) Cocody ) Koumassi 48(34%) Marcory ) Port-bouët ) e ) 17(14,7% 20(17,5% ) 76(65,5% ) ) ) 26(24,3% 9(7,9%) 77(67,5% ) ) ) 43(40,6% 21(19,6% yopougon 41(38,3% ) ) 12(8,9%) 20(14,8% 15(14,2% Treichvill 40(37,7% ) 55(32,5% ) 21(15%) 93(100%) 9(5,3%) 169(100%) - 5(3,5%) 141(100%) - 2(1,5%) 135(100%) ) 5(3,7% 5(4,7%) 106(100%) 8(5,9%) ) ) 16(11,3% 33(23,5% 39(27,7% ) 88(65,2% ) 5(5,4% 2(2,2%) 12(11,2% 107(100%) - 3(2,8% ) 114(100%) - ) 116(100%) - 7(6,5% 3(2,6%) - ) 8(7%) 140(100%) 3(2,1%) - 10(7,2%) 7(6%) 2(1,4% ) 13(11,2% 82(58,6% ) ) 22(15,7% ) Ensemble 553(49%) 237(21%) 133(12%) 120(11%) 29(3%) 49(4%) 1121(100% ) Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements En se fondant sur les parts modales par commune, la marche à pied semble prépondérante chez les habitants des quartiers précaires de Port-bouet (67,5%), de Cocody (65,2%), de Treichville (65,5%) et de Yopougon (58,6%) et nous pensons que cela s’explique, entre autres, par le fait que les quartiers précaires de ces communes sont situés en plein tissu urbain 224 et sont pour la plupart enclavés ou dépourvus d’infrastructures d’accès direct par les services de transport public. L’observation de la mobilité par commune dont les éléments sont renseignés au tableau ciaprès permet par ailleurs de mesurer l’effet de certaines spécificités des quartiers sur la mobilité de leurs populations. 225 Tableau 90 : Mobilités et revenu par commune de résidence des individus (ensemble de l’échantillon) Communes Nombre de Mobilité moyenne Revenus individuels déplacements journalière moyens FCFA/mois Effectif Abobo 86 93 1,08 14 395 Adjamé 110 169 1,54 22 205 Attécoubé 102 141 1,38 17 206 Cocody 107 135 1,26 19 135 Koumassi 105 106 1,01 21 712 Marcory 108 107 0,99 18 680 Port-bouët 109 114 1,05 18 490 Treichville 105 116 1,11 21 904 yopougon 143 140 0,98 18 374 Ensemble 975 1 121 1,15 19 740 Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Les quartiers pour lesquels les revenus individuels moyens sont parmi les plus faibles (inférieur à la moyenne), sont ceux localisés surtout dans la banlieue populeuse d’Abobo (avec un revenu individuel moyen de 14 395 FCFA/mois), dans la commune dortoir d’Attécoubé (avec 17 206 FCFA/mois), dans la banlieue populaire de Yopougon (avec 18 374 FCFA/mois) et dans les communes dortoirs de Port-bouet (avec 18 490 FCFA/mois) et de Marcory (avec 18 680 FCFA/mois). On note des niveaux supérieurs à la moyenne pour certaines communes et nous pensons que cela est probablement du à la présence d’une zone industrielle qui peut valoriser beaucoup plus les emplois, comme c’est le cas notamment pour Treichville qui renferme la zone industrielle et portuaire, Koumassi qui renferme une zone industrielle quand bien même ce sont également des communes d’habitat social ou économique. Le cas d’Adjamé s’explique quant à lui par la situation centrale de cette commune, principale zone commerçante qui renferme la grande gare routière. Celui de Cocody peut s’expliquer par le fait que c’est la 226 commune où résident une majorité de populations à hauts revenus et qui offres des emplois de services de maison relativement bien rémunérés par rapport aux emplois similaires existants dans les autres communes. De façon générale, nous observons que les revenus individuels moyens sont les plus faibles pour les quartiers localisés dans les communes dortoirs et les plus élevés pour ceux des quartiers localisés dans les communes où il existe une activité industrielle ou commerçante, et donc qui présente une certaine viabilité économique. Par rapport à la mobilité, la commune d’Adjamé, caractérisée par sa situation centrale et par ses activités commerçantes de marché et celles relatives à la gare routière, présente le taux de mobilité le plus élevé avec 1,54. La commune d’Attécoubé qui jouxte celle d’Adjamé suit avec 1,38, vient ensuite celle de Cocody avec 1,26. Les quartiers situés dans les communes qui ne présentent pas de caractéristiques mixtes (zones essentiellement d’habitat) ou qui sont des banlieues populeuses situées à la périphérie (Abobo en particulier et Yopougon) offrent ainsi les taux les plus faibles. Même si ces chiffres n’expriment pas une tendance tout à fait nette, nous pensons que certaines spécificités des communes où sont localisés les quartiers pauvres (centralité, présence d’activités industrielles ou commerçantes, mixité, caractère uniquement dortoir ou pas) ont une influence sur la mobilité des individus qui habitent ces quartiers. Nous pouvons à cet égard rappeler par ailleurs que l’enquête ménages réalisée par l’ex-DCGTx en 1988 (la seule réalisée jusqu’ici à Abidjan) montre une variation de la mobilité : - selon le type d’habitat (résidentiel, collectif, évolutif ou spontané) ; - selon la commune (du fait que les communes d’Abidjan sont caractérisées par un type d’habitat relativement homogène). Le taux moyen de mobilité des habitants des quartiers spontanés (ou précaires) était de 1,20 en 1988, comparable au taux de 1,15 obtenu dans le cadre de notre enquête. Même si les méthodologies des deux estimations diffèrent, on peut expliquer cette quasi stagnation de la mobilité des habitants des quartiers pauvres en particulier par les facteurs suivants : 227 - un recul de la mobilité motorisée des individus pauvres, du fait de la persistance et de l’accentuation de la crise économique, ainsi que de la détérioration de l’offre de service public de transport en commun (SOTRA) ; - un transfert probable de certains déplacements motorisés vers la marche à pied ; - un étalement urbain qui fait appel à plus de déplacements motorisés du fait d’un allongement des parcours. Toutefois, compte tenu du fait que notre enquête individus-déplacements a été réalisée par interview, sur les voies, les gares, les stations d’arrêt ou les places publiques, et non au domicile des individus comme pour une enquête ménage classique, les personnes non mobiles ou à mobilité réduite ne seraient pas bien représentées dans l’échantillon enquêté, ce qui pourrait conduire à une surestimation de la mobilité estimée à partir de notre enquête. Dans cette éventualité, on dirait plutôt que par rapport à 1988, et même aux estimations des études de 199880, la mobilité motorisée dans les quartiers pauvres serait en recul. L’analyse des principaux facteurs de mobilité des populations pauvres des quartiers précaires nous permettrait de mieux comprendre leurs comportements de mobilité et leurs déplacements. - 5 ' 0'5 5 C % $ % ) #A 8 228 3.2 PRINCIPAUX FACTEURS DE MOBILITE DES POPULATIONS DES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN 3.2.1 Les quartiers précaires d’Abidjan ou des villages dans la ville L’observation du processus de formation des quartiers précaires dans la ville d’Abidjan montre que dans bien des cas, cette dynamique s’apparente à celle de la création des campements que nous connaissons chez nous, en marge des territoires de nos villages. En effet, de même que le campement naît du choix des paysans à s’installer à proximité de leurs plantations, le quartier précaire naît, dans une large mesure, de la volonté de populations défavorisées de se rapprocher de leurs lieux de travail. Cette comparaison n’est pas pour simplifier une réalité urbaine beaucoup plus complexe. Elle a tout simplement le mérite de décrire et d’expliquer la facilité avec laquelle les quartiers précaires naissent spontanément et se consolident dans la durée en plein milieu urbain à Abidjan. Dans beaucoup de cas, si le quartier n’est pas issu d’un noyau villageois rattrapé par la tâche urbaine, le processus de naissance part d’une baraque qu’érige un gardien de maison ou de terrain en construction, pour pouvoir se loger sur place ou dans les environs de son lieu de travail. Ensuite, il fera venir son épouse, puis éventuellement ses enfants. Plus tard, c’est un compatriote qu’il fera venir comme un deuxième gardien et une seconde baraque verra ainsi le jour. Petit à petit, dans la clandestinité ou dans l’indifférence des autorités, la baraque qui n’était que provisoire gagne du terrain, s’agrandit et se consolide en un espace habité. C’est le même processus si à la place du gardien, on a un ferronnier ou un vendeur de charbon de bois qui commence à s’installer sur un terrain vague, un jardinier ou un agriculteur urbain qui s’installe dans un bas-fond pour exercer une activité. 229 A partir de cet exemple bien réducteur d’une dynamique spatiale autrement plus difficile à cerner, nous pouvons mieux comprendre les comportements de mobilité des populations vivant dans les quartiers précaires d’Abidjan. En fait, pour ces populations, la ville n’est vécue que dans un format réduit, à l’échelle du quartier ou au mieux, de la commune de localisation du quartier. Par exemple, dans ces quartiers, les populations disent couramment « je vais à Abidjan », pour vouloir dire « je vais à Adjamé, au Plateau ou à Treichville » qui sont des communes situées au cœur d’Abidjan. Elles expriment de ce point de vue, un comportement ou un sentiment d’exclusion ou de non appartenance à la ville. L’analyse de la dynamique sociale interne à ces quartiers, qui s’exprime notamment à travers l’activité des principaux acteurs locaux, les relations intercommunautaires, les initiatives locales de mobilisation et d’implications des populations à la vie desdits quartiers, permettrait de mieux renseigner leurs différents besoins et comportements de mobilité. 3.2.2 Dynamique sociale et comportements de mobilité dans les quartiers précaires d’Abidjan 3.2.2.1 Les principaux acteurs locaux : mobilisation et implication dans la vie des quartiers La vie sociale, culturelle, religieuse et économique dans les quartiers est organisée autour d’un certain nombre d’acteurs locaux dont la position hiérarchique est empruntée à l’organisation hiérarchique traditionnelle de nos villages. Il y a un chef de quartier, un notable choisi parmi les plus anciens résidents pour sa sagesse et dont l’autorité s’exerce à travers des chefs de communautés ethniques, religieuses, nationales, étrangères, etc. Au plan beaucoup plus actif, il y a les associations de jeunes et celles des femmes du quartier. Ces différentes associations, véritables réseaux d’information et de communication, constituent les vraies animatrices de la vie sociale, culturelle et économique des quartiers. Leurs mobilisations et surtout leurs implications dans l’exploitation ou l’animation des 230 « maquis »81, des buvettes, des petits marchés locaux, voire des lieux de culte (mosquées et églises) leur confèrent un rôle d’acteurs majeurs dans ces quartiers. Une nouvelle activité est née depuis l’avènement de la crise socio politique de septembre 2002 que vit le pays. C’est la constitution de jeunes des quartiers en groupes d’autodéfenses pour assurer la sécurité des habitants , là où la présence ou les patrouilles des forces régulières de police font défaut. La distribution de l’échantillon d’enquêtes selon la participation ou non des personnes aux activités communautaires du quartier est donnée au tableau suivant : Tableau 91 : Distribution de l’échantillon selon la participation ou non aux activités communautaires du quartiers Activités communautaires Effectif % Associations de quartier 269 51,8 Tontines 155 29,3 Autres activités associatives 105 19,8 521 100,0 Total Source : Doctorante d’après notre enquête individus déplacements Plus de la moitié (54 %) des personnes enquêtées disent participer à des activités communautaires (culturelles, religieuses, économiques et sociales). Cependant, il faut noter qu’on ne retrouve pas ce résultat dans les déplacements selon les motifs liés aux visites ou aux activités sociales ou culturelles (6,2%). Les deux résultats ne sont pas comparables car l’un est une réponse par rapport à l’échantillon enquêté et l’autre se mesure en terme de déplacements. - S T B ! < % < 231 Par ailleurs, 80 % des personnes enquêtées jugent bonne l’entente sociale dans le quartier, contre seulement 4,5 % qui n’ont aucune relation de voisinage. Cette organisation sociale, culturelle ou religieuse qui pourrait s’apparenter à une discipline collective de survie des populations concernées, pour répondre à des besoins spécifiques locaux, même conjoncturels dans certains cas, influence leurs comportements de mobilité. Par exemple, le fait de se réunir une fois par semaine, de se rendre à la mosquée du quartier tous les vendredis ou à l’église du quartier tous les dimanches, ou de fréquenter le marché du quartier quotidiennement, ont consolidé des habitudes de vie en communauté. Ces habitudes qui sont des déterminants de leur mobilité individuelle ou collective peuvent s’analyser par ailleurs à travers les relations intercommunautaires. 3.2.2.2 Les relations intercommunautaires De façon générale, les quartiers regroupent plusieurs communautés ethniques et /ou de nationalités. Ces communautés ethniques, nationales ou étrangères disséminées à travers les différents quartiers sont en relation sur une base ethnique, religieuse et/ou de nationalité. Ces relations inter communautaires sont consolidées au sein d’associations ou de collectifs qui constituent par ailleurs un creuset fertile pour le rapprochement des différents quartiers ou des communautés, ce qui favorise l’assistance, l’entraide, la solidarité et le partage de valeurs culturelles, religieuses ou mêmes ethniques communes. Ces relations intercommunautaires et en particulier leur fonctionnement de tous les jours ou leur mise à l’épreuve ont ainsi un impact sur les comportements de mobilité dans les quartiers concernés. De ce point de vue et au contraire de ce qui se passe dans les quartiers plus favorisés, nous observons que les valeurs de solidarité, d’assistance, ou de vie en communauté (sans repli sur soi) qui fondent les principes qui déterminent la façon de vivre ou les comportements des gens dans nos villages, et qui ont pratiquement disparu en milieu urbain, se retrouvent dans les quartiers pauvres à Abidjan. A cet égard, l’on peut donc dire que ces gens sont certes pauvres, mais pas miséreux. 232 Si la pauvreté peut être vécue comme un sentiment de rejet, d’exclusion, d’insécurité alimentaire, économique et même sociale, et dans certains cas comme le fait de ne pas pouvoir se loger décemment, ou tout simplement comme un sentiment de dépendance de quelqu’un d’autre, nous avons observé, le temps d’une visite dans ces quartiers, que les gens sont heureux malgré leur pauvreté, parce qu’ils se sentent appartenir à une communauté sociale, religieuse voire ethnique qui les protège. Ainsi donc, le sentiment de partager, d’avoir quelque chose en commun avec les membres d’une communauté est valorisant et est vécu comme une certaine « richesse » grâce en partie à la mobilité. 3.2.2.3 Hiérarchie des besoins en principaux équipements dans les quartiers précaires En se fondant sur les données de l’étude BNETD/PACOM82, nous pouvons établir une hiérarchie des principaux équipements que les populations des quartiers précaires considèrent comme les plus importants pour leurs besoins. Le tableau ci-après nous renseigne sur cette hiérarchie, selon le nombre de ménages interrogés. - 7 '9 &A5D 9 & < #A # < 8 8 # + < 233 Tableau 92 : Hiérarchie des principaux équipements demandés dans les quartiers précaires. Equipement 1er choix 2ieme choix 3ième choix 4ième choix Ménages % Ménages % Ménages % Ménages % Ecoles primaire 1 317 45,0 755 25,8 445 15,1 169 10,2 Ecole maternelle 44 1,5 185 6,3 184 6,2 95 3,6 Centre de santé 917 33,2 1 116 38,2 539 18,3 114 4,3 Arrêt de bus 82 2,8 122 4,2 296 10,0 890 33,9 Marché de quartier 405 13,8 611 20,9 1 173 39,1 369 14,0 Terrain de sport 15 0,5 44 1,5 106 3,6 556 21,2 Autre( pour loisir) 92 3,2 89 3,1 211 7,7 336 12,8 2 926 100,0 2 922 100,0 2 954 100,0 2 629 100,0 Ensemble Source : BNETD/PACOM : Programme d’urgence pour l’assistance des populations déguerpies des quartiers précaires du District d’Abidjan, juin 2004 Les chefs de ménage préfèrent dans l’ordre : - une école primaire, dans une proportion de 45% ; - le centre de santé est classé comme second choix (38,2 %) ; il faut noter qu’une proportion de 33,2% seulement le classe comme premier choix ; - le marché de quartiers vient en troisième position avec une proportion de 39,1% ; - l’arrêt de bus vient seulement en quatrième position. On relève que les équipements de loisirs ne sont pas cités parmi les choix prioritaires effectués. Ces populations perçoivent de tels équipements comme un luxe ou tout simplement 234 comme inutiles parce qu’ils ne correspondent pas à leur mode de vie courante sinon à leurs besoins prioritaires. Cette hiérarchie, qui accorde une faible priorité au transport (arrêt d’autobus) en tant que quatrième choix, peut s’expliquer par les causes suivantes : Le taux de scolarisation est relativement faible dans ces quartiers, de seulement 35% contre 70% en moyenne urbaine à Abidjan. Ce faible taux de scolarisation traduit l’existence d’une demande forte pour la scolarisation des enfants qui constitue du reste l’un des programmes de base de l’UNICEF en faveur des pays en développement. Les problèmes d’hygiène et de santé publique étant beaucoup plus préoccupants dans ces quartiers, c’est tout naturellement que le centre de santé local fait partie des besoins prioritaires des populations concernées qui n’auraient pas ainsi à parcourir de longues distances pour se rendre à l’hôpital. L’activité commerçante est l’une des principales sources de revenu dans ces quartiers. Le marché local est le lieu où les femmes, en particulier, exercent leurs petits commerces. Cet espace offre l’occasion à ces populations de participer à l’économie du quartier. C’est pourquoi elles le classent comme l’une de leurs priorités sur l’échelle de leurs besoins socio économiques. Le classement de l’arrêt d’autobus comme quatrième choix ne serait en fait pas la traduction d’une faible priorité que ces populations accordent au transport. En effet, ces populations ne sont pas insensibles aux facilités éventuelles qui leur seraient offertes grâce notamment à une amélioration de leur desserte en autobus, surtout que se déplacer à Abidjan est plus difficile et plus onéreux pour les personnes à faibles revenus. Ce classement traduirait plutôt : • les habitudes de déplacement, ou les comportements de mobilité des populations concernées : en effet, l’on a vu qu’elles se déplaçaient dans une large mesure à pied ; 235 • et/ou l’existence d’une alternative motorisée d’accès plus facile (les minibus gbaka et les taxis collectifs woro-woro) du fait de sa plus grande flexibilité (arrêt, fréquences, service de porte à porte, tarification), que les services d’autobus de la SOTRA. Ainsi donc, les meilleures réponses aux besoins de mobilité de ces populations pauvres ne résideraient pas tant dans l’amélioration du niveau de desserte en lignes d’autobus. Toute action qui serait menée dans ce sens n’améliorerait pas de facto leurs mobilités motorisées. 3.3 SEGMENTATION DE L’OFFRE DE TRANSPORT ET BESOINS DE MOBILITE DES POPULATIONS PAUVRES Nous essayons de chercher à travers cette analyse si des réponses satisfaisantes aux besoins de déplacement de certaines populations pauvres peuvent être trouvées à travers une segmentation de l’offre de transport. Cette analyse nous amène à nous intéresser, au plan de la qualité du service, aux autobus express de la SOTRA et au plan d’un type particulier d’usagers, aux taxis bagages de la SOTRA conçus pour la desserte des marchés d’Abidjan. 3.3.1 Les services d’autobus express ou la classe « affaire » de la SOTRA Pour faire face à la concurrence agressive des taxis collectifs woro-woro et des minibus gbaka qui lui ont détourné au cours des dernières années ses trafics Domicile-Travail, la SOTRA a mis en exploitation depuis mars 2001 (ce service existait dans les années 1980 et a été supprimé en 1990 pour résultats insuffisants), des lignes d’autobus express, ciblé a priori (aucune donnée ne permet de confirmer que les passagers effectivement transportés sont des travailleurs même si l’on pense que c’est le cas pour la majorité d’entre eux) sur les travailleurs. 236 Cette spécialisation des services d’autobus express ciblés sur une demande pendulaire Domicile-Travail, comporte en elle- même les limites de leur rentabilité pour au moins deux raisons : - les services étant en dehors du champs couvert par la convention de service public signée avec l’Etat de Côte d’Ivoire, leur exploitation doit s’auto équilibrer financièrement (c’est à dire que le tarif ou le prix de vente du service offert doit équilibrer ses coûts) ; - les tarifs de ces services doivent rester compétitifs car ils sont directement concurrencés par les taxis woro-woro et les minibus gbaka qui sont beaucoup plus flexibles dans leur fonctionnement (segments desservis en fonction de la période de la journée, tarifs variables selon les besoins etc.). 3.3.1.1 Le réseau des lignes express Le réseau express comprend 12 lignes qui relient la centre administratif et d’affaires que constitue la commune du Plateau, aux communes de Yopougon, d’Abobo, de Koumassi, de Port-Bouët et de Cocody. La description et les caractéristiques de ce réseau sont indiqués au tableau suivant. 237 Tableau 93 : Descriptif et caractéristique du réseau express Ligne du Ligne Dessertes réseau (km) FCFA 28 12,85 300 conventionné Ligne 202 Attoban (Cocody) - Gare Sud (Plateau) Longueur Tarifs Ligne203 Gare Abobo (Abobo) - Gare Sud (Plateau) 15 14,90 400 Ligne204 Niangon Sud Gauche-Gare Sud (Plateau) 27 19,15 400 Ligne205 Djibi (Cocody) - Gare Sud (Plateau) 82 13,15 300 Ligne206 Yopougon (Kouté) - Hôtel de Ville (Plateau) 40 13,15 300 Ligne207 Koumassi Nord Est - Hôtel de Ville (Plateau) 05/11 11,60 300 Ligne208 Abobo (Mairie) - Hôtel de Ville (Plateau) 75/74 13,00 300 Ligne209 Yopougon (Gandhi) - Gare Sud (Plateau) 37 13,85 300 Ligne210 Palmeraie (Cocody) - Gare Sud (Plateau) 41 11,95 300 Ligne211 Port Bouët (Phare) - Cité Administrative (Plateau) 29 14,85 300 Ligne212 Niangon Sud Droite - Gare Sud (Plateau) 39 18,85 400 Ligne213 Koumassi Nord Est - Cité Administrative (Plateau) 05 13,10 300 Source : SOTRA : Direction des opération, 2005 Comme indiqué dans le tableau ci dessus, le tracé des 12 lignes du réseau express se superpose à des segments d’itinéraires du réseau principal conventionné. La plus courte ligne mesure environ 12 km pour un tarif de 300 FCFA (soit 25 FCFA la place-km) et la plus longue fait 19 km, pour un tarif de 400 FCFA (soit 21 FCFA la place– km). A titre de comparaison, les tarifs sur le réseau principal conventionné varient de 8,33 FCFA la place-km pour la ligne la plus longue qui fait 24 km à 40 FCFA la place-km sur la ligne la plus courte qui mesure 5 km de long. Dans beaucoup de situations, les tarifs sur certaines lignes du réseau principal conventionné sont plus élevés que ceux du réseau des services express pourtant ciblés sur une clientèle beaucoup plus solvable. 238 3.3.1.2 De l’utilité du réseau express à sa rentabilité La mise en service du réseau express par la SOTRA serait motivée par le souci de répondre à la demande de pointe générée par les flux Domicile-Travail dans des conditions relativement meilleure que sur le réseau principal conventionné. Sous cet angle, l’on est amené à se demander l’intérêt financier pour la SOTRA d’un tel service spécial qui n’est véritablement utile que pendant la période de pointe des trafics et peu ou pas utile pendant les autres périodes car, du fait de leur caractéristiques qui ne correspondent pas à ceux des autobus du réseau conventionné, les véhicules express sont sous employés aux heures creuses. L’évolution des données d’exploitation de ce réseau, sur la période 2001-2004 retracée dans le tableau suivant , nous donne quelques éléments d’appréciation de la rentabilité des services concernés. Tableau 94 : Données d’exploitation du réseau express de 2001 à 2004 Données 2001 2002 2003 2004 61 95 94 99 155 278 249 512 218 767 210 041 Production km (K) 2 455 839 4 145 575 4 217 630 4 000 000 Nombre de passagers (P) 3 144 087 5 948 216 6 625 302 5 392 526 Recettes(milliers FCFA) (R) 1 013 847 1 746 370 2 184 160 1 899 770 40 260 43 638 44 868 44 944 Ratio passagers/course (P/N) 20,2 23,8 30,3 25,7 Ratio recette FCFA/km (R/K) 412,83 412,26 517,86 474,94 Parc en ligne (V) Courses réalisées (N) Ratio km/véhicule (K/V) Source : Doctorante : Calculé à partir des données de la SOTRA Le nombre moyen de passagers transportés par course sur la période est de 25, ce qui donne un coefficient moyen de remplissage de l’ordre de 52% pour une capacité moyenne des véhicules de 49 places assises. Ces ratios sont tout de même faibles, si l’on considère que les services sont dimensionnés essentiellement pour la pointe des trafics. C’est le même constat en ce qui concerne les productions kilométriques par véhicule dont la moyenne sur la période 239 est de près de 44 000 km par an contre une moyenne estimée à 65 000 km pour la même période sur le réseau conventionnel. Au plan de la production kilométrique, les autobus du réseau express qui sont en meilleur état technique sont donc moins productifs, de l’ordre de 33%, en comparaison des autobus du réseau conventionnel. Les coûts directs d’exploitation sur la période, estimés à 526,90 FCFA/km, ne sont pas couverts par les recettes directes d’exploitation, dont la moyenne sur la période est évaluée à 461,85 FCFA /km. La situation est relativement meilleure pour les services conventionnés d’autobus dont les coûts directs d’exploitation au titre de la gestion 2005 sont estimés à 463 FCFA/km pour des recettes directes moyennes de 650 FCFA/km83, soit un rendement moyen direct de 187 FCFA/km, hors frais généraux et autres amortissements. La rentabilité du réseau express n’est donc pas assurée dans les conditions actuelles de son exploitation. La segmentation (ou la diversification) de l’offre en plusieurs services de niveau et de qualité différenciés par rapport aux catégories socio professionnelles de la demande souffre de plusieurs insuffisances dont en particulier : - le renforcement des dysfonctionnements du réseau du fait, entre autres, de sa structure essentiellement radiale : en effet, les lignes du réseau express se superposent dans leur grande majorité, à celles du réseau conventionnel principalement à cause des insuffisances de la voirie ; - l’accroissement quantitatif de l’offre que cela induit n’améliore pas fondamentalement le fonctionnement du réseau pris dans son ensemble car l’apport de trafics d’autobus supplémentaires qui viennent davantage augmenter le débit sur des périodes déjà surchargées (pointes du matin et du soir) ne peuvent qu’affecter la vitesse commerciale à la baisse, conformément aux variations de la courbe vitesse/débit ; -" 0D ' A # / 240 - et, s’agissant des populations pauvres, les services d’autobus express n’ont aucun impact significatif quant à l’amélioration de leurs conditions de déplacement, notamment par un redéploiement éventuel des autobus pour assurer ou accroître leur niveau de desserte. 3.3.2 Les services mixtes de taxi bagage et mobilité des femmes vendeuses sur les marchés urbains : un regard sur le genre et un métier spécifique aux femmes à Abidjan Abidjan est une ville aux activités commerçantes et de marché particulièrement prospères. Dans les activités commerçantes, on distingue à la fois, des commerces ultramodernes, des commerces de gros et de ½ gros et surtout, les activités de marché traditionnellement pratiquées essentiellement par les femmes vendeuses de produits vivriers et autres à usage domestique. Ainsi à Abidjan, et comme dans la plupart des villes au sud du Sahara, la commercialisation des produits sur les marchés urbains constitue traditionnellement une activité principale des femmes actives. Dans la plupart des cas, les revenus que cette activité procure à ces femmes leur permet non seulement de se prendre en charge, mais le plus souvent de supporter toute leur famille, du moins au plan alimentaire. Dans un contexte où la problématique de la pauvreté urbaine se pose en terme de survie pour beaucoup des populations concernées, la question de la satisfaction des besoins de déplacement des femmes dans l’exercice des activités sur les marchés urbains trouve toute sa pertinence à travers l’analyse de leur mobilité au regard de leurs activités de vente et d’approvisionnement sur les marchés d’Abidjan, surtout que la majorité de ces femmes sont de classe sociale des plus modestes. L’objectif principal ainsi visé est de montrer si les services de transport actuellement offerts pour la desserte spécifique des marchés et notamment les services mixtes de taxis bagages de 241 la SOTRA mis en place depuis 1977 répondent, dans une certaine mesure, aux besoins de déplacement des vendeuses qui opèrent sur ces marchés. L’on cherche ainsi à savoir si les insuffisances de ces services ne constituent pas une entrave au bon déroulement de leurs activités. La dimension femme des acteurs impliqués ainsi que l’intérêt vital que présente cette activité de marché pour leur épanouissement dans un environnement qu’on peut qualifier parfois d’hostile à leur égard (la pauvreté touche généralement beaucoup plus durement les femmes considérées comme populations vulnérables), situent toute l’importance d’un tel service de transport à Abidjan. Au plan méthodologique, l’on se fonde sur les résultats d’une enquête que nous avions réalisée en 2004 sur les dix (10) principaux marchés des dix (10) communes d’Abidjan auprès d’un échantillon de 600 femmes choisies de façon aléatoire. Elle s’appuie par ailleurs sur des données de l’Enquête Niveau de Vie des ménages réalisée en 2002 (ENV2002) par l’Institut National de la Statistique (INS) ainsi que sur les résultats opérationnels de la SOTRA concernant ses services de taxi bagages qui constituent à ce jour, les seuls services mixtes exclusivement destinés à la desserte des marchés abidjanais. Dans ce cadre, nous nous intéressons aux principaux déterminants de l’activité des femmes vendeuses sur les marchés : natures ou types de produits commercialisés, caractéristiques, moyens de transports utilisés dans l’exercice de leurs activités, leurs mobilités motorisées en rapport avec leurs activités de vendeuses, les principaux flux de déplacements induits par ces activités entre les lieux de vente et les centres d’approvisionnement, et enfin certains traits socio-économiques des vendeuses (âge, revenus moyens en rapport avec la pauvreté, etc.). Nous nous intéressons également aux services de transport existants qui desservent principalement ces marchés, en particulier les services formels de taxis bagages de la SOTRA créés pour satisfaire cette demande spécifique de transport générée par l’activité de vendeuse de marché exercée par les femmes. 3.3.2.1 Principaux déterminants de l’activité des vendeuses sur les marchés d’Abidjan Natures ou types de produits commercialisés 242 Les principaux produits commercialisés sur les dix marchés enquêtés sont constitués de produits alimentaires (vivriers, salades, légumes, etc.), et domestiques non alimentaires. La répartition des vendeuses par type de produit vendu est présentée au tableau suivant : Tableau 95 : Répartition des vendeuses enquêtées par type de produit commercialisé Salades Type de produit vivriers et Légumes Autres Total Effectif 85 366 149 600 14,2% 61,0% 24,8% 100% % Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA Les produits vivriers et les salades et légumes occupent plus de 75 % des vendeuses, le reste portant sur un peu moins de 25 %. Les salades et légumes, produits maraîchers issus de l’agriculture urbaine, occupent la majorité des vendeuses (soit 61 %), quel que soit le marché (sauf à Adjamé où l’activité de vente porte majoritairement sur les produits vivriers) comme l’atteste le tableau ci-après. 243 Tableau 96 : Répartition des vendeuses enquêtées par marché et par type de produit commercialisé Salades Marchés (lieu de vente) Vivriers et Légumes Autres Total Abobo 11 57 32 100 Adjamé 14 12 4 30 Attécoubé 14 38 32 84 Cocody 8 23 1 32 Koumassi 8 40 30 78 Marcory 8 70 15 93 Plateau 2 30 2 34 Port-Bouët 3 22 6 31 Treichville 5 25 6 36 Yopougon 12 49 21 82 Total 85 366 149 600 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA L’analyse par lieu d’approvisionnement effectuée à partir du tableau ci-après montre que le marché d’Adjamé est le principal lieu d’approvisionnement des vendeuses. C’est ainsi que : • 68% des vendeuses de produits vivriers s’approvisionnent au marché d’Adjamé ; • près de 75% (74,6% exactement) des vendeuses de salades et légumes s’approvisionnent à Adjamé. Mais dans la catégorie des autres produits (non alimentaires), le principal lieu d’approvisionnement est le marché de Treichville avec 49% de vendeuses contre 36% qui s’approvisionnent à Adjamé. 244 Tableau 97 : Répartition des vendeuses enquêtées par type de produit et lieu d’approvisionnement Lieu d’approvisionnement Vivriers Salades et Légumes Autres Total Abobo 4 5 6 15 Adjamé 58 273 54 385 Attécoubé 1 1 Koumassi 9 9 14 1 15 22 1 24 1 1 Marcory Plateau 1 Port-Bouët Treichville 1 8 73 82 Yopougon 3 4 3 10 Intérieur du Pays 18 40 85 366 Total 58 149 600 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA Les résultats du tableau traduisent les principales caractéristiques des deux communes d’Adjamé et de Treichville : en effet, Adjamé et Treichville sont deux communes où les activités de marché sont les plus développées, Adjamé étant plus portée sur les activités de vente de vivriers et de denrées alimentaires tandis que Treichville, située en zone industrialoportuaire, est elle plus caractérisée par la commercialisation des produits de l’industrie ou de l’agro-industrie. Il faut par ailleurs noter qu’une part significative de vendeuses de salades et de légumes s’approvisionnent au marché du Plateau dans une proportion de 6%, ces produit étant issus de l’agriculture urbaine principalement. Seulement moins de 10% (soit 9,7%) des femmes interrogées s’approvisionnent directement à partir de l’intérieur du pays, ce qui s’explique, dans la mesure où ce type 245 d’approvisionnement est le fait de spécialistes ou grossistes qui alimentent les principaux marchés urbains (en particulier le marché Gouro d’Adjamé à Abidjan). Moyens de transport utilisés par les vendeuses pour leurs approvisionnements Pour acheminer leurs provisions sur les lieux de vente ou marchés, les femmes utilisent plusieurs moyens de transport allant du ‘‘Pousse-pousse’’ (charrette artisanale en bois à 2 roues servant au transport de marchandises et tirées au moyen de l’énergie humaine) au camion. Le tableau ci-après donne la répartition des vendeuses interrogées par type de produit commercialisé, selon le moyen de transport utilisé pour l’approvisionnement. Tableau 98 : Répartition des vendeuses par produit, selon le moyen de transport utilisé pour l’approvisionnement. Salades Autres Total Vivriers et Légumes Camionnette bâchée 1 5 1 7 Autobus (SOTRA) 11 69 16 96 Camion 16 54 8 78 autocar 2 7 Minibus gbaka 16 96 Moyens de transport Pinasse 9 32 144 9 9 Pousse-pousse 10 5 8 23 Taxis compteurs 38 223 99 360 Taxis bagage (SOTRA) 4 27 1 32 Woro-woro 10 21 11 42 Total 108 507 184 800 (*) Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA (*) Une même vendeuse peut utiliser plusieurs moyens de transport 246 Sur la base des chiffres de ce tableau, l’on peut noter que, quel que soit le type de produit, les principaux moyens d’approvisionnement utilisés par les vendeuses sont dans l’ordre : • les taxis-compteurs, dans une proportion de 45% des vendeuses, certainement à cause de leur plus grande disponibilité, bien qu’ils ne soient pas très bien adaptés au transport de marchandises ; • les minibus gbaka, dans une proportion de 18% des vendeuses, pour les mêmes raisons que précédemment ; • les autobus de la SOTRA, dans une proportion de 12% des vendeuses ; • les camions, dans une proportion de 10% à peine. Ce résultat montre principalement que les vendeuses utilisent majoritairement les véhicules de transport de personnes pour acheminer leurs marchandises sur les marchés. Il traduit par ailleurs l’absence ou l’inefficacité des services de transport de marchandises (en terme d’offres et sûrement de coût) pour desservir correctement les marchés. Le fait que les camionnettes et les camions ne sont utilisés que dans une proportion négligeable d’à peine 11% est significatif à cet égard, quand la part des véhicules de transport de personnes représente plus de 81%. Il faut par ailleurs souligner que les services de taxis bagages créés pourtant par la SOTRA pour répondre à cette demande spécifique ne sont eux aussi utilisés que de façon marginale avec 0,4% qui pourrait être la traduction de ce que ce service ne correspond pas en fait aux besoins d’approvisionnement des vendeuses sur les marchés d’Abidjan. Le faible taux d’utilisation des taxis bagages s’expliquerait en grande partie par le fait que les commerçantes disposant de beaucoup de bagages ont d’énormes difficultés pratiques pour les faire transporter dans ces véhicules. Pour cette raison et d’autres, ces femmes préfèrent s’associer et prendre en course à plusieurs un taxi compteur qui, à la différence du taxi bagage, leur facilite le chargement et déchargement des marchandises tout en les déposant directement dans le marché. 247 Le fort taux d’utilisation des autobus urbains de la SOTRA par rapport aux taxis bagages tiendrait notamment au fait que les deux lignes de taxis bagages actuellement en service ne desservent pas tous les marchés, d’autant plus que la fréquence des autobus est plus élevée pour à peu près le même confort et surtout le même tarif. Généralement, ces autobus sont utilisés dans le sens ‘‘aller’’, les vendeuses préférant les services des taxis compteurs pour le sens ‘‘retour’’. Si l’on analyse de plus près les principaux moyens ou services de transport utilisés par les femmes pour effectuer leurs approvisionnements sur les différents marchés de vente, l’on observe que : • les camions sont principalement utilisés sur les marchés d’Adjamé (17% des vendeuses), de Cocody (28% des vendeuses), du plateau (27%) et de Marcory (13%). En dehors d’Adjamé qui est un centre de distribution ou d’éclatement des produits en provenance de l’arrière pays, d’où le choix prioritaire de camions pour l’approvisionnement sur ce marché, les autres marchés sont des centres de consommation, notamment de salades et légumes étant donné que les communes concernées sont essentiellement résidentielles ou d’affaires avec par ailleurs un standing plus élevé que la moyenne des communes d’Abidjan ; • les autobus de la SOTRA sont utilisés principalement sur les marchés de Marcory (36%), de Koumassi (30%), de Treichville (18%) et de Port-Bouët (17%). Cela serait vraisemblablement dû au fait que les lignes de bus SOTRA correspondantes desservent directement les marchés concernés ; • les minibus gbaka sont essentiellement utilisés sur les marchés de Yopougon et d’Abobo dans une proportion moyenne de 50% respectivement, ce qui s’explique par le fait que ces deux communes concentrent les principales lignes de gbaka ; • quant aux taxis-compteurs, il sont utilisés sur presque tous les marchés avec néanmoins une prédominance à Marcory, à Koumassi et à Attécoubé, les deux dernières communes étant moins bien irriguées par le réseau d’autobus urbain de la SOTRA. L’un des principaux enseignements qu’on pourrait tirer de cette analyse est que ce n’est pas la nature ou le type de produit commercialisé qui détermine le choix du moyen 248 d’approvisionnement(moyen de transport). Le moyen d’approvisionnement est donc indépendant de la nature du produits vendu. Mobilité des vendeuses en rapport avec leurs activités Le tableau ci-après présente la répartition des femmes enquêtées par type de produit commercialisé et selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine dans le cadre de leurs activités. Ici, un déplacement correspond à un aller-retour effectué par une vendeuse. Tableau 99 : Répartition des vendeuses par type de produit, selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine Nombre moyen de déplacements effectués Vivriers par semaine Salades Autres Total et Légumes 1 4 12 7 23 2 3 35 7 45 3 8 48 10 66 4 1 19 1 21 5 5 6 1 7 55 10 2 1 2 186 94 335 11 1 14 13 4 17 1 1 2 4 75 330 127 532 14 17 Total 5 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA 249 En se fondant sur les chiffres du tableau précédent, l’on peut estimer la mobilité moyenne hebdomadaire motorisée des vendeuses sur les marchés d’Abidjan à : • 6,21 pour les vendeuses de produits vivriers ; • 5, 87 pour les vendeuses de salades et légumes ; • 6,45 pour les vendeuses des autres produits; • 6,06 pour la moyenne générale. Les vendeuses des autres produits semblent être plus mobiles mais le principal enseignement est que les taux de mobilité sont du même ordre de grandeur quel que soit le type de produit vendu. Cependant, dans la mesure où les marchés sont ouverts tous les jours de la semaine, l’on en déduit que le nombre moyen de jours d’activités au marché par vendeuse est de trois (3) jours, ce qui est relativement faible (le taux moyen d’occupation des vendeuses étant estimé à 43%). Ce faible taux d’occupation de seulement 43% ainsi enregistré chez ces vendeuses est difficile à expliquer d’autant que c’est la seule activité pour la plupart de ces femmes. On peut toutefois avoir un début d’explication en rapport avec le contexte actuel de crise sociopolitique que connaît le pays notamment depuis le 19 septembre 2002. Outre cette considération d’ordre conjoncturel, cette situation pourrait être le fait de difficultés d’approvisionnement aussi bien en ce qui concerne les produits que les conditions de transport. Par ailleurs, la vendeuse principale peut souventefois se faire remplacer par ses filles. L’analyse plus fine de la mobilité de ces vendeuses par moyen de transport utilisé permet de noter qu’elles ont beaucoup de difficultés en matière de moyen de transport adapté à l’exercice satisfaisant de leurs activités. Le tableau ci-après présente la répartition des vendeuses interrogées, par moyen de transport utilisé (les plus significatifs) et selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine. 250 Tableau 100 : Répartition des vendeuses par moyens de transport et selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine Nombre moyen de déplacements Camionnettes effectués par et Camions Autobus Gbaka SOTRA Taxis Taxis Compteurs Bagages Woro Total Woro semaine 1 6 1 5 10 2 16 9 11 17 3 6 20 14 44 7 3 17 1 4 1 1 4 5 1 6 7 36 42 69 219 10 4 2 3 8 14 1 4 9 10 17 1 2 2 118 322 TOTAL 70 92 1 1 23 1 55 4 88 1 28 2 2 28 22 423 1 18 2 26 4 32 31 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA (*) Une même vendeuse peut utiliser plusieurs moyens de transport Sur la base des chiffres du tableau ci-dessus, les mobilités hebdomadaires moyennes motorisées des vendeuses par moyen de transport utilisé sont estimées comme présentées au tableau suivant . 8 675(*) 251 Tableau 101 : Mobilités hebdomadaires moyennes des vendeuses par moyen de transport utilisé Camionnettes et Autobus Camions SOTRA 5,24 5,72 Gbaka 6,48 Taxis Taxis Compteurs Bagages Woro-woro 6,20 7,19 6,10 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA Les résultats du tableau ci-dessus confirment une plus nette préférence des vendeuses en faveur des véhicules de transport de personnes dans le cadre de leurs activités. Il faut cependant relativiser le chiffre de la mobilité en taxis bagages qui apparaît la plus forte, car ce moyen de transport n’est utilisé que marginalement par seulement 0,4% des vendeuses. On peut tout au plus dire que celles qui utilisent les taxis bagages ont une mobilité plus élevée que la moyenne des vendeuses. En observant de plus près cette catégorie de vendeuses, on constate qu’elles effectuent en moyenne un (1) déplacement quotidien en taxi bagage dont elles sont par ailleurs des clientes captives. Les principaux flux de déplacements relatifs aux approvisionnements En vue d’avoir une idée relativement précise de la demande de transport en termes de flux de déplacements des vendeuses pour leurs approvisionnements, l’on a constitué, à partir de l’échantillon enquêté, une matrice ‘‘Lieux de vente’’ / ‘‘Lieux d’approvisionnement’’, présentée au tableau suivant. 251 Tableau 102: Répartition des vendeuses par « lieu de vente » et par « lieu d’approvisionnement » Lieu d’Approvisionnement LIEU DE VENTE(MARCHE) Abobo Adjamé Attécoubé Cocody (près Koumassi Marcory Plateau Port-Bouët Treich-ville Yopougon (Grand Marché (Grand de la (Grand (Grand (Grand Marché (Marché Mairie) Marché) Marché) Marché) Marché) Belleville SICOGI) Marché) Gouro Abobo 15 Adjamé 71 Marché) (Grand 15 1 Attécoubé 63 30 55 69 2 25 27 63 1 9 9 Marcory 15 Plateau 2 Port-Bouët 8 4 Treichville 8 4 3 5 3 14 1 14 9 19 2 14 9 15 2 4 6 25 4 5 7 8 74 4 6 7 9 82 10 10 1 58 97 695(*) Yopougon 4 25 108 34 406 1 Koumassi Intérieur TOTAL 28 du Pays Total 97 36 97 105 38 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA (*) Une même vendeuse peut avoir plusieurs lieux d’approvisionnement 38 45 252 Les chiffres de ce tableau montrent que la majorité des flux ou relations d’approvisionnement ont lieu entre Adjamé et chacun des autres marchés. Quelques flux résiduels existent entre Treichville située en zone portuaire et quelques petits marché (Attécoubé et Koumassi notamment). Il faut à cet égard souligner le rôle de centre majeur d’échanges ou de principal carrefour joué par la commune d’Adjamé, du fait de sa position centrale au croisement des principaux flux de trafic et de la présence des principales gares routières d’Abidjan. Quelques traits socio-économiques des vendeuses Nous avions souhaité disposer de données d’enquête suffisantes pour pouvoir procéder à des analyses suivant plusieurs critères relatifs à la démographie, à l’habitat et surtout aux revenus. Malheureusement, les résultats de l’enquête effectuée au niveau des 600 femmes de l’échantillon observé ne permettent pas d’aller aussi en profondeur. Seuls les critères d’âge et, à un degré moindre, de revenu sont exploitables. Analyse selon l’âge Le tableau ci-après donne la répartition des vendeuses par classe d’âge et par type de produit. Tableau 103 : Répartition des vendeuses par classe d’âge et par type de produit Type de produit < 20 ans Vivriers 20-30 ans 30-40 ans > 40 ans 26 57 2 85 Salades et Légumes 3 162 189 12 366 Autres 1 68 74 6 149 Total 4 256 320 20 600 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA 253 La majorité des vendeuses interrogées (soit 96%) a un âge compris entre 20 et 40 ans : 42% ont un âge situé entre 20 et 30 ans tandis que 53% ont un âge compris entre 30 et 40 ans. Sur la base de l’échantillon enquêté, l’âge moyen d’une vendeuse de produits vivriers est de 32 ans, contre 31 ans pour une vendeuse de salades et légumes et une vendeuse des autres produits. Toutes vendeuses confondues, l’âge moyen est de 31 ans, ce qui montre qu’elles sont relativement jeunes. Le tableau ci-après donne la répartition des vendeuses par classe d’âge selon le moyen de transport utilisé pour l’approvisionnement. Tableau 104 : Répartition des vendeuses par classe d’âge selon le moyen de transport utilisé Moyen de transport < 20 ans 20-30 ans Camionnette bâchée 30-40 ans > 40 ans TOTAL 7 7 47 49 96 21 53 3 78 3 5 1 9 74 63 6 144 Pinasse 4 5 Pousse-pousse 9 12 2 23 157 190 10 360 Taxis bagage (SOTRA) 13 19 Woro-woro 19 22 1 347 425 23 Autobus (SOTRA) Camion 1 autocar Minibus Gbaka Taxis compteurs TOTAL 1 3 5 9 32 42 800(*) Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA (*) Une même vendeuse peut utiliser plusieurs moyens de transport Ce tableau montre que le choix du moyen d’approvisionnement, à l’instar du type de produit commercialisé, est aussi indépendant de l’âge des vendeuses. 254 Nous avons cherché par ailleurs à savoir si l’âge influençait significativement la mobilité des vendeuses. Le tableau ci-après donne la répartition des vendeuses par classe d’âge, selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine dans le cadre de leurs activités sur les marchés. Tableau 105 : Répartition des vendeuses par classe d’âge selon le nombre moyen de déplacements Nombre moyen de < 20 ans 20-30 ans 30-40 ans > 40 ans TOTAL 1 8 13 1 23 2 14 26 5 45 3 30 34 2 66 4 17 4 21 5 4 1 5 6 1 1 2 142 182 10 6 8 14 5 10 déplacements effectués/semaine 1 7 2 17 1 3 TOTAL 4 230 9 335 14 2 17 4 279 18 532 Source : Doctorante d’après notre enquête sur les services de transport mixte de la SOTRA Sur la base des chiffres de ce tableau, on estime les mobilités motorisées moyennes hebdomadaires par classe d’âge comme suit : 8,0 pour les vendeuses de moins de 20 ans, mais l’effectif est trop faible pour être significatif ; 6,07 pour celles de 20 à 30 ans ; 6,05 pour celles de 30 à 40 ans ; 255 5,68 pour celles de plus de 40 ans, qui apparaissent logiquement les moins mobiles. Cette tendance va dans le même sens que les résultats habituels observés de façon classique dans la variation de la mobilité selon l’âge. Revenus et état de pauvreté des femmes vendeuses sur les marchés d’Abidjan Une analyse détaillée selon le revenu ne serait pas pertinente car très peu de vendeuses (moins de 5%) ont répondu de façon satisfaisante aux questionnaire relatif au revenu. En moyenne, ces femmes disent gagner par jour 1000 FCFA net (‘‘bénéfice’’) pour les bas revenus à 5000 FCFA net pour les hauts revenus. Sur la base d’un nombre moyen de journées effectives de vente de 3 jours par semaine, on pourrait estimer le revenu hebdomadaire moyen de ces vendeuses à 3 000 FCFA (soit environ 156 000 FCFA par an) pour les plus bas à 15 000 FCFA (soit environ 780 000 FCFA par an) pour les plus élevés. 3.3.2.2 Services de transport existant pour la desserte des marchés d’Abidjan En s’appuyant sur le paragraphe précédent, il se dégage que plusieurs moyens ou services de transport s’offrent aux vendeuses pour assurer leurs opérations d’approvisionnement : on peut citer les services de transport de marchandises (camions et camionnettes bâchées), les services de transport de voyageurs (autobus SOTRA, autocars interurbains, minibus gbaka, taxis compteurs, taxis communaux ou woro-woro), des services de transport mixte (taxis bagages SOTRA), sans oublier les pinasses lagunaires et les charrettes artisanales communément appelées ‘‘pousse-pousse’’. Dans le cadre du présent chapitre, seuls les services de taxis bagages de la SOTRA seront analysés car il s’agit de s’interroger si les services de taxis bagages créés par la SOTRA à cet effet, répondent de façon satisfaisante aux besoins de transport des vendeuses sur les marchés d’Abidjan. 256 Bref historique des services de taxis bagages de la SOTRA Les taxis bagages ont été mis en service par la SOTRA en mai 1977 en vue d’assurer le ravitaillement des marchés d’Abidjan par le transport mixte des personnes et des marchandises. D’un effectif de 60 véhicules à sa création, le parc destiné à ce service s’est progressivement réduit d’année en année pour se situer aujourd’hui à seulement 7 véhicules. L’effectif des agents assurant ce service est, lui, passé dans le même temps de 160 à 13 agents tandis que parallèlement, le nombre de lignes exploitées s’effondrait de 19 à la création à seulement 2 aujourd’hui. En se fondant sur les résultats d’exploitation des deux dernières années de cette activité donnés par la SOTRA, le bilan d’exploitation des taxis bagages apparaît positif, contrairement à ceux des années antérieures. L’on est ainsi amené à s’interroger comment un tel service offert, pratiquement à la carte, à une clientèle qui n’a cessé de progresser fortement dans le temps avec la multiplication des marchés à Abidjan du fait d’une importante demande de places sur lesdits marchés que les municipalités n’arrivent pas à satisfaire convenablement, a pu s’effondrer dans de telles proportions. Qualité du service offert par les services de taxis bagages La désintégration de l’offre de transport des taxis bagages s’expliquerait pour au moins deux raisons essentielles : • les services offerts ne répondent pas qualitativement et quantitativement aux besoins de la demande, laquelle est satisfaite principalement par des moyens alternatifs offerts par les services de transport urbain classique (autobus, taxis, etc.) ; • le réseau de taxis bagages n’est pas adapté aux principaux flux de déplacements des vendeuses ou commerçantes et les lignes sont longues, à cause du parcours qui fait du ramassage en desservant presque tous les marchés alors que les vendeuses préfèrent se déplacer au moyen de services de transport qui assurent des liaisons directes. 257 La configuration de l’offre actuelle constituée de deux lignes formant une boucle est la suivante: l’une, la n°405, relie la Gare nord d’Adjamé au terminus ANAN, en desservant les marchés d’Adjamé, de Treichville, de Port-Bouët, et de Gonzaqueville. l’autre, la n°412, relie le marché d’Adjamé au terminus de Blockhaus en desservant le marché de Cocody. Les causes de l’effondrement des services de taxis bagages ne résident pas en fait sinon principalement dans la concurrence tarifaire livrée par les autres types de services qui, en l’espèce, offrent des prestations certes plus satisfaisantes mais en général plus onéreuses. Les taxis compteurs et même les taxis woro-woro et les minibus qui s’avèrent être les services les plus sollicités par les vendeuses ont à cet égard, des tarifs de transport plus élevés mais ils offrent dans l’ensemble une plus grande disponibilité ou une plus grande souplesse. S’agissant des taxis compteurs, le service de « porte à porte » est un atout majeur. Le facteur temps joue par ailleurs en défaveur des taxis bagages qui ont des fréquences irrégulière et qui n’offrent généralement pas de liaisons directes. Ils font plutôt du ramassage en effectuant le détour de plusieurs marchés par une même ligne de desserte, ce qui n’arrange pas les commerçantes. Enfin il faut souligner les pratiques tarifaires, en particulier la tarification des colis qui est laissée à l’appréciation des chauffeurs, ce qui est une source fréquente de disputes et donc de conflit avec les commerçantes. En effet, le ticket voyageur coûte 160 FCFA sur la ligne 412 et 100 FCFA sur la 405 tandis que le tarif par colis est de 160 à 320 FCFA sur la 412 et de 100 FCFA sur la 405. Les colis ne sont pas pesés et c’est le chauffeur qui détermine, à vue d’œil, le prix à payer, ce qui est totalement arbitraire et pose par ailleurs des problèmes de gestion des services de taxi bagages. Destinée à répondre à la demande de déplacement des femmes au revenu modeste, dans le cadre de leur activité de vente sur les marchés, l’expérience des taxis bagages n’est donc pas encore tout à fait concluante. Ces services qui ne desservent pas les quartiers pauvres d’où 258 proviennent beaucoup de ces commençantes, nécessitent le plus souvent un parcours initial ou terminal des usagers par un autre moyen de transport. Ces difficultés ainsi éprouvées par les taxis bagages à se développer pourraient s’expliquer entre par l’éparpillement de la demande des vendeuses sur plusieurs marchés. Elles peuvent aussi provenir du type de véhicule utilisé (vieux autobus dont on a ôté les sièges) qui n’est pas adapté aux services rapides contrairement aux taxis qui sont prisés à cet égard par les commerçantes malgré l’handicap de leur faible capacité. 259 CONCLUSION DU CHAPITRE 3 Sur la base de l’enquête individus-déplacements que nous avons effectué dans le cadre de notre travail, nous pouvons faire ressortir les principales caractéristiques sociodémographiques suivantes des quartiers précaires, qui ont une incidence sur la mobilité des populations concernées. Démographie et genre La population est globalement constituée à 59% d’hommes et 41% de femmes, mais on note un caractère masculin très prononcé dans certains quartiers (75% à 85% d’hommes) où la proportion de migrants est prépondérante. Dans l’ensemble, environ 70% sont des nationaux contre 30% de non nationaux ou migrants. L’âge moyen de la population est de 28 ans pour l’ensemble des quartiers précaires, avec une prédominance de jeunes de moins de 35 ans (86%). On dénombre que près de 30% des individus ont un statut de chef de ménage et 12% sont des personnes hébergées (parents ou amis). Des données du RGPH-98 indiquent que les pauvres vivent majoritairement dans des familles nombreuses (taille moyenne de 7,7 personnes contre 4,8 pour les non pauvres en 2002). Activités et catégories socio-professionnelles des individus pauvres On dénombre 70% d’actifs contre 30% d’inactifs. Parmi les personnes actives, environ 8% sont des mineurs de moins de 18 ans d’âge. Les personnes adultes non actives sont en majorité des étudiants (38,5%) et 67% des mineurs non actifs sont constitués de scolaires. Les chômeurs représentent 10%. Au plan scolaire, 37% des plus de 25 ans n’ont pas été à l’école, mais 9% ont fait des études supérieures (au delà du baccalauréat). 77% des individus actifs exercent une activité fixe, soit dans le quartier, soit ailleurs et 57% des actifs exercent une activité principale dans leur quartier de résidence. 260 Revenus et équipements possédés 98% des habitants adultes (+18 ans) des quartiers précaires ont un revenu individuel inférieur à 35 000 FCFA/mois et le revenu mensuel moyen des adultes y est de 21 375 FCFA, largement en deçà du SMIG en Côte d’Ivoire qui est de 36 607 FCFA/mois. 3% à peine des individus possèdent une bicyclette comme moyen de transport et 9% ont un permis de conduire mais ne disposent pas de voiture. Le taux de motorisation y est pratiquement nul. Déplacements et parts modales 85% environ des actifs n’utilisent qu’un seul mode de transport (motorisé ou non) pour se rendre au travail contre 14% qui empruntent régulièrement deux modes. Les déplacements uni modaux s’effectuent en majorité à pied (75%). En termes de parts modales des modes motorisés, les taxis collectifs woro-woro sont en tête avec 9% des déplacements totaux contre environ 6% pour les autobus de la SOTRA et près de 6% pour les minibus gbaka. La majorité de ces populations (87%) effectue 2 déplacements par jour et la majorité des déplacements ainsi effectués (79%) comporte un seul trajet. Il y a une hiérarchisation dans l’utilisation des modes de déplacement : - les déplacements de proximité se font surtout à pied ; - les déplacements localisés dans le quartier ou la commune se font en priorité en taxi collectif woro-woro ; - les déplacements intercommunaux ou de longue ou moyenne distance se font en minibus gbaka là où ce service est exploité ou en autobus de la SOTRA si la zone est desservie par une ligne de bus. On note en général une restriction spatiale des déplacements ainsi que des motifs de déplacement dont le principal est lié au relation de type domicile-travail ou école. 261 Mobilité des populations La mobilité journalière individuelle moyenne est de 1,15 avec une mobilité non motorisée de 0,60 légèrement supérieure à la mobilité motorisée égale à 0,55. mais cette mobilité est plus ou moins sensible selon les niveaux de revenu individuel et donc selon que l’individu est actif ou non. Ainsi, on a une mobilité journalière moyenne de 0,98 pour les plus bas revenus individuels et de 1,58 pour les plus élevés (les actifs ayant une mobilité moyenne de 1,29 contre 0,93 pour les inactifs). On note qu’une part importante des déplacements (23%) est financée par d’autres personnes que celles qui se sont déplacées et cela traduit le fonctionnement de la chaîne de solidarité (capital relationnel) dans ces quartiers. Cette part est d’autant plus élevée que le revenu est bas. Migration et mobilité Dans les quartiers précaires, les populations migrantes (ou les non nationaux) sont en majorité plus actives que les nationaux (15% de migrants inactifs contre 36% chez les nationaux mais chez les hommes, c’est 5% contre 36%). La mobilité des migrants est de 1,21 contre 1,12 pour les nationaux et ceci s’explique car ils sont plus actifs, ont plus de revenu et des besoins d’intégration que les nationaux n’ont pas. Genre et mobilité Dans les quartiers précaires, les femmes sont majoritairement plus pauvres que les hommes, et ont une mobilité plus faible : 0,98 contre 1,28. Mais pour certaines activités ou motifs de déplacement en relation avec la vie ou les activités à caractère social, les femmes sont plus mobiles (0,18 contre 0,12). 262 Inégalités spatiales ou géographiques et mobilité Les inégalités spatiales ou géographiques, qui confèrent une certaine ségrégation à l’espace urbain, influencent plus ou moins les comportements de mobilité des individus qui y résident. C’est ainsi que des quartiers tels qu’Adjamé, Cocody ou Treichville qui ont d’autres fonctions que résidentielles présentent une mobilité relativement élevée. On observe globalement, une variation plus ou moins marquée de la mobilité des individus : - selon le type d’habitat ; - selon la commune ou le quartier de résidence. 263 Chapitre 4 : POLITIQUE DE TRANSPORT URBAIN ET SERVICES DE TRANSPORTS PUBLICS A ABIDJAN Dans le présent chapitre, nous cherchons à savoir, à la lumière des contraintes de mobilité des populations des quartiers pauvres d’Abidjan qui sont ressorties dans les analyses précédentes, si la politique des transports urbains menée à Abidjan et les différents services de transport public existants répondent, dans leurs configurations actuelles, en particulier aux besoins de ces populations en matière de déplacements ou d’accès aux services ou équipements de base. Cette préoccupation nous amène à examiner aussi bien la politique des transports publics urbains au plan de son cadre institutionnel et réglementaire que les services de transport public existants du point de vue des prestations offertes aux usagers. 4.1 LES TRANSPORTS PUBLICS A ABIDJAN La stratégie de développement urbain d’Abidjan, définie à partir des schémas hérités de la colonisation, repose sur la spécialisation des espaces (zone commerciale et industrielle, zone administrative, zone d’habitat), générateurs de déplacements entre les centres pourvoyeurs d’emplois et les zones d’habitat de la périphérie censées regrouper les populations en quête d’emplois. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, les besoins de rapprochement de la main d’œuvre des zones d’emplois a fortement influencé la construction urbaine et l’occupation spatiale. Pour la ville d’Abidjan, cette volonté s’est traduite par la mise en oeuvre d’une politique volontariste de transport urbain initiée dès les premières années de l’indépendance avec la création d’une société d’économie mixte de service public (la Société des Transports Abidjanais, en abrégé SOTRA), en vue d’assurer le transport des populations dans des conditions de sécurité et de coûts compatibles avec les revenus des populations ainsi desservies. Cette politique allait consacrer en 1960, la signature d’une convention de concession entre l’Etat et la SOTRA (Encadré 7), accordant à cette société l’exclusivité de l’exercice du transport collectif urbain sur l’ensemble du territoire de la ville d’Abidjan. 264 Encadré 7 : Dès l’indépendance du pays, le service public de transport en commun de personnes par autobus dans la ville d’Abidjan a été concédé à la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), sur la base d’un protocole d’accord signé avec l’Etat le 18 août 1960. Par la suite, plusieurs conventions de concession entre l’Etat de Côte d’Ivoire et la SOTRA ont été signées : - La convention de concession n° 157/61 approuvée par le Président de la République le 6 juin 1961. - La convention de concession du 1er juillet 1976 approuvée par le Président de la République le 12 octobre 1976 qui fait extension de la concession au transport lagunaire ; - La convention de concession du 1er octobre 1983 approuvée par le Président de la République le 21 juin 1984. - La convention de concession du 11 novembre 1998 approuvée par le Président de la République le 24 février 1999, qui fait suite à la décision du gouvernement en date du 9 août 1996, de réduire le périmètre d’exploitation de la SOTRA, en concédant le transport public urbain dans les communes de Yopougon et d’Abobo, à un opérateur privé. Les bons résultats enregistrés par la SOTRA au cours des vingt premières années d’exercice ont fait place depuis à près de deux décennies d’une crise grave qui a menacé la survie de l’entreprise. La dégradation de la situation financière et opérationnelle de la SOTRA qui en est résultée s’est caractérisée par une forte réduction du parc d’autobus qui a chuté de 38 %, passant de 1200 véhicules en 1990 à 750 véhicules en 2000, alors que dans le même temps, la demande de déplacements s’accroissait de 29 %. Ces évolutions contradictoires se traduisent par ailleurs par la forte dégradation du ratio du nombre d’autobus par habitant qui est passé d’un autobus pour 1600 habitants en 1988 à un autobus pour plus de 4500 habitants en 2000. La baisse de la productivité de la SOTRA a entraîné une désaffection de ses services au profit du secteur artisanal ou non structuré qui allait s’octroyer en 1998, jusqu’à 51%84 des parts de marché en ce qui concerne les déplacements motorisés. -+ 0'5 5 ' 5 C % $ % ) #A 8 265 Ces services non structurés sont composés des modes suivants : - les minibus de 14 à 32 places communément appelés "gbaka" qui constituent les concurrents les plus redoutables des autobus avec une part de marché estimée en 199885 à 25% contre 28% pour la SOTRA. Ce service est autorisé sur des lignes périurbaines et des lignes de banlieues, l’exploitation à l’intérieur de la ville étant interdite ; - les taxis collectifs communaux ou "woro-woro" qui sont des voitures particulières d' une capacité nominale de 4 places dont l’exploitation est autorisée uniquement à l’intérieur du périmètre communal. Cependant ils sont présents sur des flux intercommunaux et leur part de marché en 1998 était estimée à 11% des déplacements totaux motorisés. - Il faut aussi citer au sein de cette composante, la présence d’artisans qui exploitent des services de transport lagunaire, souvent de façon clandestine, au moyen de pinasses, dans des conditions de sécurité assez précaires. L’environnement institutionnel et réglementaire qui était caractérisé par une dispersion des responsabilités entre plusieurs administrations aux intérêts parfois contradictoires, ainsi que la croissance spectaculaire des services de transport non structurés ("gbaka" et "woro-woro"), parallèlement au recul de la SOTRA, ont davantage contribué d’une part, à la désorganisation du marché avec une baisse de la qualité du service offert et d’autre part, à la dégradation des conditions de circulation. Cette dégradation est visible à travers les longs et multiples embouteillages sur les artères les plus circulés86, l’insécurité routière et la détérioration de la qualité de l’air en milieu urbain due à la pollution au gaz d’échappement des automobiles vieillissants et en mauvais état. Malgré l’apport considérable du secteur privé, notamment en terme quantitatif, la problématique des déplacements à Abidjan reste toujours préoccupante et plus particulièrement dans les banlieues populaires dont les marchés ont été envahis par les "woroworo". Dans la réalité, même s’ils semblent répondre à des besoins spécifiques de déplacement et satisfaire la demande dans ces quartiers comme nous l’avons vu au chapitre -/ 0'5 5 -. 0'5 & ' 5 C % $ #A % ) 8 " #A 8 266 précédent, ces services ne constituent pas encore une alternative crédible à l’insuffisance de l’offre de transport formel assurée par la SOTRA du fait principalement de leurs coûts externes importants. Pour mieux comprendre ou expliquer cette situation, il faudrait peut-être regarder de près l’environnement institutionnel et réglementaire dans lequel le secteur a évolué. 4.1.1 Cadre institutionnel et réglementaire des transports publics à Abidjan 4.1.1.1 Des responsabilités éclatées : un frein au développement du secteur Avant l’adoption et la mise en œuvre des nouvelles réformes à compter de l’an 2000, les compétences en matière de gestion administrative des services de transport urbain à Abidjan étaient éclatées entre : • l’ex Ville (actuel District) d’Abidjan, en charge de la gestion des taxis-compteurs ; • les Communes de l’agglomération, en charge de la gestion des taxis collectifs ou taxis communaux "woro-woro"; • et le Ministère chargé des transports qui réglementait les autorisations de transport des minibus "gbaka"et assurait directement la tutelle technique de la SOTRA. Cette fragmentation institutionnelle qui empêchait de donner une perspective cohérente au secteur, est à la base de la prolifération des taxis collectifs woro-woro. En effet, les communes délivraient les autorisations ou licences de transport dans une logique budgétaire, pour avoir des ressources, plutôt que dans un souci de régulation du secteur, ce qui a davantage contribué à sa faible productivité du fait : • de la présence sur le marché, et donc dans la circulation urbaine, de véhicules âgés, en mauvais état technique et polluants ; • de l’absence de transparence dans l’attribution des licences qui se fait à la tête du client ; • de la variation d’une commune à l’autre pour un même marché, des critères d’attribution et des prix des licences ; 267 • de l’absence de base de données techniques et financières fiables sur le secteur ; • de l’absence d’infrastructures d’exploitation (gares, têtes de stationnement, arrêts) aménagées à cet effet malgré la perception par les communes de droit de stationnement ; • de la qualité de service médiocre malgré des tarifs rémunérateurs ; • du désordre et de l’anarchie au sein du marché ; • des encombrements des voies par les arrêts intempestifs des taxis ou les pannes en pleine chaussée etc. Ces effets pervers, qui peuvent être considérées à la fois comme étant la cause et également la conséquence du mauvais fonctionnement du secteur, constituent un frein à son développement par ailleurs contrarié par les maux suivants : • un fort poids démographique; • une faible densification urbaine consécutivement à l’étirement de la ville, principalement dans le sens Est-Ouest qui est une zone faiblement équipée en infrastructures et en services de transport en commun; • des difficultés budgétaires de l’Etat à honorer ses engagements vis-à-vis de la SOTRA, en compensation des tarifs réduits pratiqués et surtout de la prise en charge du coût de transport des groupes subventionnés (élèves et étudiants, fonctionnaires et forces de l’ordre); • une multiplicité des centres de décision entraînant une absence de coordination et de cohérence au niveau des actions et des mesures concernant le secteur; • une mauvaise implication des collectivités locales et des usagers dans les prises de décisions et dans la mise en œuvre des politiques des transports ; • une mauvaise utilisation des ressources humaines présentes au sein de l’administration du secteur. L’évolution du secteur des transports publics à Abidjan traduit de ce fait une croissance, plus subie que voulue par les administrations qui en ont la charge, du secteur non structuré (taxis collectifs et minibus) au détriment des services formels assurés par la SOTRA et cette situation approprié. s’explique en partie par l’absence d’un cadre institutionnel et réglementaire 268 Cette croissance non maîtrisée du secteur des minibus et des taxis collectifs sur la dernière décennie, concomitamment au recul de la SOTRA, ainsi que l’éparpillement des responsabilités au plan institutionnel et réglementaire, ont davantage contribué à la faible performance générale enregistrée dans les transports urbains, avec la dégradation des conditions de circulation par l’aggravation de la congestion sur les principales voies de circulation aux heures de pointe, l’accroissement des accidents de la circulation et les difficultés de stationnement au centre ville87. Dans la perspective de corriger et d’améliorer cette situation, le gouvernement ivoirien allait entreprendre dès 1995, une série de réformes majeures dans le secteur des transports. 4.1.1.2 La nouvelle politique des transports et les réformes institutionnelles Jusqu’en l’an 2000, la politique des transports routiers en Côte d’Ivoire était fondée sur un texte organique, la loi 64-294 du 1er août 1964 portant organisation et harmonisation des transports routiers. Cette loi pose le principe de l’harmonisation et de la coordination des transports par l’Etat qui déclare viser la satisfaction des besoins et de l’économie « dans les conditions les plus avantageuses », « au prix minimum » en tenant compte « des servitudes imposées par la condition de service public », mais en veillant à ce que chaque mode de transport « assure un équilibre réel de son exploitation ». La loi de 1964 énumère les mesures qui peuvent être prises par l’Etat dans la création ou la fermeture d’itinéraire, la réglementation des conditions de transport et les conditions de sécurité. Elle détermine ensuite les règles applicables à la constatation des infractions et aux sanctions applicables. Elle complète ainsi la loi n°63-527 du 26 décembre 1963 portant fixation des -2 0'5 5 ' 5 C % $ % ) #A 8 269 peines applicables à certaines infractions commises en matière de police de la circulation et le décret n°64-212 du 26 mai 1964 portant réglementation de l’usage des voies routières ouvertes à la circulation publique. La loi de 1964 sert de fondement implicite à la création d’un registre des transporteurs, à la soumission de tout transport public de souscrire un contrat d’assurance envers les tiers. Mais ce texte présente des insuffisances par rapport au contexte actuel des transports, qui nécessite son remplacement par un texte apte à soutenir, dans un cadre concurrentiel mieux défini, le développement du secteur des transports terrestres en général et urbain en particulier. Dans le cadre de la préparation du Programme d’Ajustement Sectoriel des Transports (CIPAST), le Gouvernement ivoirien a mené dès 1995, une réflexion approfondie sur le cadre réglementaire de ce secteur. Il est ainsi apparu que les textes législatifs alors en vigueur, adoptés en 1963 et 1964, se limitaient à la mise en place des conditions d’autorisation à l’exercice de la profession de transporteur et du régime des infractions à la réglementation. Dans les mêmes conditions, ces textes posent comme objectif de la politique du Gouvernement ivoirien, la satisfaction des besoins de l’économie sans déterminer les principes dont la mise en œuvre devait permettre d’atteindre cet objectif. En outre, le transport urbain ne faisait pas l’objet d’une réglementation spécifique. En effet, si la loi de 1964 et ses décrets d’application organisent la coordination et l’harmonisation des transports routiers, ils ne traitent pas à proprement parler du transport urbain. Celui-ci était régi spécifiquement par les conventions de concession et les autorisations accordées aux différents opérateurs, ou par des textes épars, de même qu’il relevait, selon le cas, tant de l’autorité étatique que de l’autorité communale. Le législateur n’avait donc fait que déterminer les principes généraux de la politique des transports. 270 Dans un contexte où l’Etat ivoirien entendait promouvoir la gestion de l’ensemble des services de transport dans un cadre concurrentiel, il était donc nécessaire d’indiquer avec précision ces principes généraux pour affirmer notamment le rôle fondamental de l’Etat dans la régulation, l’organisation et le financement du secteur. C’est dans ce sens qu’une loi a été votée sous la forme d’une ordonnance88 prise par le Chef de l’Etat ivoirien en 2000 afin de répondre à ce besoin en posant explicitement: - le principe de la libre concurrence entre opérateurs ; - la définition des missions de service public qui permettent l’accès de tous aux services de transport ; - la définition des types de service et des relations contractuelles entre transporteurs et usagers ; - les principes d’intervention de l’Etat dans la planification et la réalisation des infrastructures et dans l’organisation de la concurrence entre opérateurs ; - les principes d’intervention financière de l’Etat dans le secteur. Le nouveau texte de loi s’appuie sur la loi 64-294 du 1er août 1964 portant organisation et harmonisation des transports routiers, mais également sur d’autres textes qui sont venus participer à l’organisation du secteur, comme la loi du 27 décembre 1991 portant réglementation de la concurrence, ainsi que sur les conventions internationales ratifiées par la Côte d’Ivoire, notamment en matière de transport routier inter Etats (convention Transport inter Etats et convention Transport Routier inter Etats adoptées en 1982 par l’ensemble des Etats membres de la CEDEAO). Il s’appuie également sur le document de «Déclaration de politique dans le secteur des transports »89. -- D -, 954 'E (A # J 0 >.2 ,$ 7 '9* 9 ,,/ $ < E < 5@ 271 Cette ordonnance fixe les objectifs de la nouvelle politique ivoirienne en matière de transports terrestres, à savoir la compétitivité des productions nationales sur les marchés intérieurs et extérieurs par une réduction des coûts et l’amélioration de la qualité des services, la réduction de la pauvreté et l’accroissement de la mobilité des personnes et des biens. Elle définit explicitement, et c’est nouveau, les notions de « transport urbain » et de «transport non urbain », à partir de la notion de « périmètre de transport urbain » définie par décret. Elle affirme, dans les principes généraux applicables aux transports, que la politique des transports doit assurer la satisfaction des besoins des usagers, faciliter la circulation des personnes et des biens, assurer le développement du transit international et désenclaver les régions par la mise à disposition d’infrastructures et l’adoption de réglementations appropriées. L’offre de transport est fondée sur la libre concurrence. La tarification doit permettre la couverture des coûts aux conditions les plus économiques pour la collectivité et l’Etat peut donner des tarifs indicatifs. Cette loi définit ensuite les notions de « transport public », de « transport pour compte propre » et de « contrat de transport » ainsi que les conditions et les modes d’investissements publics, la coordination et l’organisation des différentes modes de transport, le contrôle des services délégués et les relations internationales. Ainsi, les missions de service public peuvent être déléguées, sous conditions, à des opérateurs privés. La fiscalité doit encourager l’exploitation efficiente des infrastructures et l’utilisation de celles-ci peut donner lieu à perception de péages ou de taxes. Des subventions peuvent être accordées à des services de transport sous réserve d’une justification économique et sociale, pour des durées limitées et sous des conditions de contrôle stricte. Elle pose le principe de la justification économique de tout investissement public dans les infrastructures de transport, autorise la participation du secteur privé au financement ainsi que la perception de recettes pour leur usage. 272 Elle détermine les modes d’intervention des pouvoirs publics dans l’organisation du secteur des transports et prévoit à cet effet la création par décret d’instances consultatives chargées de soutenir la concertation et la réflexion dans le secteur. La loi prévoit enfin, et c’est l’une des avancées majeures, la création d’une autorité en charge de l’organisation des transports urbains pour chaque périmètre urbain. En particulier, elle stipule en ses dispositions pertinentes du titre V , la création d’un organisme public chargé de gérer, coordonner et contrôler les transports urbains de voyageurs dans la ville d’Abidjan et dans les communes limitrophes. En l’absence d’autorité désignée, ce rôle est joué par la collectivité territoriale concernée. Cette nouvelle politique des transports terrestres, qui fixe désormais clairement le cadre institutionnel et réglementaire des transports urbains, marque ainsi la volonté du gouvernement ivoirien affichée dès les années 1990, de restructurer le secteur des transports avec l’appui financier de la communauté des Bailleurs de fonds, dont la Banque Mondiale. En effet, celle-ci avait alors manifesté son intérêt pour un projet d’ajustement sectoriel lors de la revue du secteur des transports en Côte d’ivoire effectuée par la Banque mondiale en 1991. Cette volonté allait se concrétiser par la « Déclaration de politique dans le secteur des transports » qui fut présentée en 1995 au Groupe Consultatif de Paris et adoptée par le Conseil des Ministres en Septembre 1995. La nouvelle politique s’appuie sur les principes et les orientations suivantes90 : - l’association de tous les acteurs concernés, privés ou publics, à la définition et à la mise en œuvre des réformes et des actions ; - la mise en confiance des opérateurs et autres acteurs privés concernés par le secteur, par (i) la réforme du cadre juridique, réglementaire, institutionnel et financier du secteur et (ii) la rationalisation et le renforcement des administrations concernées ; - la création simultanée d’un environnement susceptible de favoriser la recherche de gains de productivité et la mise en place d’un meilleur contrôle des opérations de , 954 'E 9 ,,/ 273 bout en bout en vue d’assurer la meilleure fluidité des trafics de marchandises et de voyageurs ; - le retrait de l’Etat des activités concurrentielles ou nécessitant une haute productivité des ressources mobilisées en vue d’en réduire les coûts ; - l’identification des facteurs qui, dans le système des transports sont à l’origine de blocages et/ou de pertes de productivité ; - la définition et la mise en œuvre des mesures correctrices susceptibles de faciliter l’interconnexion entre les différents maillons de la chaîne des transports ; - la nécessité pour l’Etat d’assurer aux investissements une efficacité maximale, ce qui suppose la mise en place d’un système unique de planificationprogrammation- budgétisation, basé sur des critères objectifs (niveaux de dégradation des chaussées, de trafics…) ; - la priorité au financement de l’entretien des infrastructures existantes, et la recherche de sources de financement complémentaires (ressources extrabudgétaires) en faisant largement appel, autant que possible, à la participation directe des usagers et surtout aux initiatives privées, aussi bien pour le financement que pour la gestion et l’exploitation des infrastructures ; - la libéralisation de l’importations des véhicules d’occasion ; - la révision des modalités d’octroi des titres de transports ; - la révision des conditions administratives d’accès à la profession de transporteur routier ; - la modernisation de l’administration du secteur notamment par la mise en conformité du cadre juridique et réglementaire avec les nouvelles orientations de la politique des transports routiers et les principes de liberté et de concurrence commerciales. Au niveau spécifique des transports urbains : - l’amélioration de la coordination et de la gestion des transports urbains par la création et la mise en place d’une Agence des Transports Urbains (AGETU) ; 274 - l’amélioration de la desserte par la concentration des moyens de production de la SOTRA sur un périmètre d’activité réduit, grâce notamment à l’ouverture d’une partie du réseau aux opérateurs privés91; - l’ouverture du capital de la SOTRA restructurée à des opérateurs privés; - l’étude et la mise en exploitation d’un système de transport en commun lourd de type train urbain à Abidjan, sur l’axe nord-sud en utilisant les infrastructures ferroviaires existantes. Le nouveau cadre institutionnel et réglementaire est désormais régi par une série de textes (lois, décrets, arrêtés d’application etc.) qui définissent le rôle des Pouvoirs Publics, en particulier ceux-ci assurent la protection de l’intérêt général dans le cadre de la politique générale des transports, laquelle intègre les planifications sectorielles, la programmation et le contrôle de l’exécution des investissements publics, la conception des ouvrages, l’application de la réglementation et le contrôle de tutelle des services délégués . Ce cadre définit notamment la notion de périmètre des transports urbains ainsi que le principe de la gestion, dans chaque périmètre des transports urbains, de l’ensemble des prérogatives pour la délivrance des autorisations des services de transport public de personnes internes à ce périmètre, par un organisme spécifique. Dans le cas particulier du District d’Abidjan et des communes limitrophes, les textes stipulent que l’organisation, la coordination et le contrôle de l’ensemble des modes, et notamment l’inscription au registre des transporteurs, la délivrance des autorisations, l’approbation des tarifs et la proposition de création de redevances relatives à l’exploitation des services sont assurés par un organisme associant l’Etat, la Ville et les communes concernées, les transporteurs et les usagers. C’est en application de ces dispositions qu’est née l’Agence des Transports Urbains (AGETU) pour une meilleure coordination institutionnelle du secteur. , 5 E ,,$ ? +! ! ! ! 0 ' (0D ' * # 275 4.1.1.3 L’Autorité organisatrice des transports urbains d’Abidjan a) Statuts, objet et missions L’AGETU a été créée le 23 février 2000 par le décret n°2000-99 sous la forme d’une société d’Etat au capital social de 300 millions de francs CFA entièrement détenu par l’Etat. Conformément à la loi 97-519 du 04 septembre 1997 organisant les Sociétés d’Etat, l’AGETU est administré par un Conseil d’Administration qui comprend douze (12) membres dont : - 2 représentants du Ministère des Transports ; - 1 représentant du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation ; - 1 représentant du Ministère de l’Economie et des Finances ; - 3 représentants des communes du périmètre d’activités; - 2 représentants des transporteurs ; - 1 représentant de la Chambre de Commerce ; - 1 représentant des consommateurs ou usagers; - 1 représentant des concessionnaires du service public de transport urbain. Cette représentation au conseil d’administration, sensiblement équilibrée entre l’administration centrale qui compte 4 membres, les collectivités locales qui ont 3 membres et le secteur privé y compris la société civile qui en compte 5, obéit à la nécessité d’un regroupement des missions en matière de transport urbain au sein d’un organe unique qui associe l’ensemble des acteurs92 en vue d’une meilleure cohérence dans les actions, et que la multiplicité des responsabilités par le passé n’a pas permis d’atteindre. Le processus de création de l’AGETU a amené le gouvernement ivoirien à adopter les principaux textes suivants : , E # % 276 - l’ordonnance n° 2000-67 du 09 février 2000 déterminant les principes fondamentaux du régime des transports terrestres93 ; - le décret n° 2000-99 du 23 février 2000 portant création et organisation de la société d’Etat dénommée « Agence des Transports Urbains (AGETU) »94 ; - le décret n° 2000-101 du 23 février 2000 portant organisation des transports publics urbains et routiers non urbains de personnes95. Conformément à ses statuts annexés à son décret de création, l’Agence a pour objet, l’identification et l’élaboration des études, l’organisation, la coordination et le contrôle des services de transport public urbain de personnes sur son territoire d’activités qui couvre le District d’Abidjan (qui comprend 13 communes) et les communes avoisinantes de GrandBassam, de Dabou, et de Jacqueville. Ses missions principales sur son territoire de compétence sont : 1. La définition des réseaux des services de transports urbains, leurs modalités techniques d’exploitation ainsi que l’élaboration des titres de transports urbains ; 2. La délivrance des autorisations relatives aux services de transport urbain de voyageurs et la tenue du registre des transporteurs agrées (inscriptions, modifications et radiations) ; 3. L’approbation et l’harmonisation des tarifs ; 4. La coordination et l’arbitrage de la répartition des titres de transports en cas d’intégration tarifaire entre les opérateurs ; 5. L’élaboration et le lancement des dossiers d’appel d’offres en vue du choix des prestataires du service public de transport urbain de personnes dans le périmètre défini, l’évaluation des offres, la rédaction des Conventions et des Cahiers des Charges, la passation et le contrôle de l’exécution de ces Conventions ; 6. L’étude et la programmation des infrastructures spécifiques au transport public urbain notamment les couloirs réservés, les gares routières, les aires de stationnement et les stations de taxis ; ," L $$ 5@ # (LD 5 * J2 +$ ,+ L $$ 5@ # (LD 5 * J " ,/ L $$ 5@ # (LD 5 * J " . 277 7. La coordination du stationnement et de la circulation ; 8. L’identification des contraintes de service public éventuelles et la proposition le cas échéant des compensations financières ; 9. L’élaboration des critères d’accès à la profession de transporteurs publics de personnes ; 10. La mise en place et la gestion d’un suivi statistique sur les transports urbains ; 11. La contribution à la lutte contre la pollution atmosphérique générée par les transports motorisés. b) Ressources de l’AGETU L’ordonnance déterminant les principes fondamentaux du régime des transports terrestres stipule que : « les administrations chargées des missions de service public dans le secteur des transports et les délégataires de ces missions sont autorisés à percevoir, auprès de leurs usagers, des taxes spécifiques de service ou des redevances, notamment à l’occasion de la production, la délivrance et le contrôle des titres et, des agréments ou autorisations professionnelles de toute nature ». La taxe d’inscription est due par toute personne exerçant une activité de transport, préalablement à la reconnaissance officielle de la qualité de transporteur, au moment de l’inscription ou du renouvellement de son inscription au registre des transporteurs. La redevance d’autorisation est due par les personnes exerçant une activité de transport, pour chaque véhicule affecté au transport public ou privé urbain de personnes. En outre, le même texte stipule que : « les concessionnaires de service de transport public de personnes exemptés de la redevance d’autorisation sont tenus de payer une redevance de concession et de contrôle dont le montant déterminé par la convention de concession ne peut être inférieur à 0,2 % du chiffre d’affaires pour les transports publics de personnes ou 2 % du chiffre d’affaires pour les autres services ». 278 En conformité avec ces dispositions, le décret de création de l’AGETU précise en son article 18 que les ressources de la Société sont constituées par : • les recettes relatives à l’inscription au registre des transporteurs urbains ; • le produit des redevances versées par les Sociétés concessionnaires des services publics de transport urbain ; • les recettes provenant de la délivrance des autorisations d’exploitation du service public de transport urbain de personne ; • les produits de cession de ses travaux et prestations ainsi que les revenus éventuels de ses biens, fonds et valeurs ; • les subventions et dotations de l’Etat ; • les subventions, dons ou legs des organismes publics ou privés nationaux ou internationaux ; • et plus généralement toutes les autres ressources qui pourraient lui être affectés ou résulter de son activité. Malgré ces dispositions pertinentes des principaux textes régissant désormais le secteur, il a fallu attendre 4 ans96 pour que la loi de finances 2004 aménage à son annexe fiscale au profit de l’AGETU, des taxes et redevances relatives aux services de transport urbain comme ciaprès: $ ,. <$ # $ ! #< 6 $$ $$ 6 !& 279 Article 35 de l’annexe fiscale à la loi n°2004-271 du 15 avril 2004 portant loi des finances 2004 modifié et complété par l’article 24 de l’annexe fiscale à la loi n°2005-161 du 27 avril 2005 portant loi des finances 2005 AMENAGEMENT DE TAXES ET REDEVANCES RELATIVES AUX SERVICES DE TRANSPORT URBAIN Il est institué auprès de l’Agence des Transports Urbains (AGETU), une taxe d’inscription et une redevance d’autorisation annuelle lors de la délivrance et du contrôle des titres de transport urbain. I- TAXE D’INSCRIPTION 1°) La taxe d’inscription est due par toute personne physique ou morale exerçant une activité de transport préalablement à la reconnaissance officielle de la qualité de transporteur public, au moment de son inscription au registre des transporteurs. 2°) Le montant de la taxe d’inscription pour l’obtention du titre du transport urbain de personnes, établi au profit de l’AGETU est fixé comme suit : - Pour les personnes physiques personnes : 50 000 F.CFA effectuant - Pour les personnes morales personnes : 100 000 F.CFA - Pour le transport privé du personnel : 100 000 F.CFA effectuant l’activité l’activité de de transport transport public de public de La taxe est acquittée une seule fois pour toute la période de l’exercice de l’activité. II - REDEVANCE D’AUTORISATION La redevance d’autorisation est due annuellement pour chaque véhicule affecté au transport public ou privé de personnes. Elle est fixée comme suit : 1°) Pour les taxis-ville exploités dans les limites d’une commune comprise dans le ressort territorial de l’Agence des Transports Urbains (attribution, renouvellement) : - Communes de moins de 20 000 habitants : 20 000 F.CFA - Communes de 20 001 à 50 000 habitants : 40 000 F.CFA - Communes de 50 001 à 200 000 habitants : 60 000 F.CFA - Communes de plus de 200 000 habitants : 80 000 F.CFA 2°) Pour les véhicules exploités dans les limites de plusieurs communes comprises dans le ressort territorial de l’Agence des Transports Urbains (AGETU), le montant de la redevance est ainsi déterminé : A/ Redevance annuelle d’autorisation de transport applicable aux taxis- horokilométriques pour une nouvelle attribution : 150 000 F.CFA B/ Redevance annuelle d’autorisation de transport applicable aux taxis- horokilométriques pour un renouvellement : 100 000 F.CFA C/ Redevance annuelle d’autorisation de transport (attribution, renouvellement) applicable aux véhicules de places : - véhicules de 5 à 09 places : 40 000 F.CFA - véhicules de 10 à 39 places : 35 000 F.CFA - véhicules de 40 à 70 places : 30 000 F.CFA 280 - véhicules de plus de 70 places : 25 000 F.CFA Pour l’application des dispositions ci-dessus, le nombre de places est déterminé en incluant celle du conducteur. D/ Redevance annuelle d’autorisation de transport applicable aux embarcations (attribution, renouvellement) : F.CFA. - embarcations de 1 à 25 passagers : 50 000 F.CFA - embarcations de 26 à 50 passagers : 45 000 F.CFA - embarcations de 51 à 100 passagers : 40 000 F.CFA - embarcations de plus de 100 passagers : 35 000 F.CFA 3°) La redevance pour les duplicata des autorisations de transport urbain est fixée à : 10 000 4°) Dans le ressort territorial de l’AGETU, les redevances d’autorisation se substituent à la taxe sur les taxis et à la taxe sur l’exploitation des embarcations prélevées par les communes, ainsi qu’à la taxe sur les taxis interurbains, intercommunaux ou ceux dotés d’un compteur prélevée par le District d’Abidjan. III - REPARTITION DU PRODUIT DES REDEVANCES Le produit des redevances instituées par la présente loi des finances est réparti selon les modalités ci-après : − 40% pour l’Agence des Transports Urbains (AGETU) ; − 60% pour le District d’Abidjan en ce qui concerne les redevances sur les activités qui s’étendent hors des limites d’une commune, ou pour la commune en ce qui concerne les activités qui s’exercent dans les limites de celle-ci. Sources :Journal officiel de la République de Cote d’Ivoire n° 1 du 28 avril 2004 Journal officiel de la République de Cote d’Ivoire n° 3 du 28 avril 2005 281 c) Un début prometteur mais des difficultés résiduelles persistantes Les premiers enseignements pouvant être tirés de la mise en place de l’AGETU et notamment depuis l’adoption de la loi de finance 2004 qui a permis à l’Agence d’être véritablement opérationnelle à partir du mois de septembre 2004, se résument comme ci-après97. Les conditions d’une meilleure cohérence dans la conduite des actions sont dorénavant réunies. En effet, c’est l’Agence qui est désormais responsable de la conduite, du suivi, du contrôle et de la mise en œuvre des actions de politique du Gouvernement ivoirien en matière de transport urbain. A cet égard, l’AGETU assure la maîtrise d’ouvrage déléguée des investissements à charge de l’Etat. En outre, c’est l’Agence qui est l’unique autorité disposant du pouvoir de délivrance des licences ou des autorisations d’exploitation pour les différents services de transport opérant sur le périmètre des transports urbains d’Abidjan. Elle est également la seule compétente pour le contrôle et le suivi de l’exécution des contrats de concession de service public de transport urbains ainsi que du respect de leurs cahiers de charges, comme c’est le cas en particulier avec la SOTRA. C’est également l’Agence qui est responsable, sur son périmètre de compétence, de l’identification, de la conduite et de l’élaboration de l’ensemble des études en matière de transports urbains. Ainsi donc, la mise en place de l’AGETU devrait mettre fin à la multiplicité des pouvoirs d’intervention publique qui prévalait par le passé, avec des conflits de compétences entre plusieurs administrations mais ce n’est pas encore tout à fait le cas car les communes revendiquent toujours la délivrance des autorisations de transport qui leur procurait des ressources budgétaires. L’avènement de l’AGETU a également permis aux opérateurs du secteur (en particulier informel) et à la tutelle administrative d’avoir une meilleure information sur le secteur. En effet, pour une bonne conduite de ses missions, l’AGETU a mis en place des instances ,2 A4 ' # "U # +U # / 282 consultatives qui permettent, dans le cadre d’une approche participative des problèmes et donc de la gestion du processus décisionnel, d’informer les différentes parties prenantes et de tenir compte des avis des uns et des autres et surtout d’appréhender plus tôt les difficultés rencontrées par les acteurs d’une part, les usagers et les opérateurs économiques d’autre part. A titre d’exemple, il a été mis en place des commissions paritaires permanentes de travail regroupant l’AGETU et chacun des organisations professionnelles du secteur (transporteurs propriétaires de gbaka, de woro-woro, de taxis compteurs, chauffeurs, la SOTRA etc.). Dans le cadre de ces commissions de travail, sont discutées des thèmes monographiques spécifiques à chaque sous-groupe professionnel (problème de visite technique, de licence, d’antenne et de compteur des taxis, de documents de contrôle etc.). Ces commissions fonctionnent sur la base de réunions périodiques gérées par un secrétariat technique permanent, de sorte que tout le monde a les mêmes informations à temps, les décisions sont discutées et prises après avis des uns et des autres dans une plus grande transparence. On peut donc conclure à cet égard que la mise en puissance de l’Agence a permis de mettre en place les bases d’une meilleure coordination institutionnelle des transports urbains avec des acteurs ou des opérateurs ayant des objectifs parfois contradictoires. Enfin, il y a maintenant un début de régulation, notamment par l’inscription préalable au registre de transport et par les autorisations de transport qui sont désormais contingentées de même que par l’harmonisation des conditions et des modalités d’exercice au sein d’un même segment de marché. Ces nouvelles dispositions réglementaires basées sur plus d’équité et de transparence (un même protocole pour la délivrance des licences, élaboration de cahiers des charges pour chaque segment de marché etc.) devraient aider à parvenir rapidement à un assainissement du marché pour une meilleure efficacité de fonctionnement. L’application stricte du protocole réglementaire mis en place pour la délivrance des autorisations de transport aux taxis collectifs devrait éliminer sur ce segment de marché 50 à 80% des véhicules selon les communes (Encadré 8). En effet dans le protocole d’attribution des licences, le certificat de visite technique est obligatoire, c’est à dire que sans cette pièce, la 283 licence d’exploitation du véhicule n’est pas attribuée au transporteur. Le certificat d’inscription au registre de transporteur est également exigé avant toute délivrance de licence. Mais ces premiers résultats sont un peu contrariés par des résistances, essentiellement d’ordre financier, de la part des collectivités du périmètre de compétence de l’AGETU pour lesquelles l’activité de délivrance des autorisations de transport n’était qu’une source d’alimentation de leurs budgets et non une opération de régulation. C’est d’ailleurs la principale explication de la présence actuelle sur le marché, de taxis collectifs en mauvais état qui ne peuvent pas obtenir de certificat de visite technique. Encadré 8: Dans le cadre du protocole de délivrance des autorisations de transport par l’AGETU, conformément aux nouvelles dispositions réglementaires, la visite technique SICTA est obligatoire et donc éliminatoire. La stricte application de ces nouvelles dispositions aux taxis compteurs et aux taxis collectifs woro-woro a été sanctionnée aux cours de l’année 2005, par la délivrance : - de 7 882 autorisations de taxis compteurs, sur un marché potentiel estimé à 10 000 véhicules, ce qui donne un taux d’environ 20% de taxis non autorisés. - de 3 744 autorisations de taxis collectifs woro-woro, sur un marché potentiel estimé à 15 000 véhicules environ, soit un taux de 75% de woro-woro non autorisés, avec une variation selon les communes (90% à Abobo, Port-Bouet, Attecoubé, Marcory et Koumassi, 50% à Cocody et à Yopougon, etc.). Ce tableau montre qu’alors qu’une majorité des taxis compteurs est éligible à la visite technique SICTA, la plupart des taxis collectifs woro-woro qui étaient gérés administrativement par les mairies, n’ont pas l’état technique minimum satisfaisant pour passer la visite technique. Cette situation des woro-woro peut s’expliquer par : - l’option budgétaire qui était celle des mairies alors en charge de délivrer les autorisations aux taxis collectifs ; - la dégradation générale du marché des transports où les usagers n’ont pas le choix du moyen de transport ; - et, plus généralement, l’absence d’un cadre institutionnel et réglementaire adéquat. L’une des questions que les conséquences opérationnelles de cette régulation par la visite technique qui réduit considérablement l’offre des woro-woro sur le marché, en apparence dans la réalité, est de savoir que deviennent les taxis non autorisés ? Sur cette question, les dirigeants de l’AGETU apportent les réponses suivantes : 284 - mise en place d’un programme de remise à niveau en accord avec la SICTA, des taxis jugés « récupérables » après un test diagnostic sur des organes sensibles (moteur, frein, phares, etc.) ; ce programme devrait permettre de porter l’effectif des véhicules en règle à hauteur des 2/3 du marché actuel. Le 1/3 restant irrécupérable devra être purement et simplement retiré du marché dans le cadre d’un programme de remise à la casse avec reprise aux propriétaires sur une base forfaitaire devant constituer l’apport pour l’achat d’une occasion en meilleur état technique ; - mise en place sur le terrain, d’un dispositif de contrôle ciblé, sur la base du fichier des véhicules régulièrement autorisés ; - information des usagers par l’identification des véhicules régulièrement autorisés, et donc en règle sur le marché, au moyen d’une vignette spéciale qualité collé sur le taxi ( ce projet est en phase expérimentale). Les problèmes auxquels l’AGETU est confrontée depuis sa création et qui ne lui permettent pas encore de remplir la totalité de ses missions avec toute l’efficacité souhaitée traduisent l’ampleur des difficultés à surmonter pour faire passer cette réforme majeure auprès des collectivités dont certaines la considèrent encore comme une structure de l’Etat central qui leur est imposée. Cette position s’expliquerait par le fait qu’à l’origine, l’AGETU émane fondamentalement de l’Etat central plutôt que des collectivités. Elle peut s’expliquer également par le fait que le processus de création de l’Agence n’a pas à l’origine pleinement associé toutes les parties prenantes, en particulier les collectivités locales. On peut également associer à cette explication le fait que la création de l’Agence a coïncidé avec le vote de la loi portant transfert de compétences de l’Etat aux collectivités. En dépit de la clé de répartition des recettes tirées de la délivrance des licences de transport (60% pour les collectivités contre 40% pour l’AGETU) qui leur est paradoxalement favorable puisqu’elles ne supportent plus les charges qui s’y rattachent, les collectivités du périmètre des transports urbains estiment toujours que l’avènement de l’AGETU, et en particulier le fait de lui confier la délivrance des autorisations de transport, leur a causé un préjudice financier. 285 Ces collectivités territoriales estiment subir de ce fait un manque à gagner de la part de l’AGETU mais nous estimons que c’est le prix minimum à payer pour espérer au moins arriver à un assainissement du marché. En effet, l’application des nouvelles dispositions serait plus bénéfique aux populations, puisqu’elle contribuerait à réaliser une économie substantielle sur les coûts externes de congestion, d’insécurité et de pollution, grâce au retrait du marché de transport de vieux véhicules polluants et inaptes à la circulation publique. Elle aurait en outre l’avantage d’améliorer qualitativement l’offre sans en modifier significativement le niveau quantitatif global dans la mesure où on améliorerait la fluidité de la circulation et les véhicules plus performants maintenus sur le marché feraient plus de rotations qu’actuellement. Entre le rôle que l’AGETU veut faire jouer aux licences de transport (instrument de régulation du marché) et celui que les collectivités territoriales leur donnaient (instrument de production de ressources budgétaires), deux logiques s’opposent selon l’AGETU98 : Celle de l’autorité organisatrice qui est une logique qualitative, de rationalisation du marché, et celle quantitative voire sociale des collectivités fondée sur des préoccupations d’ordre financier (Encadré 9). Pour certaines collectivités cela permet de créer de nombreux petits emplois. Mais il faut relativiser cette position car l’activité induit des coûts externes plus importants pour la collectivité que les valeurs ajoutées supplémentaires produites localement. Cette réalité explique amplement pourquoi les communes et l’ex ville d’Abidjan n’ont jamais été en mesure, depuis plusieurs décennies de gestion des transports urbains, d’avoir une maîtrise suffisante de l’évolution du secteur des transports dit « informel ». Ces collectivités n’ont fait que puiser du secteur une partie de leurs ressources budgétaires sans contrepartie véritable rendue aux opérateurs, par exemple en termes d’infrastructures d’exploitation (aménagement de gares, de têtes de stationnement de taxis etc.). ,- A4 ' # / 286 Encadré 9 : En fait, les vérifications effectuées sur la base des recettes effectivement recouvrées par les collectivités au titre de la délivrance des licences montrent que s’il y a préjudice, le montant est marginal car ces recettes ne représentent qu’à peine 1 à 5% de leurs budgets respectifs selon les communes. Le vrai « préjudice » serait en fait pour les agents des services de transport des municipalités qui sont de fait désormais coupés du contact direct avec les transporteurs qu’ils avaient à leur merci, et qui étaient obligés d’effectuer des paiements parallèles(non officiels)pour obtenir leurs licences. En fait, le Gouvernement ivoirien était parvenu à la conclusion qu’il n’était pas envisageable de s’attendre à un développement véritable des transports urbains (qui se faisait toujours attendre malgré d’importants investissements publics et privés et une production fiscale excédentaire du secteur99), dans un environnement où le District d’Abidjan s’occupait isolement des taxis compteurs, chaque municipalité des taxis collectifs woro-woro, et que les services de minibus gbaka de banlieues et la SOTRA étaient eux, de la responsabilité du Ministère des transports. L’avènement de l’AGETU vient donc assurément en réponse à cette fragmentation institutionnelle qui prévalait dans le secteur et qui n’a pas donné de résultats concluants. Mais, la question de trouver définitivement le meilleur point d’ancrage institutionnel de cette autorité reste posée : l’AGETU devrait-elle relever directement de l’Etat central (Ministère des transports) ou des collectivités (District d’Abidjan ou communauté urbaine)? Dans l’un ou l’autre cas, il y a des avantages et des inconvénients de sorte qu’il n’y a pas de bonne position du curseur a priori. Toutefois, l’ancrage institutionnel actuel de l’Agence plus proche de l’Etat central, et notamment au Ministère des transports, peut-être considérée comme une situation transitoire qui s’explique car le mouvement de la décentralisation dans notre pays n’est pas encore mature. Il n’est qu’à ses débuts et les collectivités sont encore relativement fragiles face à l’Etat. L’appropriation de l’autorité organisatrice par les collectivités territoriales dépendra de leur rythme et/ou de leur capacité d’évolution vers une plus grande autonomie. ,, 7 '9 # L 287 Le tableau comparatif suivant présente en termes qualitatifs, les premiers bilans de la création de l’AGETU. Tableau 106 : Premiers bilans de la création de l’AGETU Services de transport Avant l’AGETU Avec l’AGETU Au niveau institutionnel • - Tous services • Coordination au sein d’un organe unique qui, associe l’ensemble des acteurs au CA pour une gestion participative du secteur. • les Communes de l’agglomération, qui avaient en charge la gestion des ‘‘woroworo’’ ; • Suppression de la multiplicité des centres de décision. Eclatement des compétences, entre : - la Ville d’Abidjan, qui avait en charge la gestion des taxis-compteurs; le Ministère chargé des Transports qui réglementait les autorisations de transport des minibus ‘‘gbaka’’ et assurait directement le suivi de la SOTRA en collaboration avec le Ministère de l’Economie et des Finances. Les opérateurs ont un interlocuteur unique, là où il leur fallait s’adresser à plusieurs administrations pour avoir leurs différents documents. Au niveau des conditions d’accès au marché Taxis collectifs (woro-woro) Minibus Gbaka Taxiscompteurs Tous services • Taux de rredevance fixé de façon arbitraire par • chaque commune. Niveau de la redevance harmonisé et fixé sur la base de la taille du marché (population de la commune). • Aucune redevance n’était exigée. • • Non équité pour l’accès au marché (par rapport aux autres modes qui payaient des redevances). Taux de la redevance fixée à un faible niveau pour promouvoir le transport de grande capacité. • Exploitation non officielle mais tolérée. • Désorganisation du marché du fait de • l’avènement des woro-woro intercommunaux non assujettis aux mêmes taxes et redevances • que les taxis-compteurs. Suppression de la concurrence déloyale des taxis intercommunaux. • Concurrence déloyale intercommunaux. des • Attribution des licences sans exiger le certificat • de la visite technique. • Procédure non transparente (les documents Baisse de 18% des taxes et redevances. woro-woro Harmonisation des conditions d’accès au marché de desserte de toute la ville d’Abidjan par les véhicules cinq (5) places y compris le chauffeur. 288 Services de transport sauf SOTRA Tous services sauf SOTRA Avant l’AGETU Avec l’AGETU exigés varient selon le transporteur). • Paiements parallèles • Délais de délivrance plusieurs semaines • Absence de critères d’accès au marché. des documents de • Paiements officiels uniquement (suppression des paiements parallèles) • Mise en place d’un cadre formel de recours avec la création des Comités Régionaux d’Arbitrage compétents pour trancher tous les cas de litiges liés à la délivrance des titres de transport urbain. • Attribution des documents en 24 heures. • Certificat de visite technique obligatoire. Au niveau du fonctionnement du marché Tous services sauf SOTRA • • Désorganisation, anarchie au sein du marché ( • effectif pléthoriques :10 000 taxis compteurs, 15 000 woro-woro , 4 000 minibus gbaka). • Accroissement de la congestion, de l’insécurité routière et la pollution atmosphérique. • Environ 30% des taxis compteurs et moins de 10% des woro-woro possèdent un certificat de • visite technique à jour. • Atomicité du marché, exploitation individuelle, appui technique et financier aux organisations professionnelles et à la création de Groupement d’Intérêt Economique(GIE) en cours. Amélioration des conditions de sécurité et de fluidité routière ; Premiers résultats de la régulation: 8 000 taxi compteurs , 4 000 woro-woro, 2 000 gbaka autorisés sur le marché : Tous, soit100%, sont en règle et ont le certificat de visite technique à jour. Suppression du marché, des services banalisés dits woro-woro intercommunaux qui opéraient à la marge des taxis officiellement autorisés; Tous services sauf SOTRA Au niveau des acteurs • Mauvaise connaissance des acteurs • (transporteurs, chauffeurs, auxiliaires). • Faible niveau de formation des chauffeurs. • Absence de programme de recyclage. • Trop de syndicats et pas d’organisation professionnelles - Identification des acteurs : - par les certificats d’inscription pour les transporteurs (à fin 2005, 8600 transporteurs sont inscrits au registre et désormais identifiés de façon précise) - par les cartes professionnelles AGETU pour les autres acteurs (chauffeurs, auxiliaires) Appui technique et matériel à l’organisation et à la formation de collectifs de transporteurs dans les communes de Cocody, d’Abobo, et de Yopougon. Source : AGETU, Premiers bilans de la mise en œuvre des reformes institutionnelles, Document interne, 2003 289 4.1.2 Présentation des transports urbains d’Abidjan 4.1.2.1 Les services de la SOTRA a.) Généralités100 La Société des Transports Abidjanais (SOTRA), société d’économie mixte créée le 16 décembre 1960, assure le service public de transport en commun de voyageurs dans la ville d’Abidjan, sur la base d’une convention de concession signée avec l’Etat de Côte d’Ivoire et qui a été renouvelée en 1998 pour une durée de 15 ans. La SOTRA a un capital social de 3 milliards de Francs CFA détenu à hauteur de 60,1% par l’Etat ivoirien, 39,8% par le groupe IRIS BUS, et 0,07 % par le District d’Abidjan. Elle est placée sous la tutelle technique du Ministère des Transports, et sous la tutelle financière du Ministère de l’Economie et des Finances. Ses installations techniques et équipements comprennent : • 6 unités de production ou Directions Régionales chargées de la gestion des lignes et de l’entretien des autobus ; • 1 atelier Central de rénovation de carrosserie, de gros organes (moteurs, boites de vitesse, ponts), de réhabilitation, de montage de véhicules sur châssis motorisés, et de construction de bateaux neufs ; • 1 atelier d’entretien des Bateaux-Bus ; • 6 gares de régulation d’autobus (Gare Nord, Gare Sud, Gare Marcory, Gare Koumassi, Gare Abobo, Gare Cocody) ; • 4 gares lagunaires (Abobo-Doumé, Treichville, Plateau, Blockauss) ; • 141 terminus et 1168 points d’arrêts dont 288 équipés d’abribus. 0D ' A # + 290 Au cours des deux premières décennies de son existence, la SOTRA a évolué dans un environnement économique et financier favorable qui a contribué à la croissance continue de ses activités sur la période 1961-1990, pendant laquelle le parc a été multiplié par 28, passant de 43 véhicules en 1961 à 1203 véhicules en 1990101. A partir des années 1990, les effets de la crise financière ont nécessité la mise en œuvre d’un plan intérimaire102 qui a recommandé le gel dans les acquisitions d’autobus neufs, la prolongation de la durée de vie technique du matériel roulant de 10 à 12 ans, et le plafonnement des investissements, notamment par l’achat d’autobus d’occasion plutôt que neufs. Mais l’application de ce plan s’est avérée peu concluant. A la dégradation continue de la situation financière, se sont ajoutées des difficultés opérationnelles ou d’exploitation, entraînant un profond déséquilibre entre l’offre d’autobus et la demande de transport. En effet, la demande a cru rapidement consécutivement à l' extension spatiale (à partir des communes de Cocody, d’Abobo et de Yopougon) et démographique d’Abidjan dont la population est passée de 1,93 millions en 1988 à 2,95 millions en 1998. La qualité du service offert ne s’est ainsi détériorée régulièrement depuis 1990 avec notamment une surcharge des autobus (la charge moyenne des autobus est passée de 85 personnes par voyage en 1990 à 115 en 1995, à 122 en 1998 et à131 en 2005), un accroissement des fréquences de pannes, une augmentation des courses annulées, une plus grande irrégularité dans les fréquences des autobus et un accroissement des temps d’attente des usagers à l’arrêt. La SOTRA se trouvait ainsi dans un cercle vicieux. En effet, du fait de ses difficultés financières, l’entreprise ne parvenait plus à maintenir en quantité et en qualité son outil de production, ce qui a détérioré ses performances d’exploitation (dégradation de la qualité de service :non-respect des fréquences, longues attentes aux arrêts, surcharge des autobus, annulation de voyages programmé, multiplication des pannes, accroissements des coûts 0D ' A 9 954 'E 0D ' A & 9 ,-2> ,-, ,-2 291 d’exploitation et notamment de maintenance de véhicules de surcroît peu performants, etc.), avec pour effet de contribuer davantage à dégrader sa situation financière à cause des mauvais résultats d’exploitation. Devant cette situation, le Gouvernement ivoirien avait tenté de procéder à une réduction du périmètre de la SOTRA par la concession, en 1998, à un opérateur privé Cette concession qui n’a pu être mise en œuvre jusqu’à maintenant a contribué davantage à amplifier la situation difficile de la SOTRA obligée qu’elle était de continuer à desservir tout le périmètre urbain. En effet, elle s’est traduite par une désaffection des usagers de la SOTRA dont le trafic, estimé à 233 millions de voyageurs en 1995, est tombé à 200 millions de voyageurs en 2000, soit une chute de 15 %103. Cette baisse du trafic voyageur est la conséquence de la dégradation de la capacité d’offre de la SOTRA qui est passée d’un autobus pour 1600 habitants en 1990 à un autobus pour 4700 habitants en 2000. La baisse régulière du trafic voyageur a réduit de façon significative le poids de la SOTRA dans le marché des transports urbains qui est passé de 47 % des déplacements motorisés en 1988 à 27 % en 1998104. Pour corriger cette tendance, la SOTRA a fait l’objet d’une restructuration financière en juin 2005 qui a permis d’assainir son bilan105. Il faut rappeler qu’au 31 décembre 2004, la situation opérationnelle et financière de cette société se pressentait comme suit106 : • parc d’autobus vieillissant (18 ans de moyenne d’âge) et insuffisant pour satisfaire la demande en transport dans l’espace et dans le temps avec une qualité de service acceptable ; " 0D ' A 9 + 5 ' $ / ,- 9 0'5 5 C 6 % $ < 0D ' A #A $ < ( ,,"> ,,/* "> 8 ( ,-2> ,-,* # " 8 / ( ,- > ,-/* ( ,, > ,,"* . % ) # # 8 $ ! 292 • des charges de personnel qui pèsent pour plus de 50% du chiffre d’affaire avec un effectif de 4 267 personnes ; • des pertes nettes cumulées des exercices antérieurs se situant à 33,5 milliards de FCFA, soit plus de 10 fois le capital social ; • des capitaux propres négatif, se situant à 10,6 milliards de FCFA, pour un capital social de 3 milliards de FCFA ; • un niveau important du manque à gagner sur l’Etat qui se situe à plus de 51 milliards de FCFA mais largement supérieur aux pertes cumulées. Les objectifs clés du plan de restructuration financière consistaient à : Reconstituer les fonds propres par l’assainissement du bilan grâce à l’absorption des pertes nettes cumulées sur les exercices antérieurs ; Restaurer la capacité d’endettement en : réduisant le stock des dettes à moyen et long terme par abandon de créances ; équilibrant la structure du bilan notamment par la levée de fonds sous forme d’emprunt ou d’émission de titres financiers pour financer les investissements ; Rééquilibrer la situation de trésorerie de la société par : l’adoption du régime d’assujettissement à la TVA ; la mise en place d’un mécanisme de traitement des crédits de TVA ; l’obtention de la part de l’Etat, d’un paiement régulier et intégral des sommes dues à la SOTRA ; Accroître substantiellement le niveau des investissements avec : l’augmentation du niveau du parc de véhicules et sa productivité notamment par l’acquisition d’autobus neufs pour rajeunir le parc ; le renforcement de la capacité productive des ateliers centraux ; l’acquisition d’infrastructures de réseaux et de nouvelles technologies. Pris dans leur ensemble, ces objectifs clés visent à relancer les activités de la SOTRA avec une situation financière assainie pour lui assurer des conditions d’exploitation satisfaisantes et durables. Le problème de la SOTRA apparaît ainsi pour l’Etat, comme une question nationale, 293 voire de souveraineté en ce qu’elle renferme non seulement une dimension économique et financière, mais surtout une dimension sociale forte. C’est pourquoi nous avons cherché à savoir, dans le cadre de cette thèse, si tous ces efforts de l’Etat envers cette société pour des raisons sociales, profitent à tous les citoyens et en particulier aux plus nécessiteux. C’est l’une des raisons de l’analyse du réseau ou de l’offre de service de la SOTRA par rapport aux quartiers défavorisés. b.) Le réseau de la SOTRA La SOTRA dispose d’un réseau urbain relativement bien maillé qui dessert l’ensemble des 10 communes de l’agglomération d’Abidjan, avec quelques disparités. Ce réseau est actuellement structuré autour de 67 lignes urbaines d’autobus, de 2 lignes de bateau-bus, de 12 lignes d’autobus express de création récente (2001) et de 2 lignes de taxis bagages desservant les marchés. La longueur totale du réseau urbain est estimée à 1147 km, dont environ 924 km pour les autobus urbains, 17 km pour les bateaux-bus, 176 km pour les autobus express et 30 km pour les taxis-bagages. La plus courte ligne urbaine mesure 5 Km et la plus longue 24 Km, la longueur moyenne des lignes faisant 14 Km. Les lignes longues sont souvent des lignes domicile-travail ou des lignes reliant des dépôts et/ou des gares. Cette grande disparité des longueurs des lignes est l’une des principales faiblesses du réseau au plan de l’exploitation. 31 lignes font moins de 14 km avec une moyenne de 10,6 km et 36 lignes font plus de 14 km avec une moyenne de 16,4 km. Environ 30 lignes urbaines sont pratiquement destinées au ramassage des élèves et étudiants qui constituent 60 à 95% des voyageurs empruntant ces lignes, ce qui pose également un réel problème d’exploitation à la SOTRA car cette clientèle constitue la plus importante des groupes dits subventionnés par l’Etat et dont la maîtrise de l’évolution du trafic dans le temps et dans l’espace est difficile à programmer et à planifier. 294 La carte du réseau est présentée à la page suivante et le descriptif des lignes en annexe 2. 294 Carte 9 : Réseau de la SOTRA 295 Ce réseau assure une bonne desserte d’un noyau dur constitué des communes anciennes situées en zone centrale, disposant d’un bon réseau de voiries revêtues. Ces communes sont celles du Plateau, d’Adjamé, de Treichville et de Marcory. Plus généralement, les principales zones génératrices d’activités (le centre des affaires au Plateau, la cité administrative au Plateau, les zones industrielles de Treichville, Vridi et Koumassi ainsi que la zone portuaire) qui sont situées dans l’île de petit-Bassam. Le réseau de service urbain de la SOTRA présente d’importantes disparités par commune, que l’on peut mesurer par le ratio du nombre de courses d’autobus (ou de place x km) effectuées pour 1 000 habitants. Les résultats d’exploitation de la SOTRA pour l’année 2005 donnent les ratios moyens présentés au tableau suivant, pour les dix communes d’Abidjan. Tableau 107 : Nombre de courses effectués pour 1 000 habitants Commune Nombre de courses107 Population en 2005 réalisés en 2005 Ratio Courses/1000 habitants Abobo 134 393 823 063 164 Adjamé 945 695 327 930 2 834 Attécoubé 97 962 267 701 366 Cocody 395 093 324 642 1 217 Koumassi 277 415 409 524 678 Marcory 236 546 229 222 1 032 Plateau 717 506 13 367 53 678 Port-bouët 246 109 272 952 902 Treichville 699 173 155 429 4 499 Yopougon 184 350 887 540 208 3 934 242 3 711 370 1 061 ENSEMBLE Source : Doctorante : Calculé à partir des données de la SOTRA 2 7 < $ $$ < U 296 La variation de ce ratio montre que certaines zones, les plus excentrées ou situées à la périphérie de la ville, sont mal desservies, par exemple Abobo avec 164 ; Yopougon avec 208. Par contre les zones centrales comme le plateau avec un ratio de 53 678 ; Treichville avec 4 499 ; Adjamé avec 2 834 sont relativement mieux desservies. De façon générale, les quartiers sous équipés qui ne disposent pas de voirie bitumée de bonne qualité ne sont pas bien couverts par le réseau de la SOTRA. C’est le cas par exemple des deux banlieues nord d’Abobo et de Yopougon ainsi que certains nouveaux quartiers résidentiels de Cocody. L’accessibilité des habitants des quartiers précaires à ce réseau dépend de la situation géographique desdits quartiers et de l’état de la voirie. Les enquêtes effectuées dans le cadre de notre travail ont permis de mieux apprécier cette accessibilité comme décrit ci-après: - Abobo Baoulé (Abobo) : Le quartier est situé à environ 10 à 20 minutes de marche du dépôt SOTRA (la ligne 75). - Sonitra (Adjamé) : Le quartier est situé à environ 15 à 20 minutes de marche de l’axe Adjamé-Abobo. Les lignes d’autobus qui desservent ce quartier sont celles passant sur cet axe en direction soit d’Abobo soit d’Adjamé ; ce sont les lignes 76, 15, 08 et 51. Ce quartier est tout de même situé à environ 30 à 45 minutes de marche de la gare Nord d’Adjamé. Les habitants de ce quartier bénéficient également des différentes lignes desservant cette gare. - Mossikro (Attécoubé) : Les lignes qui desservent ce quartier sont les lignes 36 et 47. Le quartier bénéficie du terminus d’Abobo Doumé (bus et bateau-bus) situé à 25 minutes de marche. - Gobelé (Cocody) : Ce quartier est situé à 20 minutes de marche de la rue du Vallon et est ainsi desservi par la ligne 35 passant sur cette rue. - Divo (Koumassi) : Le terminus du bus 32 se trouve dans le quartier. Il bénéficie aussi du terminus 05 situé à 15 minutes de marche. - Alliodan (Marcory) : Ce quartier bénéficie de la ligne 03 située à 10 minutes de marche. 297 - Village Alladjan (Port Bouët) : Les lignes qui desservent ce village sont les lignes 29, 06, 53, et 17. - Zone Industrielle (Treichville) : Les lignes 19, 24, 18, 07 et 23 desservent ce quartier. - Andokoi (Yopougon) : La ligne 20 de la SOTRA dessert ce quartier. Par rapport à cet échantillon, nous pouvons dire que les quartiers précaires bénéficient d’une desserte de la SOTRA : - soit directement, en fonction de leur situation géographique par rapport à une voirie principale ; - soit indirectement, l’accès au réseau SOTRA s’effectuant à pieds (10 à 45 minutes de marche selon le cas) ou en taxi collectif. Ce qu’il y a lieu de retenir ici pour l’essentiel est que beaucoup de quartiers précaires ne sont pas directement reliés au réseau de transport public de la SOTRA, du fait principalement de l’inexistence d’un accès routier en bon état (absence de voies bitumées). En effet, la politique d’extension du réseau de la SOTRA dans les limites du périmètre concédé se fonde sur un certains nombre de critères techniques dont l’état du réseau routier, ce qui est un facteur limitant pour prolonger et/ou créer des lignes d’autobus desservant directement des quartiers précaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles les taxis collectifs woro-woro qui présentent un certain avantage à cet égard, sont les services qui desservent ces quartiers sous équipés. c.) Les trafics de la SOTRA et leur évolution récente L’évolution récente du trafic et de l’offre de la SOTRA est retracée dans le tableau suivant : 298 Tableau 108 : Evolution récente du trafic et de l’offre de la SOTRA Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Parc en ligne (V) 525 564 617 554 528 439 35.498.282 35.235.280 32.505.025 27.217849 26.643.227 24.532.761 Production kilométrique (K) Passagers totaux 236.012.379 256.298.441 228.759.281 212.769.217 207.240640 209.388.542 transportés (P)108 Ratio P/K 6,65 7,27 7,03 7,82 7,78 8,53 Ratio K/V 67.615 62.474 52.682 49.130 50.461 55.883 Source : Doctorante : Calculé à partir des données de la SOTRA L’évolution des ratios de production (nombre moyen de passagers transportés par véhicule et kilomètres moyens produits par véhicule) montre que la dégradation des conditions d’exploitation amorcée dans les années 1990, s’est poursuivie et s’est même accentuée, en ce qui concerne la production kilométrique par véhicule, notamment en 2002 même s’il faut noter un début d’amélioration en 2003. Il est vraisemblable qu’indépendamment des difficultés internes à la SOTRA, cette situation est en grande partie l’une des conséquences sur cette société de la crise socio-politique que connaît le pays depuis septembre 2002. - & < E Q (&* P 7 $$ G E # $$ < & P ' V Σ5 9 ' (' G * U5 (5 * U9 (7 8 * V < 299 Tableau 109 : profil des voyageurs de la SOTRA Octobre 1996 – 2002 2003 2005 Septembre1997 effectifs % de en milliers Catégories effectifs % en milliers effectifs % en milliers effectifs % en milliers Voyageurs Groupes subv. 67 560 -Fonct. 6 030 -Scolaires 61 530 55,6 141 835 62,0 130 624 63,7 120 185 59,2 Privés 43 918 36,2 66 465 29,1 55 466 27,1 64 507 31,8 Non payants 9 958 8,2 20 459 8,9 18 910 9,2 18 299 9,0 121 436 100,0 228 759 100,0 205 000 100,0 202 992 100,0 TOTAL Source : Doctorante : Calculé à partir des données de la SOTRA Dans le trafic 2005, l’activité urbaine concédée porte sur 203 millions de voyageurs transportés dont 68 % de passagers subventionnés (fonctionnaires : 1,5 % ; étudiants et élèves : 57,6 %) ou transportés gratuitement (corps habillés et écoliers : 9 %). La structure du trafic ou le profil de la clientèle de la SOTRA a toujours constitué un handicap pour cette société. En effet, la structure de la clientèle de la SOTRA est caractérisée par : • une forte prédominance des usagers appartenant aux groupes dits subventionnés : en effet, environ 61% des voyageurs sont des scolaires (élèves et étudiants) et des fonctionnaires qui voyagent avec des cartes de bus subventionnées par l’Etat ; • une proportion relativement plus faible des usagers payant directement leurs tickets : 30% des clients voyagent avec des tickets payés par trajet; • une part non négligeable : d’environ 9% des usagers bénéficient actuellement de la gratuité du transport urbain ; il s’agit notamment des écoliers, des agents des forces de défense et de sécurité (police, gendarmerie, etc.) ainsi que des agents de la SOTRA et des membres de leurs familles. 300 Les clients potentiels de la SOTRA qui résident dans les quartiers précaires sont donc compris parmi ceux qui paient directement leur ticket au trajet et qui ne bénéficient pas des avantages sociaux accordés par l’Etat, en particulier au titre des groupes subventionnés. Nous pouvons de ce point de vue dire que les services de la SOTRA reviennent beaucoup plus cher aux populations économiquement défavorisées qu’à celles plus nanties. Compte tenu des difficultés rencontrées par la SOTRA pour satisfaire convenablement toute la demande de transport du périmètre qui lui a été concédé, il y a eu au cours des 10 dernières années, un report progressif des usagers payants vers les autres services de transport que sont les taxis woro-woro et les minibus gbaka en pleine expansion. 4.1.2.2 La société des transports urbains (SOTU) a.) Généralités Le projet pour l’avènement de la SOTU en 1998 sur le marché des transports urbains d’Abidjan était présenté comme une réponse à la crise sévère que traversait la SOTRA depuis 1990 et qui ne permettait plus à cette société de satisfaire correctement la totalité de la demande de transport en commun dans l’espace et dans le temps. Il s’inscrivait par ailleurs dans le cadre de la nouvelle politique économique du Gouvernement ivoirien fondée sur une plus grande ouverture au secteur privé et un recentrage des efforts de l’Etat sur son rôle régalien (intervention en faveur des secteurs sociaux, régulation, contrôle et sécurisation de l’environnement économique). L’insuffisance des moyens de transport collectif urbain malgré une intervention financière du Trésor public de plus en plus importante en faveur de la SOTRA (environ 79 milliards de F CFA sur la période allant de 1992 à 1998)109 a ainsi conduit le gouvernement à envisager d’autres solutions beaucoup plus viables à terme. , 7 '9 ) # 301 b.) Contexte et objectifs du projet SOTU Vis-à-vis de la SOTRA Le projet s’inscrivait dans le processus d’un redressement opérationnel et financier de la SOTRA par110 : le renforcement progressif du parc d’autobus de la SOTRA affectés aux services urbains de transport ; la mise en oeuvre d’un plan de redressement et de restructuration financière de la SOTRA sur la période 1994–2000 ; la concentration des moyens de production de la SOTRA sur le centre de la ville d’Abidjan, à l’exclusion des communes d’Abobo et de Yopougon ; l’ouverture de l’exploitation des services de transport en commun à de nouvelles sociétés privées de transport collectif pour les communes d’Abobo et de Yopougon. Vis-à-vis de la collectivité Le projet visait111 : une amélioration quantitative et qualitative de l’offre de transport collectif pour répondre à la demande croissante de déplacement ; à offrir une alternative fiable au plan technique et sécuritaire, et viable au plan environnemental et économique, à l’usage des taxis collectifs woro-woro et des minibus gbaka ; à améliorer la fluidité du trafic et l’utilisation de la voirie urbaine par le recours à des autobus à forte capacité ; à rendre le système des transports plus efficace en faisant appel à des principes commerciaux d’exploitation des transports urbain ; la promotion du secteur privé. 0W 0' A 0 W < ,,/ A 302 c.) Mode et procédure de sélection de l’opérateur conformément à ces objectifs, le gouvernement ivoirien a décidé de faire appel a un opérateur privé, pour réaliser les investissements nécessaires et exploiter un service de transport urbain de personnes pour la desserte des communes de Yopougon et d’Abobo, les deux banlieues les plus peuplées d’Abidjan. En vue de faire réaliser ces investissements, le gouvernement a lancé un appel d’offres international le 29 septembre 1997 dans le but de sélectionner un exploitant privé disposant de capacités financières suffisantes et de compétences techniques appropriées dans le domaine des transports collectifs de personnes. C’est ainsi que la Société de Transport Urbain, en abrégé SOTU, société anonyme de droit ivoirien, qui a remis dans ce cadre une offre pour le financement, l’exploitation et l’entretien d’un service public de transport urbain de personnes, a été déclarée attributaire provisoire de la concession le 15 juillet 1998, après évaluations des offres. Signature d’une convention de concession L’Etat de Côte d’Ivoire et la SOTU ont, après négociations, conclu et signé le 18 septembre 1998, une convention de concession qui fut approuvée par décret présidentiel n° 98-631 du 11 novembre 1998. A la signature de cette convention de concession, la SOTU avait un capital social initial de 100 millions de F CFA112, capital qui, conformément aux stipulations de ladite convention, devait être porté à hauteur de un milliard neuf cent millions de F CFA réparti comme suit : 75% détenus par la société concessionnaires (SOTU) ; ) ) # $ ,,- 5 #A 5 # 5@ # 0D ' 6 W < 303 10% par l’Etat de Côte d’Ivoire ; 10% par la SOTRA. 5% par des démembrements de l’Etat (les collectivités urbaines d’Abidjan notamment). Ce capital fut finalement porté à deux milliards de F CFA113. d.) Le réseau SOTU Le réseau SOTU était conçu pour la desserte exclusive des communes d’Abobo et de Yopougon qui lui a été concédée suite à la décision prise par le gouvernement de réduire le périmètre d’activité de la SOTRA qui était l’une des principale mesures prises pour le redressement financier de cette société en difficulté. Ce réseau était bâti autour de quatorze lignes de desserte de Yopougon et de six lignes de desserte d’Abobo. Parmi ces lignes, trois de yopougon et deux d’Abobo sont autorisées à effectuer des liaisons directes avec la gare sud en passant par le boulevard de la paix, sans renouvellement de charge sur le périmètre de la SOTRA. La longueur totale de ce réseau était de 248,43 km, dont 172,58 km pour Yopougon et 75,85 km pour Abobo. Le parc proposé pour l’exploitation de ce réseau était composé de cent quatre vingt dix neuf (199) autobus équivalent bus standard, dont cent douze (112) véhicules pour Yopougon et quatre vingt sept (87) pour Abobo. e.) Les difficultés éprouvées par la SOTU pour mettre en œuvre la convention Depuis la signature de la convention, la SOTU n’a pas été en mesure de démarrer son exploitation effective, compte tenu principalement des difficultés financières des promoteurs " & )> )> #A #A 5 A 4 4 E 0D ' "8 ,,, ,,, # < 6 304 et aussi de l’environnement socio-économique et politique du pays peu favorable depuis décembre 1999, date du premier coup d’Etat que le pays a enregistré. En effet, en dehors de l’Etat qui avait libéré une part de 300 millions de F CFA comme participation au capital de la société, aucun des autres actionnaires y compris les promoteurs de la SOTU, n’as jamais été en mesure de mobiliser sa part. Les fonds propres de la société n’ont jamais été constitués et mis en place comme l’exigeait la convention, montrant ainsi les limites, sinon les premières difficultés auxquelles a été confrontée la SOTU, et dont les principales origines sont les suivantes : sur le plan opérationnel et technique, la dégradation générale du système des transports urbains, avec un effondrement de l’offre SOTRA (suite à ses problèmes opérationnels et financiers) et une croissance non maîtrisée du secteur non structuré ; sur le plan financier, les difficultés financières de l’Etat qui n’arrivait plus à supporter ni en totalité, ni régulièrement, les coûts de sa politique du transport en faveur des fonctionnaires, étudiants et élèves ; sur le plan institutionnel, l’absence d’un cadre réglementaire clair : en effet, le Ministère des transports assurait incomplètement son rôle de coordination et de suivi du secteur, la ville d’Abidjan et les communes avaient la compétence pour l’organisation des taxis mais leur manque de moyens techniques et humains, additionné à l’insuffisance de leurs ressources financières ne leur permettaient pas d’exercer ces prérogatives. Ces collectivités locales voyaient dans la délivrance des autorisations aux taxis, dont elles avaient la charge, un moyen d’entrées fiscales plutôt qu’une responsabilité d’organisation du secteur ; au plan de la réglementation de la circulation routière, il existait un vide réglementaire concernant le secteur des transports urbains qui n’était pas régi par des textes spécifiques ou précis. En résumé, sur ce dossier SOTU, on peut dire que les principales causes de l’échec ou des difficultés du projet à se mettre en oeuvre sont à la fois internes (dépendant des promoteurs) et externes (relativement à l’environnement et au contexte du projet) : S’agissant des causes internes, il faut noter : 305 • la capacité financière insuffisante des promoteurs ; • l’expérience ou la capacité opérationnelle insuffisante des promoteurs S’agissant des causes externes, il faut souligner : le contexte euphorique du programme gouvernemental des « 12 travaux de l’éléphant d’Afrique »114 ; la préparation insuffisante du projet (qu’on pourrait qualifier de trop optimiste) ; le cadre institutionnel et réglementaire du secteur peu clair, ce qui n’a certainement pas incité des opérateurs d’envergure internationale à s’intéresser au projet ; l’environnement fiscal pénalisant, malgré un code des investissements qui se voulait incitatif. 4.1.2.3 Les services de taxis compteurs d’Abidjan a.) Généralités Les taxis compteurs d’Abidjan sont des véhicules particuliers de 5 places (y compris le conducteur) destinés au transport de personnes. Le véhicule est doté d’un compteur horokilométrique qui calcule le tarif de la course en fonction de la distance parcourue et/ou du temps lorsque le véhicule est à l’arrêt. C’est un service marchand offert par une entreprise privée ayant obtenu au préalable une autorisation d' exploiter. La profession est caractérisée par une multitude de petits exploitants ou artisans (93 % de la profession) avec 1 à 5 véhicules, mais on dénombre quelques entrepreneurs de grande taille (7% de la profession) disposant d’un parc d’une à plusieurs dizaines de véhicules115. 7 % des propriétaires possèdent 37 % du parc contre 93 % qui disposent de 63 % du parc. < + E # 8 < ! / A4 ' # / # $ > (6 # < E #? ,,/> < * 306 La plupart des petits propriétaires ou artisans sont d' anciens chauffeurs devenus propriétaires (les 2/3 environ) ou des personnes ayant tout simplement choisi d' investir leurs économies dans cette activité (le 1/3 restant). Dans la plupart des cas, les chauffeurs sont embauchés sans test préalable et sans contrat. Il suffit au candidat à l' embauche de présenter son permis de conduire et une pièce d' identité. Le recrutement s' effectue en général par connaissance, les nouveaux chauffeurs étant recommandés aux propriétaires par les plus anciens. Cependant, ces dernières années, les nouvelles sociétés d' exploitation de taxis-compteurs, notamment les plus importantes et les mieux structurées, font passer des tests pratiques aux chauffeurs avant l' embauche. Leur engagement définitif est fait sur la base d’un contrat d’embauche. Dans le cadre de leur activité, certains chauffeurs titulaires engagent, à l’insu du propriétaire, un suppléant à qui ils réservent en général les périodes de nuit. Cette pratique n' est toutefois pas tolérée par toutes les sociétés. Dans tous les cas, le chauffeur titulaire est le seul responsable du véhicule et de la recette vis-à-vis du propriétaire qui n’a aucun lien contractuel avec le suppléant. Pour la plupart des chauffeurs, une recette minimale quotidienne est exigée. Elle est fixée en moyenne à 30.000 FCFA. Les horaires de travail des chauffeurs de taxi n' obéissent pas au code du travail et la durée du travail varie entre 12h et 14h par jour (6h à 21h). Selon les chauffeurs, la durée du temps de travail est liée au montant trop élevé des recettes exigées. L’une des conséquences de cette forte sollicitation des chauffeurs est la forte implication des taxis compteurs dans les accidents à Abidjan. En effet, un peu plus de 37% des accidents matériels, 32% des accidents avec blessés et 25% des accidents mortels impliquent les taxis compteurs116, mais ces chiffres sont à relativiser car il faut les corriger par les productions kilométriques des taxis qui sont plus élevées que la moyenne observée chez les autres . D $$ 0 ) (D 0 * 0 #D 0 307 véhicules (150 000 Km par an contre par exemple 55 000 Km pour les autobus et 18 000 Km pour les voitures privées). Les chauffeurs n' ont pas de salaire fixe, ils perçoivent 18,5% des recettes. Toutefois, ceux qui ne parviennent pas à réaliser la recette sont pénalisés car il est retenu sur leur salaire la différence entre la recette exigée et la recette remise. Dans certains cas, les chauffeurs peuvent ne rien percevoir en étant débiteur vis-à-vis de leur employeur. b.) Les services de taxis compteurs et la desserte des quartiers précaires Depuis la libéralisation de l’importation des véhicules d’occasion intervenue en 1996, la qualité du service des taxis compteur s’est davantage détériorée avec l’introduction d’un grand nombre de véhicules usagés pour se niveler vers le bas, au niveau de celles des taxis communaux woro-woro qui ont envahi le marché du transport. La clientèle des taxis compteurs est localisée majoritairement dans les quartiers centraux de la ville d’Abidjan (Adjamé, Marcory, Koumassi et Treichville) comme le montre le tableau ciaprès. 308 Tableau 110: Répartition des déplacements en taxis compteurs par commune et par type d’habitat de résidence des usagers Communes Résidentiel Collectif évolutif Spontané TOTAL Abobo 0 0,31 4,62 0 4,93 Adjamé 0 3,98 13,32 0 17,3 Attécoubé 0 0,50 2 ,49 0,58 3,57 3,36 5,34 0,25 2,01 10,96 Koumassi 0 3,85 10,46 0,56 14,87 Marcory 5,15 7,11 4,35 0 16,62 Plateau 1,47 0,41 0 4,9 6,79 Port-Bouët 0 2,09 1,37 0 3,46 Treichville 0,13 2,12 11,97 0,19 14,41 Yopougon 0 4,35 2,74 0 7,09 10,11 30,06 51,58 8,25 100 Cocody Total Général Source : Etude du projet de création d’un service de train urbain à Abidjan Deuxième rapport intermédiaire, Avril 1998 De l’analyse de ce tableau, il ressort les commentaires suivants : Les communes de Yopougon, d’Abobo et de Port-bouet ont une faible part de déplacements en taxis-compteurs. En effet, les chauffeurs refusent assez souvent de desservir ces communes en raison de la longueur de la course de retour vers le centre ville qui s’effectue en général à vide. En se fondant sur une enquête réalisée par le BNETD en 1998, la grande majorité des déplacements en taxi compteur a pour origine ou destination le domicile du client (89% des déplacements). Le motif principal de déplacement en taxis compteurs est lié au travail, avec 43,3% des déplacements recensés qui portent sur les flux Domicile-Travail. 309 Globalement, les habitants de la commune de Cocody utilisent relativement moins les services des taxis compteurs. Cette situation peut s' expliquer par le fait que la majorité des habitants de cette commune résidentielle de moyen et de haut standing possède une voiture. C’est d’ailleurs l’une des communes qui dispose du taux de motorisation le plus élevé d’Abidjan. Il faut aussi noter l’expansion ces dernières années des taxis woro-woro dans ladite commune. On note par ailleurs, le même usage discriminant des taxis compteurs par type d’habitat, ce qui s’explique puisque, comme l’on a vu au chapitre 1, il y a une certaine corrélation entre commune de résidence et type d’habitat à Abidjan. Le faible nombre de déplacements des habitants de l’habitat résidentiel s’explique car la plupart possèdent une voiture. On note que les plus grands utilisateurs des taxis compteurs sont dans l’habitat évolutif ou collectif qui constituent par ailleurs les principaux types d’habitat rencontrés dans les communes d’Adjamé (habitat collectif), Marcory (habitat évolutif et résidentiel) et Treichville (habitat collectif) qui sont celles où l’on rencontre précisément le plus de clients des taxis compteurs. Quant à l’habitat spontané ou précaire, le faible usage des services de taxi-compteur s’explique puisque cet type d’habitat est celui qui caractérise les quartiers précaires dont les populations sont relativement plus pauvres. Le taxi compteur est généralement considéré par les populations de ces quartiers comme un service de transport de riche. Pour ces populations, prendre le taxi-compteur est un signe de richesse ou d’une certaine aisance financière. Les services de taxis-compteurs couvrent en principe l’ensemble du périmètre de la ville d’Abidjan. Il n’y a pas de restriction spatiale ou géographique aux services de taxi-compteur, mais du fait du caractère individuel de ce type de transport et de son mode de tarification, son accès est pratiquement impossible, sinon très faible aux populations des quartiers précaires. 310 c .) Le parc de taxis compteurs en circulation à Abidjan Il n’est pas aisé de connaître l’évolution passée du parc car il n’existait pas jusqu’ici de données fiables sur le secteur qui était administré par la ville d’Abidjan. Les dernières estimation de l’AGETU, fondées sur la base de données de la SICTA sur les taxis ayant au moins passé une visite technique au cours des 5 dernières années font état d’environ 12 000 véhicules qui seraient actuellement en circulation avec un taux de présence sur le marché plus ou moins faible, selon l’âge et/ou l’état technique du véhicule. La distribution des véhicules selon la classe d’âge est donnée ci-après, sur la base des véhicules régulièrement enregistrés à l’AGETU au 31 décembre 2005. Tableau 111 :Distribution des véhicules selon la classe d’âge Classe d’âge Nombre de véhicules % 0 à 5 ans 50 0,6 6 à 10 ans 477 6,1 11 à 15 ans 3528 44,8 16 à 20 ans 3731 47,3 21 à25 ans 96 1,2 7882 100% TOTAL Source : AGETU : Rapport d’activités 2005 311 Graphe 10 : Pyramide des âges des taxis compteurs PYRAM IDE DES AGES DES VEHICULES ASSUR ANT LES SERVIC ES DE TAXI-COM PTEUR NOM BR E TOTAL : 78 8 2 9 6 (1,2 2 %) de 21 à 25 ans de 16 à 20 ans 3 73 1 (4 7,3 4 %) de 11 à 15 ans 3 52 8 (4 4 ,76 %) de 6 à 10 ans 4 77 (6 ,0 5%) de 0 à 5 ans 50 (0 ,6 3 %) Moins de 1% (0,6%) des véhicules ont au plus 5 ans d’âge tandis que 92% des véhicules ont 11 à 20 ans d’âge. L’âge moyen du parc en circulation au 31 décembre 2005, estimé sur la base de cet échantillon, est de 15 ans. La répartition par marque présentée au tableau suivant donne une prédominance des voitures japonaises (TOYOTA et NISSAN) qui totalisent 7820 véhicules soit 99% du parc en circulation. Cette prépondérance des marques japonaises proviendrait de leur prix de vente relativement bon marché, ce qui explique par ailleurs leur présence plus nombreuse au sein du marché de l’occasion en Côte d’Ivoire. 312 Tableau 112 : Répartition du parc en fonction des marques de véhicules Marques de TOYOTA NISSAN PEUGEOT MAZDA AUTRES TOTAL véhicules Nombre % du parc 7512 282 15 12 61 95,30% 3,58% 0,20% 0,1% 0,80% 7882 100% Source : AGETU, rapport d’activité 2005. Ce tableau fait ressortir une prédominance des marques asiatiques avec près de 99% dont 95% pour la seule marque TOYOTA. Ceci est du au fait que cette marque est bon marché et surtout prédominante sur le marché des véhicules usagés en Côte d’Ivoire. 4.1.2.4 Les services de minibus ou Gbaka a.) Généralités Les ‘‘gbaka’’ sont des services de transport collectif par minibus de 14 à 32 places assises qui assurent le transport public de voyageurs et qui exploitent des lignes périurbaines ou de banlieues d’Abidjan. Le nombre de minibus était évalué par l’ex Direction des Transports Terrestres (DTT) à 3.842 véhicules en 1999. le fichier de la SICTA indique un chiffre de 4 302 véhicules à fin décembre 2005. l’AGETU n’a enregistré que 2 288117 véhicule au 31 décembre 2005, mais ceci s’explique par le fait que de nombreux véhicules circuleraient encore sans les documents requis conformément aux nouvelles dispositions en vigueur (cf annexe 3). Avant l’avènement de l’AGETU, les services des gbaka opéraient en fait en marge de la réglementation en vigueur puisqu’ils exploitaient des lignes pour lesquelles ils n’avaient pas d’autorisation régulière. Mais du fait des difficultés que la SOTRA rencontrait pour satisfaire toute la demande de transport, les services de gbaka étaient tolérés. 2 A4 ' # / 313 Avec l’entrée en activité de l’AGETU, les services de gbaka ont été régularisés et des lignes d’exploitation leurs sont régulièrement attribuées désormais sous la forme d’autorisations ou de licences d’exploitation d’une validité annuelle mais renouvelable. Le secteur est très atomisé ; en effet, la plupart des entreprises (93% du parc) sont en fait des unités d’exploitation constituées en majorité d’un ou de deux véhicules. L’unité de production compte essentiellement du personnel roulant : un chauffeur titulaire recruté, sans contrat, par le propriétaire du gbaka et un apprenti recruté par le chauffeur pour assurer la montée et la descente des voyageurs ainsi que la perception des recettes au cours du voyage. Les gbaka assurent un service journalier moyen de 16 heures, le premier équipage travaille de 5h à 13h relayé ensuite par le second équipage jusqu’à 22 heures et quelque fois au delà. La gestion est de type artisanal ; le propriétaire du gbaka ne tient pas une comptabilité formelle sur les recettes et les charges d’exploitation. Seules les recettes sont à peu près bien connues même si le chauffeur et l’apprenti (moins souvent) retiennent une partie de la recette qu’ils ne déclarent pas. Le personnel roulant n’est pas bien traité et ne reçoit aucune formation complémentaire. Dans la majorité des cas, les chauffeurs sont recrutés sur la base de réseaux familiaux, culturels, religieux ou de cercles d’amitiés du propriétaire du véhicule118. b.) Le réseau des gbaka Les lignes desservies par les gbaka peuvent être regroupées en 3 grandes zones : - • le plateau du Banco (Yopougon et Niangon) ; • la zone d’Abobo (Abobo et Anyama) ; • la zone de Cocody et Bingerville(Akouédo, Anono, Mpouto et Bingerville. 0 ' A00 < # < A$ $ > ? > < G 6 A 8 314 Le réseau ‘‘gbaka’’ est constitué des principales lignes présentées au tableau suivant : Tableau 113 : Principales lignes desservies par le réseau ‘‘gbaka’’ Lignes Longueur en Km Adjamé - Yopougon Gare 10,5 Adjamé - Yopougon Sicogi 11,0 Adjamé - Yopougon Toits rouges 11,5 Adjamé - Yopougon Sideci 13,0 Adjamé - Yopougon Niangon 14,0 Adjamé - Yopougon Camp militaire 13,0 Adjamé - Yopougon Locodjro 11,5 Adjamé - Yopougon Gesco 12,0 Adjamé - Yopougon Port-Bouët 2 11,5 Adjamé - Km 17 (Route de Dabou) 15,5 Adjamé - Bingerville 18,0 Adjamé - M’Pouto 11,0 Adjamé - Anono 7,0 Adjamé - Hôtel du Golf 8,5 Adjamé - Anyama 20,5 Adjamé - Abobo (Habitat) 10,0 Adjamé - Km 18 (Route d’Anyama) 15,5 Source : SITRASS : Etude régionale sur l’organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises de transports urbains en Afrique sub-saharienne : série 1 : le cas des gbaka à Abidjan, Banque Mondiale, Mai 2000 Le réseau de ‘‘gbaka’’ dessert principalement, au départ d’Adjamé, les communes de Yopougon et d’Abobo qui sont par ailleurs les plus peuplées d’Abidjan. Le réseau principal mesure 214 Km de long. 315 Les ‘‘gbaka’’ assurent une bonne desserte de la plupart des quartiers précaires de Yopougon, d’Abobo, d’Attécoubé, d’Adjamé et à un degré moindre de Cocody. Généralement cette desserte est directe (moins de 2 km à pied), ou il faut en moyenne 5 à 10 minutes de marche pour accéder au réseau ‘‘gbaka’’ à partir de la plupart des quartiers précaires. Les enquêtes (BNETD : 1998) effectuées au niveau des principaux points de chargement des gbaka montrent que les lignes ont des points de départ fixes, mais les arrêts sont marqués à la demande du client. Les départs du terminus se font en général lorsque le gbaka est à pleine charge. Les temps d’attente sont relativement courts aux heures de pointe (2 à 3 mn) et un peu plus longs aux heures creuses (30 à 50 mn). c.) Parc et trafic des gbaka Comme pour les taxis-compteurs, l’effectif du parc des minibus gbaka et leurs évolutions ne sont pas connus avec précision. Mais il existe différentes estimations depuis les premières études du BNETD de 1990 qui ont évalué à 750 le nombre de véhicules alors en circulation en 1989. Ce chiffre qui était estimé à 2200 en 1996, 2900 en 1999 et 3500 en 2002 a été établi à 4304 unités par l’AGETU, après exploitation de la base de données de la SICTA. En 1989, le trafic journalier des gbaka était estimé à environ 240.000 voyageurs dont 90% concernaient les communes d’Abobo et de Yopougon. En 1998, ce trafic était estimé à environ 700.000 voyageurs par jour119. L’importance de ces deux destinations tient au fait que les voyageurs des communes d’Abobo et de Yopougon utilisent plus souvent le gbaka à cause des difficultés d’exploitation de la SOTRA plus marquée sur ces dessertes de banlieues. L’on pourrait aussi penser que c’est à cause de leur souplesse d’adaptation aux contraintes de déplacement des populations , 5 ' 0'5 5 C % $ % ) #A 8 316 concernées. Les gbaka leur permettent principalement de se rendre au travail ou au marché à temps, en évitant les autobus surchargés de la SOTRA et de voyager en étant assis plutôt que debout. Les motifs de déplacement des usagers des gbaka sont essentiellement liés aux mouvements Domicile – Travail ou Domicile – marché. Tableau 114 : Age du parc de gbaka à Abidjan Age (ans) Nombre de véhicules % du parc 0 à 5 ans 244 5,67 6 à 10 ans 1.733 40,26 11 à 15 ans 1.670 38,80 16 à 20 ans 503 11,69 21 à 25 ans 154 3,58 Total 4.304 100,00 Source : base de données de la SICTA, juin 2004 317 Graphe 12 : Pyramide des âges des gbaka PYRAMIDE DES AGES DES VEHICULES DES MINIBUS "GBAKAS" NOMBRE TOTAL : 4304 plus de 30 ans 154 (3,58%) 503 (11,69%) de 26 à 30 ans 1670 (38,80%) de 21 à 25 ans de 16 à 20 ans 1733 (40,26%) de 11 à 15 ans 244 (5,67%) de 6 à 10 ans de 0 à 5 ans Les marques japonaises représentent plus de 75% du parc et Toyota fait plus de 45%. Le parc des gbaka en 2005 selon les principales zones desservies est présenté dans le tableau ci-après : Tableau 115 : Parc des gbaka en 2005 selon les zones desservies Communes Parc 2005 % Direction Yopougon 2.367 55 Direction Abobo-Anyama 1.463 34 474 11 4.304 100 Direction Cocody-Bingerville Total Général Source : AGETU, Document interne 318 L’analyse de ce tableau montre que les zones d’Abobo-Anyama et de Yopougon comptent à elles seules environ 3.830 véhicules, soit près de 89% du parc total des gbaka à Abidjan. La direction de Cocody-Bingerville ne compte que 11% du parc actuel des gbaka. 4.1.2.5 Les taxis collectifs communaux ou woro-woro a.) Généralités Les taxis collectifs woro-woro sont des voitures particulières de 4 places assises, chauffeur non compris, qui opèrent à l’intérieur de certaines communes de la ville d’Abidjan avec des couleurs spécifiques à chaque commune. Il s’agit des communes suivantes : Abobo, Yopougon, Koumassi, Port-bouet, Marcory et Cocody. Avant l’avènement de l’AGETU, les taxis woro-woro opéraient au moyen des autorisations d’exercer octroyées par les communes concernées. En marge de ces taxis régulièrement autorisés, il s’est développé, ces dernières années, une flotte informelle de taxis collectifs dits woro-woro banalisés qui opèrent sans autorisation régulièrement obtenue pour ce type de service. Jusqu’en 1992, ils assuraient une desserte exclusivement intra-communale. Ils ont par la suite, à compter de 1996, diversifié et étendu leur activité à l’intérieur du périmètre de la SOTRA consécutivement à la baisse quantitative et qualitative de l’offre offerte par cette société. On ne peut pas parler véritablement d’entreprises de taxis collectifs ; en effet, le secteur est très atomisé car la plupart des propriétaires (environ 90%) ne possèdent qu’un seul véhicule qu’ils conduisent eux-mêmes. Il s’agit généralement des personnes au chômage ou n’ayant pas d’emploi. 99% des propriétaires possèdent 92% du parc. La durée du travail est évaluée en moyenne à 15 heures par jour (6h-21h). Les taxis collectifs sont en général organisés par lignes régulières avec des itinéraires et des postes de chargement bien définis. Ces itinéraires suivent le plus souvent les lignes de la SOTRA et/ou celles des gbaka. 319 Les difficultés opérationnelles de la SOTRA, accentuées par l’échec du projet SOTU, ont largement contribué à l’expansion des woro-woro perçus par les usagers comme une alternative salutaire malgré ses coûts externes importants. Ils offrent en particulier une alternative notamment aux populations des quartiers pauvres mal ou non desservis par le réseau d’autobus de la SOTRA, ou pour leurs déplacements spécifiques de courte distance. b.)Le réseau des woro-woro et la desserte des quartiers précaires Le réseau de woro-woro dessert presque toutes les communes d’Abidjan au moyen d’une centaine de lignes, selon les fichiers de l’AGETU. Mais ce réseau est plus développé dans les communes de Cocody, de Yopougon, et de Koumassi qui disposent d’une voirie communale relativement bien maillée. La commune de Cocody est desservie par près de 20 lignes couvrant l’ensemble du territoire communal. Cet essor des taxis collectifs dans cette commune pourtant réputée de grand standing(avec le plus fort taux de motorisation d’Abidjan) s’explique en partie par le fait que la majorité des lignes d’autobus de la SOTRA qui la desservent sont le plus souvent « réquisitionnées » par les élèves et les étudiants d’autant que Cocody regroupe la majorité des plus grands lycées , collèges et facultés d’Abidjan. Les services de taxi collectif woroworo combleraient de ce fait le déficit d’offre ainsi créé, avec des avantages comparatifs supérieurs en termes de fréquences, de régularité et de mode de tarification en dépit des nuisances qu’ils causent par ailleurs. Le réseau des taxis collectifs est celui qui dessert le mieux les quartiers précaires à cause de son maillage beaucoup plus fin et surtout de sa relative souplesse et de son adaptation plus facile aux demandes localisées générées par ces quartiers précaires. C’est l’une des raisons pour lesquelles le parc a pratiquement doublé sur la période 1998-2005. L’accroissement de l’espace de desserte des woro-woro s’est accompagné d’une augmentation de leur part de marché qui a été pratiquement multipliée par 3 au cours de la période 1988-1998 durant laquelle cette part est passée de 6 % à 17 % des déplacements totaux motorisés. 320 c.) parc de taxis collectifs woro-woro Tableau 116: Evolution du parc de taxis collectifs (woro-woro) Communes 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 689 591 541 1 597 1 677 1 500 1 450 1 400 Adjamé 105 179 460 483 510 530 500 Attécoubé 85 240 309 320 330 340 320 Abobo Cocody 497 710 820 920 1 290 1 535 1 250 1 200 Koumassi 557 438 584 1 930 1 800 1 700 1 600 1 520 Marcory 210 162 270 400 414 400 400 380 Port-Bouët 264 212 303 570 590 600 550 520 Yopougon 660 775 1 258 1 634 1 716 1 550 1 400 1 330 2 877 3 078 4 195 7 820 8 290 8 125 7 520 7 170 Total Général Sources :BNETD, Communes, AGETU L’évolution du parc des woro-woro est surtout marquée par l’impulsion donnée par la loi (n° 95/609 du 3 août 1995 portant libéralisation de l’importation des véhicules d’occasion) prise en 1995 qui a consacré la libéralisation de l’importation des véhicules d’occasion. A compter de 1996, les facilités offertes par cette loi ont beaucoup contribué à l’expansion des woro-woro face à une demande que la SOTRA n’arrivait plus à satisfaire convenablement. Depuis 2002, le parc a presque doublé du fait qu’une forte proportion de travailleurs victimes de la crise que subit le pays et qui ont perdu leur emploi, s’est reconvertie dans cette activité. Mais au 31 décembre 2005, l’AGETU n’a enregistré que 3 744 véhicules au registre des autorisations de transport des woro-woro sur un effectif estimé à environ 15 000 véhicules y compris les clandestins (sur la base d’études monographiques sur les taxis collectifs en cours de finalisation à l’AGETU). Cet écart s’explique car l’AGETU estime à seulement 20%, le nombre de taxis collectifs qui disposent du certificat de visite technique lequel est désormais obligatoire pour délivrer une autorisation d’exploiter à tout taxi ou minibus. 321 La distribution par classe d’âge du parc enregistré à l’AGETU est donnée au tableau suivant : Tableau 117 : Distribution du parc de woro-woro selon l’âge Age du véhicule Nombre % 0 à 5 ans 18 0,5 6 à10 ans 11 0,3 11 à 15 ans 398 10,6 16 à 20 ans 2 688 71,8 21 à 25 ans 613 16,4 26 à 30 ans 15 0,4 Plus de 30 ans 1 0,0 ENSEMBLE 3 744 100,0 Source : AGETU (2005), Rapport d’activité 2005 322 Graphe 14 : Pyramide des âges des woro-woro PYRAMIDE DES AGES DES TAXIS COMMUNAUX ' WORO-WOROS) NOMBRE TOTAL : 3744 plus de 30 ans 1 (0,0%) 15 (0,0%) 613 (16,4%) de 26 à 30 ans de 21 à 25 ans de 16 à 20 ans 2688 (71,8%) de 11 à 15 ans 398 (10,6%) de 6 à 10 ans de 0 à 5 ans 18 (0,5%) 11 (0,3%) Les 72% des véhicules ont 16 à 20 ans d’âge et l’âge moyen du parc en règle sur le réseau est de 19 ans ! Si l’on tient compte du fait que les 80% des véhicules qui ne sont pas en règle vis-à-vis du certificat de visite technique sont en majorité des véhicules les plus âgés, l’âge moyen du parc en circulation serait de 19 ans. Comme pour les taxis compteurs et les minibus gbaka, les marques japonaises sont les plus présentes avec une dominante TOYOTA. Avec de tels véhicules vieillissants et en mauvaise état, l’on explique difficilement l’engouement suscité auprès des populations sur le marché des déplacements. Mais on peut avancer deux principales raisons : - la première est que le type de service assuré par ces véhicules est la seule alternative qui s’offre aux populations face à la défaillance de l’offre de la SOTRA ; - la deuxième est que les services de woro-woro, comme ceux des minibus gbaka, constitueraient une réponse (bonne ou mauvaise) à une demande spécifique de déplacements, notamment sur de courtes distances et géographiquement restreints. 323 4.1.2.6 Les services de “pinasses” d’Abidjan a) Généralités C’est un service de transport exploité par des artisans privés au moyen de pinasse pour la traversée de la lagune. Une pinasse est une embarcation à propulsion mécanique utilisée pour le transport de voyageurs et/ou de marchandises. Toutes les pinasses exploitant le plan d’eau lagunaire du périmètre des transports urbains sont immatriculées et identifiées par son nom propre. Nous distinguons deux types de pinasses: - Les pinasses à coque métallique Ce type est propre à un seul exploitant du secteur à savoir « Marine Système ». Elles sont de fabrication locale récente (à partir de l’année 2003). Ces pinasses sont au nombre de huit (08), elle ont de grandes capacités (entre 160 et 200 places assises). A l’instar des autres embarcations, elles sont formées de deux compartiments : une partie moteur comprenant un moteur propulsif de puissance moyenne supérieure à 120 CV et une autre partie comprenant la coque métallique, les places assises en bois et une toiture métallique. 324 Photo 8: Photographie d’une pinasse à coque métallique - Les pinasses à coque en bois Elles sont les plus nombreuses et les plus anciennes dans l’exploitation du plan d’eau lagunaire. La capacité de ces pinasses n’excède pas les 180 places assises et la puissance des moteurs utilisés varie entre 40 CV et 165 CV. La structure de l’embarcation est entièrement en bois. 325 Photo 9: Photographie d’une pinasse à coque en bois En général, les pinasses sont reconnaissables grâce à leur immatriculation se terminant communément par la lettre « L ». On dénombrait en 2005 dans l’ensemble, 84 pinasses offrant aux usagers environ 4 500 places assises. b) Le réseau ‘‘pinasse" et la desserte des quartiers précaires Il existe des dizaines de lignes qui relient huit (08) communes sur les treize (13) que compte le District d’Abidjan. On distingue des lignes de grande affluence et celles de petite affluence. Caractérisées par le nombre important de pinasses qui les utilisent et par le nombre de passagers transportés par jour, ces lignes sont essentiellement situées à l’intérieur de la ville d’Abidjan. Elles permettent de relier soit les quartiers populaires entre eux ou les cités dortoirs et les centres des affaires. Ces lignes présentées au tableau suivant, assurent principalement le transport de personnes. 326 Tableau 118 : Liste des lignes du District d’Abidjan N° Désignation Distances (km) Ligne 1 Abobodoumé - Iles Bouley 2.00 Ligne 2 Abobodoumé - Plateau - Treichville 2.700 Ligne 3 Locodjro - Plateau - Treichville 2.700 Ligne 4 Koumassi - M’pouto 0.700 Ligne 5 Koumassi - M’badon 1.800 Ligne 6 Vridi Ako - Quai Siving 2.900 Ligne 7 Vridi Ako - Treichville 9.800 Ligne 8 Iles Bouley (Ossibissa, Ngbôssôya) - Vridi Ako 5.400 Ligne 9 Blockauss – Treichville Biafra 0.800 Ligne 10 Vridi (Blohorn) – Vridi III (Zimbabwe) 0.800 Ligne 11 Koumassi - Agnikro 1.500 Ligne 12 Koumassi bia sud – Adjahui village 0.800 Ligne 13 Port de pêche - Caréna 1.500 Ligne 14 Port de pêche – Vridi III 0.900 Ligne 15 Portbouet - Bingerville 1.500 Ligne 16 Marcory sans fils - Cocody 0.500 Ligne 17 Santé 3 (Attecoubé) – Boribana (attecoube) 0.500 Ligne 18 Locodjro (Attecoube) – Caréna (Attecoube) 0.800 Ligne 19 Attecoubé (Ecaré) – Attécoubé(Ecole de la marine) 0.500 Source : AGETU Ces pinasses sont utilisés principalement par les habitant des quartiers précaires qui sont en bordure de la lagune. De cette analyse de l’offre de service public de transport urbain, nous pouvons retenir les principaux enseignements suivants : - Il n’existe pas, et c’est normal, de service de transport pour la desserte spécifique des quartiers précaires aussi bien pour les réseaux non structurés que pour le réseau de la 327 SOTRA. En ce qui est du cas particulier des transports en commun assurés par la SOTRA, il y a un seul niveau de desserte commun à toute l’agglomération, mis à part le lancement récent par cette société, d’un service d’autobus express ciblé sur la clientèle solvable. L’extension du réseau de transport en commun se fait, en ce qui concerne la SOTRA, en fonction de la qualité de la voirie et exclusivement sur voies bitumées. - La majorité des quartiers précaires n’étant toujours pas accessibles par voie bitumée, leur desserte par les transports en commun assurés par la SOTRA ne peut être directe. Aussi, la marche à pieds est-elle généralement nécessaire aux populations concernées pour accéder au réseau de transport en commun. - Les services de taxi-compteur sont utilisés à la demande du client, les taxis ayant toute la latitude de la desserte ou non des quartiers précaires. - En ce qui concerne les services de transport non conventionnés (‘‘gbaka’’, ‘‘woro-woro’’ et pinasses), ils semblent a priori mieux adaptés à la demande des quartiers précaires quand bien même, s’agissant surtout des minibus gbaka, le réseau de desserte est restreint à certaines liaisons seulement. Quant aux taxis collectifs woro-woro, malgré leur relative agressivité sur les segments de marché de courte et moyenne distance de la SOTRA, ils sont loin de constituer cette alternative crédible ou durable en réponse à la faiblesse actuelle de l’offre de cette société, à cause de leur impact négatif sur la circulation, le stationnement et la qualité de l’air urbain. Indépendamment des contraintes liées au réseau de voirie et au type de service de transport, les tarifs et surtout le mode de tarification semblent constituer également une barrière à l’accès des populations pauvres au service public de transport urbain. C’est l’objet de la section suivante. 328 4.1.3 Tarification et pratiques tarifaires dans les services publics de transport urbain Nous analyserons successivement la politique tarifaire des services conventionnés de la SOTRA et les pratiques tarifaires des autres services (‘‘gbaka’’ et ‘‘woro-woro’’). 4.1.3.1 Tarifs et tarification de la SOTRA La SOTRA applique des tarifs administrés par l’Etat, avec toutes les conséquences que cela comporte, en particulier la société n’a pas toujours la possibilité d’ajuster les tarifs aux coûts des facteurs et à leur évolution. Ce contrôle du tarif par l’Etat qui l’utilise comme instrument de sa politique du transport social, nuit dans une certaine mesure à l’exploitation de l’entreprise. Le dernier réaménagement général de la grille tarifaire était intervenue en septembre 1994, après la dévaluation du FCFA, et cette grille est restée globalement inchangée depuis, malgré plusieurs augmentions observées notamment sur le prix du gazole à la pompe qui est passé de 270 FCAFA en janvier 1994, à 375 FCFA en 2002, 475 FCFA en 2004 et à 545 FCFA en juillet 2005. Mais il faut noter que cette grille tarifaire présentait jusqu’en 2004, l’inconvénient majeur de proposer plusieurs tarifs selon les lignes exploitées, et la fourchette s’étalait de 160 F CFA à 310 F CFA ce qui posait des problèmes d’exploitation (émission de plusieurs catégories de tickets) et de contrôle des titres de voyage. A la faveur de la mise en œuvre du plan de restructuration financière de 2005, les tarifs ont été uniformisés à 200 F CFA, ce qui a contribué à améliorer substantiellement les conditions d’exploitation. 329 Le système de tarification mis en place à la SOTRA à la faveur de la restructuration financière intervenue en 2005 tend à corriger les incohérences tarifaires du passé et à faire face à la concurrence tarifaire des services privés de gbaka et de woro-woro qui se trouvent affranchis des contraintes de service public imposées à la SOTRA et qui n’offrent pas toujours le niveau de service correspondant aux tarifs pratiqués. Pour la SOTRA, la nouvelle grille tarifaire semble avantager les lignes longues de banlieues, mais ce n’est qu’en apparence puisque les zones concernées sont les moins bien desservies en termes de nombre de lignes et surtout de fréquences. En d’autres termes, ce qui pourrait être interprété comme une subvention des lignes longues par les plus courtes n’en est pas une si l’on fait intervenir une correction par les fréquences ou la densité des lignes. Au plan de la tarification, les services publics de transport en commun présentent certes un enjeu important pour l’Etat dans sa politique sociale ou comme le dit le slogan, de solidarité envers les plus démunis, mais les concessionnaires du service public de transport ont des exigences de rentabilité qu’impose la gestion commerciale de leur activité pour en garantir la pérennité. C’est pourquoi, l’Etat devrait leur assurer, à défaut d’une indexation des tarifs sur l’évolution du coût d’un certain nombre de facteurs qui pèse sur l’exploitation, un tarif minimum rémunérateur d’autant qu’il lui est de plus en plus difficile d’honorer ses engagements pour compenser la faiblesse des tarifs qu’il impose ou pour payer sa contribution au titre de la prise en charge totale ou partielle du coût de transport de certains groupes sociaux (étudiants, fonctionnaires, corps habillés, écoliers etc.). Dans tous les cas, un arbitrage équitable de l’Autorité Organisatrice des Transports Urbains s’avère désormais nécessaire dans le contexte du nouveau cadre mis en place avec l’avènement de l’AGETU, pour trouver le niveau de tarification qui ne demanderait qu’une compensation supportable par l’Etat, sans compromettre pour autant la viabilité financière de l’entreprise. Le système d’intervention actuel de l’Etat dans les transports publics urbains est supposé compenser le manque à gagner de la SOTRA qui résulterait d’une insuffisance tarifaire et/ou couvrir la partie du coût de transport des groupes sociaux subventionnés supportée par l’Etat. 330 Mais du fait des difficultés de trésorerie ou tout simplement des restrictions budgétaires, l’Etat n’arrive pas toujours à honorer ses engagements ni en montants ni dans les délais, ce qui a eu pour effet d’accroître les difficultés d’exploitation de l’entreprise. Cette question de manque à gagner (compensation pour insuffisance tarifaire et subvention accordée à des groupes sociaux), qui a une forte influence sur l’exploitation de la SOTRA, est celle-là même qui, au cours des deux dernières décennies, a sérieusement compromis la bonne santé de l’entreprise. Si ce problème n’est pas résolu dans la durée, les bénéfices de la restructuration financière qui ont permis de démarrer le renouvellement du parc risquent de ne pas produire leur plein effet. Face aux deux principaux enjeux, social et commercial, qui se présentent à la SOTRA dans un environnement de plus en plus concurrentiel, il est désormais nécessaire pour l’Etat de s’interroger sur le caractère social de sa politique des transports urbains qui ne profite réellement qu’à une catégorie de populations privilégiées d’Abidjan, constituée de fonctionnaires et agents de l’Etat, d’élèves et étudiants ainsi que d’agents des forces de défense et de sécurité qui font à peine 10% de la population de la ville. Dans le contexte actuel où la croissance urbaine et démographique des villes de l’intérieur du pays (tels que Bouaké, Yamoussoukro, Daloa, Korhogo, etc.) dont certaines ont atteint et même dépassé le seuil de les 500 000 habitants, cette politique sociale des transports urbains montre de plus en plus ses limites et surtout ses incohérences. En effet, les mêmes groupes sociaux qui sont pris en charges à Abidjan se retrouvent dans ces villes avec des difficultés de déplacements parfois plus accrues, mais eux ne bénéficient pas des effets de cette politique et supportent l’intégralité de leurs coûts de déplacements. Vue sous l’angle d’une meilleure allocation des ressources, notre préoccupation est ici de souligner que si des fonds publics doivent être consacrés à la prise en charge des coûts de déplacements de certains groupes sociaux, la priorité devrait être accordée aux plus nécessiteux (les plus pauvres) et la collectivité devrait en attendre un bénéfice maximum, ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant. 331 La contribution de l’Etat à la SOTRA au cours des dernières années a évolué comme présentée au tableau ci-après. Tableau 119 : Contribution financière de l’Etat à la SOTRA (millions de FCFA) Rubriques 2000 2001 2002 2003 2004 2005 Insuffisance tarifaire 3 600 3 600 3 600 3 600 3 600 3 600 13 660 15 930 21 053 18 280 19 200 18 300 17 260 19 630 24 653 21 880 22 800 21 900 Groupes subventionnés (y compris gratuité) Total contribution Etat Source : SOTRA, rapports d’activité 2004 et 2005 En fait, la contribution de l’Etat qui profiterait directement aux populations les plus pauvres est celle relative à l’insuffisance tarifaire qui représente sur la période de 2000 à 2005, 21,6 milliards de FCFA, soit 18% des montants totaux versés par l’Etat (environ 128 milliards de FCFA). La contribution annuelle de l’Etat au titre des groupes subventionnés qui font partie des classes moyennes pour l’essentiel (élèves, étudiants, fonctionnaires ou agents de l’Etat) représente, en terme de valeur d’acquisition, près de 600 autobus de type TATA par an. Une meilleure allocation de ces ressources aurait par exemple permis de renouveler tout le parc de la SOTRA sur une année, profitant ainsi à toute la population. 4.1.3.2 Tarifs et tarification des services non structurés En dehors des taxis-compteurs qui ont des tarifs homologués par l’Etat, les tarifs des services de transport informel (‘‘gbaka’’,‘‘woro-woro’’ et ‘‘pinasse’’) sont déterminés par les associations syndicales concernées, généralement sur la base des tarifs appliqués par la SOTRA sur des liaisons équivalentes ou de longueurs comparables. - Les taxis-compteurs La tarification des services des taxis-compteurs est fixée par le Ministère chargé des Transports et le Ministère chargé du Commerce. La tarification officielle des taxis-compteurs est composée de deux éléments : 332 - une prise en charge forfaitaire ; - des chutes basées sur la distance. Le prix à payer par le client varie en fonction de la période de la journée, selon les deux tarifs suivants : ♦ tarif I - applicable de 5H à 24H Prise en charge : 100 FCFA ou 125 FCFA Chute : 30 FCFA tous les 250m Soit un coût kilométrique de 120 FCFA ♦ tarif II - applicable de 0H à 5H Prise en charge : 100 FCFA ou 125 FCFA Chute : 30 FCFA tous les 125m Soit un coût kilométrique de 240 FCFA Par ailleurs, un tarif de 1600 FCFA l’heure (soit 27 FCFA par minute) est appliqué lorsque le taxi est immobilisé, et ceci quelle que soit la période de la journée. - Les ‘‘gbaka’’ , ‘‘les woro-woro’’ et les ‘‘pinasses ’’ La tarification des ‘‘gbaka’’, des ‘‘woro-woro’’ et des ‘‘pinasses ’’ s’appuie généralement sur celle du trajet équivalent de la SOTRA. Toutefois, les tarifs effectivement pratiqués varient selon la longueur des trajets, la période de la journée et le sens du parcours (pointe/contrepointe). Ces tarifs varient de : - 200 FCFA à 500 FCFA pour les gbaka pour une longueur moyenne de trajet variant de 6 km à 12 km, soit un tarif moyen de 33 à 42 FCFA la place-km ; - 150 FCFA à 425 F CFA pour les woro-woro intra communaux (longueur moyenne du trajet de 4 à 6 km) et de 400 FCFA à 650 F CFA pour les woro-woro inter communaux ( longueur moyenne de trajet de 5 à 12 km), soit un tarif moyen à la place-km variant de 37,5 à 80 FCFA ; - 100 F CFA à 300F CFA pour les pinasses. 333 Pour les services de gbaka, des tarifs forfaitaires sont par ailleurs parfois appliqués aux passagers qui n’effectuent pas le trajet de terminus à terminus, ainsi qu’aux bagages encombrants. Quand la demande est forte, généralement aux périodes de pointe, les gbaka augmentent subtilement les tarifs en segmentant les lignes avec des tarifs élevés appliqués à chaque segment. Sur la base de ces données, les tarifs des services de taxi woro-woro et de minibus gbaka sont en réalité nettement plus élevés que ceux de la SOTRA. Les tarifs unitaires qui sont dans l’ensemble plus élevés que ceux pratiqués par la SOTRA le sont encore plus si l’on les ramène sur une même base kilométrique, compte tenu du fait que la longueur moyenne des trajets correspondants est pratiquement de moitié et dans tous les cas nettement inférieure à celle des lignes de la SOTRA. La segmentation des parcours par les services de woro-woro ou de gbaka se traduit ainsi par un accroissement des tarifs difficile à percevoir par les usagers. Malgré cet avantage tarifaire comparatif, les services de la SOTRA ont été relativement moins bien fréquentés par les usagers au cours de ces dernières années. Les tarifs étaient certes plus attractifs mais le niveau et la qualité de l’offre étaient nettement inférieurs en termes de fréquences, de régularité et de gain de temps, que ceux des services concurrents des taxis collectifs et des minibus qui ont diversifié leurs clientèles en captant une partie solvable des usagers payants de la SOTRA. En fait, dans une situation d’insuffisance d’offre comme ce fut le cas ces dernières années pour la SOTRA, l’avantage tarifaire ne pouvait véritablement pas jouer en sa faveur. C’est ce qu’on a effectivement été amené à constater avec l’inversion des parts de marché des déplacements motorisés au profit des services informels de transport, malgré leur qualité médiocre et surtout leur insécurité. L’un des problèmes du secteur que nous abordons ci-après, concerne l’absence de complémentarité entre les différents services de transport que favorise la désarticulation du réseau, et qui contraint dans une certaine mesure, les pratiques de déplacement ou les comportements de mobilité notamment des populations pauvres. 334 4.2 LE SYSTEME DES TRANSPORTS PUBLICS ET LES PRATIQUES DE DEPLACEMENT A ABIDJAN La ville d’Abidjan allie plusieurs contrastes aussi bien au plan de son système de transport public qu’en celui des activités commerciales ou d’affaires génératrices de déplacements. S’agissant du système de transport public, nous avons à la fois : • Des infrastructures modernes, de bonne qualité et surtout praticables en toutes saisons mais qui tendent à se dégrader au cours des dernières années faute d’entretien adéquat à cause de l’insuffisance des budgets consacrés à l’entretien de la voirie. • Des services conventionnels de transport en commun offerts par la SOTRA liée à l’Etat, globalement satisfaisants bien qu’insuffisants dans l’espace et dans le temps avec, il est vrai, des difficultés opérationnelles et financières d’exploitation ; • Des services de transport non structurés, certains opérant avec des minibus privés commercialement agressifs, d’autres avec des voitures privées acquises d’occasion qui ont des effets pervers sur la circulation (congestion, accidents) et sur la qualité de l’air. Mais le système de transport urbain présente un certain nombre de contraintes ou limites structurelles et fonctionnelles qui nuisent à son efficacité, ce qui pénalise les populations, surtout les plus démunies, dans leurs déplacements quotidiens. 4.2.1 Contraintes ou limites fonctionnelles du système de transport urbain d’Abidjan 4.2.1.1 Une absence de complémentarité A Abidjan, le système des transports publics fonctionne dans une logique d’indépendance plutôt que de complémentarité entre deux composantes : - la composante structurée formée par la SOTRA, qui a en fait l’exclusivité d’exploitation sur tout le périmètre urbain d’Abidjan ; 335 - et la composante informelle ou non structurée, exploitée par une multitude d’artisans privés, sur des segments de marché dont certains en concurrence avec la SOTRA. Cette absence de complémentarité au sein du marché des transports entre les deux catégories de services ou d’opérateurs est caractérisée notamment par : - pour la SOTRA, des contraintes de service public et le respect d’un cahier de charges contraignant avec il est vrai, un appui financier important de l’Etat au titre de la subvention accordée, de façon sélective, pour la prise en charge totale ou partielle du coût de transport de certains groupes sociaux moins vulnérables que sensibles ; - pour les services non structurés, une liberté d’exploitation sans respect des règles, sans contraintes de service public et donc sans intervention financière de l’Etat, avec des coûts externes de pollution, d’insécurité et d’encombrements relativement plus importants. L’un des grands maux des services de transport non structurés à Abidjan, c’est le non respect de la réglementation aussi bien pour l’entrée sur le marché que pour le fonctionnement même dudit marché ; d’où l’importance du cadre institutionnel qui doit fixer non seulement les règles du jeu mais en contrôler le respect par tous, dans la transparence ou l’équité. L’enracinement profond du désordre et de l’anarchie comme pratiques d’exploitation au sein du marché donne la mesure des problèmes à résoudre pour apporter le changement qualitatif. C’est pourquoi pour mettre en place et faire accepter ces réformes nécessaires, il faut surtout une volonté politique forte. Le non respect des règles est encouragé et entretenu par la corruption, le racket sinon le laxisme dans les contrôles de police sur le marché dont le fonctionnement est de ce fait marqué par l’existence de multiples barrages physiques non réglementaires dressés sur les parcours par les policiers. La situation s’est davantage dégradée surtout avec l’avènement et l’expansion des taxis collectifs woro-woro qui ne sont pas en règle dans leur grande majorité (80%). Avant cet avènement, le jeu des acteurs dans les services de minibus gbaka était fondé sur l’alignement avec des règles strictes de départ, à tour de rôle, imposées par les organisations 336 syndicales dont les contributions effectives au développement du secteur restent à démontrer, en dehors du cloisonnement du marché et de l’imposition de prélèvements syndicaux effectués quotidiennement sur chaque véhicule en raison de 500 FCFA voire 1000 FCFA à chaque départ. Le fonctionnement du marché suivant cette logique de répartition, qui permettait de maintenir un minimum de discipline sur le marché, n’a pas encouragé la productivité des véhicules plus performants (véhicules neufs ou moins âgés) qui ne pouvaient pas faire plus de rotations que les moins performants (vieux véhicules). Le système d’exploitation individuelle actuel qui règne au sein du marché des taxis et des minibus ne permet pas non plus d’accroître les rendements des véhicules du fait d’une concurrence sauvage entre eux et qui tend à tirer la qualité du service offert vers le bas. Mais la concurrence agressive et non réglementée (Encadré 10) faite dans la situation actuelle par les services de transport informel à la SOTRA, sur le périmètre qui lui est concédé, risque de conduire à une totale désorganisation du secteur des transports urbains, si un minimum de règle n’est pas mis en place et surtout respecté au sein du marché. Leur souplesse d’adaptation (du fait du non respect des règles) et le caractère volatile des services assurés qui sont leur véritable atout face à la SOTRA, constituent par ailleurs leurs principales faiblesses pour leur pérennité ou leur durabilité. Encadré 10 : Conformément à la convention de concession de service public de transport liant la SOTRA à l’Etat de Côte d’Ivoire, ce dernier a pour principales obligations : - la protection du périmètre de concession ; - l’actualisation des tarifs dans la limite de la dérive des coûts directs de production ; - le paiement régulier des redevances ; - l’organisation et la réglementation du transport urbain par l’AGETU. 337 Les services offerts par le secteur informel, et en particulier par les minibus gbaka apparaissent dans la situation actuelle comme un complément salutaire à l’offre de transport organisée assurée par la SOTRA d’autant plus que ces services assurent une bonne part voire l’essentiel des déplacements des populations les plus pauvres. Cette réalité s’est davantage consolidée ces dernières années, principalement avec les difficultés que rencontre la SOTRA pour faire face à une demande de plus en plus croissante et étalée dans le temps et dans l’espace. Ainsi, le développement spectaculaire des minibus gbaka, dont la part de marché est passée de 13% en 1988 à 24% en 1998120, ne va pas sans poser de problèmes, notamment en ce qui concerne leur fonctionnement. En effet, selon une enquête réalisée par l’ AGETU auprès des usagers, l’un des inconvénients majeurs des services de transport par minibus gbaka est l’insécurité due essentiellement à la mauvaise conduite des chauffeurs et à l’état technique généralement défectueux des véhicules pour manque d’entretien adéquat. En fait : • les chauffeurs sont recrutés en général très jeunes, sans expérience suffisante et sans contrat de travail. Ils sont en outre soumis à une pression permanente de la part des propriétaires de véhicules pour assurer la recette journalière ; • l’entretien des véhicules est assuré en général dans des garages informels mal équipés et/ou disposant de ressources humaines peu qualifiées, suivant une fréquence aléatoire, en fonction du type de panne survenue. Il n’existe pas d’entretien préventif des véhicules. Le mode d’exploitation des gbaka et aussi des woro-woro est relativement souple car, les véhicules ne restent pas attachés à une ligne particulière malgré les autorisations de transport qui sont attribuées par ligne ou par zone. En contournant la réglementation, ils peuvent se retrouver d’une ligne à une autre en fonction de la demande de transport du moment. 5 ' 0'5 5 C % $ % ) #A 8 338 Cette absence de complémentarité entre services structurés (SOTRA) et services informels (gbaka et woro-woro), en plus du non respect des règles et de l’absence de leur contrôle effectif au sein du marché, constitue avec la désarticulation du réseau de desserte, les principaux obstacles qui s’opposent à l’assainissement durable du secteur des transports urbains et donc à son efficacité de fonctionnement. 4.2.1.2 Un réseau de transport désarticulé Le réseau de voiries d’Abidjan comporte des voies d’intérêt national (voies de transit ou routes et autoroutes urbaines), des voies d’intérêt urbain (avenues et boulevards) et des voies d’intérêt local ou communal (pénétrantes de quartiers). En 1990 (et l’on pense que la situation n’a pas évolué depuis), l’ex-DCGTx (devenu BNETD entre temps) avait estimé le linéaire total du réseau de voies à Abidjan à 2 042 km, avec 1 212 km de voies bitumées dont 272 km d’artères structurants et 830 km de voies en terre non bitumées. A ce jour, le réseau propre de la SOTRA comporte seulement 7 610 mètres linéaires de voies réservées, dont 5 960 m de sites propres et 1 650 m de couloirs affectés exclusivement à la circulation des autobus, ce qui ne représente même pas 1% du linéaire total du réseau exploité par la SOTRA. Plus de 99% du linéaire du réseau de la SOTRA est partagé avec les autres trafics, en particulier les trafics des services de transport informel qui contribuent pour une large part à la congestion de la voirie121. Les deux principales composantes du réseau de desserte (celle des services informels et celle de la SOTRA) se superposent sur leurs majeures parties. Cette juxtaposition des réseaux qui B# #A 5 8 ' 0'5 C C < % $ 6 "/ % ) 5 A ,,- 339 fonctionnent en parallèle, ajoutée à l’exploitation indépendante voire cloisonnée des services respectifs, ne permet pas d’avoir une complémentarité ordonnée entre les différents services offerts pour un meilleur bénéfice des usagers. Cette désarticulation du réseau de transport entre sa composante non structurée et celle de la SOTRA existe également au niveau de chacune des composantes prises isolement : - tous les itinéraires, ou presque, des services de minibus gbaka et de taxis collectifs se superposent sur leurs plus grandes parties, d’où la concurrence anarchique qui existe au sein de cette composante ; - plusieurs lignes du réseau de la SOTRA se superposent ou sont parallèles sur leurs majeures parties, du fait de la structure fondamentalement radiale du réseau ; cela a pour effet entre autres de produire une plus forte densité d’offre dans les zones plus rapprochées des centres émetteurs (la gare d’Adjamé et la gare du plateau situées au centre de la ville) et une faible densité dans celles situées aux extrémités des lignes, en particulier dans les banlieues. La superposition des services favorise, non seulement la concurrence ou l’anarchie, mais elle entraîne des dysfonctionnements du réseau (la charge du réseau de voiries est plus forte au niveau du centre où le trafic est congestionné) et induit par ailleurs un accroissement des coûts de transport en l’absence d’une intégration tarifaire. Mais pour aller vers cette complémentarité (ou cette intermodalité) des réseaux, il faudra nécessairement que les services de transports non structurés soient organisés pour sortir de cette logique actuelle d’exploitation individuelle où les opérateurs de ce secteur s’opposent dans des duels constants sur le marché pour transporter le plus de passagers et produire ainsi les recettes qui leurs sont exigées par jour. Dans un tel environnement, nous pensons que la croissance spectaculaire des services de transport non structuré n’est pas quelque chose de spontanée. C’est une réponse structurelle à un besoin spécifique de déplacement qui n’est pas satisfait par les services conventionnels assurés par la SOTRA, malgré leur diversification ces dernières années, vers des services spéciaux ciblés sur des catégories particulières de la demande (réseau express). 340 C’est pourquoi il faut s’interroger sur l’efficacité de cette politique de segmentation de l’offre de la SOTRA dont l’une des conséquences est de renforcer la désarticulation actuelle du réseau, facteur de dysfonctionnements et donc de surcoûts, à un moment où les modèles qui s’imposent de plus en plus comme exemples de réussite sont les réseaux entièrement intégrés et hiérarchisés au plan zonal. Si dans leurs configurations actuelles, aussi bien les services de la SOTRA que ceux offerts par les transports informels ne satisfont pas entièrement les besoins de déplacement notamment des populations les plus pauvres, quelles pourraient être les solutions ou les issues de sortie de crise pour Abidjan ? C’est ce que nous tentons d’examiner dans la section ciaprès, en guise de recommandations ou de propositions. 4.3 QUELQUES SOLUTIONS OU ISSUES DE SORTIE DE CRISE POUR ABIDJAN L’exploration de pistes ou issues vers une amélioration significative des conditions de déplacement des populations des quartiers pauvres d’Abidjan n’est pas une question indépendante de celle plus globale de la réduction de la pauvreté en milieu urbain. En effet, les transports urbains ne sont pas déconnectés du contexte économique et social urbain d’autant plus qu’en ce qui concerne le cas spécifique d’Abidjan, il y a un décalage important entre les besoins ou la demande de transport (croissance démographique et spatiale forte) et les ressources disponibles pour l’équipement de la ville. Ainsi donc, les meilleures issues possibles sont à rechercher dans le cadre de stratégies fondées à la fois sur la nécessité d’une cohérence entre transport et urbanisation (planification spatiale) et la stratégie de réduction de la pauvreté. 4.3.1 Nécessité d’une cohérence entre transport et planification spatiale 341 Les dynamismes spatiales de l’habitat et des activités conditionnent les émissions (origines) et les réceptions (destinations) des flux de déplacements en termes de distances de parcours et de volume des flux. Mais les transports urbains ne suivent pas toujours l’étalement urbain de nos villes car les contraintes pour satisfaire favorablement la demande sont nombreuses : les ressources sont limitées et les coûts d’investissement et d’entretien des infrastructures et ceux d’exploitation des services de transport sont élevés. Dans le cas d’Abidjan, le décalage entre transport et urbanisation est encore plus accentué du fait que la mauvaise planification (ou le non respect de la planification) spatiale a favorisé la création de pôles d’activités d’une part et de zones d’habitat d’autre part. Plus problématique, la morphologie urbaine qui en est résultée est l’image d’une ville découpée géographiquement en classes socio-économiques séparées où chaque quartier correspond à une catégorie sociale relativement homogène. L’on a ainsi pu constater que pour Abidjan, cette répartition par zones homogènes, qui est plus la conséquence d’une mauvaise planification spatiale, accentue les inégalités entre citadins, quartiers et types d’habitat, mais aussi entre les niveaux de revenus et les fonctions socio-économiques. Elle influence la localisation des activités et des emplois et entraîne, au plan du transport, des habitudes de déplacements et des comportements de mobilité différenciés (mobilité, mode utilisé, budget transport etc.). Cette structuration urbaine en zones spécialisées a par ailleurs pour effet en particulier d’accentuer l’écart entre l’importance accordée par les pouvoirs publics aux problèmes de déplacement en transports collectifs de celle réservée aux besoins de déplacement en voitures particulières, car les premiers sont émis par les populations pauvres ou de classe moyenne issues des quartiers pauvres généralement situés à la périphérie ou enclavés et les seconds par les populations aisées des zones résidentielles plus prospères ou riches qui mobilisent l’essentiel des budgets de la ville, si l’on considère les niveaux d’équipements en voiries, en services publics de base (réseau d’eau potable, réseau d’assainissement, de téléphone, d’électricité, etc.). 342 Ainsi donc, la répartition spatiale de l’habitat, des emplois, des commerces, des équipements etc. conditionnent et orientent les déplacements urbains. C’est pourquoi toute recherche de solution en matière de transport est à associer à celle de la localisation des principales fonctions urbaines car l’organisation spatiale de la ville détermine dans une large mesure la demande en déplacements. Le développement urbain, qui repose donc sur une bonne planification spatiale, est une condition nécessaire à l’amélioration durable des conditions de déplacement et de la mobilité. Vers cette direction, les stratégies usuelles recommandent122 d’atténuer la centralité ou la concentration au centre ville, de déconcentrer les activités (délocalisation), de vivifier les centres de quartiers, de favoriser l’organisation d’activités le long de corridors ou axes lourds, de densifier l’espace urbain, etc. Pour Abidjan, ces axes stratégiques nous suggèrent les quelques actions prioritaires suivantes. 4.3.1.1 Décongestionner le centre d’Abidjan Le centre d’Abidjan offre l’essentiel des emplois administratifs et d’affaires et attire à cette fin toutes les catégories socio-économiques des populations de la ville. C’est donc un lieu de concentration des trafics, et donc d’accès difficile. Cette concentration (volontariste) des principales fonctions urbaines au centre ville a influencé en grande partie la structuration radiale du réseau des transports publics d’orientation centre-périphérie. Dans une telle logique, la desserte efficiente du centre-ville nécessite de créer d’importants réseaux d’infrastructures et de transport en commun, ce qui demande des financements qui ne peuvent pas être supportés par les budgets disponibles. S’agissant de la ville d’Abidjan qui ne dispose pas de ressources suffisantes pour ces investissements, l’une des issues est de réduire la concentration des emplois et des activités 00A'& 4 A 8 " +8 343 tertiaires dans le centre ville, par exemple en délocalisant certaines de ces activités fortement génératrices de trafics aussi bien de voyageurs que de marchandises. Cette délocalisation pourra nécessairement profiter aux populations situées loin du centre ville ou à la périphérie, y compris celles des quartiers pauvres, qui n’auraient plus à parcourir de longues distances pour accéder aux services ou équipements de base. 4.3.1.2 Déconcentrer les activités Une tentative de déconcentration des activités du centre ville vers des zones situées à la périphérie a été amorcée dès les années 1980, avec la création, en dehors de la zone portuaire de Treichville et de Vridi, de pôles secondaires industriels à Yopougon (zone industrielle de Yopougon) et à Koumassi (zone industrielle de Koumassi) autour d’unités industrielles (textiles, agroalimentaires, matériaux de construction, etc.). Elle devrait se renforcer avec la réalisation effective du projet de l’extension du port à Locodjoro (rive opposée du port actuel). Mais ces tentatives, demeurées timides, tardent à se concrétiser véritablement, freinées qu’elles sont par la limitation des ressources et surtout par l’absence d’une volonté politique forte ou continue. La déconcentration ou la délocalisation de certaines activités tertiaires (fonctions administratives et services) pourraient accélérer ce processus dont la réussite à terme bénéficiera aux populations les plus défavorisées qui n’auraient plus à parcourir à cet égard de grandes distances pour accéder aux services publics. La diffusion de l’activité artisanale et commerçante, qui est prépondérante, en particulier autour de marchés implantés dans chacune des communes d’Abidjan, participent à cette déconcentration et devrait se multiplier ou se poursuivre car elle a un fort pouvoir de fixation des populations qui peuvent faire leurs courses sur place et économiser de longs déplacements. 344 C’est pourquoi il y a lieu de poursuivre et de développer la création de pôles secondaires qui extrairaient du centre ville, des activités induisant des flux importants de trafics (marchandises et voyageurs) qui contribuent à la congestion des voies de circulation. Des réponses spécifiques plus appropriées aux problèmes de la concentration des activités dans le centre ville (Plateau, Adjamé, Treichville) pourront être trouvées avec la maturité du mouvement ou du processus de communalisation en cours dans le pays pourvu que le transfert des compétences soit effectivement accompagné par un transfert des ressources adéquates pour consolider la décentralisation. 4.3.1.3 Donner une meilleure image et faire vivre les centres des quartiers Dans la répartition modale des déplacements, la marche à pied restera encore pour longtemps le mode le plus utilisé par les populations, et en particulier les plus pauvres, pour se déplacer. Pourtant, les politiques d’aménagement urbain n’accordent pas toute l’importance nécessaire à ce mode naturel de déplacement, qui est par ailleurs le principal mode voire le seul dans bien des cas, de déplacement des populations pauvres. Pour prendre en compte cette réalité et favoriser la marche à pied, l’organisation de l’espace urbain doit donc pouvoir intégrer la localisation de certaines activités ou fonctions urbaines au sein des zones d’habitat (supermarché, marchés de quartier, services publics de la poste, des impôts, dispensaires, justices etc.). Corrélativement, des aménagements d’infrastructures piétonnes qui font quasiment défaut à Abidjan sont nécessaires. Les principaux avantages à tirer de cette organisation qui accorde toute l’importance nécessaire à la marche à pied et plus généralement aux transports non motorisés sont entre autres : la réduction des distances et donc des temps de parcours pour les déplacements principaux ; l’accroissement des déplacements de proximité ou internes au quartier ; 345 un faible recours aux transports motorisés et donc une plus grande utilisation (valorisation) des transports non motorisés dont la marche à pied ; une meilleure accessibilité aux services et aux équipements publics par une bonne accessibilité interne (cheminements piétonniers appropriés) et externe (relations inter zones). Une telle organisation résulterait d’une planification spatiale de la ville mieux équilibrée et plus cohérente avec une localisation judicieuse des principaux équipements et services publics (écoles, centres de santé, services administratifs, réseaux d’eau potable, d’électricité, de téléphone, etc.) en cohérence avec le schéma directeur d’urbanisme de la ville. 4.3.1.4 Organiser des activités le long de corridors L’organisation des activités urbaines le long et autour d’un axe ou corridor peut favoriser la déconcentration. Elle a l’avantage (économique) de favoriser l’instauration de corridors ou couloirs de services de transports adaptés, à un coût plus à la portée des budgets des grandes villes au sud du Sahara comme Abidjan. Ce type d’organisation linéaire, dont l’exemple le plus réussi, et cité comme référence mondiale, est celui de Curitiba au Brésil, a pour principaux avantages entre autres de : limiter l’accroissement du centre ville ; réduire l’attractivité du centre ville et d’éviter sa congestion ; maximiser l’occupation du sol ; réduire les distances de déplacement ; mieux répartir la circulation urbaine (meilleure utilisation des infrastructures). A Abidjan, ce type d’organisation linéaire peut être entrepris sous la contrainte du budget, par la création de deux principaux corridors orientés suivant les deux principaux flux de déplacements d’axes Nord-Sud (Abobo - Vridi/Port-Bouët) et Ouest-Est (Yopougon – Riviera/Bingerville). 346 4.3.1.5 Densifier l’espace urbain L’un des problèmes auxquels la ville d’Abidjan est confrontée est son étalement et sa faible densification, ce qui nécessite des investissements coûteux en infrastructures, réseaux de services et équipements publics. Il est essentiel, devant les contraintes de budget, de chercher en particulier à réduire les distances de transport et donc les dépenses d’investissement. L’une des réponses est de densifier les zones urbaines existantes par une politique de l’habitat et du logement à même de répondre à la demande supplémentaire émanant de la croissance démographique. Elle passe par ailleurs par la restauration des quartiers anciens (type Treichville et Adjamé au centre) pour leur donner un caractère plus attrayant que ça ne l’est aujourd’hui (bruit, pollution, congestion des voies de circulation). Cette stratégie nécessite des investissements importants, mais le prix à payer sera plus élevé si la dérive spatiale constatée actuellement dans la croissance spatiale d’Abidjan se poursuit. D’autres axes de solution pour contribuer à la densification de l’espace urbain consisteraient à promouvoir la mixité (équilibrage des zones) à travers la création d’activités artisanales et commerciales en zones résidentielles (Cocody), indépendamment des emplois domestiques et de gardiennage qui y sont déjà développés. Ainsi donc, une restructuration de l’espace urbain d’Abidjan est aujourd’hui plus que jamais nécessaire si l’on veut au moins maîtriser la croissance de la ville dans les limites des ressources disponibles et faire l’économie d’une dégradation accélérée de l’environnement par la consommation du front forestier qui entoure la ville. Les meilleures réponses à cette préoccupation appellent une intervention des pouvoirs publics dans les domaines classiques suivants : une maîtrise de l’occupation du sol par une réglementation appropriée ; une régulation du marché du foncier ; 347 des mesures incitatives/dissuasives pour l’implantation des activités ; l’organisation et la promotion des activités artisanales (localisation de PME/PMI) ; une localisation coordonnée des équipements commerciaux et des services (marché, centres de santé, écoles, etc.) ; un choix volontariste et sélectif des investissements en faveur des transports collectifs pour orienter l’urbanisation. Dans cette perspective, le schéma directeur d’urbanisme d’Abidjan, dans sa version actualisée par le BNETD en 2000, insiste sur les principales actions stratégiques suivantes visant à corriger les dysfonctionnements constatés dans la planification spatiale : un ralentissement et une maîtrise de la croissance spatiale de la ville en densifiant les quartiers centraux (Adjamé, le Plateau, et l’Ile de petit Bassam regroupant Treichville, Marcory et Vridi) ; achèvement des opérations d’urbanisation en cours ou programmés et mise en valeur des zones non encore suffisamment urbanisées (Djibi, Palmeraie, M’Badon et M’Pouto), sur le Plateau du banco, dans la zone d’Andokoua kouté et leur littoral de Port-Bouet (secteur de l’aéroport) ; favoriser et promouvoir le développement de zones mixtes (habitat/emploi/commerces) de façon à réduire les déplacements pendulaires. 4.3.1.6 Actions spécifiques en faveur des quartiers précaires ou pauvres d’Abidjan De notre avis, le choix des actions les plus adaptées en faveur des zones de précarité ou de pauvreté à Abidjan passe par la prise en compte des causes ayant entraîné ou favorisé la formation desdites zones. L’on a vu que ces quartiers se sont créés spontanément à cause principalement d’une mauvaise maîtrise de l’évolution spatiale urbaine dans un environnement de pauvreté. Un assainissement durable de ces quartiers nécessite donc de s’attaquer à la question globale de la pauvreté. Une bonne planification urbaine est à cet égard nécessaire mais pas suffisante. 348 Les actions brutales qui consistent à raser certains de ces quartiers situés en plein tissu urbain, à déplacer les populations qui y sont installées depuis et les rejeter à la périphérie ne sont pas satisfaisantes car elles perturbent ou modifient fondamentalement leurs habitudes de vie sociale et économique. A travers la relocalisation, on leur apporte, dans une certaine mesure, un confort relatif au niveau de l’habitat ou du logement, mais ces populations éprouvent plus de difficultés à faire face aux charges induites qui sont récurrentes (coûts de déplacement, charges d’habitation, accès à l’emplois etc.) et la majorité d’entre elles ont du mal à s’adapter à cet nouvel environnement qui leur est superficiel. On peut également citer la déchirure du tissu social et la rupture de certains réseaux sociaux du fait de ces déguerpissements radicaux, et que la relocalisation sur un nouveau site ne peut reconstituer véritablement. Les meilleures actions en faveur de ces quartiers consisteraient, comme le préconisent les institutions de développement (PNUD, Banque mondiale, etc.), à les restructurer sur place, en leur apportant le minimum vital de services et d’équipements publics (eau potable, assainissement, courant électrique, centre de santé, écoles primaires, réseau de transport en commun etc.), ce qui apporterait dans la même veine, une réponse satisfaisante à leurs besoins de mobilité. Bien entendu, les réponses durables à leur situation de pauvreté viendront de la croissance économique et/ou d’une meilleure redistribution des ressources pour sortir une grande partie de ces populations de leur environnement de pauvreté. 4.3.2 Quelle(s) réponse(s) aux besoins de déplacements des populations des quartiers pauvres d’Abidjan ? 349 Le problème essentiel qu’il faut résoudre n’est pas tant d’apporter obligatoirement une réponse motorisée aux besoins de mobilité des populations pauvres de ces quartiers précaires. Le problème de fond qui se pose au delà de cette question de mobilité est celui de la réduction de la pauvreté auquel les pouvoirs publics ou le gouvernement doivent apporter une réponse globale. L’amélioration des conditions de mobilité (motorisée ou non) n’est qu’un aspect de cette réponse qui n’est certainement pas suffisante et qui, dans certaines situations, ne correspond pas au premier niveau des priorités sur l’échelle des besoins des populations concernées. Même si la mobilité est certainement nécessaire pour sortir de la pauvreté, nous avons vu que dans le cas des quartiers précaires d’Abidjan, les populations préfèrent dans l’ordre, disposer d’une école primaire, d’un centre de santé, d’un marché avant un arrêt d’autobus. 4.3.2.1 Transports « informels », transports des pauvres ? L’analyse des pratiques de déplacement des populations des quartiers précaires d’Abidjan a montré que les déplacements sont en général restreints dans l’espace et peu diversifiés au plan des motifs. En effet, les flux sont principalement internes aux communes de fixation desdits quartiers et portent sur des motifs utilitaires (domicile-travail en particulier). Dans la configuration actuelle des transports publics d’Abidjan, les services de taxis collectifs woro-woro sont les mieux indiqués, en termes de flexibilité (lignes desservies et de tarification), pour répondre à la demande localisée des populations de ces quartiers pauvres. En fait, selon la réglementation en vigueur, le rayon d’activité des woro-woro est inscrit à l’intérieur du périmètre communal au sein duquel ils sont autorisés à exercer, même si cette réglementation n’est toujours pas rigoureusement respectée. Les services de transport périurbains assurés par les minibus gbaka entre la commune d’Adjamé et les communes situées à la périphérie ou au voisinage de la ville d’Abidjan sont également, mais à un degré moindre des woro-woro, les mieux adaptés à cette demande localisée du fait aussi de leur souplesse de fonctionnement. 350 Toutefois, si les taxis collectifs woro-woro et les minibus gbaka, apparaissent dans la situation actuelle comme étant une réponse apparemment satisfaisante aux besoins de déplacements motorisés des populations des quartiers pauvres, ces services comportent des coûts externes importants qui limitent leur efficacité. Le problème des woro-woro et des gbaka est qu’ils tirent leur véritable atout (souplesse d’adaptation aux itinéraires et souplesse dans la tarification) d’une forme d’inorganisation ou de désordre (appelée la « débrouille » dans le milieu) qui les tire vers le bas, au plan de la qualité des services offerts et du respect de l’environnement. C’est d’ailleurs en partie à cause de ces nuisances ou ces effets externes qu’ils ne sont pas autorisés à desservir le centre ville. Partant de cette situation, il nous semble qu’une forme minimale d’organisation est nécessaire pour assurer les meilleures chances d’assainissement du secteur des taxis et des minibus en vue de son développement au bénéfice des populations démunies. Le risque d’aller vers cette organisation est de faire perdre à ces services de transport non structurés, toute cette flexibilité nécessaire qui leur confère un avantage comparatif par rapport aux services conventionnels de la SOTRA. Mais ce risque est à prendre s’il faut faire l’économie des coûts de dysfonctionnements importants (congestion, pollution de l’air, accident, etc.) qu’ils occasionnent. Le profil des usagers de ces services donne une clientèle diversifiée, depuis l’employé de maison ou l’ouvrier habitant la banlieue populaire de Yopougon, au cadre supérieur habitant le quartier résidentiel de Cocody. Les gbaka et les woro-woro semblent ainsi faire désormais partie intégrante du paysage urbain de la ville d’Abidjan. Car, plus qu’une réponse conjoncturelle à la crise des transports urbains, ils se positionnent comme une réponse structurelle. C’est pourquoi, de notre avis, ils doivent être réorganisés dans un format qui puisse les rendre plus performants et leur assurer une viabilité économique et environnementale durable. Mais pour réussir, nous pensons que cette réorganisation doit s’inscrire dans le cadre d’une restructuration globale et intégrée du système des transports urbains d’Abidjan. 351 4.3.2.2 Principales motivations d’une restructuration globale des transports urbains à Abidjan Du fait des performances limitées du système actuel, il est nécessaire de procéder à sa restructuration en vue de lui permettre d’offrir des services de bonne qualité, à des coûts raisonnables. Les principales lacunes du système sur lesquelles il faudra agir concernent les aspects suivants : - L’accessibilité Les services publics de transport ne sont pas encore accessibles à certaines couches de la population urbaine, les plus pauvres, qui sont contraintes à l’usage exclusif sinon principal de la marche à pied. Cette accessibilité doit être significativement améliorée en particulier dans sa dimension non motorisée par des aménagements piétons et leur sécurisation. - La qualité des services offerts De façon générale, la majorité des usagers trouve que la qualité des services n’est pas satisfaisante au plan du confort (état des véhicules), de la régularité et des fréquences (offre insuffisante), ainsi que des temps de voyage (congestion des voies de circulation). - La sécurité L’état technique des véhicules est déplorable (véhicules usagés vieillissants) et beaucoup de minibus gbaka et de taxis woro-woro qui ne sont pas aptes à la circulation maintiennent leur présence sur la marché par la fraude et le racket des policiers commis aux contrôles routiers. Cette insécurité due à l’état technique défectueux des véhicules est par ailleurs amplifiée par l’indiscipline des chauffeurs (de minibus gbaka et de taxis woro-woro) qui ont des comportements en conduite mettant constamment en danger la vie de leurs passagers ainsi que celle des autres usagers. - L’environnement 352 Les véhicules qui sont pour la plupart vieillissants et mal entretenus polluent l’environnement en détériorant la qualité de l’air, ce qui constitue un risque sanitaire pour les populations. - Les conditions de travail dans le secteur des minibus et des taxis Les chauffeurs de minibus gbaka et de taxis woro-woro sont pour la plupart employés sans respect des règles contractuelles en vigueur et sont assujettis à des exigences de rendement difficiles à réaliser dans des conditions normales de travail. Ils sont obligés de travailler pendant de longues heures pour espérer réaliser la recette journalière exigée. - La pérennité ou la durabilité du système Il existe désormais avec l’AGETU, un cadre institutionnel et réglementaire, mais le fonctionnement de ce cadre n’a pas encore prouvé toute son efficacité car il y a encore certaines difficultés eu égard à la lenteur éprouvée pour mettre en place et faire appliquer les réformes. En effet, le respect des règles du jeu par les opérateurs n’est pas encore systématique et son contrôle sur le terrain par les forces de police est inopérant, voire inexistant, du fait de pratiques parallèles avec le racket et la corruption. Dans cet environnement de désordre, le secteur non structuré, qui opère avec des minibus gbaka et des taxis woro-woro d’occasion, semble s’autofinancer mais les niveaux de rentabilité des services ne permettent pas encore de pouvoir assurer le renouvellement ni la modernisation du parc. - La superposition des réseaux ou le manque de complémentarité entre les différents services offerts Le système de réseau actuel est totalement désarticulé en plusieurs sous réseaux indépendants qui se superposent. L’inconvénient majeur est la surcharge (congestion) inutile des itinéraires ce qui réduit l’efficacité ou la performance globale du système puisqu’il ne permet pas de transporter plus de voyageurs. Pour accroître ou améliorer cette efficacité, il est nécessaire d’aller vers une complémentarité des différents réseaux de services sur les principaux itinéraires au tronçon de desserte. 353 4.3.3 Pour une restructuration globale du système des transports urbains a Abidjan Nous proposons d’inscrire cette restructuration dans une perspective à court, moyen et long termes. Le court terme concerne une amélioration de l’existant. Le moyen terme marquera une étape intermédiaire vers le long terme qui verra tout le nouveau système consolidé. Les actions entrant dans le cadre de cette restructuration portent principalement sur les domaines clés suivants : - les infrastructures de transport et leur entretien ; - la gestion des trafics (organisation de la circulation et du stationnement) ; - le plan ou schéma directeur des réseaux de transport ; - la valorisation du rôle du secteur informel ou non structuré (organisation et consolidation des petits opérateurs du secteur des minibus et des taxis) ; - l’organisation du fonctionnement du marché (transparence et application effective des règles du jeu par tous les acteurs du système) ; - le financement du système ; - la gestion du système (évaluation et suivi). 4.3.3.1 Les options de court terme (horizons fin 2008) Pour le court terme, les actions suivantes sont proposées. 4.3.3.1.1 Réalisation du plan ou schéma directeur de développement du réseau des transports publics Dans la situation actuelle, il n’existe pas de plan ou de schéma directeur qui planifie de façon cohérente l’évolution du réseau, en conformité avec le schéma directeur d’urbanisme. La création de nouvelles lignes et surtout l’extension du réseau de desserte aussi bien par la SOTRA que par les minibus et les taxis collectifs se fait au coup par coup, en fonction des opportunités du moment. Cette lacune ne permet pas par exemple d’anticiper ou de prévoir la 354 programmation des investissements aussi bien des infrastructures routières que des équipements et matériels d’exploitation. Nous pensons qu’avec l’existence désormais d’un cadre institutionnel clair avec l’AGETU dont l’une des missions est la définition et la programmation des itinéraires, il est urgent d’étudier et d’établir un plan ou schéma directeur d’évolution du réseau, en particulier pour le périmètre des transports urbains. Ce plan directeur du réseau est à étudier en cohérence avec le schéma directeur d’urbanisme d’Abidjan dont la version actualisée par le BNETD en 2000 prévoit, en termes d’infrastructures, un certain nombre de principaux projets de voiries primaires (rocades et ouvrages de franchissement lagunaire). Nous proposons que l’AGETU étudie et élabore rapidement ce plan directeur du réseau en collaboration avec le BNETD, les services de la construction et de l’urbanisme, la SOTRA, etc. 4.3.3.1.2 La valorisation du rôle du secteur informel (ou non structuré) Du fait de l’inorganisation actuelle de ce secteur, il n’est pas suffisamment valorisé. Pourtant, c’est actuellement le principal fournisseur de services de transport public à Abidjan. Le secteur des minibus et des taxis collectifs évolue depuis longtemps dans un environnement de désordre qui, malgré la flexibilité que lui confèrent certains avantages comparatifs par rapport à la SOTRA, affecte son efficacité opérationnelle et économique. Pour favoriser cette efficacité de fonctionnement du système des transports publics urbains, nous pensons qu’il est nécessaire d’aller rapidement vers une consolidation des petits opérateurs en des unités d’exploitation disposant d’une certaine taille critique, de type coopérative ou Groupement d’Intérêt Economique (GIE), comme à Dakar avec le regroupement par le CETUD des opérateurs de cars rapides. Mais, pour tenir compte des difficultés rencontrées avec l’expérience menée par le CETUD à Dakar et qu’il est prématuré de considérer comme une réussite, nous recommandons d’y aller avec beaucoup de prudence, la réalité étant que ces petits opérateurs ont une culture de réticence et même de résistance au 355 changement. Toutefois, les exigences du progrès nous recommandent d’aller vers cette direction pour au moins réduire les coûts de dysfonctionnement (pollution, congestion, insécurité routière, etc.) générés actuellement par l’exploitation des woro-woro et des gbaka. Pour Abidjan, et au regard de la taille du marché, les premières réflexions menées par l’AGETU en vue d’un regroupement des petits opérateurs en GIE beaucoup plus viables recommandent des unités d’exploitation consolidées disposant d’une taille minimale de 100 véhicules pour les minibus et de 300 pour les taxis, de façon à réorganiser le marché autour d’environ une quinzaine d’exploitants de minibus (contre 1 729 actuellement) et d’une vingtaine d’exploitants de taxis (contre 6 757 actuellement). L’une des actions d’accompagnement de cette nouvelle organisation sera de revoir les conditions d’exploitation du marché, par l’évolution vers des affectations de ligne, après éventuellement appel d’offres, sur la base de contrats pluriannuels de 3 à 5 ans (conformément à la durée d’amortissement des véhicules ou de remboursement des crédits pour leur acquisition) en lieu et place des licences individuelles actuelles octroyées pour une validité annuelle. L’AGETU a déjà démarré le processus conduisant vers cette forme de modernisation avec l’organisation en avril 2006, en collaboration avec le CETUD, d’une mission d’étude à Dakar qui a permis à une douzaine de transporteurs représentant les organisations professionnelles ou syndicales des transporteurs urbains d’Abidjan de s’instruire de l’expérience en cours à Dakar. Cette initiative qui doit se multiplier dans le temps, est à encourager dans la perspective d’une création des premiers GIE au plus tard dès l’année 2008. Dans ce cadre, les GIE se constitueront dans un premier temps sur la base des véhicules régulièrement autorisés à exercer sur le marché pour se donner le temps d’amener les autres à adhérer au mouvement par la suite, après avoir mis leurs véhicules aux normes minimales techniques réglementaires. 356 Cependant, pour la réussite à terme de l’opération, il est primordial de mettre en place un mécanisme de financement du renouvellement du parc, ce qui est proposé par la suite dans le cadre des mesures à court terme. 4.3.3.1.3 Organisation du fonctionnement du marché Nous avons vu que l’une des causes majeures de l’inefficacité de fonctionnement du système des transports urbains à Abidjan est le non respect des règles au sein du marché. En effet, des véhicules non autorisés sont exploités clandestinement et leur maintien sur le marché est assuré et encouragé, malgré l’existence de contrôles de police, par le racket et la corruption. Pour pouvoir assurer un contrôle efficace sur le terrain, l’AGETU avait envisagé la création en son sein d’une brigade spéciale de contrôle. Mais nous estimons que cette solution, au delà de son coût de mise en œuvre, ne garantit pas pour autant la suppression de la fraude et de la corruption sur le terrain. En effet, ce seront les mêmes policiers qui vont effectuer les contrôles et le fait d’être spécialement détachés à l’AGETU n’est pas une garantie de rigueur et de probité sur le terrain. Le problème du racket policier a atteint un tel ampleur en Côte d’Ivoire qu’il faudra certainement au gouvernement ivoirien des mesures exemplaires pour rectifier le tir. En attendant de telles mesures difficiles à imaginer dans le contexte de crise que traverse le pays depuis février 2002, nous pensons qu’une alternative peut être trouvée à travers des solutions internes à la profession elle-même. Mais ces solutions dépendent du degré d’organisation des opérateurs sur le terrain, qui pourraient eux-mêmes assurer leur propre police en encourageant ceux des transporteurs qui ne le seraient pas, à se mettre en règle et surtout en mettant en place à leur niveau, des contrôles au sein des gares de chargement/déchargement. Les meilleures chances de lutte contre la fraude et la corruption qui l’accompagne sont à attendre d’une telle autodiscipline des opérateurs plutôt que de mesures exogènes au marché qui sont manifestement difficiles à prendre par le Gouvernement, à en juger par la persistance 357 du phénomène et sa généralisation malgré les déclaration d’intention maintes fois faites par les autorités. Il faut également noter les installations anarchiques de commerçants au bord des trottoirs, parfois sur la chaussée et même sur les rares passages piétonniers existants, ce qui réduit considérablement la capacité du réseau routier urbain, expose les piétons à des risques divers et provoquent des embouteillages qui nuisent à l’efficacité des services de transport. Des réglementations existent à ce sujet et doivent être appliquées car nous pensons que le respect scrupuleux des règlements est tout à fait possible avec une ferme volonté des autorités qui en ont la charge. 4.3.3.1.4 Organisation de la circulation et du stationnement Abidjan est une ville qui dispose d’un réseau de voiries relativement important et de bonne qualité en général. Mais elle est confrontée de façon récurrente depuis plusieurs années, à d’énormes problèmes de congestion, en particulier pour l’accès au centre ville (le Plateau), la traversée d’Adjamé qui concentre une majorité de petits commerces installés le long des voies, parfois sur les trottoirs, et pour la traversée des deux ponts qui assurent le franchissement de la lagune. De façon générale, l’on constate de plus en plus que toutes les artères importantes de la ville sont encombrées aux heures de pointe du matin et du soir, ce qui a par ailleurs une incidence à la baisse sur le rendement des services publics de transport qui ne disposent pas de suffisamment de couloirs réservés. La voirie est, dans son ensemble, soumise à la compétition entre voitures privées et services publics de transport. Nous pensons qu’on ne pourra pas améliorer significativement la vitesse commerciale des transports publics dans une telle configuration. Pour y parvenir, il est indispensable d’avoir un partage a priori de la voirie qui soit volontairement favorable aux transports publics. 358 Sur environ 1200 km de voies bitumées que compte le réseau routier urbain d’Abidjan, à peine 7,5 km (soit 6m pour 1 000 mètres ou 6% des voies) sont réservées exclusivement (et ce n’est qu’en théorie) aux autobus de la SOTRA. Cette anomalie doit pouvoir être corrigée rapidement pour autant que la volonté politique s’exprime fortement en faveur des transports publics. Cette organisation de la circulation devra être accompagnée de la mise en place d’une politique de stationnement qui encourage l’usage des transports publics au détriment de la voiture. Mais un équilibre « social » est à rechercher dans cette voie dans la mesure où les performances actuelles du système des transports publics d’Abidjan ne permettraient pas de justifier entièrement toute mesure qui tendrait à limiter fortement l’usage de la voiture. On pourrait commencer par introduire progressivement, comme le préconise l’étude du plan de circulation d’Abidjan, le stationnement payant au centre ville, et cette mesure peut entrer en application dès 2008. Toujours dans ce même cadre d’une meilleure gestion de la circulation et du stationnement, certaines actions plus spécifiques à la protection des piétons peuvent être entreprises rapidement. Il s’agit en particulier : - de réaménager le profil en travers de certains grands axes aux endroits les plus fréquentés (commerces, marchés, magasins, services publics etc.) ; - de créer des têtes de lignes et des arrêts sécurisés pour les minibus gbakas et les taxis collectifs woro-woro ; - de canaliser les cheminements piétons au voisinage des commerces, marchés, équipements ou services sanitaires, scolaires ou universitaires ; - de dégager les trottoirs de l’occupation anarchique des commerces ou vendeurs ambulants, et de mettre en place un système de protection des trottoirs pour ne pas permettre son usage par les taxis collectifs lorsque les voies sont encombrées. 4.3.3.1.5 Gestion et suivi du fonctionnement du système Avant l’avènement de l’AGETU, il n’existait pratiquement pas de données de base cohérentes et surtout fiables sur le secteur des transports urbains en dehors des statistiques d’exploitations propres à la SOTRA et produites par cette société. Lorsqu’elles existaient, ces 359 données étaient éparpillées dans plusieurs administrations et le plus souvent incomplètes, ce qui limitait leur fiabilité. Désormais, avec l’AGETU, il se met en place progressivement une base de données notamment sur le secteur informel, ce qui permettra de mesurer la performance globale du système en évaluant des étapes successives homogènes pour savoir s’il s’améliore ou non. 4.3.3.1.6 Mise en place d’un mécanisme de financements durable du secteur Si l’on s’appuie sur l’étude réalisée par le BNETD sur la fiscalité routière123, pour la période 1992-1998, le compte de l’Etat pour les transports routiers, en termes de Ressources-Emplois, dégage un solde largement excédentaire sur la période. De ce point de vue, on peut raisonnablement avancer que le secteur pourrait très bien s’autofinancer si le niveau des ressources qui lui étaient allouées étaient à la hauteur de la production fiscale qu’il génère. Mais ce n’est pas le cas et le secteur manque de ressources aussi bien pour l’entretien des infrastructures que pour les interventions financières de l’Etat dans le cadre des missions de service public demandées en particuliers à la SOTRA et qui pourraient être éventuellement étendues à de futurs concessionnaires. Il y a par ailleurs une forte demande de financements émanant des opérateurs privés du secteur des minibus et des taxis qui ne parviennent plus à renouveler leurs parcs de plus en plus vieillissants. En effet, les filières classiques de financement (Banques, Maisons de Crédit ou de crédit Bail) offrent des conditions d’acquisition de véhicules neufs qui ne leurs sont pas accessibles sinon difficilement (25% d’apport personnel, taux de crédit de 20% pour un remboursement sur 24 à 30 mois s’agissant des taxis et sur 36 mois pour les minibus). Dans une telle situation où la quasi totalité du parc est sinistrée, faute de ressources financières pour le renouveler, il faut penser à d’autres mécanismes de financements plus souples, adaptés aux contraintes du secteur. " 7 '9 ) # 360 Il existe un fond routier de seconde génération, mais les services de transport et en particulier les transports urbains ne sont pas éligibles à ce fond routier. En effet, les ressources du fond, qui proviennent essentiellement pour l’instant, des produits générés par la taxe sur les carburants, sont affectées en totalité ou en priorité à l’entretien des routes non urbaines. Or près de 80% des véhicules x km sont réalisés dans les villes et dans une large mesure à Abidjan. Il serait donc tout à fait normal que les ressources du fond routier finance les services publics urbains de transport et l’entretien des routes urbaines (couloirs autobus, passages ou infrastructures piétons par exemple). Dans le cas où l’utilisation du fond routier n’est pas élargie aux transports urbains, nous proposons de mettre en place, à l’image du Versement Transport en France, une sorte de Fond de Développement des Transports Urbains (FDTU) qui serait logé par exemple à l’AGETU en tant qu’autorité organisatrice. Les ressources devant alimenter ce fond pourraient provenir des contributions annuelles de l’Etat, des collectivités du Périmètre des transports urbains, et des opérateurs de transport. Une première assiette pourrait être la suivante : - une contribution de l’Etat tirée sur les produits de la fiscalité routière (taxes sur la circulation ou les carburants) ; - une contribution des collectivités tirée sur les reversements perçus au titre de la délivrance des autorisations de transport par l’AGETU, et éventuellement des recettes au titre des impôts fonciers sur les nouveaux lotissements et les nouvelles opérations immobilières; - une contribution de l’AGETU tirée sur les recettes au titre de la délivrance des autorisations de transport ; - une contribution des entreprises du PTU, à déterminer en % de leur taille ou de leur chiffre d’affaires, et des transports individuels du PTU en % du prix de la licence de transport. Les recettes du fond serviraient en priorité à soutenir le renouvellement et la modernisation du matériel d’exploitation sous la forme d’une caution ou de garantie bancaire, à l’entretien courant des voies ou couloirs réservés au transport public, à la formation et au recyclage des conducteurs professionnels, à la réalisation d’études (PDU, plan de circulation, enquêtes de mobilité, etc.). 361 Pour une plus grande efficacité de fonctionnement de ce fond et en vue de permettre le renouvellement du parc des taxis, des minibus et même des autobus urbains, l’Etat devrait, comme mesure d’accompagnement, autoriser la défiscalisation du renouvellement des véhicules ou accorder des crédits sur les droits de douanes et les impôts sur une période par exemple de 3 années. Cette mesure ne devrait profiter qu’aux structures organisées, pour encourager et soutenir le mouvement de mutation ou d’évolution des formes actuelles (entreprises individuelles non structurées) vers des GIE. 4.3.3.2 Les options de moyen et long termes (horizon 2010 à 2020) Dans le cadre de la restructuration globale du système des transports urbains, les actions à moyen et long termes concernent la réalisation et/ou la réhabilitation d’infrastructures, leur entretien, et la restructuration du réseau des transports collectifs. 4.3.3.2.1 Les infrastructures et leur entretien L’étude du plan de circulation élaborée par STC124 a recommandé les actions de moyen terme ci-après qui nous semble les mieux indiquées pour améliorer le niveau de service des infrastructures routières. - réhabilitation et entretien du réseau primaire d’infrastructures existantes ; - protection des piétons par le réaménagement des profils en travers type de certaines grandes artères (boulevard VGE par exemple) pour garantir la sécurité des piétons ; - aménagement des têtes de ligne et/ou des arrêts pour les minibus gbaka et les taxis ; - élargissement des trottoirs sur certaines artères fortement fréquentées par les piétons (Boulevard Latrille) ; - canalisation du cheminement des piétons au voisinage des marchés, équipements scolaires ou universitaires, sanitaires et grands centres commerciaux ; + 0'5 & #A 8 " 362 - création de véritables espaces piétonniers dans les zones fortement fréquentées ; - réalisation de couloirs protégés (en cohérence avec la nouvelle organisation qui sera mise en place) exclusivement affectés aux transports collectifs ; - déplacer la gare interurbaine d’Adjamé sur un site moins central pour décongestionner cette commune et pouvoir gérer plus facilement, au sein d’une infrastructure qui sera équipée à cette fin, les échanges de trafics et les ruptures de charges. A moyen et long termes, il sera nécessaire de construire des infrastructures de transit pour contourner les hypercentres d’Adjamé et surtout du Plateau. Ces infrastructures sont celles qui sont prévues au schéma directeur d’urbanisme. Le succès de la nouvelle organisation du système des transports urbains nécessitera la création d’infrastructures d’exploitation de type gares d’échanges, interfaces, têtes de stationnement et arrêts. La nature et la programmation aussi bien de ces infrastructures que des équipements d’exploitation des réseaux de transport pourront être définies et précisées dans le cadre de l’étude du PDU d’Abidjan en projet. Mais avant ces échéances, l’urgence est surtout de réhabiliter les routes urbaines existantes et d’allouer des ressources suffisantes à leur entretien à la mesure de l’importance des transports dans l’économie urbaine et dans la production fiscale routière nationale. 4.3.3.2.2 La restructuration du réseau des transports publics La restructuration du réseau des transports publics fait partie des mesures qu’il convient de prendre dès à présent et de réaliser à moyen et long termes pour pouvoir améliorer significativement le niveau de service du système des transports urbains grâce notamment : - à la limitation des ruptures de charges (dans le cadre de la réorganisation du réseau de transport collectif (Autobus SOTRA, minibus gbaka et taxis collectifs woro-woro) ; 363 - à une organisation intégrée qui assure une bonne complémentarité entre les différents services de transport collectifs existants. Cette organisation intégrée ou complémentaire qui favorisera l’intermodalité reposera sur : la définition des dessertes les mieux adaptées à la demande des déplacements ; la délimitation sinon la clarification des zones de desserte pour chaque catégorie de service (sous l’arbitrage des contraintes de voirie et des possibilités de chaque service ou mode de transports) ; l’identification des nœuds d’interfaces les mieux indiqués pour opérer et gérer les échanges de trafic et les ruptures de charges ; la définition de règles claires de jeu au sein du marché, au moyen de cahiers de charges spécifiques, s’agissant des opérateurs de minibus et de taxis. S’agissant concrètement de cette restructuration, nous proposons de bâtir à terme un système intégré et hiérarchisé en trois niveaux de services comme sommairement décrit ci-après. Niveau 1 (ou niveau supérieur) : Un système de transport lourd constitué de trois principales composantes : - une composante lagunaire par l’utilisation et l’exploitation, au moyen de bateaux bus, du plan d’eau lagunaire qui forme presqu’une rocade autour de la majorité des communes d’Abidjan, à l’exception des commune d’Abobo au nord et d’Adjamé au centre ; - Une composante ferroviaire de type train urbain suivant l’axe nord-sud, et utilisant l’infrastructure ferroviaire existante d’Anyama au nord d’Abobo, jusqu’à Vridi au sud, sur une longueur d’environ 30km. Ce corridor Nord-Sud, pourrait par ailleurs être exploité parallèlement en plus du train urbain, par un système de type BRT utilisant la voie express d’Abobo, le boulevard De Gaule et le boulevard VGE et exploité au moyen d’autobus articulés ; - Une composante routière orienté Ouest-Est (Yopougon – Bingerville), et formant le signe (+) avec l’axe ferroviaire : c’est le corridor Ouest-Est qui pourra être exploité par un système de type BRT, au moyen d’autobus articulés. 364 La composante lagunaire existe, l’axe ferroviaire et l’axe routier Nord - Sud également, de même que l’axe Ouest – Est, Yopougon – Cocody – Bingerville (constituée de la voie express de Yopougon et du Boulevard Mitterand). Les investissements en infrastructures porteraient principalement sur des aménagements de réhabilitation et d’adaptation des profils en travers, avec la réalisation ou le réaménagement de gares d’interfaces terrestres et lagunaires. Ce réseau de niveau 1 utilisera les deux principales gares Nord à Adjamé et Sud au Plateau, alors réaménagés à cet effet, comme interfaces multimodaux. Niveau 2 (ou niveau intermédiaire) : C’est un réseau exploité au moyen d’autobus standard, sur des moyennes distances (rayon maximum de 10 km) assurant des dessertes transversales pour alimenter principalement le réseau de niveau 1. Il sera constitué pour l’essentiel à partir de la restructuration du réseau actuel de la SOTRA. Niveau 3 (ou inférieur) : Ce troisième niveau sera bâti autour de lignes exploitées par des minibus et des taxis collectifs organisés, qui n’effectueront que des liaisons périphériques, de rabattement et/ou de pré ou post acheminement des trafics sur les réseaux de niveau 1 ou 2. Le bon fonctionnement de ce système nécessitera la réalisation de terminaux multimodaux aux extrémités Nord-Ouest (à Yopougon), Nord (à Abobo), Est (à Bingerville) et Sud (à Port Bouët ou à Vridi), de sorte à traiter à la périphérie ou à l’extérieur du tissu urbain dense, les trafics interurbains qui arrivent actuellement au centre ville à Adjamé et à la gare de Bassam à Treichville, et qui contribuent davantage à la congestion des principales voies d’accès au centre ville. Pour réussir, la mise en œuvre de ce schéma de restructuration globale du réseau des transports urbains sur la base d’un système de transport intégré et hiérarchisé, qui favorise la complémentarité entre modes ou l’intermodalité, nécessitera, bien entendu, un arbitrage 365 (politique et économique) volontairement favorable aux transports publics pour orienter l’affectation de la voirie et l’allocation des ressources budgétaires conséquentes. Cette volonté politique doit être clairement marquée par les autorités de la ville et le Gouvernement. Dans ce schéma, le rôle joué par les services de transport informel (minibus et taxis) qui seront réorganisés à cette fin, sera inscrit dans une logique de complémentarité, et non de concurrence ou de rejet, avec les services conventionnels (SOTRA par exemple) qui opéreront sur les premier et second niveaux de desserte. Plutôt que de s’employer à voir disparaître ces services ou tout simplement à chercher à les supprimer, d’ailleurs sans succès, l’on gagnerait à favoriser leur intégration au système après les avoir organisés comme le schéma général proposé ici le préconise. Le scénario d’une SOTRA, même restructurée au plan opérationnel et financier, qui assurerait seule l’ensemble des services, n’est plus réaliste dans le contexte actuel et même futur pour au moins trois raisons : - les services de minibus et de gbaka qui assurent de plus en plus une bonne part des déplacements des fonctionnaires, élèves et étudiants ne reçoivent pas de compensations de l’Etat. Même si ces services ne sont pas astreints aux contraintes de service public comme la SOTRA, ce sont aussi des fonctionnaires, élèves et étudiants qu’ils transportent et nous pensons que le fait d’être transporté par l’un ou l’autre des services ne change pas le statut de ces voyageurs particuliers ; - l’Etat ne pourra pas toujours assurer la couverture des charges de déplacement des groupes subventionnés (fonctionnaires, élèves et étudiants) du fait de la dérive des coûts (actuellement de 22 milliards par an et cela va en augmentant avec la population des groupes subventionnés bénéficiaires) ; - d’une manière ou d’une autre, et du fait que les fonctionnaires, élèves et étudiants des autres grandes villes du pays (Bouaké, Daloa, Yamoussoukro) ne bénéficient pas des mêmes avantages que leurs homologues d’Abidjan, le Gouvernement finira par revenir sur cette politique budgétivore qui n’est pas si sociale que cela laisse apparaître. 366 367 CONCLUSION DU CHAPITRE 4 Jusqu’en 2000, les transports publics urbains ont souffert d’un manque de coordination, en l’absence d’un cadre institutionnel et réglementaire adéquat. Cette situation qui a favorisé notamment une désorganisation du marché fut marquée par un recul de la SOTRA confrontée à des difficultés financières et opérationnelles et une croissance non maîtrisée du secteur des taxis collectifs woro-woro et des minibus gbaka. Mais depuis 2000, un cadre institutionnel et réglementaire des transports publics est mis en place avec des textes spécifiques qui régissent désormais ce secteur, et la création d’une autorité organisatrice, l’Agence des Transports Urbains (AGETU). Bien que contraignant pour les services informels de taxis et de minibus, du fait qu’il leur demande une plus grande visibilité en leur imposant un minimum de critères pour opérer sur le marché, ce nouveau cadre offre les base nécessaires d’une évolution vers un assainissement et donc une meilleure organisation du marché. Quant au marché lui-même, ses deux composantes principales sont en crise : - la SOTRA sort d’une restructuration financière opérée en 2005, qui a amélioré sa santé financière, mais ses difficultés opérationnelles ne sont pas encore résolues, avec une offre de transport insuffisante et peu performante à cause de son âge élevé ; - le secteur informel des services de taxis collectifs woro-woro et de minibus gbaka est certes en croissance, mais son efficacité reste limitée du fait de ses coûts externes importants (pollution de l’air, encombrements, insécurité routière, etc.). Les deux composantes ne sont pas complémentaires et le réseau des transports publics est désarticulé, ce qui est un facteur d’accroissement des coûts de transport. Du fait de leur mode d’exploitation et aussi de leurs pratiques tarifaires, les services de transport informel sont les plus accessibles aux populations des quartiers précaires qui ne disposent pas toujours d’une ligne d’autobus par manque de voies d’accès bitumées. 368 Au plan du financement, la SOTRA bénéficie d’une contribution de l’Etat pour insuffisance tarifaire ainsi qu’au titre des groupes subventionnées (fonctionnaires et agent de l’Etat, élèves et étudiants, etc.), mais cette contribution n’est pas suffisante car elle ne couvre pas l’ensemble des coûts supportés par l’entreprise. Cette contribution pose problème car le caractère social visé par l’Etat ne semble pas justifié en réalité puisqu’en fait, les bénéficiaires ne sont pas les plus nécessiteux, et sa restriction au seul espace géographique d’Abidjan ne va pas dans le sens du souci de justice sociale au regard de la notion de redistribution sociale. Pour sortir de cette situation de crise des transports publics d’Abidjan, en favorisant la mobilité des plus pauvres, nous proposons de valoriser le secteur des services de taxis et de minibus par la réorganisation du marché autour d’unités d’entreprises de type GIE, ce qui pourra amener l’Etat à aider ce secteur à travers des mesures fiscales incitatives afin de permettre le renouvellement des véhicules vétustes, polluants et peu sécurisants pour les usagers. Cependant, nous pensons que pour être durablement viable, la réorganisation du secteurs des taxis et des minibus devrait se faire dans le cadre d’une restructuration globale des transports publics dans une logique de complémentarité (intermodalité) des différents modes ou services de transport avec, comme mesure d’accompagnement, la mise en place d’un mécanisme autonome de financement des transports urbains. 369 . CONCLUSION GENERALE Dans le cadre de ce travail, les principales questions posées renvoyaient, conformément à notre problématique, aux articulations entre dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres d’une part et entre pauvreté et mobilité urbaine d’autre part. Nos différentes analyses, au regard de ces questions, nous ont conduit aux principaux résultats ou débuts de réponses ci-après. 1. Les dysfonctionnements urbains renforcent les inégalités sociales et contraignent les comportements de mobilité des plus pauvres. Les insuffisances ou les limites de la politique de planification urbaine (habitat, logement, équipements et services de base) n’offrent pas de possibilités d’intégration ni de promotion aux populations à faible revenu qui n’ont pour alternative que de se retrouver à la marge de la ville, dans des quartiers pauvres sous-équipés, avec des difficultés plus accrues en matière de déplacements. Il y a en outre un variation de la mobilité, non seulement selon le type d’habitat, mais également selon la commune de résidence, ce qui s’explique car il y a une correspondance entre revenu et type d’habitat ou commune de résidence. En effet, au delà de la CSP des populations, certaines spécificités spatiales ou géographiques des quartiers (centralité, présence d’activités industrielles ou commerçantes, mixité, caractère dortoir ou pas, etc.) ont une influence sur la mobilité des habitants. 2. La pauvreté contraint les conditions de vie économique et sociale et donc de déplacement des populations les plus démunies. 370 La pauvreté restreint les déplacements au plan géographique et au plan des motifs : la majorité des déplacements des pauvres des quartiers précaires sont restreints dans le périmètre de leurs communes de résidence et portent essentiellement sur les motifs utilitaires (domicile-travail ou domicile-école). La marche à pied constitue le principal moyen de déplacement de ces populations avec 75 % des déplacements totaux. Les transports publics viennent ensuite avec 25%, mais l’essentiel des déplacements motorisés est assuré par les transports informels constitués des services de taxis collectifs woro-woro (9%) et de minibus gbaka (6%) contre 6% aux services en commun conventionnel assurés par la SOTRA. On note une certaine hiérarchie dans l’utilisation des modes : la marche à pied pour les petits déplacements ou les déplacements de proximité, le taxi communal pour les déplacements intracommunaux, les minibus gbaka pour les déplacements intercommunaux et les autobus de la SOTRA pour les déplacements intercommunaux de longue distance, là où il n’existe pas de desserte par les gbaka. Au regard des problèmes spécifiques de mobilité des populations des quartiers précaires d’Abidjan, le système de transport public existant n’est pas tout à fait adapté. Il comporte des contraintes aussi bien au niveau du cadre institutionnel et réglementaire, de l’insuffisance des infrastructures et de l’offre, qu’en celui du fonctionnement du marché des services publics de transport. Comme réponses à cette situation, et en vue d’améliorer significativement les conditions de déplacement des populations pauvres des quartiers précaires, nous proposons d’abord une meilleure maîtrise de la planification urbaine, pour prévenir ou contrôler la formation de quartiers spontanés ou précaires. Ensuite, concernant particulièrement la politique des transports urbains en faveur des plus démunis, nous proposons de valoriser le secteur des services de taxis et de minibus par la réorganisation du marché autour d’unités d’entreprises de type GIE plus viables économiquement, ce qui pourra amener l’Etat à aider ce secteur par exemple à travers des mesures fiscales incitatives afin de permettre le renouvellement des véhicules vétustes, polluants et peu sécurisants pour les usagers. 371 Cependant, nous pensons que pour être durablement viable, la réorganisation du secteur des taxis et des minibus devrait se faire dans le cadre d’une restructuration globale des transports publics, dans une logique de complémentarité (intermodalité) des différents modes ou services de transport avec, comme mesure d’accompagnement, la mise en place d’un mécanisme autonome de financement des transports urbains. En s’invitant, dans le cadre de cette thèse, au débat récurrent sur la relation entre transport et réduction de la pauvreté, nous voudrions contribuer, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, au processus de mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté dans notre pays, à travers son DSRP qui comporte un certain nombre de lacunes en matière de transport. Nos principaux résultats, qui s’inscrivent dans cette perspective, devraient pouvoir être consolidés ou confortés dans le cadre de travaux complémentaires de recherche ou d’analyses plus spécifiques, par exemple avec l’étude en projet du PDU d’Abidjan qui comporte un volet important d’enquêtes ménages de mobilité. A cet égard, les résultats du prochain RGPH de la Côte d’Ivoire devraient pouvoir apporter une lecture plus actuelle des différentes données de base sur l’habitat, le logement, l’emploi, les consommations et les caractéristiques démographiques et socio-économiques des ménages abidjanais. Nous n’avons pas donné une évaluation chiffrée du coût de nos propositions. C’était possible sous la forme d’estimations au moyen d’avant projet sommaire que nous n’avons pas jugé opportun de faire pour ne pas alourdir notre travail d’un chapitre annexe qui n’aurait pas nécessairement amélioré la pertinence des analyses et donc des résultats. 372 ANNEXES 373 TABLES DES ANNEXES Annexe 1 : Fiche d’enquête, descriptif de la fiche et difficultés rencontrées Annexe 2 : descriptif des lignes du réseau Annexe 3 : Pièces exigées pour l’obtention des documents de transport délivrés par l’AGETU 374 Dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres à Abidjan Enquête auprès des individus. Abidjan 2004. FICHE INDIVIDU (DE PLUS DE 10 ANS) 1. Commune 2. Quartier 3. Nom enquêteur 4. Code enquêteur 5. Jour de l’enquête MMJVSD Caractéristiques socio-démographiques 7. Sexe 1. Homme 6. Date Quels autres : …………………. 17. Êtes-vous salarié 1. Oui 2. Femme 2. Non Question 18 Question 19 8. Age 9. Position 1. Chef du ménage 2. Conjoint 3. Enfant 4. Autre parent 5. Autre .................... 10. Statut matrimonial 1. Célibataire 2. Marié(e) monogame 3. Marié(e) polygame 4. Divorcé(e)/Séparé(e) 5. Veuf(ve) 18. Vous êtes 1. Chômeur(se) 2. Retraité(e) 3. Étudiant(e) ou scolaire 4. Ménagère 5. Autre inactif (ve) 19. Quelle est (était) votre activité principale : ........................................................................................ 20. Quelle est (était) votre fonction 1. Patron 3. Autre Afrique 2. A votre compte 4. Autre ................................................................ 3. Cadre supérieur / ingénieur 4. Cadre moyen / agent de maîtrise 5. Employé(e) / ouvrier(e) qualifié(e) Éducation 6. Employé(e) / ouvrier(e) non qualifié(e) 7. Vendeur(se) 12. Dans quelle langue 8. Chauffeur 1. Français 3. Arabe 9. Manœuvre / tâcheron 2. Anglais 4. Autre ............................. 10. Apprenti(e) 11. Aide familial 13. Niveau d'instruction 12. Domestique 1. Sans étude 4. Lycée 13. Autre ................................................................ 2. Primaire 5. Supérieur 3. Collège 21. Dans quel secteur d’activité travailliez-vous 11. Nationalité 1. Ivoirienne 2. CEDEAO Activité professionnelle 14. Exercez vous un emploi ? 1. Oui 2. Non 15. Est-ce un emploi permanent 1. Oui 2. Non 16. Est-ce le seul emploi 1. Oui 2. Non Question 18 1. Agriculture / élevage 2. Construction, travaux publics 3. Industrie 4. Secteur public et parapublic 5. Services 6. Transports 7. Commerce de détail 8. Commerce de gros 9. Autre .................................................................. 375 Dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres à Abidjan Enquête auprès des individus. Abidjan 2004. |__| 2. Trop loin |__| 6. Trop fatiguant |__| 3. Peu de temps |__| 7. Autre ................................ |__| 4. Coût du transport 22. Où habitiez vous avant ? Commune Quartier Ressources monétaires individuelles 23. Depuis combien de temps résidez vous ici ? 33. Dans quelle classe revenu vous situez vous ? (Francs CFA) ans de Périodicité 1. Quotidienne 2. Hebdomadaire 3. Mensuelle 4. Trimestrielle 5. Semestrielle 6. Annuelle 7. Autre .............. 24. Pourquoi avez-vous choisi ce lieu ? 25. Lieu d’activité principal 1. Domicile Question 33 2. Fixe, dans le quartier Question 27 3. Fixe, ailleurs 4. Ambulant dans le quartier 5. Ambulant ailleurs < 10 000 Q. 27 6.Autre ......... 10 000 à 15 000 15 000 à 25 000 25 000 à 35 000 35 000 à 50 000 26. Quartier ou localisation précise du lieu de travail (code quartier) .............................................................................................. 27. Mode(s) habituel(s) pour aller du domicile au travail |___| + |___| + |___| + |___| ..................................................... (codes modes) 50 000 à 100 000 Plus de 100 000 Moyens de transport dont vous disposez 34. quel moyen de transport possédez-vous ? 28. Mode(s) habituel(s) pour le retour au domicile |___| + |___| + |___| + |___| ..................................................... 1. Vélo 2. Mobylette 3.Voiture 4.Autre (codes modes) 35. Possédez-vous le permis de conduire(automobile) ? 29. Durée moyenne pour aller 1. Oui du domicile au travail (minutes) 30. Durée moyenne pour le retour au domicile (minutes) 31. Lors du travail (en journée), rentrez-vous déjeuner chez vous 1. Oui, toujours 2. Oui, de temps en temps Question 33 3. Non, jamais 4. Non concerné Question 32 32. Pourquoi (Ordonnez jusqu’à 3 réponses) |__| 1. Journée continue |__| 5. Trop d’attente transport 2. Non 376 Dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres à Abidjan Enquête auprès des individus. Abidjan 2004. Utilisation du transport public 36. Utilisez-vous des véhicules de transport public 1. Oui, tous les jours ou presque 2. Oui, de temps en temps Lors des 7 derniers jours, combien de fois avez-vous pris un… 37. Taxi collectif « woro-woro » 38. Taxi compteur 39. Bus sotra 40. « Gbaka » 3. Non, jamais Nombre de trajets pendant les 7 jours Question 52 Montant de la dépense pendant les 7 jours Les opinions sur les transports Mode 1 41. Quels sont les deux modes de transport public que vous utilisez le plus fréquemment 1. Sotra (bus +BB) 2. Gbaka 3. Taxi compteur Pour ces modes, diriez-vous que vous êtes : 1. D' accord 2. Indifférent 3. Pas d' accord 42. Il est bon marché 4. « Woro-woro » 4. NSP(ne sait pas) 43. Son point de chargement est proche de mon domicile 44. Je n'attends pas beaucoup 45. Il y en a tout le temps 46. Il va partout où je veux aller 47. Il est rapide 48. Je ne risque pas d’accidents de la route 49. Je me sens à l’abri des agressions et des vols 50. Il me permet de transporter des marchandises 51. Quels sont les deux modes de transport public que vous n’utilisez pas ? Pourquoi ? …………………………………………………………………………… Insertion sociale Participez-vous aux activités communautaires suivantes : 52. Associations de quartier 53. Tontines 54. Autres activités associatives 1. Oui 1. Oui 1. Oui 2. Non 2. Non 2. Non 55. Comment qualifieriez-vous l'entente sociale dans votre voisinage 1. Bonne 4. Aucune relation avec le voisinage 2. Ni bonne ni mauvaise 5. Ne sait pas 3. Mauvaise Mode 2 375 Dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres à Abidjan Enquête auprès des individus. Abidjan 2004. Déplacements de la veille Pour les actifs (ves) et les scolaires / étudiant(e)s : 1. Hier, étiez-vous en congé (repos ou maladie) Pour tous : N° Dépl. 2. Hier, êtes-vous sorti de chez vous Lieu de départ (code quartier) Heure de départ 1. Oui Lieu d' arrivée (code quartier) 2.Non Heure d' arrivée Durée (min) 1. Oui 3. Pourquoi ? Motif (code motif) 2. Non 1. Malade / handicapé 3. Pas de raisons de se déplacer 2. Motif religieux ou coutumier 4. Autre (préciser)…. Nombre de trajets Mode trajet 1 Mode trajet 2 Mode trajet 3 Mode trajet 4 Coût total (FCFA) Qui a financé le dépl. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Nombre total de déplacements Motif de déplacement 1. Travail habituel 12. Repas à l’extérieur 2. Autre motif professionnel 13. Visite à la famille 3. Secondaire lié au travail 14. Visite à des amis 4. Recherche de travail 15. Visite à des voisins 5. Études 16. Prière / Religion 6. Achats alimentaires 17. Cérémonies 7. Achats non alimentaires 18. Association 8. Démarches administratives 19. Activités sportives / loisirs 9. Services 20. Accompagnement 10. Santé 21. Retour au domicile 11. Autre motif lié au ménage (préciser) 22. Autre (préciser) 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Mode de déplacement A pied 8. Taxi collectif woro-woro Bicyclette 9. Taxi compteur Pinasse 10. Bus Mobylette / Moto conducteur 11. Bateau Bus Vélo 12. Car de ramassage employeur Voiture particulière conducteur 13. Car de transport interurbain Voiture particulière passager 14. Autre (préciser) Qui a financé ce déplacement 1. Vous-même 2. Quelqu’un d’autre du ménage 3. Employeur 4. Autre (préciser) 376 Descriptif de la fiche et difficultés rencontrées Module caractéristiques socio-demographiques La Q.8 , bien que permettant d’obtenir l’information recherchée, a parfois constitué un frein pour la suite ; notamment au niveau des femmes et des personnes âgées. Il aurait été souhaitable de l’insérer à la fin du module et la formuler sous forme de tranche d’âges. Pour surmonter ce problème, nous avons évité de poser cette question en premier lieu, en la formulant sous la forme d’une approximation. La Q.11, compte tenu de la situation socio-politique du pays, a suscite de la méfiance chez certaines personnes, notamment les étrangers. Nous avons pâlie à cela en les rassurant qu’il ne s’agissait pas d’une enquête destinée à des fins politiques et aussi par la présentation de nos badges de la SOTRA. Module éducation La Q.13, telle que formulée, ne prend en compte que les individus ayant suivi une formation dans le système éducatif français. Les autres systèmes éducatifs, ne possédant pas le même schéma évolutif, il aurait fallu en tenir compte en proposant des niveaux d’instruction pour chaque système éducatif (francoarabe et arabe). Module ressources monétaires individuelles Dans la Q.33, l’insertion d’une mention relative à la périodicité est de mise car les personnes enquêtées ont souvent un revenu variable (exemple : les commerçants). Mais les personnes, dans l’ensemble, ont pu nous donner la fourchette dans laquelle elles situent leurs revenus ainsi que la périodicité. Module utilisation du transport publique Il faut souligner que le champ de la question 36 (7 derniers jours) s’est avéré trop vaste . 377 Il aurait été plus aisé pour un individu de se prononcer avec plus de précision si la question s’étendait sur 3, voire les 4 derniers jours. On pourrait par la suite faire une projection sur 7 jours. Ce champ a également constitué un problème pour les enquêteurs qui devaient totaliser le nombre de trajets et le montant de la dépense. Module déplacement de la veille Ce module a été relativement difficile. Il a fallu leur expliquer ce qu’est un déplacement et le temps qui doit être pris en compte pour les déplacements trajet à pied. En outre dans le déplacement il a fallu distinguer des différents trajets et mode utilisé, ce qui n’était pas facile. 378 Annexe 2 : descriptif des lignes du réseau ITINERAIRES DU RESEAU URBAIN LIGNES DESSERTES ITINERAIRES 00 GARE NORD ADJAME GARE MARCORY DIRECTION MARCORY : Gare Nord - Bd De Gaulle - 220 Lgts - Quartier Fraternité - Rue de la Cité Policière - Camp Mangin - Avenue Jean Paul II – Bd Clozel - Av.Delafosse - Bd Botreau Roussel - Rue du Commerce – Pont Houphouet Boigny - Marché de Treichville - Rue 12 - Avenue 21 - Pont de Marcory - Av.de Marcory - Bd du Cameroun - Av.de TSF - Gare Marcory Cité SIR - Bd du Cameroun - Centre Culturel de Treichville - Quartier Biafrais - Pont De Gaulle - Bd De Gaulle - Cinéma Liberté - Gare Nord DIRECTION GARE MARCORY : Bd Nangui Abrogoua - Av. Jean Paul II - Bd Clozel - Av. Marchand Bd de la République - Pont Houphouet Boigny - Rue 5 - Bd de Marseille - Rue Thomas Edison - Av.de la TSF. - Marcory TSF DIRECTION CITE FAIRMONT : Même itinéraire sauf dans le Plateau : Bd Botreau Roussel - Avenue Franchet d' Esperey - Bd Clozel - Av.Jean Paul II DIRECTION MARCORY Alliodan : Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua. - Av.Jean Paul II Bd Clozel Av.Delafosse - Pont Houphouet Boigny - Marché Treichville - Rue 12 - Av.21 - Rue 38 - Bd Giscard d' Estaing - Av.de la TSF. - Marcory TSF - Marcory Alliodan DIRECTION GARE NORD : Même itinéraire EGLISE ATTECOUBE I / CITE FAIRMONT : Bd JACOB Williams - Bd Nangui Abrogoua - Av. - Jean Paul II - Bd Clozel - Av.Marchand - Bd de la Républi que - Pont Houphouet Boingy - Marché de Treichville - Av.2 - Rue 21 - Av.8 - Rue 38 - Avenue 21 - Pont de Marcory - Bd d' Anjou - Bd de Brazzaville - Av.de la TSF. - Gare Marcory GARE SUD - Boulevard de la République - Avenue Marchand - Pont de la SIC F - Bd de la Paix Attécoubé DIRECTION KOUMASSI : Cité Administrative - Av. Jean Paul II - Bd Clozel - Av. Marchand - Bd de la République - Pont Houphouet Boigny - Bd Delafosse - Bd Giscard d' Estaing - Av.21 - Rue 38 - Bd Giscard d' Estaing - Rue Pierre et Marie Curie - Boulevard du Cameroun - Koumassi Ruches – Koumassi SICOGI - Koumassi-Nord-Est. DIRECTION CITE ADMINISTRATIVE : Même itinéraire sauf dans le Plateau : Bd Clozel - Avenue Dr Jamot - Cité Administrative. 01 (11 partiel) CITE SIR GARE NORD ADJAME 02 CITE FAIRMONT GARE MARCORY 03 GARE NORD ADJAME MARCORY ALLIODAN 04 EGLISE ATTECOUBE GARE MARCORY 04 Barrée EGLISE ATTECOUBE GARE SUD PLATEAU CITE ADMINISTRATIVE KOUMASSI NORD-EST 05 379 LIGNES DESSERTES ITINERAIRES 05 Barrée GARE SUD PLATEAU KOUMASSI NORD-EST 06 GARE SUD PLATEAU AEROPORT 07 GARE MARCORY VRIDI CITE 07 Partiel MARCHE TREICHVILLE VRIDI CITE ABOBO-SOGEFIHA CITE ADMINISTRATIVE ABOBO-SOGEFIHA GARE NORD ADJAME GARE NORD ADJAME GARE SUD PLATEAU KOUMASSI PRODOMO GARE NORD ADJAME GARE NORD ADJAME PORT-BOUET PHARE GARE SUD - Pont Houphouet Boigny - Bd Delafosse - Bd Giscard d' Estaing - Av.21 - Rue 38 - Bd Giscard d' Estaing - Rue Pierre et Marie Curie - Bd du Cameroun - Koumassi Ruches - Koumassi NordEst. GARE SUD PLATEAU : Pont Houphouet Boigny - Marché de Treichville - Rue 12 - Av.21 - France Amérique - Bd de Marseille - Biétry - Bd Giscard d' Estaing - Hopital de Port-Bouët - Route de Bassam Aéroport. GARE MARCORY : Avenue de la TSF.- Bd Lorraine - Av.de Marcory - Pont de Marcory - Rue 44 Av.27 Rue 38 - Av.16 - Rue 12 - Marché de Treichville - Grands Moulins - Bd du port - Bd de Vridi - SIR - Vridi Cité SOGEFIHA. MARCHE TREICHVILLE : Grands Moulins - Bd du Port - Bd de Vridi - SIR - Vridi Cité SOGEFIHA. 08 08 Partiel 10 11 12 13 14 14 Barrée GARE NORD ADJAME GARE KOUMASSI GARE MARCORY WILLIAMSVILLE WILLIAMSVILLE GARE SUD ABOBO-SOGEFIHA : Collège Moderne Abobo - Autoroute Abobo - Ex ENSA - Gare Nord - Echangeur d' Agban - Bd Nangui Abrogoua - Cité Administrative. ABOBO-SOGEFIHA : Collège Moderne Abobo - Autoroute Abobo - Ex ENSA - Gare Nord Adjamé. DIRECTION GARE NORD : Gare Sud - Bd de la République - Bd Clozel - Av.Jean Paul II - Nangui Abrogoua - Gare Nord. KOUMASSI PRODOMO : Bd du Cameroun - Centre culturel de Treichville - Quartier Biafrais - Pont De Gaulle - Bd De Gaulle Cinéma Liberté - Gare Nord. DIRECTION PORT-BOUET PHARE : Bd De Gaulle - 220 lgts – Maternité Thérèse H.B. - Av.13 - Cité Policière - Av.Jean Paul II - Bd Clozel - Bd de la République - Pont Houphouet Boigny - Marché Treichville - Rue 12 - Bd Giscard d' Estaing - Carrefour Aéroport - Hopital Port-Bouët - E.P.P.Port-Bouët Port- Bouët Phare. GARE NORD : Bd De Gaulle - Rue 38 - Bd Giscard d' Estaing - Bd du 7 Décembre - PTT de Koumassi Bd du Caire - Cimetière de Koumassi - Gare Koumassi. DIRECTION WILLIAMSVILLE : Gare Marcory - Av.de la TSF.- Bd de Lorraine - Av.de Marcory - Centre culturel de Treichville Quartier Biafrais - Pont De Gaulle - Av.Crosson Duplessis - Bd Botreau Roussel Av.Franchet d' Esperey - Bd Clozel - Av.Jean Paul II - Bd Nangui Abrogoua - Rue du Dispensaire - 220 lgts - Cinéma liberté - Route du Zoo Williamsville. WILLIAMSVILLE -Route du Zoo- Cinéma Liberté- Bd Degaull-Avenu chardy- Bd Botreau Roussel- Rue du Commerce- Gare Sud. 380 LIGNES DESSERTES 15 GARE SUD PLATEAU ABOBO-SOGEFIHA ITINERAIRES GARE SUD PLATEAU : Bd de la République - Avenue Marchand - Pont de la SICF- Bd de la paixEchangeur d' Agban-Ex ENSA-Gendamerie Abobo - Camp Commando Abobo - Cours sociaux Abobo Abobo Sogefiha 15 Barrée GENDARMERIE Gendamerie Abobo-ExENSA-Echangeur d' Agban-Bd de la paix-Pont de la SICF- Avenu Marchand-Bd GARE SUD de la Republique-Gare SUD. 16 GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Bd de la République - Avenue Marchand - Av.Jean Paul II- Bd Nangui ABOBO-SOGEFIHA Abrogoua-Gare Nord - Echangeur d' Agban - Ex ENSA - Gendamerie Abobo Autoroute Abobo - Collège Moderne Abobo - Abobo Sogefiha. 17 GONZAGUEVILLE GONZAGUEVILLE -route de Bassam - Petit Bassam - SIR - Zone industrielle de Vridi - Canal de Vridi VRIDI CANAL - Vridi Mokta. 18 GARE SUD PLATEAU GARE SUD (PLATEAU) : Pont De Gaulle - Rue 38 - Gare de Bassam - Rue Pasteur - Bd Vridi - Bd SIR HOPITAL PORT-BOUET - Petit Bassam - Hôpital de Port-Bouët. 19 GARE NORD ADJAME GARE NORD ( ADJAME ) : Bd Nangui Abrogoua - Av.Jean Paul II - Bd Clozel - Av.Marchand - Bd de la VRIDI IRAN République - Pont Houphouet Boigny - Grands Moulins - Bd du Port - Bd de Vridi - Zone industrielle ( A + R ABI ) - Vridi Iran. 19 directe GARE NORD ADJAME GARE NORD ( ADJAME ) : Bd de la Paix - Pont Houphouet Boigny - Grands Moulins - Bd du Port - Bd VRIDI IRAN de Vridi - Zone industrielle - (A + R ABI ) – Vridi Iran. 20 GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Bd de la République - Av.Marchand - Bd Carde - Bd Nangui Abrogoua - Route CENTRE BUS SOTRA de Dabou - Forêt du Banco - Yopougon gare – CEG Yopougon - Hotel Tiéné - Centre Bus SOTRA YOPOUGON Yopougon. 21 CHU DE TREICHVILLE CHU DE TREICHVILLE : Rue 38 - Av.16 - Rue 12 - Marché de Treichville - Pont Houphouet Boigny DEPOT COCODY Av.Noguès - Bd Botreau Roussel - Av.Chardy - Bd De Gaulle - Carrefour Indénié - Pont du Lycée Technique – Carrefour de la Télévision - Cité des arts - CHU de Cocody - Université – Gare Campus Ecole de Police. 21 Semi CHU DE TREICHVILLE CHU DE TREICHVILLE : Rue 38 - Pont De Gaulle - Bd De Gaulle - Pont du Lycée Technique - Bd directe ECOLE DE POLICE Université - CHU de Cocody - Gare Campus - Ecole de Police. 22 GARE NORD ADJAME GARE NORD : Bd Nangui Abrogoua - Av.Jean Paul II - Bd Clozel - Av. Marchand - Bd de la République CINEMA ENTENTE - Pont Houphouet Boigny - Marché de Treichville - Rue 12 - Boulevard Giscard d' Estaing - Av.27 - Bd TREICHVILLE Mamadou Konaté - Cinéma Entente de Treichville. 23 KOUMASSI GARE KOUMASSI GARE : Cimetière de Koumassi - Bd du 7 Décembre - Bd Giscard d' Estaing - Rue Pasteur VRIDI CANAL - Bd de Vridi - Vridi canal. 381 LIGNES 24 DESSERTES ITINERAIRES KOUMASSI NORD-EST KOUMASSI NORD-EST : Cimetière de Koumassi - Bd du 7 Décembre - Bd Giscard d' Estaing - Route TRI POSTAL de Bassam - Av. du Pacifique - Av.Adriatique - Petit Bassam - Cité Vridi - bd de vridi - tri postal . 25 GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Pont Houphouet Boigny - Marché de Treichville - Rue 12 - Av.8 - Rue 38 - Bd CENTRE BUS SOTRA Giscard d' Estaing - Bd du 7 Décembre - Centre de formation sanitaire de Koumassi - Cinéma Ouezzin KOUMASSI bd Antananarivo - Centre Bus SOTRA Koumassi. 26 KOUMASSI GARE DIRECTION KOUMASSI GARE : Gare Nord Bd Nangui Abrogoua - Av.Jean Paul II - Bd Clozel GARE NORD ADJAME Av.Delafosse - Bd Botreau Roussel - Pont De Gaulle - Rue 38 - Bd Giscard d' Estaing - Bd du 7 Décembre - Marché de Koumassi - Bd du Caire - Cimetière de Koumassi - Gare Koumassi. DIRECTION GARE NORD : Même itinéraire sauf dans le Plateau : Pont De Gaulle - Av. Crosson Duplessis - Bd Botreau Roussel - Avenue Franchet d' Esperey - Bd Clozel - Avenue Jean Paul II - Gare Nord Adjamé. 27 Omnibus GARE SUD PLATEAU DIRECTION NIANGON SUD A GAUCHE : Bd de la République - Av. Marchand - Nangui Abrogoua NIANGON SUD A GAUCHE Echangeur d' Agban - Autoroute du Nord - Echangeur An dokoi - Yopougon gare - Bd Cité Yopougon Rue Flamboyant - Cité Sogefiha Yopougon - Niangon Sud à gauche. 27 Partiel NIANGON SUD A GAUCHE NIANGON SUD A GAUCHE : Cité Sogefiha Yopougon - Rue Flamboyant – Bd Cité Yopougon GARE NORD ADJAME Echangeur Yopougon - Autoroute du Nord-Garre Nord 27 semi NIANGON SUD A GAUCHE NIANGON SUD A GAUCHE : Cité Sogefiha Yopougon - Rue Flamboyant – Bd directe GARE SUD PLATEAU 28 GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Bd de la République - - Av. Marchand - Bd Carde - Av.13 - Av.Reboul RIVIERA 2 Carrefour de l' Indénié - Pont du Lycée Technique - Carrefour de la Télévision - Bd Latrille - Bd de France - Riviera Sogefiha - Riviera 2. 28 partiel GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Bd de la République - - Av. Marchand - Bd Carde - Av.13 - Av.Reboul M' POUTO Carrefour de l' Indénié - Pont du Lycée Technique - Car refour de la Télévision - Bd Latrille - Bd de France - M' Pouto. 29 GARE NORD ADJAME DIRECTION CENTRE BUS PORT-BOUET : Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua - Av. Jean Paul II - Bd CENTRE BUS PORT-BOUET Clozel - Av.Delafosse - Bd Botreau Roussel - Pont De Gaulle - Rue 38 - Gare de Bassam - CHU de Treichville - Bd de Marseille - Digue de Kou massi - Bd Giscard d' Estaing - Carrefour Aéroport - Hopital Port-Bouët - E.P.P Port -Bouët - Port-Bouët Phare - Centre Bus Port-Bouët. DIRECTION GARE NORD : Même itinéraire sauf dans le Plateau : Av. Crosson Duplessis - Bd Botreau Roussel - Av.Franchet d' Esperey - Bd Clozel – Avenue Jean Paul II. 30 YOPOUGON KOUTE DIRECTION GARE SUD : Pharmacie Yopougon-kouté – Yopougon Cité SIB - Cité Sogefiha - Nouvelle GARE SUD PLATEAU voie Express - Autoroute du Nord – Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua - Cité Administrative Bd Carde - 382 LIGNES DESSERTES ITINERAIRES Av. Marchand - Bd de la République - Gare Sud. 31 32 33 35 35 36 37 38 39 40 41 42 43 MARCORY ALLIODAN COMMISSARIAT DU PORT KOUMASSI AKROMIABLA COMMISSARIAT DU PORT MARCORY ALLIODAN ANOUMABO : Av. de la TSF - Bd Giscard d' Estaing - Rue12 - Marché de Treichville - Commissariat du Port. AKROMIABLA : Ruches de Koumassi - Cimetière de Koumassi - Bd du Gabon - PMI de Marcory - Bd de Brazzaville - Av.de Marcory - Pont de Marcory - Av.21 - Rue 38 - Av.16 - Rue 12 - Marché de Treichville – Grands Moulins - Commissariat du Port. GARE SUD PLATEAU GARE SUD PLATEAU : Pont Houphouet Boigny - Marché de Treichville - Rue 12 - Av.21 - Bd de GARE KOUMASSI Marseille - Rue Pierre et Marie Curie - Rue Dr Blanchard – Bd du 7 Décembre - Marché de Koumassi Bd du Caire - Cimetière de Koumassi - Gare Koumassi. YOPOUGON GESCO DIRECTION CITE ADMINISTRATIVE : Gesco - Manutention Afric. - Port-Bouët2 Yopougon Gare CITE ADMINISTRATIVE Forêt du Banco - Cité Fairmont - Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua - Cité Administrative. GARE NORD ADJAME GARE NORD ADJAME : Bd Nangui Abrogoua - Av.Reboul - Bd de la Corniche - Bd de France - Marché GOBELE (LES II PLATEAUX) de Cocody - Collège Jean Mermoz - Cité des Arts - Ecole de Gendarmerie - Cité des Cadres - Gobélé. GARE NORD ( Adjamé ) GARE NORD (ADJAME) : Bd Nangui Abrogoua - Bd Jacob Williams - BNF - Route de Dabou - Forêt du ABOBO-DOUME Banco - Route de Locodjoro - Abobo-Doumé. YOP.CAMP MILITAIRE YOPOUGON CAMP MILITAIRE : Yopougon Cité - Route de Locodjoro – Forêt du Banco - Bd Lagunaire GARE SUD PLATEAU Ouest - Bd de la Paix - Pont de la SICF - Bd Carde - Cité Administrative - Bd Carde - Av. Marchand - Bd de la République - Gare Sud. YOP. PRISON CIVILE YOPOUGON PRISON CIVILE: Dépôt SOTRA de Yopougon - Hotel Tiémé – CEG de Yopougon GARE YOP. KOUTE Echangeur d' Andokoi - Gare Taxis Yopougon – Pharmacie Kénéya - Cité SIB - Marché G.F.C.I. Yopougon 2 - Route Cité Universitaire - Quartier Militaire - Pharmacie kouté - Gare Yopougon Kouté. NIANGON SUD A DROITE NIANGON SUD A DROITE : Cité EECI - Cité Novalim - Port-Bouët II - Route de Dabou - Echangeur de GARE SUD PLATEAU Yopougon - Autoroute du Nord - Echangeur d' Agban - Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua - Bd Carde Av. Marchand - Bd de la République - Gare Sud Plateau. PHCIE YOPOUGON KOUTE PHARMACIE KOUTE : Bd Cité Yopougon - Echangeur Texaco - Autoroute du Nord - Bretelle Carena GARE SUD PLATEAU Bd de la Paix - Pont SICF - Av. Marchand – Bd de la République - Gare Sud Plateau. ECOLE DE POLICE ECOLE DE POLICE - Route Riviera II - Carrefour Riviera II - Bd Mitterrand Riviera II SIDECI - Riviera III RIVIERA III ( Ecole Américaine ). YOPOUGON SIDECI YOPOUGON IV : Terminus L38 - Cité Universitaire de Yopougon – Toits rouges - Collège SEGBE ABOBO-DOUME Voie Express d' Abobo Doumé - Gare Lagunaire d' Abobo Doumé. GARE NORD ADJAME GARE NORD ADJAME : Autoroute du Nord - Bd Cité Yopougon – Cinéma Saguidiba - Yopougon 383 LIGNES 44 45 46 47 49 49 directe 51 52 53 55 58 59 64 67 DESSERTES ITINERAIRES YOPOUGON KOUTE Kouté. CITE VERTE ABOBO-DOUME DR ABOBO GARE NORD ADJAME YOPOUGON SIDECI ADJAME LIBERTE YOPOUGON ATTIE ABOBO-DOUME ABOBO SOGEFIHA GARE CAMPUS CITE VERTE : Niangon Nord - L27 - Cité SIB - Cité SOGEFIHA - Yopougon II - Toits rouges - Collège SEGBE - Voie Express d' Abobo-Doumé - Gare lagunaire d' Abobo-Doumé. DR ABOBO : Voie Express d' Abobo - Gare Nord Adjamé. Semi ABOBO SOGEFIHA GARE CAMPUS ABOBO SAGBE HOTEL DE VILLE ABOBO DERRIERE RAILS GARE CAMPUS VRIDI CITE GARE CAMPUS MARCHE DE COCODY HOTEL DE VILLE LIBERTE CHU TREICHVILLE GARE NORD ADJAME CHU DE TREICHVILLE GARE NORD ADJAME BLOKOSSO ( COCODY ) GARE DE BASSAM GONZAGUEVILLE YOPOUGON SIDECI : Bd Principal Yopougon - Autoroute du Nord - Gare Nord - Bd De Gaulle Adjamé Cinema Liberté. YOPOUGON ATTIE : Cité SIB - GFCI Bel Air - Route de Locodjoro – Abobo Doumé. ABOBO SOGEFIHA : Collège moderne d' Abobo - Nouveau marché d' Abobo Route du Zoo - Deux Plareaux - Bd Latrille - Cité rouge - Marché de Cocody INA. - CHU de Cocody - Université - Gare Campus. ABOBO SOGEFIHA : Collège moderne d' Abobo - Nouveau marché d' Abobo Route du Zoo - Rue Angoua Koffi - Bd Latrille - RTI - CHU de Cocody - Gare Campus ABOBO SAGBE : Autoroute Abobo - Bd Nangui Abrogoua - Bd Carde - Av. Jean Paul II - Bd Clozel Av.Marchand - Bd de la République - Hotel de ville ( Jardins ). ABOBO DERRIERE RAILS : Campus Abobo Adjamé- MACACI - Williamsville - 220 lgts - Bd de la Corniche - Cité rouge - RTI. - Bd Université - CHU de Cocody – Gare Campus. VRIDI CITE : Petit Bassam - Av.Adriatique - Marché de nuit Port-Bouët - Port-Bouët phare - Route de Bassam - V.G.E. - Echangeur de Marcory - Pont De Gaulle - Bd De Gaulle - Pont Lycée du Technique RTI. – Bd Université - CHU de Cocody - Gare Campus. MARCHE DE COCODY - Bd de France - Bd De Gaulle - Av.Chardy – Pyramide Av.Franchet d' Esperey - Bd de la République - Hotel de Ville. CINEMA LIBERTE - Bd de Gaulle - Rue 38 (Bd nanan Yamousso) - Ancienne gare Bassam - CHU Treichville. GARE NORD - Bd de Gaulle - Cinéma Liberté - Pont De Gaulle - Rue 38 ( Bd Nanan Yamousso ) CHU de Treichville. GARE NORD - Bd De Gaulle - Washington - Bd Latrille - Marché de Cocody - Rue Booker Washington - Blokosso. GARE DE BASSAM - V.G.E - Route de Bassam - Gonzagueville. 384 LIGNES DESSERTES ITINERAIRES 74 GARE MARCORY COCODY BLOKOSSO 75 ABOBO BAOULE CITE ADMINISTRATIVE ABOBO PK 18 CITE ADMINISTRATIVE MPOUTO GARE NORD ADJAME GARE NORD ADJAME SICOGI ANGRE GARE SUD PLATEAU SICOGI ANGRE MARCORY GARE : Av.de la TSF. - Bd de Lorraine - Av.de Marcory - Pont de Marcory - Centre culturel de Treichville - Quartier Biafrais - Pont De Gaulle - Av.Crosson Duplessis - Bd Botreau Roussel Av.Franchet d' Esperey - Bd Clozel - Carrefour de l' Indénié - Bd de la Corniche - Bd France - Lycée Ste Marie - Rue Jacques AKA - Rue Booker Winshington - Blokosso. ABOBO BAOULE - Route du Zoo - 220 lgts - Maternité Thérèse H.Boigny - Av.13 - Cité Policière Cité Administrative. ABOBO PK 18 - Autoroute Abobo - Bd De Gaulle - Avenue 13 - Cité Policière - Cité Administrative. 76 78 81 82 83 GARE NORD ADJAME RIVIERA SOGEFIHA 83 directe GARE NORD ADJAME CAMPUS COCODY GARE NORD ADJAME BLOKOSSO COCODY YOPOUGON KOUTE GARE CAMPUS COCODY 84 85 90 91 92 COCODY ST JEAN DJIBI ADJAME CINEMA LBERTE HOTEL DE VILLE GARE KOUMASSI CITE ADMINISTRATIVE M' POUTO - Ecole Américaine : Bd Mitterand - Pont Lycée Technique - 220 logements - Bd de Gaulle MIRADOR - Gare Nord. GARE NORD - Bd Nangui Abrogoua - Av. Reboul - Carrefour de l' Indénié - Bd de la Corniche - Bd de France - Bd Latrille - Cocody les deux Plateaux - SICOGI Aghien - SICOGI Angré. GARE SUD PLATEAU - Bd de la République - Av.Marchand - Bd Carde - Av.Reboul - Carrefour de l' Indénié - Rue du Lycée Technique - Cité des 198 lgts - Bd Latrille - Cocody les deux Plateaux SICOGI Aghien - SICOGI Angré. GARE NORD - Bd De Gaulle - 220 lgts - Fraternité matin - Carrefour de l' Indénié - Pont Lycée Technique - Carrefour de la Télévision - Cité des Arts CHU de Cocody - Université - Gare Campus Dépôt de Cocody - Riviera SOGEFIHA. GARE NORD - Voie expresse Est - Bretelle deux Plateaux - Bd Latrille - Carrefour RTI. - Bd Université - CHU de Cocody - Gare Campus Cocody DIRECTION BLOKOSSO : Gare Nord - Bd Nangui Abrogoua - Av.Reboul - Carrefour de l' Indénié - Pont du Lycée Technique - Carrefour de la Télévision - Bd Latrille - Hotel Ivoire - Blokosso. YOPOUGON KOUTE : Les Phalènes - Echangeur d' Andokoi - Autoroute du Nord - Gare Nord - Voie Express Est - Bretelle II Plateaux - Bd Latrille - Car refour RTI - Bd Université - CHU de Cocody - Gare Campus Cocody. COCODY ST JEAN -BD Latrille-cocody les deux Plateaux -Sicogi Aghien - Sicogi Angré - Djibi. CINEMA LIBERTE - Grand Bloc - Fraternité Matin - Commandement supérieur - Finances - Bd de la République - Hotel de ville. GARE KOUMASSI - Bd du 7 Décembre - Bd Giscard d' Estaing - Rue 38 – Pont De Gaulle - Gare Sud Bd de la République - Av.Marchand - Bd Clozel - Av.Dr Jamot - Cité Administrative. 385 LIGNES DESSERTES ITINERAIRES 93 LIBERTE BINGERVILLE LIBERTE BINGERVILLE ATTOBAN GARE SUD PLATEAU LIBERTE - 220 Lgts - Indénié - Pont lycée Technique - Carrefour de la vie - Bd Mittérand - Bingerville. 610 202 203 204 205 206 207 208 209 210 LIBERTE - 220 Lgts - Indénié - Pont lycée Technique - Carrefour de la vie - Bd Mittérand - Bingerville. ATTOBAN - CIPHARM - Carrefour Bingerville - Riviera Golf - Pyramide - Gendarmerie - Ste Marie Bd de France - PISAM - Indénié - Préfecture de Police - Cathédrale - Palais de Justice - Finances - SIB. - Bd de la République - Gare Sud. ABOBO SOGEFIHA ABOBO SOGEFIHA - L.M.A II - Gendarmerie Abobo - Banco - Filtissac - Bd Nangui Abrogoua - INSP GARE SUD PLATEAU Cité Administrative - Palais de justice - Finances - SIB.- Bd de la République - Gare Sud Plateau. NIANGON SUD A GAUCHE NIANGON SUD - Base CIE - Marché SICOGI - St André - SIPOREX - Autoroute du Nord - SEBROKO GARE SUD PLATEAU Caréna - SITARAIL - Longchamp - 60 logements - Hotel de ville - Bd de la République - Gare Sud Plateau. DJIBI DJIBI - Résidence Arcades - Terminus ligne 82 - Bd Latrille - 198 logements - Lycée Technique GARE SUD PLATEAU Sapeurs Pompiers - Préfecture de Police. - Palais de Justice - Finances - Bd de la République - Gare Sud plateau. YOPOUGON KOUTE YOPOUGON KOUTE - Terminus ligne 40 - Saguidiba - St André - Autoroute - B.L.O - SITARAIL HOTEL DE VILLE Longchamp - SIB - Hôtel de Ville. KOUMASSI NORD-EST KOUMASSI NORD-EST - Résidence Agoutis - Prodomo - Bd du Cameroun – Cours LOKO - Av.de HOTEL DE VILLE Marcory - Centre Culturel Treichville - Pont De Gaulle - Gare Sud - Hôtel de ville. ABOBO TEXACO ABOBO TEXACO - Samaké - Plateau Dokui - Zoo - Agban - GSPM. – Carrefour Harris - Bibliothèque HOTEL DE VILLE Nationale - Palais de Justice - Finances - Bd de la République - Hotel de Ville YOPOUGON SAPEURS YOPOUGON SAPEURS POMPIERS - Cité Policière - Pharmacie Toits rouges - Nouveau quartier - BelPOMPIERS Air - Institut des Aveugles - Sables - 1er Pont – Autoroute du Nord - Carena - Cité Administrative GARE SUD Longchamp - Bd de la République - Gare Sud. SCI LES ROSIERS SCI LES ROSIERS - Rond point Palmeraire - carrefour 9 kilos - Carrefour ELF - Ecole de Police HOTEL DE VILLE Carrefour Gendarmerie - INSAAC - Rond point RTI - Pont Lycée Technique - Indénié Sapeurs Pompiers ECOLE AMERICAINE -Préfecture de Police - Cathédrale – Palais de Justice - Finances - Bd de la République - Hotel de Ville. GARE SUD ECOLE AMERICAINE - Riviera Les Coteaux - carrefour 9 kilos - Carrefour ELF - Ecole de Police Carrefour Gendarmerie - INSAAC - SODEMI - Pont Lycée Technique - Indénié Sapeurs Pompiers Cathédrale - Palais de Justice - Finances - Bd de la République - Gare Sud. 386 LIGNES DESSERTES 211 PORT-BOUET PHARE CITE ADMINISTRATIVE 212 213 405 412 501 502 ITINERAIRES PORT-BOUET PHARE - Marché de Nuit - Centre Pilote - Rond Point de l' Aéroport - Bd de Marseille Gare Bassam - Rue 38 - Gare Sud - Marché du Plateau – Finances - Palais de Justice - Cité Administrative. NIANGON SUD à DROITE NIANGON SUD à DROITE : Cité des Banques - Carrefour Lièvre Rouge - Cité Maroc - Carrefour GARE SUD Ananeraie - CHU Yopougon - 3ème Pont de Yopougon - CARENA - Avenue de la république - GARE SUD. KOUMASSI NORD-EST Koumassi Nord-Est - Pharmacie Fanny - Eglise Dieu de la Prophétie - Pharmacie Maraie - Collège CITE ADMINISTRATIVE Colombe - Nouveau Marché Marcory - Bd Giscard d' Estaing - Gare Bassam - Pont H.B. - Gare Sud Apha 2000 - Bd Clozel - Police Judiciaire - Cité Administrative. ANANI ANANI - route de Bassam - Bd Giscard d' Estaing - Pont Houphouët Boigny - Bd de la République - Av. MARCHE ADJAME Marchand - Bd Carde - Bd Nangui Abrogoua - Marché adjamé. BLOKOSSO BLOKOSSO - bd Booker Washington - collège Mermoz - bd Latrille - Pont Lycée Technique - Av. CFI Reboul - Bd Nangui Abrogoua - Marché Adjamé. GARE LAGUNAIRE Abobodoumé - Plateau - Treichville ABOBODOUMÉ GARE LAGUNAIRE PLATEAU GARE LAGUNAIRE TREICHVILLE GARE LAGUNAIRE Blockhaus - Plateau - Treichville BLOKOSSO GARE LAGUNAIRE PLATEAU GARE LAGUNAIRE TREICHVILLE 387 Annexe 3 : Pièces exigées pour l’obtention des documents de transport délivrés par l’AGETU ! ! ! " # $% &' (") * + ! • • ! " #$ % &'" ($ %$ ! " #$ % &'" ($ A4 ' &? A 57 # D7 A4 ' & &? & 57 8 5 $ 5 ' 8 5 ' < $ # 8 % 9 < ' < ' A ' 9 0 9 < &? # B 0 &? ) * 0 # 9 < B # < %$ 388 ! " #$ % &'" ($ A4 ' 0 8 #E < < # $ # (E< * # 8 ' %$ 389 ! ! ! " # % &' (") ! * + ! + # *' % ,% &' (") + /♦ ! )+ ,+ -+ .+ " #$ % &'" ($ &? # $ & %$ ! " #$ % &'" ($ &? # 4 $ & 9 4 @ A4 ' A4 ' A4 ' A A4 ' 1 5 Q < 1 ? A 1 & # 0D 7 A'' 5 0 5'A A Q 0 # & $ < 9 4A & # 0 Q # 9 4 @ Q 9 4 @ 1 1 < 9 4 @ Q5 ) E< # # ) B %$ A4 ' @ A # < * 0 A4 ' 9 ! 5. ! 390 ♦ & %$ &$ 2$" ! < 52 > & 2!" $ 2!"$" 3" $ %$34 (! $&$ " T! (! " %$ 2"$ ! ! %$ $"' ($ ? !( & " 34 & '$(& !( N 2$ 34$55 $ %! ("2 ! 6 N $ 6 # 391 LISTE DES ILLUSTRATIONS 392 Tableaux Tableau 1 : Evolution des seuils et taux de pauvreté ........................................................51 Tableau 2 : Population d’Abidjan par commune en 1998 et en 2005...............................69 Tableau 3 : Correspondance entre l’ancienne et la nouvelle typologie de l’habitat ........78 Tableau 4 : Répartition du parc de logements par type en 1993 ......................................80 Tableau 5 : Surfaces d’habitat par type à Abidjan en 1993 (en hectares) .......................81 Tableau 6 : Surfaces d’habitat par type et par commune à Abidjan en 1993 (en hectares) .............................................................................................................................................83 Tableau 7 :Répartition de la population par type d’habitat et par commune en 1993....88 Tableau 8 : Statut d’occupation des logements à Abidjan en 1993 ..................................90 Tableau 9 : Nombre de ménages par type d’habitat en 1993............................................91 Tableau 10 : Répartition des logements à Abidjan en 1993 par commune ......................93 Tableau 11 : Nombre de logements par type d’habitat en 1993 ......................................94 Tableau 12 : Répartition des ménages abidjanais en 1998, par type de logement ...........96 Tableau 13 : Répartition des quartiers précaires par commune en 1990 ......................107 Tableau 14 : Population des quartiers précaires par commune .....................................109 Tableau 15 : Lieux d’activités selon les communes de résidence (valeurs en % des actifs des quartiers précaires)....................................................................................................118 Tableau 16 : Répartition des usagers selon le genre et l’âge..........................................120 Tableau 17 : Répartition des usagers selon les CSP .......................................................121 Tableau 18 : Répartition des usagers par CSP, selon les revenus (milliers FCFA) .......122 Tableau 19: Nombre d’usagers selon la fréquence d'utilisation des services existants..123 Tableau 20 : Nombre d’usagers selon les fréquences d’utilisation exclusive des services ...........................................................................................................................................124 Tableau 21: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Autobus SOTRA..............................................................................................................................125 393 Tableau 22: Proportion (%) d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation..........126 des Autobus SOTRA ........................................................................................................126 Tableau 23: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Gbaka....127 Tableau 24: Proportion (%) des usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des Gbaka................................................................................................................................128 Tableau 25: Nombre d’usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation des woro-woro ...........................................................................................................................................130 Tableau 26: Proportion (%) des usagers par CSP selon la fréquence d'utilisation .......131 des woro-woro...................................................................................................................131 Tableau 27: Appréciation de la qualité des services existants ........................................133 Tableau 28: Appréciation de la qualité de service des autobus de la SOTRA (nombre de voyageurs).........................................................................................................................134 Tableau 29: Appréciation de la qualité des autobus de la SOTRA en %.......................135 Tableau 30 : Appréciation de la qualité des Gbaka par CSP (nombre de voyageurs)...136 Tableau 31: Appréciation de la qualité des Gbaka par CSP en %.................................137 Tableau 32: Appréciation de la qualité des woro-woro par CSP (nombre de voyageurs) ...........................................................................................................................................138 Tableau 33: Appréciation de la qualité des woro-woro par CSP en %..........................139 Tableau 34: Reproches des usagers à l’encontre des services existants .........................140 Tableau 35: Reproches des usagers à l’encontre des autobus SOTRA (nombre de voyageurs).........................................................................................................................142 Tableau 36: Reproches des usagers à l’encontre des autobus SOTRA en %.................143 Tableau 37: Reproches des usagers à l’encontre des Gbaka (nombre de voyageurs)....144 Tableau 38: Reproches des usagers à l’encontre des Gbaka en %.................................145 Tableau 39: Reproches des usagers à l’encontre des woro-woro (nombre de voyageurs) ...........................................................................................................................................146 Tableau 40 : Reproches des usagers à l’encontre des woro-woro en % .........................148 Tableau 41 : Echantillon de quartiers précaires enquêtés ..............................................153 394 Tableau 42 : Distribution de l’échantillon selon la commune de résidence et le genre des individus............................................................................................................................156 Tableau 43 : Distribution de l’échantillon selon la nationalité .......................................157 Tableau 44 : Distribution de l’échantillon selon la classe d’âge .....................................159 Tableau 45 : Distribution de l’échantillon en fonction de la position dans le ménage ...160 Tableau 46 : Distribution de l’échantillon selon l’ancienneté au lieu de résidence actuelle ...........................................................................................................................................161 Tableau 47 : Distribution de l’échantillon selon que les personnes enquêtées (10 ans et +) exercent une activité ou non.............................................................................................162 Tableau 48 : Statut des personnes non actives selon qu’elles soient adultes ou non (18 ans et plus ou moins de 18 ans) ........................................................................................163 Tableau 49 : Distribution de l’échantillon (+ de 25 ans d’âge) selon le niveau d’instruction .....................................................................................................................164 Tableau 50 : Distribution des actifs occupés selon le secteur d’activité et le genre .......165 Tableau 51 : Distribution de l’échantillon selon les classes de revenu pour les adultes de plus de 18 ans....................................................................................................................166 Tableau 52 : Distribution des actifs de l’échantillon selon le lieu d’activité principale 167 Tableau 53 : Distribution de l’échantillon selon le moyen de transport possédé ...........168 Tableau 54 : Distribution des actifs occupés de l’échantillon selon le nombre de modes de transport utilisés pour se rendre au travail ................................................................169 Tableau 55 : Distribution par mode de transport des actifs occupés de l’échantillon utilisant un seul mode de transport en déplacement .......................................................170 Tableau 56 : Distribution de l’échantillon selon le nombre de déplacements effectués par jour .............................................................................................................................171 Tableau 57 : Distribution des individus de l’échantillon n’ayant pas effectué de déplacement la veille, par motif .......................................................................................172 Tableau 58 : Répartition des déplacements selon le nombre de trajets effectués par déplacement ......................................................................................................................173 Tableau 59 : Répartition des déplacements selon leurs durées.......................................173 395 Tableau 60 : Coûts moyens des déplacements en FCFA.................................................175 Tableau 61 : Budget transport des ménages à Abidjan par tranche de revenus ...........177 Tableau 62 : Distribution de l’échantillon selon l’utilisation ou non des transports publics (SOTRA, Gbaka ou Woro-woro) ........................................................................179 Tableau 63 : Distribution de l’échantillon selon les critères d’appréciation ..................180 Tableau 64 : Matrice Origine Destination (O/D), tous motifs confondus, tous modes confondus ..........................................................................................................................180 Tableau 65 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus, en autobus SOTRA..............................................................................................................................181 Tableau 66 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus, en taxis collectifs woro-woro.........................................................................................................................182 Tableau 67 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus en gbaka ........183 Tableau 68 : Matrice Origine Destination (O/D) tous motifs confondus en autobus SOTRA+ woro-woro+ gbaka ...........................................................................................184 Tableau 69 : Nombre de déplacements selon les principaux motifs ...............................186 Tableau 70 : Matrice Origine Destination (O/D) des déplacements pour le motif Domicile-Travail (nombre de déplacements) ..................................................................188 Tableau 71 : Nombre de déplacements journaliers par mode de transport utilisé........189 Tableau 72: Rayons de déplacement des actifs à pied (en km) .......................................192 Tableau 73: Rayons de déplacement des actifs en woro-woro (en km) .........................194 Tableau 74: Rayons de déplacement des actifs en gbaka (en km) .................................198 Tableau 75: Rayons de déplacement des actifs en autobus SOTRA (en km) .................201 Tableau 76 : Mobilité et répartition modale selon le mode de transport .......................205 Tableau 78: Répartition modale et mobilité selon les classes de revenu (nombre de déplacements, %)..............................................................................................................207 Tableau 79 : Mode de financement des déplacements par classe de revenu (nombre de déplacements, %)..............................................................................................................209 396 Tableau 80 : Mode de financement des déplacements par catégorie de transport (nombre de déplacements, %)..........................................................................................211 Tableau 81 : Financement des déplacements par classe de revenu pour les actifs (nombre de déplacements, %)..........................................................................................212 Tableau 82 : Financement des déplacements par classe de revenu pour les inactifs (nombre de déplacements, %)..........................................................................................213 Tableau 83 : Distribution de l’échantillon par nationalité et classe de revenu ..............215 Tableau 84 : Distribution de l’échantillon par nationalité, selon que les individus sont actifs ou non (nombre d’individus) ..................................................................................217 Tableau 85: Mobilité selon la nationalité.........................................................................218 Tableau 86: Distribution des individus de l’échantillon selon le genre, par classe de revenu ...............................................................................................................................219 Tableau 87 : Mobilité selon le genre ................................................................................220 Tableau 88 : Revenus moyens et mobilité selon la position des individus dans le ménage (ensemble des 975 individus de l’échantillon)..................................................................221 Tableau 89 : Répartition modale (nombre de déplacements) par commune .................223 Tableau 90 : Mobilités et revenu par commune de résidence des individus (ensemble de l’échantillon) .....................................................................................................................225 Tableau 91 : Distribution de l’échantillon selon la participation ou non aux activités communautaires du quartiers..........................................................................................230 Tableau 92 : Hiérarchie des principaux équipements demandés dans les quartiers précaires............................................................................................................................233 Tableau 93 : Descriptif et caractéristique du réseau express..........................................237 Tableau 94 : Données d’exploitation du réseau express de 2001 à 2004.........................238 Tableau 95 : Répartition des vendeuses enquêtées par type de produit commercialisé 242 Tableau 96 : Répartition des vendeuses enquêtées par marché et par type de produit commercialisé ...................................................................................................................243 Tableau 97 : Répartition des vendeuses enquêtées par type de produit et lieu d’approvisionnement........................................................................................................244 397 Tableau 98 : Répartition des vendeuses par produit, selon le moyen de transport utilisé pour l’approvisionnement. ...............................................................................................245 Tableau 99 : Répartition des vendeuses par type de produit, selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine ................................................................................248 Tableau 100 : Répartition des vendeuses par moyens de transport et selon le nombre moyen de déplacements effectués par semaine................................................................250 Tableau 101 : Mobilités hebdomadaires moyennes des vendeuses par moyen de transport utilisé ................................................................................................................251 Tableau 102: Répartition des vendeuses par « lieu de vente » et par « lieu d’approvisionnement ».....................................................................................................251 Tableau 103 : Répartition des vendeuses par classe d’âge et par type de produit.........252 Tableau 104 : Répartition des vendeuses par classe d’âge selon le moyen de transport utilisé .................................................................................................................................253 Tableau 105 : Répartition des vendeuses par classe d’âge selon le nombre moyen de déplacements.....................................................................................................................254 Tableau 106 : Premiers bilans de la création de l’AGETU.............................................287 Tableau 107 : Nombre de courses effectués pour 1 000 habitants ..................................295 Tableau 108 : Evolution récente du trafic et de l’offre de la SOTRA ............................298 Tableau 109 : profil des voyageurs de la SOTRA ..........................................................299 Tableau 110: Répartition des déplacements en taxis compteurs par commune et par type d’habitat de résidence des usagers...........................................................................308 Tableau 111 :Distribution des véhicules selon la classe d’âge ........................................310 Tableau 112 : Répartition du parc en fonction des marques de véhicules .....................312 Tableau 113 : Principales lignes desservies par le réseau ‘‘gbaka’’ ...............................314 Tableau 114 : Age du parc de gbaka à Abidjan ..............................................................316 Tableau 115 : Parc des gbaka en 2005 selon les zones desservies ...................................317 Tableau 116: Evolution du parc de taxis collectifs (woro-woro) ....................................320 Tableau 117 : Distribution du parc de woro-woro selon l’âge........................................321 398 Tableau 118 : Liste des lignes du District d’Abidjan ......................................................326 Tableau 119 : Contribution financière de l’Etat à la SOTRA (millions de FCFA)........331 399 Graphe Graphe 1 : Surface d’habitat par type à Abidjan en 1993................................................82 Graphe 2 : Répartition des surfaces d’habitat précaire par commune............................84 Graphe 3 : Répartition des surfaces d’habitat sur cour par commune............................85 Graphe 4 : Répartition des surfaces d’habitat individuel par commune .........................86 Graphe 5 : Répartition des surfaces d’habitat collectif par commune.............................87 Graphe 6 : Répartition de la population par type d’habitat.............................................89 Graphe 7 : Statut d’occupation des logements à Abidjan en 1993 ...................................91 Graphe 8 : Répartition des ménages par types d’habitat .................................................92 Graphe 9 : Distribution des logements par type d’habitat ...............................................94 Graphe 10 : Pyramide des âges des taxis compteurs.......................................................311 Graphe 12 : Pyramide des âges des gbaka.......................................................................317 Graphe 14 : Pyramide des âges des woro-woro...............................................................322 Carte Carte 1 : Découpage spatial en communes ........................................................................66 Carte 2 : Schéma directeur du grand Abidjan ..................................................................72 Carte 3 : Situation géographique des quartiers précaire en 1990 ..................................106 Carte 4 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus à pied....................................................................................................................................193 Carte 5 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en woro-woro.........................................................................................................................196 Carte 6 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en gbaka.................................................................................................................................200 Carte 7 : Flux origine destination des déplacements des actifs tous motifs confondus en bus .....................................................................................................................................202 Carte 9 : Réseau de la SOTRA.........................................................................................294 400 BIBLIOGRAPHIE 401 DOCUMENTS SUR ABIDJAN ET SES TRANSPORTS AGETU (Mai 2006), Rapport d’activités de l’année 2005, 94p + annexes AGETU (Juin 2005), Rapport d’activités de l’année 2004, 30p + annexes AGETU (Novembre 2005), Monographie sectorielle : Les taxis communaux de Cocody, 62 p AGETU (Novembre 2005), Monographie sectorielle : Les taxis communaux de Yopougon, 48 p AGETU (Juin 2004), Rapport d’activités de l’année 2003, 21p + annexes AGETU (2003), Rapport d’activités de l’année 2002, 20p + annexes AGETU (Octobre 2002), Plan de développement triennal 2003-2005, 21p AGETU ( ), Mise en œuvre de la restructuration des transports urbains : bilan et perceptives ALOKO N’GUESSAN 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CONTEXTE ET OBJET DE LA THESE ......................................................................12 B. PROBLEMATIQUE ....................................................................................................23 C. METHODOLOGIE ......................................................................................................32 Chapitre 1 : CADRAGE CONCEPTUEL .............................................................37 1.1 LA PAUVRETE .........................................................................................................37 1.1.1 Approche et définition de la pauvreté ...................................................................37 1.1.2 Causes de la pauvreté ..........................................................................................44 1.1.3 Etat et profil de la pauvreté..................................................................................48 1.2 LA MOBILITE ...........................................................................................................54 1.2.1 Approche et définition du concept de mobilité ......................................................54 1.2.2 Articulation entre pauvreté et mobilité urbaine ....................................................58 1.3 LES DYSFONCTIONNEMENTS DE L’ESPACE URBAIN ......................................60 1.3.1 Essai de définition................................................................................................60 1.3.2 Articulation entre dysfonctionnements urbains et mobilité des pauvres ................61 Chapitre 2 : URBANISATION ET ESPACES DE PAUVRETE A ABIDJAN .......................................................................................................................65 2.1 STRUCTURATION SPATIALE ET DÉMOGRAPHIQUE.........................................66 2.1.1 Découpage communal ..........................................................................................66 2.1.2 Situation démographique .....................................................................................68 2.2 PLANIFICATION URBAINE ET POLITIQUE DE L’HABITAT...............................70 2.2.1 La tache urbaine : évolution et principales caractéristiques.................................70 2.2.1.1 Evolution de la tache urbaine.........................................................................70 2.2.1.2 Principales caractéristiques de l’espace urbain d’Abidjan ..............................71 2.2.2 Bref regard sur la politique de l’habitat et du logement à Abidjan .......................74 418 2.2.3 Types d’habitat et de logements à Abidjan ...........................................................77 2.2.3.1 L’habitat à Abidjan : du précaire au résidentiel, un contraste saisissant..........77 2.2.3.2 Caractéristiques et statuts d’occupation des logements à Abidjan ..................89 2.3 LE FINANCEMENT DE L’HABITAT OU LES LIMITES D’UNE POLITIQUE SELECTIVE D’ACCES AU LOGEMENT .......................................................................95 2.3.1 Le difficile accès au logement ..............................................................................95 2.3.2 Politique sociale du logement ou politique du logement social : les ambiguïtés d’une politique d’accès au logement et à la propriété bâtie...........................................97 2.3.2.1 Le financement privé des banques .................................................................98 2.3.2.2 Les mécanismes de financement de l’Etat......................................................99 2.4 LES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN .........................................................101 2.4.1 Les types de quartiers précaires .........................................................................101 2.4.2 Présentation et caractéristiques des quartiers précaires d’Abidjan ....................105 2.4.2.1 Situation géographique et démographique ...................................................105 2.4.2.2 Equipements et infrastructures des quartiers précaires .................................109 2.5 ACTIVITES ET EMPLOIS.......................................................................................115 2.6 REGARD CRITIQUE DES USAGERS SUR LE SERVICE PUBLIC DE TRANSPORT URBAIN A ABIDJAN ...................................................................................................119 2.6.1 Les Caractéristiques socio-économiques des usagers enquêtés...........................119 2.6.2 Fréquences d’utilisation des services existants...................................................123 2.6.2.1 Les fréquences d’utilisation des autobus de la SOTRA ................................124 2.6.2.2 Les fréquences d’utilisation des minibus gbaka ...........................................127 2.6.2.3 Les fréquences d’utilisation des taxis collectifs woro-woro..........................129 2.6.3 Appréciation de la qualité des services existants ................................................132 2.6.3.1 Qualité de service des autobus de la SOTRA ...............................................133 2.6.3.2 Qualité de service des minibus gbaka ..........................................................135 2.6.3.3 Qualité de service des taxis collectifs woro-woro.........................................138 2.6.4 Les reproches des usagers à l’encontre des services existants ............................140 2.6.4.1 Les reproches à l’encontre des autobus de la SOTRA ..................................141 2.6.4.2 Les reproches à l’encontre des minibus Gbaka.............................................144 2.6.4.3 Les reproches à l’encontre des Woro-woro ..................................................146 Chapitre 3 : PRATIQUES DE DEPLACEMENTS ET MOBILITE DES POPULATIONS DES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN .......152 419 3.1 L’ENQUETE INDIVIDUS DEPLACEMENTS ET SES PRINCIPAUX RESULTATS .......................................................................................................................................152 3.1.1 Objectif de l’enquête et échantillonnage............................................................152 3.1.2 Présentation et analyse des résultats d’enquêtes ................................................155 3.1.2.1 Caractéristiques démographiques de l’échantillon........................................155 3.1.2.2 Caractéristiques de l’échantillon selon que les individus enquêtés exercent une activité ou non ........................................................................................................162 3.1.2.3 Caractéristiques de l’échantillon selon les modes de transport utilisés et les types de déplacements effectués..............................................................................167 3.1.3 Pratiques des déplacements dans les quartiers précaires d’Abidjan ...................180 3.1.4 Périmètres de déplacement des actifs des quartiers précaires.............................190 3.1.4.1 Pour les déplacements à pied .......................................................................191 3.1.4.2 Pour les déplacements en taxi communal woro-woro...................................194 3.1.4.3 Pour les déplacement en minibus gbaka.......................................................197 3.1.4.4 Pour les déplacements en autobus SOTRA ..................................................201 3.1.5 Mobilité des populations des quartiers précaires d’Abidjan ...............................205 3.1.5.1 Mobilité selon le mode de transport.............................................................205 3.1.5.2 Pauvreté et mobilité : un regard à travers le revenu individuel .....................207 3.1.5.3 Migration et mobilité : un regard à travers la pauvreté .................................214 3.1.5.4 Genre et mobilité : un regard à travers la pauvreté .......................................218 3.1.5.5 Position dans le ménage et mobilité : un regard à travers la pauvreté ...........221 3.1.5.6 Caractéristiques ou singularités des quartiers et mobilité : un regard à travers la pauvreté ..................................................................................................................222 3.2 PRINCIPAUX FACTEURS DE MOBILITE DES POPULATIONS DES QUARTIERS PRECAIRES D’ABIDJAN .............................................................................................228 3.2.1 Les quartiers précaires d’Abidjan ou des villages dans la ville...........................228 3.2.2 Dynamique sociale et comportements de mobilité dans les quartiers précaires d’Abidjan....................................................................................................................229 3.2.2.1 Les principaux acteurs locaux : mobilisation et implication dans la vie des quartiers..................................................................................................................229 3.2.2.2 Les relations intercommunautaires...............................................................231 3.2.2.3 Hiérarchie des besoins en principaux équipements dans les quartiers précaires ...............................................................................................................................232 420 3.3 SEGMENTATION DE L’OFFRE DE TRANSPORT ET BESOINS DE MOBILITE DES POPULATIONS PAUVRES ..................................................................................235 3.3.1 Les services d’autobus express ou la classe « affaire » de la SOTRA..................235 3.3.1.1 Le réseau des lignes express ........................................................................236 3.3.1.2 De l’utilité du réseau express à sa rentabilité ...............................................238 3.3.2 Les services mixtes de taxi bagage et mobilité des femmes vendeuses sur les marchés urbains : un regard sur le genre et un métier spécifique aux femmes à Abidjan ...................................................................................................................................240 3.3.2.1 Principaux déterminants de l’activité des vendeuses sur les marchés d’Abidjan ...............................................................................................................................241 3.3.2.2 Services de transport existant pour la desserte des marchés d’Abidjan .........255 Chapitre 4 : POLITIQUE DE TRANSPORT URBAIN ET SERVICES DE TRANSPORTS PUBLICS A ABIDJAN .................................................263 4.1 LES TRANSPORTS PUBLICS A ABIDJAN............................................................263 4.1.1 Cadre institutionnel et réglementaire des transports publics à Abidjan ..............266 4.1.1.1 Des responsabilités éclatées : un frein au développement du secteur ............266 4.1.1.2 La nouvelle politique des transports et les réformes institutionnelles ...........268 4.1.1.3 L’Autorité organisatrice des transports urbains d’Abidjan ...........................275 4.1.2 Présentation des transports urbains d’Abidjan...................................................289 4.1.2.1 Les services de la SOTRA...........................................................................289 4.1.2.2 La société des transports urbains (SOTU) ....................................................300 4.1.2.3 Les services de taxis compteurs d’Abidjan ..................................................305 4.1.2.4 Les services de minibus ou Gbaka ...............................................................312 4.1.2.5 Les taxis collectifs communaux ou woro-woro ............................................318 4.1.2.6 Les services de “pinasses” d’Abidjan..........................................................323 4.1.3 Tarification et pratiques tarifaires dans les services publics de transport urbain328 4.1.3.1 Tarifs et tarification de la SOTRA ...............................................................328 4.1.3.2 Tarifs et tarification des services non structurés...........................................331 4.2 LE SYSTEME DES TRANSPORTS PUBLICS ET LES PRATIQUES DE DEPLACEMENT A ABIDJAN ......................................................................................334 4.2.1 Contraintes ou limites fonctionnelles du système de transport urbain d’Abidjan.334 4.2.1.1 Une absence de complémentarité.................................................................334 4.2.1.2 Un réseau de transport désarticulé ...............................................................338 421 4.3 QUELQUES SOLUTIONS OU ISSUES DE SORTIE DE CRISE POUR ABIDJAN .340 4.3.1 Nécessité d’une cohérence entre transport et planification spatiale....................340 4.3.1.1 Décongestionner le centre d’Abidjan ...........................................................342 4.3.1.2 Déconcentrer les activités ............................................................................343 4.3.1.3 Donner une meilleure image et faire vivre les centres des quartiers..............344 4.3.1.4 Organiser des activités le long de corridors..................................................345 4.3.1.5 Densifier l’espace urbain .............................................................................346 4.3.1.6 Actions spécifiques en faveur des quartiers précaires ou pauvres d’Abidjan 347 4.3.2 Quelle(s) réponse(s) aux besoins de déplacements des populations des quartiers pauvres d’Abidjan ?....................................................................................................348 4.3.2.1 Transports « informels », transports des pauvres ? .......................................349 4.3.2.2 Principales motivations d’une restructuration globale des transports urbains à Abidjan...................................................................................................................351 4.3.3 Pour une restructuration globale du système des transports urbains a Abidjan ..353 4.3.3.1 Les options de court terme (horizons fin 2008) ............................................353 4.3.3.1.1 Réalisation du plan ou schéma directeur de développement du réseau des transports publics ....................................................................................................353 4.3.3.1.2 La valorisation du rôle du secteur informel (ou non structuré) ..................354 4.3.3.1.3 Organisation du fonctionnement du marché ..............................................356 4.3.3.1.4 Organisation de la circulation et du stationnement ....................................357 4.3.3.1.5 Gestion et suivi du fonctionnement du système.........................................358 4.3.3.1.6 Mise en place d’un mécanisme de financements durable du secteur ..........359 4.3.3.2 Les options de moyen et long termes (horizon 2010 à 2020)........................361 4.3.3.2.1 Les infrastructures et leur entretien ...........................................................361 4.3.3.2.2 La restructuration du réseau des transports publics ...................................362 CONCLUSION GENERALE ..........................................................................................369 ANNEXES ........................................................................................................................372 TABLES DES ANNEXES................................................................................................373 LISTE DES ILLUSTRATIONS ......................................................................................391 TABLE DES MATIERES................................................................................................417